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22 janvier 2023 7 22 /01 /janvier /2023 10:24

3TOA

3° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 8,23-9,3 ; Ps 26 ; 1 Co 1,10-13.17 ; Mt 4,12-23

En ce dimanche de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la deuxième lecture que nous venons d’entendre résonne tout particulièrement. « Le Christ est-il donc divisé ? » c’est la question de Paul face aux divisions des chrétiens de Corinthe où chacun s’oppose en se revendiquant de l’un ou de l’autre. Ainsi, dès le début de l’Église, sont apparus des clans et des partis qui, sans nécessairement s’opposer violement, créent des tensions et défigurent le Christ. On sait que dans l’histoire ces divisions ont parfois pris une tournure dramatique et que le témoignage de l’Église s’en est trouvé affaibli. C’est d’ailleurs l’essor des missions qui a fait prendre conscience de l’importance de l’unité. On fait généralement remonter le mouvement œcuménique à l’intervention du délégué de l’Asie, lors d’un congrès international, alors qu’il déclarait : « Vous nous avez envoyé des missionnaires qui nous ont fait connaître Jésus-Christ, et nous vous en remercions. Mais vous nous avez apporté vos distinctions et vos divisions (…) nous vous demandons de nous prêcher l’Évangile et de laisser Jésus-Christ susciter lui-même au sein de nos peuples, par l’action de son Saint-Esprit (…) l’Église du Christ délivrée de tous les « ismes » dont vous affectez la prédication de l’Évangile parmi nous ». Voyons comment les textes de la liturgie peuvent nous aider à résister aux tentations de la division.

D’abord nous pouvons observer que les divisions à Corinthe, s’expriment par des revendications : « moi, j’appartiens » … Même l’affirmation « moi, j’appartiens au Christ » est problématique. Non pas à cause de la référence au Christ, mais parce qu’elle prend un accent d’accusation en laissant supposer que les autres ne le suivent pas ! Il aurait fallu dire « tous, nous appartenons au Christ ». La division apparaît quand nous nous prenons nous-même comme la mesure des choses.

Ensuite, l’évangile nous rapportait le début de la prédication de Jésus. Il est intéressant de constater que cette prédication commence à Capharnaüm, une ville dont le nom est devenu synonyme de pagaille ; dans une région, la Galilée, qui était perçue à l’époque comme le lieu de tous les mélanges. Or la citation d’Isaïe, décrit la situation comme « le pays de l’ombre », un « peuple qui marchait dans les ténèbres ». Ainsi le mélange et la pagaille ne sont pas des modèles d’unité. Sans doute, de nos jours, au nom de la tolérance, nous pourrions être tentés de nous satisfaire de ce flou en acceptant tout et n’importe quoi. Pourtant nous savons bien que ce n’est pas satisfaisant et que ça n’évite pas les tensions. Il ne suffit pas de subir les aléas de l’histoire pour changer nos cœurs et nous décentrer de nous-mêmes.

C’est pourquoi le prophète annonce : « une lumière a resplendi », et l’évangéliste nous fait comprendre que cette lumière c’est le Christ. D’ailleurs nous avons déjà entendu la première lecture dans la nuit de Noël. On raconte qu’un sage demandait à ses élèves : « à quoi peut-on reconnaître le moment où la nuit se termine et où le jour commence ? » L’un répondit : « quand on peut distinguer au loin un chien d’un mouton », un autre proposa : « quand on peut distinguer un figuier d’un dattier » ; mais chaque fois le maître repoussait la réponse. Dépités, ils lui demandent : « quand donc alors ? » et lui de répondre : « tant qu’en regardant le visage d’un autre, tu ne reconnais pas ton frère ou ta sœur, il fait encore nuit ». Voilà pourquoi la prédication de Jésus prend une tonalité nouvelle lorsqu’il commence à rassembler les disciples en appelant Pierre et André, Jacques et Jean à le suivre. L’Église commence quand on accueille la parole de Dieu qui nous invite à nous rassembler autour du Christ. C’est lui qui est la mesure de toutes choses, et non pas nos idées ou les hasards de l’histoire. Ce n’est pas le triomphe de nos habitudes ou la docilité aux événements qui construit l’unité, mais la fidélité à la Parole.

Il est dommage que l’enthousiasme œcuménique se soit essoufflé parce que la tentation est grande de se résigner à la division des chrétiens par l’indifférence, celle qui ignore les autres ou celle qui tolère la confusion. Répondre à l’appel du Seigneur et le suivre, c’est s’engager dans la voie exigeante de la communion, dans le désir insatiable de l’unité.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reine de la Paix, qu’elle nous rende attentifs à éviter ce qui divise. Etoile du matin, qu’elle nous encourage à nous laisser éclairer par la lumière de l’évangile. Mère de l’Église, qu’elle nous apprenne à suivre le Christ pour que nous puissions nous rassembler en lui et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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