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temps ordinaire

La Parole de Dieu ne parle pas des autres

2 Mars 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

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8° dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Si 27, 4-7 ; Ps 91 (92) ; 1 Co 15, 54-58 ; Lc 6, 39-45

Je dois vous confesser mon embarras devant l’évangile que nous venons d’entendre. En apparence, bien sûr, tout ce qui est dit ressemble à du bon sens : « chaque arbre se reconnaît à son fruit ». Qui pourrait le contester ? Sans doute y a-t-il une petite nuance sur la question des figues que l’on ne cueille pas sur les épines, mais il suffit de se rappeler que le figuier de Barbarie, à l’époque de Jésus n’était pas encore connu, puisqu’il est originaire du Mexique et qu’il ne se développera dans le bassin méditerranéen qu’au XVIème siècle. Et puis, on ne va pas pinailler pour des questions botaniques … En revanche cette histoire d’arbre et de fruit a parfois servi à ignorer ce qui n’allait pas dans des communautés sous prétexte qu’on y vivait aussi de belles choses. Comment alors comprendre l’affirmation « que jamais un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit » ?

La première ambiguïté à lever est d’abord de savoir de qui parle Jésus. De nous ou des autres ? « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? » s’agit-il de nous prévenir de ne pas choisir de mauvais guide, ou bien de nous inviter à ne pas prétendre guider les autres ? L’enseignement sur la paille et la poutre éclaire le sens de l’enseignement du Seigneur : la parole de Dieu ne parle pas des autres mais de nous ! Il s’agit bien de ne pas donner des leçons alors que nous avons à en recevoir. Si la parole de Dieu parle de nous, l’arbre et les fruits, c’est chacun de nous et non pas les autres ! Il ne s’agit pas de juger les autres à ce qu’on en voit, mais de nous évaluer nous-mêmes à ce que nous faisons.

Alors, nous sommes devant une autre ambiguïté : si nous faisons de bonnes choses, est-ce que cela signifie que nous sommes bons ? Mais si nous faisons de mauvaises choses, est-ce que nous sommes mauvais ? Quel est le fruit qui révèle notre cœur ? Cela me fait penser à une histoire toulonnaise. Lors de la visite de Louis XIV à Toulon, on raconte que le Chevalier Paul, dans son jardin – qui est aujourd’hui le jardin de la ville – avait fait placer des fruits confits sur les arbres pour faire croire aux dames de la cour qu’ils poussaient comme ça ici ! Innocente galéjade sans doute, mais qui nous avertit que parfois les fruits qu’on trouve sur les arbres ne sont pas toujours ceux qu’ils produisent ! Il ne suffit pas que nous donnions l’apparence du bien pour que nous le soyons effectivement … sans compter qu’une fleur n’est pas un fruit, et qu’il faut parfois du temps pour vérifier la bonté ou la malice de ce que nous faisons !

Il reste une dernière ambiguïté à éclaircir. « Ce que dit la bouche c’est ce qui déborde du cœur ». On pourrait croire qu’il suffit de bien parler ou de bien agir pour être bon. Mais c’est alors confondre la cause et l’effet ! Ce n’est pas parce que le fruit est bon que l’arbre l’est, c’est parce que l’arbre est bon que le fruit l’est ! Si l’on veut changer de vie, c’est sur le cœur que nous devons agir ! Nos bonnes actions ne sont pas une garantie, mais un encouragement ; nos mauvaises actions ne sont pas une condamnation mais un avertissement. Même si nous ne sommes pas encore en carême, l’évangile que nous venons d’entendre est bien une invitation à la conversion et à la garde du cœur. Jésus nous rappelle que nous sommes des disciples et non des maîtres, que quel que soit ce qui ne va pas autour de nous, c’est d’abord en nous que nous devons porter nos efforts.

Comment alors changer nos cœurs ? Saint Paul dans la deuxième lecture nous en donne le principe : être ferme et inébranlable dans notre attachement au Seigneur. Bien souvent le péché révèle un cœur qui n’est pas suffisamment tourné vers Dieu. Tout est bon pour se défaire de nos mauvaises habitudes, mais ce qui est le plus puissant, c’est de chercher à aimer d’un amour qui se donne dans la générosité et l’engagement. C’est en considérant la place de Dieu dans nos relations qu’elles s’adoucissent, c’est en préférant ce qui dure à ce qui passe que nous nous enracinons dans le Seigneur et que notre cœur trouve le trésor qui nous est promis.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Miroir de la Sainteté de Dieu, qu’elle nous garde dans l’humilité pour que nous puissions accueillir l’appel à la conversion. Refuge des pécheurs, qu’elle nous encourage à prendre une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur. Mère du Bel amour, qu’elle fasse battre nos cœurs au rythme du cœur de Dieu pour que nous puissions demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Les niveaux de la justice

23 Février 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

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7° dimanche du temps ordinaire - année C

1 S 26, 2,7-9. 12-13. 22-23 ; Ps 102 (103) ; 1 Co 15, 45-49 ; Lc 6, 27-38

L’évangile que nous venons d’entendre est l’un des passages les plus déconcertants de l’enseignement du Seigneur. Sans doute peut-on le trouver sublime au sens où il propose une perfection admirable … trop admirable parce qu’on ne l’accepte que si elle ne nous concerne pas ou que les enjeux ne sont pas trop grands. Quand il s’agit de le vivre pour des choses importantes, les demandes de Jésus apparaissent plus difficiles, et pour être honnête, soit elles sont décourageantes, soit elles sont révoltantes !

Qu’est-ce qui est dérangeant dans ce que dit Jésus ? Peut-être l’impression qu’il nous demande de renoncer à toute espèce de justice. Comme si, pour être parfait, il fallait faire le contraire de ce que nous ressentons spontanément. Pourtant, le texte comporte des réflexions qui relèvent de la justice : il parle de reconnaissance, de récompense, de mesure …Alors de quelle justice parle-t-il ?

En vérité, il y a plusieurs niveaux dans la justice. Le premier niveau, c’est l’émotion. Ce qui nous fait réagir à l’injustice, le sentiment qu’une situation ne doit pas être acceptée. C’est un peu comme un signal d’alarme. Mais si l’émotion aspire à la justice, il faut reconnaître qu’elle n’y conduit pas toujours, et souvent la colère entraine à répondre à l’injustice par l’injustice. Cette justice de l’émotion, qui est une justice de réaction, est un bon avertisseur mais un mauvais guide. Au passage on remarquera que ce qu’on appelle la « justice médiatique » est justement basée sur l’émotion.

