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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 14:15

XR-A

Christ Roi de l'Univers - Année A

Ez 34,11-12.15-17 ; Ps 22 ; 1 Co 15,20-26.28 ; Mt 25,31-46

La fête du Christ Roi de l’univers, marque la fin de l’année liturgique, et (comme depuis quelques semaines), les textes de la Parole de Dieu nous invitent à penser à la fin des temps. Comme le décrivaient, chacun à leur manière, Ézéchiel et saint Paul, la fin des temps, c’est d’abord l’avènement du Royaume de Dieu, le temps où se manifeste en plénitude la Royauté du Seigneur. A travers les mots du prophète nous comprenons que cette plénitude est marquée par l’épanouissement de la vie : la brebis perdue est ramenée, la brebis blessée est soignée, la brebis affaiblie est fortifiée. Les paroles de l’apôtre sont peut-être un peu plus abstraites, mais elles rappellent aussi la plénitude de la vie, en évoquant une progression jusqu’à l’aboutissement : le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort.

Puisqu’il y a progression, cela signifie qu’on va du moins vers le plus. C’est la même dynamique qui est suggérée dans l’évangile à travers les paroles du Roi aux justes : « recevez en héritage le Royaume ». Hériter, ce n’est pas passer de rien à tout, mais de moins à plus. L’héritier se dispose à recevoir, jusqu’au moment – qui ne dépend pas de lui – où il reçoit l’héritage. Il y a bien une dynamique où l’on doit veiller au moins pour accueillir le plus. En l’occurrence, puisqu’il s’agit du Royaume de Vie, le plus nous est donné par la résurrection du Christ, mais nous devons veiller au moins, c’est-à-dire combattre ce qui conduit à la mort.

C’est bien ce qu’évoquent les œuvres rappelées par l’évangile : la faim et la soif menacent la vie corporelle. Être étranger – Jésus n’a pas parlé de touriste – c’est être privé de ses repères, de ce qui nous rassure et nous réconforte ; c’est une fragilité comme la nudité qui dépouille de ce qui protège. Autant de situations qui menacent la vie psychique. Enfin le malade et le prisonnier sont isolés, et cet isolement menace la vie sociale qui nous est aussi indispensable que la vie corporelle ou la vie psychique. Il y a bien, dans ce qu’on a coutume d’appeler les œuvres de miséricorde, un combat qui rejoint le combat du Christ, pour préserver la vie du corps, de l’esprit et du cœur. Et participer à ce combat, nous dispose à recevoir la victoire suprême, celle de la résurrection.

Peut-être certains penseront qu’ils ont suffisamment à faire pour préserver en eux la vie, face aux difficultés et aux épreuves. Le combat spirituel n’est-il pas déjà, pour chacun de nous, une participation au combat du Christ pour permettre l’avènement du Royaume ? Sans aucun doute, mais l’évangile nous rappelle que nous ne sommes pas les seuls vivants et qu’on ne défend pas la vie en ne s’intéressant qu’à la nôtre. D’une certaine manière, les textes que nous avons entendu les dimanches précédents nous invitaient à protéger la vie en nous ; l’évangile de ce dimanche nous invite à protéger la vie autour de nous. Sans cette attention aux autres, la vigilance ne serait qu’égoïsme. Il n’y a pas de vie spirituelle sans ouverture du cœur : le Seigneur ne nous est pas réservé : il est présent dans ceux que nous pouvons aider.

Reconnaître le Christ comme Roi de l’Univers, c’est reconnaître qu’il est concerné par tout et par tous. Pour hériter du Royaume préparé depuis la fondation du monde, il faut se disposer à accueillir la victoire sur la mort, en combattant ce qui menace la vie du corps, de l’esprit et du cœur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Santé des infirmes qu’elle ouvre nos yeux à toute détresse ; Consolatrice des affligés qu’elle nous façonne un cœur selon le cœur de Dieu ; Refuge des pécheurs qu’elle nous dispose à hériter du Royaume en nous unissant à l’œuvre du Christ pour que la bonne nouvelle retentisse là où nous sommes et que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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19 novembre 2023 7 19 /11 /novembre /2023 14:23

33TOA

33° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Pv 31,10-13. 19-20.30-31 Ps 127 1 Th 5,1-6 Mt 25,14-30

La parabole des talents ! Elle a fait couler beaucoup d’encre et beaucoup de salive … Elle est tellement connue qu’elle a donné au mot « talent » qui désignait une somme d’argent, le sens que l’on connaît aujourd’hui de qualité personnelle. Mais ce que l’on retient généralement c’est plutôt le sort du troisième serviteur, que par un réflexe de miséricorde - honorable mais mal placée - on a tendance à plaindre, alors que la parabole nous invite assez clairement, me semble-t-il, à ne pas l’imiter !

Il y a chez ce troisième serviteur quelque chose de tragique. Il ne reçoit pas ce que lui confie le maître. Non qu’il soit oublié de la distribution, mais il s’empresse de s’en décharger en l’enterrant. Il n’utilise pas ce qu’on lui donne ; il ne le pas fait fructifier ; et lorsqu’il rend des comptes, il le présente en disant « ton bien » alors que le maître considère que c’est « son talent ». Il ne s’agissait pas d’un prêt, mais d’un don. La meilleure preuve est que le premier serviteur est désigné comme celui qui en a dix : ce qui signifie qu’il a tout gardé. Mais alors, pourquoi demander des comptes si l’argent a été donné ? Tout laisse à penser que ce qui intéresse le maître, ce n’est pas tant le profit réalisé que le comportement des serviteurs. Il demande des comptes pour vérifier que les serviteurs sont capables de partager sa condition, qu’ils peuvent « entrer dans sa joie ».

Ainsi les talents sont l’image du don de Dieu, de ce qui nous est confié pour nous préparer à entrer dans la joie du Seigneur, c’est-à-dire dans la vie éternelle. Qu’on en ait plus ou moins, qu’on en ait cinq ou deux ou un, c’est chaque fois la clé du Royaume qui nous est confié, une clé qui ne s’utilise pas en la cachant sous terre, mais en la déployant.

