Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 novembre 2022 7 06 /11 /novembre /2022 14:07

32TOC

32° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

2 M 7,1-2.9-14 ; Ps 16 (17) ; 2 Th 2,16-3,5 ; Lc 20, 27-38

Il y a quelque chose de diabolique dans la question des sadducéens. Peut-être n’est-ce pas de la mauvaise volonté et qu’ils ont inventé cette histoire pour discuter avec Jésus de la compatibilité de la résurrection avec la loi, comme ils l’auraient fait avec tout autre rabbin pharisien. Mais l’histoire repose sa question lancinante. Et comme Jésus répond en disant qu’à la résurrection on ne prend ni femme ni mari, certains époux se désolent à l’idée que leur couple puisse être séparé dans l’éternité ! Faut-il alors renoncer à déployer une spiritualité conjugale si le mariage n’est qu’une affaire temporelle ?

Le problème c’est qu’on se laisse piéger par une histoire imaginée, par une fausse problématique et par une conception très différente des choses qui n’a rien à voir avec notre foi et notre vision du monde ! Pour s’en persuader, essayons de nous mettre dans l’esprit des sadducéens et posons-nous quelques questions. D’abord pourquoi sept frères ? la question ne se pose-t-elle pas dès le deuxième ? Ensuite, puisqu’ils admettaient la répudiation, la question ne se pose-t-elle pas sans qu’il soit nécessaire d’inventer cette histoire sordide ? Enfin, où est le problème puisque la Bible dit que Salomon avait 700 femmes et 300 concubines … la question n’est-elle pas encore plus spectaculaire pour lui ? Et c’est là qu’on mesure qu’on est dans une autre conception du monde : le problème c’est donc que c’est une femme ! D’ailleurs, ils ne demandent pas « qui sera son mari » mais « de qui sera-t-elle l’épouse ». Certains répondront, que d’accord, mais pour des époux chrétiens ? Et bien il n’échappera à personne que les veuves chrétiennes ne sont pas obligées d’épouser le frère de leur mari pour lui donner une descendance !

Alors, on peut se demander pourquoi l’Esprit-Saint a inspiré à saint Luc de garder cet épisode de la vie de Jésus dans son évangile, si ça ne sert qu’à nous embrouiller les idées. D’abord, c’est un témoignage de la fidélité de l’évangéliste qui ne cache pas ce que Jésus a vécu. Et puis surtout, ici, l’enseignement de Jésus porte sur Dieu et la résurrection et non pas sur le mariage. Si l’on veut réfléchir au mariage chrétien, c’est à d’autres moments de la vie du Seigneur qu’il faut s’intéresser.

Ainsi la première leçon que nous devons retenir, c’est qu’on ne doit pas imaginer la vie éternelle à partir de notre vie présente. Or c’est un piège dans lequel nous tombons régulièrement. La vie éternelle n’est pas le prolongement de notre vie terrestre, elle en est plutôt l’accomplissement. Pour prendre une image, si notre vie est une fleur, la vie éternelle n’est pas cette fleur qu’on aurait séchée pour la garder toujours, mais elle est comme le fruit de la plante : ce n’est pas qu’elle n’ait rien à voir, mais elle est complétement différente. En fait ce n’est pas la vie terrestre qui sert de modèle à la vie éternelle, c’est la vie éternelle qui éclaire la vie terrestre et en donne le sens.

Pour cela, nous pouvons nous souvenir des sept autres frères dont parlait la première lecture. Eux sont bien réels et ils donnent l’exemple de ce que la résurrection change pour la vie terrestre. D’abord ils témoignent de la fidélité qui n’est pas l’attachement au passé mais l’appel de l’éternité. Ils nous invitent à considérer ce à quoi nous tenons pour que nous accordions plus d’importance à ce qui dure qu’à ce qui passe. Et dans le cas du mariage chrétien, c’est l’amour plus que le plaisir qui fonde la fidélité. Ensuite ils témoignent aussi de la force que donne l’espérance dans les épreuves. Cette grandeur d’âme qui impressionne le roi s’appuie sur la résurrection qui est comme une lumière qui brille dans les ténèbres. Mais quand on est dans un tunnel, pour apercevoir la lumière du jour, il faut lever la tête et non pas garder les yeux fixés sur le sol. Enfin les sept frères du livre des Martyrs témoignent aussi de la puissance de liberté que donne la résurrection. Seul celui qui tient par le ciel peut s’affranchir des remous de la terre. Dans un monde agité, il n’y a guère que la résurrection qui puisse nous donner cette liberté qui permet de garder la paix du cœur.

Alors ne nous laissons pas piéger par l’histoire des sadducéens mais, comme le recommandait saint Paul au Thessaloniciens, tenons fermes à la parole du Seigneur qui poursuit sa course, confiant que le Seigneur Jésus, et Dieu lui-même, nous a donné pour toujours réconfort et bonne espérance par sa grâce. N’imaginons pas la vie éternelle à partir de la vie terrestre, mais laissons la résurrection éclairer notre fidélité, nous soutenir dans les épreuves et élargir notre liberté.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Vierge fidèle qu’elle affermisse notre foi pour que nous nous attachions à ce qui demeure. Consolatrice des affligés qu’elle fortifie notre espérance pour que nous puissions triompher des épreuves. Mère du Bel Amour qu’elle encourage notre charité pour que nous puissions suivre le Christ jusque dans la lumière de la Pâques et resplendir de la Gloire des enfants de Dieu dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
1 novembre 2022 2 01 /11 /novembre /2022 19:51

TSST

Fête de Tous les Saints

Ap 7,2-4. 9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a

Nous voilà donc au jour de la Toussaint, au jour où, dans une même fête, nous honorons tous ceux qui se sont dans la gloire du cœur de Dieu. Ceux qui sont connus et reconnus, mais qui sont trop nombreux pour que l’on puisse consacrer un jour de l’année à nous souvenir de chacun ; mais aussi les inconnus, encore plus nombreux, qui ont vécu en faisant briller sur la terre une lumière divine.

