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31 juillet 2022 7 31 /07 /juillet /2022 10:49

18TOC

18° dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Qo 1,2. 2,21-23 ; Ps 90 (89) ; Col 3,1-5.9-11 ; Lc 12,13-21

« Pensez aux réalités d’en haut » … ces mots de saint Paul me rappellent la remarque de Baden Powell qui disait que, lorsqu’il était au collège ; il se cachait plutôt dans les arbres car il avait remarqué que ceux qui le cherchaient regardaient rarement en l’air. Cette invitation à regarder vers le haut pour ne pas passer à côté des choses importantes est un rappel que déclinent à leur manière les textes d’aujourd’hui : la parabole que raconte Jésus sur la précarité de la vie, ou les réflexions de Qohèleth sur la vanité de l’histoire. Faut-il donc vivre la tête dans les nuages en méprisant les basses réalités de ce monde ? Avant de conclure trop hâtivement, reprenons calmement les différents textes.

D’abord Qohèleth et son fameux refrain « vanité des vanités, tout est vanité ! ». Il s’agit surtout de nous faire prendre conscience de la futilité des choses, non pas qu’elles ne soient pas justifiées mais qu’elles n’ont sans doute pas le poids qu’on leur donne. L’auteur biblique rejoint la réflexion désabusée des philosophes de tout temps qui ont soulevé la question existentielle du sens de la vie. Si nous en restons à la simple observation des faits et des événements, nous serons saisis par l’abime d’insignifiance de ce monde où rien n’est jamais acquis et où les plus belles choses se heurtent inexorablement à leur finitude. Mais la Bible ne cherche pas à nous entrainer dans un pessimisme dépressif, elle nous avertit que s’acharner à vouloir décider soi-même du poids des choses conduit à plonger dans l’angoisse métaphysique. « Tout est vanité » si nous laissons à nos pensées ou à nos sentiments le soin de déterminer ce qui est important. Voilà pourquoi il nous faut lever la tête et rechercher les réalités d’en haut.

C’est ce à quoi nous invite la lettre aux Colossiens. Mais à l’opposition entre ce qui est du ciel et ce qui est de la terre, saint Paul ajoute la dynamique de l’apparence : « votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu, quand il paraîtra, vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans le gloire ». Il ne s’agit donc pas de tout rejeter ou de vivre ailleurs, mais de permettre que se déploie ce qui est en nous. Il ne s’agit pas tant de vivre autre chose que de vivre autrement. L’apôtre ne nous demande pas de renoncer au désir mais aux désirs mauvais ; il ne condamne pas la possession mais la soif de possession. Bien sûr cela implique d’éviter « ce qui n’appartient qu’à la terre », c’est-à-dire ce qui est incompatible avec la gloire divine ; mais finalement ça n’est pas cela le plus exigeant : le plus exigeant c’est de vivre à la manière de l’homme nouveau ce qu’on a l’habitude de vivre à la manière de l’homme ancien. Le plus exigeant c’est de veiller à ce que notre cœur recherche toujours les réalités d’en haut.

L’évangile peut nous aider à comprendre ce que signifie avoir un cœur tourné vers les réalités d’en haut. En refusant d’être juge dans une histoire d’héritage, Jésus ne refuse pas la justice mais il s’attache à la justice de l’être plutôt qu’à la justice de l’avoir. De la même manière, ce qui est reproché au riche de la parabole, ce n’est pas d’être riche, mais de perdre du temps à le devenir plutôt qu’à vivre. La conclusion de la parabole nous donne la clé pour vérifier que notre cœur est tourné du bon côté : « voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même au lieu d’être riche en vue de Dieu ». Ce n’est pas nous qui donnons du poids aux choses, c’est Dieu. C’est à la mesure de Dieu que nous devons choisir nos priorités et reconnaître ce qui est important. Finalement la question « et Dieu dans tout ça ? » n’est pas tant une relance de journaliste qu’un guide pour discerner. Ce que nous faisons, ce que nous voulons faire, ce que nous espérons … est-ce pour nous ou pour Dieu ? On peut toujours déguiser notre réponse et se cacher soi-même derrière de grandes idées ou de nobles buts, mais il ne sert à rien de se faire illusion car toujours la vanité de ce que nous avons fait pour nous-même finira par apparaître.

Alors n’attendons pas le moment tragique pour tourner nos cœurs et nos vies vers Dieu, Efforçons-nous de vivre et d’agir en vue de Dieu. Recherchons les réalités d’en-haut pour découvrir la vraie valeur des choses, c’est ainsi que nous revêtirons l’homme nouveau qui se renouvelle sans cesse pour être à l’image du Créateur ; c’est ainsi que le Christ sera tout en nous.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle fasse retentir en nous l’appel du Seigneur. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à vivre à la manière du Christ. Reine des Saints qu’elle nous conduise jusqu’à la plénitude de la gloire qui nous est promise, pour que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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