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26 février 2023 7 26 /02 /février /2023 22:31

1CAA

1er dimanche de Carême - Année A

Gn 2,7-9.3,1-7a ; Ps 50 ; Rm 5,12.17-19 ; Mt 4,1-11

Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, Jésus eut faim … C’est difficile de le lui reprocher ! Mais alors commencent les tentations. Au cœur de son carême, le Christ est affronté à trois épreuves. Le récit est généralement bien connu, d’autant qu’on l’entend d’une manière ou d’une autre chaque premier dimanche de Carême. Cette année, dans la deuxième lecture, saint Paul développe l’idée que le Christ est un exemple. Comme Adam a montré le chemin du péché, le Christ montre le chemin du Salut. Sans doute le Christ nous sauve-t-il par le mystère de Pâques, mais encore faut-il accueillir ce qui nous est proposé. Et pour cela les tentations de Jésus nous montrent le chemin d’une libération qui permet d’accueillir ce salut.

Tout d’abord Jésus est tenté de faire un miracle, de se procurer du pain d’une manière magique. Mais Jésus refuse la magie. Dommage ! Comme il aurait été plus facile d’être chrétien si le baptême donnait l’assurance de manger toujours à sa faim et d’avoir tout ce qu’il nous faut ! Mais alors nous serions devenus dépendants de Dieu. Si le Seigneur devient la machine à satisfaire nos désirs, nous devenons ses esclaves. Alors Jésus refuse … il ne veut pas que nous l’aimions pour ce qu’il nous apporte, il ne cherche pas un gentil chien, fidèle à la main qui le nourrit, il cherche des amis. En résistant à la tentation du pain, Jésus refuse de nous acheter, il nous veut libres.

Ensuite, la deuxième tentation, c’est le spectacle, l’extraordinaire. Un homme qui tombe du sommet du Temple, et qui descend tranquillement sur les mains des anges. Vous imaginez la scène ! Devant un tel spectacle, il n’y a plus rien à faire … chercher le truc peut-être, et s’il n’y a pas de truc, il n’y a plus qu’à écouter, bouche bée, écrasés par la puissance de celui qui peut faire ce qu’on ne peut pas faire. Mais Jésus refuse. Il refuse de nous en mettre plein la vue. Il ne cherche pas à nous écraser par sa puissance, mais il cherche à cheminer à nos côtés. Dieu n'est pas l’inatteignable, il est le tout proche. Sa puissance ne se manifeste pas dans l’impossible inutile, mais elle se déploie dans la place que nous lui laissons dans notre vie. En résistant à la tentation du temple, Jésus refuse de nous subjuguer, il nous veut libres.

Enfin, il y a la troisième tentation : la compromission qui consiste à utiliser n’importe quel moyen pour arriver à ses fins. Se prosterner devant le Prince de ce monde pour posséder l’humanité ! Comme s’il s’agissait d’être chrétien parce que c’est à la mode. Comme s’il fallait suivre l’air du temps. Mais Jésus refuse. Car Dieu n’est pas dans le mouvement de masse ou le cynisme. Il ne cherche pas une meute qu’on manipule par la ruse, mais il cherche à rassembler son troupeau dispersé. Dieu n’est pas celui qui nous flatte mais celui qui nous appelle. Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? En résistant à la tentation du monde, Jésus refuse de nous embrigader, il nous veut libres.

En résistant aux trois tentations du pain, du Temple et du monde, Jésus nous libère de la magie, de l’extraordinaire et de la compromission. Il choisit l’amour qui ne s’achète pas, qui ne s’impose pas, qui n’accepte pas n’importe quoi ! Tout au long de ce carême, nous allons nous efforcer de répondre à l’appel du Christ. Par le jeûne nous expérimentons que sa Parole est plus importante que notre confort ; dans le partage nous témoignons que son exemple est à la portée de tous ; par la prière nous prenons les moyens de l’aimer librement d’un choix personnel et non pas pour faire comme tout le monde.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est le Trône de la Sagesse, qu’elle nous montre comment nous libérer de ce qui passe pour nous attacher à ce qui demeure. Elle qui est la Mère de Miséricorde, qu’elle nous apprenne à nous libérer des mirages pour reconnaître la présence du Seigneur à nos côtés. Elle qui est la Vierge fidèle, qu’elle nous soutienne dans le combat spirituel pour que nous avancions sur le chemin de la vraie liberté : l’amour auquel Dieu nous appelle dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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20 mars 2022 7 20 /03 /mars /2022 14:13