Cette fête de la Toussaint est d’abord un acte de foi. En célébrant la foule immense et innombrable des saints, nous proclamons que la sainteté est possible. Non seulement pour des êtres d’exception, mais pour tous ceux qui acceptent de se laisser conduire par l’Esprit Saint. Nous proclamons que si le Christ a partagé notre condition humaine, c’est pour que nous puissions partager la condition divine. Fêter tous les saints, c’est proclamer notre foi dans les promesses du Seigneur et affirmer que le bonheur n’est pas un horizon lointain qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance, mais qu’il est comme une semence qui déjà porte de nombreux fruits. Si nous imaginons la sainteté comme un idéal inaccessible, comment se fait-il que tant d’hommes et de femmes, de toutes nations, races, peuples et langues aient pu l’atteindre ? C’est que la grâce se déploie à la mesure de la place qu’on lui laisse. Et la foi est la porte que nous ouvrons dans nos vies à la puissance de Dieu. Par la pauvreté de cœur et par la douceur, nous apprenons à faire confiance à Dieu pour que ce soit lui qui nous rende heureux.

La fête de la Toussaint est aussi un acte d’espérance. Elle nous rappelle ce à quoi nous sommes destinés. Elle est l’occasion de contempler le but du chemin que nous parcourons, de creuser en nous le désir de la gloire de Dieu. Comme le disait saint Jean, ce que nous serons ne paraît pas encore clairement : quand on n’est pas arrivés ce n’est pas le moment de s’arrêter ! En nous permettant de fêter la sainteté de tous ceux qui nous ont précédés, l’Église nous donne des motifs d’avancer avec plus de joie et plus d’entrain. Car l’espérance ne consiste pas à rêver mais à attendre, et plus l’espérance grandit, plus le désir se creuse. C’est pourquoi les larmes, la faim et la soif de justice sont les signes que progresse en nous l’espérance de la béatitude.

Enfin la fête de la Toussaint est un acte de charité. C’est une occasion d’aimer plus, d’aimer mieux. Comme une fête de famille resserre les liens et renforce l’unité. Fêter tous les saints, c’est se réjouir du bonheur des autres, c’est découvrir des frères et sœurs aînés qui nous montrent le chemin et qui nous accompagnent. C’est avoir déjà un avant-goût de la Jérusalem Céleste en vivant cette communion des saints qui est le mystère de l’Église et qui nous fait participer au cœur de Dieu. C’est rendre grâce pour la gloire de l’amour partagé avec le Seigneur. Cet amour de charité qui se déploie dans la miséricorde, dans la pureté de cœur et dans la paix.

Oui, aujourd’hui est une grande et belle fête car, confiant dans les promesses du Christ nous croyons que sont innombrables ceux qui vivent dans la plénitude de la lumière divine ; nous contemplons ce à quoi nous sommes appelés pour creuser en nous le désir de voir Dieu ; nous participons à la joie de tous ceux qui déjà chantent la louange du Seigneur et intercèdent pour nous.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais et Reine des Saints nous aide à entrer pleinement dans le mystère que nous célébrons. Porte du Ciel qu’elle nous fortifie dans la foi, Consolatrice des affligés qu’elle nous affermisse dans l’espérance. Mère du Bel amour qu’elle nous entraine dans la charité pour que nous puissions chanter la Gloire de Dieu dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 14:02

31TOC

31° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Sg 11,23-12,2 ; Ps 144 ; 2 Th 1,11-2,2 ; Lc 19,1-10

Si l’histoire de Zachée est bien connue et qu’elle nous réjouit, tant par le pittoresque du récit que par l’heureuse dynamique dont elle témoigne, il n’en allait pas de même pour les observateurs. Tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur ». A vrai dire, à part s’il restait chez sa mère, Jésus ne pouvait loger que chez quelqu’un qui est pécheur ! Sans doute la foule s’indignait-elle que le Seigneur aille chez un « grand pécheur » - ou pour éviter le paradoxe en parlant d’un homme de petite taille – chez un « pécheur notoire ». Alors, qu’est-ce qui scandalise les grognons ? Que Jésus ignore les turpitudes de son hôte ? Qu’il y soit indifférent ou pire qu’il en soit complice ? « Il est allé chez un pécheur » … si cette réflexion était d’abord un reproche, elle peut nous servir de guide pour méditer cet évangile.

Tout d’abord Jésus ne va pas chez n’importe quel pécheur. C’est un pécheur qui cherche à le voir et qui pour cela est capable de courir en avant et de grimper sur un sycomore. Il faut visualiser la scène. Zachée est riche, c’est un notable même s’il est méprisé, et le voilà perché sur un arbre avec tous les gamins du coin. Il y a quelque chose de ridicule dans sa situation. Imaginez un homme en costume cravate à califourchon sur une branche. En plus, vu sa taille et le mépris dans lequel il est tenu, on imagine qu’il y a dans la foule quelques réflexions ou quelques clins d’œil moqueurs. Jésus ne va pas chez un pécheur satisfait, mais chez un pécheur malheureux, ridicule et méprisé. Car il y a deux types de pécheurs. Les pécheurs endurcis, arrogants ou revendiqués, ceux qui se font une gloire de ce qui fait leur honte ; et puis il y a les pécheurs malheureux, ceux qui souffrent autant qu’ils font souffrir, ceux qui sont désolés de succomber encore et encore aux mêmes tentations qu’ils voudraient éviter. C’est peut-être pour nous faire comprendre la part involontaire du mal que l’évangéliste précise la petite taille de Zachée, alors que nulle part ailleurs dans l’évangile on n’évoque le physique des personnes. Jésus n’ignore pas qu’il va chez un pécheur, mais il a reconnu qu’il y avait en lui plus d’humiliation que d’orgueil, et c’est une porte ouverte à sa présence.

Ensuite lorsque Jésus s’adresse à Zachée, il y a quelque chose d’urgent et de nécessaire : « aujourd’hui, il faut … ». Au passage on remarquera que le Seigneur parle de demeurer dans sa maison et non pas simplement de loger – ou pour traduire plus exactement de s’arrêter chez lui. Il ne s’agit pas d’une envie, il ne s’agit pas d’une parenthèse. Il s’agit de quelque chose de plus profond, de plus important, comme un devoir lié à sa mission et qui ne souffre pas qu’on temporise. Évidemment, il n’y a aucune raison que Zachée ait prévu d’accueillir Jésus. La venue du Seigneur vient tout bouleverser : rien n’est prêt et l’on n’a pas le temps de ranger ou de faire des courses. L’histoire ne dit pas si Zachée a couru de nouveau en avant de Jésus ou s’il l’a accompagné jusqu’à sa maison, mais il est dit qu’il l’accueille avec joie. Cette joie de la surprise, cette joie de l’inattendu qui vient combler au-delà ce qu’on espère. Jésus n’est pas indifférent au péché, au contraire, il va chez un pécheur parce qu’il est pécheur et qu’il est urgent et nécessaire d’agir, il est urgent et nécessaire de bouleverser les choses.

