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23 juillet 2023 7 23 /07 /juillet /2023 10:31

16TOA

16° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Sg 12,13.16-19 ; Ps 85 ; Rm 8, 26-27 ; Mt 13, 24-43

On se doute bien que Jésus n’est pas venu nous donner des leçons de jardinage et que l’intérêt principal de l’évangile de ce jour n’est pas de nous informer sur la taille des graines ou la lutte contre les mauvaises herbes ! En revanche, il s’agit de nous faire découvrir les secrets du Royaume des Cieux. D’une certaine manière, les paraboles que nous venons d’entendre nous sensibilisent aux traces de l’éternité dans notre vie, c’est-à-dire à l’importance de la durée.

La parabole du bon grain et de l’ivraie nous montre l’importance de la durée pour le discernement. Pour reconnaître ce qui est bon et ce qui ne l’est pas il faut de la patience. Le premier sens du mot patience n’est d’ailleurs pas tant le fait d’attendre que de supporter les inconvénients du mal. Il faut du temps pour vérifier que le bien est vraiment bien, que le mal est vraiment mal. A rebours de l’attitude qui consiste à croire que le plaisir désigne ce qui est bien, et le désagrément ce qui est mal, le Royaume de Dieu nous apprend à laisser le temps décanter les choses pour faire apparaître leur valeur. Sans patience, on est dans le règne de la confusion, où l’on risque de confondre le blé et l’ivraie. Loin des jugements hâtifs et des réactions impulsives, le Royaume des Cieux nous invite à entrer dans la patience divine.

Ensuite Jésus évoquait la parabole de la graine de moutarde. Là encore, l’histoire fait appel à la durée : c’est dans la durée que la plus petite des semences devient un arbre où les oiseaux peuvent faire leur nid. C’est dans le temps que se révèle la nature des choses. Ainsi nous voilà invités à la fidélité qui seule permet le déploiement de l’être. Plus une chose est importante, plus elle a besoin de temps pour se manifester. Sans la fidélité, on est dans le règne de l’apparence, avec son cortège de déceptions et d’occasions manquées : ignorant ce qui mérite d’être respecté ou s’attachant à ce qui ne fait que passer. Au contraire le Royaume des Cieux se construit par les fidélités qui permettent de manifester ce que nous sommes vraiment.

Enfin Jésus comparait encore le Royaume des Cieux au levain enfoui dans la pâte. Pour que celui-ci agisse, là encore, il faut du temps. Ainsi Jésus nous invite à considérer l’importance de la persévérance pour l’action. On est parfois tenté de mesurer l’efficacité à l’immédiateté. Comme si la prière devait se réaliser sitôt qu’elle est formulée, comme si la grâce devait nous transformer comme une baguette magique. Mais l’instant n’est pas le temps de Dieu ! Sans la persévérance nous glissons dans le règne de la vanité. Un proverbe dit que le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui. Si nous voulons agir pour le Royaume des Cieux, il faut accepter cette persévérance qui nous fait épouser le rythme du cœur de Dieu.

En utilisant des paraboles de la vie courante, Jésus nous fait comprendre que ce qui est caché depuis la fondation du monde – selon la parole du prophète – est à notre portée, pourvu que nous sachions préférer la durée à l’instant et suivre les traces de l’éternité dans nos vies. C’est par la patience que l’on peut discerner, évitant ainsi le règne de la confusion ; c’est par la fidélité que déployons ce que nous sommes, déjouant ainsi la tyrannie de l’apparence ; c’est par la persévérance que nous agissons avec le Seigneur, sans nous laisser tromper par la vanité des choses de ce monde.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs quelle nous apprenne à contempler la patience de la miséricorde qui permet la conversion. Secours des chrétiens qu’elle soutienne notre fidélité pour que nous puissions déployer le don de Dieu. Consolatrice des affligés qu’elle affermisse notre persévérance pour que nous entrions dans le Royaume des Cieux et demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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9 juillet 2023 7 09 /07 /juillet /2023 18:33

14TOA

14° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Za 9,9-10 ; Rm 8,9.11-13 ; Mt 11,25-30

Quelle étonnante prière de Jésus : « je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » … En entendant ces paroles du Seigneur, je me souviens d’une histoire que l’on racontait : Au temps de l’athéisme triomphant en Union Soviétique, un enseignant rapportait fièrement à ses élèves les paroles du premier homme à aller dans l’espace, qui aurait dit « j’ai fait le tour du monde et je n’ai vu aucun dieu là-haut », ce à quoi un jeune garçon répondit : « s’il avait été au catéchisme, il saurait que Dieu est invisible » !

En vérité si Dieu cache des choses, cela reste un drôle de secret, puisque c’est un secret qui est accessible à tout le monde : Il n’est pas donné à tout le monde d’être savant ou sage, cela suppose d’étudier et de s’entraîner, de comprendre des choses compliquées ou d’accepter des efforts difficiles. En revanche, être tout-petit est accessible à tous. Cela ne demande aucune capacité particulière, seulement de consentir à la simplicité. Les secrets de Dieu ne sont pas réservés à des hommes ou des femmes d’exception, mais à ceux qui acceptent de les recevoir dans la confiance. Il est vrai que parfois nous préférons être impressionnés par ce qui nous paraît inaccessible, on admire ce qu’on ne comprend pas, on respecte ce qui nous dépasse. Mais Dieu ne cherche pas à nous stupéfier, il se propose de nous accompagner.

C’est d’ailleurs l’image qu’utilise Jésus dans la suite de l’évangile, lorsqu’il parle de joug. Il est vrai que notre culture urbaine nous oblige à faire un petit effort pour bien comprendre ce que le Seigneur nous dit. Le joug, ce n’est pas un fardeau, mais un attelage, qui permet à deux bêtes de traits de porter une charge. « Prenez sur vous mon joug », cela ne signifie pas « acceptez la charge que je vous impose » mais « venez avec moi pour que nous tirions ensemble le poids de votre histoire ». Jésus n’est pas le fermier qui nous impose le joug, mais le compagnon qui le porte avec nous. Et l’on comprend alors pourquoi il dit « mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » : parce que, comme il est plus grand et plus fort que nous, c’est sur lui surtout que porte le poids, nous on ne fait que le soutenir !

