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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 14:13

5TOB

5° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Jb 7,1-4.6-7 ; Ps 146 ; 1 Co 9,16-19.22-23 ; Mc 1,29-39

Il y a comme une résonnance de l’évangile dans la deuxième lecture. Comme Jésus, saint Paul affirme l’importance et le caractère prioritaire de l’annonce de l’évangile. Sans doute n’est-ce pas étonnant de trouver un écho des paroles du Seigneur dans l’enseignement de saint Paul, c’est même le contraire qui serait surprenant. Mais il est assez rare au temps ordinaire que la deuxième lecture et l’évangile (qu’on lit parallèlement en continu) évoquent le même thème. Accueillons la coïncidence comme un appel de l’Esprit Saint à voir comment « annoncer l’évangile »

La première chose … et on le comprend facilement, c’est l’aspect d’enseignement. Il ne s’agit pas de se raconter soi-même, mais de transmettre une parole qui nous a été confiée. « J’annonce l’Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, sans faire valoir mes droits de prédicateur » dit l’Apôtre. En disant cela, il nous fait comprendre que l’annonce de l’évangile relève de la vie chrétienne, et que ce n’est pas réserver à certains. Il faut oser dire – parfois à contre-courant de l’opinion majoritaire – la Parole de Dieu. Cela suppose évidemment de la connaître, pour être sûr de dire l’évangile et non pas simplement notre opinion ou nos idées.  Cet aspect est particulièrement important de nos jours. La foi, l’évangile, ne vont pas de soi dans notre monde. Alors que dans un passé encore assez récent, on pouvait supposer que tout le monde connaissait l’évangile, nous réalisons que ce n’est plus le cas, et ceux que nous côtoyons ont besoin que quelqu’un leur dise ce qu’est réellement la Parole de Dieu prononcée en Jésus, celle à laquelle nous avons répondu par la foi et en laquelle nous croyons. J’aime contempler l’image de Jésus face aux apôtres qui lui disent « Seigneur tu as beaucoup de succès, tout le monde te cherche », et qui leur répond que l’annonce de la Bonne Nouvelle est prioritaire, qu’elle doit être annoncée aussi à d’autres et qu’elle passe avant sa propre popularité. C’est un bel exemple de la liberté qu’exige l’annonce de la Parole ! Le premier effort que nous devons faire pour annoncer l’évangile, c’est l’effort de dire l’Évangile, parfois humblement, parfois dans l’adversité, mais ne jamais y renoncer.

Mais il ne suffit pas de parler de Dieu … il faut aussi parler à Dieu. Et c’est sans doute la raison pour laquelle Jésus se retire pour prier, dès le petit matin. Une autre manière d’annoncer l’évangile, c’est la prière et en particulier la liturgie. Célébrer le mystère de Dieu, ensemble. Dans la liturgie, on ne se contente pas de dire le mystère, on le vit, on y participe. Si nous voulons annoncer l’évangile, si même, comme dit saint Paul, nous voulons y avoir part, il faut aussi prendre le temps de prier. Prier en contemplant le mystère de ce Dieu qui nous aime et qui se donne à nous ; prier pour le monde, comme nous le faisons dans la prière universelle, par exemple, mais comme nous pouvons le faire dans le secret de notre chambre, au cœur de notre cœur. Notre baptême nous a rendu capables de prier, nous devons veiller à accomplir ce que nous sommes. La prière est une porte ouverte sur le ciel, elle rend le mystère de Dieu réellement présent sur la terre. Rien de grand dans l’Église – et sans doute aussi dans l’humanité – ne s’est fait sans prière. C’est le deuxième effort que nous devons faire, la deuxième manière d’annoncer l’Évangile : Prier.

Enfin, après l’enseignement, après la liturgie, la troisième manière d’annoncer l’évangile, c’est d’imiter le Seigneur qui guérit les malades et chasse les esprits mauvais. Sans doute nous n’imaginons pas pouvoir guérir des fièvres, juste en tendant la main. Mais Saint Paul nous montre comment cet aspect de l’annonce de l’évangile peut nous concerner : « je me suis fait le serviteur de tous […] je me suis fait tout à tous ». Ce troisième aspect de l’évangélisation s’appelle la diaconie. Il est des fièvres comme la solitude ou la tristesse qu’une main tendue peut fort bien guérir. Tout au long de l’histoire, les chrétiens se sont fait serviteurs, cherchant à soulager les maladies et les souffrances. Ce service de l’humanité rend crédibles les paroles que nous prononçons, et mets en œuvre le mystère que nous célébrons, c’est la raison pour laquelle ce troisième aspect est aussi important que les deux autres.

Annoncer l’évangile suppose donc de dire, de prier et de servir. Certes il y a des gens qui spontanément seront plus doués, et plus enclins, à l’un ou l’autre de ces aspects, et c’est vrai que c’est ensemble, en Église, dans la complémentarité des charismes que nous évangélisons. Mais aucun de nous n’est dispensé de dire, de prier ou de servir.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est la Vierge de l’Annonce, qu’elle nous apprenne à porter toujours plus fidèlement la Parole de Dieu. Elle qui est la Demeure de l’Esprit Saint, qu’elle nous montre comment nous tenir en présence de Dieu dans la prière. Elle qui est la Mère de Miséricorde, qu’elle ouvre nos yeux à ceux de nos frères qui ont besoin d’une main tendue pour accueillir dans leur vie la force de la Résurrection. Et qu’ainsi nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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28 janvier 2024 7 28 /01 /janvier /2024 13:58

4TOB

4° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Dt 18, 15-20 ; Ps 94 (95) ; 1 Co 7, 32-35 ; Mc 1, 21-28

Nous voici donc invités à Capharnaüm, au début du ministère public de Jésus, alors que sa renommée commence à se répandre en Galilée, tant à cause de sa manière d’enseigner, que de cet épisode spectaculaire où il chasse l’esprit impur qui tourmentait l’un des assistants. « Tais-toi ! Sors de cet homme » a dit le Seigneur, et l’esprit est sorti de cet homme, non pas en silence mais avec un grand cri. Pourtant le plus grave n’est pas tellement cette vocifération de l’esprit impur que l’on peut regarder comme une capitulation désespérée et hargneuse, le plus grave serait que ses paroles continuent de résonner dans nos cœurs, comme s’il n’y avait que le ton et l’intention qui étaient à réprouver. Si Jésus a ordonné « tais-toi ! » c’est que tout ce qui a été dit était faux et dangereux. L’esprit est à considérer comme l’un de ces faux prophètes contre lequel le Deutéronome nous mettait en garde. Comme toujours en la matière, le diable est dans le détail, et sous l’apparence d’une vérité plausible, il n’y a une approche tordue, dont il faut se méfier. Faisons-donc taire cet esprit impur en prenant le contrepied de tout ce qu’il a dit.

