Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

fetes

L'Esprit fortifie notre relation à Dieu

8 Juin 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

PAPEC

Pentecôte - Année C

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Rm 8, 8-17 ; Jn 14,15-16.23b-26

Nous voici donc au jour de la Pentecôte. Le jour où nous célébrons le don de l'Esprit Saint qui descend sur les apôtres comme des langues de feu, comme un souffle qui les pousse à sortir du confort de la prière commune pour aller vers toutes les nations. C’est ainsi que se manifeste Celui que Jésus avait promis pour fortifier notre relation à Dieu.

L'Esprit Saint est d'abord celui qui nous rappele ce que Jésus a enseigné, celui qui nous aide à comprendre la Parole pour mieux la garder. C'est l'Esprit de connaissance du Seigneur, qui nous guide et nous accompagne. Trop souvent nous parlons de Dieu à partir de nos réflexions, de nos sentiments. Comme il est facile de donner son avis sur Dieu ! Mais Dieu n'est pas une idée, il est une personne, et nous avons besoin du don de science pour le connaître tel qu'il est plutôt que tel que nous l'imaginons.

L'Esprit Saint est aussi celui qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. C'est l'Esprit d'affection filiale, qui nous permet de découvrir Dieu comme un Père, d'être devant lui comme un enfant et non pas comme un esclave ou comme un étranger. Trop souvent nous prions en fonction de nous, notre prière est demande ou discours, alors qu'elle devrait être amour et rencontre. Nous avons besoin du don de piété pour aimer Dieu comme un Père, pour l'aimer comme le Christ l'aime.

L'Esprit Saint est encore celui qui envoie les disciples annoncer les merveilles de Dieu. Il est l'Esprit d'Adoration, celui qui permet de contempler ce qui est révélé pour annoncer ce qui est contemplé. Trop souvent nous nous intéressons à ce que Dieu peut nous apporter, nous considérons qu’il doit nous être utile, qu’il doit nous servir, alors que c’est nous qui devons le servir et être attentif à ce qu’il attend de nous. Nous avons besoin du don de crainte du Seigneur pour reconnaître ce qui vient de Dieu, pour accueillir ce qu'il nous donne et nous laisser entraîner là où Il nous attend.

Mais comment savoir si ce que nous faisons, ce que nous pensons, ce que nous disons, vient vraiment de l'Esprit Saint ? N'est-ce pas trop facile de prétendre que l'Esprit Saint nous a inspiré de faire telle ou telle chose, de dire telle ou telle parole ? À vrai dire l'Esprit ne se revendique jamais, il se reconnaît. Si vous remarquez bien, dans tous les textes que nous venons d'entendre, l'Esprit agit au pluriel. Parce que le don de Dieu n'isole pas mais il rassemble, il ne divise pas, il unit. C'est ensemble, en Église, que se reconnaît l'action de l'Esprit. C’est ensemble, en Église qu’il fortifie notre relation à Dieu.

Alors n'ayons pas peur de hisser les voiles de nos vies pour nous laisser emporter par le souffle de Dieu. Pour connaître Dieu, il n'est pas besoin de faire de savantes spéculations, il suffit d’écouter l’Esprit Saint qui a inspiré les textes bibliques et l’enseignement de l’Église. Pour aimer Dieu, il n'est pas besoin de faire des prouesses mystiques, il suffit de laisser l’Esprit Saint prier en nous, en reprenant les paroles de la liturgie. Pour adorer le Seigneur, il n'est pas besoin des exploits ascétiques, il suffit de se laisser guider par l’Esprit Saint qui nous a montré le chemin dans la vie des saints, des chrétiens qui nous ont précédés et qui ont témoigné des merveilles de Dieu par une vie de charité, de dévouement, d’engagement et de fidélité.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à accueillir l’Esprit Saint, Mieux que quiconque elle s’est laissé conduire par l’Esprit Saint. Trône de la Sagesse, qu’elle nous rende attentifs au don de Science pour accueillir l’Esprit de connaissance du Seigneur. Mère du Bel amour, qu’elle nous rende réceptifs au don de piété pour accueillir l’Esprit d’affection filiale. Reine du Ciel, qu’elle nous rende disponibles au don de crainte du Seigneur, pour accueillir l’Esprit d’Adoration ; et qu’emportés par le souffle de la Pentecôte, nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Lire la suite

La joie de l'Ascension

29 Mai 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

PA-ASC

Ascension du Seigneur - année C

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; He 9,24-28 ; 10,19-23 ; Lc 24,46-53

A bien y réfléchir, il y a un détail surprenant dans l’évangile. Pourquoi donc les disciples retournent à Jérusalem, remplis de joie ? Jésus vient de disparaître sous leurs yeux et ils savent que c’est désormais la fin d’un temps : ils ne le verront plus jusqu’à son retour glorieux ou à leur mort. En général, quand on quitte quelqu’un qu’on aime bien et qu’on sait qu’on ne le verra plus, on est plutôt triste ou tout au moins nostalgique. Mais eux sont remplis de joie ! Essayons de comprendre pourquoi.

Une première raison c’est qu’ils viennent d’assister à l’élévation de leur Seigneur et maître. C’est la plénitude du mystère de Pâques. Au petit matin, la résurrection les a consolés de leur peine : celui qui était mort est vivant. C’est très bien, et cela fait quarante jours qu’on le médite, mais Jésus n’est pas venu seulement vaincre la mort, Il est venu aussi nous ouvrir le ciel. La lumière de Pâques ne brille plus sous le boisseau, dans le cercle fermé des disciples, elle resplendit désormais au plus haut du firmament. Oui, l’Ascension est l’achèvement du mystère de Pâques, Jésus est désormais assis à la droite du Père. Et naturellement, contempler la gloire du Fils ne peut que remplir les disciples de joie !