Et Jésus explique comment il nous procure le repos : « je suis doux et humble de cœur ». Sa grandeur est la douceur, sa force l’humilité. Voilà ce que les sages et les savants ne peuvent comprendre. Ils pensent que c’est la dureté de l’effort et la fierté de la conquête qui nous font avancer. Mais le secret de Dieu qui se propose à notre confiance, c’est que la douceur et l’humilité font plus que la raideur et l’orgueil. C’est ce qu’annonçait déjà le prophète Zacharie : le roi juste et victorieux n’est pas le conquérant superbe sur son cheval majestueux, mais le pauvre monté sur un âne, un ânon le petit d’une ânesse. C’est aussi ce qu’indiquait saint Paul en nous invitant à vivre selon l’Esprit et non pas sous l’emprise de la chair. Dans les conflits c’est la douceur qui permet le pardon ressuscitant une relation brisée, alors que la dureté de la revanche ne conduit qu’à l’escalade de la violence. Dans les épreuves, c’est l’humilité qui permet la fidélité sans résignation, tandis que l’orgueil opiniâtre enferme dans le désespoir du désastre.

Accueillons donc ce que le Père a révélé aux tout-petits. Dans la simplicité de la confiance laissons-nous accompagner par le Christ. Guidés par l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts acceptons de partager la douceur et l’humilité du Seigneur pour trouver le repos de l’âme.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Fille de Sion qu’elle nous apprenne à nous réjouir des secrets de Dieu proposés aux hommes et femmes de bonne volonté. Mère de Miséricorde qu’elle dispose nos cœurs à la douceur du Seigneur. Refuge des pécheurs qu’elle nous garde dans l’humilité qui permet de se laisser accompagner par le Christ, pour que nous puissions demeurer en Lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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2 juillet 2023 7 02 /07 /juillet /2023 13:41

13TOA

13° Dimanche du Temps Ordinaire- Année A (fête de Saint Pierre & Saint Paul)

2 R 4,8-11.14-16a ; Ps 88(89) ; Rm 6,3b-4.8-11 ; Mt 10,37-42

Si les textes que nous venons d’entendre sont ceux du 13ème dimanche du Temps Ordinaire, ils nous invitent à méditer sur la vie chrétienne, dont saint Pierre et saint Paul que nous honorons aujourd’hui sont des témoins et des exemples.

L’évangile commence par des paroles qui peuvent choquer et paraître excessives. Mais elles ne disent pas qu’il ne faut pas aimer son père et sa mère, son fils ou sa fille … ce serait bien étonnant que Jésus nous demande de ne pas aimer ! L’évangile nous rappelle surtout qu’il y a un choix fondamental à l’origine de notre foi : préférer le Christ. Et comme tout choix, cela implique de sortir du confort de nos habitudes. Si le pêcheur voulait rester solidement attaché au quai où son navire est en sécurité, il ne rapporterait pas grand-chose ! La pêche de loisir, tout honorable soit-elle, n’a pas la même ampleur ni la même importance que la pêche professionnelle ! Eh bien le Christ nous invite à ne pas être des chrétiens de loisir ! Nous pouvons espérer ne pas être confronté à des choix dramatiques, mais c’est parfois dans les petites choses que se manifestera notre préférence pour le Christ : participer à la messe avant de rejoindre une réunion de famille, exprimer une opinion différente de celle de nos proches qui ne partagent pas notre foi … Si nous voulons suivre le Christ, il faut le choisir et ne pas se laisser porter par la routine ou les caprices de notre entourage.

Ensuite Jésus évoque le fait de prendre sa croix, de perdre sa vie à cause de lui. Cela rejoint l’enseignement de saint Paul, dans la deuxième lecture : « par le baptême nous avons été unis au Christ ». Il s’agit de réaliser que la vie chrétienne implique une ressemblance avec le Seigneur. N’est-ce pas lui le premier qui a porté la croix ? Lui le premier qui a donné sa vie pour nous ? Dans sa lettre aux Romains, saint Paul explicitait ce que signifiait cette ressemblance : « pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ ». Il ne s’agit pas tant d’une situation que d’un apprentissage. On pourrait dire qu’il y a un savoir-faire chrétien qu’il faut apprendre et cultiver. Comme le pêcheur de profession s’efforce d’avoir un savoir-faire plus grand et plus précis que le pêcheur amateur, nous ne pouvons pas nous contenter d’être des chrétiens amateurs. Bien sûr il ne s’agit pas de savoir-faire le signe de la Croix ou de connaître les prières … tout cela est bon, mais ça n’est pas suffisant ! Le savoir-faire chrétien, c’est d’abord ce combat spirituel pour mourir au péché et mener une vie nouvelle.

Enfin l’évangile évoquait l’accueil, en écho à la première lecture et à l’accueil du prophète Élisée par la femme de Sunam. « Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé ». En vérité, si ces paroles sont sans doute un encouragement pour les apôtres, il s’agit surtout d’une invitation à l’accueil. Mais Jésus précise : accueillir un prophète en sa qualité de prophète, accueillir un juste en sa qualité de juste. Il y a donc un discernement, un accueil qui est commandé par la reconnaissance dans celui qu’on rejoint de la présence de Dieu en lui. Cela vient d’ailleurs corriger ceux qui verraient dans les premières paroles de l’évangile un appel à s’isoler en négligeant toute relation. Comme il y a un savoir-être chez le pêcheur qui sait où pêcher, quand pêcher et quoi pêcher pour préserver les ressources, il y a un savoir-être chrétien qui sait reconnaître la présence de Dieu dans ceux qu’il rencontre, et qui manifeste sa relation à Dieu dans sa relation aux autres. Ce n’est pas une technique, mais une disposition du cœur à laquelle rien ni personne n’oblige, mais qui donne sens à ce que l’on vit et à ce que l’on proclame.

