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14 juillet 2019 7 14 /07 /juillet /2019 13:11

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15° Dimanche du Temps Ordinaire - Année c

On raconte dans les séminaires, qu’un journaliste interrogeait le Général des Jésuites. Il lui demande : « est-il vrai que vous répondez toujours à une question par une question ? » et le prélat de répliquer : « qui vous a dit cela ? ». Si l’on en croit l’évangile du jour, il n’y a pas à chercher bien loin l’origine de cette habitude de la Compagnie de Jésus : chaque fois que le docteur de la Loi lui pose une question, le Seigneur répond par une autre question. Cela dit, au-delà de l’exercice rhétorique – au moins pour le sujet de la discussion – cette manière de faire est révélatrice de belles choses. 

D’abord cela manifeste l’estime que Dieu porte aux hommes. Sur un sujet aussi important que la vie éternelle, la Parole rappelle que nous en sommes capables. C’était aussi le thème de la première lecture : la volonté du Seigneur ne nous est pas inaccessible. « Cette loi n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte » disait Moïse au peuple. Trop souvent, trop de personnes considèrent que la sainteté n’est pas pour eux. “C’est réservé à quelques êtres d’exception”, pense-t-on. Eh bien, les textes d’aujourd’hui disent exactement le contraire ! Les pères de l’Eglise disaient que l’homme est capax Dei (capable de Dieu). Chaque fois que nous sommes tentés de nous résigner dans la vie spirituelle, chaque fois que nous nous satisfaisons d’une médiocrité spirituelle, laissons la parole de Dieu nous remettre en question : nous sommes faits pour partager la vie divine, nous sommes faits pour être saints. 

Bien sûr, la sainteté n’est pas automatique, elle n’advient pas sans que nous nous impliquions. La première réponse de Jésus au docteur de la Loi est formée de deux questions. L’une est assez attendue : « Dans la Loi qu’y a-t-il d’écrit ? », mais la deuxième est beaucoup plus étonnante : « Comment lis-tu ? ». Jésus ne s’intéresse pas seulement à ce que l’autre sait, mais à ce qu’il comprend. Parce que tout écrit doit être interprété. Même les juristes savent qu’un texte peut être lu de manière différente. J’aime à rapprocher cette demande du Seigneur de l’affirmation qui conclut la première lecture : « cette Parole est dans ta bouche ». Il n’est pas dit qu’elle était dans un livre mais dans la bouche, donc elle doit être prononcée. Ne croyons pas que la compréhension de la Bible soit réservée à quelques savants. Peut-être de longues études permettent-elles de savoir plus, mais certainement pas de comprendre mieux. Bien sûr ça ne signifie pas qu’on puisse faire dire à la Parole de Dieu n’importe quoi, ni qu’on ait à inventer la volonté du Seigneur. Mais comme un musicien joue une partition pour que le talent de l’auteur se manifeste dans le talent de l’artiste, notre vie dit la Parole de Dieu. C’est pourquoi nous devons apprendre à la goûter, à l’habiter et à la fréquenter pour lui être toujours plus fidèle avec ce que nous sommes.

Mais il ne s’agit pas juste d’idées et de belles paroles. Si la Parole est dans ta bouche, dit Moïse, elle est aussi dans ton cœur. C’est ce que montre la deuxième réponse de Jésus qui est une question : « qui a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? ». Depuis bien longtemps on a remarqué que Jésus avait inversé les rôles. On lui avait demandé : « qui est mon prochain ? » et lui répond : « de qui es-tu le prochain ? ». Ainsi être le prochain n’est pas un état mais une action. D’ailleurs la réponse du docteur de la Loi est très belle : littéralement « celui qui a fait miséricorde » avec le verbe faire qui est très concret, qui signifie fabriquer, produire, agir. Non seulement Dieu nous estime capable de partager sa vie, non seulement il nous confie sa parole pour que nous la disions, mais en plus il s’en remet à nous pour l’accomplir. Puisqu’il s’agissait d’aimer, nous comprenons qu’on ne peut pas rester observateur, ni même observant mais que le Seigneur attend de nous que nous soyons acteurs. 

Ainsi, à travers la rencontre entre Jésus et le docteur de la Loi, bien au-delà de subtilités théologiques ou de manœuvres polémiques, nous découvrons combien nous sommes au cœur du plan de Dieu : Dieu nous attend. Il nous attend, au sens où il est le terme de notre vie et qu’il veut partager son éternité avec nous. Il nous attend, aussi au sens où il a besoin de nous pour que sa Parole retentisse dans le monde. Enfin il nous attend, au sens où il compte sur nous pour rejoindre ceux qui ont besoin d’être aimés et dont nous pouvons être le prochain. 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reine du Ciel, qu’elle nous encourage à désirer la sainteté puisque le Seigneur nous en sait capables. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à garder la Parole, non pas comme une bibelot qu’on préserve mais comme une fleur qu’on épanouit. Mère du Bel amour, qu’elle ouvre nos yeux à ceux que le Seigneur nous propose comme prochain et pour lesquels il nous a choisi et établi pour manifester sa grâce, et qu’ainsi nous puissions demeurer en Lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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26 juin 2019 3 26 /06 /juin /2019 09:44

à l'occasion du 25° anniversaire de mon ordination  … 

Lectures du jour : Gn 15, 1-12.17-18 ; Ps 104 (105) ; Mt 7, 15-20

Sans doute, lorsque la parole de Dieu lui fut adressée pour la première fois, Abram quitta-t-il avec enthousiasme son pays et sa parenté pour se rendre disponible à la promesse. Il était encore dans une dynamique de projet – comme on dirait aujourd’hui. Mais avec le temps, les événements et les inévitables difficultés, l’enthousiasme s’émousse. Et même s’il vient de triompher des quatre rois, même s’il vient de recevoir l’hommage de Mekisedek, Abram est résigné, presque amer : « Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ? ». 