Par exemple, les talents que nous confie le Père, c’est la vie. Une vie qui n’est pas faite pour être enterrée, une vie qui n’est pas une parenthèse de l’existence ; mais une vie qui est faite pour se déployer selon le cœur de Dieu, c’est-à-dire dans l’amour. Des générations de philosophes ont disserté sur le sens de la vie, l’évangile nous propose de faire l’expérience d’une vie faite pour aimer, pour donner et se donner. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que le Père nous confie, c’est l’amour.

De la même manière, les talents que nous confie le Fils, c’est la Révélation. On ne réalise pas à quelle point cette Parole est précieuse. Mais elle n’est pas donnée pour être inscrite dans un livre qui prendra la poussière sur nos étagères. La Parole est faite pour être vécue et mise en pratique : c’est elle qui nous indique qu’il vaut mieux donner que prendre, c’est elle qui nous propose de préférer souffrir que faire souffrir ; qui nous rappelle que l’amour grandit par le pardon et que même la souffrance peut être une occasion d’aimer en plongeant dans le mystère de Pâques. C’est la foi qui nous permet d’accueillir et de déployer la Parole reçue. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que le Fils nous confie, c’est la foi.

Enfin les talents que nous confie l’Esprit Saint, ce sont les charismes. Ce qu’il suscite en nous pour le bien de tous. Ces charismes ne sont pas donnés pour flatter notre orgueil ou être enfermés dans des logiques de performances ou de spécialisations. Les charismes sont les appels de l’Esprit à anticiper le Royaume des Cieux, en partageant concrètement la saveur de la Bonne Nouvelle, en rendant accessible la joie de notre Seigneur. C’est ainsi que les charismes permettent l’espérance, qui n’est ni un trait de caractère, ni la préférence pour l’hypothèse positive, mais l’aspiration confiante à participer au Royaume des Cieux. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que l’Esprit Saint nous confie, c’est l’espérance.

Bien loin d’être un enseignement économique ou social, la parabole des talents nous interroge sur ce que nous faisons des dons de Dieu. N’écoutons pas les paroles du troisième serviteur, ne pensons pas que le Seigneur est un maître exigeant qui nous demanderait de récolter ce qu’il n’a pas semé, de ramasser ce qu’il n’a pas dispersé. Au contraire, imitons plutôt les deux premiers serviteurs qui reçoivent le don pour l’épanouir. Le don de Dieu n’est pas destiné à être inutile, mais à être déployé pour que nous puissions entrer dans la joie du Royaume. Savons-nous recevoir le don de la vie et l’épanouir en amour ? Savons-nous recevons le don de l’Évangile et l’épanouir en foi ? Savons-nous recevoir le don des charismes et l’épanouir en espérance ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bon Conseil, qu’elle nous apprenne à déployer dans la vie ce qui fait grandir la charité. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous montre comment accueillir la Parole pour affermir notre foi. Reine des Saints, qu’elle dispose nos cœurs au souffle de l’Esprit pour que nous puissions témoigner de l’espérance et entrer dans la joie de notre Seigneur, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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12 novembre 2023 7 12 /11 /novembre /2023 14:46

32TOA

32° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Sg 6,12-16 ; Ps 62 ; 1 Th 4,13-18 ; Mt 25,1-13

« Le Royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces » … Le début de la parabole ressemble à ce que nous entendons dans la liturgie, avant la communion : « Heureux les invités aux noces de l’Agneau ». Mais le début de l’histoire a beau être similaire, la suite apporte quelques nuances : si tout se passe bien pour certaines, pour d’autres l’heureuse invitation tourne au cauchemar. Évidemment, Jésus nous raconte cette histoire pour nous prévenir et nous avertir, pour que nous ne vivions pas une semblable mésaventure. Voyons donc ce à quoi il faut veiller pour éviter de nous retrouver comme celles qui finissent enfermées à l’extérieur des noces.

Tout d’abord, il y a une condition à l’invitation. Les jeunes filles ne sont pas seulement invitées, elles ont un rôle à jouer, et pour cela elles doivent venir avec une lampe. Elles n’arrivent pas les mains vides, ni même avec un cadeau : on a besoin d’elles pour éclairer la scène. « Vous êtes la lumière du monde » disait Jésus dans le discours sur la montagne. Cela suppose bien sûr que la lampe soit allumée … sinon elle est inutile ! Et c’est pour cela que celles dont les lampes s’éteignent s’inquiètent : elles deviennent inutiles. Voilà déjà un premier sujet de méditation : on n’entre pas dans le Royaume des Cieux par hasard, ou par convention parce qu’on figure dans le carnet d’adresse de l’époux. Le Royaume des Cieux a besoin de nous. Le Seigneur compte sur nous. On n’est pas des figurants ni des spectateurs mais des acteurs aux noces de l’Agneau. Il faut donc certaines dispositions. Pour reprendre l’image de la lumière, nous savons que c’est le Seigneur lui-même qui nous donne et nous transmets la lumière … Les dispositions à prendre pour accueillir l’invitation ne sont pas exagérées, mais il faut les prendre.

La suite de l’histoire montre d’ailleurs que ces dispositions supposent une certaine vigilance. L’époux tarde à venir, et toutes s’endorment. Lorsqu’enfin on annonce sa venue, certaines se trouvent embarrassées puisque leurs lampes s’éteignent. Il ne suffit donc pas de se préparer ponctuellement aux noces, il faut encore durer. C’est une dimension importante, c’est même le cœur du message de Jésus : « veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». A la mission qu’implique l’invitation aux noces, s’ajoute une qualité : celle de la persévérance. C’est ainsi qu’apparaît le deuxième sujet de méditation : l’importance de la fidélité. Dans un monde où l’on est plus sensibles aux changements qu’aux permanences, où l’on valorise l’émotion donc la réaction instantanée, nous devons être vigilants à garder cette qualité de persévérance, cette fidélité que Jésus nous désigne comme indispensable à l’entrée dans le Royaume. Ne désigne-t-on pas les chrétiens comme « les fidèles » ?