Comme saint Pierre et saint Paul, colonnes de l’Église, ont témoigné par leur engagement, leurs efforts et leur fidélité, du choix qu’ils ont fait de suivre le Christ et de répondre à son appel, soyons, nous aussi, à notre manière, de ceux qui suivent le Christ parce qu’ils l’ont choisi et préféré, qui s’efforcent de lui ressembler et de le reconnaître dans ceux qu’ils croisent.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Vierge fidèle qu’elle nous apprenne à choisir de Christ à chaque moment de notre vie. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous accompagne dans le combat spirituel pour que nous puissions ressembler toujours mieux au Seigneur. Mère du Bel amour, qu’elle nous encourage à reconnaître la présence de Dieu dans ceux que nous rencontrons, pour l’accueillir en les accueillant, et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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25 juin 2023 7 25 /06 /juin /2023 13:02

12TOA

12* Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Jr 20,10-13 ; Ps 68 (69) ; Rm 5,12-15 ; Mt 10, 26-33

Le témoignage de Jérémie dans la première lecture, et les consignes de Jésus dans l’évangile utilisent sans doute un registre différent, mais les deux textes renvoient à la même réalité : ce qui permet au prophète de dépasser les difficultés du moment. Jérémie est plus dramatique, l’évangile plus imagé, mais chaque fois il s’agit d’affirmer la primauté de la puissance de Dieu sur les vicissitudes du moment.

C’est une situation malheureusement récurrente, tout au long des siècles, que la Parole du Seigneur n’est pas toujours écoutée ; trop souvent ce que Dieu veut nous dire n’est pas cru, ce qu’il nous demande n’est pas accompli. Ainsi le prophète, celui qui est messager de la Parole, se retrouve en proie à toute sorte d’hostilité. Le mépris est la manière habituelle de refuser la vérité, la persécution celle de refuser la bonté. Et comme il n’est jamais facile de subir humiliation ou méchanceté, Jésus encourage les apôtres à la confiance et à la fermeté : « Ne craignez pas les hommes, rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu ». Ainsi seront confondus ceux qui ont refusé la Parole : ils finiront par réaliser qu’ils se sont trompés et qu’ils ont mal agi. Ce qui rejoint l’affirmation de Jérémie, au ton plus virulent : « mes persécuteurs trébucheront, leur défaite les couvrira de honte ».

Mais ne nous trompons pas. Il ne s’agit pas de prétendre mettre Dieu de notre côté pour faire triompher nos idées ou justifier nos habitudes, il s’agit de rester du côté de Dieu, même quand c’est difficile et qu’on se retrouve un peu seul face à la foule. Ce qu’il s’agit de proclamer, c’est ce que Jésus. Ce n’est pas parce qu’on est persécuté qu’on est fidèle au Seigneur, c’est parce qu’on est fidèle au Seigneur qu’on risque d’être persécuté ! Aussi l’évangile continue en nous invitant à rester centré sur Dieu en s’appuyant sur son amour et sa sollicitude. C’est l’histoire des moineaux et celle des cheveux qui doit être sans doute comprise plutôt comme une image que comme la description d’une comptabilité capillaire céleste ! Mais ne passons pas trop vite sur ces images, sinon nous risquons de nous faire une fausse idée de la providence. On parle d’un moineau qui tombe à terre, quant aux cheveux, saint Hilaire remarquait déjà qu’il était dit qu’ils sont comptés et non pas conservés ! Pourquoi Jésus prend-il l’exemple de choses aussi fragiles et insignifiantes ? Pour rappeler combien plus Dieu fait attention à nous – « vous valez plus qu’une multitude de moineaux ». Mais on peut y voir aussi l’expression que la providence n’est pas tant de l’ordre de l’immunité que de l’assurance … au sens moderne du mot : ce n’est pas parce que ma voiture est assurée que je n’aurai pas d’accident, mais l’assurance permettra de réparer et de limiter les conséquences désagréables de l’accident.

Sans doute est-ce un grand mystère que cette puissance de Dieu qui n’empêche pas l’hostilité à sa parole. Cela dit, le Christ en croix nous le rappelle constamment : Dieu ne détruit pas le péché en l’empêchant. La vérité et la bonté que Dieu révèle ne s’imposent pas mais se proposent. Ainsi parfois subir le mépris est le prix à payer pour que triomphe la vérité et ne pas céder au pouvoir du mensonge ; la souffrance est parfois le prix à payer pour que triomphe la bonté et ne pas céder au pouvoir du méchant. Ce ne sont pas les hommes, même en nombre, même en force, qui déterminent ce qui est vrai et ce qui est bon. Aussi est-il important, lorsqu’on est mis en demeure de choisir entre le Christ et la foule, de se déclarer pour lui plutôt que de le renier, car notre vie ne s’arrête pas aux tracasseries des hommes, mais à la gloire du Père qui est aux cieux.

Les occasions ne manquent pas hélas de se voir opposer par les hommes des idées ou des comportements contraires à l’enseignement du Seigneur. Les injonctions médiatiques du politiquement correct, les impératifs économiques des puissants de ce monde, et parfois même nos proches peuvent rendre plus difficile notre fidélité à l’évangile et notre fermeté dans la foi. Mais la providence est l’assurance de notre témoignage, laissons-nous conduire par l’invitation du Seigneur Jésus : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé ».