C’est qu’il doit passer du projet à la vocation. Trop souvent on confond les deux. Mais le projet c’est notre rêve à nous, tandis que la vocation c’est le rêve de Dieu pour nous. Ça n’est pas contradictoire, mais ce n’est pas la même chose. Spécialement quand nos capacités ou nos faiblesses nous font douter, il est important de vérifier que c’est bien sur Dieu que s’appuient nos perspectives. Ainsi « Abram eut foi dans le Seigneur », car c’est la foi qui fait passer du projet à la vocation. Une foi qui ne s’accorde pas ponctuellement, mais qui – comme toute confiance – se renouvelle autant que nécessaire. Régulièrement il nous faut passer du projet à la vocation, régulièrement il faut faire cette confiance en Dieu : ce que tu veux, non pas ce que je veux. 

Pourtant le texte que nous venons d’entendre nous montre un deuxième passage dans la vie d’Abram. Dieu l’invite à passer de la vocation à l’alliance. Une vocation, ça pourrait être comme une mission, fidèlement exécutée loin de la présence divine … D’une manière subtile et respectueuse, nous pouvons être tentés d’opposer au Seigneur le principe de subsidiarité : « laisse moi faire » lui disons-nous implicitement. Mais une alliance, c’est bien autre chose, c’est un compagnonnage au jour le jour, c’est accepter que Dieu n’ait pas la place qu’on lui laisse, mais celle qu’il propose. Tant qu’on est dans une vocation, on est serviteur, c’est dans l’alliance que nous devons amis, pour reprendre les paroles de Jésus. Comment Abram passe-t-il de la vocation à l’alliance ? Par cette histoire de sacrifice, où il prépare tout, mais où c’est Dieu qui agit. Du coté de l’homme, il y a un vrai investissement: prendre les animaux prescrits, les partager en deux quand c’est possible, et surtout les protéger en chassant les rapaces qui s’approchent. Générosité et persévérance, les deux composantes de tout engagement. Mais ce n’est pas l’homme qui allume le braiser fumant, ce n’est pas lui qui passe la torche enflammée. Le primat de la grâce auquel nous invite saint Jean Paul II, ce n’est pas attendre que Dieu agisse pour faire quelque chose, c’est préparer toute chose pour que Dieu puisse agir ; c’est être disponible à l’action de Dieu et toujours lui laisser le dernier mot !

Se souvenir du passé n’a d’intérêt que si c’est pour éclairer l’avenir. Nous ne lisons pas l’histoire d’Abram comme la mémoire des hommes illustres, mais comme la Parole que le Seigneur nous adresse pour comprendre ce qu’il attend de nous. Vivre une vocation plutôt qu’un projet et vivre sa vocation dans l’alliance. Ce n’était pas plus facile pour Abram que pour nous ; ça n’est pas plus facile pour un prêtre que pour un couple ; ça n’est pas plus facile dans la consécration que dans la vie du monde. La seule chose qui rend plus faciles la foi et l’engagement, c’est de n’être pas seul à les vivre. C’est de voir que d’autres font confiance à la Parole de Dieu pour guider leur vie, que d’autres sont disponibles à la puissance de Dieu pour accomplir ce en quoi ils se sont investis. 

Alors que le Seigneur nous aide, chacun ici présent, à passer du projet à la vocation et de la vocation à l’alliance. N’attendons pas des autres qu’ils nous précèdent : Abram l’a déjà fait, les saints l’ont déjà fait, c’est à nous désormais d’avoir foi dans le Seigneur, c’est avec nous désormais que Dieu conclut une alliance pour que nous demeurions en Lui comme il demeure en nous, pour que nous portions les fruits que le Seigneur attend, dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 13:55

6TOC

6° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

 

Il y a deux versions des Béatitudes. L’une, rapportée par saint Matthieu, est plus développée, c’est généralement celle que l’on retient ; l’autre, rapportée par saint Luc – c’est l’évangile que nous venons d’entendre – est plus ramassée, plus piquante aussi, puisqu’elle comporte des malédictions qui viennent renforcer le contraste des bénédictions. Comme en témoigne la première lecture, c’est une figure relativement courante dans la Bible que de promouvoir une attitude en maudissant son contraire. Ainsi se trouvent opposés deux styles de vie, selon que l’on préfère la chair où l’esprit, le présent ou le futur, le monde ou Dieu. 

Cela peut nous paraître difficile à entendre, tant nous vivons dans une culture structurée par le matérialisme et l’immédiateté. Je sais bien qu’on a reproché à la religion d’être l’opium du peuple, et qu’en réaction à des discours méprisant l’urgent au nom de l’important, certains préfèrent « un tiens » à « deux tu l’auras ». Pourtant, sans nier qu’il y a un choix radical à faire entre Dieu et le monde, il ne faut pas exagérer l’opposition de l’un et de l’autre. Toutes les béatitudes (et les malédictions) n’opposent pas futur et présent : la première est au présent, la dernière s’appuie sur le passé. Et dans l’oracle de Jérémie, on peut se demander si le problème n’est pas tant de s’appuyer sur un être de chair, que d’avoir un cœur qui se détourne du Seigneur. C’est peut-être saint Paul qui nous donne la clé de l’enseignement : « si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes ».

Nous ne pouvons pas éviter notre condition humaine : nous sommes dans le monde et nous ne pouvons pas y échapper. Mais cela ne veut pas dire que nous devions nous soumettre à sa mesure. Le Christ, dès le mystère de Noël, nous révèle que nous sommes faits pour vivre à la mesure de Dieu. Ainsi le monde doit nous conduire à Dieu, alors que souvent nous attendons de Dieu qu’il nous conforte dans le monde.