Il y a un deuxième niveau : c’est la justice civile ou légale. Une justice qui s’appuie sur les lois, les règlements, les traités internationaux. C’est une justice d’arbitrage qui fait sortir de l’émotion et permet de vivre ensemble. Elle vient rappeler la mesure et la raison qui sont menacées par le mal, car le mal est toujours démesuré et il n’est jamais raisonnable. Normalement cette justice légale doit être respectée. Elle est parfois insuffisante, mais cela devrait rester une exception.

Car il y a un troisième niveau : la justice morale qui ne recouvre pas exactement la justice civile, même si on a tendance à les confondre. La justice morale dit le bien et le mal ; la justice civile dit l’autorisé et le défendu. Évidemment, il est souhaitable que le bien soit autorisé et que le mal soit défendu ; mais l’autorisation ne définit pas le bien et l’interdiction ne définit pas le mal. Cette différence entre la justice civile et la justice morale revient régulièrement au cours de l’histoire, par exemple dans les situations d’objection de conscience ou de résistance. C’est une justice du bien et non plus d’arbitrage. Ce n’est pas toujours facile à discerner, mais c’est toujours à rechercher.

Enfin l’évangile du jour nous invite à découvrir un quatrième niveau. On peut l’appeler la justice spirituelle ou la justice divine. Elle n’ignore pas la justice morale, mais elle va au-delà parce qu’elle voit plus loin. Dans la première lecture, David en donnait un exemple : il a su voir dans l’ennemi celui qui a reçu l’onction de Dieu. Il a su respecter la dignité de celui qui s’est abaissé à faire le mal. La justice spirituelle refuse de s’enfermer dans monde où il y aurait les victimes d’un côté et les bourreaux de l’autre, parce qu’on passe facilement de l’un à l’autre. Ainsi Jésus rappelle la réciprocité fondamentale : « ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux ». On pourrait dire que la justice spirituelle est une justice d’imitation, mais d’imitation de Dieu : « soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » ; « vous serez les fils du Très-Haut car il est bon pour les ingrats et les méchants ».

Comme disait saint Paul « ce qui vient d’abord, ce n’est pas le spirituel, mais le physique ». On n’atteindra jamais la justice spirituelle si l’on néglige la justice morale. Dieu donne l’exemple du mieux, et cela suppose le bien. Aussi, il ne faudrait pas croire que Jésus nous demande de tout accepter. Dieu n’accepte pas tout. Il y a des textes dans l’évangile qui parlent du châtiment des méchants, et ça ne fait pas envie ! Mais Dieu préfère que le méchant se convertisse et, répondre au mal par le bien c’est donner une chance au repentir. Jésus ne dit pas « ignore-le et fais comme si rien ne s’était passé », il ne dit pas non plus « encourage le méchant à continuer » : s’il propose de tendre l’autre joue, ça n’est pas pour recevoir une nouvelle gifle, mais pour donner la possibilité de s’embrasser !

Oui, le Seigneur nous propose d’avoir de l’ambition spirituelle. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être à l’image de celui qui est fait d’argile, nous devons rechercher à être à l’image de celui qui vient du ciel. Nous devons essayer d’agir comme Dieu ; et nous le pouvons parce que nous pouvons aimer comme il aime.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Miroir de la sainteté de Dieu, qu’elle nous apprenne à rechercher le Royaume et sa justice. Refuge des pécheurs, qu’elle ouvre nos cœurs à la miséricorde qui seule peut faire triompher le bien dans nos vies. Consolatrice des affligés, qu’elle nous accompagne dans les épreuves, pour que nous ressemblions toujours plus au Christ qui nous conduit dans le cœur du Père, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Quelques précision sur l'espérance

16 Février 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

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6° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Jr 17,5-8 ; Ps 1 ; 1 Co 15, 12.16-20 ; Lc 6,17-20-26

Les textes que nous venons d’entendre sont assez dérangeants. Il y a quelques expressions ou affirmations qui sont inconfortables, qui peuvent même nous paraître exagérées. Pourtant il faut accepter de se laisser interroger par la Parole de Dieu, accepter qu’elle scrute nos cœurs pour nous guider et nous faire progresser. Et comme nous sommes dans l’année jubilaire de l’espérance, il me semble que ces textes sont un bon moyen de faire le point sur le sujet.

Tout d’abord il y a le texte de Jérémie qui nous avertit : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur ». C’est assez rude et semble nous inciter à ne faire confiance à personne. Pourtant ça n’est pas exactement ce que dit le prophète. Simplement il nous invite à ne mettre personne à la place de Dieu : il n’y a que le Seigneur qui mérite qu’on lui fasse confiance sans condition. Malheureusement, il est dramatiquement courant d’avoir été déçu par les uns ou par les autres. C’est que la confiance entre nous doit être progressive, au fur et à mesure de la vie nous devons ajuster notre confiance. Elle n’est pas en tout ou rien, mais en plus ou moins … et surtout elle n’est jamais absolue. Trop souvent dans l’histoire, certains ont cru pouvoir mettre leur espérance en des hommes ou des femmes qu’ils considéraient comme providentiels. Quel qu’exceptionnel que soit quelqu’un, il n’est pas le Seigneur ! Si nous voulons tenir dans les tempêtes de la vie, c’est au Seigneur que nous devons nous accrocher, c’est sur lui, et lui seul, que nous pouvons compter quoiqu’il arrive.

Ensuite il y a l’évangile. Les béatitudes que l’on trouve chez saint Luc. Elles sont assez provocantes par le contraste qu’elles déploient entre présent et futur. Certains leur reprocheront d’encourager à supporter un présent misérable dans l’espoir d’un futur merveilleux ; comme s’il fallait choisir entre le bonheur présent ou le paradis futur. Et c’est vrai que l’espérance invite à considérer ce qui va venir pour éclairer le moment présent. Mais surtout elle invite à ne pas tout miser sur nous-mêmes, sur ce que nous ressentons, ce que nous éprouvons. La raison de notre espérance ce ne sont pas nos émotions ou nos sentiments, mais la parole de Dieu. Tant mieux si nous sommes satisfaits, mais cela ne doit pas nous enfermer dans l’instant présent. Vivre au jour le jour est le meilleur moyen de désespérer : soit que nous pensions que tout est définitivement perdu ; soit que nous nous apercevions que nous avions tort de croire que tout est définitivement gagné. Nous ne sommes pas la mesure de notre espérance : la mesure de notre espérance, c’est le Seigneur. Et si c’est inconfortable quand tout va bien, c’est plutôt rassurant dans les épreuves.