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Secours des chrétiens qu’elle nous accompagne dans les épreuves ; Trône de la Sagesse qu’elle affermisse notre foi ; Porte du Ciel qu’elle conforte notre espérance, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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18 juin 2023 7 18 /06 /juin /2023 13:04

11TOA

11° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Ex 19,2-6a ; Ps 99 ; Rm 5,6-11 ; Mt 9,36-10,8

« Jésus voyant les foules, fut saisi de compassion car elles étaient comme des brebis sans berger ». L’introduction de l’évangile du jour est saisissante. Elle nous donne une image très concrète du cœur de Dieu : saisi de compassion pour une humanité désemparée et abattue. Et naturellement la suite du récit enchaîne sur le choix des apôtres et l’envoi en mission. On peut comprendre que, face à l’ampleur de la tâche, il ait besoin de collaborateurs, mais il faut être attentif à l’image qu’il utilise pour ne pas nous tromper sur ce qu’il attend de nous : « Priez donc le maitre de la moisson d’envoyer des ouvriers pour la moisson ». Évidemment, prier ce n’est pas se décharger sur les autres ! Une prière authentique nous engage, et l’on doit être prêt à entendre l’appel du Seigneur à participer à ce que l’on demande. D’ailleurs, ce sont les mêmes à qui il donne ce conseil, et qu’ensuite il envoie en mission.

Donc il s’agit de moissonner. Pas de semer ! Or trop souvent nous pensons que nous semons et que Dieu moissonnera, alors que l’évangile d’aujourd’hui nous dit exactement le contraire : Dieu a semé et nous demande de moissonner. C’est sans doute dans cet esprit que, dans un premier temps, Jésus envoie les disciples vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Comme le rappelait la première lecture, c’est la nation sainte, le royaume de prêtres : c’est là que Dieu a semé en premier et où personne à ce moment ne moissonne ! C’est aussi pour cela que Jésus affirme : « vous avez reçu gratuitement » : on moissonne ce que nous n’avons pas semé. Ainsi la parole de Dieu nous invite à un premier changement de regard : reconnaître ce que Dieu a préparé chez ceux que nous rencontrons. Ne croyons pas trop vite que nous avons et que les autres n’ont pas, mais apprenons à reconnaître ce que Dieu a mis au cœur des autres et qui demande à être recueilli. La mission n’est pas une conquête ou une puissance, mais le service de Dieu dans le service des autres.

Cela ne veut pas dire que tout vienne de Dieu et que nous devons tout accepter. Sans doute n’y a-t-il pas beaucoup d’experts en agriculture parmi nous, mais nous pouvons comprendre qu’on ne moissonne pas comme on vendange, ou qu’on ne ramasse pas du blé comme on cueille des pommes ! Il y a bien un discernement à avoir, et une proportion de moyens à rechercher. On ne moissonne pas n’importe quoi, n’importe comment. Voilà pourquoi saint Paul invitait les Romains à contempler la mission du Christ : « nous mettons notre fierté en Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ ». Comment reconnaitrions-nous la grâce si nous n’écoutons pas la parole de Dieu ? Et reconnaissant ce que le Seigneur a semé chez les autres, comment pourrions-nous le recueillir si nous ne sommes pas nous-mêmes enracinés en lui ? Méfions-nous des recettes magiques ou des solutions toutes faites : c’est le meilleur moyen d’une mission inadaptée.

Enfin, on nous demande de moissonner, pas de glaner. Celui qui glane, c’est celui qui passe après le moissonneur pour récolter ce qui reste à son propre profit. Or il y a bien un maitre de la moisson qui envoie pour sa moisson. Peut-être est-ce là le défi spirituel le plus important : ne pas travailler pour nous, mais pour Dieu. « Donnez gratuitement » dit Jésus à ses disciples, il ne s’agit pas seulement d’imiter la générosité divine mais aussi d’avoir un détachement qui n’est pas de l’indifférence mais de l’humilité. Tant pis pour l’égratignure narcissique, la mission n’est pas au service de notre gloire mais notre service à la gloire de Dieu. « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire pour ton amour et ta vérité » dit le psaume 113B (115). C’est une bonne prière de moissonneur, pour rester non seulement en tenue mais en esprit de service.

Ainsi nous sommes invités à entendre l’appel du Seigneur à être des moissonneurs de sa grâce, là où nous sommes. Moissonneurs et non pas semeurs, car c’est Dieu qui met au cœur de ceux que nous rencontrons ce que nous devons reconnaître. Moissonneurs et non pas vendangeurs puisque la parole qualifie notre mission. Moissonneurs et non pas glaneurs pour que nous restions dans une dynamique de service où nous donnons gratuitement ce que nous avons reçu gratuitement

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle ouvre nos yeux au don de Dieu au cœur de ceux que nous croisons. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à nous laisser guider par la Parole et par l’Esprit de celui qui nous appelle à œuvrer pour sa moisson. Reine des Apôtres, qu’elle nous garde dans l’humilité du serviteur pour que nous puissions déployer ce que nous avons reçu et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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19 février 2023 7 19 /02 /février /2023 14:41

7 TOA

7° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Lv 19, 1-2. 17-18 ; Ps 102 (103) ; 1 Co 3, 16-22 ; Mt 5, 38-48

« Tendre lautre joue » l’expression est devenue proverbiale, souvent pour illustrer la radicalité de l’évangile … une sorte de conseil tellement sublime quon reconnaît plus ou moins ouvertement quil est inaccessible au commun des mortels. Alors, à l’écoute de l’évangile de ce jour, que devons-nous penser ? Est-ce que Jésus nous demande de nous laisser faire et de subir tous les outrages ? Et si c’est bien ce qu’il nous demande … que faire si, par tempérament, nous ne pouvons pas tendre l’autre joue ? Et si nous trouvons que c’est une philosophie inefficace et qu’il vaut mieux se faire respecter ? Faut-il se résigner à une vie chrétienne médiocre, à moins que l’on puisse s’exempter de certains enseignements en les qualifiant d’emphase rhétorique ? Comme toujours, avant de se désoler de la Parole de Dieu, il faut prendre le temps de la scruter et de réfléchir

Il faut déjà remarquer que ce n’est pas la seule consigne que donne le Seigneur. Chaque fois il s’agit de renoncer à la réciprocité du mal : ce n’est pas parce qu’on a souffert qu’on doit faire souffrir. Il y a aussi une notion de générosité : autant donner ce que l’on nous prend ; et puis il y a aussi cette affaire d’aimer ses ennemis, donc d’aimer tout le monde, qu’on nous aime ou non ! En fait, comme le souligne la conclusion de l’évangile, il s’agit d’aimer comme Dieu aime. Avant de nous dire ce qu’il faut faire, l’évangile nous montre ce que Dieu fait : car lui le premier ne riposte pas au méchant ; lui le premier donne plus que ce qu’on demande, et il nous aime quoique nous fassions.