Tout d’abord il y a une sorte de défiance, de mise à distance « que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? ». En grec le titre même est suspect, il faudrait le traduire par Jésus Nazarénien : la traduction française a rajouté une préposition qui n’est pas dans le texte grec. Ce qui est dommage, parce que dans tout le Nouveau Testament il n’y a que le démon de Capharnaüm qui appelle Jésus de cette manière. Il ne s’agit donc pas d’un rappel de son origine, mais d’une sorte de mépris, peut-être même une manière d’insulte. La première attitude à éviter est cette méfiance hostile. Au contraire, l’étonnement devant Jésus devrait nous rapprocher de lui, nous faire découvrir à quel point nous sommes concernés. Il y a tant de manières de se tenir à distance de l’évangile. En ne s’y intéressant pas, en en faisant quelque chose d’inaccessible, ou en le considérant comme une simple curiosité littéraire ou culturelle. On ne peut pas rester objectif devant l’évangile, pas plus qu’on ne peut rester objectif devant la parole de ceux qu’on aime ! L’expression de l’esprit impur dit littéralement « qu’y a-t-il entre toi et nous ? », alors que nous devrions dire, comme saint Paul sur le chemin de Damas : « Seigneur que veux-tu que je fasse »

Ensuite il y a de la suspicion : « Es-tu venu pour nous perdre ? » … et spontanément nous pensons que, oui, Jésus est venu perdre les esprits impurs. Mais si nous nous tenions dans la synagogue à ce moment-là, nous aurions vu un homme énervé dire « es-tu venu pour nous perdre ? » et nous nous serions peut-être posé la question pour nous. Si Jésus n’enseigne pas comme les scribes, est-ce pour nous détourner de la loi ? Non ! Jésus n’est venu pour perdre personne mais pour sauver tout le monde. Comme il est facile de décliner, sans doute plus calmement, la question du démon de Capharnaüm, chaque fois que l’on se demande à quoi sert la vie chrétienne. Est-il venu pour nous apprendre à vivre ensemble, ou à vivre mieux ? L’évangile est-il là pour que nous soyons heureux ? La prière sert-elle à surmonter les difficultés ? Tout cela n’est pas faux, mais c’est très réducteur ! Ce qui est en jeu, c’est notre salut, non seulement la vie éternelle mais la plénitude de ce que nous sommes ! Plutôt que de s’interroger sur l’utilité de la foi, nous devrions réaliser, comme saint Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle ».

Enfin il y a de l’arrogance : « je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu ». Dans l’évangile de Marc, il n’y a que les démons qui prétendent savoir qui est Jésus. Et le titre « le Saint de Dieu » est une sorte de pléonasme. On le retrouve une seule autre fois dans la bouche de Pierre, encore y a-t-il de nombreuses variantes du texte selon les manuscrits. Bien sûr ce n’est pas faux, mais c’est un peu exagéré, surtout dans ce contexte. C’est comme si le démon de Capharnaüm prétendait opposer à l’autorité de Jésus sa propre autorité, et utilisait un titre pompeux pour se moquer de lui. Encore une fois, il faut se méfier de la vérité brandie en étendard pour s’imposer. Le savoir ne donne pas un privilège mais une responsabilité, c’est-à-dire une mission. Et l’on ne s’approche pas des mystères de Dieu par la prétention mais par l’humilité. Si nous avons une affirmation à faire devant Jésus, c’est plutôt celle de saint Thomas au soir de Pâques : « mon Seigneur et mon Dieu ».

En intimant à l’esprit impur de se taire dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus nous avertit de ne pas l’écouter, de ne même pas y prêter attention si ce n’est pour s’en éloigner. Au lieu de se tenir à distance de l’Évangile, acceptons que l’étonnement nous conduise à la disponibilité ; au lieu de s’interroge sur le projet de Dieu, prenons la main qu’il nous tend pour nous sauver ; au lieu d’étaler notre connaissance, entrons dans l’humilité de la contemplation.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Imitons sa disponibilité au message de l’ange, en reprenant ses paroles à l’Annonciation « que tout se fasses en nous selon sa parole ». Unissons nos cœurs au sien en priant le Magnificat « car le Seigneur a fait pour nous des merveilles, saint est son nom ». Entendons son invitation aux noces de Cana : « faites tout ce qu’il vous dira » pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 13:04

3TOB

3° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Jo 3,1-5.10 ; Ps 24 ; 1 Co 7,29-31 ; Mc 1,14-20

« Encore quarante jours et Ninive sera détruite », l’avertissement de Jonas, résonne avec celui de saint Paul : « le temps est limité ». Et l’on comprend que le message rejoint celui de Jésus : « convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Il est magnifique d’imaginer la scène et de contempler la force de la Parole de Dieu. Jonas parcourt à peine un tiers de la ville et tous se convertissent et changent de vie. Eh bien laissons-nous guider par notre imagination pour la méditation. Imaginons que quelqu’un passe dans la rue et proclame « encore quarante jours et Toulon sera détruite ». Que ferions-nous ?

La première réaction, c’est peut-être l’incrédulité. On ferme les portes et les fenêtres (surtout en cette saison) pour ne pas être dérangé par ce fou qui passe : on en voit tellement de nos jours ! Mais comme ce n’est pas ce qu’ont fait les habitants de Ninive, il faut se mettre dans la situation où nous reconnaissons qu’il s’agit d’une parole qui vient vraiment de Dieu, une parole qui va se réaliser.