Enfin la présence de Jésus a transformé le cœur de Zachée. Celui-ci, debout, comme un homme libre et décidé, s’offre à partager et à réparer le mal qu’il aurait pu faire. Si Jésus va loger chez un pécheur, ce n’est évidemment pas pour en être complice, mais pour qu’il se convertisse. Non pas avec de longs discours moralisateurs, mais dans la simplicité d’une présence généreuse et miséricordieuse qui rayonne sur les cœurs disponibles et disposés. Il va non seulement chercher mais aussi sauver ce qui était perdu, faisant apparaître la véritable dignité de celui qui l’accueille et qui se révèle capable de donner avec générosité plutôt que de prendre avec avidité.

Mais ne nous trompons pas. L’histoire de Zachée n’est pas une anecdote pittoresque, elle est d’abord une parole pour nous. Car dans la communion que nous allons recevoir tout à l’heure, une nouvelle fois Jésus va demeurer chez un pécheur, et ce pécheur ce sera nous. Serons-nous suffisamment humbles pour le reconnaître ? Suffisamment disponibles pour recevoir le Seigneur avec joie ? Suffisamment accueillants pour nous laisser transformer par sa présence ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle fortifie notre foi pour que nous acceptions d’avoir le cœur brisé par nos propres insuffisances. Refuge des pécheurs qu’elle soutienne notre espérance pour que nous répondions promptement à l’appel du Seigneur. Reine des Saints qu’elle élargisse notre charité pour que nous puissions rayonner de la présence que nous recevrons et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
16 octobre 2022 7 16 /10 /octobre /2022 08:51

29TOC

29° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Ex 17, 8-13 ; Ps 120 (121) ; 2 Tm 3,14-4,2 ; Lc 18,1-8

Les récits de l’Ancien Testament ont la réputation d’être plus durs et plus difficiles à comprendre que ceux du Nouveau Testament … réputation largement imméritée, et que les lectures de ce jour viennent contredire remarquablement ! Personnellement, je trouve que la première lecture nous propose une image très parlante pour comprendre ce qu’est la prière.

Rappelons-nous : le peuple de Dieu doit se défendre et affronter les vicissitudes de la vie sous la conduite de Josué. Plus haut Moïse est en train de prier et pour se faire, il lève les bras dans un des gestes les plus antiques de la prière. Et quand Moïse prie, le peuple a le dessus. Mais voilà que Moïse fatigue, il baisse les bras et le peuple perd pied … alors ils trouvent une astuce qui me ravit : Moïse s’assoit et deux hommes lui tiennent les bras pour que le peuple puisse vaincre. La scène est pittoresque et déjà cela vaut la peine de la goûter. Mais en plus l’image donne à penser et à méditer, on peut y trouver de nombreux symboles pour notre vie spirituelle. Détaillons-la pour essayer de mieux profiter de l’enseignement qu’elle contient.

D’abord il ne faudrait pas la comprendre de travers … Il ne s’agit pas d’un acte magique. Ce n’est pas parce que Moïse lève les bras que le peuple gagne. Les bras levés sont signes de la prière et cette histoire nous dit que c’est la prière qui soutient le combat du peuple, un combat qui est le signe du combat spirituel. C’est le premier enseignement de ce texte : sans la prière, nous nous affaiblissons, nous ne pouvons pas vaincre les difficultés de la vie. La prière est la clé du matin et le verrou du soir. Quelle que soit sa forme nous ne pouvons pas vivre pleinement sans prier.

Or, il vient un moment où nous fatiguons, où nos mains s’alourdissent comme celles de Moïse et nous sommes tentés de baisser les bras. Nous pouvons les baisser par habitude, en disant après tout nous avons suffisamment prié, comme s’il s’agissait d’un élan et que nous allions pouvoir continuer à avancer sur notre lancée. Nous pouvons les baisser aussi par lassitude, parce que nous avons l’impression que le Seigneur ne nous entend pas, qu’il ne fait pas ce que nous attendons, que ça ne marche pas ! C’est là que nous devons nous souvenir de l’enseignement de Jésus de l’histoire de ce juge inique qu’il raconte à ses disciples pour qu’ils comprennent qu’il faut toujours prier sans se décourager … Avoir la foi ce n’est pas tellement croire telle ou telle chose, c’est rester fidèle dans la confiance en Dieu, même quand ce n’est pas évident !

Mais comment persévérer ? Et bien faisons comme Moïse ! D’abord il s’assoit sur le rocher. Le rocher sur lequel nous pouvons nous appuyer c’est le Christ … Notre prière ne pourra persévérer que si elle s’appuie sur la prière du Christ. Il n’y a pas à inventer des formules extraordinaires ou de gestes sophistiqués, mais entrer dans la prière du Seigneur. Et pour savoir comment le Seigneur priait, nous avons le Notre Père, nous avons aussi tous les passages de l’évangile qui nous montrent Jésus en train de prier : n’hésitons pas à nous en inspirer !

Ensuite Moïse se fait aider par Aaron et Hour pour qu’ils tiennent ses bras, c’est-à-dire pour qu’ils soutiennent sa prière et partagent sa peine. Aaron, c’est le grand prêtre, il est signe du culte du peuple de Dieu, de la prière communautaire. Voilà pourquoi la messe est importante : elle est le souffle de notre prière, elle soutient notre imploration. Hour … on ne sait pas grand-chose de lui, il n’apparaît que deux fois dans la Bible (la deuxième fois il est encore avec Aaron). Il est le signe de nos frères et sœurs dans la foi, de la foule de ceux que nous connaissons plus ou moins bien mais qui prient avec nous. Il est le signe de la prière amicale et compatissante, de la communion des saints qui est aussi une aide très précieuse, soutenant notre prière comme le culte du peuple.