Mais revenons à cette histoire de joue. Que sest-il passé lorsque Jésus a été giflé, lors de sa passion, chez le grand prêtre ? Certes il na pas rendu le coup (il nen avait dailleurs sans doute pas la possibilité). Mais il n’est pas resté passif, il n’est pas resté sans rien dire, et l’on peut même dire qu’il a pris le risque d’une nouvelle gifle en répliquant : « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal ? Mais si jai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? ». Lattitude de Jésus illustre ce que nous avons entendu dans le texte du lévitique. D’ailleurs le texte a le même thème que l’évangile : « Être saint comme Dieu est saint » en aimant son prochain comme soi-même. Pourtant souvent on n’écoute pas ce texte, ou plutôt on ne l’écoute pas bien : on passe directement à la conclusion, ce qui est dommage parce qu’avant, il y a des indications qui tracent le chemin vers l’amour du prochain : refuser la haine, reprocher le mal, renoncer à la vengeance, abandonner la rancune et enfin aimer. Chacun de ces commandements permet le suivant. Comment aimer si lon garde rancune ? Ce nest pas possible ! Et de la même manière puisque la vengeance entretient la rancune, on ne peut donc pas se débarrasser de lune sans renoncer à lautre… mais surtout, il faut dabord commencer par reprocher : « tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui » ce qu’on peut traduire aussi par « ainsi tu ne partageras pas son péché », ou encore « tu ne porteras pas le poids de son péché ».

Ainsi, le reproche est le début du pardon. C’est le reproche qui rend possible le pardon, parce qu’il permet la justice. Surtout quand il n’y a pas d’aveu. Sans reproche, où cherchera-t-on la justice ? Dans la vengeance ou dans nos propres sentiments … ce qui l’exact contraire de la justice ! En vérité, il est très important de réaliser que le pardon n’est pas incompatible avec le reproche … et que même parfois, il faut avoir reproché pour pouvoir pardonner. Cela nous fait comprendre le lien entre le pardon et l’amour : il ne s’agit pas de subir mais de choisir. Choisir d’aimer malgré tout, quoiqu’il soit arrivé. Quand on réalise que l’amour seul est capable de révéler le goût de la vie, alors on comprend combien il est important d’y tenir, et l’on tient à l’amour par le pardon.

Tendre la joue, c’est être disponible et au pardon, et ce nest pas un acte de faiblesse ou de lâcheté, bien au contraire cest un acte de force. Tellement puissant que parfois cela nous semblera impossible. Et cest vrai quil y a quelque chose de divin dans le pardon. Mais justement, saint Paul nous rappelait : « vous êtes le temple de Dieu et lesprit de Dieu habite en vous. »  Croyons-nous que Jésus nous demanderait des choses impossibles ? Difficiles peut-être, impossibles jamais ! Sil nous demande d’être « parfaits comme le Père céleste est parfait », alors cest que nous en avons les moyens, et quil est possible d’être comme le Père. Accepter la Parole avec foi, c’est découvrir la promesse qui accompagne le commandement. Dieu ne demande jamais rien sans en donner les moyens, mais pour profiter des moyens, il faut accepter de faire ce qui est demandé ! Nous n’aurons la force de tendre l’autre joue, que si nous acceptons d’en tenter l’aventure puisque le Seigneur nous l’a demandé !

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, quelle augmente notre espérance pour que nous puissions voir ce que le Seigneur promet. Secours des Chrétiens, quelle fortifie notre foi pour que nous puissions accueillir le don de Dieu qui nous permet de faire ce qui nous est demandé. Mère du Bel Amour, quelle soutienne notre charité pour que nous puissions vivre à la hauteur de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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12 février 2023 7 12 /02 /février /2023 21:53

6TOA

6° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Si 15,15-20 ; Ps 118 ; 1 Co 2,6-10 ; Mt 5,17-37

L’évangile que nous venons d’entendre peut paraître bien difficile ! Comme si Jésus rajoutait à l’exigence de la loi. « Si votre justice ne surpasse pas celles des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux ». Alors que les scribes et les pharisiens étaient déjà très scrupuleux, au point que la plupart les considéraient comme une sorte d’élite morale inatteignable au commun des mortels, voilà que Jésus demande d’aller au-delà ! Ne risque-t-on pas une sorte de surenchère pathologique ? Avant de nous affoler, essayons de mieux comprendre ce que nous propose la Parole de Dieu.

D’abord, Jésus avertit ceux qui se sentiraient dispensés de toute morale sous prétexte de spiritualité : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes ». En vérité, c’est une tentation que l’on retrouve régulièrement tout au long des siècles. Comme le remarquait Blaise Pascal « qui veut faire l’ange, fait la bête ». Il s’est toujours trouvé des gens pour prétendre qu’une vie mystique dispensait de la morale commune. Comme si aimer Dieu dispensait de faire le bien et d’éviter le mal. Au Moyen-Âge, on a été obligé de condamner les doctrines qui prétendaient que la « pratique des vertus est pour les imparfaits, les parfaits en sont dispensés ». On remarquera le sophisme qui consiste à prétexter que, puisque seul les gens sales se lavent, ne pas se laver est un gage de propreté ! D’une certaine manière l’évangile nous remet les pieds sur terre : il n’y a pas de foi authentique si l’on fait n’importe quoi. C’est important de s’en souvenir pour nous, bien sûr, mais aussi pour éviter de se laisser égarer par des soi-disant maîtres spirituels. La tragique actualité de l’église nous rappelle combien est pertinent l’avertissement de ne pas faire confiance à « celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à faire ainsi ».