Prenant au sérieux le message : « encore quarante jours et Toulon sera détruite », certains petits malins vont considérer que ça ne les concerne pas, puisqu’ils habitent à La Valette ou à Ollioules. D’autres penseront qu’il suffit de s’en aller, d’aller ailleurs, de mettre un peu de distance avec la catastrophe et de prendre la fuite : quarante jours, c’est largement suffisant pour faire ses bagages et partir. Mais la fuite devant la Parole de Dieu n’est jamais une solution, on ne triche pas avec la Parole de Dieu. D’ailleurs l’avertissement de saint Paul est plus général : « le temps est limité ». C’est plutôt notre vie actuelle qui est visée. Le sens de l’annonce est bien « encore quarante jours et votre vie sera détruite ».

Certains vont se faire fatalistes. On fait son testament, on met les choses en ordre et l’on attend tranquillement la fin des quarante jours. C’est ce qu’un philosophe appelle les « esprits chameaux ». On supporte et l’on croit être vertueux parce qu’on reste inactif. Mais croyez-vous que ce soit ce que voulait le Seigneur ? Des oiseaux qui se cachent pour mourir ? La Parole de Dieu n’est pas faite pour nous paralyser mais pour nous mettre en mouvement. D’autres imaginent sans doute que si on les avertissait que leur vie finirait dans quarante jours, ils en profiteront pour faire ce qu’ils ont toujours voulu faire sans jamais oser franchir le pas. Pour les plus vertueux ce sera un voyage dans un pays exotique ou une expérience enthousiasmante. Pour d’autres ce sera des choses plus ou moins légales. Peu importe après tout, si le temps est limité, il n’y a plus de punition à craindre, autant profiter de la vie. Mais devant la Parole de Dieu, la révolte ne vaut pas mieux que la résignation. Tout au plus dévoile-t-elle la vérité du cœur, les valeurs qui nous animent, les désirs inavoués qui nous font rêver.

Évidemment, la bonne réaction, celle qu’attend le Seigneur, celle qui motive sa parole, c’est celle des habitants de Ninive, celle à laquelle le Christ nous invite, celle que décrit saint Paul : la conversion. S’attacher à ce qui demeure en se détachant ce qui passe. Si ma vie est en Dieu, elle ne sera jamais détruite ; si ma vie résonne de Sa parole, le ciel et la terre passeront, sa parole ne passera pas ; si ma vie est donnée rien ne pourra la détruire. Le prestige, l’argent, la puissance, les biens matériels … ça passe. La considération, l’admiration, le pouvoir, le confort … ça passe. Le plaisir, le bien-être, la bonne santé … ça passe. Il n’y a qu’une seule chose qui ne passe pas c’est le Christ, lui qui nous appelle « Venez à ma suite ».

Oui, le temps est limité ; oui, il y a une certaine urgence à suivre le Christ ; oui, il ne faut pas tarder à tourner nos cœurs et nos vies vers l’Évangile pour vivre déjà au rythme de l’éternité. Il passe, ce monde tel que nous le voyons et il ne faut pas attendre pour s’attacher à celui qui demeure.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle affermisse notre foi pour que nous puissions accueillir l’appel du Seigneur qui transforme notre vie. Porte du Ciel qu’elle fortifie notre espérance pour que nous puissions entendre la promesse et nous rendre disponible à la vie éternelle. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne dans la charité, et que laissant nos cœurs battre au rythme du cœur de Dieu, nous puissions demeurer en lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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14 janvier 2024 7 14 /01 /janvier /2024 14:09

2TOB

2* Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

1 S 3,3b-10.19 ; Ps 39 ; 1 Co 6,13b-15a.17-20 ; Jn 1,35-42

Après les festivités autour de la naissance du Seigneur, nous voilà invité à reconnaître la présence de Dieu dans l’ordinaire de notre vie. Et l’évangile qui nous introduit à ce temps est celui qui rappelle le commencement de la vie publique de Jésus, quand les premiers disciples le rejoignent. Dans un premier temps, André et un autre disciple suivent Jésus. Évidemment celui-ci s’en aperçoit, et s’inquiète : « que cherchez-vous ? » après un bref dialogue le Seigneur les invite. L’évangile décrit ainsi le moment où ils passent du statut de curieux à celui de disciples : « ils allèrent, ils virent où Jésus demeurait, et ils restèrent auprès de lui ». Reprenons ces trois moments qui sont comme une description de la vie chrétienne.

« Ils allèrent ». Tout commence par un mouvement, un déplacement. C’est le signe que tout commence par une conversion, un changement. On sait que déjà, ils suivaient le Seigneur, mais le principe du mouvement c’est qu’il se déploie dans le temps. Trop souvent, on pense que la conversion est seulement un moment, alors que c’est un mouvement. Dit autrement, on ne se convertit pas une fois pour toutes, mais c’est plutôt chaque jour que l’on se convertit. Souvenons-nous des paroles de saint Paul aux Corinthiens. Ne s’adressait-il pas à des chrétiens ? N’avaient-ils pas déjà choisi le Christ ? Et pourtant il les exhorte à changer des choses dans leur vie, et ce ne sont pas des ajustements de détails. La conversion à laquelle nous sommes invités dans l’ordinaire de notre vie, consiste à vérifier que nous sommes à la suite du Christ, et non pas que nous prétendons que le Christ nous suive. Par exemple, lorsqu’on demande une bénédiction, est-ce pour que Dieu nous conforte dans notre situation ou pour qu’il nous guide jusqu’à lui ? La vie chrétienne est un mouvement, et cela implique que nous cherchions à nous convertir toujours plus et toujours mieux.

Ensuite « ils virent où il demeurait ». Voilà une précision étonnante. Plus tard, Jésus ne dira-t-il pas : « les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids, mais le fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête » ? Qu’ont donc vu André et l’autre disciple ? Il y a quelque chose de mystérieux dans cette phrase : « ils virent où il demeurait ». Parce que le deuxième moment, après la conversion, est la contemplation. Se rendre disponible au déploiement du mystère. Pour le jeune Samuel dans le Temple il s’agissait aussi de se rendre disponible au mystère : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». La vie chrétienne ne peut pas en rester à une simple curiosité, ni même à un effort de conformité moral. Il faut accepter cette présence à la présence dans la prière qui se fait écoute de la Parole et contemplation.