Enfin il y a le texte de la première lettre aux Corinthiens. L’apôtre rappelle que notre foi dans la résurrection des morts est intimement liée à la Résurrection du Christ. Surtout il affirme « si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre des hommes ». Il ne s’agit plus seulement de savoir sur quoi s’appuie l’espérance, mais ce qu’elle concerne. Car bien souvent nous vivons et nous espérons à l’horizon de la terre, comme si tout devait s’arrêter avec la mort. L’espérance n’est pas d’avoir une belle vie, mais d’avoir la vie éternelle. C’est à l’horizon du ciel que nous devons vivre. Certains ont prétendu que c’était une illusion, mais l’illusion c’est de vivre comme si nous ne mourrons pas. Bien sûr il est légitime de demander de l’aide au Seigneur dans les difficultés de la vie, mais cela n’empêche pas de voir au-delà et de penser à l’éternité. Ce n’est pas un thème auquel notre époque est très sensible. Parfois on consent à envisager le « jugement de l’histoire », mais l’éternité n’est pas le temps que dure la mémoire des hommes, elle est le temps de la vie divine … et cela vaut bien la peine de s’en souvenir et de s’en préoccuper. Cela ne nous détournera pas de ce que nous pouvons faire, au contraire, ça lui donnera un poids d’éternité.

Ainsi les textes que nous venons d’entendre nous apprennent à appuyer l’espérance, non pas sur un autre, non pas sur nous et nos émotions, mais sur le Seigneur. Ils nous rappellent aussi que l’espérance ne concerne pas seulement la vie du corps, mais surtout la vie éternelle : Espérer c’est vivre à l’horizon de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à nous appuyer sur le Seigneur ; Secours des chrétiens qu’elle nous libère des illusions de l’immédiat ; Porte du Ciel qu’elle nous entraîne jusque dans le cœur de Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Je n'ai pas besoin de toi ?

26 Janvier 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

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3° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Ne 8,1-4a. 5-6. 8-10 ; Ps 18 ; 1 Co 12,12-30 ; Lc 1,1-4 ; 4,14-21

Lorsque saint Paul imagine un dialogue entre les différentes parties du corps pour expliquer le mystère de l’Église, il y a un passage saisissant : « l’œil ne peut pas dire à la main : “je n’ai pas besoin de toi” ; la tête ne peut pas dire aux pieds : “je n’ai pas besoin de vous” ». Cette petite phrase « je n’ai pas besoin de toi » c’est en quelque sorte ce que nous ne devons pas dire, ce que nous ne devons même pas penser. Bien sûr, il faut mettre des nuances : on n’a pas besoin de tout le monde, tout le temps, pour tout ! Donc il y aura des moments où on pourrait la dire : par exemple, je n’ai pas besoin de toi pour descendre la poubelle ou pour faire la vaisselle … c’est amusant de voir que plus il est légitime de le dire, moins on a tendance à le faire ! Quoiqu’il en soit, il vaut mieux ne pas trop dire « je n’ai pas besoin de toi. Quand on commence à penser « je n’ai pas besoin de toi », c’est une sirène d’alarme spirituelle : le plus souvent on est en train de se tromper : on se trompe sur soi-même, ou on se trompe sur les autres, et généralement on se trompe sur soi et sur les autres !

On se trompe sur soi, quand on pense qu’on n’a besoin de personne qu’on se suffit à soi-même. En français, être suffisant est plutôt un reproche qu’un compliment. Mais surtout la première lecture est très instructive. Le peuple, après cinquante ans d’exil à Babylone revient dans son pays, il retrouve le livre de la Loi, qui est son livre fondateur … mais il ne le comprend plus : il n’en connaît même plus la langue ! Regardons cette image : le peuple a besoin d’un autre pour retrouver ce qui est le plus important. Nous avons besoin d’un autre pour retrouver l’alliance avec le Seigneur. De la même manière dans l’évangile, saint Luc témoigne qu’il a eu besoin des autres pour nous dire ce que nous avons besoin qu’il nous dise. Nous avons besoin qu’on nous explique les choses, et qu’on nous guide pour réagir comme il faut. La relation à Dieu n’est pas notre petit jardin secret où nous n’avons besoin de personne … au contraire ! C’est ensemble, que nous progressons vers le Seigneur, c’est ensemble que nous habitons la Terre promise, c’est ensemble que nous formons le corps du Christ.

Et on peut se tromper aussi sur les autres, en pensant que peut-être on a besoin d’aide, mais pas de celui-ci ou de celui-là : qu’ils sont inutiles ou qu’ils ne sont pas capables. Comme la parole de Dieu n’est pas là pour changer le cœur des autres mais le nôtre, il faut s’interdire d’entendre cette phrase « je n’ai pas besoin de toi », ce qui revient à dire qu’il faut s’interdire de penser « il n’a pas besoin de moi ». Sur ce point, c’est l’évangile que nous venons d’entendre qui peut nous aider. Bien sûr, on sait que c’est une manière d’introduire la vie publique de Jésus en citant le prophète Isaïe comme un programme. Mais en vérité cette prophétie nous concerne nous aussi puisqu’il est dit « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Or que dit ce passage de l’Écriture que nous venons d’entendre et qui s’accomplit aujourd’hui ? « L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a envoyé porter la Bonne nouvelle ». Autrement dit, nous sommes envoyés, Dieu nous a choisi pour les autres, ce que Dieu nous donne n’est pas à garder jalousement mais à partager. Ce que nous sommes est pour les autres !

