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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 13:33

11° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

 

Ceux qui ont un peu de culture régionale se souviennent sans doute de la fameuse réplique lors de la partie de cartes de Marius : « tu me fends le cœur ». Bien sûr il ne s'agit pas ici de tromper la vigilance de Panisse  tout en adressant un message à Escartefigue, mais il n'en reste pas moins que cela pourrait être un bon résumé de la parole de Dieu que Nathan transmet à David.

 

Et l'on peut comprendre l'amertume du Seigneur : il a tout donné à David, il est même prêt à lui en donner encore plus. Mais en faisant ce qui est mal aux yeux de Dieu, David a méprisé son bienfaiteur. « Tu me fends le cœur » c'est d'abord le reproche de l'offensé, de celui qu'on « espiche comme un scélérat » pour reprendre les mots de Pagnol. Et il faut bien reconnaître que, souvent, on n’apporte pas à Dieu toute la considération qu’il mérite. Il ne faut pas confondre la miséricorde et l’indulgence ni même la tolérance. La miséricorde ne diminue pas la gravité du péché, le pardon ne rend pas bien ce qui est mal … On ne peut pas comprendre la miséricorde si l’on ne réalise pas à quel point notre péché brise le cœur de Dieu. Comme le disait saint Paul, il ne s’agit pas d’observer la loi, mais de croire … le péché n’est pas simplement une contravention à la loi, sanctionnée plus ou moins sévèrement par un juge qui doit être impartial, il s’agit d’un manque de confiance en Dieu, d’un mépris de lui. Il faut entendre ce reproche qui revient obstinément dans les impropères : que t’ai-je fais, oh mon peuple ? Ce reproche douloureux est le premier aspect de la miséricorde.

 

« Tu me fends le cœur » c'est encore le constat du miséricordieux, de celui qui ne reste pas insensible à la misère de l'autre, qui ne se blinde pas dans un cœur de pierre. C’est le regard que Jésus aurait bien aimé trouver chez le pharisien devant la pécheresse en pleurs le couvrant de baisers. La miséricorde n’est pas dans le jugement, mais dans la compassion, même si cela doit nous déranger, même si cela doit nous remettre en question. La miséricorde refuse de se réfugier dans l’indifférence ou l’impuissance, mais elle se manifeste dans la bienveillance et dans l’engagement. Dieu n’a pas voulu nous laisser englués dans la misère de la condition humaine, par son incarnation et par sa rédemption, il est venu jusqu’à nous pour nous rassembler et nous retrouver. L’ouverture à l’autre, la main tendue est le deuxième aspect de la miséricorde.

 

« Tu me fends le cœur » c'est enfin la réponse du pêcheur repentant, de David reconnaissant son péché et sa faute, c’est aussi l’attitude humble et affectueuse de la pécheresse s’approchant de Jésus. Parce que la miséricorde reçue permet la miséricorde donnée, parce que l’amour reçu permet l’amour donné. C’est en reconnaissant que Dieu est miséricordieux que nous pouvons devenir miséricordieux, pour nous et pour les autres, dans un repentir qui ne cherche ni excuse ni justification, mais qui se laisse aimer pour aimer davantage. La miséricorde transforme et se transmet.

 

En cette année de la miséricorde on pouvait difficilement trouver des textes plus inspirants que ceux que nous venons d'entendre. La miséricorde n'est pas l'indulgence : elle est un cœur brisé devant la misère. Parce qu’elle nous fait souffrir, qu’elle nous stupéfie ou qu’elle nous interpelle toute misère nous atteint directement ou indirectement ; et la miséricorde n'accepte pas d'ignorer ce qui ne va pas, ce qui ne devrait pas être, ce qui est à regretter. La miséricorde est aussi le cœur sensible qui se laisse toucher, qui ne se réfugie pas dans l'indifférence ou la fatalité pour s'épargner la souffrance, pour éviter d'avoir à changer ses projets ou nuancer ses principes. La miséricorde enfin ouvre à la miséricorde elle adoucit le cœur de pierre pour qu'il ne se drape pas dans l'illusion de l'orgueil pour qu'il puisse entrer dans le dialogue de l'amour où l’on se donne en reconnaissant qu’on a reçu. Bien loin de la galéjade, le soupir douloureux « tu me fends le cœur » est une belle manière d’entrer dans la miséricorde pour aimer à la hauteur de Dieu.

