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28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 22:01

JEST

Jeudi Saint - Messe de la Cène du Seigneur

Ex 12, 1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1 Co 11, 23-26 ; Jn 13,1-15

Avec la messe en mémoire de la Cène du Seigneur, nous entrons, ce soir dans le mystère de Pâques, et donc au cœur de notre foi. Chaque année nous sommes invités à ralentir un peu notre rythme quotidien, faire comme une retraite au cœur de l’ordinaire et prendre le temps d’entendre ou de réentendre ce qui nous fait vivre. Un peu comme on feuillette un album de famille pour nous souvenir des moments forts, pour revivre des événements intenses qui nous ont marqués.

Ce soir, donc nous revivons le dernier repas du Seigneur … nous voilà devant le mystère de l’eucharistie. J’aime bien me rappeler ce que disait Saint Jean Paul II aux jeunes lors d’une Journée Mondiale de la Jeunesse : « L’eucharistie, reçue avec amour et adorée avec ferveur, devient une école de liberté et de charité pour réaliser le commandement de l’amour ». Prenons donc le temps de comprendre comment l’eucharistie nous apprend à aimer à la manière de Dieu.

Dans l’eucharistie, Dieu se donne à nous, pleinement, corps et âme. Dans la Bible, en effet, le sang est le lieu de l’âme : lorsque le sang ne circule plus, le corps cesse de vivre. Recevoir le corps et le sang du Christ, c’est donc recevoir le Christ, non pas une partie du Christ, mais le Christ tout entier qui se donne à nous. L’eucharistie est le signe et la preuve que Dieu nous aime, et elle nous rappelle qu’aimer c’est donner, tout donner et se donner soi-même.

Mais il y a autre chose. Aujourd’hui, dans la fête de l’Eucharistie, on lit l’évangile du lavement des pieds. C’est dans le même repas que Jésus a consacré le pain et le vin comme son corps et son sang, et qu’il s’est mis à genoux pour laver les pieds de ses apôtres. Les prêtres savent bien qu’avant d’être prêtres, ils sont diacres, c’est-à-dire serviteurs. L’eucharistie nous renvoie donc non seulement au mystère de la présence de Dieu dans le pain et le vin, mais aussi au mystère de la présence de Dieu dans l’autre, dans celui qui a besoin de nous. « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le les uns pour les autres ». Aimer, ce n’est pas entretenir de grandes idées, ou se complaire dans de bons sentiments, c’est concrètement se mettre au service de l’autre. Dans le langage courant le mot « charité » signifie plus ou moins l’aumône. Pourtant, c’est d’abord le mot qui désigne l’amour de Dieu, l’amour à la manière de Dieu. Et cet amour n’est pas platonique, c’est un amour qui s’engage, un amour qui agit.  Voilà une autre chose que nous apprend l’eucharistie : Aimer, c’est s’engager et servir.

Cela dit, pour être honnête, le mystère de l’eucharistie n’est pas toujours évident à vivre et encore moins à comprendre. Reconnaître la présence du Christ à travers l’apparence du pain et du vin, cela suppose de notre part un acte de foi. C’est même la raison pour laquelle on répond « amen » au prêtre qui nous présente l’Eucharistie. On ne répond pas « merci » mais « amen », c’est-à-dire « Je crois ». Amen c’est le mot de la foi. Parce que l’amour ne se reçoit pas sans confiance. Les époux le savent bien, eux qui passent leur vie à se donner des preuves d’amour. Mais toute une vie ne suffit pas à prouver l’amour, parce que l’amour ne se prouve pas comme une vérité scientifique, il se reçoit dans la confiance. Il y a même comme un cercle entre l’amour et la foi : plus on aime et plus fait confiance, plus on fait confiance et plus on aime. D’une certaine manière l’eucharistie nous provoque et nous interroge, elle nous demande : crois-tu ? Et, par cette question, elle nous enseigne qu’aimer c’est croire et faire confiance.

Mais qui peut nous obliger à croire ? Personne ! La foi est un acte libre, ce n’est pas quelque chose qu’on subit, c’est quelque chose qu’on décide. « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne » dit Jésus. À cette liberté de Jésus qui se donne répond notre liberté de croyant. Ça ne veut pas dire que nous maîtrisons tout, mais nous entrons librement dans un mystère qui nous dépasse. Choisir librement quelque chose de plus grand que nous, c’est une manière de progresser, d’aller au-delà de ce que nous connaissons. Ainsi l’eucharistie vient nous révéler que l’amour est un choix, qu’il ne peut exister que si nous sommes libres, et que ce choix nous fait avancer, nous permet de grandir et de nous dépasser sans nous anéantir.

Aimer c’est tout donner et se donner ; c’est s’engager et se mettre au service des autres ; c’est croire et faire confiance ; c’est choisir librement et se dépasser. Voilà, rapidement, quelques repères que nous donne l’eucharistie pour nous apprendre à aimer 

Ce soir, nous sommes invités à accompagner Jésus au jardin des Oliviers à travers un moment d’adoration au reposoir. Dans ce temps qui nous est proposé, nous pourrons, continuer à méditer et à approfondir ce grand mystère qui nourrit notre vie spirituelle. Nous pourrons prendre le temps d’apprendre de l’Eucharistie ce qu’est l’amour. L’amour de Dieu pour nous et l’amour de nous pour Dieu, l’amour que nous pouvons avoir les uns pour les autres, l’amour qui dépasse les frontières, l’amour qui s’étend à tous les hommes et qui transforme le monde. Comme le disait sainte Térésa de Calcutta – « le fruit du silence, c’est la prière ; le fruit de la prière, c’est la foi ; le fruit de la foi, c’est l’amour ; le fruit de l’amour, c’est le service ; le fruit du service c’est la paix » 