Oui, l’image de Moïse sur la colline est riche d’enseignement : elle nous rappelle que c’est la prière qui est la force de notre vie, que cette prière demande de la persévérance et de la fidélité, que cette persévérance s’appuie sur la fidélité du Christ, qu’elle est soutenue par la prière de l’Église et la prière des autres

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère de l’Église, Reine des Saints et Vierge fidèle qu’elle nous conduise dans une prière toujours plus solidement enracinée dans le Christ, soutenus par la liturgie et en communion avec tous ceux qui prient. Qu’elle nous obtienne la grâce de persévérer et de mériter ainsi ce beau nom de fidèles. Dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2022 7 09 /10 /octobre /2022 08:43

28TOC

28° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

2 R 5,14-17 ; Ps 97 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17,11-19

Tout d’abord j’ai été contrarié que la première lecture ne commence qu’au milieu de l’histoire de Naaman. J’ai trouvé dommage qu’on ne nous rappelle pas les réticences du général syrien à faire ce que lui demandait Élisée et qu’il trouvait un peu trop banal. Et puis, je me suis dit que si l’on n’entendait que le dénouement heureux de l’aventure c’était sans doute, en lien avec l’évangile, pour qu’on se concentre sur l’action de grâce, sans se laisser distraire par d’autres attitudes spirituelles. Aussi, nous souvenant que la source et le sommet de la vie chrétienne est l’eucharistie – ce qui signifie précisément action de grâce – approfondissons ce que les textes de ce jour nous enseignent sur le sujet.

Évidemment, il s’agit non seulement de politesse, mais surtout de la justice la plus élémentaire : il est normal de remercier lorsqu’on nous a fait du bien ! Mais dans le cas de Naaman, il est intéressant de noter qu’Élisée va refuser le cadeau qu’on lui propose. Sans doute est-ce une manière de rappeler que c’est Dieu et non le prophète qui a guérit. Pourtant le syrien avait déjà reconnu l’action du Seigneur. Alors, Élisée aurait pu accepter d’être remercié pour son intervention et sa prière. Mais non. Il refuse. Comme s’il voulait que Naaman reste son obligé ! Ainsi, celui-ci se retrouve à demander plutôt qu’à donner en guise d’action de grâce. C’est une manière de nous faire comprendre qu’on reste débiteur de Dieu. Il ne s’agit pas d’un échange de bons procédés, où un cadeau répond à un cadeau. Parce qu’on pourrait croire alors que remercier nous rend quitte vis-à-vis du Seigneur et qu’on ne lui doit plus rien ! L’action de grâce ce n’est pas l’attitude de celui qui ne doit plus rien, mais de celui qui reconnait devoir toujours ! Il ne s’agit pas de rétablir un équilibre dans la relation, mais d’accepter de continuer à dépendre de Dieu. En termes spirituels, on peut dire que l’action de grâces ne relève pas tant de la justice que de l’adoration.

Ensuite il y a l’histoire du samaritain et des autres lépreux, que nous avons entendue dans l’évangile. On peut penser que les neuf autres sont allés jusqu’au Temple pour se montrer aux prêtres, comme Jésus leur avait demandé. Mais s’ils étaient revenus plus tard pour remercier Jésus, les disciples n’auraient pas raconté l’épisode ! Et lorsque Jésus dit « ta foi t’a sauvé » on comprend alors que la démarche de celui qui est revenu l’a conduit plus loin qu’une simple guérison. Peut-on, pour autant, reprocher aux neuf d’avoir obéit à la parole du Seigneur ? Non, bien sûr ! Mais on peut remarquer que l’obéissance ne suffit pas, elle manifeste sans doute une confiance mais elle n’est pas encore la foi qui sauve. L’évangile nous fait donc comprendre que l’action de grâce est plus grande que l’obéissance, elle nous conduit plus près du cœur de Dieu. L’obéissance est le début, l’action de grâce est l’épanouissement de la foi.

Enfin nous avons entendu aussi l’exhortation de Paul à Timothée : « Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts ». Ce n’est pas sans rapport avec l’action de grâce, car s’il s’agit de se souvenir du Christ, c’est pour se souvenir du salut et donc pour garder un cœur reconnaissant. On comprend, par les paroles de l’apôtre, que cette exhortation est particulièrement importante dans les épreuves : « c’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné » dit-il. Ainsi nous découvrons qu’on peut aussi rendre grâce dans les épreuves, non pas pour les épreuves elles-mêmes, mais pour garder l’espérance et renforcer notre persévérance. L’action de grâces est aussi le garant de notre la fidélité.

Puisque nous voilà rassemblés pour l’eucharistie, pour l’action de grâce, laissons-nous conduire par les textes que nous avons entendus pour déployer en nous cette attitude qui nous apprend l’adoration, qui manifeste notre foi, qui fortifie notre fidélité.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Humble servante du Seigneur, que son Magnificat forme nos cœurs à l’adoration ; Rayonnement de joie qu’elle nous conduise à la plénitude de la foi ; Consolatrice des affligés qu’elle soutienne notre fidélité pour que nous demeurions en Dieu comme Il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 13:01

27 TOC

27° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Ha 1,2-3 : 2,2-4 ; Ps 94 ; 2 Tm 1,6-8.13-14 ; Lc 17,5-10

Il peut y avoir quelque chose de déconcertant dans l’évangile du jour, outre qu’on ne voit pas très bien le rapport entre les deux parties du texte que nous avons entendu, la réponse de Jésus aux apôtres qui lui demandent « augmente en nous la foi » nous laisse perplexes, surtout avec l’histoire de l’arbre qui va se planter dans la mer. J’avoue avoir eu la tentation de commenter surtout les autres textes qui méritent bien qu’on les médite. Mais la stratégie de fuite aurait été un peu évidente et je ne voudrais pas qu’on croit que je me dérobe à la Parole de Dieu ! Alors je me suis rappelé que l’Ecriture est plus un accord qu’une note et que les pères de l’église avaient coutume de dire qu’il y a au moins quatre sens à un texte, et je me suis dit que ce serait une belle aventure que d’essayer de les explorer sur cet évangile.