Vivre à la mesure du monde, ça peut être rechercher le confort et la sécurité dans les biens matériels, trouver sa consolation dans ce qui passe et qui s’use. On choisit un métier en fonction de ce qu’il rapporte, on admire ceux qui ont ce qu’on n’aura jamais et l’on ne donne que ce qui ne peut plus nous servir. Quand on prie, c’est pour demander ce qui nous manque et l’on prend le Seigneur pour le Père Noël ou le génie de la lampe. Mais vivre à la mesure de Dieu, c’est s’appuyer sur ce qui demeure, s’attacher aux valeurs plutôt qu’aux biens, chercher à être plutôt que d’avoir. Vivre à la mesure de Dieu, c’est s’entraîner au mystère de Pâques et se préparer à la simplicité de l’éternité. 

La mesure du monde, ça peut être aussi l’honneur, ou l’image qu’on se fait de soi-même. On s’efforce de correspondre à l’idéal qu’on imagine en se glorifiant de ce qu’on a décidé, en méprisant ce qui nous humilie. Selon l’histoire de chacun et son tempérament, on peut vivre alors dans la satisfaction narcissique de l’insouciant ou dans la quête désespérée d’un horizon qui s’éloigne sans cesse. Dieu est alors pour nous un miroir dont on se congratule, ou un coach moral qui doit nous aider à devenir parfait. Mais vivre à la mesure de Dieu, c’est se savoir pécheur pardonné, aimé et envoyé – sans désespérer de nos faiblesses, sans se gonfler de nos forces. Vivre à la mesure de Dieu, c’est assumer notre dignité dans l’humilité de l’espérance, dans la générosité de la charité.

La mesure du monde, ça peut être encore la réputation, ou ce que les autres disent de nous. Agir en fonction de l’opinion de ceux qui nous entourent, faire ce qui plaira au plus grand nombre, ou ce qui se remarquera le mieux. On s’efforce alors de suivre les modes et de penser comme on nous dit de le faire, et pour les caractères les plus affirmés, on cherchera à avoir de l’influence et à trouver des imitateurs. On s’attache à la religion, autant qu’elle peut servir, Dieu devenant une carte de visite ou une bannière pour se situer là où l’on veut être. Mais vivre à la mesure de Dieu, c’est préférer son regard et sa volonté, partager sa joie quand sa parole est accueillie, partager sa patience douce et triste devant le péché. Vivre à la mesure de Dieu, c’est déployer la liberté qu’il nous a confiée pour que nous puissions aimer toujours mieux. 

Que la Vierge Marie nous aide à accueillir la Parole qui nous invite à vivre à la mesure de Dieu. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à chercher le Royaume plutôt que des consolations fragiles ; Miroir de la sainteté de Dieu qu’elle nous fasse découvrir l’Amour qui compte sur nous ; Etoile du matin qu’elle garde nos vies fixées sur l’Evangile, pour que nous puissions demeurer en Dieu, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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20 janvier 2019 7 20 /01 /janvier /2019 14:17

2TOC

2° Dimanche du Temps ordinaire - Année C

 

A Cana, de Galilée, au cours des noces dont nous avons entendu le récit, Jésus manifesta sa gloire. Et pourtant, il y a de fortes chances que peu de gens l’aient remarqué ! A votre avis, quel souvenir les invités ont-ils gardé de ces noces ? Que la mariée était belle … qu’on a revu les cousins qu’on n’avait pas vus depuis longtemps … qu’on s’est bien amusé, qu’on a bien mangé, qu’on a bien bu. A part Marie, les serviteurs et les disciples, la plupart des convives n’ont certainement pas remarqué ce qui s’est passé, et n’ont donc pas réalisé que la gloire de Dieu s’était manifestée ! C’est que cette gloire est discrète, elle ne se révèle qu’à ceux qui ont les yeux pour voir, et les oreilles pour entendre. Voyons comment éviter de passer à côté de la gloire de Dieu. 

Il y a d’abord Marie, elle est bien placée pour se rendre compte de ce qui se passe. Nombreux sont certainement ceux qui étaient indifférents au drame qui se passait en cuisine. Ils n’ont pas eu le temps de manquer de boisson, ils ne se sont pas aperçus du miracle. Marie, au contraire, a été vigilante, elle a su voir la détresse cachée et c’est même elle qui provoque l’intervention du Seigneur. Trop souvent on pense que la gloire de Dieu survient selon son bon vouloir, ou en cas de nécessité absolue ; mais en vérité, c’est notre prière et notre intercession qui sont la clé ouvrant la porte de nos vies à la manifestation de la gloire divine. Marie nous montre les conditions d’une intercession authentique : d’une part elle ne demande pas pour elle, d’autre part elle fait confiance : « faites tout ce qu’il vous dira » dit-elle aux serviteurs … sans savoir ce que Jésus dira mais en sachant que, quoiqu’il dise, ce sera ce qu’il faut. Ce n’est pas elle qui décide comment doit se manifester la gloire, mais elle l’appelle et lui permet d’advenir. La gloire de Dieu est discrète, elle attend qu’on l’invite.

Ensuite il y a les serviteurs. Au contraire du maître du repas qui va féliciter le marié, puisque c’est l’habitude que celui-ci fournisse le vin, les serviteurs savent bien ce qui s’est passé. Parce qu’ils y ont participé, en agissant. Eux aussi ont fait confiance : ce n’était pas une mince affaire que de remplir six cents litres d’eau, et c’était encore moins évident de porter aux convives ce qu’ils y puisaient, mais ils l’ont fait. Et en agissant, ils ont permis que la gloire de Dieu se manifeste. Cette gloire est discrète parce qu’elle passe à travers ce que nous faisons. Alors il est facile de passer à côté : il suffit de trouver une explication. On attend la gloire de Dieu en dehors de toute action humaine ou de toute cause naturelle. On a tendance à penser que si quelqu’un agit, Dieu ne fait rien ; si l’on a compris, ce n’est pas Dieu qui l’a fait.  Pourtant si l’on accepte d’être comme les serviteurs de Cana, si l’on agit dans la foi, on sait bien que le Seigneur transfigure nos actions et que la puissance qui se manifeste ne vient pas de nos seules forces. 