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des Chrétiens, qu’elle ouvre nos cœurs à ce que l’Eucharistie nous apprend. Reine de la Paix, qu’elle nous rende disponibles à vivre ce que nous contemplons. Mère du Bel Amour, qu’elle nous entraine à la suite du Christ, pour que nous laissions nos cœurs battre au rythme du Cœur de Dieu et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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7 janvier 2024 7 07 /01 /janvier /2024 14:09

EPH

Epiphanie du Seigneur

Is 60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3. 5-6 ; Mt 2,1-12

La fête de l’Épiphanie du Seigneur n’est pas une réplique gastronomique ou folklorique de Noël, c’est même une célébration très ancienne qui nous invite à méditer un aspect parfois un peu trop négligé du mystère chrétien : Dieu s’est manifesté pour tous les hommes, tous les peuples sont invités à connaître et adorer l’amour du Seigneur. C’est ce qu’annonçait Isaïe dans la première lecture, c’est ce qu’expliquait saint Paul dans la lettre aux Éphésiens.

La figure de cette fête est évidemment les mages venus d’Orient, dont on dit qu’ils étaient rois et qu’ils étaient trois. Ils sont l’image de cette connaissance de Dieu accessible à tous. Pour méditer sur ce mystère et comprendre comment connaître Dieu, nous pouvons mettre en contraste de l’image des trois mages un autre trio venus d’Orient : les trois singes qui – dit-on – représentent la sagesse. L’un a les mains sur les yeux, l’autre sur la bouche, le troisième sur les oreilles. Sans doute y a-t-il dans cette image des trois singes quelque chose de très vrai et de très vénérable, mais aujourd’hui, les trois mages nous invitent à une autre sagesse pour connaître Dieu.

La première chose, c’est qu’il faut ouvrir les yeux. Comment, en effet, les mages auraient-ils pu « voir son étoile se lever » s’ils n’avaient pas les yeux ouverts pour scruter la nature ? Ces mages sont des savants, au regard curieux pour essayer de comprendre. Et c’est le point de départ de toute démarche vers Dieu. Si nous voulons comprendre Dieu, nous n’avons pas à craindre la science ni la réflexion ! Le Seigneur ne nous demande pas d’être aveugle, mais au contraire de regarder et d’observer. Il nous a donné une intelligence pour comprendre le monde, et le monde nous parle de lui, le monde nous ouvre à sa présence. La première étape du chemin de l’épiphanie, c’est d’essayer de comprendre. Nous ne pourrons jamais voir Jésus si nous gardons les mains sur nos yeux !

Non seulement ils ont les yeux ouverts, mais ils se mettent en marche, et leur marche les conduit à Jérusalem où semble-t-il l’étoile disparaît. Parce qu’aussi perçante que soit notre vue, aussi grande que soit notre science, il arrive un moment où l’on touche ses limites. Alors les mages doivent demander conseil. Ils doivent ouvrir la bouche pour interroger, pour se faire aider. Il ne s’agit pas de parler à tort et à travers, de cancaner ou de pérorer, il s’agit de demander. C’est un autre aspect de la recherche du Seigneur : réaliser que nous avons besoin des autres, que nous ne savons pas tout. C’est une étape qui nous dispose à l’humilité, une disposition essentielle sans laquelle nous ne pourrons pas rencontrer Dieu ! La deuxième condition pour adorer le Seigneur, c’est de ne pas garder les mains sur la bouche mais de prier et de questionner.

Mais ce n’est pas tout de questionner … il faut encore ouvrir les oreilles pour entendre et écouter la Parole de Dieu. C’est cette parole entendue qui va indiquer aux mages la fin du chemin, où d’ailleurs ils retrouvent l’étoile. La Parole ne supprime pas notre connaissance, mais la transfigure et la porte à son achèvement. Ouvrant les oreilles, ils ont encore besoin de leurs yeux ! La foi et la science ne s’opposent pas, elles sont, selon la belle formule de Jean Paul II comme les deux ailes de l’intelligence humaine. La troisième étape du chemin de l’épiphanie demande que nous enlevions nos mains des oreilles pour être entendre la révélation, et c’est à l’écoute de la Parole que nous pourrons parvenir jusqu’à la crèche.

Là, devant l’enfant, l’histoire n’est pas terminée ! Ces mains qui ne sont ni sur les yeux, ni sur la bouche, ni sur les oreilles, sont ouvertes pour offrir l’or, l’encens et la myrrhe. Il ne s’agit plus simplement d’observer, de questionner et d’écouter, il faut encore donner et se donner. Le but de la longue marche des mages n’est pas une curiosité, une aventure ou un apprentissage, mais de se prosterner devant celui qui vient de naître. Si Dieu se manifeste à nous ce n’est pas pour que nous le regardions comme un spectacle, ce n’est pas pour nous ouvrir le bureau des réclamations, ni même pour nous révéler ce que nous ne pouvons pas savoir par nos propres forces ; si Dieu se manifeste c’est pour que nous puissions l’aimer comme il nous aime, et comme son amour est universel, il se manifeste à toutes les nations. Alors, comme les mages qui « rentrent chez eux par un autre chemin », l’adoration nous transforme, pour que nous transformions le monde.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne dans ce chemin de l’Épiphanie auquel nous sommes invités. Elle qui est l’Etoile du matin, qu’elle ouvre nos yeux pour que nous sachions observer et contempler. Elle qui est la Mère du Bon Conseil, qu’elle ouvre nos bouches pour que nous sachions demander et prier. Elle qui est le Trône de la Sagesse, qu’elle ouvre nos oreilles pour que nous sachions écouter la Parole et la mettre en pratique, ainsi nous pourrons à notre tour adorer celui que nous célébrons et lui offrir l’or de notre foi, l’encens de notre espérance et la myrrhe de notre charité, pour demeurer en lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles

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15 août 2023 2 15 /08 /août /2023 13:00

0815

Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

Ap 11,19. 12, 1-6. 10 ; Ps 44 ; 1 Co 15,20-27a ; Lc 1, 39-56

« Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles ». Ces mots de l’Apocalypse ouvrent naturellement la liturgie de la Parole pour la fête d’aujourd’hui et ils ont inspiré tout au long des siècles les images par lesquelles on représente la Vierge Marie depuis son Assomption. Arrêtons-nous sur cette description pour mieux saisir ce que signifie le mystère qui nous rassemble ce matin.