Pour vivre, il faut respirer, et la respiration comporte deux mouvements et deux temps : on inspire et on expire. Donc on peut s’étouffer de deux manières différentes : en manquant d’inspirer ou en manquant d’expirer. Eh bien dans la vie de l’Église il y a aussi deux manières d’étouffer : soit en disant « je n’ai pas besoin de toi », soit en pensant « il n’a pas besoin de moi ». Celui qui dit « je n’ai pas besoin de toi » se trompe, parce que nous avons toujours besoin des autres pour retrouver le Seigneur et entrer dans le don de Dieu. Celui qui croit n’avoir besoin de personne pour aimer Dieu, n’aimera jamais qu’une idée qu’il se fait de Dieu. Dire « je n’ai pas besoin de toi » c’est manquer de l’humilité qui est le premier mouvement, le premier temps de la vie spirituelle.

Mais il ne faut pas écouter non plus « je n’ai pas besoin de toi » : ça n’est pas une parole de Dieu. Au contraire, la parole de Dieu nous dit « je t’envoie porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la libération, aux aveugles la vue, aux opprimés la liberté » ; la parole de Dieu nous appelle à l’engagement et au service, elle nous invite à reconnaître ce dont l’autre a besoin, ce que nous pouvons faire pour l’aider. Le Seigneur compte sur nous, il donne à la mesure que nous partageons. Ce don de soi pour aider les autres, la charité, c’est le deuxième mouvement, c’est le deuxième temps de la respiration spirituelle.

Humilité et Charité sont comme les deux temps de la vie divine. L’humilité refuse de dire « je n’ai pas besoin de toi » ; la charité refuse d’entendre « je n’ai pas besoin de toi ». Et comme dans la respiration, il faut les deux mouvements … sinon on s’étouffe !

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, fasse retentir dans nos vies la parole de Dieu. A Cana elle a su indiquer aux serviteurs celui dont ils avaient besoin, qu’elle nous apprenne à demander de l’aide. A l’Annonciation elle a accepté que le Seigneur ait besoin d’elle, qu’elle nous encourage à nous donner avec générosité. Mère de l’Église qu’elle nous apprenne à respirer d’humilité et de charité pour vivre à la mesure du cœur de Dieu, et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Les deux repas

19 Janvier 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

2TOC

2° dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Is 62,1-5 ; Ps 95 (96) ; 1 Co 12,4-11 ; Jn 2 ; 1-11

Si l’on en croit saint Jean – et il n’y a aucune raison de ne pas le croire – les noces de Cana sont « le commencement des signes que Jésus accomplit ». Ainsi le ministère de Jésus commence et finit par un repas. Il commence par le repas de Cana en Galilée ; il finit par celui de la nuit du jeudi saint, au Cénacle, à Jérusalem.

C’est une chose remarquable que Dieu nous rejoigne et agisse au cœur d’un repas. A bien des égards, le repas est typique de l’homme. Bien sûr tous les êtres vivants se nourrissent, mais un repas c’est quelque chose de plus : c’est un moment qu’on prépare, c’est un moment qu’on partage. La nourriture fait partie de nos besoins essentiels, mais le repas lui donne une qualité, un caractère proprement humain. Ainsi le Christ se manifeste dans ce qui est à la fois le plus ordinaire et le plus particulier de notre existence.

Mais les noces de Cana et la Cène du Seigneur ont aussi en commun d’être un moment où quelque chose se transforme : l’eau devient du vin, le vin devient le sang du Christ, c’est-à-dire sa vie selon la symbolique biblique. Dieu n’est pas là comme un spectateur, ni même comme un simple convive : il vient transformer, il vient élever. Le maitre du repas, à Cana, remarque que d’habitude on sert le bon et ensuite le moins bon. En vérité c’est la dynamique fondamentale de la matière : avec le temps les choses s’usent et s’épuisent. Mais la dynamique divine est inverse : la boisson ne s’épuise pas, le bon conduit au meilleur. Avec Dieu on ne va pas vers le moins mais vers le plus. C’est la logique des prophètes, comme nous le rappelait la lecture d’Isaïe, c’est aussi la logique de l’espérance, qui est le thème de cette année jubilaire.

Enfin, parmi les choses que l’on retrouve à Cana comme au Cénacle, il y a la même demande : « Faites ». A Cana, c’est Marie qui recommande aux serviteurs « faites tout ce qu’il vous dira » ; au Cénacle, c’est Jésus qui demande aux disciples « faites ceci en mémoire de moi ». Ainsi la parole de Dieu n’est pas abstraite, elle s’incarne dans ce que nous faisons. Devant Dieu, il ne suffit pas de dire ou d’écouter, il faut aussi faire et agir. C’est ce que soulignait saint Paul dans la lettre aux Corinthiens : Dieu agit à travers nous, « à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien ». Le Seigneur compte sur nous, il nous demande de nous impliquer, de nous engager. Si Dieu peut tout faire, mais il ne veut rien faire sans nous.

Au début de ce temps ordinaire, l’évangile nous invite à contempler les noces de Cana pour nous préparer au Repas du Seigneur. Dieu se fait proche de nous, il partage ce que nous sommes. Il ne faut pas le chercher dans l’extraordinaire ou l’inaccessible, mais dans l’ordinaire et le quotidien. Le Christ n’est pas un mirage qui fait rêver, mais un compagnon qui nous accompagne. Et il nous accompagne pour nous entrainer. En lui, ce que nous sommes et ce que nous vivons est appelé à grandir et à s’élever. Nos relations, nos activités, nos plaisirs et nos joies, tout ce qui donne du sens à notre vie, tout ce qui donne du goût à l’existence, n’est pas voué à s’user ou à s’épuiser, mais à se transformer et à s’améliorer. Et cette action du Seigneur ne se fait pas sans nous. Pour suivre le Christ, il faut l’écouter et faire ce qu’il nous demande. Il agit à la mesure de l’engagement qui naitra d’une parole entendue et mise en pratique.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide tout au long de cette année, à répondre à l’invitation qui nous est faite. Porte du Ciel, qu’elle ouvre nos cœurs à la Parole du Christ. Etoile du Matin qu’elle nous montre comment faire tout ce qu’il nous dira pour que l’eau de nos vies devienne le vin du Royaume éternel. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à saisir toutes les occasions pour vivre en présence de celui qui a voulu partager notre existence pour que nous puissions partager sa gloire et vivre avec lui, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Sous le regard du Seigneur

10 Novembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

32TOB

32° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

1 R 17,10-16 ; Ps 145 (146) ; He 9,24-28 ; Mc 12,38-44

L’évangile que nous venons d’entendre fait partie des textes qui permettent de bien saisir quel genre de personne était Jésus. On imagine bien qu’il ne s’agit pas d’encourager à s’habiller de manière négligée, à déserter les premiers bancs de l’église ou à ne donner que quelques centimes à la quête ! Son enseignement est d’un autre ordre : il s’agit d’apprendre à connaître et reconnaître le regard de Dieu. Un regard qui ne s’intéresse pas aux apparences mais qui discerne le fond des cœurs. Pour découvrir ce regard, entrons dans la scène évangélique, en nous mettant à la place de la veuve.