Reste un détail intrigant dans la parabole : les jeunes filles qui avaient de l’huile en réserve, ne partagent pas avec celles qui en manquent. Cela pourrait paraître choquant : le partage n’est-il pas une valeur de notre foi ? Cela vaut la peine d’entendre ce qu’elles disent pour expliquer leur attitude : « jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ». Ainsi ce n’est pas tant qu’elles ne veulent pas, mais elles ne peuvent pas. Il y a des choses qu’on peut partager, et d’autres choses qu’on ne peut pas partager. Il y a des choses pour lesquelles on peut se faire aider, et d’autres que nous sommes les seuls à pouvoir faire. Par exemple, personne ne peut manger à notre place, ou personne ne peut se laver à notre place ! Rappelons-nous : il s’agissait d’aller à la rencontre de l’époux : peut-on rencontrer vraiment quelqu’un par procuration ? Il y a d’autres enseignements de Jésus sur le partage, mais cette parabole est là pour nous prévenir que l’entrée dans le Royaume ne se délègue pas. Il y a un point dans la relation à Dieu où nous sommes en première ligne et qui nous implique personnellement.

Nous qui sommes « invités aux noces de l’Agneau », entendrons-nous l’avertissement de Jésus dans la parabole des dix jeunes filles ? Sans doute le Royaume des Cieux évoqué par le Seigneur désigne-t-il d’abord les derniers temps. Mais ne nous faisons pas illusion : c’est déjà maintenant, dans notre vie spirituelle que nous devons veiller à être dans les dispositions que Dieu attend de nous pour être acteurs et non pas spectateurs ; c’est déjà maintenant que nous devons nous exercer à la persévérance et vivre la fidélité ; c’est déjà maintenant que nous devons assumer ce que personne ne peut faire à notre place.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin, qu’elle nous apprenne à répondre à l’appel du Seigneur, en nous disposant à ce qu’il nous demande. Secours des Chrétiens, qu’elle nous soutienne dans la persévérance pour que nous restions fidèles à ce que nous avons reçu. Rose mystique, qu’elle nous encourage à déployer le Don de Dieu, pour nous puissions vivre la rencontre à la première personne, et demeurer en Lui comme Il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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5 novembre 2023 7 05 /11 /novembre /2023 14:18

31TOA

31° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Ml 1,14b-2,1.2b.8-10 ; Ps 130 ; 1 Th 2,7b-9.13 ; Mt 23,1-12

L’évangile que nous venons d’entendre est en quelque sorte la tarte à la crème de toutes les critiques vis-à-vis de l’église ou des prêtres ! Ne voyez dans mes propos aucun manque de respect pour la parole de Dieu, même si je reconnais volontiers un peu d’agacement dans l’usage que certains en font. Cela dit, je ne suis pas convaincu qu’il serait plus évangélique de revendiquer le titre de « Monsieur l’archiprêtre », plutôt que celui de « père » ! Sans compter qu’on continue à parler de père dans les familles même chrétiennes, et que les artistes, les enseignants ou les hommes de loi ne s’offusquent pas qu’on les appelle « maitre » ! Chacun comprendra facilement qu’on ne peut pas réduire le message de Jésus à de simples questions de protocole.

Il est bien plus intéressant de s’attarder sur les justifications que donne le Seigneur. Pour résumer, on peut dire qu’il invite à ne pas se mettre à la place de Dieu. En précisant, on remarquera qu’il y a deux types d’avertissements : « ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, ou de maître » et « ne donnez à personne sur terre le nom de père ». Donc l’avertissement est double : ne vous prenez pas pour Dieu, et ne prenez personne pour Dieu.

Ne vous prenez pas pour Dieu … car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ et vous êtes tous frères. C’est le premier avertissement, et malheureusement, il ne concerne pas seulement ceux qui enseignent. Sans doute la tentation est-elle plus forte pour le savant qui peut se laisser enivrer par le savoir. Dans un poème des Fleurs du Mal (Châtiment de l’orgueil) Baudelaire fait le portrait saisissant d’un théologien qui devient fou lorsqu’il se met à croire que la gloire de Dieu dépend de ce qu’il dit. Mais le plus souvent, c’est subtilement que l’on se met à la place de Dieu. Quand on prétend savoir mieux que les autres ce qui est juste ou ce qui est vrai, quand on préfère donner des leçons plutôt qu’en recevoir, quand on jauge la foi à l’aune de nos impressions. Il n’est pas toujours nécessaire que les autres nous admirent pour qu’on se prenne pour un maître. Il suffit de faire passer le Christ après nos idées, par exemple en consentant seulement à ce qu’il nous donne raison !

Mais si Jésus nous met en garde contre l’orgueil, il avertit d’un autre danger : « ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux ». Il ne s’agit plus ici de se prendre pour Dieu, mais de prendre un autre pour Dieu. Cela arrive quand on porte à quelqu’un l’affection et la confiance qu’on doit à Dieu. Quand la parole ou l’opinion d’un autre prime pour nous sur l’évangile. C’est une manière d’idolâtrie. Rien ni personne ne devrait être plus important que le Seigneur. Cela ne signifie pas, évidemment qu’on ne doive aimer personne, ni qu’on ne fasse confiance à personne, mais aucune relation n’est absolue, toutes nos relations doivent être mesurées ou référées à Dieu. Mettre quelqu’un à la place de Dieu, c'est risquer qu’il le croie et qu’il nous fasse faire n’importe quoi.

Il reste un troisième moyen de confondre Dieu et les hommes. Saint Paul, dans la deuxième lecture, l’évoque en félicitant les Thessaloniciens de l’avoir évité. « Vous avez accueilli la Parole de Dieu pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants ». Il ne s’agit plus de mettre un homme à la place de Dieu, mais de mettre Dieu à la place des hommes. Je sais bien que ce n’est pas très facile de se prémunir de ce piège, puisque le Seigneur utilise des moyens humains pour nous parler. Comment d’ailleurs pourrait-il faire autrement puisque nous sommes humains ? Mais, comme dit le proverbe, quand le sage montre la lune, il ne faut pas regarder son doigt ! Il nous faut donc être vigilants pour accueillir la Parole de Dieu dans l’humilité et dans la foi pour qu’elle soit une porte vers le mystère, un guide pour reconnaître la présence divine.