3CAA

3ème dimanche du Carême - 1er scrutin = Année A

Ex 17,3-7 ; Ps 94 ; Rm 5,1-2.5-8 ; Jn 4,5-42

Dans notre marche vers Pâques, nous voilà invités à nous souvenir de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine. Depuis les temps les plus anciens il s'agit d'un évangile catéchuménal, c'est-à-dire un évangile qui sert à guider ceux qui se préparent au baptême. Au-delà du pittoresque de l'histoire, c'est un texte riche d'enseignements qui nous aident à comprendre les mystères de la vie chrétienne. Il y aurait bien des choses à dire. Pour aujourd'hui remarquons que la samaritaine tout au long de sa rencontre avec Jésus va vivre trois changements, trois conversions :

La première conversion, c’est la conversion du désir. Quand Jésus parle de l'eau vive, elle en voit tout de suite l'intérêt. Ne plus avoir soif lui permettra de ne plus devoir venir au puits. Peut-être imagine-t-elle une source magique comme à Rephidim. Son premier désir est un désir de confort matériel. Mais il est égoïste et limité. Ça n'est possible que si elle vit seule ! Ceux qui vivent avec elle ou qui viennent la visiter, comment boiront-ils si elle ne va plus puiser de l'eau ? Et je ne parle même pas de se laver, faire la vaisselle et la lessive ! Mais quand Jésus aborde sa situation affective, elle va comprendre que cet homme peut répondre à un autre désir, bien plus profond, le désir spirituel : où faut-il adorer ? Sans doute suit-elle les coutumes de son peuple, mais les pratiques des juifs l'interrogent. Elle n'est pas sûre de bien prier, et c’est une très belle demande que de chercher à savoir comment rencontrer Dieu de manière authentique ! La première conversion de la samaritaine c'est de passer du désir matériel au désir spirituel.

Ensuite l'histoire nous révèle une deuxième conversion, celle de la prière. Il ne s'agit pas tant de prier ici ou là, mais de prier en esprit et en vérité. Parce que Dieu est esprit. C'est une conversion à laquelle on fait généralement assez peu attention. Bien sûr que la prière peut être une conversation ou une démarche que nous faisons vis-à-vis de Dieu. C'est tout à fait légitime. C'est la prière humaine, la justice que nous devons à Dieu. Mais il y a une autre manière de prier. Celle que dévoile Jésus. La prière divine, c’est celle que Dieu dirige. Saint Paul explique : l'Esprit prie en nous même si nous ne comprenons pas. Il s’agit alors de laisser l'Esprit Saint prier en nous, de laisser la Parole parler en nous, accepter de ne pas tout commander, ne pas tout maîtriser. La conversion de la prière consiste à accepter de recevoir ce que nous allons donner à Dieu. Un peu comme la samaritaine qui reçoit cette eau que Jésus lui demandait.

Et puis il y a une troisième conversion. Cette femme manifestement n'était pas très populaire – les pères disent que si elle vient à midi au puits c'est pour éviter de rencontrer les autres femmes du village. On a vu aussi que dans sa vie, elle ne pensait pas beaucoup aux autres. Mais voilà qu'elle laisse sa cruche pour aller trouver les gens et pour témoigner. La rencontre avec Jésus a ouvert son cœur et sa vie aux autres. C'est la conversion du partage. Ce que l'on a reçu on ne peut pas le garder pour soi. Une eau ne reste vive que si elle jaillit, si elle se répand. Si elle est enfermée elle croupit et meurt.

Ainsi la rencontre entre Jésus et la samaritaine nous propose trois conversions : la conversion du désir pour chercher Dieu plutôt que le confort, la conversion de la prière pour accepter de recevoir ce que nous donnons, la conversion du partage pour accepter de donner ce que nous avons reçu. Et ces trois conversions ne valent pas seulement pour ceux qui se préparent au baptême, mais pour tous ceux qui se préparent au mystère de Pâques. C'est bien à cette triple conversion que nous sommes invités par le carême : conversion du désir par le jeune, conversion de la prière et conversion du partage.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous montre le don de Dieu pour que l’espérance convertisse nos désirs. Etoile du matin qu’elle nous rende attentifs à l’Amour de Dieu répandu dans nos cœurs pour que la foi convertisse notre prière. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous apprenne à laisser l’eau vive jaillir en nous pour que la charité convertisse notre cœur, et qu’ainsi nous puissions resplendir de la gloire du Christ dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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20 mars 2022 7 20 /03 /mars /2022 14:05

3CAC

3ème dimanche de Carême - Année C

Ex 3,1-8a.10.13-15 ; Ps 102 (103) ; 1 Co 10, 1-6.10-12 ; Lc 13,1-9

La parole de Dieu que nous venons d’entendre est particulièrement dense : chacun des textes suffirait à nourrir notre semaine de carême. Tâchons d’en souligner quelques éléments.