Enfin il y a les disciples. Ils étaient sans doute à côté de Jésus, et ils ont assisté à toute la scène : l’intervention de Marie, la réponse de Jésus, ses consignes aux serviteurs et la réaction du maître du repas … sans compter qu’ils ont sans doute goûté, eux aussi, de ce bon vin ! Et c’est certainement grâce à eux que nous connaissons l’histoire ! Parce qu’ils sont proches du Seigneur, ils peuvent contempler sa gloire et en être témoins. Parce qu’ils vivent en présence du Seigneur, ils savent que ce n’est pas le hasard si le repas se termine bien, et que le vin est si bon ! La gloire de Dieu est discrète, comme sa présence : elle ne se donne à voir qu’à ceux qui le veulent bien et qui l’accueillent. 

Alors, dans notre vie, si nous voulons voir nous aussi la gloire de Dieu, nous devons accepter d’être comme Marie, comme les serviteurs et comme les disciples. Le Seigneur nous a établis comme veilleurs, pour que nous puissions ouvrir le monde à sa puissance dans la prière et dans l’intercession. Il nous a établis comme acteurs, car c’est à travers nous qu’il veut agir, chacun selon son rôle, chacun selon son charisme : c’est toujours en vue du bien que nous est donnée la manifestation de l’Esprit. Le Christ nous a enfin établis comme ses amis, pour que nous puissions être présents, voir ce que ne voient pas ceux qui sont loin, comprendre ce que ne comprennent pas ceux qui ne le connaissent pas, et témoigner pour que tous ceux qui le veulent puissent contempler cette gloire qui resplendit dans le monde et goûter cette présence qui rayonne dans nos cœurs. 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice de ceux qui souffrent, qu’elle rende nos cœurs attentifs à ce qui aspire au salut pour que nous puissions ouvrir le monde à la gloire de Dieu. Secours des chrétiens, qu’elle fortifie notre charité pour que nous puissions faire tout ce que le Seigneur nous dira, et permettre à l’Esprit d’agir dans nos actions. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous rende présent à la présence, pour que nous puissions manifester son Amour dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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18 novembre 2018 7 18 /11 /novembre /2018 13:57

33TOB

33° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

 

Les textes qui nous sont proposés aujourd’hui ne sont ni les plus faciles, ni les plus rassurants de l’évangile ! On peut même se demander pourquoi Jésus nous raconte cela puisque nul n’en connaît la date, même pas lui ! Bien sûr l’image du figuier qui annonce l’été est une manière d’indication : il s’agit d’avoir quelques conseils pour savoir comment réagir quand ça arrivera … si ça arrive de notre vivant … ce qui est chaque jour statistiquement plus probable, mais psychologiquement moins attendu !

Cela dit, la comparaison avec le figuier peut nous ouvrir une piste de méditation, puisqu’il s’agit d’un phénomène régulier, qui advient tous les ans. Alors, peut-être que les paroles de Jésus peuvent nous aider déjà dans les difficultés et les détresses que nous subissons malheureusement régulièrement. « Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte ». 

Certes le soleil ne s’obscurcit pas – sauf pendant les éclipses – et la lune ne perd son éclat qu’aux dates que l’on connaît. Pourtant, il arrive dans nos vies que l’on ne sache plus très bien quoi faire ni quoi penser. Il arrive que nos cœurs s’obscurcissent et que nos convictions perdent leur éclat. C’est la détresse du doute. Or le Seigneur est proche, à notre porte … ce n’est donc pas le moment de la refermer en se laissant dériver du doute au refus. Combien se sont écartés de Dieu, sous prétexte qu’ils doutaient ! On veut des certitudes auxquelles s’accrocher : mais il n’y a que Dieu qui soit solide, et Dieu n’est pas une idée mais une personne. Ouvrir la porte au Seigneur dans la détresse du doute, ça s’appelle la foi et nous n’avons pas à attendre de voir le Christ dans sa gloire pour lui faire confiance ! 

A ma connaissance, aucune étoile n’est tombée sur la terre … peut-être quelques météorites, mais rien de très extraordinaire n’est annoncé depuis longtemps ni à court terme ! Pourtant les journaux, comme les livres d’histoire, sont remplis de ces personnes brillantes qui tombent du firmament de la renommée dans la boue du fait divers ! C’est qu’il y a une autre détresse qui est celle de la déception. Quand les choses ou les personnes ne sont pas ce que l’on attendait. Or le Seigneur est proche, à notre porte … ce n’est pas le moment de claquer la porte violement par la révolte ou la haine. Car la déception peut conduire à rejeter aussi fortement que l’on avait adoré ! Mais il n’y a que la Parole de Dieu qui ne passera pas, Dieu est le seul qui ne déçoit pas. Ouvrir la porte au Seigneur dans la détresse de la déception, ça s’appelle la charité : c’est aimer de manière plus juste et plus appropriée, c’est aimer plus dans le pardon, c’est aimer mieux dans la miséricorde. 

Jésus donnait un troisième signe : les puissances célestes seront ébranlées. Comme notre approche du monde est bien différentes de celle de l’époque, il nous est sans doute difficile de comprendre ce que cela veut dire. On peut y voir le bouleversement du monde, quand les choses ne fonctionnent plus comme on en avait l’habitude. Et cela renvoie à un troisième type de détresse : la détresse de l’inconnu. On dit souvent que l’angoisse nait de l’ignorance. Ne pas savoir ce qui va arriver, se retrouver dans une situation nouvelle et inconnue peut conduire à une détresse qui n’est ni celle du doute, ni celle de la déception. Or le Seigneur est proche, à notre porte … ce n’est pas le moment de lui tourner le dos dans le refuge de la nostalgie ou l’ivresse de la révolution. Ouvrir la porte au Seigneur dans la détresse de l’inconnu, c’est l’espérance : accueillir le don de Dieu qui nous surprend, répondre à son appel qui nous dérange pour garder sa présence et sa puissance comme horizon de nos efforts et de nos attentes. 

