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28 août 2022 7 28 /08 /août /2022 13:02

22TOC

22° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Si 3,17-18.20.28-29 ; Ps 67 (68) He 12,18-19.22-24a ; Lc 14, 1a.7-14

Astucieux le conseil de Jésus : prendre la dernière place pour qu’on nous invite à nous asseoir à une place d’honneur ! Sauf que ça ne marche pas toujours : l’autre fois, personne n’est venu me chercher et je suis resté à la dernière place pendant tout le repas ! Ça m’apprendra à prendre l’évangile pour un manuel de stratégie mondaine !

On se doute d’ailleurs que les conseils de Jésus dans la maison du chef des pharisiens ne sont pas là pour nous donner des ruses ou des techniques de manipulation. Il s’agit plutôt de nous encourager à développer en nous certaines dispositions de cœur qui sont essentielles à la vie spirituelle. Les réflexions de Ben Sira, dans la première lecture, donnaient déjà le ton : « accomplis toute chose dans l’humilité ». Or les choses étant ce qu’elles sont, si nous recherchons l’humilité, il nous faut débusquer les pièges de l’orgueil. Saint Grégoire le Grand évoquait quatre types d’orgueil.

Le premier est celui qui ne reconnaît pas le don. C’est l’orgueil qui nous fait penser que vient de nous ce qui vient de Dieu. C’est l’orgueil du superbe, de celui qui est tellement remplit de soi-même qu’il n’y a pas de place pour le Seigneur dans son cœur. Voilà pourquoi le sage dit que « la condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui ». Aussi la première façon de débusquer l’orgueil c’est d’apprendre l’action de grâce, la reconnaissance. Il est significatif que la plus haute prière, la source et le sommet de notre vie soit l’eucharistie, un mot grec qui – encore aujourd’hui – signifie merci. Ainsi nous devons apprendre à vivre la messe, non pas comme notre chose, mais comme l’œuvre de Dieu à laquelle nous sommes invités. Pourtant si nous en déduisons qu’il faudrait ne pas s’impliquer, cela signifie qu’on est encore plus attachés à posséder qu’à recevoir.

Le deuxième type d’orgueil, c’est celui qui ne reconnaît pas la gratuité, c’est-à-dire que, sachant que Dieu nous donne, on pense qu’on le mérite. C’est l’orgueil du présomptueux à l’image de l’homme qui se place au premier rang dans l’évangile. C’est la situation de celui qui est encombré de ses droits, enfermé dans une justice à sens unique. Comment l’éviter ? En contemplant l’amour de Dieu tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons. Pour cela nous pouvons développer l’attitude d’adoration qui apprend à se tenir devant Dieu, humblement et gratuitement ; sans chercher à obtenir, en se contentant de recevoir. Acceptant que ce soit le Seigneur qui mesure notre cœur.

Le troisième type d’orgueil, c’est celui qui ne reconnaît pas le manque. Il se vante de ce qu’il n’a pas et minimise ce qui lui fait défaut. C’est l’orgueil de l’arrogant qui se brise dramatiquement face à la réalité. L’auteur de la lettre aux Hébreux comparait deux modes de révélation : la première avec force et puissance, tellement écrasant que « les fils d’Israël demandèrent à ne plus l’entendre », la deuxième dans la douceur et la gloire de cette Jérusalem céleste qui fascine et invite. D’une certaine manière nous avons donc le choix entre une présence de Dieu qui contraint et une présence qui attire, mais cela ne dépend pas tant d’un caprice divin que de notre disponibilité. Une bonne manière de débusquer ce troisième type d’orgueil, c’est d’accepter d’être pardonné. Dans le pardon, nos manques ne sont plus des humiliations, mais une source de grâce.

Le dernier type d’orgueil, c’est celui qui ne reconnaît pas le partage. Il croit être le seul à avoir ce que tous possèdent. C’est l’orgueil méprisant de celui qui se croit supérieur et qui ne voit dans les autres que des instruments au service de sa propre satisfaction. Cela peut faire penser à la question des invitations dont parle Jésus, à condition bien sûr de ne pas utiliser les pauvres pour notre propre salut ! Il s’agit sans doute de l’orgueil le plus subtil et le plus pernicieux, celui dont Saint Grégoire dit qu’il est le plus répandu. On ne peut guère le combattre que par la miséricorde lorsqu’elle nous engage au service et à la communion.

Alors, n’ayons pas peur de débusquer en nous les traces de l’orgueil sous toutes ses formes, recherchons, demandons l’humilité par l’action de grâce, l’adoration, le pardon et la communion. Nous savons bien qu’il s’agit d’un combat de tout instant, c’est le combat d’une vie parce que c’est celui qui nous prépare au Royaume.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Sa disponibilité à l’Annonciation nous donne l’exemple de l’humilité ; sa prière du Magnificat nous forme à l’action de grâce ; sa présence au pied de la croix nous apprend la miséricorde, pour que nous soyons prêts à participer aux Noces de l’Agneau à la place qui nous est préparée, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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21 août 2022 7 21 /08 /août /2022 13:44

21TOC

21° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Is 66, 18-21 ; Ps 116 ; He 12,5-7. 11-13 ; Lc 13, 22-30

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». En entendant ce conseil du Seigneur, on comprend qu’il y a deux moyens d’entrer dans le Royaume : une porte large et évidente où se presse la foule, et une autre, petite et cachée à laquelle on ne pense pas spontanément. C’est un peu comme si Jésus nous recommandait d’entrer par la porte des artistes. Ou plus exactement, comme le Royaume se compare plutôt à un palais qu’à une salle de spectacle, il s’agit donc d’entrer par la porte de service. Ne nous trompons pas, il ne s’agit pas de resquiller mais de se présenter dans certaines dispositions. Cela transparaît d’ailleurs du dialogue entre le maitre de maison et ceux qui sont refusés.