Elle arrive devant le tronc pour contribuer à l’entretien du Temple. Et voilà, qu’il y a Jésus qui regarde la foule déposer son obole. Ce n’est pas très confortable d’être dévisagé au moment d’un don ! D’autant que – ni le chèque ni les billets n’ayant cours à l’époque – les dons se font avec des pièces ce qui est moins discret ! Comme beaucoup de ceux qui étaient là, elle aurait sans doute préféré l’anonymat, que personne ne voit ce qu’elle fait. Jésus a enseigné que la main gauche devait ignorer ce que donne la main droite, mais il a dit aussi que le Père voyait ce que nous faisons dans le secret. Le regard de Jésus n’est donc pas le regard curieux de la main gauche observant la main droite, il n’est pas le regard des hommes mais le regard du Père qui voit ce que nous faisons dans le secret.

La veuve dépose son offrande dans le tronc – deux piécettes – un don insignifiant aux yeux des hommes et dans les chiffres du trésorier. A côté des riches qui déposaient des fortunes, son geste pourrait paraître négligeable. Aux yeux des hommes peut-être, mais pas aux yeux de Dieu. Personne n’est négligeable aux yeux de Dieu. Le regard de Dieu s’attache à chacun de nous. Impossible de passer devant lui, noyé dans la foule, masqué par le nombre. La relation avec le Seigneur n’est pas une relation de masse mais une relation personnelle, unique.

Vu sa pauvreté, son indigence même, elle aurait pu estimer qu’elle était exemptée de verser sa participation au Temple, d’autant qu’il s’agissait d’une offrande libre, à laquelle on n’était pas obligé. Même, c’est elle qui aurait dû être aidée et recevoir de l’argent. Mais la relation avec Dieu n’est jamais à sens unique. Dieu donne, mais à la mesure de ce que nous donnons nous-mêmes. L’histoire de la veuve de Sarepta est une bonne illustration de cette dynamique. Parce qu’elle nourrit le prophète Elie, elle est nourrie par le Seigneur. Si elle avait refusé cette dernière poignée de farine et le peu d’huile qui lui restait, sa jarre se serait épuisée. En gardant elle serait morte, en donnant elle a vécu. Devant le Seigneur, il ne peut pas y avoir de profiteurs : personne ne peut croire qu’il n’a rien à donner, personne ne peut penser qu’il ne doit rien à Dieu.

Mais ce que regarde Jésus, ce n’est pas ce qui est donné, c’est celui qui donne. Et il explique aux disciples la véritable nature du don de la veuve du Temple. Elle n’a pas donné du superflu mais du nécessaire. Elle n’a pas donné ce qui ne lui servait pas, mais ce dont elle avait besoin. Cela ne veut pas dire que le don des autres était sans valeur, mais il n’est pas de la même nature. Donner du superflu, donner ce qu’on n’utilise pas, ce dont on n’a pas besoin, c’est de la justice et c’est bien. Mais cette femme est au-delà de la justice : elle est dans l’amour. Elle donne tout ce qu’elle a, elle donne sa vie. Voilà ce que Dieu nous propose. Car c’est lui le premier qui nous a tout donné. Le Christ n’a pas gardé jalousement ses richesses divines mais il s’est fait pauvre pour que par sa pauvreté nous devenions riches. C’est la logique de Dieu. Non pas simplement la justice, mais la générosité qui va au-delà de la justice et qui est la porte d’entrée de l’amour.

Alors nous, que présentons-nous au regard de Dieu ? Est-ce que nous essayons de l’impressionner par l’étalage de nos mérites ou bien est-ce que nous acceptons de nous présenter devant lui dans l’indigence de notre pauvreté ? Est-ce que nous allons vers lui pour l’appeler ou pour répondre à son appel ? Est-ce que nous nous contentons d’être justes, ou bien est-ce que nous cherchons à l’aimer plus en donnant toujours plus ? 

Que le Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Humble servante du Seigneur, Demeure précieuse et Mère du bel amour, qu’elle nous montre comment ouvrir nos cœurs aux dimensions du cœur de Dieu, qu’elle nous accompagne sur le chemin d’une générosité sans limite, qu’elle nous apprenne à aimer toujours plus et toujours mieux, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Les différents niveaux de la vie et de l'amour

3 Novembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

31TOB

31° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Dt 6, 2-6 ; Ps 118 (119) ; He 7, 23-28 ; Mc 12,28b-34

L’évangile que nous venons d’entendre est bien connu ; grande est la tentation de se dire qu’on n’a pas grand-chose à en apprendre qu’on ne sache déjà. Cela dit, la liturgie de la Parole n’est ni un journal ni un roman : son but n’est pas de nous surprendre mais de nous guider. Ce n’est pas parce qu’on sait quelque chose, qu’il serait inutile de se le rappeler. Pourtant, il y a quand même quelque chose d’intrigant dans la conclusion de l’histoire : « Personne n’osait plus interroger Jésus ». Pourquoi ? Le scribe qui interrogeait Jésus se serait-il fait rabrouer ? On connait des rencontres où Jésus a déjoué les pièges qui lui étaient tendus, on comprend alors que l’humiliation de ses adversaires ait dissuadé d’autres tentatives. Mais là, où y a-t-il eu un piège ? Quelle est la réponse cinglante du Seigneur rabaissant l’arrogance de son interlocuteur ? Bien au contraire, les deux semblent d’accord et font assaut d’amabilité « tu as dit vrai » dit l’un, « voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse » commente l’évangéliste.