Enfin « ils restèrent auprès de lui ce jour-là » … mais nous savons qu’ils restèrent auprès de Jésus les autres jours aussi. C’est un troisième temps : celui de l’engagement et de la fidélité. Dans un monde où tout va très vite, ce n’est pas toujours l’aspect auquel nous sommes le plus sensibles, et pourtant cela fait aussi partie de l’appel du Seigneur. La foi n’est pas une rencontre d’un jour, mais l’aventure d’une vie. La fidélité, l’engagement demandent de la persévérance, et la persévérance nous façonne petit à petit selon le cœur de Dieu. Car il ne s’agit pas de ne plus bouger, mais de revenir constamment, malgré les difficultés et malgré les lassitudes. La persévérance est une forme de purification par laquelle l’amour dépasse l’émotion, la foi dépasse l’opinion et l’espérance dépasse l’optimisme.

Ils allèrent, ils virent, ils restèrent … en trois verbes, l’évangile nous trace le programme de la vie à la suite du Christ : se convertir, contempler et s’engager.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs, qu’elle nous apprenne à nous détacher de ce qui éloigne de Dieu ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende présents à la Présence ; Consolatrice des affligés qu’elle nous fortifie dans nos engagements, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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7 janvier 2024 7 07 /01 /janvier /2024 14:09

EPH

Epiphanie du Seigneur

Is 60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3. 5-6 ; Mt 2,1-12

La fête de l’Épiphanie du Seigneur n’est pas une réplique gastronomique ou folklorique de Noël, c’est même une célébration très ancienne qui nous invite à méditer un aspect parfois un peu trop négligé du mystère chrétien : Dieu s’est manifesté pour tous les hommes, tous les peuples sont invités à connaître et adorer l’amour du Seigneur. C’est ce qu’annonçait Isaïe dans la première lecture, c’est ce qu’expliquait saint Paul dans la lettre aux Éphésiens.

La figure de cette fête est évidemment les mages venus d’Orient, dont on dit qu’ils étaient rois et qu’ils étaient trois. Ils sont l’image de cette connaissance de Dieu accessible à tous. Pour méditer sur ce mystère et comprendre comment connaître Dieu, nous pouvons mettre en contraste de l’image des trois mages un autre trio venus d’Orient : les trois singes qui – dit-on – représentent la sagesse. L’un a les mains sur les yeux, l’autre sur la bouche, le troisième sur les oreilles. Sans doute y a-t-il dans cette image des trois singes quelque chose de très vrai et de très vénérable, mais aujourd’hui, les trois mages nous invitent à une autre sagesse pour connaître Dieu.

La première chose, c’est qu’il faut ouvrir les yeux. Comment, en effet, les mages auraient-ils pu « voir son étoile se lever » s’ils n’avaient pas les yeux ouverts pour scruter la nature ? Ces mages sont des savants, au regard curieux pour essayer de comprendre. Et c’est le point de départ de toute démarche vers Dieu. Si nous voulons comprendre Dieu, nous n’avons pas à craindre la science ni la réflexion ! Le Seigneur ne nous demande pas d’être aveugle, mais au contraire de regarder et d’observer. Il nous a donné une intelligence pour comprendre le monde, et le monde nous parle de lui, le monde nous ouvre à sa présence. La première étape du chemin de l’épiphanie, c’est d’essayer de comprendre. Nous ne pourrons jamais voir Jésus si nous gardons les mains sur nos yeux !

Non seulement ils ont les yeux ouverts, mais ils se mettent en marche, et leur marche les conduit à Jérusalem où semble-t-il l’étoile disparaît. Parce qu’aussi perçante que soit notre vue, aussi grande que soit notre science, il arrive un moment où l’on touche ses limites. Alors les mages doivent demander conseil. Ils doivent ouvrir la bouche pour interroger, pour se faire aider. Il ne s’agit pas de parler à tort et à travers, de cancaner ou de pérorer, il s’agit de demander. C’est un autre aspect de la recherche du Seigneur : réaliser que nous avons besoin des autres, que nous ne savons pas tout. C’est une étape qui nous dispose à l’humilité, une disposition essentielle sans laquelle nous ne pourrons pas rencontrer Dieu ! La deuxième condition pour adorer le Seigneur, c’est de ne pas garder les mains sur la bouche mais de prier et de questionner.

Mais ce n’est pas tout de questionner … il faut encore ouvrir les oreilles pour entendre et écouter la Parole de Dieu. C’est cette parole entendue qui va indiquer aux mages la fin du chemin, où d’ailleurs ils retrouvent l’étoile. La Parole ne supprime pas notre connaissance, mais la transfigure et la porte à son achèvement. Ouvrant les oreilles, ils ont encore besoin de leurs yeux ! La foi et la science ne s’opposent pas, elles sont, selon la belle formule de Jean Paul II comme les deux ailes de l’intelligence humaine. La troisième étape du chemin de l’épiphanie demande que nous enlevions nos mains des oreilles pour être entendre la révélation, et c’est à l’écoute de la Parole que nous pourrons parvenir jusqu’à la crèche.

Là, devant l’enfant, l’histoire n’est pas terminée ! Ces mains qui ne sont ni sur les yeux, ni sur la bouche, ni sur les oreilles, sont ouvertes pour offrir l’or, l’encens et la myrrhe. Il ne s’agit plus simplement d’observer, de questionner et d’écouter, il faut encore donner et se donner. Le but de la longue marche des mages n’est pas une curiosité, une aventure ou un apprentissage, mais de se prosterner devant celui qui vient de naître. Si Dieu se manifeste à nous ce n’est pas pour que nous le regardions comme un spectacle, ce n’est pas pour nous ouvrir le bureau des réclamations, ni même pour nous révéler ce que nous ne pouvons pas savoir par nos propres forces ; si Dieu se manifeste c’est pour que nous puissions l’aimer comme il nous aime, et comme son amour est universel, il se manifeste à toutes les nations. Alors, comme les mages qui « rentrent chez eux par un autre chemin », l’adoration nous transforme, pour que nous transformions le monde.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne dans ce chemin de l’Épiphanie auquel nous sommes invités. Elle qui est l’Etoile du matin, qu’elle ouvre nos yeux pour que nous sachions observer et contempler. Elle qui est la Mère du Bon Conseil, qu’elle ouvre nos bouches pour que nous sachions demander et prier. Elle qui est le Trône de la Sagesse, qu’elle ouvre nos oreilles pour que nous sachions écouter la Parole et la mettre en pratique, ainsi nous pourrons à notre tour adorer celui que nous célébrons et lui offrir l’or de notre foi, l’encens de notre espérance et la myrrhe de notre charité, pour demeurer en lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles

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31 décembre 2023 7 31 /12 /décembre /2023 14:47

NO-SF-B

Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph - année B

Gn 15,1-6 ; 21,1-3 ; Ps 104 ; He 11, 8.11-12.17-19 ; Lc 2,22-40

Dans la grande semaine qui suit la Nativité du Seigneur, nous sommes invités à méditer et à approfondir le sens de ce qui a commencé dans la nuit de Bethléem. Et le dimanche c’est vers la Sainte Famille que nous tournons nos regards. Cette année, c’est donc l’évangile de la présentation au Temple qui nous est proposé.

C’est un récit dense qui offre de nombreux sujets de méditation, en particulier à travers les figures de Siméon et d’Anne qui témoignent de la vocation de l’enfant. Mais il y a un détail qui pourrait nous échapper, et ce serait dommage. On pourrait penser que les deux rappels de la Loi se rapportent à la même démarche : on imagine que Marie et Joseph offrent « un couple de tourterelles ou deux petites colombes » pour consacrer leur garçon premier né. Mais en fait l’offrande concerne la Purification de Marie et non pas la consécration de l’enfant. L’habitude était, en effet, que les parents, présentant leur enfant au Seigneur pour le consacrer, « rachètent » celui-ci avec une somme d’argent. On peut donc penser que Joseph et Marie viennent confier Jésus au Temple pour qu’il y soit élevé et qu’il serve Dieu depuis son plus jeune âge. Or voilà qu’on leur rend l’enfant : c’est à eux de l’élever, c’est à eux que le Seigneur confie le soin de veiller sur lui. Rien de plus normal, pensez-vous … et pourtant rien de plus admirable que ce message : ce n’est pas au Temple, mais c’est à la famille de former et d’éduquer le Serviteur de Dieu. La lumière des nations ne s’épanouit pas dans l’enceinte sacrée où l’on offre les sacrifices, mais au cœur d’une famille de Nazareth.

Là, dit l’évangéliste, « l’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui ». Voilà qui va nous permettre d’approfondir ce qu’on attend d’une famille. D’abord il s’agit de grandir et de se fortifier. Cela peut paraître bien banal, et pourtant nous savons combien cela suppose de soins attentifs. Il s’agit de nourrir et d’entourer. Les sciences modernes nous ont sensibilisé à l’importance d’une alimentation saine et équilibrée pour la croissance d’un enfant. Il ne s’agit pas de faire porter aux parents une charge excessive, et tout ne dépend pas d’eux, mais ils ont une vraie responsabilité : c’est un véritable engagement. Il y a quelque chose de la réalité de l’Incarnation qui se joue dans la sainte Famille. Pour que le Verbe fait chair puisse grandir et se fortifier, il a fallu que ses parents s’occupent de lui, le nourrissent et le soignent. C’est la condition de tout homme, c’est aussi la condition de Jésus.

Il était rempli de sagesse. Voilà une qualité qui ne nous surprend pas chez le fils de Dieu, mais elle met en lumière un autre aspect du rôle de la famille. A quoi servirait la sagesse si elle ne peut s’exprimer ? Ce n’est pas Marie et Joseph qui donnent à Jésus sa sagesse, mais ils doivent lui permettre de se manifester. Le rôle de la famille n’est pas d’être un moule où l’on fabrique des individus identiques, mais un terreau qui permet à chacun de déployer sa vocation. Il ne s’agit plus de donner ce qui est nécessaire, mais de permettre ce que le Seigneur attend de chacun. Et ce n’est pas le moindre défi pour des parents que d’accepter que leurs enfants soient différents d’eux ! C’est le défi de l’éducation qui n’est pas un formatage mais un accompagnement. C’est là que la famille dépasse le rôle nourricier, que l’on partage avec les animaux, pour devenir une réalité spécifiquement humaine permettant le déploiement de la personne. Une manière de coopérer à l’œuvre de Dieu, ce qui requiert humilité et disponibilité.

Enfin la grâce de Dieu était sur lui. Là encore cela ne nous surprend pas pour Jésus, même si l’on peut espérer que c’est le cas de chacun de nous. Mais qu’est-ce que cela implique pour la Sainte Famille ? Justement d’être sainte, c’est-à-dire accueillante et disponible à la grâce. Jésus ne grandit pas dans un sanctuaire de pierres, mais dans un sanctuaire d’amour, d’un amour qui prend sa source et son souffle en Dieu. Les paroles de Siméon à Marie désignent déjà le mystère Pâques, pour nous rappeler que la sainteté n’est pas un long fleuve tranquille mais la force d’un dépassement où les épreuves sont l’occasion d’un amour plus fort, comme elles étaient pour Abraham et Sarah l’occasion d’une foi plus grande. Et cette troisième dimension nous fait entrevoir combien la famille n’est pas seulement une institution naturelle ni un choix philosophique, mais une réalité spirituelle. En grandissant dans une famille, Jésus assume notre condition humaine, et révèle la vocation de toute famille à la sainteté.