Leur premier argument est qu’ils ont mangé et bu en sa présence. Mais nous comprenons que cet argument n’est pas valable. Ils ne disent pas « nous avons mangé et bu avec toi », mais « en ta présence ». On peut penser qu’il s’agit d’un banquet où le Seigneur est l’hôte d’honneur, et eux des invités d’un ami commun, cela signifie alors qu’ils n’ont pas cherché à le rencontrer et qu’ils se sont contentés de profiter du moment. Pourtant il y a une autre situation possible : c’est que le Seigneur fasse partie des serviteurs, qui sont bien présents mais ne partagent ni la nourriture ni la boisson. Le repas est une image du culte et nous comprenons qu’il ne suffit pas d’assister et de se faire servir. Nos prières ne nous préparent pas au Royaume si elles ne sont pas une occasion de rencontre et de partage avec Dieu : nous devons y être plus attentif à ce que l’on donne qu’à ce que l’on peut en recevoir. La porte de service est cachée on doit faire un effort pour la trouver, accepter de pas se laisser porter par la foule. De la même manière, la prière que le Seigneur attend de nous n’est pas une routine confortable, mais l’expression d’un désir qui nous guide, d’une recherche qui nous met en route. Ce n’est pas grave si la prière nous dérange ou nous demande un effort, bien au contraire : vivons le comme une purification, comme la décision de quitter l’allée centrale pour rechercher la porte étroite.

Ensuite, ceux qui ne peuvent pas entrer, font valoir que Jésus a enseigné sur leurs places. A la vérité, voilà encore un mauvais argument, car on les imagine en spectateurs éloignés de la prédication du Seigneur, spectateurs curieux …peut-être ; observateurs critiques … ça n’est pas impossible. Certainement il aurait mieux valu pour eux qu’ils disent « nous avons suivi ton enseignement ». La parole de Dieu ne nous prépare pas au Royaume si on en fait un objet de curiosité ou un ornement culturel, il faut s’efforcer de ne pas seulement l’entendre mais de l’écouter et de la mettre en pratique, comme un bon serviteur écoute la parole de son maître. La porte de service n’est pas très grande, on n’y entre pas la tête haute en gardant son chapeau sur la tête, il faut s’abaisser pour la franchir. C’est avec cette humilité qu’il nous faut accueillir la parole du Seigneur, pour se mettre à son écoute, se laisser enseigner. Ça n’est pas grave si nous ne comprenons pas tout : c’est l’occasion d’entrer en dialogue avec Lui. Ce qui est grave, c’est de la déformer pour qu’elle nous arrange ou de délaisser ce qui ne nous convient pas. Ne craignons de baisser la tête en méditant la parole de Dieu : c’est ce que rappelait la lettre aux Hébreux, c’est comme cela que se franchit la porte étroite !

Enfin il y a le reproche, définitif, que fait le maître de maison : « éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice ». Quelle phrase terrible que nous devrions espérer ne jamais entendre ! Au moins elle nous montre quel est le verrou du Royaume. Ainsi il ne s’agit pas tant de ce que nous sommes que de ce que nous faisons. Commettre l’injustice, c’est ne pas faire attention aux autres, c’est se faire passer soi-même avant les autres. On sait bien que les relations entre nous ne sont pas toujours faciles et qu’une histoire est une suite de tâtonnements pour s’ajuster et trouver un équilibre fragile toujours à corriger. Mais cet équilibre, c’est la justice et elle n’est jamais à sens unique. Et l’évangile nous rappelle quelle est cette porte exiguë, exigeante et rude pour rechercher le Royaume et sa justice : l’amour qui se fait serviteur, qui donne et se donne. Dans l’oracle que rapportait Isaïe, les rescapés sont envoyés au service des nations éloignées, ils participent à la promesse de Dieu en ramenant leurs frères : le Seigneur nous a fait pour les autres, et non pas les autres pour nous !

Alors, tant pis si les textes d’aujourd’hui sont un peu dérangeants, tant pis si les promesses de Dieu nous rappellent que le présent n’est pas parfait, que les difficultés nous font grandir et que les exigences sont un meilleur guide que la facilité : recherchons la porte de service du Royaume de Dieu en faisant de la prière un lieu de rencontre, de la Parole de Dieu un enseignement, de nos relations une occasion de service.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Temple de l’Esprit-Saint, Arche de la Nouvelle Alliance, Mère du Bel Amour qu’elle nous guide et nous accompagne vers la porte étroite pour que nous puissions la rejoindre dans le Royaume et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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15 août 2022 1 15 /08 /août /2022 11:09

0815J

Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie - Messe du jour

Ap 11,19. 12, 1-6. 10 ; Ps 44 ; 1 Co 15,20-27a ; Lc 1, 39-56

Nous voilà donc réunis ce matin pour accomplir la parole du Magnificat : « toutes les générations me diront bienheureuse ». La fête de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie est l’occasion d’honorer la mère du Seigneur en rappelant son entrée dans la plénitude de la gloire au terme de sa vie terrestre. Plusieurs éléments concourent à lui donner une certaine importance, même si elle est l’occasion de festivités qui n’ont pas toujours un lien très explicite ni théologique avec le mystère célébré. Sans bouder le plaisir des réjouissances estivales, prenons le temps de méditer les textes que nous avons entendus.

La première lecture décrivait « un grand signe apparut dans le ciel », celui d’une femme et plus particulièrement d’une mère, puisqu’elle met au monde « celui qui sera le berger de toutes les nations ». Marie est d’abord la mère du Sauveur. Elisabeth à la Visitation l’appelle même « la mère de mon Seigneur ». Au-delà de la dimension romantique, cette maternité est extrêmement significative. Dans la lettre aux Galates, saint Paul rappelle que « Dieu a envoyé son fils, né d’une femme ». Puisque le signe de la mère nous est donné aujourd’hui, l’Incarnation est en filigrane de l’Assomption. Il ne s’agit pas tellement du plaisant paradoxe d’évoquer Noël au cœur de l’été, mais de réaliser à quel point la figure de Marie est importante pour notre foi puisqu’elle atteste que Dieu s’est fait homme, pleinement homme, « consubstantiel à nous selon l’humanité », comme le déclare le concile de Chalcédoine dès le Ve siècle.