Reprenons la dynamique du dialogue. Dans un premier temps, la discussion porte sur le premier de tous les commandements. On est donc dans le domaine moral, quand on cherche à savoir ce qu’il faut faire, ce qui est bien, et même ce qui est meilleur. Ensuite le scribe évoque les offrandes d’holocaustes et les sacrifices. On est alors dans un autre domaine : celui du culte et de la religion, quand on cherche à savoir ce qui plait à Dieu. D’ailleurs son expression évoque la parole des prophètes : « c’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices, dit le Seigneur ». On est donc passé de la morale à la religion. Et Jésus répond en disant « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ». Il déplace encore le sujet pour le situer dans le domaine spirituel, le domaine mystique où il s’agit de la relation à Dieu, de la présence au Seigneur. Ainsi l’on est passé de la morale à la religion et de la religion à la mystique. On peut comprendre que personne ne s’aventure dans ce dernier domaine. Autant on peut discuter de morale et de religion, autant il est téméraire de se hasarder dans les discussions mystiques. Il n’y a guère que Jésus qui puisse prétendre avoir autorité en la matière !

La morale, la religion et la mystique sont trois niveaux différents, même si l’on a parfois tendance à les confondre. On confond morale et religion, comme si le but de la religion était de donner des valeurs. Vous avez sans doute déjà entendu une réflexion du genre « il vaut mieux être un athée généreux qu’un chrétien égoïste » ! Au-delà du sophisme, puisqu’il vaut mieux être un chrétien généreux qu’un athée égoïste, c’est l’exemple typique de confusion entre morale et religion. On mélange deux questions : la question morale de savoir s’il vaut mieux être généreux ou égoïste ; et la question religieuse de savoir si Dieu préfère qu’on soit chrétien ou athée ! On peut confondre aussi religion et vie spirituelle, comme s’il suffisait de dire le chapelet ou d’aller à la messe pour être saints. Malheureusement ça ne suffit pas ! On peut hélas recevoir tous les sacrements sans pour autant avoir une relation de cœur à cœur avec le Seigneur. C’est l’illusion du formalisme, quand on se contente de faire au lieu de chercher à être.

Morale, religion et mystique sont différentes mais elles ne sont pas sans rapports les unes avec les autres. Il y a déjà une sorte de gradation, qui fait que la religion suppose la morale et la mystique suppose la religion. Il n’a pas manqué, au long de l’histoire de gens qui ont prétendu s’affranchir de la morale sous prétexte de religion, d’autres qui prétendaient s’affranchir de la religion sous prétexte de mystique … l’expérience montre que les uns sont odieux, les autres délirants. On ne peut pas prétendre plaire à Dieu sans faire le bien, on ne peut pas s’approcher du Seigneur en ignorant ce qu’il nous demande. Mais surtout, si l’évangile de ce jour nous montre l’existence de ces trois niveaux, c’est qu’il met au cœur le double commandement de l’amour de Dieu et de l’amour des autres. Car l’amour peut se vivre de différentes manières : on peut aimer en faisant le bien, on peut aimer en cherchant à faire ce qui plait à l’autre, on peut aussi aimer en vivant une présence privilégiée. Le grand commandement dont parlent Jésus et le scribe peut se vivre de manière morale, de manière religieuse et de manière mystique. Et puisque nous sommes dans la proximité de la fête de la Toussaint, nous comprenons que nous sommes bien évidemment appelés à vivre l’amour de Dieu et du prochain dans ces trois dimensions, sans négliger la première, sans se contenter de la deuxième, sans renoncer à la troisième.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère admirable, qu’elle nous encourage à rechercher le bien en toute chose. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à faire ce qui plaît au Seigneur. Reine des Saints qu’elle nous accompagne jusqu’à la plénitude du Royaume, où nous vivrons avec Dieu et demeurerons en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Une belle histoire, la notre

27 Octobre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

30TOB

30° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Jr 31,7-9 ; Ps 125 ; He 5,1-6 ; Mc 10,46b-52

« Il était une fois un aveugle qui mendiait sur le bord du chemin ». L'histoire que nous venons d'entendre est belle, elle est d'autant plus belle qu'elle a été vécue. Mais elle est aussi belle parce qu’elle est comme une parabole, ce n’est pas seulement l’histoire de Bartimée, c’est l’histoire de chacun de nous à laquelle nous invite la messe.

L'histoire commence par un cri : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! » Ce cri nous le connaissons parce que nous le disons, nous aussi ; nous venons même de le dire en priant « Kyrie eleison », « Seigneur prends pitiés ». Ça n'est pas un cri académique, ça n'est pas un cri anodin. C'est un cri de désespoir. « Pitié », c'est le cri de celui qui n'en peux plus, de celui qui est submergé par la souffrance, celle qui lui est imposée, mais aussi parfois celle qu’il s’impose lui-même par le péché. Paradoxalement l’action de grâce commence par une imploration. C’est le mouvement auquel invitait le prophète Jérémie « soyez dans la joie et criez : “Seigneur, sauve ton peuple” ». La vie spirituelle commence par un appel au secours.

Mais cela ne va pas de soi. Lorsque Bartimée crie, il y a beaucoup de gens pour le rabrouer et le faire taire. De même, il y a beaucoup de passions en nous pour étouffer notre appel à Dieu. Il y a beaucoup de raison pour renoncer à crier vers Dieu. Cela peut être notre orgueil, qui refuse de reconnaître que nous avons besoin du Seigneur, ou bien le désespoir qui croit inutile d'essayer de s'en sortir, ou encore le respect du Seigneur qui incite à ne pas l'ennuyer avec nos affaires … Mais il faut persévérer. Il faut comme Bartimée, arriver à un tel point, que rien ne peut nous faire taire ; au contraire, il faut que les contrariétés nous incitent à crier de plus belle vers le Seigneur. Il faut que les difficultés augmentent notre appel au lieu de l'affaiblir.

Alors Jésus s'arrête et c'est lui qui appelle … C’est le temps où la Parole de Dieu retentit et nous appelle. Voilà pourquoi, la messe continue par la liturgie de la Parole, pour que nous puissions entendre l’appel du Seigneur … et surtout pour y répondre, même si comme pour Bartimée, cela doit nous dépouiller. Pour répondre généreusement au Christ, il faut accepter de jeter son manteau, renoncer à ce qui nous protège. Aller vers le Seigneur oblige à laisser des choses qui paraissaient essentielles, pour avancer. Il y a tant de manteaux, intellectuels ou non, que nous devons jeter en entendant la Parole, pour courir vers Jésus.