Mais il y a aussi une deuxième raison, un peu paradoxale. L’Ascension inaugure une nouvelle forme de présence du Seigneur. Jésus n’est plus présent au milieu d’eux à la manière des hommes comme au temps de sa prédication, il n’est plus présent par intermittence comme depuis le petit matin de Pâques, il est désormais présent à la manière de Dieu. Ce qui signifie une présence moins visible mais plus forte, une présence continuelle, sans limite. Ainsi, voilà le paradoxe de l’Ascension : Jésus est toujours avec les disciples à partir du moment où il les quitte. Et l’évangéliste souligne que les apôtres ont bien compris cette nouvelle forme de présence puisqu’il précise qu’ils restent dans le Temple où ils ne cessent de bénir Dieu. Ils se tiennent jour et nuit devant Dieu pour demeurer avec celui qu’ils ont suivi et qui est désormais auprès du Seigneur. Rien ni personne ne peut les séparer du Christ ! C’est un motif valable de se réjouir !

Et puis la joie est le signe avant-coureur de l’Esprit Saint. Elle est la risée qui annonce le souffle divin. Et cette joie des disciples qui retournent à Jérusalem n’est pas un simple émotion toute humaine, c’est un don de Dieu, prémices de la Pentecôte, c’est elle qui précède la force qu’ils vont recevoir pour être témoins jusqu’aux extrémités de la terre. A l’Ascension commence le passage de relais : le lieu de Dieu sur terre ce ne sera plus le Temple, comme dans l’ancienne alliance, ce n’est plus Jésus comme pendant sa vie terrestre, ce sera désormais l’Église, l’ensemble de ceux qui reçoivent l’Esprit Saint.

Alors oui, l’Ascension est bien un moment de joie, parce qu’elle manifeste le resplendissement de la gloire de Dieu, parce qu’elle inaugure sa présence continuelle, parce qu’elle est l’annonce de la grande confiance divine. Approchons-nous de la source de cette joie, en contemplant le mystère, en tressaillant de la présence fidèle, en accueillant les frémissements de l’Esprit Saint.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à vivre pleinement cette fête. Reine du Ciel qu’elle ouvre nos cœurs à la plénitude de la gloire du Christ. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle tourne nos vies vers la présence toujours offerte que nous goûtons dans la prière. Temple de l’Esprit Saint, qu’elle nous rende disponibles à accueillir le don de Dieu pour témoigner de notre espérance et avancer vers Dieu d’un cœur sincère, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Lire la suite

Jésus a porté le poids du péché

18 Avril 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

VEST

Vendredi Saint - Office de la Passion

Is 52,13-53,12 ; Ps 30 ; He 4,14-16 ; 5,7-9 ; Jn 18,1-19,42

Nous voilà au soir du vendredi saint, devant la croix. Ce soir, les paroles du prophète résonnent pour nous : le serviteur de Dieu a souffert pour les pécheurs, il s’est chargé de leurs fautes. Sans l’avoir mérité, il a pris sur lui le poids du péché, pour que ceux qui ont commis le péché ne portent pas la charge qui les écraserait. Ce soir, les paroles de l’apôtre éclairent le mystère : Jésus est le grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Il a subi l’épreuve sans compromission. Ce soir, nous sommes devant le cœur du mystère pascal : Jésus nous sauve en se chargeant de ce qui nous enferme. Et tout au long de la passion selon saint Jean, il est frappant de noter l’attitude de Jésus, comme une sorte de majesté qui triomphe de l’épreuve sans la fuir.

Dans le jardin au-delà du Cédron, quand Jésus est arrêté, il ne se dérobe pas. Il y a quelque chose de majestueux dans sa réponse à l’interpellation des gardes : « c’est moi ». Ce sont les mots de Dieu à Moïse au cœur du buisson ardent « je suis ». Jésus porte le poids des actions. La trahison lui fait porter le fardeau de ce qu’un autre a fait, mais il ne veut pas que ses apôtres subissent les conséquences de ce qui lui arrive : « laissez-les partir », dit-il aux soldats. C’est l’attitude du responsable, qui refuse la lâcheté du coupable rejetant sa faute sur d’autres, comme dans le jardin des origines où chacun renvoyait à un autre la responsabilité du péché.

Devant Hanne, le grand prêtre de cette année-là, alors que Pierre renie son maître, alors que pérorent les accusateurs, Jésus porte le poids des paroles. « Si j’ai mal parlé, montre ce qu’ai dit de mal, mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? ». Dans les discours du procès qui se parent d’artifices et de faux fuyants pour atteindre un but inavoué, les mots de Jésus transparaissent de vérité et de simplicité. C’est l’attitude du témoin qui reste fidèle, qui respecte le message dont il est chargé, alors que le flatteur manipule ce qui est dit pour son propre intérêt.

Face à Pilate, l’attitude de Jésus reste souveraine. Ses réponses comme son silence viennent briser toutes les manœuvres, les marécages du jeu politique. « C’est toi qui le dit ». Jésus place le gouverneur romain face à son inconséquence, face à ses craintes, face à son impuissance. Jésus porte alors le poids des relations. Par son humilité il subit les conséquences d’un jeu subtil d’intérêts considérés comme supérieurs. Sans compromission, Jésus reste fidèle à ce qu’il est.

Enfin, sur la Croix, Jésus confie sa mère au disciple et le disciple à sa mère : « voici ton fils », « voici ta mère ». Il porte le poids des affections et des sentiments. Dans la pureté d’un cœur qui aime, Jésus ne se lamente pas sur lui-même, il porte le souci de ceux qu’il aime, s’oubliant lui-même pour prendre soin des autres. Au contraire de l’égoïste, Jésus manifeste la générosité de la sollicitude qui ne désire pas pour soi-même.

A chaque moment de sa Passion, Jésus porte le poids du péché. Sans faiblir. Trahi, il ne trahit pas, moqué il ne répond pas, humilié il ne se révolte pas, lié à la croix il continue de donner. Jésus a porté le poids des actions mauvaises, des paroles fausses, des relations compliquées, des sentiments mal maitrisés. Par la responsabilité, le témoignage, l’humilité, et la sollicitude il traverse l’épreuve en vainqueur. Et quand tout est accompli, dans l’obéissance à la volonté de Dieu, inclinant la tête il remit l’esprit.