Ce n’est pas la peine d’attendre la fin des temps pour découvrir la proximité du Seigneur, ce n’est pas la peine d’attendre le retour du Christ pour lui ouvrir la porte de nos vies ! Déjà dans les contrariétés de la vie, dans nos doutes, nos déceptions ou face à l’inconnu, nous pouvons l’accueillir, nous pouvons choisir de nous rapprocher de lui pour que grandissent en nous la foi, l’espérance et la charité

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui a désigné Jésus aux serviteurs des noces de Cana, qu’elle fortifie notre foi pour que nos doutes fassent grandir notre confiance en Dieu. Elle qui se tenait au pied de la Croix, qu’elle soutienne notre charité pour que nos déceptions soient l’occasion d’un amour plus grand. Elle qui a su accueillir le message de l’Ange lors de l’Annonciation, qu’elle accompagne notre espérance pour que, sans craindre l’inconnu, nous puissions progresser vers celui qui nous attend dans la gloire, dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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16 septembre 2018 7 16 /09 /septembre /2018 13:22

24TOB

24° dimanche du Temps Ordinaire - Année B

 

Franchement, avec l’évangile que nous venons d’entendre, je ne sais pas s’il est plus difficile de le vivre ou de l’expliquer ! De toutes façons, aujourd’hui je dois bien faire les deux ! D’autant que manifestement, il y a quelque chose de fondamental et même de décisif dans cet évangile. L’insistance de Jésus sur sa Passion, sur la croix ; qu’il demande le silence sur le fait qu’il est le Christ, mais qu’il prenne soin de parler ouvertement, appelant la foule avec ses disciples, alors que Pierre essaie de le prendre à part : il tient vraiment à ce que soit entendu ce qu’il a à dire sur le sujet. Et puis la raison qu’il donne de tout cela : « tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes », vraiment il y a quelque chose d’essentiel dans ce que le Seigneur dit ce jour-là, sur la route de Césarée-de-Philippe. 

« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » … ces mots n’ont sans doute jamais été très faciles à entendre ni à comprendre, encore moins à vivre, et puis l’on a l’impression d’avoir été traumatisé par des discours doloristes qui ne sont pas loin de nous rendre insupportables certaines interprétations de ces paroles. Pourtant, essayons de faire passer la Parole de Dieu avant nos émotions. 

D’abord on confond souvent « porter » sa croix et « prendre » sa croix. Or le verbe utilisé par Jésus est bien celui de prendre. Certes, en général celui qui prend finit par porter, cependant il peut arriver de porter une croix que nous n’avons pas prise, mais qui nous a été imposée. Peu importe, me direz-vous le résultat est le même. En fait, pas du tout : ce n’est pas la même chose de subir et de choisir. Jésus ne nous demande pas de plier l’échine sous le coup des vicissitudes de la vie, il ne nous demande pas de nous résigner aux tribulations de l’histoire mais de prendre nos croix … c’est à dire d’engager notre volonté, de rester profondément actif, profondément présent y compris dans l’épreuve, car il s’agit de le suivre.

En effet on s’arrête souvent à la croix, mais Jésus dit bien « et qu’il me suive » … Or on sait bien où mène le chemin de la Croix : au don de soi et à la résurrection. La croix n’est pas un but en soi. Certains pourraient la prendre pour se révolter ou pour se venger en justifiant les souffrances qu’ils infligent par celles qu’ils subissent. Mais la croix n’est pas une arme ou un étendard, elle est la clé de notre Pâques, le sceptre de notre amour. C’est sans doute là qu’est le point crucial de la foi : que faisons-nous de cette croix que nous avons saisie ? La souffrance n’a pas de sens, elle n’a que le sens que nous lui donnons ; et Dieu nous propose de lui donner un sens qui ne la justifie pas mais la soumet au plus grand bien. 

Et il reste encore une possibilité de confusion : penser que prendre sa croix c’est la fabriquer ! Ou pire encore la fabriquer pour les autres. Il va de soi que ce n’est pas du tout ce que le Seigneur nous demande ! Certains alors, sont peut-être tentés de se dire que tout va bien pour eux dans la vie, et que les quelques inévitables désagréments ne méritent pas d’être qualifiés de croix. Tant mieux si tout va bien … mais quant à décider ce qui est une croix ou ce qui ne l’est pas, ce n’est pas à nous de le faire, car cela reviendrait à la fabriquer. Sainte Thérèse de Lisieux avait bien vu, que l’on pouvait suivre le Christ dans les petites contrariétés de la vie. On n’a pas besoin de vivre des drames spectaculaires pour penser comme Dieu. Les mouvements d’humeur, les petits tracas du vivre ensemble, les aléas de la santé … toutes les occasions sont bonnes pour aimer comme Dieu aime, pour renoncer à soi-même et ouvrir son cœur au lieu de se renfermer. 

Alors accueillons en vérité la parole du Seigneur pour ce qu’elle est et ce qu’elle dit … sans la confondre avec des interprétations hâtives ou fallacieuses. Jésus nous a dit de prendre notre croix pour le suivre … ni de la fabriquer, ni de la porter seulement. Il ne nous invite ni au fatalisme, ni au dolorisme mais à une sorte de réalisme : le risque est grand de penser comme les hommes, mais il nous propose de penser comme Dieu. Le mystère de Pâques dans lequel nous avons été baptisés doit se déployer à chaque instant de notre vie et c’est à nous de le lui permettre. 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés, qu’elle nous soutienne dans les épreuves pour que nous puissions recevoir sans subir et garder entière notre foi. Mère au pied de la Croix, qu’elle nous accompagne pour que nous suivions le Christ jusqu’au bout, fidèles à l’espérance qu’il a permise. Reine de miséricorde, qu’elle nous entraine sur la voie de la charité, profitant de toutes les occasions pour aimer toujours plus et toujours mieux et qu’ainsi nous parvenions à la gloire qui nous est promise dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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19 août 2018 7 19 /08 /août /2018 13:23

20TOB

20° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

 

Evidemment, l’évangile que nous venons d’entendre n’est pas le plus simple que l’on puisse proposer ! J’aurais même tendance à penser que rarement l’invitation faite dans la première lecture n’était autant d’actualité : si l’on veut comprendre ce que dit Jésus, mieux vaut d’abord se nourrir largement de sagesse ! Cela dit, sauf pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans une église, nous savons bien que ce texte fait référence à l’eucharistie. Laissons donc aux « étourdis » le soin d’ergoter sur les paroles du Seigneur, et efforçons-nous pour notre part de méditer sur le mystère eucharistique. 