C'est alors le temps de la rencontre. Le temps où l'on expose nos attentes, où dans la contemplation nous pouvons présenter au Seigneur nos intentions, et pas seulement les nôtres. Toutes nos prières universelles sont un écho de la prière de l'aveugle sur le chemin de Jéricho : « Rabbouni, que je retrouve la vue ». Avec d’autres mots, nos intentions déclinent « Seigneur fais qu'ils voient ton amour », « Seigneur fais que le monde voie ta présence ». Alors Jésus nous révèle la vérité sur nous même : « ta foi t'a sauvé ». Devant Jésus resplendit la vérité de notre foi. De même que devant l'eucharistie, au cœur de la communion, la question de la foi devient inéluctable. Le corps du Christ nous révèle à nous-mêmes : en recevant le Seigneur, nous nous donnons, nous nous dévoilons … 

Alors, si nous sommes vrais, si notre foi resplendit, nous sommes prêts à suivre Jésus sur la route de la vie. Et pas seulement dans la bénédiction ou l'action de grâce, mais par tout ce que nous faisons. Car l’histoire ouvre une autre histoire, c'est le temps de la mission. Ne parlons pas de "messe" sans penser mission.

Oui, elle est belle l'histoire de Bartimée, parce que c'est notre histoire, parce que c'est l'histoire de ce moment que nous vivons. C’est l'histoire d’une foi qui accepte de ne pas s'endormir mais de crier vers Dieu, d’une foi qui ne se blottit pas dans le manteau du confort, mais qui cherche à voir toujours plus, non seulement le monde mais Dieu lui-même, pour le suivre sur le chemin.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs, qu’elle guide notre prière. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous fasse entendre l’appel du Seigneur. Mère du Bel Amour qu’elle nous accompagne sur le chemin à la suite du Christ, pour que nous puissions demeurer en lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Une ambition à la mesure du Christ

20 Octobre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

29TOB

29 ème dimanche du Temps Ordinaire - année B

Is 53,10-11 ; Ps 32 ; He 4,14-16 ; Mc 10,35-45

Si les enjeux n’étaient pas si importants, la situation que rapporte l’évangile d’aujourd’hui pourrait être amusante. Le dialogue entre Jésus et Jacques et Jean donne l’impression que le Seigneur a été plus malin que les fils de Zébédée ; ensuite face à l’indignation des dix autres, dont on pressent qu’elle est plus motivée par la jalousie que par la vertu, Jésus prend encore les disciples à contrepied en les renvoyant à l’essentiel pour les sortir de la mesquinerie des vanités. Mais bien au-delà d’une astuce oratoire ou d’une affirmation philosophique, c’est la participation à la gloire de Dieu et la mission du Christ qui sont au cœur des répliques du Seigneur. Ce qui est en jeu dans cette scène, c’est la nature de nos ambitions spirituelles plutôt que des chicaneries de préséance. Et pour nous montrer ce que nous devons désirer, Jésus invite à trois changements de perspective.

D’abord il faut remettre à sa place ce que nous recevons et ce que nous donnons. Lorsque Jacques et Jean s’adressent à Jésus, tout est à sa charge. « Nous voudrions que tu fasses » ; « donne-nous » disent-ils. Apparemment, rien que de très normal pour une prière. Le ton est plutôt respectueux (encore que l’introduction soit un peu fourbe). Car, enfin, quand on demande quelque chose à quelqu’un, c’est bien pour qu’il agisse ! Or quelle est la réponse de Jésus ? « Pouvez-vous » ? Il ne s’agit pas tant de répondre à une question par une question, c’est surtout renverser la charge de l’action. Ce n’est pas tant Jésus qui doit faire, ce sont les disciples qui doivent faire. Voilà un premier changement de perspective dans la prière, pour paraphraser la fameuse expression de Kennedy, nous devrions plus souvent nous demander ce que nous pouvons faire pour Dieu au lieu de nous demander ce que Dieu peut faire pour nous.

Ensuite il faut remettre à leur place la volonté de Dieu et notre propre volonté. C’est ce que montre la réponse de Jésus : « quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ». Certains disserteront sur la répartition des rôles dans la Trinité, mais ce que montre la remarque de Jésus, c’est surtout qu’il respecte la liberté du Père. On sait bien qu’il y a des choses qu’il serait incongru ou indécent de demander à Dieu, et pourtant, combien de fois nous demandons d’abord au Seigneur ce que nous voulons, au lieu de chercher à faire ce qu’il veut ! Subtilement la prière se fait marchandage : Seigneur, si je fais telle chose, accorde moi telle faveur. Comme si Dieu était notre obligé, comme si la prière était un contrat. Bien sûr, on n’aura jamais l’outrecuidance de prétendre être les maîtres, mais concrètement on attend plutôt d’être servi plutôt que de servir. C’est un deuxième changement de perspective dans notre relation à Dieu. Faire passer la volonté de Dieu avant notre volonté. Cela ne signifie pas que nous ne devions rien vouloir, mais qu’au moins nous soyons attentifs à respecter la liberté du Seigneur.

Enfin il y a la réponse de Jésus à l’indignation des dix qui se sont fait griller la place par l’audace des fils de Zébédée. Jésus ne condamne pas l’ambition : « celui qui veut devenir grand » ; « celui qui veut être le premier » … il est donc légitime de vouloir être grand, de vouloir être premier. Mais les conditions de cette ambition ne sont pas celles des hommes. Il ne s’agit pas d’être le maître mais le serviteur ; il ne s’agit pas de faire sentir le pouvoir mais de se mettre au service. Pourtant il est facile de comprendre qu’il ne s’agit pas de renverser une pyramide hiérarchique. Le changement que propose Jésus n’est pas un changement institutionnel, mais un changement d’esprit. Car le serviteur a toujours un pouvoir, c’est même ce qui lui permet de servir. Ce qui importe c’est la manière d’exercer ce pouvoir, c’est que le pouvoir soit utile à celui qui en bénéficie avant de l’être à celui qui l’exerce. Et la conclusion de l’évangile donne la raison de ce changement : il s’agit de faire comme le Fils de l’homme, c’est-à-dire comme Jésus, lui qui est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie pour la multitude.