Ce soir, comme le disciple bien aimé, tenons-nous au pied de la Croix. Avec la Vierge Marie, Stabat Mater dolorosa, contemplons « le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi »

Lire la suite

Une lumière à porter

2 Février 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

0202

Présentation du Seigneur au Temple

Ml 3,1-4 ; Ps 23 (24) ; He 2,14-18 ; Lc 2,22-40

Nous fêtons aujourd’hui la Présentation du Seigneur au Temple, qu’on appelle couramment la chandeleur, c’est-à-dire la fête des chandelles. Les chimistes et les spécialistes disserteront autant qu’ils voudront sur la différence entre chandelle, cierge et bougie ; pour notre vie spirituelle ce qui est à souligner dans la fête de ce jour, c’est bien sûr la lumière, en écho au cantique de Syméon qui reconnaît Jésus comme « la lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël ».

Il s’agissait donc pour les parents de Jésus d’accomplir les prescriptions de la loi de Moïse. Curieusement saint Luc entremêle deux rites différents : la consécration du premier garçon et la purification de la mère. Mais ce qu’il y a de plus curieux encore, c’est qu’en soi, ces deux démarches pourraient paraître inutiles : Jésus, Verbe de Dieu, avait-il besoin d’être présenté au Seigneur ? Marie, la Toute Pure, avait-elle besoin d’être purifiée ? Pourtant c’est en obéissant humblement à la Parole de Dieu, que les parents de Jésus permettent que s’accomplisse la prophétie de Malachie « soudain viendra dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez ». La première lumière que nous portons est celle de la foi qui nous guide et qui permet que Dieu rejoigne ceux qui le cherchent. Dans la foi, il y a ce renversement où le Seigneur fait pour nous ce que nous faisons pour lui. Ainsi en est-il de la lumière : nous disons que nous éclairons, mais en fait nous sommes éclairés. La flamme des cierges nous rappelle que la lumière est reçue quand nous l’acceptons, que la foi est une lumière qui nous confiée.

Ensuite, il y a la rencontre avec le vieillard Syméon. Étonnante rencontre où la bénédiction de l’enfant se fait action de grâce pour celui le reçoit ; étonnante prophétie qui annonce chute et relèvement, signe de contradiction et souffrance de la mère. Bien sûr, nous y reconnaissons l’annonce du salut et du mystère de Pâques. L’auteur de la lettre aux Hébreux nous rappelait l’importance de la Passion dans la mission du Christ. Syméon est le témoin de l’accomplissement de la longue attente du peuple de Dieu, il est aussi témoin de la promesse du Salut. Il nous invite à entrer dans la lumière de l’espérance qui est à la fois présence et attente. La flamme vacillante des cierges nous rappelle par sa fragilité qu’il nous faut rester vigilant et persévérant pour que ne s’éteigne pas ce qui appelle l’éblouissement de la pleine lumière. L’espérance est le déploiement dans le temps de la splendeur éternelle.

Enfin il y a la figure d’Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Survenant à cette heure elle partage ce qu’elle a contemplé. Dans son attitude, il y a quelque chose du souffle de la Pentecôte où la puissance de l’Esprit déborde du cénacle. Le don de Dieu est fait pour être partagé. C’est la lumière de la charité qui est signifiée. Lorsque saint Thomas d’Aquin parle du Corps du Christ il dit « sans le diviser, on le reçoit tout entier ». De la même manière, la lumière ne diminue pas quand on la partage, on contraire elle s’agrandit. C’est la dynamique de la charité qui augmente quand elle se donne. Ce qui vient de Dieu ne peut pas être confisqué sans se perdre.

Lors de la Présentation de Jésus au Temple, l’accomplissement des prescriptions de la Loi permet l’accomplissement des promesses : le Seigneur vient dans son Temple ; Syméon peut s’en aller dans la paix, en annonçant le salut qui déjà commence ; Anne partage les louanges de Dieu pour que rayonne la lumière des nations et la gloire de son peuple. Les cierges bénis aujourd’hui nous rappellent de porter cette lumière par la foi, l’espérance et la charité.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne et nous guide pour faire rayonner la lumière du Christ. Humble servante du Seigneur, qu’elle nous apprenne à entendre la parole de Dieu et à la mettre en pratique ; Porte du Ciel, qu’elle nous encourage à persévérer dans l’espérance ; Mère du Bel Amour qu’elle nous entraine à partager ce que nous avons reçu pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles de siècles.

Lire la suite

La bonne nouvelle de la nuit

25 Décembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

NO-N

Messe de la Nuit de Noël

Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96) ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14

Nous voici dans la nuit de Noël, réunis par l’appel du Seigneur, pour écouter la parole de Dieu, pour recevoir le don de sa vie. Nous voici dans la nuit de Noël comme le peuple dont parlait Isaïe, ce peuple qui marchait dans les ténèbres et qui a vu se lever une grande lumière. Nous voici dans la nuit de Noël comme les bergers qui gardaient leurs troupeaux dans la région de Bethléem et qui ont vu l’ange du Seigneur leur annoncer une bonne nouvelle, « qui sera une joie pour tout le peuple ».

