Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 juin 2018 7 10 /06 /juin /2018 13:23

10TOB

10° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

 

Si nous pensions entrer tranquillement dans le temps ordinaire par la douce somnolence de considérations mystiques, nous voilà bien servis ! Les textes que nous venons d’entendre nous rappellent à de plus concrètes et plus douloureuses réalités, puisqu’ils nous parlent de péché. Bien sûr, en général, quand la Parole évoque le péché c’est surtout pour rappeler le pardon et la miséricorde divine … mais – et c’est assez rare pour le souligner – justement l’évangile nous parle d’un péché impardonnable : le blasphème contre l’Esprit Saint. 

On peut dire que, d’une manière générale, un péché résulte d’une grande confusion qui consiste à déclarer bien ce qui est mal. Evidemment, contrairement à la naïveté des idéologies, ce n’est pas parce qu’on décide que quelque chose est bien que ça le devient ! Dans le jardin des origines, l’homme et la femme en font la douloureuse expérience : leur péché rend pénible la rencontre avec Dieu. L’homme commence par se cacher à l’appel du Seigneur : il a peur et honte de lui-même. Ensuite, ils présentent des excuses, qui sont plutôt des circonstances atténuantes : « je me suis laissé entraîné », « j’ai été trompée » … ce qui ne change pas grand chose à leur situation : quelque chose de la relation avec Dieu a été cassé. Mais comme l’histoire ne s’arrête pas là, nous savons que le Seigneur mettra tout en œuvre pour nous délivrer : là où le péché a abondé, la grâce surabonde. 

Dans l’évangile, la situation est un peu différente. On accuse Jésus de faire une œuvre mauvaise en expulsant les démons. « Il est possédé par un esprit impur » dit-on, comme si le péché pouvait délivrer du péché, comme si l’Esprit Saint était un esprit impur. Au lieu de considérer comme bien ce qui est mal, on regarde comme mal ce qui est bien … Et c’est très différent et c’est beaucoup plus grave, parce que c’est une impasse absolue. Celui qui commet le mal, finit par en souffrir des conséquences, et une porte s’ouvre par laquelle s’engouffre la miséricorde ; mais celui qui refuse le bien, ne peut jamais en profiter, il reste enfermé dans son refus. Par exemple, prétendre que toute prière est une illusion, que l’engagement est une aliénation ou que le pardon est une complicité … c’est s’interdire d’en découvrir les bienfaits, c’est se priver du souffle de Dieu. On peut juger le bien inaccessible, ne pas s’y intéresser ou le minimiser … c’est dommage, mais on peut toujours espérer qu’on découvrira que le bien est plus facile ou plus important qu’on ne le croit. Mais si on déclare mauvais le bien, si on le refuse et qu’on le fuit … il ne lui reste aucune chance pour se révéler.

Alors, vaut-il mieux pécher que blasphémer contre l’Esprit ? Certes, mais il vaut mieux ne pas pécher ou le moins possible ! « Tout sera pardonné aux enfants des hommes » dit Jésus … ce n’est évidemment pas un encouragement à faire n’importe quoi ! D’autant qu’à regarder le mal comme un bien, on risque fort de finir par regarder le bien comme un mal. C’est ce qui est arrivé au serpent, quand il a prétendu que l’interdiction du fruit était une jalousie – ce qui est mal – alors qu’il s’agissait d’une protection – ce qui est bien !

Mais comment faire, pour reconnaître le mal comme mal et le bien comme bien ? Jésus apporte la réponse : à ceux qui viennent se saisir de lui en prétendant qu’il est fou, il réplique que sa famille, c’est « ceux qui font la volonté de Dieu ». Cette volonté qui nous est révélée par la parole : non pas comme une contrainte mais comme une invitation. C’est pourquoi nous avons besoin de cet esprit de foi dont parlait saint Paul : pour faire confiance à celui qui inspire la Parole de Dieu. Il ne nous veut pas de mal, il ne nous veut que du bien, lui qui construit pour nous une demeure éternelle dans les cieux. 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à ne pas confondre le bien et le mal. Porte du Ciel qu’elle nous rende accueillants au don de Dieu. Mère du Sauveur qu’elle nous montre comment faire la volonté de Dieu pour que nous puissions parvenir à la gloire qui nous est promise pour les siècles des siècles. 

Partager cet article
Repost0

commentaires