Pourtant l’intérêt que nous portons à Marie ne se limite pas à sa maternité. On se souvient que lorsqu’une femme s’est écrié « heureuse la mère qui t’a porté » Jésus avait corrigé la béatitude, rejoignant d’ailleurs la salutation d’Elisabeth : « heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Ce qui mérite notre admiration chez Marie c’est cette disponibilité à la Parole de Dieu. Quand la prière de Marie explicite les raisons pour lesquelles toutes les générations la diront bienheureuse, elle souligne : « le Puissant fit pour moi des merveilles ». Et l’évocation de ce que Dieu fait pour elle la conduit à évoquer aussi l’ensemble des merveilles de Dieu tout au long de l’histoire : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». Ainsi, ce dont témoigne Marie c’est de la fidélité du Seigneur et du déploiement de sa providence. Puisque le Magnificat nous est donné comme signe, c’est aussi la foi, comme Don de Dieu et disponibilité de l’homme, qui est en filigrane de l’Assomption.

Cela étant, on manquerait à la spécificité de la fête d’aujourd’hui, si l’on oubliait la deuxième lecture. Il ne s’agit d’une fête mariale, en général, mais de l’Assomption, de la fin de la vie terrestre de Marie, de son entrée dans la gloire, corps et âme. Il faut donc rappeler la résurrection du Christ. Car, si Marie peut monter au ciel, c’est parce que Jésus en a ouvert les portes ; si elle est « élevée corps et âme à la gloire céleste », c’est que le Christ, le premier est ressuscité. L’Assomption est un écho de la Résurrection ; elle n’est pas un privilège au sens où cela nous serait inaccessible : Marie est déjà ce que nous serons – ou du moins ce que nous espérons être. On peut dire que notre rédemption est le troisième filigrane de l’Assomption, puisqu’elle nous précède sur le chemin ouvert par le Christ.

Nous ne sommes pas rassemblés pour contempler une vision spectaculaire, ni pour nous réjouir par procuration, mais pour entendre l’appel du Seigneur, pour suivre l’exemple de Marie et, comme Elisabeth, pour accueillir la présence et la puissance de Dieu qui vient jusqu’à nous pour nous entraîner jusqu’à Lui.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère de notre Seigneur qu’elle nous rende attentifs à Celui qui nous rejoint ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous soutienne dans la fidélité à Sa puissance ; Etoile du matin qu’elle nous guide jusqu’à la plénitude de Sa Gloire pour que nous puissions demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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14 août 2022 7 14 /08 /août /2022 09:04

20TOC

20° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Jr 38,4-6. 8-10 ; Ps 39 ; He 12,1-4 ; Lc 12,49-53

Il y a quelque chose d’assez provoquant – surtout cette année avec les dramatiques incendies que connait notre pays – d’entendre Jésus dire qu’il est venu apporter le feu sur la terre ! Cela dit, comme il continue en évoquant le baptême, qui fait référence à de l’eau abondamment répandue, on comprend assez facilement qu’il s’agit plutôt d’une image et que le Seigneur, loin d’être pyromane, évoque plutôt l’accomplissement de sa mission et qu’il s’agit plutôt du feu de l’Esprit Saint, celui qui descend sur les apôtres et qui embrase le cœur des croyants.

Pour autant l’évangile n'en reste pas moins dérangeant puisque Jésus décrit sa mission non pas en termes de paix et d’apaisement mais de divisions. Sans doute en scrutant attentivement le texte pouvons-nous comprendre qu’il y a un aspect rhétorique dans les exemples puisqu’il illustre une division à trois contre deux, par trois divisions à un contre un ! On pourra toujours ergoter sur l’arithmétique évangélique : le sens n’est certainement pas à chercher dans une lecture trop littérale.

Ce que l’on retient du texte, et d’ailleurs aussi des autres textes que nous avons entendus, c’est cette impression que la foi chrétienne, la suite du Christ, la relation à Dieu est loin d’être un long fleuve tranquille et qu’il faut s’attendre plutôt à des difficultés qu’à des facilités.

La première question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi Jésus prend des exemples dans la famille. Idéalement la famille est plutôt le lieu d’une certaine douceur, d’une certaine sérénité, d’une certaine sécurité. Mais les fractures qui sont décrites renvoient à des différences de génération. Et voilà un indice pour nous faire comprendre la première exigence chrétienne. La foi n’est pas de l’ordre de la tradition familiale, elle ne s’inscrit pas dans la fatalité génétique. Je me souviens d’une personne qui se justifiait : « je suis témoin de Jéhovah parce que mes parents l’étaient ». C’est contre ce genre de raisonnement que l’évangile nous met en garde. Tant mieux si les parents transmettent la foi à leurs enfants … c’est même un devoir pour les parents chrétiens d’essayer, mais ça n’a rien d’automatique. La foi ne se transmet pas comme un héritage mais comme un témoignage. Les paroles de l’évangile nous disent que la foi implique un choix personnel que chacun doit faire, et que personne ne peut faire à notre place.