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour » … cette affirmation de Jésus est doublement intéressante. D’abord parce qu’elle nous rappelle l’enjeu de ce que nous célébrons : la vie éternelle. Dans la vie spirituelle, l’une des ruses du démon est de nous détourner de l’essentiel, ainsi par exemple certains seront plus attentifs à l’attitude sociologique de la communion, d’autre à sa dimension morale ou encore psychologique … Certes l’eucharistie nous rassemble et nous unis, certes elle suppose une cohérence de vie, certes elle nous donne des forces pour avancer … mais tout cela vient après ce que dit Jésus : avoir la vie éternelle. Pourtant Jésus rajoute : « et moi je le ressusciterai au dernier jour ». N’y a-t-il pas là une contradiction : comment comprendre que l’on ait la vie éternelle et que l’on ait besoin d’être ressuscité ? C’est ici qu’il faut se rappeler notre situation. Les théologiens disent que nous sommes dans le « déjà-là et le pas encore », c’est-à-dire que nous avons déjà la vie éternelle, mais nous ne sommes pas encore ressuscité ; de la même manière nous sommes déjà enfant de Dieu mais pas encore dans la gloire … Déjà et pas encore : le don de Dieu est à la fois présence et promesse. On a souvent illustré cette dynamique par la graine, qui est déjà l’arbre qu’elle n’est pas encore. C’est ainsi que l’on peut dire que l’eucharistie sème en nous la vie éternelle. 

Mais Jésus reprend « celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui ». C’est un autre aspect de l’eucharistie que le Seigneur souligne alors : celui de l’unité, de la commune union. Là encore il faut rester attentif à tout ce qui est dit … certes on comprend facilement que se nourrissant du corps du Christ, on puisse méditer sur le fait que le Christ est en nous. Mais Jésus commence autrement : avant que le Christ demeure en nous, nous demeurons en lui. Car nous pourrions être tenté de ne voir que l’aspect utilitaire de l’eucharistie : tout ce que cela nous apporte comme s’il s’agissait seulement du Christ pour nous, alors que les paroles du Seigneur nous invitent à considérer une réciprocité : ce que nous recevons est à la mesure de ce que nous donnons, le Christ est pour nous si nous sommes pour lui. Voilà pourquoi l’eucharistie engage : la communion implique une cohérence. Certes l’eucharistie est un remède pour les faibles, mais ce n’est pas une panacée. Il y a des situations qui demandent un autre remède. Par exemple, on ne communie pas avant le baptême … et dans certains cas, avant de communier, il vaut mieux se confesser. Ainsi nous devons veiller à ce que la communion ne soit pas une relation à sens unique, mais que nous nous engageons autant que nous profitons.  

Enfin Jésus conclut : « de même que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ». C’est encore un élément essentiel pour comprendre ce mystère de l’eucharistie : il se crée entre Jésus et nous ce qu’il y a entre le Père et lui. La vie éternelle c’est la vie divine, la communion c’est l’amour trinitaire. En latin – comme dans de nombreuses langues – communier se dit « communiquer ». Et ce n’est pas inutile de s’en souvenir. D’abord parce que cela rappelle l’aspect de transmission et de réciprocité que nous venons d’évoquer. Mais aussi parce que ça nous renvoie à un processus, à un développement, à un dynamisme. Trop souvent on pense la communion de manière statique et ponctuelle : comme un temps ou un état. Mais il s’agit de vivre par le Christ … pas simplement de le recevoir, pas simplement d’être avec lui. L’effet de l’eucharistie de n’arrête pas quand on s’assoit à sa place ou quand on reçoit la bénédiction finale ! Si elle nous communique la vie divine, si elle nous plonge dans l’amour de Dieu, ce n’est pas pour nous occuper ni pour nous rassurer … c’est pour nous transformer, pour que nous vivions de cette vie nouvelle, qui se déploie et se nourrit. Ce que d’ailleurs saint Paul détaillait dans la deuxième lecture ! 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reine des Saints qu’elle nous encourage à vivre à l’horizon de l’éternité pour que se déploie ce que sème en nous l’Eucharistie. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous affermisse dans l’unité et l’intimité du Seigneur avec qui nous communions. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous accompagne dans le souffle que le Christ communique pour que nous vivions par lui, avec lui et en lui dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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10 juin 2018 7 10 /06 /juin /2018 13:23

10TOB

10° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

 

Si nous pensions entrer tranquillement dans le temps ordinaire par la douce somnolence de considérations mystiques, nous voilà bien servis ! Les textes que nous venons d’entendre nous rappellent à de plus concrètes et plus douloureuses réalités, puisqu’ils nous parlent de péché. Bien sûr, en général, quand la Parole évoque le péché c’est surtout pour rappeler le pardon et la miséricorde divine … mais – et c’est assez rare pour le souligner – justement l’évangile nous parle d’un péché impardonnable : le blasphème contre l’Esprit Saint. 

On peut dire que, d’une manière générale, un péché résulte d’une grande confusion qui consiste à déclarer bien ce qui est mal. Evidemment, contrairement à la naïveté des idéologies, ce n’est pas parce qu’on décide que quelque chose est bien que ça le devient ! Dans le jardin des origines, l’homme et la femme en font la douloureuse expérience : leur péché rend pénible la rencontre avec Dieu. L’homme commence par se cacher à l’appel du Seigneur : il a peur et honte de lui-même. Ensuite, ils présentent des excuses, qui sont plutôt des circonstances atténuantes : « je me suis laissé entraîné », « j’ai été trompée » … ce qui ne change pas grand chose à leur situation : quelque chose de la relation avec Dieu a été cassé. Mais comme l’histoire ne s’arrête pas là, nous savons que le Seigneur mettra tout en œuvre pour nous délivrer : là où le péché a abondé, la grâce surabonde. 