 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à reconnaître ce qui n’est pas digne de Dieu, ce qui n’est pas digne de nous pour que nous puissions accueillir la miséricorde. Consolatrice des affligés qu’elle ouvre nos cœurs à la souffrance de ceux qui ont besoin de nous pour que nous puissions vivre la miséricorde. Mère de Miséricorde, qu’elle nous entraîne dans le souffle de l’Amour divin pour que la miséricorde puisse s’étendre jusqu’aux extrémités de la terre, et nous conduire à la demeure éternelle où Dieu sera tout en tous, dans les siècles des siècles.

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5 juin 2016 7 05 /06 /juin /2016 13:21

10° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

 

L’histoire de la résurrection du fils de la veuve de Naïm est bien sympathique, mais pour être parfaitement honnête je la trouve un peu lointaine de notre expérience habituelle. Bien sûr l'épisode annonce le mystère de Pâques et manifeste la puissance de Dieu, mais il y a dans la vie tellement de drames qui ne se terminent pas aussi bien que l'histoire paraît exceptionnelle et un peu décalée. Alors que faire quand un texte ne nous parle pas beaucoup ? Il faut le creuser un peu plus, un peu mieux.

 

En cette année de la miséricorde une expression peut retenir notre attention : « Jésus fut pris de compassion ». Le latin traduit « misericordia mutus »  poussé par la miséricorde. Pour qui Jésus a-t-il de la compassion ? Pour la mère du garçon, qui était veuve et perdait son fils unique. On sait quelle précarité impliquait, à l'époque, le fait pour une femme de se retrouver veuve et sans enfant. On peut donc penser que c'est l'avenir bien sombre de cette femme qui touche Jésus. Pourtant elle n'est pas seule, l'évangéliste précise même qu'une foule importante de la ville l'accompagnait. Faut-il alors penser que cette foule n’est là que pour l’enterrement, et que tous ces gens la laisseront tomber ensuite ? Bien sûr on ne réécrit pas l’histoire (surtout celle qui ne s’est pas passées), mais c’est une situation plausible … et qui rajoute à la cruauté du moment !

 

Ainsi peut être que la question que nous pose le texte n’est pas celle à laquelle on pense spontanément ! On se voit à la place de la mère ou du fils, et l’on se demande pourquoi le Seigneur nous laisse dans les difficultés sans nous aider miraculeusement. Mais la question porte peut-être sur le type de compassion que nous éprouvons, sur notre attitude vis-à-vis de ceux qui souffrent ! Nous voyons en effet deux types de compassion : celle de la foule et celle de Jésus. L’une accompagne mais ne fera rien, l’autre va soigner et réparer, l’une regarde, l’autre agit, l’une laissera tomber, l’autre s’implique. Il y a deux types de compassion, et nous sommes invités à imiter celle du Christ.

 

D’abord Jésus touche le cercueil, et les porteurs s’arrêtent. C’est la première chose à faire : arrêter la fatalité. Oh ! Bien sûr, on ne vas pas se mettre en travers des convois funéraires, mais n’y a-t-il pas des situations où nous nous résignons trop facilement … surtout quand ça concerne les autres ? Que de situations sont prétendues inéluctables, alors qu’elles ne le sont pas ! Si l’on en croit l’esprit du monde, la plupart des solutions sont des solutions de mort. Qui arrêtera les porteurs pour dire que l’avortement ou le divorce ne sont pas les seules solutions, ni les meilleurs réponses aux drames de l’existence ? Tout au long de l’histoire, des chrétiens ont arrêté les porteurs de la résignation pour soigner les malades, libérer les captifs ou instruire les ignorants. On ne peut pas tout faire, on ne peut pas tout empêcher ni tout réparer, mais il y a plus de choses à faire qu’on ne le croit, il y a moins de fatalité qu’on ne le dit.

 

Ensuite Jésus commande au jeune homme : « lève-toi ». C’est la deuxième attitude : l’évangile est proclamé avec assurance : « Dieu te veut debout », c’est la position de l’homme ressuscité. D’ailleurs les orientaux ne s’agenouillent pas durant le temps pascal : puisqu’on est ressuscité, on se tient debout ! Annoncer l’évangile, c’est changer notre regard sur ceux qui souffrent, c’est rappeler leur dignité et leur vocation. C’est les porter vers le projet de Dieu et non pas vers le cimetière. Même quand ça veut dire d’avertir les pécheurs, de supporter l’ennuyeux ou de vêtir ceux qui sont nus.