Les mésaventures de Jérémie que rappelaient la première lecture, posent une autre question sur les raisons de la fidélité. Le prophète est condamné pour des raisons politiques, au sens de l’opportunité : les princes l’accusent de démoraliser ceux dont ils ont besoin pour leur projet. En revanche celui qui va le sauver a un argument tout autre : « c’est mal ». Il ne s’agit donc plus de politique mais de morale ; et ce n’est parce qu’une chose est légale qu’elle est bonne. Voici donc une autre exigence chrétienne : la foi n’est pas de l’ordre de l’opportunité ni de l’intérêt social. L’attachement au Seigneur relève de la justice et donc du bien ou du mal. Tout au long de l’histoire, les saints ont pris le contrepied de l’opinion générale ou des habitudes communes. Non par goût de la provocation, mais par fidélité à la parole de Dieu. Ainsi l’exemple de Jérémie nous montre que la foi implique un choix moral, même quand la situation est difficile.

Enfin la lettre aux Hébreux invite aussi à dépasser des difficultés, à l’exemple du Christ et de « l’immense nuée de témoins » qui nous entourent. Mais si on lit attentivement le texte, on comprend qu’il ne s’agit pas tant d’affronter des habitudes ou des persécutions, il s’agit surtout de lutter contre le péché. La troisième exigence que souligne le texte est intérieure, elle se joue au cœur de notre cœur, c’est ce que l’on appelle le combat spirituel. Pour lutter contre le découragement, il faut garder les yeux fixés sur Jésus qui est à l’origine et au terme de la foi. Ainsi nous sommes invités à un choix non seulement personnel, non seulement moral, mais aussi spirituel.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du bon conseil qu’elle nous montre comment choisir le Christ en toutes circonstances. Consolatrice des affligés qu’elle nous garde fidèles à la Parole dans les difficultés. Secours des chrétiens qu’elle nous soutienne dans le combat spirituel, pour que nous demeurions unis au Seigneur qui nous appelle à sa gloire, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 14:32

19TOC

19e dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Sg 18,6-9 ; Ps 32 ; He 11,1-2. 8-19 ; Lc 12,32-48

On a généralement tendance à penser que croire c’est être plus ou moins d’accord avec un certain nombre d’affirmations du catéchisme ; qu’avoir la foi c’est avoir telle ou telle idée par exemple sur l’existence de Dieu, sur l’importance de la Bible ou la vie de Jésus. Si l’on cherche à expliquer ce que c’est qu’être chrétien, on va d’abord évoquer des valeurs ou des principes. Pourtant les textes que nous venons d’entendre semblent indiquer que cette vision des choses n’est pas suffisante : croire ce n’est pas tant avoir une opinion, c’est plutôt attendre.

Dans la première lecture l’auteur du livre de la Sagesse médite sur la foi des pères aux temps de l’Égypte : « la nuit de Pâques avait été connue d’avance » dit-il. On est bien dans le thème de l’attente, la foi consistant à anticiper ce qui est promis, puisque « dans le secret de leurs maisons les fidèles […] déjà entonnaient les chants de louange ». Dans la deuxième lecture, l’auteur de la lettre aux Hébreux, lui aussi médite sur la foi en donnant l’exemple d’Abraham et de Sarah qui, attendent la promesse en préparant sa réalisation. Enfin l’enseignement de Jésus dans l’évangile évoque encore cette attente en nous invitant à veiller pour être prêt et ne pas se laisser surprendre.

Que ce soit en anticipant, en préparant ou en veillant, il s’agit toujours d’attendre. D’ailleurs, il s’agit là de trois aspects de l’attente. Attendre c’est anticiper. Par exemple lorsqu’on se réjouit à l’avance (ou lorsqu’on s’inquiète déjà) de ce qui va arriver. Attendre c’est aussi préparer. Parce qu’il y a souvent des choses à changer pour que tout se passe bien quand arrive ce qu’on attend : on range ce qui s’abime quand on attend la pluie, on sort ce qui fait plaisir quand on attend quelqu’un d’important … Attendre c’est enfin veiller, c’est-à-dire garder l’attention, parce que si l’on baisse la vigilance on risque alors de se faire surprendre, c’est-à-dire qu’on n'attendait plus !

Ainsi, être chrétien c’est attendre ; et si avons bien écouté l’évangile, nous savons qu’il s’agit d’attendre le Royaume de Dieu. On attend le Royaume de Dieu en l’anticipant … c’est le principe de la prière qui consiste à se tenir déjà en présence du Seigneur : « nous attendons ta venue dans la Gloire » dirons-nous tout à l’heure. Prier c’est projeter notre cœur dans le Royaume, c’est anticiper la rencontre avec Celui qui vient. On attend le Royaume de Dieu aussi en le préparant … c’est pourquoi il y a toujours un aspect de conversion et de purification. Imaginons que le Seigneur revienne avant la fin de cette messe, il y a fort à parier que nous serions un peu pris de court et que nous ne soyons pas tout à fait prêts ! C’est en quelque sorte le grand défi de la vie spirituelle : vérifier que le trésor de notre cœur est bien dans les cieux, et pour cela il nous faut régulièrement mesurer notre vie à l’aune de la Parole de Dieu. Enfin, comme le rappelaient les paraboles de l’évangile, on attend le Royaume de Dieu en veillant. On peut remarquer que Jésus prend l’image de l’intendant et du serviteur pour illustrer cette dimension. Ainsi c’est dans le service et l’engagement que nous vivons l’attente comme vigilance. C’est en s’efforçant de mettre en pratique la Parole de Dieu, d’accomplir notre vocation, d’être ce que le Seigneur attend de nous que nous maintenons notre attention et que nous déployons notre foi.