Tout d’abord, la Femme a le soleil pour manteau. Le soleil est le symbole de la gloire de Dieu. Astre du jour, source de lumière et de chaleur, c’est lui qui permet l’éclosion de la vie. Familier et lointain, bienfaisant et redoutable, il évoque la puissance et la présence divine. Mais la femme n’est pas le soleil, elle en est enveloppée. « Il s’est penché sur son humble servante, tous les âges me diront bienheureuse » reconnaît Marie dans le Magnificat. Ce manteau de soleil est donc le signe d’une gloire mais d’une gloire reçue, d’une présence qui accompagne. C’est l’image de la sainteté, mais d’une sainteté qui participe au resplendissement divin à la mesure de notre disponibilité. Marie n’est pas Dieu, et cela tombe bien parce que nul d’entre nous ne peut l’être, mais elle porte la gloire de Dieu ce que nous pouvons faire nous aussi, si nous acceptons de ne pas rester sur le trône de nos pouvoirs, et de nous laisser élever par celui qui disperse les superbes.

Ensuite, la lune est sous ses pieds. La lune est l’astre de la nuit, son apparition marque la fin du jour, et l’alternance de ses transformations mesure le défilement des mois. Elle est donc le symbole du temps qui passe. Si la lune est sous les pieds de la femme, c’est qu’elle est devenue inutile : par l’Assomption, Marie est entrée dans l’éternité. Mais cela signifie aussi que le temps est dominé. Or c’est bien la fidélité qui permet de vaincre le temps et de ne pas se laisser emporter par les caprices des changements. Marie est bien témoin de cette fidélité, de l’Annonciation jusqu’au pied de la croix, elle reste fidèle à la Parole de Dieu. Une fidélité qui s’appuie sur la fidélité de Dieu, de celui dont « la miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent », de celui qui « se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères ». Pour Marie, comme pour nous, l’éternité est en germe quand on accueille la parole de Dieu et qu’on la garde.

Enfin, la Femme a une couronne de douze étoiles. Les marins savent combien sont utiles les étoiles pour se repérer quand on manque de repères. Elles sont douze comme les tribus d’Israël ou comme les apôtres du Seigneur. La couronne d’étoiles représente donc l’ensemble de ceux qui nous précèdent et qui nous montrent le chemin. Elle rappelle que nous n’avançons pas tout seul, que la vie chrétienne n’est pas une affaire individuelle et que la sainteté n’est pas une aventure solitaire. L’évangile nous rappelait d’ailleurs que le Magnificat jaillit au cœur d’une rencontre et non pas dans l’isolement d’une expérience mystique. L’Assomption, ce n’est pas un spectacle mais un appel, comme le dira la préface c’est « un signe d’espérance et une source de réconfort pour nous qui sommes encore en chemin ».

Alors, contemplons le grand signe apparut dans le ciel. Reconnaissons en Marie la présence divine qui se déploie à la mesure de son humilité, avançons avec elle dans l’éternité en gardant fidèlement les paroles qui nous sont dites de la part du Seigneur, entrons résolument dans l’assemblée des saints les mains vides de nos richesses pour les ouvrir aux biens dont Dieu veut nous combler.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, éclaire nos cœurs en cette fête de l’Assomption. Humble Servante du Seigneur qu’elle nous rende disponible à la présence du Seigneur. Vierge fidèle qu’elle nous garde dans la confiance à la Parole de Dieu. Reine des Saints qu’elle nous accompagne tout au long de notre vie pour que nous puissions devenir ce que nous sommes et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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6 août 2023 7 06 /08 /août /2023 10:49

TOTRAA

Transfiguration du Seigneur - Année A

Dn 7,9-10.13-14 ; Ps 96(97) ; 2P 1,16-19 ; Mt 17,1-9

Puisque cette année le 6 août tombe un dimanche, la fête de la Transfiguration du Seigneur prime sur le temps ordinaire. Cela nous permet donc de méditer un peu plus longuement sur cet épisode de la vie de Jésus que l’on entend généralement au deuxième dimanche de carême.

C’est qu’il s’agissait d’une sorte de préparation des apôtres aux jours de la Passion, pour qu’ils sachent qui est vraiment Jésus, et qu’ils puissent ainsi attendre et espérer la résurrection. La Transfiguration est donc une sorte de double révélation : révélation de l’identité de Jésus et révélation de sa mission – révélation de l’invisible et révélation du futur, révélation de la présence de Dieu et révélation de sa puissance. Et sans doute cela peut-il nous donner à méditer sur notre propre manière de vivre et de réagir. N’avons-nous pas tendance à nous limiter à l’apparence et à l’instant, à ce que l’on perçoit et à ce que l’on envisage ?

La Transfiguration nous révèle que le monde ne se limite pas à ce que nous en percevons, que n’existe pas seulement ce que l’on sait ou ce que l’on peut savoir. Elle nous rappelle que Dieu est présent même quand nous ne le savons pas, et qu’il est concerné même par ce que nous pensons ordinaire. Nous voilà invités à avoir une vision spirituelle de la vie et des événements, sans ignorer l’invisible, sans s’y réfugier par le rêve. Reconnaître la présence de Dieu auprès de nous c’est éviter de vivre dans un monde mécanique à la mesure de notre perception ou dans un monde fantasmatique à la mesure de notre imagination.