« Rendez à Dieu ce qui est à Dieu », disait Jésus à ceux qui l’interrogeait sur l’impôt. C’est bien la même invitation qui nous est faite aujourd’hui : ne pas confondre Dieu et les hommes, mais reconnaître à chacun à sa place : c’est Dieu qui est au centre, lui et non pas nous, lui et personne d’autre. L’équilibre n’est pas toujours facile à tenir, mais il est bon de garder au cœur l’interpellation du prophète Malachie : « n’avons-nous pas tous un seul Père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? »

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Temple de l’Esprit Saint, qu’elle nous rende dociles au Don de Dieu pour que nous sachions reconnaître la présence de l’invisible. Mère de l’Église, qu’elle ouvre nos cœurs à ceux que le Seigneur place auprès de nous, sans que nous confondions le message et le messager. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à nous tenir devant Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 14:17

30TOA

30* Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Ex 22,20-26 ; Ps 17 ; 1 Th 1,5c-10 ; Mt 22,34-40

A l’écoute de l’évangile, certains se seront peut-être fait la réflexion que le passage était bien connu et que ce n’est pas aujourd’hui qu’ils seront surpris par la Parole de Dieu. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en désole, entendre un texte biblique en se disant qu’on le connait déjà est toujours un signal d’alerte, c’est le signe qu’il faut creuser davantage notre compréhension du texte. Si on n’est pas étonné par l’enseignement du Seigneur, c’est qu’on ne l’a pas bien écouté !

Déjà, une première chose qui peut nous étonner c’est que les deux commandements que cite Jésus demandent d’aimer. Mais est-ce qu’on peut commander d’aimer ? Ne dit-on pas, au contraire, que l’amour ne se commande pas ? Il est vrai que le mot désigne des choses tellement différentes : on l’utilise pour parler de la relation entre époux, comme de la relation avec ses parents ou ses enfants, c’est toujours le même mot pour évoquer ce que l’on mange et ce que l’on fait, pour parler d’une passion ou d’un goût, d’un enthousiasme ou d’une complaisance. Il faut donc comprendre que l’évangile nous parle d’un amour qui se décide et non pas d’une émotion qui se ressent, d’un amour qui s’exprime et non pas d’un plaisir qui s’éprouve. La précision est loin d’être anecdotique, en particulier dans les difficultés. Quand on n’a pas envie de prier, on peut décider de se tourner vers Dieu ; lorsque l’autre ne nous intéresse pas, on peut décider de ne pas rompre le lien ; lorsqu’il nous énerve, on peut décider de rester positif. Ce que décrivait la première lecture : ne pas accabler, ne pas imposer des intérêts, laisser le minimum nécessaire, paraît bien ordinaire, mais parce que c’est le premier pas de la justice, c’est aussi la porte de l’amour.

Une autre chose peut aussi nous étonner : que la relation à Dieu soit décrite en termes d’amour. En fait, c’est loin d’être une évidence dans le monde comme conception de la religion. Souvent la religion est comprise comme une idée à défendre, ou comme des rites à observer ou encore comme une certaine manière d’agir. Mais Jésus nous rappelle qu’il s’agit d’abord d’un amour. Nous sommes donc invités d’abord à une mystique … ou si le mot vous fait peur à une vie spirituelle. Ça ne veut pas dire que la doctrine, la liturgie ou la morale ne soit pas importantes, mais elles découlent de l’amour, et permettent de l’authentifier et de l’exprimer. Est-ce que nous pouvons dire en vérité « j’aime le Seigneur » ? Quand nous scrutons la Parole de Dieu, quand nous essayons d’expliquer les mystères du Seigneur, est-ce un exercice intellectuel ou une manière de mieux le connaître pour mieux l’aimer ? Quand nous venons à la messe ou que nous faisons nos prières, surtout quand on préférerait faire autre chose ou être ailleurs, est-ce que nous pensons en faire une preuve d’amour en nous disant qu’il s’agit d’abord de faire plaisir à Dieu ? Dans nos choix de vie et dans nos comportements, nous arrive-t-il de faire cette courte prière : « Seigneur, je vais faire ça, puisque tu le demandes » ? Sans doute savons-nous qu’il faut aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit … mais il ne suffit pas de le savoir, il faut le vivre !

Enfin une troisième chose peut encore nous étonner. C’est peut-être ce qu’il y a de plus original dans la réponse de Jésus au docteur de la loi, c’est de rapprocher les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain en disant qu’ils sont semblables. Bien sûr toutes les religions comportent une morale, mais le rapprochement de Jésus va plus loin : puisqu’il s’agit d’aimer son prochain comme soi-même, il ne s’agit pas simplement de faire ce que Dieu dit être bien, il s’agit de découvrir que notre relation aux autres est le reflet de notre relation à Dieu. L’expérience nous montre que prétendre aimer l’autre sans aimer Dieu est une ambition décevante, mais  prétendre aimer Dieu sans aimer l’autre est une dangereuse illusion. Peut-être que selon les circonstances de la vie nous serons plus attentifs à l’un ou à l’autre des commandements, mais le texte que nous avons entendu nous rappelle que tout découle des deux commandements et non pas d’un seul. Et parce que c’est difficile de les tenir tous les deux, il est important de ne pas s’habituer à l’enseignement du Seigneur, mais de se laisser toujours surprendre et déranger pas cet évangile.