Nous voici donc invités à considérer notre vie religieuse et spirituelle sous l’angle de l’attente. Vérifions que notre prière, nos principes et notre vie sont bien marqués par la promesse du Royaume ; que nous attendons la venue du Seigneur, en l’anticipant, en la préparant et en veillant.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle fasse de notre prière les prémisses du Royaume. Etoile du matin qu’elle dispose nos cœurs à la présence de celui qui vient. Mère du Bel Amour qu’elle nous garde dans le souffle de Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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31 juillet 2022 7 31 /07 /juillet /2022 10:49

18TOC

18° dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Qo 1,2. 2,21-23 ; Ps 90 (89) ; Col 3,1-5.9-11 ; Lc 12,13-21

« Pensez aux réalités d’en haut » … ces mots de saint Paul me rappellent la remarque de Baden Powell qui disait que, lorsqu’il était au collège ; il se cachait plutôt dans les arbres car il avait remarqué que ceux qui le cherchaient regardaient rarement en l’air. Cette invitation à regarder vers le haut pour ne pas passer à côté des choses importantes est un rappel que déclinent à leur manière les textes d’aujourd’hui : la parabole que raconte Jésus sur la précarité de la vie, ou les réflexions de Qohèleth sur la vanité de l’histoire. Faut-il donc vivre la tête dans les nuages en méprisant les basses réalités de ce monde ? Avant de conclure trop hâtivement, reprenons calmement les différents textes.

D’abord Qohèleth et son fameux refrain « vanité des vanités, tout est vanité ! ». Il s’agit surtout de nous faire prendre conscience de la futilité des choses, non pas qu’elles ne soient pas justifiées mais qu’elles n’ont sans doute pas le poids qu’on leur donne. L’auteur biblique rejoint la réflexion désabusée des philosophes de tout temps qui ont soulevé la question existentielle du sens de la vie. Si nous en restons à la simple observation des faits et des événements, nous serons saisis par l’abime d’insignifiance de ce monde où rien n’est jamais acquis et où les plus belles choses se heurtent inexorablement à leur finitude. Mais la Bible ne cherche pas à nous entrainer dans un pessimisme dépressif, elle nous avertit que s’acharner à vouloir décider soi-même du poids des choses conduit à plonger dans l’angoisse métaphysique. « Tout est vanité » si nous laissons à nos pensées ou à nos sentiments le soin de déterminer ce qui est important. Voilà pourquoi il nous faut lever la tête et rechercher les réalités d’en haut.

C’est ce à quoi nous invite la lettre aux Colossiens. Mais à l’opposition entre ce qui est du ciel et ce qui est de la terre, saint Paul ajoute la dynamique de l’apparence : « votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu, quand il paraîtra, vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans le gloire ». Il ne s’agit donc pas de tout rejeter ou de vivre ailleurs, mais de permettre que se déploie ce qui est en nous. Il ne s’agit pas tant de vivre autre chose que de vivre autrement. L’apôtre ne nous demande pas de renoncer au désir mais aux désirs mauvais ; il ne condamne pas la possession mais la soif de possession. Bien sûr cela implique d’éviter « ce qui n’appartient qu’à la terre », c’est-à-dire ce qui est incompatible avec la gloire divine ; mais finalement ça n’est pas cela le plus exigeant : le plus exigeant c’est de vivre à la manière de l’homme nouveau ce qu’on a l’habitude de vivre à la manière de l’homme ancien. Le plus exigeant c’est de veiller à ce que notre cœur recherche toujours les réalités d’en haut.

L’évangile peut nous aider à comprendre ce que signifie avoir un cœur tourné vers les réalités d’en haut. En refusant d’être juge dans une histoire d’héritage, Jésus ne refuse pas la justice mais il s’attache à la justice de l’être plutôt qu’à la justice de l’avoir. De la même manière, ce qui est reproché au riche de la parabole, ce n’est pas d’être riche, mais de perdre du temps à le devenir plutôt qu’à vivre. La conclusion de la parabole nous donne la clé pour vérifier que notre cœur est tourné du bon côté : « voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même au lieu d’être riche en vue de Dieu ». Ce n’est pas nous qui donnons du poids aux choses, c’est Dieu. C’est à la mesure de Dieu que nous devons choisir nos priorités et reconnaître ce qui est important. Finalement la question « et Dieu dans tout ça ? » n’est pas tant une relance de journaliste qu’un guide pour discerner. Ce que nous faisons, ce que nous voulons faire, ce que nous espérons … est-ce pour nous ou pour Dieu ? On peut toujours déguiser notre réponse et se cacher soi-même derrière de grandes idées ou de nobles buts, mais il ne sert à rien de se faire illusion car toujours la vanité de ce que nous avons fait pour nous-même finira par apparaître.

Alors n’attendons pas le moment tragique pour tourner nos cœurs et nos vies vers Dieu, Efforçons-nous de vivre et d’agir en vue de Dieu. Recherchons les réalités d’en-haut pour découvrir la vraie valeur des choses, c’est ainsi que nous revêtirons l’homme nouveau qui se renouvelle sans cesse pour être à l’image du Créateur ; c’est ainsi que le Christ sera tout en nous.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle fasse retentir en nous l’appel du Seigneur. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à vivre à la manière du Christ. Reine des Saints qu’elle nous conduise jusqu’à la plénitude de la gloire qui nous est promise, pour que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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24 juillet 2022 7 24 /07 /juillet /2022 13:49

17TOC

17° Dimanche du Temps Ordinaire - année C

Gn 18,20-32 ; Ps 137 (138) ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13

Il y a dans la prière d’Abraham que nous rapportait la première lecture, quelque chose de merveilleusement oriental, un parfum de souk et de marchandage. Au-delà du pittoresque de l’histoire, on peut quand même s’étonner que le modèle de prière qui nous est proposée soit une négociation « à la tête du client » où rien n’est définit à l’avance, et où la conclusion dépend en grande partie de la discussion et des émotions de chacun des interlocuteurs. Sans doute préférerions nous une relation plus « objective » avec Dieu où les choses soient clairement définies, voire tarifée : telle grâce contre telle prière. Mais c’est alors qu’on quitterait la prière pour la magie, une sorte d’économie mécanique où la formule garantit le résultat ! Ainsi, il nous faut sans doute réaliser et assumer que la prière est « à la tête du client ».