Le premier sens est le sens littéral : on lit attentivement le texte pour comprendre ce qu’il nous raconte. Les disciples demandent à Jésus qu’il augmente leur foi, et sa réponse semble dire que leur foi n’est même pas grosse comme une graine de moutarde, ce qui n’est déjà pas beaucoup. « Si vous aviez la foi … vous auriez dit à l’arbre … et il vous aurait obéi ». Un peu comme s’il leur disait vous me demandez d’augmenter ce que vous n’avez pas ! Et c’est vrai, qu’à ce moment-là de l’évangile, les disciples n’ont pas la foi, mais ça n’est pas de leur faute : le Christ n’est pas encore ressuscité … comment pourraient-ils croire puisque la foi vient de la Résurrection ? Ainsi l’on peut comprendre que la foi n’est pas une qualité accessoire, mais une attitude de l’homme devant la Révélation, elle n’est pas une capacité que l’on entretient mais une aventure dans laquelle on s’engage.

Cependant, nous qui lisons ce texte, nous nous sommes engagés, par le baptême à la suite du Christ ressuscité, et – avec toute la modestie qui convient – nous pouvons dire que nous avons reçu la foi. D’où l’importance du deuxième sens, le sens spirituel, qui nous enseigne comment vivre avec Dieu. On peut alors penser qu’au-delà de l’image – un peu exagérée il faut le reconnaître – d’un arbre qui va se planter dans la mer, Jésus veut surtout nous encourager à vivre notre foi avec audace et confiance dans la puissance de Dieu. « Rien n’est impossible à Dieu » disait l’ange à Marie lors de l’Annonciation. Jésus nous invite donc à partager, par la foi, le regard du Seigneur sur le monde. La suite de l’évangile vient toutefois ajouter une nuance d’importance : nous ne sommes que des serviteurs : si la foi peut faire des miracles, ce n’est pas à cause de nous mais à cause de Dieu. Il ne s’agit pas d’épater la galerie ou de satisfaire nos caprices, mais de faire ce que le Seigneur attend de nous.

Ainsi puisque le but de la foi n’est pas le spectaculaire mais la volonté de Dieu, on comprend que l’image de l’arbre qui va se planter dans la mer a surtout une portée symbolique. Et nous pouvons alors rechercher le sens moral, celui qui nous dit ce qu’il faut faire. Un arbre planté dans la mer ne va pas durer très longtemps ; lui commander d’y aller revient à lui dire de dépérir. Or le mot grec désigne un murier. Cet arbre qui fait une belle ombre, mais sous lequel rien ne pousse … et qui laisse ensuite des fruits qui tâchent et salissent partout où l’on va quand on a le malheur d’être passé dessous. Les pères disent que c’est un arbre trompeur, aux belles fleurs blanches qui virent au rouge sang puis au noir. Saint Ambroise y voit le symbole du démon, et l’on comprend alors que la foi implique de déraciner et d’extirper de nos vies les illusions du tentateur. Il n’y a pas de foi sans combat spirituel. Voilà pourquoi saint Paul recommandait à Timothée de raviver le don de Dieu, de s’attacher à l’esprit reçu qui n’est pas un esprit de peur mais de force, d’amour et de pondération.

Il y a encore un quatrième sens, le sens mystique, qui nous introduit dans le cœur de Dieu et dans la vie divine. Or l’arbre peut aussi être le symbole de la vie, comme celui qui était au centre du jardin des origines, et l’on sait que dans la symbolique biblique la mer représente la mort. Ainsi planter un arbre dans la mer signifie faire jaillir la vie de la mort. On est au cœur de la dynamique pascale et l’on comprend que par le pardon, la foi permet à l’arbre de la paix de fleurir au cœur de la mer des conflits ; par l’engagement, la foi plante l’arbre du don de soi dans l’océan de l’égoïsme ; et comme le rappelait Habacuc dans la première lecture, par la fidélité, la foi commande à l’arbre de la justice de se planter dans la mer des émotions.

En répondant aux disciples Jésus ne vient pas nous inciter à faire des choses absurdes et inutiles, mais il nous invite à la foi en restant serviteurs de la Parole de Dieu, il nous encourage à entrer dans le combat spirituel, il nous entraîne sur le chemin du salut qu’il a ouvert par sa Pâque.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Miroir de la sainteté de Dieu, qu’elle nous apprenne la confiance ; Refuge des pécheurs, qu’elle fortifie notre choix ; Porte du ciel, qu’elle soutienne notre fidélité pour que nous puissions vivre selon le cœur de Dieu et demeurer en Lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
18 septembre 2022 7 18 /09 /septembre /2022 13:16

25 TOC

25° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Am 8,4-7 ; Ps 112 ; 1 Tm 2,1-8 ; Lc 16,1-13

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’évangile de ce jour est déroutant … On ne sait pas trop s’il faut admirer le gérant de la parabole, et sur quoi il faudrait prendre exemple. La deuxième partie de l’évangile semble contredire ce que l’on aurait pu comprendre de l’histoire qui précède ; quant à la conclusion – bien que limpide – on voit difficilement ce qui la rapproche des autres enseignements à part la thématique de l’argent et du serviteur. Cela dit, dans l’ensemble on comprend qu’il peut y avoir un problème spirituel dans le rapport à l’argent.

Pourquoi Jésus qualifie-t-il systématiquement l’argent de « malhonnête » ? L’ancienne traduction liturgique disait « trompeur », et l’on pourrait aussi traduire par « injuste ». Ainsi donc, d’après Jésus, l’argent n’est pas ce qu’il semble être ou ce qu’il devrait être. Il devrait faciliter les échanges et les relations, mais en fait il nous entraîne dans une logique profondément faussée, et même contradictoire avec celle que nous propose le Seigneur.