Aussi ne croyons pas que nous n’ayons rien à apprendre de la Parole de Dieu aujourd’hui. Ce n’est pas parce que nous la connaissons, qu’elle ne peut pas nous étonner. Jésus nous demande d’aimer d’un amour qui décide, qui donne et se donne, il nous invite à grandir dans la foi pour progresser dans l’amour, il nous montre combien notre relation aux autres est la mesure de notre relation à Dieu

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour, qu’elle nous apprenne à aimer selon le Cœur de Dieu. Etoile du Matin, qu’elle ouvre notre cœur, notre âme et notre esprit à l’Esprit d’Amour. Trône de la Sagesse, qu’elle fasse rayonner dans nos vies ce que nous avons reçu pour que nous puissions demeurer en Dieu, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 12:58

28 TOA

28° dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 25,6-9 ; P 22 (23) ; Ph 4,12-14.19-20 ; Mt 22,1-14

Dans la première lecture, Isaïe compare le jour du Seigneur à un festin préparé pour tous les peuples, un festin où Dieu essuie les larmes de tous les visages, un temps où l’on dit « Voici notre Dieu, en lui nous espérions et il nous a sauvés ». Et dans l’évangile, Jésus reprend cette image pour parler du royaume des Cieux. Mais il ajoute quelques précisions qui méritent notre attention.

D’abord il ne s’agit pas d’un quelconque festin, c’est le banquet préparé par le roi pour les noces de son fils. On sait que dans l’Apocalypse seront évoquées les « noces de l’Agneau » pour parler de la fin des temps et du rassemblement de l’humanité autour du Seigneur, et la parabole nous fait comprendre que le royaume des Cieux a quelque chose avoir avec le Fils de Dieu. Ainsi le roi ne convie pas ses invités à un anniversaire, ni à son couronnement, ni même à ses propres noces, mais à celles de son fils. Le banquet dont il est question n’est pas un repas protocolaire, c’est un repas de famille, c’est le partage d’une joie, c’est l’invitation à une intimité, l’expression d’une amitié et d’une proximité. Or voilà que les invités ne veulent pas venir. Ce n’est pas qu’ils ne peuvent pas, mais ils ne veulent pas. Alors le roi insiste : « tout est prêt », c’est le moment … comme s’il ne pouvait pas imaginer que ses invités refusent de partager sa joie. Alors apparaissent clairement les raisons de ce refus : l’indifférence pour certain qui préfèrent s’occuper de leurs affaires ; l’hostilité pour d’autres qui maltraitent les messagers et les tuent. Premier enseignement, premier avertissement : le désir de Dieu se heurte à la volonté de l’homme : la présence de Dieu ne s’impose pas. Dieu ne peut rien, si l’homme ne veut pas.

Alors le roi va élargir son invitation et chercher à rassembler des convives pour partager sa joie. Pour cela il envoie des serviteurs à la croisée des chemins. Sans doute est-ce l’endroit le plus efficace puisque les serviteurs pourront inviter ceux qui sont sur des chemins différents. Mais ils ne sont pas envoyés pour frapper aux portes des maisons, ni sur les chemins qui ne se croisent pas, comme celui qui va jusqu’au champ, ou celui qui va jusqu’au commerce ! La croisée des chemins est l’image d’une incertitude et d’un choix : du lieu où se pose la question quelle route prendre maintenant ? Ne sont pas invités ceux qui sont tranquillement installés dans le confort de leurs habitudes, mais ceux qui sont disponibles à l’imprévu, ceux qui ne sont pas conduits par leur certitude ou leur routine. Peu importe qu’ils soient bons ou méchants, peu importe qu’ils soient connus ou inconnus, habitants du pays ou étrangers de passage, ce qui importe c’est qu’ils soient à la croisée des chemins, disponibles à l’imprévu. Deuxième enseignement, deuxième avertissement : l’appel de Dieu nous surprend et nous déroute. Dieu nous propose ce que nous n’avions pas prévu, ce que nous ne pensions pas possible. Il n’y a pas d’espérance sans disponibilité.

Et puis il y a cette scène étrange et dérangeante, de l’homme qui ne porte pas le vêtement de noces. Spontanément on peut penser qu’il y a quelque inconséquence de la part du roi à inviter à l’improviste et de reprocher ensuite qu’on ne soit pas prêt. Mais il faut remarquer que l’homme est le seul à ne pas avoir ce vêtement de noces : tous les autres ont pu en trouver un. Et la question du roi n’est pas agressive : il demande la raison de cette situation, mais l’autre refuse de répondre. Il ne présente pas d’excuse, il ne donne pas de raison. On comprend alors qu’il n’est pas là pour participer aux noces, mais pour autre chose qu’on ne saura jamais ! Il est entré dans la salle mais pas dans l’esprit de la fête. Ce n’est pas qu’il n’a pas eu le temps de se préparer : il ne veut pas participer, seulement profiter. Mais c’est un repas de noces, pas une banque alimentaire … la parole qui invite appelle une réponse et non pas une posture. Les pères disent que le vêtement de noces est le symbole de la charité. Il ne sert à rien de se rapprocher du Seigneur si l’on n’accepte pas que cela nous change et nous transforme. Troisième enseignement, troisième avertissement : le don de Dieu n’est pas impersonnel, il se partage et nous engage. Dieu n’agit pas dans l’automatisme mais dans la relation. Le salut n’est pas à sens unique, c’est une alliance

« Voici notre Dieu, en lui nous espérions et il nous a sauvés » disaient les participants au festin préparé sur la montagne. La parabole des invités à la noce nous avertit que Dieu ne s’impose pas et que ne le trouvent que ceux qui veulent bien le rejoindre ; que l’espérance n’est pas un projet mais la disponibilité à se laisser surprendre et dérouter par la parole ; que le salut est un appel qui nous sollicite et nous engage à entrer nous aussi dans la joie des noces de l’Agneau.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à désirer ce que le Père nous propose. Refuge des pécheurs, qu’elle fasse retentir en nos cœurs l’appel du Seigneur. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous entraine dans le partage du Don de Dieu, pour que nous puissions participer au Royaume des Cieux, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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8 octobre 2023 7 08 /10 /octobre /2023 18:37

27TOA

27° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 5,1-7 ; Ps 79 (80) ; Ph 4,6-9 ; Mt 21,33-43

La parabole que nous venons d’entendre dans l’évangile paraît assez simple à comprendre. Comme le rappelaient la première lecture et le psaume, dans la Bible, la vigne est l’image de l’alliance et du peuple de Dieu. Aussi, l’histoire de ce maître qui confie une vigne à des vignerons et qui n’arrive pas à récupérer le produit de la vendange est l’image de l’histoire du salut. Dieu a planté une vigne, et l’a confiée aux hommes. Puis, au moment venu il a envoyé ses serviteurs, les prophètes, pour que lui soit rendu l’honneur qui lui est du. Entre parenthèse, ça veut dire que les vignerons ne l’avaient pas fait parvenir spontanément. Seulement les prophètes ont été frappés, tués, lapidés. Alors Dieu a envoyé son fils, Jésus qui a été mis à mort lui aussi. Que se passera-t-il ? Il confiera sa vigne, sa loi, son message, son amour, sa vie à d’autres qui sauront le respecter. Voilà pourquoi Jésus conclut en disant aux chefs des prêtres et aux anciens : « le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire son fruit ».