C’est que la tête du client, c’est d’abord la tête de Dieu ! Cela signifie que la prière dépend de Dieu, que notre prière dépend de notre connaissance de Dieu. On le voit bien lorsque Abraham rappelle au Seigneur qu’il est celui qui « juge toute la terre » ; on le voit aussi dans le Notre Père qui est un enseignement sur Dieu avant d’être un modèle de prière. On comprend facilement qu’on ne peut pas demander n’importe quoi au Seigneur. Il ne faut pas le confondre avec le Père Noël ou le génie de la Lampe – à qui d’ailleurs on ne peut pas demander n’importe quoi non plus ! Il faut apprendre à demander à Dieu ce qu’il peut nous donner et surtout ce qu’il veut nous donner. C’est à mesure que nous connaîtrons mieux le cœur de Dieu que notre prière se fera mieux ajustée. Ainsi la prière s’enracine dans la contemplation et dans l’écoute de la Parole de Dieu.

Mais la tête du client, c’est aussi notre tête … Est-ce à dire que la puissance de la prière dépend aussi de nous ? Eh bien, il n’est pas vraiment étonnant que la prière d’un saint soit mieux reçue que celle d’une crapule ! C’est que la prière nous engage ; parce qu’elle n’est pas mécanique : elle est le lieu de la grâce et de la liberté, non pas du droit et de l’exigence. Mais que la prière dépende de nous ne relève pas d’un favoritisme électif scandaleusement inégalitaire : notre tête, c’est d’abord la tête que nous faisons, et donc la prière dépend de nos dispositions pendant celle-ci. Ainsi dans l’exemple que donne Jésus, ce n’est pas tant l’amitié que l’insistance du demandeur qui lui permet d’obtenir ce qu’il cherche. C’est que la persévérance manifeste la réalité du désir. Si notre prière est un caprice, alors nous nous lasserons vite de demander. Sans doute les critères du Seigneur ne sont pas les nôtres, mais nous devons comprendre que la prière n’est pas une parenthèse dans notre vie, elle n’est pas un joli ornement de notre conscience, elle est un engagement, une puissance de transformation, un aiguillon à rechercher la sainteté.

Pourtant, s’il l’on parle d’une prière à la tête du client, il faut réaliser que depuis notre baptême, notre tête c’est le Christ. C’est la raison pour laquelle les disciples demandent à Jésus « apprends-nous à prier » : ils veulent entrer dans la prière du Seigneur. C’est aussi pourquoi saint Paul rappelle aux Colossiens la place du Christ dans le salut. La prière du chrétien n’est pas une simple négociation avec la divinité, elle est en quelque sorte une plongée dans le souffle trinitaire. « Combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » dit Jésus pour nous faire pressentir la véritable dynamique de la prière. Il s’agit de se laisser conduire jusqu’au mystère même de Dieu que le Fils nous a dévoilé, il s’agit d’entrer dans le cœur à cœur divin qui s’est ouvert à nous par la croix. La prière n’est pas seulement une affaire de théologie ou de morale, elle est aussi l’aventure d’une rencontre, le mystère d’une proximité.

Ainsi, le marchandage d’Abraham nous révèle sans doute le secret de la vie spirituelle : celui d’une prière qui est un échange « à la tête du client » car il s’inscrit dans une alliance qui implique que Dieu et l’homme se prennent mutuellement en compte, et que pour notre part, nous progressions dans l’esprit de connaissance, d’adoration et d’affection filiale.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à mieux connaître le Seigneur. Trône de la Sagesse qu’elle nous guide sur le chemin de la sainteté. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne dans le souffle de l’Esprit pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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17 juillet 2022 7 17 /07 /juillet /2022 10:44

16 TOC

16° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Gn 18,1-10a ; Ps 14 (15) ; Col 1, 24-28 ; Lc 10, 38-42

Si l’on comprend aisément que la rencontre aux chênes de Mambré et le repas chez Marthe et Marie se rejoignent dans une même thématique de l’hospitalité, il est assez saisissant que la tonalité des deux textes soient si différentes. Ainsi l’accueil du Seigneur mérite à l’un l’accomplissement de la promesse, tandis que l’autre ne reçoit qu’un désaveu cinglant. Mais ce rapprochement contrasté nous permet peut-être de ne pas réagir trop vite ni trop catégoriquement à l’histoire de Marthe et Marie. Certains, en effet, défendront Marthe en reprochant à Jésus son ingratitude … ce qui est difficilement compatible avec la foi chrétienne ; d’autres prétendront suivre pieusement le Seigneur en accablant Marthe de tous les maux … ce qui n’est sans doute pas très juste et certainement excessif. On voit mal comment la Parole de Dieu pourrait dénigrer l’hospitalité, le dévouement et le service ! En revanche, sans doute l’Esprit Saint nous avertit-il de quelques pièges auxquels nous devons être attentifs.

En définitive, ce que Jésus reproche à Marthe, ce n’est pas d’avoir tout fait pour bien l’accueillir et lui préparer un bon repas, mais c’est plutôt d’être perfectionniste en donnant plus d’importance au service qu’à celui qui est reçu … d’autant que manifestement il y a une certaine jalousie vis-à-vis de Marie, mais que c’est à Jésus qu’on fait des reproches !

Ainsi le premier piège est celui du perfectionnisme, c’est-à-dire de se focaliser sur les moyens en oubliant le but. « Une seule chose est nécessaire » dit Jésus, comme pour aider son hôtesse à retrouver l’ordre des priorités. Malheureusement ce n’est pas un piège réservé au dévouement que cette perte du sens. Nombreux sont les domaines de l’activité humaine où le risque est grand d’oublier l’horizon à force de se remonter les manches. C’est peut-être pour cela que la Bible s’ouvre sur le commandement du Sabbat et que l’Église tient au précepte dominical. Si l’on ne sanctifie pas le septième jour, qu’est-ce qui nous fera relever la tête pour nous rappeler le but de notre vie ?