En ce dimanche de la Sainte Famille, nous ne contemplons pas seulement un aspect du mystère de Noël, mais nous sommes invités aussi à découvrir la vocation de nos familles. Un lieu où l’on se donne et prend soin de chacun ; un lieu où l’on s’accompagne et où l’on reçoit les uns des autres ; un lieu qui nous tourne vers le don de Dieu pour que nous devenions le sanctuaire de la présence du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Secours des Chrétiens qu’elle veille sur nous comme elle a veillé sur Jésus ; Mère du Bon conseil qu’elle nous accompagne pour que nous puissions déployer le don de Dieu ; Porte du Ciel qu’elle nous rende disponibles à la présence de Celui qui est venu partager notre condition humaine pour que nous puissions partager sa gloire, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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24 décembre 2023 7 24 /12 /décembre /2023 13:53

4AVB

4° Dimanche de l'Avent - Année B

2 S 7,1-5.8b - 12.14a.16 ; Ps 88 ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1,26-38

Cette année le calendrier liturgique est un peu serré : la quatrième semaine de l’Avent est réduite à sa plus simple expression : nous sortirons du quatrième dimanche pour entrer dans les célébrations de Noël. C’est dire que nous n’aurons pas beaucoup de temps pour méditer les textes que nous venons d’entendre ! Ce n’est pas pour autant qu’ils ne doivent pas préparer nos cœurs au mystère que nous allons célébrer. Il nous a été présenté deux grandes figures de l’histoire du salut : le roi David et la Vierge Marie. Or les deux récits commencent par la même remarque du prophète Nathan comme de l’ange Gabriel : « le Seigneur est avec toi ». Puisque nous allons fêter la naissance de l’Emmanuel – « Dieu avec nous », prenons le temps de voir comment nous pouvons vivre cette affirmation « le Seigneur est avec toi ».

D’abord c’est une présence discrète qui ne s’impose pas et qui ne se revendique pas. On peut noter que chaque fois c’est un autre qui remarque la présence de Dieu auprès de la personne. Parce qu’elle est discrète, la présence divine peut être ignorée ou négligée. Et nous savons, hélas, combien certains mettent tant d’efforts à gommer toute allusion à Jésus à l’occasion des fêtes qui deviennent celle de la fin d’année plutôt que celles de Noël. Souvent, même dans les familles, on considère que les célébrations religieuses viennent troubler les festivités familiales. Alors que l’on fête la présence de Dieu parmi nous, ceux qui la reconnaissent doivent s’effacer devant ceux qui l’ignorent ! « Le Seigneur est avec toi » est déjà un rappel du sens de Noël, une invitation à ne pas négliger celui nous rassemble et qui nous accompagne.

Pourtant il pourrait y avoir un contresens, celui que découvre le prophète Nathan. Que dit-il au roi David ? « Fais ce que tu veux puisque le Seigneur est avec toi ». Comme si la présence de Dieu était une assurance ou une permission. Mais la parole du Seigneur adressée à Nathan dans la nuit vient renverser les choses : ce n’est pas David qui construira une maison pour Dieu, c’est Dieu qui construira une maison pour David. La présence de Dieu n’est pas un instrument au service de nos projets, mais une invitation à participer à son projet. Trop souvent nous demandons à Dieu d’être d’accord avec nous, alors que c’est nous qui devons être d’accord avec lui. Demander une bénédiction, ce n’est pas demander que Dieu accepte ce que nous voulons faire, c’est demander que nous fassions la volonté de Dieu. Que de fois dans l’histoire du monde, comme dans notre cœur, nous avons fait de la présence de Dieu un étendard au lieu de la reconnaître comme une responsabilité.

C’est bien l’exemple que nous donne Marie dans le récit de l’Annonciation : « voici la servante du Seigneur ». Elle manifeste ainsi sa disponibilité à la présence de Dieu. Mais la suite de sa réponse nous dévoile un autre aspect important, celui du consentement : « que tout m’advienne selon ta parole ». Aux premières paroles de l’ange, elle avait demandé « comment cela va-t-il se faire ? » et l’on comprend que c’est une manière de dire : « qu’est-ce que je dois faire ? ». Et la réponse de Gabriel est admirable : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre », en d’autres termes : « tu n’as rien à faire, juste à te laisser faire ». Une dynamique semblable à celle que dévoilait la réponse de Dieu au projet de David. La présence du Seigneur est une présence agissante qui nous propose de la laisser agir. Et il est souvent plus exigeant de se laisser faire que de faire soi-même !

Au moment où nous nous apprêtons à fêter la naissance de l’enfant dans la crèche, laissons retentir en nous la salutation « le Seigneur est avec toi ». C’est le rappel d’une présence qu’on pourrait négliger ; ce n’est pas un privilège mais une invitation ; une invitation à le laisser agir en faisant une place toujours plus grande à sa présence et sa puissance dans nos cœurs et dans nos vies.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous rende attentifs à la présence du Seigneur ; Trône de la Sagesse qu'elle nous apprenne à servir celui qui nous accompagne ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende disponibles à la puissance du Très-Haut pour que se déploie en nous le don de Dieu et que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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17 décembre 2023 7 17 /12 /décembre /2023 14:18

3AVB

3* Dimanche de l'Avent - Année B

Is 61,1-2a.10-11 ; Lc 1,46-54 ; 1 Th 5,16-24 ; Jn 1,6-8.19-28

Parmi les nombreuses traditions de l’Avent, nous avons en Provence, la coutume du blé de la Sainte Barbe qui peut nous aider à accueillir la parole du prophète Isaïe entendue dans la première lecture : « comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations ». Cette image de la germination nous permet aussi de mieux comprendre la joie à laquelle nous invitait l’antienne d’ouverture : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur, je le redis : soyez dans la joie. Le Seigneur est proche ». Voyons ce que peut nous apprendre la joie de la germination pour vivre ce temps qui nous prépare à Noël.

La germination est d’abord une promesse qui a déjà commencé. Il ne s’agit pas d’une promesse illusoire ou trompeuse, mais d’une parole qui est déjà en train de se réaliser. Et cela implique une certaine anticipation de ce qui est promis. Si vous plantez un arbre, sans penser à ce qu’il sera dans quelques années, vous risquez fort de le planter trop près de la maison ! Ainsi la germination invite à ne pas vivre dans l’impulsion de l’instant, mais à laisser l’avenir guider le présent. La joie de la germination est une joie par anticipation qui se nourrit de ce qui vient. Aussi le temps de l’Avent nous invite à ne pas nous laisser conduire par les caprices du désir ou l’éphémère de l’émotion, mais par la contemplation de la Parole de Dieu. C’est le temps par excellence pour méditer la Parole du Seigneur, pour la lire et la découvrir, pour la scruter et l’explorer, pour la garder et la ruminer.