On sait déjà que dans les relations il peut y avoir deux options : prendre ou donner. Et l’on sait que la Parole de Dieu nous invite à préférer le don plutôt que la prise. Le problème avec l’argent c’est que, d’une certaine manière, il déguise la prise en don. Plus exactement il nous apprend à donner pour recevoir. C’est la dynamique économique : l’un donne de l’argent pour recevoir un service, et l’autre donne un service pour recevoir de l’argent. Mais par cet échange le don crée une obligation et l’autre me doit quelque chose. Donc, si je donne, j’ai droit … ce qui n’est pas tout à fait la mentalité du don que nous propose l’évangile. Car si le Christ a donné sa vie pour nous, ce n’est pas pour nous obliger ! La dynamique spirituelle à laquelle nous invite le Seigneur est en vérité l’inverse de la dynamique économique : elle ne propose pas de donner pour recevoir mais de recevoir pour donner.

Et voilà ce qu’il y a de malhonnête dans l’argent, ce qu’il y a de trompeur ou d’injuste : c’est qu’il nous habitue à des relations dans le mauvais sens. Il nous fait croire qu’il faut donner pour recevoir, alors qu’il faut recevoir pour donner. Ainsi notre cœur fonctionne à l’inverse de ce pour quoi il est fait : on est attentif à ce qu’on donne au lieu d’être reconnaissant de ce que l’on reçoit ; on croit que le don nous ouvre un droit, alors qu’il est plutôt de l’ordre du devoir. Aussi lorsqu’on ne reçoit pas ce qu’on attend, on est mécontent et déçu au lieu de s’émerveiller de l’inattendu dans la relation. Bien sûr il ne s’agit pas d’accepter n’importe quoi et de se faire avoir par le premier margoulin venu ! D’ailleurs Jésus, dans l’évangile ne dit pas de supprimer l’argent ou de s’en passer. Mais il ne faut pas prendre l’argent pour modèle de nos relations … spécialement pour les relations amicales et spirituelles.

Par exemple, comme concevons-nous notre prière ? Il est juste de demander … c’est même le premier sens du mot, mais demander ne crée pas d’obligation. Or souvent, nous pensons que Dieu doit exaucer notre prière, puisque nous lui avons donné du temps, de l’énergie ou de l’argent. Penser que prier consiste à donner pour recevoir, c’est confondre la prière et la magie. La prière consiste d’abord à recevoir de Dieu, à reconnaître ce que nous recevons du Seigneur, à se laisser bouleverser par son amour et sa générosité pour ensuite en vivre et en rayonner. L’origine de la prière ce n’est pas nous, c’est Dieu ; celui qui fait le premier pas, ce n’est pas nous, c’est Dieu.

De la même manière, dans le témoignage il ne s’agit pas de donner des leçons ni même de donner un exemple pour recevoir la vie éternelle ou la considération du Seigneur ; dans l’étude de la parole de Dieu, il ne s’agit pas de rechercher la confirmation de nos idées ou la justification de nos habitudes, mais de se laisser abreuver par la source d’eau vive, de se laisser enseigner par la Parole de Dieu, et l’on ne fait que partager ce que l’on a reçu : le prophète est toujours le premier destinataire de la conversion qu’il annonce, l’évangélisateur est toujours le premier concerné par son message.

Et encore dans l’engagement et le service, combien de fois il nous arrive de nous décourager parce que nous n’obtenons pas de notre dévouement la récompense ou au moins la reconnaissance qu’on pense mériter ? On se fatigue quand le résultat n’est pas à la hauteur de nos espérances. Saint Ignace, dans la prière qu’affectionne les scouts, nous indique le bon état d’esprit du service et de l’engagement « sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté ». L’amour qui donne pour recevoir, finit par épuiser ou attrister, celui qui épanouit, c’est celui qui sait partager ce qu’il a reçu.

Nul ne peut servir deux maîtres dit Jésus, parce que Dieu et l’argent ont deux logiques différentes : le serviteur de l’argent devient son esclave car il est à la merci de ce qu’il reçoit, tandis que le serviteur de Dieu devient son ami puisqu’il rayonne de ce qu’il a reçu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à reconnaître la dynamique spirituelle, sans nous laisser égarer par la logique de l’argent. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous montre comment faire toujours plus de place au Don de Dieu. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous entraîne à resplendir de ce que nous avons reçu pour que nos cœurs battent au rythme du cœur de Dieu et que nous demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
11 septembre 2022 7 11 /09 /septembre /2022 09:06

24TOC

24° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Ex 32, 7-11, 13-14 ; Ps 50 (51) ; 1 Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-32

Attraper son trousseau de clés est rarement une expérience émotionnelle forte ! Sauf quand on le retrouve après l’avoir perdu et recherché pendant de longues minutes qui ressemblent à des heures ! C’est cette image (un peu revue et adaptée) que Jésus nous propose aujourd’hui pour comprendre le cœur de Dieu, à travers les trois paraboles de la brebis perdue et retrouvée, de la pièce perdue et retrouvée et du fils qu’on appelle couramment prodigue mais qu’il est plus exact d’appeler le fils perdu et retrouvé !

Pourquoi donc sommes-nous contents de retrouver nos clés perdues ? Parce qu’on en a besoin et qu’elles sont importantes pour nous. Et voilà donc la raison de la joie du Père dans la parabole. Lui aussi est content de retrouver son fils, parce qu’il a besoin de sa présence et que son fils est important pour lui ! Ainsi la joie est proportionnelle à l’importance des choses que l’on retrouve. Si l’on retrouve quelque chose qui nous est indifférent, on éprouvera tout au plus quelque surprise, si l’on retrouve quelque chose à laquelle on est très attaché, la joie sera très grande. Lorsque Jésus nous dit qu’il y a beaucoup de joie au ciel pour un pécheur qui se convertit, il nous fait comprendre combien Dieu est très attaché à chacun de nous.