Ensuite, le Seigneur montre une voie d’intériorité. Il ne suffit pas de respecter les formes et de se conformer au « minimum syndical », il faut refuser toute complaisance avec le péché. Peut-être est-ce là ce qu’il reproche aux scribes et aux pharisiens : s’en tenir aux apparences … Il ne s’agit pas seulement de ne pas franchir la ligne rouge, il faut encore ne pas s’en approcher et même, il faut s’en éloigner. On doit bien reconnaître que les exigences de Jésus sont surtout des conseils de prudence, et que la veille du cœur est un élément important du combat spirituel. Bien sûr, on ne résout pas un conflit par le meurtre de son adversaire, mais on ne le résout pas non plus par l’injure et la haine entretenue ! Pour éviter le péché, il vaut mieux en chasser l’idée de notre esprit. Ce n’est pas en ruminant la tentation qu’on en sort.

Certains seront peut-être découragés par cet évangile, en se disant que c’est bien difficile de réprimer les sentiments qui surviennent à l’improviste et que la colère ou le désir ne se commandent pas ! Aussi la parole – par la voie de Ben Sira le Sage – nous avertit d’un troisième piège du péché : le fatalisme. Comme si l’on ne pouvait rien faire pour l’éviter. Mais la première lecture nous rappelait : « Dieu n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de péché ». Autrement dit, on n’est jamais obligé de pécher, car le péché engage notre liberté. On peut faire des erreurs par ignorance, on peut faire des fautes par maladresse, mais on ne pèche jamais sans le vouloir. Chaque fois, nous devons entendre retentir dans notre cœur cette parole : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements ».

Alors sans doute les paroles de Jésus qui nous sont données aujourd’hui ne sont-elles pas les plus consolantes de son évangile, mais elles n’en sont pas moins importantes ni moins précieuses, car elles nous invitent au réalisme moral de la foi. Elles nous avertissent que l’on ne se rapproche pas du Seigneur en vivant dans notre tête, mais que c’est très concrètement, à travers ce que nous faisons, que nous progressons dans son amour ; elles nous redisent aussi qu’on ne transige pas avec le mal et que le plus grave n’est pas le plus spectaculaire ; elles nous rappellent enfin notre liberté fondamentale : au cœur de notre cœur, il nous faut chaque fois choisir et rechoisir le Seigneur et sa Parole.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous garde dans la fidélité au cœur de Dieu. Trône de la Sagesse, qu’elle nous préserve de complicité avec les tentations. Mère de miséricorde, qu’elle nous libère des pièges du péché, pour que nous puissions choisir la vie qui nous est promise, et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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5 février 2023 7 05 /02 /février /2023 14:17

5TOA

5° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 58,7-10 ; Ps 111 (112) ; 1 Co 2,1-5 ; Mt 5,13-16

« Vous êtes le sel de la terre […] vous êtes la lumière du monde ». Ces paroles de Jésus sont à la fois encourageantes, exigeantes et mystérieuses. Encourageantes parce qu’elles sont positives et valorisantes, on comprend bien qu’il s’agit de compliments et non de reproches ! Exigeantes parce qu’elles indiquent une mission dont les enjeux sont ensuite soulignés par le Seigneur. Mystérieuses puisqu’elles sont imagées, et que les images peuvent parfois signifier des choses très différentes. Ainsi qu’y a-t-il de commun entre le sel et la lumière ? L’un est particulier, l’autre général ; l’un est palpable, l’autre ne l’est pas ; l’un agit en s’effaçant, l’autre agit en se déployant … Cela dit, le sel comme la lumière servent à révéler : le sel révèle la saveur de la nourriture, c’est-à-dire sa qualité, tandis que la lumière révèle la vérité de ce qu’elle éclaire.

Comme il s’agit de décrire la mission des disciples du Seigneur, on peut tenter de rapprocher ces deux paroles des deux grands commandements, ou des deux tables de la Loi : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.

Le sel a quelque chose à voir avec l’amour de Dieu. Déjà dans l’ancienne alliance, tout sacrifice devait être salé avant d’être offert. La menace qui vise le sel devenu fade, ressemble à celles qu’on trouve dans les paraboles du royaume : « jeté dehors » là où il y a des pleurs et des grincements de dents ce qui peut être la réaction de celui qui est piétiné par les gens. Ainsi être le sel de la terre, ça pourrait signifier révéler la qualité des choses en les imprégnant de l’amour de Dieu. Les paroles de saint Paul dans la lettre aux Corinthiens ne manquent d’ailleurs pas de piquant : « je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage ou de la sagesse ». Comme une manière de rappeler la vanité d’une approche purement terrestre de la vie ; l’humain ne suffit pas et s’affadit s’il n’est pas ouvert à la présence de Dieu.

La lumière peut être rapprochée de l’amour du prochain. Le texte d’Isaïe dans la première lecture évoquait la lumière jaillissant comme l’aurore si l’on partage le pain avec celui qui a faim, accueille les pauvres sans abri, couvre celui qui est sans vêtements … autant d’action que l’on retrouvera dans les sentences du jugement dernier « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens », et que l’église a retenu comme œuvres de miséricorde, c’est-à-dire comme expressions de l’amour du prochain. Cet amour qui ne peut être mesuré, en le mettant dans un boisseau, mais qui a vocation à rayonner, non pas pour susciter l’admiration mais pour rendre gloire à Dieu. L’amour du prochain est la lumière du monde, en ce qu’il révèle la vérité de ce que nous sommes. Car nous ne sommes pas faits pour l’égoïsme mais pour le partage, nous ne sommes pas faits pour l’indifférence mais pour la solidarité, nous ne sommes pas faits pour le mépris mais pour la compassion.