Dans l’évangile, la situation est un peu différente. On accuse Jésus de faire une œuvre mauvaise en expulsant les démons. « Il est possédé par un esprit impur » dit-on, comme si le péché pouvait délivrer du péché, comme si l’Esprit Saint était un esprit impur. Au lieu de considérer comme bien ce qui est mal, on regarde comme mal ce qui est bien … Et c’est très différent et c’est beaucoup plus grave, parce que c’est une impasse absolue. Celui qui commet le mal, finit par en souffrir des conséquences, et une porte s’ouvre par laquelle s’engouffre la miséricorde ; mais celui qui refuse le bien, ne peut jamais en profiter, il reste enfermé dans son refus. Par exemple, prétendre que toute prière est une illusion, que l’engagement est une aliénation ou que le pardon est une complicité … c’est s’interdire d’en découvrir les bienfaits, c’est se priver du souffle de Dieu. On peut juger le bien inaccessible, ne pas s’y intéresser ou le minimiser … c’est dommage, mais on peut toujours espérer qu’on découvrira que le bien est plus facile ou plus important qu’on ne le croit. Mais si on déclare mauvais le bien, si on le refuse et qu’on le fuit … il ne lui reste aucune chance pour se révéler.

Alors, vaut-il mieux pécher que blasphémer contre l’Esprit ? Certes, mais il vaut mieux ne pas pécher ou le moins possible ! « Tout sera pardonné aux enfants des hommes » dit Jésus … ce n’est évidemment pas un encouragement à faire n’importe quoi ! D’autant qu’à regarder le mal comme un bien, on risque fort de finir par regarder le bien comme un mal. C’est ce qui est arrivé au serpent, quand il a prétendu que l’interdiction du fruit était une jalousie – ce qui est mal – alors qu’il s’agissait d’une protection – ce qui est bien !

Mais comment faire, pour reconnaître le mal comme mal et le bien comme bien ? Jésus apporte la réponse : à ceux qui viennent se saisir de lui en prétendant qu’il est fou, il réplique que sa famille, c’est « ceux qui font la volonté de Dieu ». Cette volonté qui nous est révélée par la parole : non pas comme une contrainte mais comme une invitation. C’est pourquoi nous avons besoin de cet esprit de foi dont parlait saint Paul : pour faire confiance à celui qui inspire la Parole de Dieu. Il ne nous veut pas de mal, il ne nous veut que du bien, lui qui construit pour nous une demeure éternelle dans les cieux. 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à ne pas confondre le bien et le mal. Porte du Ciel qu’elle nous rende accueillants au don de Dieu. Mère du Sauveur qu’elle nous montre comment faire la volonté de Dieu pour que nous puissions parvenir à la gloire qui nous est promise pour les siècles des siècles. 

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26 février 2017 7 26 /02 /février /2017 14:49

8 Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

 

L’évangile que nous venons d’entendre est assez connu. Quelques unes de ses phrases sont même devenues proverbiales … pourtant j’ai été étonné de l’enchaînement. En résumant, Jésus dit : « nul ne peut servir deux maîtres, donc ne vous souciez par de ce que vous mangerez ou de quoi vous vous vêtirez ». C’est à dire que la confiance dans la Providence découle de notre choix de servir Dieu. Puisque nous suivons le Christ plutôt que l’argent, nous pouvons faire confiance pour qu’il ne nous manque rien.

 

Il y a quelques années, un humoriste s’était fait la spécialité de déstabiliser les gens qu’il interviewait en leur posant des questions incongrues. Un jour, interrogeant un évêque très engagé dans l’action sociale, il lui posa la question « est-ce que mes parents sont trop riches pour être aimés par Dieu ? ». Et bien d’une certaine manière, l’évangile lui répond : « est-ce que vos parents sont trop riches pour aimer Dieu ? ». Parce que le cœur de l’enseignement du Seigneur aujourd’hui est bien là : est-ce que nous aimons suffisamment Dieu pour lui faire confiance ? Et Jésus illustre avec deux sujets : la nourriture et les vêtements. L’un renvoie à la vie matérielle, à la subsistance, et l’autre à la vie sociale et relationnelle, à l’image que l’on donne ou que l’on veut donner.

 

Pour ce qui concerne la subsistance, la confiance en Dieu pour les affaires matérielles, on pourrait être tenté de trouver un peu naïve l’image des petits oiseaux. Vivre d’amour et d’eau fraiche, c’est bien sympathique, mais ça n’est pas très réaliste. Cela dit, il faut reconnaître que nous sommes souvent un peu exigeants quant au train de vie ! Il y a un tas de choses superflues qu’on considère comme nécessaires ! Et l’on risque alors d’être un peu comme des enfants capricieux disant à leurs parents : « si tu m’aimes, achète moi ça ! ». On retombe alors dans le piège de s’interroger sur l’amour de Dieu pour nous, alors que Dieu nous interroge sur notre amour pour lui. C’est sans doute l’un des pièges de notre société de consommation : attendre de Dieu le superflu, alors qu’il attend de nous que nous lui fassions confiance sur l’essentiel.

 

Le deuxième exemple de Jésus porte sur le vêtement, et il compare la beauté des lys des champs aux fastes de Salomon. Ce qui est en jeu, ici, c’est l’image que nous cherchons à donner de nous-mêmes. Est-elle juste une apparence pour impressionner les autres ? N’est-ce pas une manière d’essayer d’être aimé ou au moins admiré ? Alors que l’amour de Dieu ne se laisse pas impressionné par l’apparence, il nous dévoile la vérité de ce que nous sommes et nous apprend à en découvrir la beauté. Là encore, il faut se garder du piège de la société médiatique où le paraître passe avant l’être , en vérité l’amour de Dieu nous invite à faire confiance à la splendeur de l’être plutôt qu’aux artifices du paraître.