Mais la germination demande aussi du discernement. Dans notre impatience nous risquons de négliger la justice et la louange qui commencent à éclore. La graine est si différente de la plante épanouie ! Il est si facile d’être dans la situation que dénonçait Jean Baptiste : « au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Voilà pourquoi saint Paul avertit : « n’éteignez pas l’Esprit […] discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal ». La joie de la germination est aussi une joie qui choisit de s’attacher à certaines choses plutôt qu’à d’autres. Si Dieu nous avertit de sa venue, ça n’est pas pour que nous y restions indifférents ! Aussi le temps de l’Avent est encore un temps de prière, un temps où nous laissons l’Esprit Saint éclairer nos cœurs et nos esprits pour que nous puissions reconnaître ce qui mérite notre attention, ce qui vient du Seigneur et ce qui conduit en sa présence.

Enfin la germination demande encore de la vigilance. La semence est fragile, et elle a besoin qu’on en prenne soin. Comment la plante grandirait si on ne l’arrose pas ? si elle n’est pas placée dans les conditions qui permettent qu’elle s’épanouisse. Ce n’est pas nous qui faisons germer la graine et pousser la fleur, mais nous pouvons l’en empêcher ou la favoriser. Ce n’est pas parce que nous ne dirigeons pas que nous ne pouvons rien faire. La joie de la germination est une joie décidée, qui nous implique et nous engage. C’est ainsi qu’il nous appartient de préparer les chemins du Seigneur, comme le criait Jean Baptiste dans le désert. Nous attendons le Merveilleux Conseiller, et nous préparons son chemin en nourrissant les germes de la sagesse par l’humilité ; nous attendons le Dieu-fort, et nous préparons son chemin en nourrissant les semences de la force par les efforts ; nous attendons le Père à jamais, et nous préparons son chemin en nourrissant les germes de l’amour par la générosité ; nous attendons le Prince de la Paix, et nous préparons son chemin en nourrissant les semences de la paix par le pardon. Le temps de l’Avent est bien un temps de conversion pour que la justice et la louange puissent germer là où nous sommes et éclore devant toutes les nations.

Nous voilà donc invités à entrer dans la joie de la germination. Une joie qui anticipe la promesse en s’attachant à la parole du Seigneur ; une joie qui choisit la justice en se laissant éclairer par l’Esprit ; une joie qui décide la louange en prenant soin du don de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à accueillir la promesse avec confiance. Mère du bon conseil qu’elle nous rende disponibles au souffle de l’Esprit Saint. Rose mystique qu’elle épanouisse en nous ce que Dieu a semé pour que nous puissions accueillir sa présence et revêtir les vêtements du salut, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 13:11

2AVB

2° Dimanche de l'Avent - Année B

 Is 40,1-5.9-11 ; Ps 84 (85) ; 2 P 3,8-14 ; Mc 1,1-8

Nous savons que le temps de l’Avent est un temps d’attente, un temps qui nous invite à fixer nos cœurs sur ce qui va venir et qui n’est pas encore. On pense bien sûr aux célébrations de Noël, mais il n’y aurait pas de raison d’en faire un temps liturgique, si ça n’était qu’une affaire chronologique. Le souvenir de la naissance de Jésus nous invite à attendre son retour dans la gloire. Ainsi l’Avent nous propose de vivre dans l’attente de la présence du Seigneur. Encore cela reste-t-il des grands mots un peu abstraits. C’est pourquoi les différents textes que nous venons d’entendre nous présentent différents aspects de cette présence pour nous aider à mieux comprendre la nature de cette attente.

D’abord l’oracle d’Isaïe. Il commence par un appel « Consolez mon peuple ». La présence du Seigneur est donc une consolation, on l’attend comme on attend une délivrance. C’est une attente qui se vit dans l’espoir, c’est-à-dire dans le refus de la résignation. Malheureusement la vie ne manque pas de difficultés et de souffrances. A l’époque d’Isaïe, il s’agissait de l’exil et de l’esclavage à Babylone, mais il n’est pas nécessaire de se retrouver dans une situation aussi dramatique pour attendre une consolation. N’avons-nous pas trop d’occasion de regretter des ravins qui nous privent de ce que nous voulons, des montagnes qui fatiguent notre marche, des escarpements qui réduisent nos possibilités ? Attendre la présence du Seigneur comme une délivrance, c’est déjà ne pas baisser les bras devant les difficultés, relever la tête plutôt que de courber le dos, ne pas se résigner à l’injustice ni au péché, puisque nous avons besoin que Dieu règne dans le monde comme dans nos cœurs.

Ensuite il y avait la lettre de saint Pierre qui précisait : « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle ». La présence du Seigneur est une nouveauté, on l’attend comme on attend une promesse. C’est une attente qui s’appuie sur la confiance et qui s’exprime par une sorte d’anticipation pour préparer ce qui va venir. C’est pourquoi la Parole de Dieu est si importante pendant le temps de l’Avent. Comment attendre ce qu’on a oublié ? Comment préparer ce qu’on ne désire pas ? C’est en méditant la parole de Dieu que l’on peut contempler le ciel nouveau et la terre nouvelle que l’on attend ; c’est en se laissant guider par cette parole qu’on peut vivre dans la sainteté et la piété, comme nous y invitait l’apôtre. Attendre la présence du Seigneur comme une promesse, c’est grandir dans la foi, creuser le désir du règne de justice, et hâter l’avènement du jour de Dieu en s’attachant à ce qui vient plutôt qu’à ce qui disparaitra.

Enfin, il y avait le témoignage de Jean le Baptiste dans l’évangile. S’il invite à un baptême de conversion, il avertit : « voici venir celui qui est plus fort que moi […] moi je vous ai baptisé avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ». Ainsi ce qu’il propose n’est qu’un début. La présence de Dieu est un accomplissement, on l’attend comme on attend une plénitude. Il y a quelque chose du semeur dans l’attitude du Baptiste. Et c’est encore un aspect du temps de l’Avent qu’on pourrait illustrer par la coutume provençale du blé de la Sainte Barbe. Une manière de se rappeler que Dieu ne vient pas de nulle part, mais qu’il épanouit ce que nous avons semé. L’attente d’une plénitude n’est pas une idée, elle est un engagement et une vigilance pour que le temps déploie ce qui a commencé. Comment attendre le Prince de la Paix si nous ne voulons pas apaiser nos conflits ? Ce n’est pas nous qui apporterons la paix dans le monde, mais nous pouvons déjà être des artisans de paix, de ceux dont Jésus dit qu’ils sont appelés fils de Dieu.