L’inconvénient des pièges du dévouement, c’est qu’ils s’enchaînent l’un l’autre. Toute accaparée par le service, Marthe regarde avec un certaine jalousie sa sœur, assise aux pieds du maître. Il y a quelque chose du regard de Caïn dans sa remarque. Le deuxième piège c’est donc l’aigreur et la division. Quand on commence à regarder d’un mauvais œil ceux qui ne font pas comme nous, quand on juge non pas les idées ou les attitudes mais les personnes, quand la générosité renferme sur soi et divise, alors c’est le signe que quelque chose ne va plus, et qu’il faut corriger la dérive du cœur. Il est remarquable que, sous les chênes de Mambré, Dieu s’intéresse à Sara. Il ne parle à Abraham que pour s’informer de sa femme, comme pour nous rappeler que le Seigneur voit ceux qui sont invisibles aux yeux du monde. Si l’on prend les moyens de contempler le regard de Dieu sur nous, alors nous n’avons plus besoin de nous rassurer en se comparant ou en se justifiant. Voilà un bon moyen de mesurer la justesse de notre prière : est-ce qu’elle augmente en nous l’unité ou bien est-ce qu’elle nous fait ruminer la division ?

Enfin, puisque la jalousie a remis Marthe au centre de ses propres préoccupations, vient le troisième piège : celui de la prise de pouvoir. « Dis-lui donc de m’aider » … Ainsi c’est le Seigneur qui devrait obéir à ses ordres ! Celui qui est servi devient celui qui doit servir, et surtout le serviteur devient le maître dans le subtil renversement du service en pouvoir ! Voilà pourquoi Jésus la remet à sa place. C’est peut-être le piège typique du dévouement que ce glissement vers la domination : l’humilité devient une manipulation masquée, la miséricorde devient condescendance et l’engagement se fait intransigeant. La seule manière d’éviter ce piège c’est sans doute le respect, ce qu’en termes spirituels on appelle l’adoration : se tenir devant Dieu là où il nous attend, à l’exemple de saint Paul qui rappelle aux Colossiens la présence du Christ, dans les souffrances comme dans le service, dans la mission comme dans l’accompagnement.

Loin d’être un désaveu de l’hospitalité ou des tâches ménagères, le dialogue entre Jésus et sainte Marthe est surtout un avertissement pour éviter les pièges du dévouement et veiller à ce que notre cœur se laisse guider par la sanctification, la contemplation et l’adoration qui ne sont pas d’abord des pratiques mais des manières d’être.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle nous apprenne à garder les yeux fixés sur l’essentiel ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous montre comment nous enraciner dans le Christ ; Humble Servante du Seigneur qu’elle nous garde fidèles à la Parole pour que notre cœur batte au rythme du cœur de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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3 juillet 2022 7 03 /07 /juillet /2022 12:46

14TOC

14° dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Is 66,10-14c ; Ps 65 (66) ; Ga 6,14-18 ; Lc 10, 1-12.17-20

L’évangile nous rapporte un moment qui a sans doute marqué la mémoire des disciples : celui de la première mission. Élargissant le cercle des apôtres, Jésus en désigne soixante-douze pour aller au-devant de lui dans les localités où il allait se rendre. Si lors de l’appel des premiers il avait pris l’image du pécheur pour expliquer ce qu’il attendait, c’est maintenant l’image du moissonneur qu’il utilise. Sans doute une manière de ne pas s’enfermer dans les comparaisons ! Pêcheur ou moissonneur, ce qui compte c’est d’abord de préparer la rencontre avec le Seigneur. Voyons ce que cela suppose de notre part.

Il y a d’abord une sobriété qui témoigne d’une certaine urgence de la mission. « Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin ». Il ne s’agit donc pas d’une promenade de santé ou d’un voyage d’agrément. La demande du Seigneur passe avant notre confort ou nos sécurités. Si l’on veut prendre une image maritime, on pourrait dire que la barque de l’Église n’est pas un yacht où l’on se repose mais un chalutier où l’on travaille ! Ça n’est peut-être pas très agréable à entendre au début de l’été, mais il est bon de réaliser que la vie spirituelle n’est pas un loisir mais une mission. L’évangile ne nous tourne pas vers nous mais vers Dieu et vers les autres. Ça ne signifie pas qu’il ne soit pas légitime de se reposer, mais comme dit l’Ecclésiaste il y a un temps pour tout. D’ailleurs la fin de l’évangile montre ce moment où chacun revient et partage ce qu’il a vécu. Il est normal qu’un bateau rentre au port, mais ce n’est pas très bon signe s’il y reste tout le temps ! Voilà peut-être un premier point de vigilance. Sans doute savons nous prendre le temps de goûter la Parole et de profiter de la présence de Dieu dans la prière, mais il ne faut pas oublier que nous devons aussi préparer la rencontre du Seigneur par le témoignage et l’engagement, annonçant la Bonne Nouvelle du Salut par la miséricorde et le service.

Ensuite Jésus invite les disciples à une disponibilité : restez quand vous êtes accueillis, partez quand vous ne l’êtes pas. On ne va pas s’acharner à pêcher là où il n’y a pas de poisson ! Cette disponibilité manifeste la liberté fondamentale indispensable à la vie spirituelle. Non pas la liberté de faire n’importe quoi, mais la liberté qui rend chacun responsable de ses choix. La liberté de celui qui annonce soulignant la liberté de celui qui entend. On pense à la réflexion de sainte Bernadette à son curé : « je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ». La disponibilité dans la mission des soixante-douze nous rappelle que la vie spirituelle ne se mesure pas à l’efficacité mais à la profondeur de notre cœur. Savoir vivre l’instant présent, accueillir les circonstances comme un appel du Seigneur pour que les joies comme les épreuves soient une occasion de suivre le Christ dans la louange ou dans la confiance en Dieu – voilà ce que nous devons rechercher. Comme disait saint Paul dans la deuxième lecture : « ce qui compte c’est d’être une création nouvelle ; pour tous ceux qui marchent selon cette règle de vie, paix et miséricorde ».