La Transfiguration annonce aussi le mystère de Pâques, elle ne révèle pas seulement qui est Jésus mais aussi sa résurrection. Ainsi, elle ouvre les portes du temps pour que nous puissions savoir ce qui va arriver. Si dans un roman, connaitre prématurément la fin risque de gâcher le suspens, dans la vie, au contraire, cela aide à dépasser les épreuves et à faire les bons choix. Voilà pourquoi il est important aussi de se souvenir que nous sommes destinés à la vie éternelle. Une vie éternelle qui n’est pas un destin survenant quoiqu’on fasse, mais l’aboutissement de l’élan de notre vie. Reconnaître la puissance de Dieu permet d’éviter la vanité de l’instant comme l’angoisse de l’inconnu.

Sans doute pourrions-nous prétendre inventer l’invisible ou le futur. Cependant l’épisode de la Transfiguration nous rappelle que c’est Dieu qui nous les révèle. Encore faut-il imiter les disciples, et comme eux, prendre le temps de se mettre à l’écart du tourbillon de la vie pour entendre la parole de Dieu. Comme le disait saint Pierre dans la deuxième lecture, cette parole est « une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans nos cœurs ». Il ne s’agit pas de s’installer en dressant des tentes, mais d’apercevoir l’éclat de la présence de Dieu, d’entendre l’annonce de sa puissance.

Nous voici donc invités à vivre ce temps de la messe à la lumière de la Transfiguration. Comme un moment où resplendit la Gloire de Dieu, où la Parole nous révèle l’invisible et l’appel de l’éternité, pour que nous puissions vivre en sachant que le Seigneur est présent parmi nous, avancer en nous dirigeant vers la plénitude de sa puissance.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle éclaire notre vie de la présence du Seigneur ; Porte du Ciel qu’elle oriente notre espérance vers la vie éternelle ; Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à méditer la parole pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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4 juin 2023 7 04 /06 /juin /2023 13:07

TOTRIA

Solennité de la Sainte Trinité - Année A

Ex 34,4b-6.8-9 ; Dn 3,5 ss ; 2Co 13,11-13 ; Jn 3,16-18

Il est de coutume dans certains pays d’appeler un nouveau-né par le nom marqué au jour de sa naissance sur le calendrier. Donc, si un enfant naissait aujourd’hui, on l’appellerait « Trinité ». Rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans une évocation des célèbres westerns spaghetti … d’autant que de nos jours, il aurait plus de chance de s’appeler « fête des mères ». Ainsi nous voilà à la première de ces trois solennités qui – comme des ricochets de l’effusion de l’Esprit –invitent à entrer dans le Temps ordinaire en contemplant l’amour de Dieu pour nous. Cela dit, l’Évangile choisi cette année me plonge dans une certaine perplexité. Sans doute est-ce un bon moyen pour entrer dans le mystère en gardant l’humilité !

A travers ces quelques mots où Jésus évoque sa mission, nous pouvons remarquer trois choses : d’abord c’est Dieu qui a l’initiative, ensuite nous sommes concernés puisque c’est pour notre salut, enfin l’importance de la foi pour accueillir cette mission. Par la magie du chiffre trois, nous pouvons rapprocher ces remarques des trois actions qui sont attribuées à Dieu dans sa rencontre avec Moïse : il l’appelle, il se place auprès de lui, enfin il passe devant lui. Avec les paroles de la salutation de saint Paul qui concluait la deuxième lecture : « la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit », nous avons peut-être l’éclairage suffisant pour nous aventurer dans la méditation de la Trinité.

D’abord, il y a donc l’initiative de Dieu qui aime le monde et qui pour cela envoie son Fils pour le sauver. C’est aussi Dieu qui demande à Moïse de le rejoindre sur la montagne du Sinaï, pour lui révéler son nom : Le Seigneur, plein d’amour et de vérité. Ainsi le Père est la personne divine qui resplendit de l’amour comme origine. Tant pis pour ceux qui se pensent le centre du monde, ou pour ceux qui mettent leur fierté dans ce qu’ils ont décidé, mais ce que nous connaissons de Dieu, c’est lui qui nous l’a révélé, avant d’aimer nous sommes aimés, notre vie spirituelle est une réponse à l’appel du Père.

Ensuite, nous sommes concernés. C’est pour nous que le Fils est envoyé, c’est à nous qu’il est donné. Ainsi, Dieu ne cherche pas à étaler sa perfection métaphysique, il vient nous rejoindre. Comme le disait la première lecture, Dieu vint se placer là, auprès de Moïse. C’est pourquoi saint Paul parle de la grâce du Seigneur Jésus Christ. La grâce c’est-à-dire le don. Le Fils est la personne divine qui resplendit de l’amour qui se donne. Tant pis pour ceux qui veulent se débrouiller tout seul ou pour ceux qui mettent leur fierté dans leur autonomie, mais comme disait Sainte Thérèse « tout est grâce ». Si notre vie spirituelle comporte des efforts, ce sont des efforts pour recevoir et non pas des efforts pour conquérir. Le Fils est notre porte d’entrée dans la vie éternelle, la main qui nous est tendue pour que nous entrions dans l’amour divin.

Enfin, Jésus insistait sur la foi : « quiconque croit en lui », « celui qui croit en lui ». Croire c’est-à-dire faire confiance et se laisser conduire. Cela rejoint l’image de Dieu qui passe devant Moïse pour proclamer sa tendresse et sa miséricorde. Comme une invitation à le suivre. Ainsi l’amour de Dieu implique aussi la communion de l’Esprit-Saint. L’Esprit-Saint est la personne divine qui resplendit de l’amour qui entraine et qui rassemble. Il est comme un souffle qui met en mouvement. Tant pis pour ceux qui veulent rester isolés, ou pour ceux qui mettent leur fierté dans leur immobilisme, la vie spirituelle est dynamisme, elle est une invitation au dépassement et à la progression. L’amour de Dieu n’est pas l’adoption d’une posture mais le rayonnement de l’Esprit Saint.