Puisque nous sommes entrés dans le temps de l’attente, attendons la venue du Seigneur qui vient nous consoler en nous ouvrant à l’espérance ; attendons la venue du Seigneur qui accomplit la promesse en progressant dans la foi ; attendons la venue du Seigneur qui est plénitude de sa présence en nous engageant dans la charité

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle nous fortifie dans les épreuves et nous détourne du péché. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous attache toujours plus à la Parole du Seigneur. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à semer ce que nous attendons pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 14:26

1AVB

1° Dimanche de l'Avent - Année B

Is 63, 16b-17.19b ; 64,2b-7 ; Ps 79 ; 1 Co 1,3-9 ; Mc 13,33-37

« Prenez garde, restez éveillés », « Veillez donc », « ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! ». Si l’évangile répète aussi souvent cette invitation de Jésus, on doit pouvoir conclure sans trop se tromper qu’il s’agit là de l’idée principale du texte. Ce n’est pas non plus une surprise, puisque l’invitation à veiller est le maître-mot de l’Avent.

Jésus raconte une parabole pour faire comprendre la situation. « Il en est comme d’un homme parti en voyage ». Il laisse sa maison à ses serviteurs, fixant à chacun ce qu’il doit faire. Il ne dit pas combien de temps il sera absent, mais il dit qu’il reviendra ! Le maître n’est pas mort, il n’a pas abandonné sa maison : il l’a confiée pour un temps. Ainsi nous sommes dans le monde comme ces serviteurs dans la maison. Si Dieu est absent ce n’est pas qu’il n’existe pas ou qu’il ne s’intéresse pas à notre monde, c’est qu’il nous a confié tout pouvoir et nous a fixé à chacun une tâche ! Alors imaginons ce qui se passe, s’il n’y a plus de veilleur.

Tout d’abord il peut y avoir le cas du serviteur qui s’installe dans la maison, à la place du maître. Il va dormir dans sa chambre, lire son courrier et ses dossiers, et il finit par utiliser sa garde-robe. Mais il est plus petit que le maître et n’a pas son instruction. Alors il s’étonne de ne rien comprendre à ce qu’il lit, d’être gêné par des vêtements trop grands … Voilà la situation de l’homme qui se croit le maître du monde, qui agit comme un propriétaire comme si Dieu n’existait pas. La nature des choses vient vite lui rappeler dramatiquement l’orgueil démesuré de sa position : le réchauffement climatique, l’instabilité politique et économique mondiale, les virus de toutes sortes s’imposent à lui et créent des déceptions à la mesure de son arrogance.

Il y a aussi le serviteur qui agit comme l’homme au talent enfoui … puisque le maître n’est pas là, il va négliger ses affaires. La poussière s’accumule, les champs ne sont plus cultivés, les factures ne sont plus payées. Petit à petit la maison ressemble au château de la belle au bois dormant, mais ça n’est pas le serviteur négligeant que le prince charmant viendra réveiller d’un baiser ! Voilà la situation de l’homme qui a oublié la Parole de Dieu et la mission qui lui a été confiée. La vie s’affaiblit peu à peu pour laisser place à la fatalité, au poids du temps et de l’histoire. L’homme devient le jouet des astres et du hasard et qui le conduisent au désespoir de l’usure et de la mort.

Il y a enfin le serviteur qui fait son travail mais qui n’attend plus le maître. Il fait les choses qui doivent être faites, mais il ne sait pas pourquoi. Sa vie devient machinale et son ouvrage routinier. Il ressemble de plus en plus à un robot, il mène une existence sans âme, sans goût sans intérêt. C’est la situation de celui qui n’a pas le désir de Dieu, qui ne sait plus pourquoi il vit et qui vit sans attendre, sans espoir … sa vie n’a pas de sens parce qu’il n’en voit pas le but, il ne sait pas où il va.

Au contraire, le veilleur n’oublie pas qu’il est au service et qu’un autre lui a fait confiance. S’il a des pouvoirs, ce n’est pas pour lui : il sait qu’il devra en répondre. Sa responsabilité ne le gonfle pas d’orgueil mais l’invite à humilité. Le veilleur ne se décourage pas d’attendre et ne laisse pas au temps le soin de garder ce qu’on lui a confié. C’est en s’engageant qu’il veille pour être fidèle à la mission reçue. Le veilleur ne se contente pas d’être là, il nourrit son attente du désir de revoir le maître. C’est ce désir qui lui rappelle le sens de ce qu’il fait et lui donne le goût de le faire.

Pendant ce temps de l’Avent, nous nous préparons à célébrer la venue du Seigneur. Le souvenir de Noël nous rappelle que le Christ doit revenir, qu’il n’a pas quitté le monde, mais que nous l’attendons et qu’il faut nous préparer à son retour. C’est un temps où nous nous efforçons de rester dans l’attitude du veilleur. Nous avons cette année quatre dimanches et trois semaines pour accueillir l’invitation à veiller dans une triple conversion. Conversion de l’humilité qui nous rappelle que le monde n’est pas à nous et que nous devrons en répondre devant Dieu. Conversion de l’engagement qui nous rappelle que Dieu compte sur nous pour prendre soin de ce qu’il nous a confié. Conversion de la contemplation pour creuser en nous le désir de Dieu. Par un effort de prière, de méditation de la parole de Dieu et d’attention à ceux qui nous entourent nous sommes invités à veiller, à attendre avec toujours plus d’impatience la venue du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entrer dans cette préparation à Noël avec détermination et enthousiasme. Arche de la Nouvelle Alliance, Etoile du Matin, et Mère de l’Espérance, que sa prière et son exemple nous permettent de demeurer fidèles à la Parole de Dieu, pour que prenant soin de ce qu’il nous a confié, nous soyons prêts à accueillir le Seigneur lors de sa venue et dignes de demeurer avec lui dans les siècles des siècles.

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