 

Enfin Jésus rend l’enfant à sa mère. Quelle expression étonnante ! L’enfant ne s’est pas précipité vers sa mère, ni sa mère vers lui ? Et bien non ! D’une certaine manière, il appartient à Jésus puisque c’est lui qui l’a ramené à la vie. Au passage, une ancienne tradition dit que ce jeune homme est saint Materne, et qu’il évangélisera ensuite la Gaule Belgique, fondant les évêchés de Trèves et Cologne. Toujours est-il que Jésus ne garde pas pour lui, il rend l’enfant à sa mère. C’est bien un service, et dans un service celui qui est servi reçoit plus que celui qui sert. Il y a une sorte de dépouillement dans le service … Vous me direz que Jésus ne reste pas sans rien : il gagne en notoriété, mais on sait bien la valeur de cette admiration de la foule qui s’effacera à la première difficulté. La compassion du Christ donne et se donne, quand elle pardonne les offenses, quand elle nourrit l’affamé, quand elle prie pour les vivants et pour les morts.

 

Oui, au delà du miracle, l’épisode de la veuve de Naïm nous invite à choisir la compassion du Christ, plutôt que celle de la foule. Il nous invite à une miséricorde qui refuse la fatalité, qui annonce l’évangile et qui donne généreusement.

 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Tour de David, qu’elle nous donne la force de résister au découragement ou à l’inaction pour que nous triomphions de la résignation. Reine des cieux, qu’elle nous soutienne dans l’annonce de l’évangile pour que nous rappelions la volonté de Dieu et la rendions crédible par notre engagement. Mère du bel amour, qu’elle nous entraîne dans le don généreux qui se met au service de nos frères pour que tous puissent resplendir de la Gloire qui nous est promise, dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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8 août 2015 6 08 /08 /août /2015 17:25

Samedi de la 18° semaine du Temps Ordinaire - Année Impaire

 

Le texte que nous avons entendu en première lecture est bien connu … c’est en quelque sorte le cœur du cœur de la Loi, ce qui résume tout ; ce dont Jésus a dit que c’était le plus grand commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » … c’est tellement important que ces paroles doivent être répétées matin et soir, à la maison ou en voyage, couché ou levé … Mais ce qui est intéressant, c’est l’explication qui est donnée de ces instructions : elles sont là pour que l’on n’oublie pas le Seigneur lorsqu’on est confortablement installé et qu’il semble qu’on n’ait plus besoin de lui ! Parce que le cœur risque d’oublier Dieu dans l’abondance, la prière structure le temps et marque la vie pour garder le cœur en éveil.

 

Mais si les mots gardent le cœur, ce n’est pas magique pour autant. Et on peut le comprendre à partir de l’épisode de l’évangile que nous venons d’entendre. Les paroles de Jésus sont incroyablement fortes : « combien de temps devrai-je rester avec vous ? Combien de temps devrai-je vous supporter ? » Pourquoi le Seigneur est-il autant agacé ? Et surtout contre qui ? En fait, si l’on rapproche l’exclamation de Jésus sur cette « génération incroyante et dévoyée » et son reproche sur le manque de foi, on peut penser qu’il est exaspéré par ses disciples. On imagine facilement le contexte : les disciples ont reçu le pouvoir de chasser les esprits mauvais et de guérir les malades. On vient donc à eux pour soulager toute sortes de souffrance, ce qui permet de diminuer la pression de la foule sur Jésus. Or voilà que tout d’un coup, pour l’enfant de cet homme, ça ne marche plus ! Pourtant ils devaient savoir quoi dire et quoi faire … Mais malgré leurs efforts et leur savoir, le démon refuse de sortir … qu’est-ce qui clochait ? Ils n’avaient pas la foi ! Sans doute faisaient ils confiance aux mots ou aux gestes qu’ils avaient l’habitude de faire, mais ces mots et ces gestes ne peuvent pas grand chose s’ils ne naissent pas d’une confiance radicale et persévérante dans la puissance de Dieu, car c’est à lui et à lui seul que l’on peut et que l’on doit faire confiance.

 

D’une certaine manière chacun des textes nous prévient de la même tentation qui est celle d’oublier la présence de Dieu dans notre vie. Dans le confort et la satisfaction, la prière fidèle et répétée nous rappelle à l’amour du Seigneur ; face aux épreuves et aux difficultés, la prière doit rester une porte ouverte à la puissance de Dieu. Sans la prière, la foi s’efface ; sans la foi la prière s’épuise.