Ainsi, c’est le Christ qui doit être la mesure de notre ambition. C’est à la mesure que nous l’imiterons, que nous progresserons. De la même manière, il proposait à Jacques et Jean de boire à la coupe qu’il boira ; d’être baptisé du baptême dans lequel il sera plongé. De la même manière aussi il les invitait à respecter, comme lui, ce que le Père a prévu sur les sièges à sa droite et à sa gauche. Si Jésus prend les disciples à contrepied, c’est pour qu’ils changent de perspective dans leurs désirs, dans leurs résolutions, dans leurs ambitions, et que le Christ soit le centre, le modèle et le but de leur cœur

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous encourage à donner plutôt qu’à recevoir, surtout dans la prière. Humble Servante du Seigneur qu’elle nous apprenne à préférer la volonté du Père plutôt que notre volonté. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous accompagne sur le chemin tracé par le Christ, pour que nous lui ressemblions toujours plus et que nous puissions demeurer auprès de lui, comme il demeure avec nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Le royaume de Dieu dans notre vie

6 Octobre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

27TOB

27° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Gn 2,18-24 ; Ps 127 ; He 2,9-11 ; Mc 10, 2-16

Je dois vous avouer ma perplexité en entendant l’évangile de ce jour. Non pas que les enseignements du Seigneur m’intriguent, c’est même plutôt le contraire. La position de Jésus face à la question des pharisiens sur la répudiation est bien connue ; son attitude vis-à-vis des enfants qu’on lui demande de bénir aussi. Non ! Ce qui m’étonne c’est que l’on nous propose de lire ces deux passages le même dimanche, dans le même évangile. Bien sûr ils sont l’un à la suite de l’autre dans l’évangile de Marc, mais d’habitude, les lectures sont choisies pour garder une unité thématique. Vu la première lecture que nous avons entendue et qui se rattache naturellement à la première partie de l’évangile, pourquoi aller jusqu’à l’histoire des enfants ? Il est vrai que cette deuxième partie peut être omise, et que j’aurai pu choisir la lecture brève. Solution de facilité qui permet de se concentrer sur les affaires matrimoniales. Mais en matière biblique, la solution de facilité est le meilleur moyen pour passer à côté de l’Esprit Saint ! Donc essayons de voir l’intérêt qu’il peut y avoir à rapprocher les deux parties de l’évangile : la controverse avec les pharisiens et l’accueil des enfants.

La première chose que l’on peut remarquer c’est un contraste fort et saisissant entre l’attitude des pharisiens qui se présentent devant Jésus pour le mettre à l’épreuve et celle des parents qui présentent au Seigneur leurs enfants pour qu’il les bénisse. Les uns discutent une permission, les autres demandent une bénédiction. Les premiers viennent pleins d’arrogance, les seconds pleins d’humilité ! Voilà déjà qui peut nous interroger sur nos dispositions de cœur devant le Seigneur. Est-ce que nous attendons de Dieu qu’il conforte nos prétentions, qu’il nous donne raison et nous encourage à continuer ce que nous voulons faire ; ou bien est-ce que nous nous présentons simplement pour recevoir ce qu’il veut nous donner ?

Ensuite on peut s’intéresser à ce que Jésus dit aux uns et aux autres, plus exactement ce qu’il répond aux pharisiens et ce qu’il dit aux disciples qui écartaient vivement les enfants. Aux premiers il explique le sens de la prescription de Moïse sur l’acte de répudiation : « c’est à cause de la dureté de votre cœur ». Effectivement, l’expérience le montre encore de nos jours malheureusement, lorsqu’il y a séparation, lorsqu’il y a conflit, il faut une loi pour nous obliger à respecter celui ou celle à qui l’on s’oppose. La loi n’est pas une permission, elle est un garde-fou pour limiter les dégâts. Jésus rappelle que la volonté de Dieu, c’est l’unité, et que quoi qu’il arrive la dureté de cœur ne doit pas l’emporter sur le respect de chacun. Par ses paroles aux disciples, Jésus complète cet enseignement en demandant, non seulement de respecter mais aussi d’éviter le mépris : « le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ». Alors que sans doute les disciples trouvaient que la démarche des parents était inopportune et qu’elle venait troubler une discussion sérieuse pour des motifs futiles, le Seigneur rappelle l’éminente dignité de chacun, spécialement de ceux qui ne nous intéressent pas ! Dans les deux situations, il nous est rappelé que c’est le regard de Dieu qui doit commander nos réactions et nos relations, et non pas nos émotions ou nos sentiments.

Enfin il y a la conclusion du texte : « celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas ». Généralement on comprend qu’il faut accueillir le royaume de Dieu comme un enfant l’accueille. Le prédicateur zélé va se lancer alors dans un émouvant plaidoyer pour l’innocence et la docilité. C’est généralement très émouvant, assez romantique et un peu convenu. Ne pourrait-on pas comprendre autrement cette phrase ? Ne peut-elle pas dire aussi qu’il faut accueillir le royaume de Dieu comme on accueille un enfant ? Alors s’éclaire le lien avec l’enseignement sur le mariage. Car cela nous rappelle que notre relation à l’autre est le lieu de notre relation à Dieu. Quand les époux se reconnaissent unis par Dieu, ils se découvrent participant d’un mystère qui les dépasse. Leur amour devient le sacrement, c’est-à-dire le signe et le moyen, de l’amour de Dieu. De la même manière, l’enfant qui nous dérange même gentiment, celui qui nous désarme par sa fragilité, celui qui a besoin de notre attention ou de notre aide, l’enfant qu’il soit câlin ou qu’il soit pénible, éveille en nous la disponibilité qui permet d’accueillir le royaume de Dieu, ce royaume qui nous dérange parfois, qui nous désarme souvent et qui nous sollicite toujours.

Ainsi, bien plus qu’un traité de morale, ou une succession d’anecdotes, l’évangile d’aujourd’hui nous ouvre le cœur de Dieu en interrogeant nos cœurs. Comment nous présentons-nous devant Dieu : comme ceux qui négocient une permission ou comme ceux qui mendient une bénédiction ? Savons-nous regarder les autres avec les yeux de Dieu, en y reconnaissant l’amour qu’il leur porte en toutes circonstances ? Vivons-nous nos relations comme la porte de la vie spirituelle, comme le lieu de vérité sur notre relation à Dieu ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle dispose nos cœurs à la rencontre du Seigneur. Porte du ciel qu’elle nous révèle le regard de Dieu sur ceux que nous croisons. Mère du Bel Amour qu’elle nous apprenne à vivre entre nous ce que nous vivons avec le Seigneur pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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