La mission du Christ nous révèle le cœur de Dieu : un amour à l’origine de tout, un amour qui donne et se donne, un amour qui entraîne et rassemble. Si nos mots et nos pensées sont bien pauvres pour rendre compte de ce grand mystère, c’est par la contemplation et par toute notre vie que nous pouvons répondre à l’amour du Père, accueillir la grâce du Fils, et nous engager dans la communion du Saint Esprit.

Que la Vierge Marie, avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à aimer comme nous sommes aimés ; Secours des chrétiens qu’elle nous montre comment accueillir la grâce de Dieu ; Reine de saints qu’elle nous entraîne dans le souffle de la paix, pour que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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28 mai 2023 7 28 /05 /mai /2023 13:34

PENA

Pentecôte - Année A

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; 1 Co 12, 3b-7. 12-13 ; Jn 20, 19-23

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, saint Jean rassemble en un même jour le mystère que nous célébrons sur cinquante jours : D’abord la joie de Pâques, celles de la rencontre avec Jésus ressuscité ; ensuite l’envoi en mission que nous avons célébré à l’Ascension ; enfin le don de l’Esprit, que nous fêtons aujourd’hui, et que le Seigneur souffle sur ses apôtres. Ainsi nous pouvons d’un seul coup d’œil embrasser l’ensemble du mystère, en percevoir son unité et sa dynamique.

Mais il ne faudrait pas nous laisser distraire par une interprétation restrictive des paroles de Jésus qui accompagnent le don de l’Esprit : « à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ». Puisque ces paroles sont liées au don de l’Esprit elles concernent tous les baptisés et non pas seulement les prêtres. Les prêtres, dans la confession, les accomplissent d’une certaine manière ; mais c’est tout chrétien qui est amené à vivre cette parole de Jésus. Non pas dans un sacrement, mais par sa vie, par ses relations, par sa prière, par son engagement. Ce que disent surtout ces paroles, c’est que Jésus nous confie par l’Esprit Saint, ce lien unique entre le ciel et la terre qu’il incarnait afin ce que nous vivions sur la terre retentisse dans le ciel.

L’Esprit vient de Jésus, puis que c’est lui qui le souffle sur les apôtres ; mais réciproquement, c’est l’Esprit qui conduit à Jésus puisque, comme l’indique saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens, nul ne peut dire « Jésus est Seigneur », sinon dans l’Esprit Saint. Ainsi Jésus est inséparable de l’Esprit, et l’Esprit inséparable de Jésus. Nous voilà plongés au cœur du mystère d’une alliance. Ce que manifeste d’ailleurs la fête de la Pentecôte qui est la fête de l’Alliance entre Dieu et les hommes, puisqu’il s’agissait du jour où l’on rappelait le don de la Loi sur le Sinaï. Ainsi la nouvelle alliance, ce ne sont plus les tables de la Loi, mais l’Esprit-Saint.

Et l’image de l’unité à laquelle conduit le don de Dieu nous est rappelée dans la première lecture. Tous les hommes entendent proclamer les merveilles de Dieu, chacun dans sa langue. La diversité n’est plus comme à Babel, le tragique échec d’une humanité qui se prend pour Dieu, c’est le signe du concert des nations où chacun est appelé dans la particularité de son histoire. C’est aussi ce que rappelait saint Paul : les dons sont variés, les services sont variés, les activités sont variées … mais c’est toujours le même Seigneur. Nous sommes comme les membres d’un corps : unis parce qu’uniques. L’Esprit-Saint ne fait pas de nous des clones, il nous permet de déployer notre propre vocation : ce que nous sommes, personne ne peut l’être à notre place.

Et cette unicité, parce qu’elle est communion, ne nous éloigne pas les uns des autres. Au contraire d’une station-service où chaque voiture vient se ravitailler pour suivre des routes différentes, l’Église est le lieu du rassemblement et de la complémentarité pour que les différences des uns soient richesses pour les autres. L’unicité n’est pas isolement, mais un souffle qui nous met au service les uns des autres. L’Esprit Saint nous entraine dans le mystère de l’unité dans la multiplicité, dans la Tri unité ou Trinité, mystère que nous méditerons dimanche prochain.

Ainsi, nous découvrons combien l’Esprit Saint est le maître de l’unité. Unité avec le Christ qui révèle l’unicité de chacun de nous, unicité de chacun de nous qui fortifie l’unité entre nous et avec le Christ. L’Esprit Saint est celui qui permet notre communion au Christ, une communion qui nous introduit dans la communion divine et nous fait communier les uns aux autres.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est le Temple de l’Esprit, l’Arche de la nouvelle alliance et la Mère de l’Église. Qu’elle nous apprenne à nous laisser unir toujours plus au Christ par l’Esprit Saint. Qu’elle nous montre comment laisser l’Esprit Saint déployer en nous les dons de sa grâce, pour que nous puissions, avec Marie, vivre déjà entre nous le rassemblement du genre humain en Dieu auquel nous sommes appelés dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 12:41

PAASCA

Ascension du Seigneur - Année A

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 1,17-23 ; Mt 28,16-20

Quarante jours après Pâques nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Comme nous avons eu quarante jours pour nous préparer au grand mystère, nous avons eu quarante jours pour le méditer. Quarante jours pour creuser en nous le désir de Dieu et quarante jours pour goûter sa présence. Et voilà qu’une page se tourne, qu’un nouveau temps commence. Mais il y a un aspect un peu paradoxal dans cette fête : comme les disciples d’Emmaüs, c’est au moment où ils reconnaissent le Seigneur qu’il disparaît à leurs regards. On dirait que le mystère de Dieu se donne en se dérobant. Il y a, dans l’Ascension, quelque chose qui prend la logique humaine à contrepied pour nous permettre de pressentir la logique divine.