Quelle est cette nouvelle ? Quelle est cette lumière ? C’est d’abord la naissance d’un sauveur, c’est l’annonce d’une libération. Et là, certains commencent à décrocher. Un sauveur ? Une libération ? De quoi ? Bien sûr, ce ne sont pas les difficultés qui manquent, mais est-ce vraiment le moment d’en parler ? Ne vaut-il pas mieux, aujourd’hui oublier un peu nos misères pour profiter du charme de cette nuit ? Pourtant, obstinément, la Parole de Dieu nous invite à ne pas nous réfugier dans une parenthèse d’insouciance. Nous passerions à côté du message de Noël, si nous oubliions que le Christ est venu nous sauver. Car nous avons besoin d’un sauveur. Certains préféraient se débrouiller tout seuls et n’avoir besoin de personne ; d’autres s’efforcent de composer avec les contrariétés de la vie. Mais ni l’illusion de l’insouciance, ni la vanité de la suffisance, ni la tristesse de la résignation ne permettent de vivre le mystère de cette nuit. Dieu est venu pour nous, il est venu pour nous aider. Noël c’est d’abord une main qui se tend vers nous et que nous pouvons saisir.

Le signe de cette bonne nouvelle, est un nouveau-né, emmailloté et couché dans une mangeoire. « Un enfant nous est né, un fils nous est donné » proclamait Isaïe. Ce n’est pas la victoire d’un type sympathique qui inspire confiance ; ce n’est pas la destruction d’une prison terrifiante ou la défaite d’un tyran détesté … le signe du salut est un nouveau-né, fragile et inconnu, un petit être qui nous attendrit et nous sollicite. Noël vient casser le rêve d’une solution magique, qui arrive tout d’un coup, sans que n’ayons rien à faire. La puissance de Dieu prend du temps pour se déployer, elle ne nous écrase pas par sa force, mais se confie à notre patience et à notre fidélité. Le mystère de Noël c’est aussi ce Seigneur vulnérable et humble qui nous engage et commence à nous sauver en nous demandant de prendre soin de ce qu’il nous apporte. Dieu n’attend pas de nous que nous capitulions devant sa grandeur mais que nous le rejoignions dans son humilité.

Et voilà qu’aux paroles de l’ange se joint le chœur d’une troupe céleste innombrable pour proclamer « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». C’est en quelque sorte la conclusion de la bonne nouvelle, le prélude de la joie pour tout le peuple. Car Noël est bien la naissance du Prince de la Paix. Une paix que les nations cherchent à imposer par la force sans jamais y parvenir vraiment ; une paix entre nous qu’on paye parfois au prix de la résignation, jusqu’à ce que la situation devienne insupportable ; une paix du cœur que trop souvent on confond avec l’insensibilité. Pourtant le chant des anges nous révèle que la paix est la face terrestre de la gloire divine, et l’enfant de la crèche proclamera : « heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ». C’est le cœur du mystère de cette nuit : en se faisant petit enfant, le Christ établit la nouvelle alliance entre le ciel et la terre : il n’y a pas de paix sans Dieu, il n’y a pas de paix sans nous. Et ce que nous avons à faire, c’est renoncer aux convoitises, vivre avec justice et piété, être ardent à faire le bien, comme disait saint Paul. La Nativité du Seigneur n’est pas un spectacle romantique à contempler, c’est l’invitation à une grande et belle aventure : celle de la vie en Dieu.

Oui, aujourd’hui nous est né un sauveur, il se présente à nous comme un petit-enfant couché dans une mangeoire, il nous rejoint pour que nous le rejoignons et que la Gloire de Dieu au plus haut des cieux résonne dans la paix sur la terre aux hommes qu’il aime.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à accueillir la main que Dieu nous tend. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à prendre soin du Don de Dieu. Reine de la Paix, qu’elle nous fortifie dans l’espérance qui nous fait vivre à l’horizon de la Gloire de Dieu pour que nous demeurions en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Lire la suite

Guidés par l'Esprit de Sainteté

1 Novembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

TSST

Fête de Tous les Saints

Ap 7,2-4. 9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a

« Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues ». Cette foule en vêtement blanc, palmes à la main qui acclame l’Agneau de Dieu, nous y reconnaissons facilement l’assemblée des saints que nous fêtons aujourd’hui. D’où viennent-ils ? Comment sont-ils arrivés là ? « Ils viennent de la grande épreuve » répond l’ancien. Et voilà qu’une ombre passe sur la splendeur de la scène, parce qu’en général, on n’aime pas beaucoup qu’on nous parle d’épreuve. Pourtant ne nous affolons pas trop vite. Si l’on parle du sang, c’est celui de l’Agneau donc du Christ. Ce n’est pas dans leur propre sang qu’ils ont blanchi leur robe, c’est dans le sang de l’Agneau, c’est-à-dire dans le mystère de Pâques. Et vivre à la lumière de ce mystère, n’est-ce pas ce que nous essayons de faire depuis notre baptême ?

D’ailleurs l’évangile qui nous est proposé aujourd’hui est celui des béatitudes. Un évangile qui résonne de l’exclamation « heureux ». Un évangile qui a été toujours été compris comme l’itinéraire de sainteté, le chemin suivre le Christ. Et ce chemin nous ne le parcourons pas tout seul. D’abord nous le parcourons avec la foule immense de ceux qui nous ont précédés, mais aussi nous le parcourons soutenus et guidés par l’Esprit Saint.

Les saints, ce sont les pauvres de cœur, ceux qui savent donner à chaque chose son importance ; ceux qui préfèrent les trésors du Royaume des cieux aux richesses qui passent. Et nous pouvons, nous aussi devenir pauvres de cœur si nous nous laissons guider par l’Esprit de crainte du Seigneur, l’Esprit d’adoration, qui nous invite à délaisser les idoles à portée de main pour lever les yeux vers le Roi des rois, en acceptant de nous mettre humblement au service du véritable Maître du temps et de l’histoire.

Les saints, ce sont aussi les doux, ceux qui ont suffisamment confiance dans la vérité et la bonté pour savoir que le bonheur ne s’impose pas et que la porte du cœur, c’est la bonne volonté. Et nous pouvons, nous aussi nous adoucir si nous nous laissons guider par l’Esprit de piété, l’Esprit d’affection filiale qui nous attache à Dieu dans la confiance et qui nous fait goûter la saveur de la Parole de Dieu plus douce que le miel.