Enfin la réflexion du Seigneur nous permet de ne pas nous tromper de priorité : « ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ». C’est aussi ce dont témoigne saint Paul : « la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté ». L’amour de Dieu qui nous a sauvés est plus important que les avantages qu’on peut en retirer. C’est sans doute l’un des poisons les plus pernicieux de la vie spirituelle que de préférer le cadeau plutôt que celui qui le donne. Trop souvent nous recherchons le pouvoir plutôt que la communion parce que nous attachons plus d’importance à la terre qu’au ciel, au temps qu’à l’éternité, aux effets qu’à la cause.

En nous rappelant la mission des soixante-douze, l’évangile nous invite à retrouver le souffle de notre vie spirituelle. Par la sobriété qu’implique l’engagement, par la disponibilité qui permet la liberté, par l’attachement au cœur de Dieu nous pourrons goûter à la joie qu’annonçait le prophète Isaïe, la joie des serviteurs du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle nous apprenne à être signes du Salut là où nous sommes. Trône de la sagesse qu’elle nous montre comment accueillir le don de Dieu. Porte du Ciel qu’elle guide nos regards pour que nos cœurs puissent battre au rythme du cœur de Dieu et que nous demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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26 juin 2022 7 26 /06 /juin /2022 09:04

13TOC

13° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

1 R 19,16b.19-21 ; Ps 15 ; Ga 5,1.13-18 ; Lc 9,51-62

Il y a quelque chose d’un peu étonnant dans les conseils de saint Paul aux Galates lorsqu’il leur recommande de ne pas se mettre à nouveau sous le joug de l’esclavage. Comme si la liberté était une attitude plus qu’une situation. En les avertissant de rester dans l’appel à la liberté, il les prévient que celle-ci peut se dissoudre en s’égarant. C’est vrai qu’il existe des libertés trompeuses, qui sont des servitudes déguisées. L’image qui me parle le mieux de ces fausses libertés, c’est la scène d’un film où l’on voit un homme passablement éméché devant la grille entourant l’obélisque de la place de la Concorde à Paris. Indigné de se trouver devant une grille, il l’escalade pour se retrouver à l’intérieur de l’enclos, où il s’écrit : “enfin libre” alors qu’il se trouve plutôt enfermé ! Ainsi il peut nous arriver de nous croire libérés au moment même où l’on s’enchaîne. Voyons donc comment le Christ nous invite à la vraie liberté en démasquant les fausses libertés.

L’Apôtre parle d’abord de l’égoïsme. C’est que la liberté égoïste en prétendant n’obéir qu’à notre seul intérêt nous rend esclave de nos désirs. Celui qui veut être son seul maître se retrouve surtout son propre esclave. L’égoïsme nous enferme dans l’espace restreint de notre mesure. C’est une liberté limitée, comme une petite bulle de confort à l’image du terrier des renards ou du nid des oiseaux. Le Christ au contraire nous invite à la foi. Une confiance librement consentie dans sa parole qui élargit nos horizons aux dimensions du cœur de Dieu. A la manière d’Élisée recevant le manteau d’Elie, la foi nous entraîne dans le souffle de l’Esprit Saint.

Ensuite, l’évangile rapporte la consigne du Seigneur de ne pas regarder en arrière. C’est que la nostalgie est une autre illusion de liberté. Elle est d’autant plus terrible qu’elle agit comme un mirage en nous faisant croire que nous avons perdu ce qui nous attend ! La liberté nostalgique nous enchaîne au poids de l’histoire qui est d’autant plus lourd qu’elle nous fait rêver d’un passé idéal oubliant les épreuves et les difficultés surmontées. Au contraire le Christ appelle à contempler le Royaume de Dieu, qui est devant nous. C’est ce qu’on appelle la vertu d’espérance : reconnaître que notre avenir est en Dieu et que la plénitude de notre vie est à venir.

Enfin Jésus nous montre l’exemple dans la rencontre avec les samaritains qui refusent de le recevoir. Jacques et Jean prétendent alors faire tomber le feu du ciel pour marquer leur puissance, comme si la liberté se devait d’être une épreuve de force où l’on ne s’épanouit qu’en dominant les autres. Cette liberté agressive est aussi une illusion puisqu’elle précipite dans l’escalade de la violence où l’hostilité répondant à l’hostilité, la victoire demeure sous la menace de la revanche. Au contraire comme le rappelait saint Paul, le Christ nous invite à l’amour de charité qui consiste d’abord à se mettre au service les uns des autres. Et si le principal est de donner, quand l’un refuse, on part pour un autre village où d’autres accueilleront ce que les premiers n’ont pas voulu.

C'est la foi qui nous libère de la liberté égoïste, c'est l'espérance qui nous libère de la liberté nostalgique, c'est la charité qui nous libère de la liberté agressive. Puisque nous avons suivi le Christ faisons lui confiance : en nous ouvrant à la présence de Dieu il nous permet de ne pas nous enfermer dans la satisfaction de notre seul intérêt. Puisqu’il nous a promis la vie divine, avançons vers le Royaume de Dieu. Imitons son exemple en vivant sous le signe de l’amour et du service mutuel. Ne nous trompons pas de liberté mais rejetons les chaînes de l'égoïsme, de la nostalgie et des conflits pour être vraiment libres.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance, qu'elle nous apprenne à grandir dans la Foi. Porte du Ciel qu'elle nous soutienne dans l'Espérance. Mère du Bel Amour qu'elle nous accompagne en vivant dans la Charité pour que nous puissions accueillir le don de Dieu et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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