Dans l’Évangile, Jésus dit aux disciples : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » et il rajoute alors « de toutes les nations faites des disciples ». Mais s’il a tout pouvoir, pourquoi ne fait-il pas lui-même des disciples ? Ce serait plus simple et plus efficace ! Pourquoi la puissance de Dieu se manifeste-t-elle par son absence ? C’est qu’il s’agit d’une puissance qui se partage et non pas d’une puissance qui s’impose. Une puissance avec nous et non pas une puissance malgré nous ou sans nous. L’Ascension prend à contrepied notre idée de toute puissance pour nous faire découvrir, par le témoignage l’importance que nous avons dans le cœur de Dieu qui compte sur nous pour transmettre ce que nous avons reçu, pour partager la puissance incomparable qu’il déploie pour nous les croyants – comme disait saint Paul dans la deuxième lecture.

Dans le récit des Actes des Apôtres, au cours du tout dernier repas que Jésus prend avec les disciples, pour que s’accomplisse la promesse du Père, « il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem » Donc la mission jusqu’aux extrémités de la terre commence en ne quittant pas Jérusalem ? Parce que l’Esprit Saint qu’ils doivent recevoir ne peut pas les retrouver s’ils sont déjà en route vers les nations ? Le don de Dieu serait-il limité à un lieu particulier ? Ça fait peut-être l’affaire des agences de pèlerinage, mais pas celle de ceux qui n’ont pas les moyens du voyage ! Bien sûr, on peut comprendre qu’il s’agit d’une manière pour le Seigneur de nous inviter à l’attente qui permet de manifester la disponibilité. Trop souvent nous imaginons l’Esprit Saint comme quelque chose de magique, presque mécanique, instantané et inconditionnel. Mais là encore le don de Dieu ne se fait pas malgré nous ni sans nous : le Seigneur attend que nous soyons disponibles à le recevoir pour nous le donner. Le temps qui sépare l’Ascension de la Pentecôte prend à contrepied notre idée de l’action divine pour nous faire découvrir, par la patience, l’importance d’une relation qui soit de l’ordre de l’alliance et qui demande de notre part une disponibilité de cœur pour accueillir ce que Dieu veut nous donner.

Enfin, après le départ de Jésus, les hommes en vêtement blanc qui se tiennent devant les apôtres leur reprochent de rester à regarder vers le ciel. On comprend le sens du message, mais ce qui est curieux c’est la raison qu’ils donnent : « il viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ». Si Jésus doit revenir depuis le ciel, n’est-ce pas au contraire normal de l’attendre en regardant dans la direction d’où il arrivera ? C’est vrai que, vu le temps qu’il met à revenir, les disciples vont attraper un torticolis ! Mais quand même, si nous attendons sa venue, ne faut-il pas la veiller ? En fait, nous comprenons bien que ce n’est pas la bonne manière d’attendre. On n’attend pas la venue du Seigneur en regardant dans une direction, fût-ce l’Orient, même liturgique, on attend la venue du Seigneur en gardant fidèlement sa parole, en étant attentif à sa présence, lui qui a affirmé qu’il était « avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Ce n’est pas en se tournant vers un ailleurs vide que nous attendons le Seigneur, mais en étant présents à sa présence invisible, c’est par notre fidélité attentive et persévérante que nous attendons le retour du Seigneur. Là encore, l’Ascension prend à contrepied notre idée de l’attente de Dieu pour que nous découvrions, par la fidélité, l’importance de ce que nous vivons et de la manière dont nous vivons.

Ainsi l’Ascension n’est pas un point final, mais un commencement. S’il peut nous paraître paradoxal que la plénitude de la Gloire du Christ se manifeste par le témoignage des hommes, que la mission universelle commence par un temps de recueillement à Jérusalem, et que l’attente de la venue du Seigneur implique de ne pas regarder fixement le ciel, c’est que Dieu nous révèle l’importance du partage, de la disponibilité et de la fidélité qui nous disposent à déployer ce que nous avons contemplé pour que nous puissions participer à l’accomplissement total du Christ.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle fortifie notre foi, pour que nous puissions témoigner de ce que nous avons reçu. Temple de l’Esprit Saint qu’elle éduque notre espérance, pour que nous puissions être disponible au Don de Dieu. Mère du Bel Amour qu’elle encourage notre charité, pour que nous restions fidèles à l’enseignement du Seigneur et que rayonne en nous la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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20 novembre 2022 7 20 /11 /novembre /2022 13:49

XR-C

Christ Roi de l'Univers - Année C

2 S 5,1-3 ; Ps 121 (122) ; Col 1,12-20 ; Lc 23, 35-43

La fin de l’année liturgique est marquée par la fête du Christ Roi de l’Univers. Je ne pense pas que ce soit manquer de respect aux mystères divins, ni dénigrer la piété du peuple de Dieu que de remarquer que cela ne nous inspire pas une dévotion débordante. Il faut reconnaître que pour la plupart d’entre nous, il s’agit d’un dimanche comme un autre ! Et ce n’est pas l’évangile que nous venons d’entendre qui va nous inciter à avoir une conscience plus aiguë de la solennité de ce jour ! En matière de royauté il ne nous est guère donné à contempler que la croix comme trône, des épines pour couronne et les moqueries des chefs et des soldats comme acclamations triomphales !

Pourtant il y a une personne dans la scène que nous venons d’entendre qui a reconnu la royauté du Christ : c’est le bon larron … celui qu’on appelle traditionnellement Dismas (dont la mémoire est inscrite au 25 mars, ce qui fait qu’on ne la fête jamais, puisque c’est le jour où l’on célèbre l’Annonciation). Non seulement cet homme reconnaît la royauté du Seigneur, mais il lui fait hommage puisqu’il lui demande « souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». Cette dernière prière et la réponse de Jésus nous éclairent sur la véritable nature du Règne de Dieu.