Mais la joie au ciel pour le retour des pécheurs indique aussi autre chose : la gravité du péché ! Nous savons bien que, plus la recherche des clés dure longtemps, plus l’angoisse et la colère grandit et plus le soulagement de les retrouver est grand ! Plus la peine de la séparation est profonde plus la joie des retrouvailles est grande. C’est pourquoi il ne faut pas croire que les paraboles de la miséricorde viennent diminuer la gravité du péché ! Bien au contraire, en nous montrant la grande joie du ciel pour la conversion, l’évangile nous fait comprendre aussi la gravité extrême du péché. Le père ne se serait pas réjoui s’il n’aimait pas son fils, mais il n’aurait pas réagi non plus de la même manière si celui-ci avait été de retour d’une petite promenade ou d’un voyage sans importance. C’est d’ailleurs ce qu’il dit au fils aîné : ton frère était mort …

Pour comprendre la gravité du péché, nous pouvons revenir à la première lecture. L’un des reproches que Dieu fait au peuple c’est qu’il n’a pas suivi le chemin qu’on lui avait indiqué. Voilà une bonne image pour comprendre la différence entre péché et conversion : tous les deux sont des chemins, mais ils vont dans le sens exactement inverse. Le péché est un chemin qui éloigne de Dieu, la conversion est un chemin qui rapproche de Dieu. Or le chemin qui s’éloigne de Dieu est un chemin de mort, un chemin de folie, un chemin de dispersion. Voilà ce qui provoque la colère de Dieu : quand nous, qui avons été créés pour l’éternité, nous cheminons vers la mort ; quand nous, qui avons été créés pour le bonheur, nous cheminons vers le malheur ; quand nous, qui avons été créés pour la grandeur, nous cheminons vers la mesquinerie.

Or la conversion, c’est le chemin exactement inverse. Et c’est bien un chemin … Il ne s’agit pas juste de pleurnicher ou de protester qu’on est désolé, qu’on s’excuse … Il s’agit de se mettre en route, de quitter le pays où l’on a gaspillé nos richesses, pour faire le chemin inverse et revenir à la maison du Père. Il ne faut pas croire que ça fait plaisir à Dieu de nous voir humiliés : il n’est pas un tyran susceptible qui trouve sa satisfaction dans notre humiliation … pourtant cette humilité est une condition nécessaire au pardon parce que c’est ce qui manifeste que nous avons changé de sens devant Dieu !

Nous réalisons alors que l’attitude de Jésus qui accueille les pécheurs qui cherchent à se convertir n’est pas l’expression d’une indulgence pour les fautes de l’homme, mais une révélation de l’amour de Dieu, cet amour qui se réjouit de la conversion parce qu’il déteste le péché. Il ne s’agit pas d’un encouragement aux turpitudes mais d’une invitation à partager la joie du ciel … et si nous nous apercevons que nous avons quelques réticences à l’idée de se réjouir de la conversion de nos frères, c’est peut-être que nous sommes comme le fils aîné : peut-être que nous vivons en présence de Dieu sans véritablement demeurer en lui, peut-être que nous avons besoin de reprendre le chemin de Dieu, de nous convertir nous aussi.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est le Refuge des pécheurs, l’Etoile du Matin, la Mère de miséricorde, qu’elle nous apprenne à reconnaître l’amour de Dieu pour nous et pour tous les hommes, qu’elle nous montre comment fuir le péché pour nous convertir, qu’elle nous accompagne dans la joie du ciel où le Seigneur nous attend dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
4 septembre 2022 7 04 /09 /septembre /2022 13:10

23 TOC

23° Dimanche du Temps Ordinaire - année C

Sg 9, 13-18 ; Ps 89 (90) ; Phm 9b-10.12-1 ; Lc 14, 25-33

En entendant l’évangile, il est bon de se souvenir du commencement de la liturgie de la Parole de ce jour : « Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » C’est que l’enseignement de Jésus aux foules qui le suivaient peut paraître excessif, si ce n’est radical, et l’on reste perplexe sur ce qu’il faut en retenir. Mais le sage continuait : « qui aurait connu ta volonté si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? ». C’est un bon rappel de l’importance de lire la Bible dans l’Esprit qui l’a écrit et de ne pas se contenter de la recevoir avec nos émotions !

Pour entrer dans l’évangile, il faut imaginer la scène pour mieux saisir le contexte. « De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit ». Et par trois fois il conclut ses réflexions par « « il ne peut pas être mon disciples ». Un peu comme s’il y avait deux manières de suivre le Christ : celle de la foule et celle des disciples. Voyons ce qui les différencie.

Tout d’abord il y a une préférence pour le Christ, un choix personnel et fondamental. Évidemment ça ne veut pas dire qu’on n’aime personne d’autre : la préférence exprime une priorité et non pas une exclusion. On comprend bien que dans la foule il peut y avoir des gens qui sont là, entraînés par le mouvement, curieux ou suiveurs. Aussi Jésus demande une certaine qualité dans la motivation de ceux qui le suivent. C’est la liberté, non pas la liberté superficielle de venir ou de s’en aller, mais la liberté profonde du choix qui oriente et guide la vie. La liberté du « je le veux » et non pas du « rien ne m’en empêche ». Dans la deuxième lecture, on voit ainsi saint Paul préférer renvoyer Onésime à Philémon, plutôt que de le garder près de lui, pour que le bien soit fait volontairement et non par contrainte. C’est ainsi que la première condition pour être disciples de Jésus, c’est de le préférer à tout – y compris à nous-même : le faire passer devant nous, jusqu’au cœur de notre cœur.

Ensuite il faut « porter sa croix ». L’image nous parle d’autant plus que nous connaissons la suite de l’histoire, mais je ne sais pas ce que pouvaient comprendre ceux qui étaient là. L’expression laisse penser que tout le monde a une croix, et que l’option réside dans le fait de la porter, plutôt que de la fuir ou de la laisser porter aux autres. Il y a donc quelque chose de l’ordre d’un choix exigeant et persévérant. Une certaine cohérence qui est nécessaire pour suivre le Christ. Être disciple implique donc une responsabilité, dont Jésus le premier nous a montré l’exemple. Lorsque saint Paul demande à Philémon d’accueillir Onésime, on comprend qu’il y a une dimension de pardon. Il est difficile de savoir exactement ce qui est en jeu, mais il est certain que cela va demander à Philémon un certain effort. Si nous voulons être disciples de Jésus nous devons accepter qu’il ne nous conduise pas sur le chemin de la facilité, et que cela implique de le suivre jusqu’au bout même quand c’est exigeant.