Mais l’intérêt de cette parabole n’est pas de nous fournir une image pour résumer l’histoire religieuse du monde. Elle nous rappelle que travailler à la vigne du Seigneur implique un devoir vis-à-vis de Dieu, et elle nous avertit aussi de certains pièges qui peuvent nous guetter si nous ne sommes pas vigilants. En fait les vignerons dont parle Jésus ont fait trois erreurs, qui sont de plus en plus graves.

La première erreur qu’ils ont faite a été de ne pas, spontanément, faire parvenir au maître de la vigne le produit des vendanges. On pourrait dire que c’est l’image de l’ingratitude spirituelle. C’est l’erreur de ceux qui ne remercient jamais. Dans notre vie ordinaire, nous considérons que remercier est la forme élémentaire de la politesse … alors, est-ce que nous y veillons dans la vie spirituelle ? La prière de remerciement s’appelle l’action de grâce, c’est-à-dire l’acte par lequel nous rendons grâce. Rendre grâce, c’est reconnaître que Dieu nous a fait grâce. Est-ce que nous savons remercier le Seigneur pour ce qu’il nous donne, pour ce qu’il nous confie ?

La deuxième erreur est plus grave que la première. On peut admettre que, pris par le travail, les soucis et les préoccupations, les vignerons aient oublié de rendre grâce … mais lorsque les serviteurs se présentent ils refusent de leur remettre ce qu’ils doivent au maître de la vigne. C’est l’image de l’orgueil spirituel. C’est l’erreur de ceux qui se croient propriétaires de ce qui leur a été confié. « C’est à moi ! » « C’est grâce à moi » « Je le mérite » pensent-ils. Et cela doit nous interroger sur la manière dont nous considérons nos qualités. A quoi servent-elles ? A qui servent-elles ? A nous ou à Dieu ? Ce que nous faisons – et que nous faisons bien – pour qui le faisons-nous ? pour nous ou pour Dieu ? Nous sommes gentils, accueillants, intelligents, beaux, astucieux, aisés, attentifs, généreux – tout ce que vous voulez – mais à qui cela profite-t-il ? Est-ce que nous mettons ces qualités au service de Dieu, ou bien servent-elles seulement pour notre propre profit ?

Mais peut-être certains trouveront que j’exagère, et que vu les efforts que nous faisons pour faire les choses, vu la fatigue du travail, il est normal que nous en profitions. Sans doute mais à quel prix ? Car il y a la troisième erreur des vignerons : ils ont voulu l’héritage et pour cela ils ont tué l’héritier. Au lieu de recevoir leur salaire, ils ont cherché à s’emparer du domaine. Au lieu de faire confiance à la justice du maître, ils l’ont considéré comme un concurrent. Leur troisième erreur est l’image de la mort spirituelle. C’est la plus terrible parce qu’elle a un caractère définitif. Dans la tradition, on appelle cela la damnation, cette forme de péché contre l’esprit dont parle Jésus. Nous ne pouvons pas vivre sans Dieu, car il est la vie. Nous ne serons héritiers de Dieu que si nous le sommes dans le Christ, pas si nous le nions, pas si nous l’ignorons, pas si nous le refusons. Les deux premières erreurs peuvent être réparées, il peut y avoir un pardon … mais cette dernière erreur est irrémédiable parce que Dieu ne peut rien pour celui qui le refuse.

Évidemment ces considérations ne sont pas drôles, ni à entendre, ni à dire. Mais si Jésus raconte cette histoire, c’est pour avertir, c’est en espérant que ceux qui l’écoutaient réaliseraient la gravité des enjeux. Car il n’y a, dans l’enchaînement des erreurs des vignerons aucune fatalité. L’ingratitude spirituelle ne conduit pas nécessairement à l’orgueil spirituel, et l’orgueil spirituel ne conduit pas nécessairement à la mort spirituelle … heureusement ! Mais nous devons prendre au sérieux l’avertissement du Seigneur pour ne pas nous laisser entrainer dans l’escalade du péché. Le meilleur moyen d’éviter la mort spirituelle c’est d’être attentif à l’humilité qui nous préserve de l’orgueil spirituel. Le meilleur moyen d’éviter l’orgueil spirituel, c’est de reconnaître les bienfaits de Dieu en évitant l’ingratitude spirituelle. Voilà pourquoi saint Paul recommandait aux Philippiens : « en toute circonstances, priez et suppliez, tout en rendant grâce ».

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous protège de l’aveuglement du cœur et nous empêche de nous enfoncer dans le refus de Dieu. Elle est la Tour d’ivoire, le Secours des Chrétiens et la Mère de Miséricorde, qu’elle nous accompagne quand nous travaillons à la vigne du Seigneur, qu’elle nous fasse découvrir le don de Dieu et nous rappelle de rendre grâce. Et qu’ainsi la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, garde notre cœur et notre intelligence dans le Christ Jésus notre Seigneur, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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1 octobre 2023 7 01 /10 /octobre /2023 10:31

26TOA

26ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Ez 18, 25-28 ; Ps 24 (25) ; Ph 2,1-11 ; Mt 21,28-32

Il me semble que la parabole que nous venons d’entendre est assez facile à comprendre : il vaut mieux faire sans dire que dire sans faire ! Le texte d’Ézéchiel en première lecture ajoutait un autre aspect : ce qui compte c’est la fin ; il ne suffit pas de bien commencer, il faut aussi bien finir ! Sans doute, si ces enseignements sont faciles à comprendre, ils sont plus délicats à mettre en pratique. Mais ça, personne ne peut le faire à notre place. Est-ce que pour autant l’homélie va déjà s’arrêter ? Au risque de décevoir certains, ce serait un peu dommage. Non pas pour le prestige (tout relatif) du prédicateur, mais parce que nous pouvons profiter que la première lecture et l’évangile ne nécessitent pas de longs commentaires pour nous arrêter sur la deuxième lecture.