 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui a su chanter les merveilles de Dieu dans le Magnificat, qu’elle nous rappelle l’importance de garder constamment nos cœurs tournés vers Dieu dans l’action de grâces et la supplication. Elle qui a guidé vers Jésus les serviteurs des noces de Cana, qu’elle nous soutienne dans la confiance et la persévérance de la foi. Et puisqu’elle a été couronnée Reine du Ciel qu’elle nous accompagne tout au long de notre vie pour que nous apprenions à aimer le Seigneur de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force et qu’ainsi notre foi transporte les montagnes de la vie jusqu’à ce que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 11:20

Ce dimanche, je ne prêche pas, mais voici l'homélie à l'occasion de la messe de commémoration des associations d'anciens marins 

Samedi de la 32° semaine - année paire

Je rencontrais l'autre jour une personne un peu désabusée et agressive. "Ça ne marche pas vos trucs", me dit-elle "J'ai bien essayé de prier, mais ça n'a rien empêché ! " C'est difficile de répondre immédiatement à ce genre de réflexion qui est souvent la partie émergée d'un iceberg de souffrance et d'émotions. Mais l'évangile de ce jour nous donne tout de même quelques pistes.

D'abord Jésus invite à la persévérance: si la mauvaise foi des hommes peut être vaincue par la patience et la ténacité, combien plus Dieu qui est bon fera-t-il justice à ceux qui le prient. Et c'est vrai que parfois nous avons tendance à vouloir tout tout de suite. Comme si la prière était un acte magique. Certes, à bord d'un bâtiment de combat, surtout dans le feu de l'action, il est souhaitable que les ordres soient immédiatement suivis d'effets. Mais la prière n'est pas un ordre et Dieu n'est pas un subordonné. La patience et la répétition d'une prière permettent souvent de vérifier la profondeur de notre désir. Ce que nous demandons est-il de l'ordre du caprice passager ou du besoin vital ?

Car la question de l'objet de la prière n'est pas indifférente. Dans l'évangile, Jésus parle bien de "justice", c'est-à-dire de demander ce qui nous revient. Et là, ça devient plus délicat devant Dieu. Bien souvent nous demandons plutôt une faveur que lajustice. Ne croyez pas que je m'en tire par une pirouette en disant que les prières qui ne sont pas exaucées ne sont pas justes ! Mais la parole de Dieu nous invite à nous demander s'il est juste d'attendre de Dieu ce que nous demandons. La réponse sera parfois négative, mais elle peut être aussi positive ... Et c'est là qu'il faut entendre la conclusion de Jésus, qui est très surprenante: "quand il viendra, le fils de l'homme trouvera-t-il la foi sur la terre ?" Un peu comme un soupir de découragement devant le cœur des hommes. Comme si Dieu se rendait compte qu'on ne le connait pas assez pour savoir ce qu'on peut lui demander, ce pour quoi il est juste de prier. Comme s'il se désolait du manque de conviction dans la prière des hommes, comme si face aux difficultés de l'existence, face aux épreuves de la vie, Jésus pressentait notre faiblesse, notre résignation trop rapide, notre découragement à cause d'un enracinement insuffisant dans la Parole de Dieu.

Aujourd'hui nous sommes rassemblés pour présenter au Seigneur les défunts de nos associations. Ceux de l'année écoulée comme ceux des années précédentes. Ceux dont le souvenir est encore vif, comme ceux que nous avons oubliés, ou même que nous n'avons pas connus. Sans doute sont ils, ou ont ils été comme ces hommes dont on parle dans la première lecture : ceux qui étaient pour Gaïus à la fois des étrangers et des frères. Et nous le faisons parce qu'il est juste de prier les uns pour les autres et de s'entraider, et nous le faisons dans cette forme particulière de la persévérance qu'est la fidélité à la mémoire. Que ce soit donc l'occasion pour nous de poser un acte de foi, de faire un pas de plus dans l'attachement au Seigneur ... Comme un tour supplémentaire au cabestan de notre cœur pour raidir l'aussière qui nous rattache à Dieu.

Que la Vierge Marie, Étoile de la Mer, Notre Dame de Bonne Garde et Secours des Chrétiens nous soit un exemple, un soutien et un guide, pour que nous puissions tenir ferme dans la fidélité, confiant dans la Parole de Dieu, recherchant la justice et qu'ainsi nous puissions apprendre à demeurer en Celui qui vit et règne des maintenant et pour les siècles des siècles.  