Les saints sont encore ceux n’hésitent pas à pleurer lorsque les choses ne sont pas comme elles doivent être. Parce que les larmes sont une protestation qui ne se résigne pas. Et nous pouvons, nous aussi risquer de pleurer si nous nous laissons guider par l’Esprit de science, l’Esprit de connaissance qui nous fait voir avec les yeux de Dieu, contemplant dans un même regard le but à atteindre et le chemin à parcourir, puisque l’espérance naît dans l’attente de la consolation.

C’est pourquoi les saints ont faim et soif de la justice, ils refusent de se satisfaire des compromissions et des mesquineries pour que chacun puisse devenir ce à quoi il est appelé. Et nous aussi, nous pouvons désirer la justice si nous nous laissons soutenir par l’Esprit de force qui nous fait partager la patience et la détermination de Dieu dans l’inévitable combat pour que le monde soit transformé à l’image de Son cœur.

Les saints sont les miséricordieux, ceux qui acceptent de se laisser toucher par la misère, sans cuirasse ni indifférence. Cette miséricorde qui vient en aide à celui qui a besoin d’eux, qui se laisse désarmer par le repentir de celui qui a fait du tort. Et nous aussi, nous pouvons devenir miséricordieux si nous nous laissons éclairer par l’Esprit de conseil qui montre la lumière brillant dans les ténèbres, la main qui relève celui qui est tombé.

Les saints ce sont encore les cœurs purs, ceux qui ne calculent pas, qui n’utilisent pas les autres à leur profit, ceux qui n’envisagent pas le mal mais se dirigent spontanément vers le bien qui est possible. Et nous aussi, nous pouvons purifier notre cœur si nous nous laissons conduire par l’Esprit d’intelligence, qui permet de comprendre la vie pour qu’elle soit meilleure.

Les saints, ce sont enfin les artisans de paix, ceux qui savent que Dieu compte sur nous et que le monde ne respirera pas au souffle de l’éternité si l’on attend que le hasard ou le temps règlent les conflits et les divisions. Et nous pouvons, nous aussi construire la paix, si nous acceptons de nous laisser façonner par l’Esprit de sagesse qui apprend à vivre à la manière de Dieu, dans les grands moments de la vie comme dans les événements ordinaires.

Oui, les saints avancent sur le chemin des béatitudes, et c’est une grande épreuve parce que trop souvent le bien est moqué, contesté ou combattu. Mais ils suivent l’Agneau de Dieu qui a versé son sang, et ils s’appuient sur la Parole de Dieu, et ils partagent l’Esprit qui reposait sur le Christ, et nous pouvons, nous devons, nous aussi suivre le Seigneur ressuscité, lui qui est la Parole de Dieu, lui qui nous a communiqué l’Esprit de Sainteté pour que nous l’accueillions

Que la Reine des Saints, Avocate des Toulonnais, nous aide à contempler aujourd’hui la foule immense de ceux qui se tiennent dans le cœur de Dieu. Que leur exemple nous encourage, que leur témoignage nous éclaire et que leur prière nous aide à parcourir le chemin des béatitudes, portés par l’Esprit aux sept dons, jusqu’à ce que nous devenions semblables au Seigneur parce que nous le verrons tel qu’il est pour les siècles des siècles.

Lire la suite

Le Cantique de Marie

15 Août 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

0815

Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

Ap 11,19. 12, 1-6. 10 ; Ps 44 ; 1 Co 15,20-27a ; Lc 1, 39-56

Au cœur de l’été résonne la parole du Magnificat : « toutes les générations me diront bienheureuse ». Ainsi nous voilà réunis pour fêter l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, c’est-à-dire la fin de sa vie terrestre et le début de sa vie céleste. Les textes que nous venons d’entendre nous conduisent progressivement au sens de cette célébration. Il est assez intéressant de noter qu’ils nous invitent, en quelque sorte, à remonter le cours du temps, en commençant par l’Apocalypse qui termine le Nouveau Testament, pour terminer par le début de l’évangile qui le commence !

Naturellement, l’entrée de Marie dans la gloire céleste, évoque le signe grandiose apparu dans le Ciel, la femme couronnée d’étoiles et revêtue de soleil. Mais la lecture de saint Paul nous indique le sens et le fondement de l’événement à savoir la Résurrection du Christ. Si Marie entre dans la gloire avec son corps, c’est parce que le Christ est ressuscité. Marie suit le chemin que le Christ a ouvert, en étant déjà ce que nous serons. Il ne s’agit donc pas d’être des observateurs admiratifs d’un spectacle qui nous dépasse, mais de se sentir encouragés à poursuivre notre chemin, dans la direction indiquée à notre baptême, précédés par Marie. Et voilà que l’évangile nous invite à imiter Elisabeth en nous émerveillant : « d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » pour nous laisser conduire par le Cantique de Marie.

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ». Tout commence par l’entrée dans cette plénitude de la joie. Tout en Marie rend gloire à Dieu. Nous ne pouvons pas comprendre l’Assomption si nous pensons que la vie en Dieu ne concerne qu’une partie de ce que nous sommes. L’homme n’est pas fait pour être divisé. Il n’y a pas d’un côté la vie spirituelle et de l’autre côté la vie matérielle, affective au sociale. Par la prière nous sommes invités à vivre déjà, dans le Seigneur, cette harmonie du corps et du cœur. Ce n’est pas un hasard si le sommet de notre relation à Dieu se vit dans l’eucharistie, une nourriture corporelle qui est nourriture spirituelle. L’Assomption nous invite à l’unité profonde de tout ce que nous sommes, à laisser la joie de la présence divine irriguer la plénitude de notre être.

« Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse ». Il y a dans cette affirmation quelque chose de lumineux qui efface toute tension entre l’humanité et la divinité. Trop souvent on pense glorifier Dieu en méprisant l’homme, ou bien en réaction, on pense honorer l’homme en l’éloignant de Dieu. Alors on a des gens qui se croient très pieux parce qu’ils se méprisent, d’autres qui se croient très grands à cause de leur orgueil. Marie témoigne du contraire. Ce n’est pas Dieu ou nous, c’est toujours Dieu et nous. La gloire de Dieu c’est l’amour et l’on n’aime pas ce que l’on méprise ! L’Assomption nous invite à contempler la grandeur de ce que nous sommes à la lumière de Celui qui nous aime.