Ainsi nous comprenons la complémentarité des deux images de l’évangile d’aujourd’hui. Car nous savons que l’amour de Dieu n’est qu’illusion s’il ne se manifeste pas dans l’amour des autres, et que l’amour des autres s’épuise s’il ne s’enracine pas dans l’amour de Dieu. Mais nous pouvons faire une dernière remarque sur ce texte. Jésus ne dit pas « soyez sel de la terre », il ne dit pas non plus « soyez la lumière du monde ». Il dit « vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». Il ne s’agit donc pas d’une option, ni même d’un projet, mais d’un état et d’une identité. Non pas pour nous glorifier mais pour nous exhorter à y être fidèles. Si le sel devient fade, si la lumière se cache, c’est la terre qui perd sa saveur et le monde qui s’obscurcit. Nous n’avons pas tant à nous préoccuper de ce que nous faisons, mais de ce que nous sommes en restant solidement attachés au Seigneur, en déployant pleinement le don de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, qu’elle nous garde dans la présence du Seigneur ; Etoile du matin qu’elle nous conduise dans le souffle de l’Esprit-Saint ; Mère de l’Église qu’elle nous entraine dans la fidélité à l’Évangile pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 14:04

4TOA

4° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

So 2,3. 3,12-13 ; Ps 145 ; 1 Co 1,26-31 ; Mt 5,1-12

Pendant le temps ordinaire, on lit de manière à peu près continue, un évangile – en l’occurrence cette année celui de Matthieu. Et voici qu’aujourd’hui, le hasard ou la providence, nous propose de relire le texte des Béatitudes, un texte qui est lu chaque année pour la Toussaint. Sans doute pouvons-nous y voir le rappel discret qu’il ne s’agit pas seulement de dessiner le portrait de la sainteté, mais que Jésus trace pour nous un chemin pour la vie ordinaire. C’est dans cet esprit que saint Augustin, lorsqu’il commente les Béatitudes, les rapproche du Notre Père. Chaque demande de la prière du Seigneur nous dispose à vivre une béatitude.

Tout commence par la première demande « Que ton nom soit sanctifié ». C’est-à-dire qu’il soit respecté et honoré. Qui parlera de Dieu n’importe comment ? Le superbe au cœur orgueilleux, celui qui se croit supérieur. Au contraire, pour sanctifier le nom du Seigneur, il faut être humble, pauvre de cœur. Heureux les pauvres de cœur, parce qu’ils se confient à Dieu, le Royaume des cieux est à eux. Dans la vie spirituelle, tout commence par le respect de Dieu qui suppose humilité et pauvreté de cœur.

Ensuite, il y a une petite différence entre la version de saint Augustin et notre traduction liturgique. C’est que selon les manuscrits les plus anciens, on trouve parfois les deux béatitudes des doux et des affligés dans un ordre différent … peut-être un clin d’œil de l’Esprit-Saint pour que nous ne soyons pas trop catégoriques dans l’interprétation de la Parole ! Donc, rapprochons la demande « que ton règne vienne » de la béatitude des doux. La tendresse de Dieu se manifeste dans ce qu’un auteur a appelé la divine douceur. Choisir la douceur, c’est entrer dans la manière d’être du Seigneur. « Heureux les doux, car ils participent à la venue du Règne, un règne qui est l’avenir de la terre.

Il y a un certain risque à rapprocher la demande « que ta volonté soit faite » de la béatitude des larmes. Il ne s’agit pas de croire que Dieu voudrait que nous pleurions, bien au contraire, il veut nous consoler. Le Consolateur est même le nom du Saint-Esprit. Les larmes sont le signe que la volonté de Dieu n’est pas faite, car Dieu ne veut que du bien pour nous. Les deux béatitudes des doux et des affligés nous invitent à progresser dans le désir de Dieu, l’une en modelant notre manière d’être, l’autre en l’inscrivant au plus profond de nous. Car le désir de Dieu est la deuxième marche de la vie spirituelle.

La demande « donne nous aujourd’hui notre pain de ce jour » et la béatitude des « affamés et assoiffés de justice » utilisent le même registre de la nourriture. La première justice n’est-elle pas que l’homme, tout homme puisse manger ? Ainsi la vie spirituelle ne se déploie pas dans les hauteurs abstraites d’une mystique intellectuelle, elle nous prend au plus concret de l’existence pour nous faire expérimenter que Dieu s’intéresse aussi à l’ordinaire de notre vie.

Naturellement la demande du pardon et la béatitude des miséricordieux partagent la même logique : la mesure que nous utilisons pour les autres est la mesure dont Dieu se servira pour nous. A travers les béatitudes de la justice et de la miséricorde, nous sommes invités à gravir la troisième marche de la vie spirituelle, celle de l’engagement, pour partager le cœur de Dieu.

Qu’y a-t-il de commun entre la demande de la tentation (c’est-à-dire d’éviter la tentation) et celle des cœurs purs ? L’image de la vision peut nous en faire comprendre le lien. Le cœur pur, c’est celui qui adopte le regard de Dieu. Il ne regarde pas le mal qu’on pourrait faire (ce qui est la définition de la tentation), mais le bien qui est promis. Il s’agit d’éviter le vertige en se détournant de l’abîme pour contempler le sommet.

Enfin rapprocher la demande « délivre nous du mal » et la béatitude des artisans de paix, révèle que la paix n’est pas un compromis mais une libération. Elle est le signe que le mal a été vaincu et que la présence du Seigneur peut se déployer dans nos vies. Les deux béatitudes des cœurs purs et des artisans de paix ont toutes les deux des promesses qui se réfèrent à Dieu. Elles nous font donc entrer dans la dernière marche de la vie spirituelle : l’espérance qui n’est pas une attente passive, mais l’horizon de notre implication active.