Enfin Jésus évoque un renoncement. D’ailleurs il n’y a pas de choix sans renoncement. On se souvient que les premiers disciples ont tout quitté pour suivre le Seigneur. Et l’on imagine bien que ce ne devait pas être l’état d’esprit de tous ceux qui le suivaient. Certains comptaient bien faire un bout de chemin avec lui, puis rentrer chez eux vaquer à leurs occupations habituelles. Si pour la foule, suivre Jésus est une parenthèse dans leur vie, pour les disciples, c’est un engagement sans filet, sans porte de sortie. Cela rejoint ce que saint Paul demande à Philémon lorsqu’il lui dit de considérer Onésime non plus comme un esclave mais comme un frère. On est beaucoup plus impliqué dans une relation fraternelle que dans une relation de maître à esclave ! Être disciple de Jésus ce n’est pas le suivre pour un moment, c’est l’aventure d’une vie et d’une confiance.

Alors, même si l’évangile est un peu rude, il convient bien au début d’une année pastorale, parce qu’il nous invite à vérifier la qualité de notre suite du Christ. Il nous permet de faire le point sur notre état d’esprit et de voir quels moyens nous allons pouvoir prendre pour ne pas être une foule curieuse, mais de vrais disciples qui l’ont choisi librement, acceptant les exigences de cet appel, toujours plus impliqués à vivre ce qu’il nous propose.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à préférer le Christ en toute chose ; Secours des chrétiens qu’elle nous soutienne quand nous portons notre croix ; Reine des Saints qu’elle nous encourage à nous donner toujours plus et toujours mieux à celui qui s’est donné pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
28 août 2022 7 28 /08 /août /2022 13:02

22TOC

22° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Si 3,17-18.20.28-29 ; Ps 67 (68) He 12,18-19.22-24a ; Lc 14, 1a.7-14

Astucieux le conseil de Jésus : prendre la dernière place pour qu’on nous invite à nous asseoir à une place d’honneur ! Sauf que ça ne marche pas toujours : l’autre fois, personne n’est venu me chercher et je suis resté à la dernière place pendant tout le repas ! Ça m’apprendra à prendre l’évangile pour un manuel de stratégie mondaine !

On se doute d’ailleurs que les conseils de Jésus dans la maison du chef des pharisiens ne sont pas là pour nous donner des ruses ou des techniques de manipulation. Il s’agit plutôt de nous encourager à développer en nous certaines dispositions de cœur qui sont essentielles à la vie spirituelle. Les réflexions de Ben Sira, dans la première lecture, donnaient déjà le ton : « accomplis toute chose dans l’humilité ». Or les choses étant ce qu’elles sont, si nous recherchons l’humilité, il nous faut débusquer les pièges de l’orgueil. Saint Grégoire le Grand évoquait quatre types d’orgueil.

Le premier est celui qui ne reconnaît pas le don. C’est l’orgueil qui nous fait penser que vient de nous ce qui vient de Dieu. C’est l’orgueil du superbe, de celui qui est tellement remplit de soi-même qu’il n’y a pas de place pour le Seigneur dans son cœur. Voilà pourquoi le sage dit que « la condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui ». Aussi la première façon de débusquer l’orgueil c’est d’apprendre l’action de grâce, la reconnaissance. Il est significatif que la plus haute prière, la source et le sommet de notre vie soit l’eucharistie, un mot grec qui – encore aujourd’hui – signifie merci. Ainsi nous devons apprendre à vivre la messe, non pas comme notre chose, mais comme l’œuvre de Dieu à laquelle nous sommes invités. Pourtant si nous en déduisons qu’il faudrait ne pas s’impliquer, cela signifie qu’on est encore plus attachés à posséder qu’à recevoir.

Le deuxième type d’orgueil, c’est celui qui ne reconnaît pas la gratuité, c’est-à-dire que, sachant que Dieu nous donne, on pense qu’on le mérite. C’est l’orgueil du présomptueux à l’image de l’homme qui se place au premier rang dans l’évangile. C’est la situation de celui qui est encombré de ses droits, enfermé dans une justice à sens unique. Comment l’éviter ? En contemplant l’amour de Dieu tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons. Pour cela nous pouvons développer l’attitude d’adoration qui apprend à se tenir devant Dieu, humblement et gratuitement ; sans chercher à obtenir, en se contentant de recevoir. Acceptant que ce soit le Seigneur qui mesure notre cœur.

Le troisième type d’orgueil, c’est celui qui ne reconnaît pas le manque. Il se vante de ce qu’il n’a pas et minimise ce qui lui fait défaut. C’est l’orgueil de l’arrogant qui se brise dramatiquement face à la réalité. L’auteur de la lettre aux Hébreux comparait deux modes de révélation : la première avec force et puissance, tellement écrasant que « les fils d’Israël demandèrent à ne plus l’entendre », la deuxième dans la douceur et la gloire de cette Jérusalem céleste qui fascine et invite. D’une certaine manière nous avons donc le choix entre une présence de Dieu qui contraint et une présence qui attire, mais cela ne dépend pas tant d’un caprice divin que de notre disponibilité. Une bonne manière de débusquer ce troisième type d’orgueil, c’est d’accepter d’être pardonné. Dans le pardon, nos manques ne sont plus des humiliations, mais une source de grâce.

Le dernier type d’orgueil, c’est celui qui ne reconnaît pas le partage. Il croit être le seul à avoir ce que tous possèdent. C’est l’orgueil méprisant de celui qui se croit supérieur et qui ne voit dans les autres que des instruments au service de sa propre satisfaction. Cela peut faire penser à la question des invitations dont parle Jésus, à condition bien sûr de ne pas utiliser les pauvres pour notre propre salut ! Il s’agit sans doute de l’orgueil le plus subtil et le plus pernicieux, celui dont Saint Grégoire dit qu’il est le plus répandu. On ne peut guère le combattre que par la miséricorde lorsqu’elle nous engage au service et à la communion.

Alors, n’ayons pas peur de débusquer en nous les traces de l’orgueil sous toutes ses formes, recherchons, demandons l’humilité par l’action de grâce, l’adoration, le pardon et la communion. Nous savons bien qu’il s’agit d’un combat de tout instant, c’est le combat d’une vie parce que c’est celui qui nous prépare au Royaume.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Sa disponibilité à l’Annonciation nous donne l’exemple de l’humilité ; sa prière du Magnificat nous forme à l’action de grâce ; sa présence au pied de la croix nous apprend la miséricorde, pour que nous soyons prêts à participer aux Noces de l’Agneau à la place qui nous est préparée, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0