« Déployant la force de son bras, il disperse les superbes ; il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles ». Ces affirmations, que certains ont qualifié de venin révolutionnaire, contrastent avec le ton plutôt serein qui précédait. C’est que le combat spirituel, parfois douloureux, fait partie du chemin. On oublie trop souvent que face à la femme ayant le manteau pour soleil se trouve un autre signe, effrayant, le grand dragon, rouge feu. La gloire de Dieu n’est pas un long fleuve tranquille, c’est une victoire sur le péché. Parfois c’est le péché des autres qu’il faut affronter, mais rien ne peut se faire si l’on ne combat pas d’abord notre propre péché. L’Assomption est aussi une invitation à renverser ce qui s’oppose à Dieu, à disperser l’orgueil et les tentations de puissance.

« Il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères ». Le Magnificat se termine par une évocation de la fidélité de Dieu. Cette fidélité qui est le déploiement de l’éternité dans le temps. C’est la raison pour laquelle la mémoire est essentielle à la vie spirituelle. C’est elle qui permet de reconnaître ce qui demeure, c’est elle qui permet de mesurer les progrès. La fidélité du Seigneur appelle notre fidélité en réponse, sans nostalgie enfermée dans le passé, sans inconstance soumise aux caprices de l’instant, sans insouciance s’abusant des illusions du futur. L’Assomption nous inscrit dans l’histoire du salut en nous rappelant ce que nous serons.

Ainsi contemplant le grand signe apparut dans le ciel, nous avançons à la suite du Christ Ressuscité, conduit par le Cantique de Marie, pour que la joie du Seigneur nous unifie, pour que la présence de Dieu nous illumine, pour que fortifiés dans le combat spirituel nous puissions goûter la gloire de l’éternité.

Que la Bienheureuse Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne et nous guide en ce jour où nous fêtons son Assomption. Humble Servante du Seigneur qu’elle nous apprenne à nous laisser aimer ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle ouvre nos vies à la présence de Dieu. Reine du Ciel qu’elle fortifie notre fidélité pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Lire la suite

L'Eucharistie renverse la relation à Dieu

2 Juin 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

CSXB

le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ - année B

Ex 24,3-8 ; Ps 115 ; He 9,11-15 ; Mc 14,12-16.22-26

Chaque année, après la Pentecôte, trois grandes fêtes viennent comme en ricochets du don de Dieu, nous inviter à contempler le mystère de l’amour divin. Dimanche dernier c’était la Trinité, vendredi prochain, le Sacré Cœur, et aujourd’hui – puisque la fête Dieu n’est pas fériée dans notre pays – nous célébrons le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Les textes qui nous sont proposés cette année insistent sur le sang de l’Alliance. Et il faut bien avouer que cela ne nous est pas très familier ; et même, pour être honnête, la dimension sanguinolente et sacrificielle a quelque chose de révoltant pour la mentalité contemporaine. Pourtant si nous acceptons de ne pas nous laisser arrêter par les aspects un peu dérangeants des textes que nous avons entendus, nous pourrons découvrir trois renversements qui nous permettrons de mieux nous étonner de l’amour de Dieu.

D’abord nous avons entendu le récit de l’Exode qui rapportait la conclusion de l’Alliance entre Dieu et le peuple au temps de Moïse. Banal rituel archaïque ? Bien au contraire ! Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que Dieu propose une alliance à son peuple. Normalement une alliance est demandée par la partie qui se sent la plus vulnérable. C’est le faible qui propose au fort se s’allier. Eh bien ici, l’initiative est renversée : c’est le fort qui propose l’alliance au faible. Cette alliance n’apporte pas à celui qui la propose mais à celui qui l’accepte ! L’initiative n’est pas intéressée, puisqu’elle vient du Seigneur. C’est un premier aspect auquel nous devons veiller dans notre relation à l’eucharistie : ce n’est pas nous qui avons l’initiative, c’est Dieu. Si nous voulons vivre correctement le mystère du Corps et du Sang du Christ, nous devons nous rappeler que c’est une proposition du Seigneur avant d’être notre décision. Ce n’est pas un droit à conquérir, mais un don à recevoir.

Ensuite nous avons entendu l’enseignement de la lettre aux Hébreux qui détaille tout ce qu’il peut y avoir de nouveau dans le sacrifice du Christ. Parmi ces nouveautés, peut-être n’avons-nous pas remarqué ce renversement étonnant : « son sang nous purifie pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant ». Normal ? Pas du tout, parce que normalement c’est le culte qui permet le salut, et non pas le salut qui permet le culte ! On pense qu’il faut rendre des honneurs à Dieu pour s’attirer sa bienveillance, alors que la Parole nous révèle que c’est sa bienveillance qui nous permet de lui rendre honneur. Ce qui pose immédiatement une question par rapport à l’Eucharistie. Humainement nous pensons que la messe est le culte que nous rendons à Dieu, alors qu’elle est ce qui nous permet de rendre un culte au Dieu vivant … Quel est alors ce culte ? Ce que nous faisons de l’eucharistie … D’une certaine manière, c’est en sortant de l’église que commence le culte au Dieu vivant. Et l’on comprend alors que l’Eucharistie n’est pas une fin ou une parenthèse, mais un début et un envoi. C’est d’ailleurs le sens originel du mot « messe » qui signifie « mission ».