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 16:31

7° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Comme nous le savons bien, Jésus est le maitre des surprises. En posant aux scribes la question de savoir ce qu'il y a de plus facile entre dire tes péchés sont pardonnés ou guérir le paralytique, Jésus ne pose pas un énigme très difficile, et pourtant, il agit ensuite de la manière opposée à la réponse évidente, en montrant qu'il est capable de faire ce qui est visiblement plus difficile. Mais pour nous qui lisons ce texte, il y a aussi une question implicite dans cette histoire, qu'est-ce qui est le plus important pour cet homme ? Être pardonné ou être guéri? Et il n'est pas sûr que notre réponse soit la même que celle de Jésus ! Parce que, à moins de prêter de mauvaises intentions au Seigneur, on peut penser que Jésus donne en premier ce qu'il a de meilleur, et que si sa première action et de pardonner les péchés c'est parce que c'est ce qu'il y a de plus important.

Mais nous ? Si l'on nous proposait de choisir entre la guérison et le pardon. Que préférerions nous ? Partant du principe que la bonne réponse est celle de Dieu, je ne sais pas si nous ferions le bon choix ! Comment se fait-il que nous ayons tendance à préférer ce qu'il y a de moins bon ? Il est vrai que nous sommes en général plus attentifs à ce que nous subissons, plutôt qu'à ce qu'on inflige à d'autres. Car le péché n'est pas une mince affaire, il n'y a qu'à entendre les reproches de Dieu rapportés par le prophète : "tu ne m'as pas appelé, tu n'as rien fait pour moi, tu m'as traité comme un esclave, tu m'as fatigué". Mais en contrepartie l'évangile nous donne à voir une image de la foi, de cette foi qui permet le pardon des péchés. Et l'image de cette foi ce sont les quatre porteurs qui défont le toit de la maison pour que leur ami puisse parvenir jusqu'au Christ. Ils montrent le chemin qui nous détourne des quatre reproches de la première lecture

Le premier reproche était : « tu ne m’as pas appelé ». Parce que le péché est ignorance et isolement. Au contraire la foi est union et relation, et cela ce voit parce que l'image de cette foi c'est un groupe, ils sont quatre, unis dans une œuvre commune. C'est une manière de nous rappeler que la foi nous inscrit dans une communauté, qu'elle ne se vit pas seul mais ensemble. La foi unit quand le péché isole.

Le deuxième reproche était : « tu n'as rien fait pour moi ». Parce que le péché est égoïsme et avidité. Au contraire la foi est dévouement et service, comme nous le voyons dans ce groupe qui porte le paralytique, un groupe qui est au service du plus faible. La vérité de la foi et la qualité d'une communauté chrétienne se mesure à l'attention qu'on porte à l'autre, spécialement à celui qui souffre.

Le troisième reproche est terrible : « tu m'as traité comme un esclave ». Parce que le péché est arrogance et méconnaissance de Dieu. Au contraire la foi est recherche et fascination pour Dieu. Il ne faut pas croire trop vite que le but de ces hommes était d'obtenir un miracle. le texte dit que Jésus enseignait : c'est donc pour que leur ami puisse entendre cet enseignement qu'ils l'emmènent. Ce n'est pas l'intérêt personnel ou matériel qui les guide, c'est l'intérêt spirituel et l'amour de la Parole.

Enfin le quatrième reproche était : « tu m’as fatigué ». Parce que le péché est usure et complication. Au contraire la foi est force et persévérance, à l’image de ces hommes qui vont tout mettre en œuvre pour contourner les obstacles et arriver jusqu’au Seigneur.

Alors, bien sûr, l’homme était certainement heureux de pouvoir rentrer chez lui par ses propres moyens, et tant mieux pour lui ! Mais, même si nous n’en avons pas toujours conscience, il y a bien pire que les infirmités du corps, c’est le péché qui considère Dieu comme un esclave, qui nous isole et nous enferme en nous même

Que la Vierge Marie nous aide à avoir une foi qui nous ouvre la porte au pardon de nos péché, à l’image des porteurs du paralytique. Arche de la Nouvelle alliance qu’elle nous apprenne à nous laisser fasciner par la Parole de Dieu. Mère de miséricorde qu’elle nous obtienne un cœur ouvert à ceux qui ont besoin de nous. Forteresse de David, qu’elle nous soutienne pour que nous sachions persévérer malgré les difficultés et aller jusqu’au bout du chemin, fidèles à l’appel que Dieu nous a fait de demeurer avec lui dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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