Car c'est un très beau texte qui nous a été proposé. Un de ces textes qu'on devrait presque savoir par cœur. Saint Paul commence par montrer la voie de la plénitude. Il ne s'agit pas simplement de participer aux prières et aux activités de l'Église, même si c'est très important et très honorable. Pour que la joie soit parfaite il faut aussi rechercher l'unité. Autant il est relativement aisé de prendre de bonnes habitudes, de se mettre à l'écoute et à l'école de la parole de Dieu ; autant, garder l'unité avec ceux qui nous entourent demande un effort constamment renouvelé. Pour prendre une image, il est plus facile de circuler tout seul qu’au milieu d’une foule, plus on est entouré plus il faut être vigilant ! Quels sont donc les points d’attention pour être et rester unis ?

Tout d’abord renoncer aux intrigues et à la vantardise. Celui qui cherche à se montrer, à passer en premier ou à conduire systématiquement les autres à ce qu’il veut, ne contribue pas à l’unité. On ne pourra jamais maintenir l’unité si l’on attend que les autres se règlent sur nous, il faut au contraire s’efforcer de faire attention aux autres. Saint Paul a une expression très forte sur le sujet : « avoir assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à nous-mêmes ». Et il nous donne l’exemple du Christ. Lui qui était de condition divine, lui qui aurait pu revendiquer d’être traité à l’égal de Dieu, il s’est dépouillé, il a pris la condition des hommes, et dans celle-ci la place du plus petit, du plus méprisé, puisqu’il a accepté de mourir, et de mourir sur une croix.

Cet exemple du Christ nous montre qu’il ne s’agit pas d’être inférieur ou de se mépriser : l’unité se joue dans le regard que nous portons sur les autres. On ne peut pas être unis à quelqu’un qu’on regarde de haut, ce qui va nous garder dans l’unité, c’est de savoir contempler le don de Dieu chez l’autre, de voir en lui l’image et la ressemblance du Père. Bien sûr, il y a aura des moments où cette image sera difficile à reconnaître, brouillée par les conflits et les défauts. Mais quand une image est floue, ce n’est pas toujours à cause du brouillard, c’est aussi parfois à cause des lunettes de celui qui regarde !

Alors, aujourd’hui, laissons-nous interpeller par les mots de l’apôtre. Après tout, œuvrer pour l’unité n’est-ce pas travailler à la vigne du Seigneur ? Mais recherchons-nous l’unité ? Est-ce que nous voulons travailler à l’unité ? Elle est la plénitude de la joie et la perfection de notre vocation. Si nous n’avons pas cette passion pour l’unité, il est temps de se repentir comme le premier fils, et de s’engager dans cette voie. Comment ? Nous avons vu que la clé de l’unité c’est le regard que nous portons sur les autres. Si nous réalisons que nous prenons un peu tout le monde de haut, si nous avons l’impression de valoir mieux que ceux qui nous entourent, ce n’est pas la peine d’en rechercher les raisons : il n’y a que des mauvaises raisons ! Il vaut mieux prendre le temps de contempler la mission du Christ et de suivre son exemple : ne pas revendiquer un rang, même justifié, mais accepter de prendre la condition de serviteur pour entrer dans la dynamique de Pâques, où nous avons été baptisés, et qui nous conduira à la plénitude de notre humanité !

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole est à la mettre en pratique. Elle qui s’est reconnue l’humble servante du Seigneur, qu’elle nous apprenne à lutter contre toute forme d’orgueil et d’arrogance. Elle qui est le Refuge des pécheurs, qu’elle nous montre ce que nous devons faire pour nous convertir et nous éloigner des attitudes qui nous égarent. Elle qui est la Mère de l’Église, qu’elle nous accompagne dans notre chemin vers l’unité pour que nous puissions avancer vers le Royaume, vers le rassemblement de tous en Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 13:10

25TOA

25° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 55,6-9 ; Ps 144 (145) ; Ph 1,20c-24.27a ; Mt 20,1-16a

La conclusion de la deuxième lecture est assez poignante et elle nous interpelle : « Quant à vous, ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ ». Voilà une parole que nous ne devons pas entendre distraitement mais qui doit nous aiguillonner et nous guider. Encore pour cela faut-il écouter et méditer cet évangile. Puisque nous avons entendu la parabole des ouvriers de la dernière heure, voyons ce qu’elle nous propose comme comportement digne de l’Évangile du Christ.

Tout d’abord, il y a cette invitation d’aller travailler à la vigne du Seigneur. Le premier comportement qui nous est demandé est un engagement. Il ne s’agit pas d’une posture ni même d’une rencontre fût-elle affectueuse, il s’agit de se mettre au service, de participer à l’œuvre du Père, de collaborer à la préparation du Royaume. Les ouvriers de la parabole nous montrent trois manières d’accueillir cette invitation : dans l’alliance, à l’image de ceux qui ont convenus avec le maître le salaire de la journée ; dans la confiance en la promesse, à l’image de ceux à qui le maître a promis « ce qui est juste » ; dans la foi en la personne elle-même, comme les ouvriers de la dernière heure qui s’engagent sur les seules paroles « allez à ma vigne, vous aussi ». Ainsi, il y a plusieurs manières d’entendre l’appel du Seigneur, plusieurs manières de s’engager, mais tous ont relevé les manches et sont allés travailler à la vigne.