 

A travers ses paroles, Jésus nous rappelle l’amour que Dieu nous porte. Nous n’avons pas à nous préoccuper d’être aimés, mais notre premier souci doit être plutôt d’aimer. Et c’est la confiance qui mesure l’amour. C’est pourquoi il faut chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice. Parce que la vie spirituelle éclaire la vie matérielle et sociale en dévoilant l’essentiel et la vérité, alors que la vie matérielle risque de nous égarer dans le superflu, comme la vie sociale risque de nous égarer dans l’apparence. A chaque jour suffit sa peine, c’est aujourd’hui que le Seigneur nous aime, c’est aujourd’hui que nous devons l’aimer et lui faire confiance.

 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Secours des chrétiens qu’elle nous apprenne à nous attacher à l’essentiel plutôt qu’au superflu, car c’est l’essentiel qui demeure, tandis que le superflu s’épuise. Trône de la Sagesse qu’elle nous révèle la merveille que nous sommes pour que nous puissions rayonner de sa gloire sans la cacher dans les vanités de l’apparence. Vierge de la Confiance qu’elle nous accompagne dans le souffle de l’Esprit Saint pour que, accueillant avec foi le don de Dieu, nous puissions l’aimer toujours mieux en nous laissant guider par lui ; et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 13:37

12° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

 

Ainsi donc, Jésus pose aux disciples cette question : « pour vous, qui suis-je ? ». Mais avant il avait posé une autre question, différente : « qu’est-ce que la foule dit de moi ? ». Ce sont deux questions différentes, il doit donc y avoir deux réponses différentes … et entre nous … heureusement ! Parce que ce que dit la foule est exagéré ou irréfléchi ! Comment Jésus pourrait-il être celui qui l’a baptisé ! Dans la vie, en général, et dans la vie spirituelle en particulier, il faut se méfier de ce que dit la foule … ou les médias (ce qui revient au même aujourd’hui). S’ils apportent parfois des informations intéressantes, le plus souvent les opinions sont complétement fausses ! Jésus ne nous demande pas d’être comme tout le monde ou de penser comme tout le monde. La vie spirituelle n’est pas une affaire de sondage, et ce n’est pas la majorité qui détermine la vérité ! En matière de foi, ce qui compte, c’est « pour vous », notre position, notre réponse.

 

Cela dit, Pierre donne la bonne réponse. Mais Jésus demande alors de ne pas la répéter … c’était bien la peine de poser la question ! En fait, d’après ce que dit Jésus par la suite, on peut comprendre pourquoi il demande le silence : c’est trop tôt, ils risquent de se tromper et de se faire une fausse idée, parce que les mots sont piégés. Certes Jésus est le Messie de Dieu, certes il n’est pas juste un prophète, mais le sauveur. Pourtant ça n’est pas à la manière des hommes qu’il nous sauve. Il ne sera pas sauveur comme un roi victorieux ou un syndicaliste énervé, mais il nous sauve dans l’amour de Dieu, en donnant sa vie, en se sacrifiant pour nous. Ainsi le mystère de Dieu n’est pas une affaire de mot : il ne suffit pas de le dire, il faut le vivre.

 

Ensuite, Jésus enchaîne avec les consignes pour ceux qui veulent le suivre. Un peu logiquement, si on veut suivre Jésus, on doit être dans les mêmes dispositions que lui, vivre la même dynamique. Reconnaître que Jésus est le Messie de Dieu n’est pas une déclaration anonyme, il ne s’agit pas de répondre à une question et de reposer le téléphone pour passer à autre chose ! Reconnaître que Jésus est le Christ, nous concerne, nous engage et change notre vie.

 

Et ce que les disciples ont vécu dans l’épisode que raconte l’évangile, nous le vivons, nous aussi aujourd’hui, en entendant cette parole, et surtout en allant communier. D’abord, il s’agit d’un acte personnel. Personne ne vous force et rien de vous oblige à communier : on ne communie pas pour faire comme tout le monde, c’est une démarche personnelle qui est une manière de répondre à la question de Jésus « pour vous qui suis-je ? ». On ne vient pas communier juste parce qu’on assiste à la messe, on vient communier pour dire au Seigneur qu’il est notre force et notre nourriture, pour répéter cette réponse que nous lui avons faite au jour du baptême : « Tu es le Messie de Dieu »

 

Ensuite il ne s’agit pas que de mots. Bien sûr lorsque le prêtre présente l’hostie, en disant « le Corps du Christ » on répond « Amen » et non pas autre chose, et on le répond clairement avec conviction pour dire « je crois » … Mais tout dans notre attitude doit exprimer qu’on reconnaît le Christ dans la communion. Si on le fait de manière désinvolte ou distraite, notre attitude contredit nos paroles. Il ne suffit pas de donner la bonne réponse, il faut la vivre, vivre le mystère.

 

Enfin, cette réponse et cet acte nous engagent. Ça n’est pas une parenthèse dans notre vie. En recevant le corps du Christ, nous sommes unis à lui, nous cherchons à vivre et à aimer comme lui, en faisant ce qu’il nous a demandé, en vivant comme il a vécu, en aimant d’un amour généreux qui donne et se donne.

 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à avoir une relation personnelle avec Dieu, à ne pas nous laisser guider par la foule, en faisant comme tout le monde, mais à entrer dans un cœur à cœur avec le Seigneur. Porte du Ciel, qu’elle nous conduise jusqu’à ce qu’elle nous montre, dans une cohérence entre nos paroles et nos gestes, dans l’unité d’une vie qui fait ce qu’elle dit. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne dans l’Esprit qui nous est donné en acceptant de nous laisser transformer pour vivre et aimer selon le cœur de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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