Enfin nous avons entendu le récit du repas du Seigneur dans l’évangile de saint Marc. Méfions-nous de croire que nous n’avons rien à y découvrir sous prétexte que nous le connaissons par cœur. Il y a donc là encore un renversement ? Sans aucun doute ! Jésus est là, au milieu de ses disciples, assis avec eux et bien présent puisqu’il préside le repas. Et voilà qu’il dit « ceci est mon corps » « ceci est mon sang ». Bien sûr nous savons qu’il y a quelque mystère puisqu’il est toujours là avec son corps dans lequel circule son sang. Mais le renversement consiste en ce que l’invisible donne du poids et du sens à ce qui se voit, alors que nous avons l’habitude que le visible donne du poids et du sens à ce qui ne se voit pas. Si je dis à quelqu’un que je l’aime mais que je ne fais rien, on a tout lieu de croire que je ne l’aime pas vraiment. C’est en faisant des choses qui se voient que j’exprime ce qui ne se voit pas. Mais dans l’eucharistie, c’est le contraire … J’ai beau multiplier les gestes de dévotions qui se voient, si mon cœur, qui ne se voit pas, ne s’unit pas au Seigneur, la communion n’est qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. Dans l’eucharistie, la forme ne suffit pas, c’est notre disposition intérieure qui compte.

Il y aurait bien sûr, encore beaucoup d’autres choses à dire, mais déjà nous pouvons contempler ce triple renversement qui nous dévoile combien l’Eucharistie change notre relation à Dieu, pour vérifier que nous aimons dans le bon sens. C’est Dieu qui prend l’initiative de l’Alliance et nous devons réaliser à quel point il est premier dans l’eucharistie. C’est le salut qui permet le culte et nous devons réaliser combien la communion est un appel à honorer Dieu par toute notre vie. C’est le mystère qui se manifeste, et nous devons veiller à habiter ce que nous faisons pour le vivre au plus intime de nous-mêmes.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à accueillir le don de Dieu. Porte du Ciel, qu’elle nous montre comment déployer ce que nous avons reçu. Mère du Bel Amour, qu’elle nous accompagne dans le grand mystère qui nous est partagé, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Lire la suite

ça ne s'invente pas !

26 Mai 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

TRIB

La Sainte Trinité - Année B

Dt 4,32-34. 39-40 ; Ps 32 (33) ; Rm 8,14-17 ; Mt 28,16-20

Je ne suis pas sûr qu'on puisse qualifier une célébration liturgique d'exercice spirituel. Mais il n'en reste pas moins que la fête d'aujourd'hui et la Parole de Dieu que nous venons d'entendre nous invitent à une démarche spirituelle semblable à celle que Moise proposait au peuple dans la première lecture. Quelle est cette démarche ? Se souvenir des actions du Seigneur, contempler ce qu'elles révèlent de Dieu pour ne pas s'habituer à l'inouï de ce qui nous est proposé.

À l'époque de Moise, les hommes ont tous plus ou moins conscience de l'existence de dieu … un ou plusieurs, ça se discute encore. Mais tout le monde sait que le cosmos ne vient pas de nulle part, ni de lui-même. Tous pressentent le mystère de l'invisible et de la transcendance. Sauf, que chacun essaie de l'imaginer, et que chaque peuple, chaque culture a son dieu, sa manière d'en parler et de le concevoir. Que fait Moïse ? Il rappelle ce qu'il y a d'inouï dans la foi juive : personne n'a osé penser que Dieu s'intéressait à une nation particulière au point de lui venir en aide, d'agir spécialement pour ce peuple. Que les hommes combattent pour leurs dieux, c'est commun, mais qu'un dieu s'engage pour son peuple... C'est inimaginable ! C'est tellement extraordinaire que ça ne peut pas s'inventer. Moïse rappelle au peuple la chance incroyable qu'il a eu que Dieu révèle sa toute-puissance par son amour. Il ne faut pas penser que notre dieu est un dieu parmi d'autres, mais réaliser que nous avons eu la grâce d'être choisis pour le connaitre. En fait ce n'est pas notre Dieu, c'est plutôt nous qui sommes son peuple !

Et pour nous aujourd'hui la fête de la Trinité est l'occasion de faire un peu la même démarche. Nous sommes trop souvent habitués à parler du Père, du Fils et du Saint Esprit comme si ça allait de soi. Qui d'entre nous a fait attention à la mention de la Trinité dans les paroles de Jésus à l'évangile ? Pourtant ça n'est pas banal ! Depuis le début, le chrétien est baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Les exégètes sceptiques peuvent bien raconter ce qu'ils veulent, l'évangile que nous venons d'entendre est le signe que depuis toujours les chrétiens sont baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Personne n'a jamais imaginé une chose pareille. On trouve bien des triades dans les mythologies anciennes, mais aucun culte qui soit unique aux trois : aucun de ces trios de dieux ne reçoit même adoration et même gloire. Le mystère de la Trinité est inimaginable, tellement extraordinaire que ça ne peut pas s’inventer ! C’est le Christ qui nous le révèle, et comme c’est un mystère au centre de notre foi, on a tendance à s’y habituer, sans réaliser l’inouï de ce qui est révélé.

Et il y a mieux encore ! C'est ce que dit saint Paul dans la deuxième lecture. L'Esprit Saint nous fait entrer dans la vie divine. Il atteste que nous sommes enfants de Dieu et que nous pouvons vivre avec le Père ce que Jésus vivait avec le Père. Au temps de Moïse l'amour de Dieu pour le peuple révélait Sa grandeur ; depuis Jésus nous savons que le mystère de Dieu passe par nous ... à condition que nous le voulions bien. La Trinité n'est pas une coquetterie d'intellectuels ou de mystiques, elle est le visage que Dieu nous montre pour que nous l'embrassions. Elle est le dévoilement que Dieu consent pour que nous puissions être avec lui. Elle est notre famille, notre destin ... Elle est tellement plus que tout ce qu'on peut dire, que je ferai mieux de me taire, parce que les mots sont incapables de décrire le mystère de Dieu.