D’abord il s’agit d’un futur : « quand tu viendras » demande Dismas ; « tu seras » répond Jésus. Nous-mêmes, dans le Notre Père, nous demandons « que ton Règne vienne ». Il ne s’agit donc pas d’un constat mais d’une perspective. Sans doute peut-on nuancer entre la Royauté, le Royaume et le Règne. Par exemple, un roi peut ne pas régner ou régner sur une partie seulement de son Royaume. Et c’est sans doute l’erreur majeure que font les chefs ou les soldats : croire que le règne est présent alors qu’il est à venir. Mais nous-mêmes est-ce que nous n’avons pas aussi cette impatience ? Est-ce que nous ne souhaiterions pas que la Royauté du Christ soit déjà manifestée ? Quand nous rêvons de vivre dans un monde parfait, quand nous attendons de Dieu qu’il règle tous nos problèmes tout de suite, nous cherchons un règne présent au lieu d’espérer le règne qui vient. L’impatience, c’est confondre « je veux » et « je fais » et penser donc que si Dieu ne fait pas c’est qu’il ne veut pas … Reconnaître dans la croix du Christ le trône du Roi de l’univers, c’est accepter de ne pas vivre dans l’immédiateté, c’est entrer dans le déploiement d’une promesse, être attentif à la germination du mystère.

Il y a aussi quelque chose d’imminent. « Aujourd’hui » dit Jésus : il s’agit donc d’un futur proche et non pas d’un futur lointain. Quelles conséquences ? Cela donne une note d’urgence qui interpelle et demande à ce qu’on se mobilise. Un futur lointain, on peut se dire « on a encore le temps », ou « on verra plus tard ». Alors qu’un futur proche nous dit « c’est le moment », « soyez prêts » ou encore « le temps est compté ». Ce n’est plus le temps de se disperser mais de se préparer. Le futur lointain risque d’être théorique et abstrait, tandis que le futur proche est beaucoup plus pratique et concret. La fête du Christ Roi de l’Univers nous invite à passer de l’espérance à l’attente … on comprend pourquoi elle se situe au terme du temps ordinaire, au seuil de l’Avent.

Enfin, il y a le caractère universel du Royaume. Dans l’évangile, l’évocation du « roi des juifs » a quelque chose d’incomplet, car Jésus n’est pas que le roi des juifs, il est le roi de l’univers. C’est la deuxième lecture, la lettre de saint Paul aux Colossiens qui nous le rappelait. Rien ni personne n’est exclu de cette royauté. Ne nous égarons pas à rechercher ce qu’implique pour nous le fait que les êtres invisibles relèvent du Royaume de Dieu, mais vérifions déjà que tout notre univers est concerné par le Christ. Est-ce qu’il n’y a pas tel ou tel domaine de notre vie dont nous pensons que cela n’a rien à voir avec la foi ? Ne sommes-nous pas tentés de soustraire au règne de Dieu telle ou telle partie de nos activités ou de nos préoccupations ? En reconnaissant que sa condamnation est juste, le bon larron remet sous la lumière du Christ les aspects les moins glorieux de son existence, et c’est ainsi qu’il peut entrer dans le Royaume puisque c’est le pardon des péchés qui en est la porte.

Sans doute la fête du Christ Roi de l’univers n’est-elle pas la célébration la plus populaire des mystères du Seigneur, pourtant nous aurions tort de la négliger, car elle nous rappelle ce vers quoi nous allons, elle nous invite à nous y préparer, en remettant tout ce qui fait notre vie sous le regard du Christ.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle oriente nos vies vers le Royaume de Dieu pour que nous grandissions dans l’espérance. Porte du Ciel qu’elle réveille notre attente pour que nous soyons prêts à rencontrer le Roi que nous suivons dans la foi. Mère du Bel amour qu’elle éclaire tout ce que nous sommes pour que nous élargissions notre charité et que nous puissions entrer dans la plénitude du Règne dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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1 novembre 2022 2 01 /11 /novembre /2022 19:51

TSST

Fête de Tous les Saints

Ap 7,2-4. 9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a

Nous voilà donc au jour de la Toussaint, au jour où, dans une même fête, nous honorons tous ceux qui se sont dans la gloire du cœur de Dieu. Ceux qui sont connus et reconnus, mais qui sont trop nombreux pour que l’on puisse consacrer un jour de l’année à nous souvenir de chacun ; mais aussi les inconnus, encore plus nombreux, qui ont vécu en faisant briller sur la terre une lumière divine.

Cette fête de la Toussaint est d’abord un acte de foi. En célébrant la foule immense et innombrable des saints, nous proclamons que la sainteté est possible. Non seulement pour des êtres d’exception, mais pour tous ceux qui acceptent de se laisser conduire par l’Esprit Saint. Nous proclamons que si le Christ a partagé notre condition humaine, c’est pour que nous puissions partager la condition divine. Fêter tous les saints, c’est proclamer notre foi dans les promesses du Seigneur et affirmer que le bonheur n’est pas un horizon lointain qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance, mais qu’il est comme une semence qui déjà porte de nombreux fruits. Si nous imaginons la sainteté comme un idéal inaccessible, comment se fait-il que tant d’hommes et de femmes, de toutes nations, races, peuples et langues aient pu l’atteindre ? C’est que la grâce se déploie à la mesure de la place qu’on lui laisse. Et la foi est la porte que nous ouvrons dans nos vies à la puissance de Dieu. Par la pauvreté de cœur et par la douceur, nous apprenons à faire confiance à Dieu pour que ce soit lui qui nous rende heureux.

La fête de la Toussaint est aussi un acte d’espérance. Elle nous rappelle ce à quoi nous sommes destinés. Elle est l’occasion de contempler le but du chemin que nous parcourons, de creuser en nous le désir de la gloire de Dieu. Comme le disait saint Jean, ce que nous serons ne paraît pas encore clairement : quand on n’est pas arrivés ce n’est pas le moment de s’arrêter ! En nous permettant de fêter la sainteté de tous ceux qui nous ont précédés, l’Église nous donne des motifs d’avancer avec plus de joie et plus d’entrain. Car l’espérance ne consiste pas à rêver mais à attendre, et plus l’espérance grandit, plus le désir se creuse. C’est pourquoi les larmes, la faim et la soif de justice sont les signes que progresse en nous l’espérance de la béatitude.