Ensuite le texte suggère un comportement à éviter. Celui des ouvriers de la première heure qui récriminent. Qu’est-ce qui motive leur revendication ? Ce n’est pas ce qu’ils ont reçu, puisque c’est ce qui était convenu. Ce n’est même pas le fait de recevoir la même chose que les autres, c’est le fait que les autres reçoivent la même chose qu’eux : « tu les traites à l’égal de nous ». Ce comportement à éviter, ce comportement indigne de l’évangile, c’est de regarder les autres en se considérant supérieur, c’est d’estimer que l’on vaut mieux que les autres. C’est d’ailleurs l’un des dangers de l’engagement : croire que cela nous élève au-dessus de nos frères. Sans doute l’engagement et le service nous rendent meilleurs, mais meilleur que ce que l’on était et non pas meilleur que les autres !

D’où l’importance du troisième comportement digne de l’Évangile que suggère la parabole : imiter le maitre de la vigne qui considère ses ouvriers pour ce qu’ils sont avant de les mesurer à ce qu’ils font. En donnant à chacun la même chose, le maitre manifeste l’égalité fondamentale de tous, indépendamment de leur utilité. Le Christ nous invite ainsi à considérer l’image de Dieu en ceux que nous rencontrons, à rebours d’une vision utilitariste qui ne s’intéresserait qu’à ce que l’autre peut nous apporter. Ce n’est pas un encouragement à ne rien faire : le maitre n’est pas allé distribuer des deniers dans la rue. Mais c’est un rappel de la dignité de tout homme, généreusement aimé par le Seigneur. Nous sommes ainsi invités à partager le regard de Dieu sur chacun. Ce qui vaut d’ailleurs tant dans nos relations que sur nous-mêmes, lorsque la vie ou les circonstances nous empêchent de faire ce que nous voudrions : c’est nous que le Seigneur aime, et non pas ce que nous faisons.

« Ayez un comportement digne de l’Évangile » nous demandait saint Paul, la parabole des ouvriers de la dernière nous désigne au moins trois comportements dignes de ce que nous avons reçu : l’engagement au service de l’œuvre de Dieu, l’humilité qui évite de se croire supérieur aux autres, et le respect de la dignité humaine en toute circonstance.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Humble servante du Seigneur, qu’elle nous rende disponibles à l’appel de Dieu ; Consolatrice de ceux qui souffrent, qu’elle nous encourage à rester en tenue de service ; Refuge des pécheurs qu’elle affermisse notre confiance dans le cœur de Dieu pour que nous puissions reconnaître sa présence et en resplendir dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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17 septembre 2023 7 17 /09 /septembre /2023 13:05

24TOA

24ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Si 27,30 - 28,7 ; Ps 102 (103) ; Rm 14,7-9 ; Mt 18,21-35

Il y a quelque chose de révoltant dans l’attitude du débiteur impitoyable : on vient de lui remettre soixante millions, et il s’acharne sur cent. Évidemment, le but de Jésus en racontant la parabole étant de nous faire réagir, il force le trait pour susciter l’indignation. Cela dit, les témoins de la scène ne sont pas indignés mais attristés … et cela doit aussi nous aider à comprendre correctement l’enseignement qui nous est proposé aujourd’hui.

Avant même les considérations mathématiques, ce qui choque, c’est l’attitude même de l’homme. Le maître a fait preuve de clémence et de générosité envers lui, l’évangile dit même que le maître a été saisi de compassion, et voilà qu’à peine sorti, il se jette sur son compagnon pour l’étrangler. Comment une telle agressivité peut-elle survenir ? Sans doute connaît-il un bouillonnement émotionnel après sa comparution devant le roi. Mais au lieu d’être soulagé et reconnaissant, le voilà stressé et agressif. Comme s’il n’avait pas compris ce qui venait de lui être accordé et qu’il se pensait toujours redevable d’une dette gigantesque. La miséricorde du maître n’a pas adouci son cœur, parce qu’elle n’est pas été reconnue comme miséricorde. Soit qu’il ne croie pas à la remise de la dette, soit qu’il se sente humilié par la scène qui a révélé sa situation pitoyable … au sens le plus littéral du terme, de ce qui provoque la pitié.

Et nous voilà devant le deuxième problème de cette histoire : la symétrie ignorée. Alors que son compagnon prononce les mêmes paroles que celles qu’il a prononcées devant le roi, il ne veut pas avoir la même attitude que le maître. Il regrette d’avoir fait pitié, alors il ne veut pas avoir pitié. La première lecture mettait bien en valeur les enjeux de cette symétrie entre ce que nous accordons aux autres et ce que nous attendons de Dieu. Comment pourrait-on revendiquer pour nous ce que nous refusons aux autres ? La Parole suggère deux manières de vivre cette symétrie : si nous ne donnons pas aux autres ce que nous recevons de Dieu, au moins accordons aux autres ce que nous espérons de Dieu. Si Dieu n’est pas le modèle qui guide nos relations, réalisons que nos relations seront le modèle de l’attitude de Dieu pour nous. La mesure dont nous nous servons, servira pour nous.

La conclusion que Jésus donne à la parabole, en réponse à la question de Pierre, précise bien où se situe le pardon. Il ne s’agit pas d’un décompte, il ne s’agit pas non plus d’une patience, mais d’une disposition de cœur. Non pas le cœur romantique qu’on dessine pour exprimer une émotion, mais le cœur biblique, ce qui nous constitue profondément et manifeste ce que nous sommes. C’est là que nous devons laisser résonner la parole de saint Paul dans la lettre aux Romains : « aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même, si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur ». Le pardon n’est pas une indulgence philosophique ni un héroïsme sublime ; il n’est pas non plus le marchandage divin pour nous mériter la clémence éternelle. Le pardon est le mouvement d’un cœur de chair, qui refuse de se laisser durcir par la souffrance et les inquiétudes, mais qui accepte d’être brisé et broyé pour continuer à aimer même quand c’est difficile. Il y a dans le pardon quelque chose de divin, ce qui ne signifie pas qu’il nous soit inaccessible, mais que nous pouvons le partager, en reconnaissant que nous y participons.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs, qu’elle nous apprenne à reconnaître la générosité de Dieu dans le pardon. Mère de miséricorde, qu’elle nous montre comment donner ce que nous avons reçu et recevoir ce que nous pouvons donner. Miroir de la Sainteté de Dieu, qu’elle fasse battre notre cœur au rythme du cœur de Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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