Et plutôt qu'un long discours, il vaut mieux se laisser conduire par l'Esprit et par la liturgie pour vivre ce mystère. Il nous faut prendre le temps de nous arrêter pour ne pas nous habituer au mystère de Dieu mais réaliser l'inouï de ce qui nous est donné à contempler. Il nous faut faire silence pour que retentisse la parole qui nous dévoile le cœur du cœur de Dieu. Il nous faut laisser l'Esprit Saint nous façonner dans la prière en nous configurant au Christ pour aimer le Père.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à accueillir le mystère de Dieu. Elle qui est la fille de Sion, qu'elle nous apprenne à reconnaître l'Amour du Père. Elle qui est la mère du Christ, qu'elle nous montre comment cheminer à la suite du Fils. Elle qui est le Temple de l'Esprit qu'elle nous soutienne dans la fidélité à celui que nous avons reçu pour que nous puissions participer à la gloire de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Lire la suite

L'Esprit, témoin du Christ

19 Mai 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

PAPEB

Pentecôte - année B

Ac 2,1-11 ; Ps 103 ; Ga 5,16-25 ; Jn 15,26

Quand arriva le jour de la Pentecôte … cinquante jours après Pâques, une fête rassemblait à nouveau les juifs religieux pour célébrer le début de la moisson et le don de la Loi. Ce jour-là, comme le rappelait la première lecture, les disciples, réunis tous ensemble, sont remplis d’Esprit-Saint et proclament dans toutes les langues les merveilles de Dieu. C’est en quelque sorte l’accomplissement de la promesse du Seigneur, entendue dans l’évangile, « j’enverrai d’auprès du Père l’Esprit de Vérité, il me rendra témoignage, et vous aussi, vous me rendrez témoignage »

Un témoin c’est d’abord celui qui fait connaître. Jésus avait encore beaucoup de choses à dire aux disciples, mais à ce moment-là, ils ne pouvaient pas les porter. Maintenant le moment est venu pour l’Esprit de Vérité de les conduire dans la vérité tout entière. L’Esprit prend le relais de Jésus pour guider les disciples vers une plénitude. Ainsi l’Esprit est un témoin qui guide. Il nous indique le bon sens pour suivre le Seigneur : vers l’avenir, et non pas vers le passé. La mémoire est une bonne chose, mais elle ne doit pas nous enfermer dans la nostalgie. L’Esprit est ce souffle qui entraine, qui fait avancer et progresser. Quand nous ne comprenons pas tel ou tel passage de la Parole de Dieu, c’est le moment d’invoquer l’Esprit Saint pour qu’il nous éclaire, pour qu’il nous guide vers ce que le Seigneur veut nous faire connaître. Il est toujours tentant de se rassurer en s’accrochant au confort de ce que nous avons appris, mais Dieu n’est pas à notre mesure, et c’est l’Esprit Saint qui nous façonne, petit à petit, à la mesure de Dieu. L’Esprit témoigne que le Christ n’est pas derrière nous, il est devant nous. Marchons sous la conduite de l’Esprit disait saint Paul dans la lettre aux Galates.

Un témoin, c’est aussi celui qui transmet. Ce qu’il dit ne vient pas de lui-même, mais il dit ce qu’il a entendu. Ainsi la qualité d’un témoin dépend de sa fidélité. On imagine bien que les merveilles de Dieu qu’entendent ceux qui étaient à Jérusalem, n’ont pas été inventées par les apôtres, mais qu’ils ont transmis ce qu’ils avaient vécu. Et qu’est-ce que transmets l’Esprit Saint ? Ce qu’il a entendu dans le cœur de Dieu, dans le dialogue d’amour entre le Père et le Fils. L’Esprit est celui qui nous fait vivre de la vie divine. Quand on parle de la vie spirituelle, il ne s’agit pas tant de la vie de notre esprit, que de la vie transmise par l’Esprit Saint. « Visite l’âme de tes fidèles, emplis de la grâce d’En-Haut les cœurs tu as créés » prions nous dans le Veni Creator. L’Esprit nous partage ce que le Christ a permis. Il est le témoin de la vie divine, pour que nous soyons, nous aussi témoins de la vie divine. Ce n’est pas un motif d’orgueil, c’est une invitation à la fidélité. C’est toute la différence entre la prétention du serpent des origine : « vous serez comme des dieux » et le Don de l’Esprit qui nous fait partager la Gloire de Dieu.

Un témoin, c’est encore celui qui atteste, celui qui certifie, qui permet de prouver. C’est ainsi que l’Esprit glorifie le Fils. Glorifier, c’est faire resplendir, manifester le rayonnement de la personne, c’est faire apparaître ce qu’il y a de plus haut en elle. Sans l’Esprit Saint, on ne perçoit en Jésus, au mieux, qu’un homme exceptionnel, un personnage qui a marqué l’histoire de l’humanité. C’est l’Esprit Saint qui nous fait connaître que Jésus est le Verbe de Dieu, le Fils bien aimé du Père qui est venu partager notre condition pour que nous partagions la sienne. Notre foi n’est pas une déduction ou une observation mais une illumination, c’est-à-dire l’accueil du témoignage de l’Esprit-Saint. Et en celui qui accueille son témoignage, l’Esprit peut alors déployer son fruit : joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi, autant de qualités qui nous font participer au cœur de Dieu, autant de qualités qui attestent à leur tour que le Christ est le Sauveur.

Nous fêtons aujourd’hui la Pentecôte, non pas comme le souvenir d’un coup de vent à Jérusalem, mais comme le témoignage de l’Esprit de Vérité qui fait de nous les témoins du Seigneur. C’est le moment pour nous de nous rendre disponibles à son souffle, de nous laisser guider par lui, de recevoir ce qu’il nous transmet, de glorifier celui qu’il nous a fait connaître.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à nous laisser conduire par celui qui nous guide. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous rende accueillants au Don de Dieu. Mère du Bel Amour, qu’elle nous montre comment déployer en nous le fruit de l’Esprit, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Lire la suite
1 2 3 4 > >>