La fin de l’évangile des Béatitudes, en évoquant les persécutions et les oppositions du monde a une tonalité moins sereine. Non pas pour nous faire peur ou pour le plaisir du paradoxe, mais pour nous avertir de l’exigence de ce chemin qui nous est proposé, et que Jésus lui-même a parcouru le premier. L’humilité, le désir de Dieu, l’engagement et l’espérance ne sont pas un programme de sagesse humaine à mettre en œuvre par nos propres forces, mais comme le montrait saint Paul aux Corinthiens, une aventure proprement divine où nous sommes guidés et soutenus par la grâce du Christ.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à parcourir le chemin des Béatitudes. Humble Servante du Seigneur, Consolatrice des Affligés, Mère de Miséricorde et Reine de la Paix, qu’elle nous accompagne dans l’aventure de la sainteté où elle nous précède, pour que nous puissions accueillir le bonheur qui nous est promis et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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22 janvier 2023 7 22 /01 /janvier /2023 10:24

3TOA

3° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 8,23-9,3 ; Ps 26 ; 1 Co 1,10-13.17 ; Mt 4,12-23

En ce dimanche de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la deuxième lecture que nous venons d’entendre résonne tout particulièrement. « Le Christ est-il donc divisé ? » c’est la question de Paul face aux divisions des chrétiens de Corinthe où chacun s’oppose en se revendiquant de l’un ou de l’autre. Ainsi, dès le début de l’Église, sont apparus des clans et des partis qui, sans nécessairement s’opposer violement, créent des tensions et défigurent le Christ. On sait que dans l’histoire ces divisions ont parfois pris une tournure dramatique et que le témoignage de l’Église s’en est trouvé affaibli. C’est d’ailleurs l’essor des missions qui a fait prendre conscience de l’importance de l’unité. On fait généralement remonter le mouvement œcuménique à l’intervention du délégué de l’Asie, lors d’un congrès international, alors qu’il déclarait : « Vous nous avez envoyé des missionnaires qui nous ont fait connaître Jésus-Christ, et nous vous en remercions. Mais vous nous avez apporté vos distinctions et vos divisions (…) nous vous demandons de nous prêcher l’Évangile et de laisser Jésus-Christ susciter lui-même au sein de nos peuples, par l’action de son Saint-Esprit (…) l’Église du Christ délivrée de tous les « ismes » dont vous affectez la prédication de l’Évangile parmi nous ». Voyons comment les textes de la liturgie peuvent nous aider à résister aux tentations de la division.

D’abord nous pouvons observer que les divisions à Corinthe, s’expriment par des revendications : « moi, j’appartiens » … Même l’affirmation « moi, j’appartiens au Christ » est problématique. Non pas à cause de la référence au Christ, mais parce qu’elle prend un accent d’accusation en laissant supposer que les autres ne le suivent pas ! Il aurait fallu dire « tous, nous appartenons au Christ ». La division apparaît quand nous nous prenons nous-même comme la mesure des choses.

Ensuite, l’évangile nous rapportait le début de la prédication de Jésus. Il est intéressant de constater que cette prédication commence à Capharnaüm, une ville dont le nom est devenu synonyme de pagaille ; dans une région, la Galilée, qui était perçue à l’époque comme le lieu de tous les mélanges. Or la citation d’Isaïe, décrit la situation comme « le pays de l’ombre », un « peuple qui marchait dans les ténèbres ». Ainsi le mélange et la pagaille ne sont pas des modèles d’unité. Sans doute, de nos jours, au nom de la tolérance, nous pourrions être tentés de nous satisfaire de ce flou en acceptant tout et n’importe quoi. Pourtant nous savons bien que ce n’est pas satisfaisant et que ça n’évite pas les tensions. Il ne suffit pas de subir les aléas de l’histoire pour changer nos cœurs et nous décentrer de nous-mêmes.

C’est pourquoi le prophète annonce : « une lumière a resplendi », et l’évangéliste nous fait comprendre que cette lumière c’est le Christ. D’ailleurs nous avons déjà entendu la première lecture dans la nuit de Noël. On raconte qu’un sage demandait à ses élèves : « à quoi peut-on reconnaître le moment où la nuit se termine et où le jour commence ? » L’un répondit : « quand on peut distinguer au loin un chien d’un mouton », un autre proposa : « quand on peut distinguer un figuier d’un dattier » ; mais chaque fois le maître repoussait la réponse. Dépités, ils lui demandent : « quand donc alors ? » et lui de répondre : « tant qu’en regardant le visage d’un autre, tu ne reconnais pas ton frère ou ta sœur, il fait encore nuit ». Voilà pourquoi la prédication de Jésus prend une tonalité nouvelle lorsqu’il commence à rassembler les disciples en appelant Pierre et André, Jacques et Jean à le suivre. L’Église commence quand on accueille la parole de Dieu qui nous invite à nous rassembler autour du Christ. C’est lui qui est la mesure de toutes choses, et non pas nos idées ou les hasards de l’histoire. Ce n’est pas le triomphe de nos habitudes ou la docilité aux événements qui construit l’unité, mais la fidélité à la Parole.

Il est dommage que l’enthousiasme œcuménique se soit essoufflé parce que la tentation est grande de se résigner à la division des chrétiens par l’indifférence, celle qui ignore les autres ou celle qui tolère la confusion. Répondre à l’appel du Seigneur et le suivre, c’est s’engager dans la voie exigeante de la communion, dans le désir insatiable de l’unité.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reine de la Paix, qu’elle nous rende attentifs à éviter ce qui divise. Etoile du matin, qu’elle nous encourage à nous laisser éclairer par la lumière de l’évangile. Mère de l’Église, qu’elle nous apprenne à suivre le Christ pour que nous puissions nous rassembler en lui et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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