Enfin la fête de la Toussaint est un acte de charité. C’est une occasion d’aimer plus, d’aimer mieux. Comme une fête de famille resserre les liens et renforce l’unité. Fêter tous les saints, c’est se réjouir du bonheur des autres, c’est découvrir des frères et sœurs aînés qui nous montrent le chemin et qui nous accompagnent. C’est avoir déjà un avant-goût de la Jérusalem Céleste en vivant cette communion des saints qui est le mystère de l’Église et qui nous fait participer au cœur de Dieu. C’est rendre grâce pour la gloire de l’amour partagé avec le Seigneur. Cet amour de charité qui se déploie dans la miséricorde, dans la pureté de cœur et dans la paix.

Oui, aujourd’hui est une grande et belle fête car, confiant dans les promesses du Christ nous croyons que sont innombrables ceux qui vivent dans la plénitude de la lumière divine ; nous contemplons ce à quoi nous sommes appelés pour creuser en nous le désir de voir Dieu ; nous participons à la joie de tous ceux qui déjà chantent la louange du Seigneur et intercèdent pour nous.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais et Reine des Saints nous aide à entrer pleinement dans le mystère que nous célébrons. Porte du Ciel qu’elle nous fortifie dans la foi, Consolatrice des affligés qu’elle nous affermisse dans l’espérance. Mère du Bel amour qu’elle nous entraine dans la charité pour que nous puissions chanter la Gloire de Dieu dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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15 août 2022 1 15 /08 /août /2022 11:09

0815J

Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie - Messe du jour

Ap 11,19. 12, 1-6. 10 ; Ps 44 ; 1 Co 15,20-27a ; Lc 1, 39-56

Nous voilà donc réunis ce matin pour accomplir la parole du Magnificat : « toutes les générations me diront bienheureuse ». La fête de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie est l’occasion d’honorer la mère du Seigneur en rappelant son entrée dans la plénitude de la gloire au terme de sa vie terrestre. Plusieurs éléments concourent à lui donner une certaine importance, même si elle est l’occasion de festivités qui n’ont pas toujours un lien très explicite ni théologique avec le mystère célébré. Sans bouder le plaisir des réjouissances estivales, prenons le temps de méditer les textes que nous avons entendus.

La première lecture décrivait « un grand signe apparut dans le ciel », celui d’une femme et plus particulièrement d’une mère, puisqu’elle met au monde « celui qui sera le berger de toutes les nations ». Marie est d’abord la mère du Sauveur. Elisabeth à la Visitation l’appelle même « la mère de mon Seigneur ». Au-delà de la dimension romantique, cette maternité est extrêmement significative. Dans la lettre aux Galates, saint Paul rappelle que « Dieu a envoyé son fils, né d’une femme ». Puisque le signe de la mère nous est donné aujourd’hui, l’Incarnation est en filigrane de l’Assomption. Il ne s’agit pas tellement du plaisant paradoxe d’évoquer Noël au cœur de l’été, mais de réaliser à quel point la figure de Marie est importante pour notre foi puisqu’elle atteste que Dieu s’est fait homme, pleinement homme, « consubstantiel à nous selon l’humanité », comme le déclare le concile de Chalcédoine dès le Ve siècle.

Pourtant l’intérêt que nous portons à Marie ne se limite pas à sa maternité. On se souvient que lorsqu’une femme s’est écrié « heureuse la mère qui t’a porté » Jésus avait corrigé la béatitude, rejoignant d’ailleurs la salutation d’Elisabeth : « heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Ce qui mérite notre admiration chez Marie c’est cette disponibilité à la Parole de Dieu. Quand la prière de Marie explicite les raisons pour lesquelles toutes les générations la diront bienheureuse, elle souligne : « le Puissant fit pour moi des merveilles ». Et l’évocation de ce que Dieu fait pour elle la conduit à évoquer aussi l’ensemble des merveilles de Dieu tout au long de l’histoire : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». Ainsi, ce dont témoigne Marie c’est de la fidélité du Seigneur et du déploiement de sa providence. Puisque le Magnificat nous est donné comme signe, c’est aussi la foi, comme Don de Dieu et disponibilité de l’homme, qui est en filigrane de l’Assomption.

Cela étant, on manquerait à la spécificité de la fête d’aujourd’hui, si l’on oubliait la deuxième lecture. Il ne s’agit d’une fête mariale, en général, mais de l’Assomption, de la fin de la vie terrestre de Marie, de son entrée dans la gloire, corps et âme. Il faut donc rappeler la résurrection du Christ. Car, si Marie peut monter au ciel, c’est parce que Jésus en a ouvert les portes ; si elle est « élevée corps et âme à la gloire céleste », c’est que le Christ, le premier est ressuscité. L’Assomption est un écho de la Résurrection ; elle n’est pas un privilège au sens où cela nous serait inaccessible : Marie est déjà ce que nous serons – ou du moins ce que nous espérons être. On peut dire que notre rédemption est le troisième filigrane de l’Assomption, puisqu’elle nous précède sur le chemin ouvert par le Christ.

Nous ne sommes pas rassemblés pour contempler une vision spectaculaire, ni pour nous réjouir par procuration, mais pour entendre l’appel du Seigneur, pour suivre l’exemple de Marie et, comme Elisabeth, pour accueillir la présence et la puissance de Dieu qui vient jusqu’à nous pour nous entraîner jusqu’à Lui.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère de notre Seigneur qu’elle nous rende attentifs à Celui qui nous rejoint ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous soutienne dans la fidélité à Sa puissance ; Etoile du matin qu’elle nous guide jusqu’à la plénitude de Sa Gloire pour que nous puissions demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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