L’évangile est un peu subtil et le comprendre de travers est assez facile. Sur quoi porte l’enseignement du Seigneur ? On a l’impression que Jésus s’attache à déculpabiliser la catastrophe : si les Galiléens ont été massacrés par Pilate pendant le sacrifice, si des personnes ont été tuées par la tour de Siloé, ce n’est pas à cause de leur péché … et pourtant ces histoires finissent par une menace : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ». Alors le malheur est-il la conséquence du péché ou non ? La parabole du figuier stérile explique les propos de Jésus. Elle nous permet de comprendre que le plus important c’est que les victimes ne sont pas de « plus coupables que les autres ». Jésus dénonce ainsi ceux qui, sous prétexte qu’il ne leur arrive rien, croient qu’ils n’ont rien à se reprocher. Or la parabole du figuier nous apprend que si nous ne mourrons pas, c’est que le Seigneur nous laisse encore un délai pour nous convertir.

Et saint Paul renchérit. L’histoire de l’Exode est aussi un appel à la conversion. Alors que nos ancêtres étaient accompagnés par le Christ, sous une forme mystérieuse, alors que leur existence même était le signe de la présence de Dieu et de sa sollicitude ; la plupart ont récriminé contre Dieu. « Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber » ! Nous aussi nous sommes libérés de l’esclavage par le baptême, nous aussi nous mangeons une nourriture spirituelle, nous aussi nous buvons à la même source d’eau vive qui est le Christ ; alors ne faisons pas ce qui déplaît à Dieu, mais au contraire convertissons-nous et aimons sans récriminer.

Car le Seigneur est d’abord un Dieu d’amour. Et cela depuis le début. Il ne faut pas opposer l’Ancien et le Nouveau Testament, comme s’il y avait un Dieu coléreux dont Jésus nous aurait débarrassés ! L’histoire du Buisson Ardent nous révèle la sollicitude et l’amour de Dieu pour son peuple. Lorsqu’il donne son nom, le Seigneur dévoile son intérêt pour le peuple d’Israël. Et de même que nous vivons ce que le peuple a vécu dans le désert, nous pouvons vivre nous aussi ce que Moïse a vécu à l’Horeb, sur la montagne de Dieu.

Parce que se convertir, c’est d’abord faire un détour pour voir cette chose extraordinaire, d’un buisson qui brûle sans se consumer. C’est-à-dire changer sa route et se distraire de ses activités habituelles, même si elles sont importantes, pour s’interroger, pour s’étonner, pour rencontrer l’Ange du Seigneur qui nous attend à quelques pas. Et le temps de Carême nous propose ce détour de la vie quotidienne.

Se convertir, c’est ensuite retirer ses sandales, par respect pour la sainteté du lieu où nous arrivons. C’est-à-dire se dépouiller du superflu, pour se retrouver tels que nous sommes devant Dieu : dans la fragilité de l’homme aux pieds nus. De celui qui n’avancera plus aussi vite, pour ne pas être blessé, et pour éviter les pièges que nulle protection n’écarte. Et le jeûne est notre manière à nous de revenir à l’essentiel de notre humanité.

Se convertir c’est aussi recevoir une mission, être envoyé chez Pharaon pour faire sortir de l’esclavage le peuple de Dieu. C’est-à-dire à agir pour le bien de ceux qui souffrent et que Dieu aime. N’est-ce pas là encore le sens du partage auquel nous sommes invités ?

Se convertir c’est enfin parler avec Dieu et entendre le secret de son Nom. Un nom qui nous échappe mais qui nous permet de l’appeler, un nom qu’on respecte mais qui, d’une certaine manière, nous donne un pouvoir sur le Roi des rois : le pouvoir de celui qui connaît et qui est appelé à vivre dans l’intimité du Puissant. Vous avez compris que c’était par la prière que nous entendrons ce nom béni.

Oui, la Parole de Dieu nous avertit : nous ne sommes pas meilleurs que les autres, le temps que nous vivons nous est donné pour nous convertir et pour porter du fruit. Comme autrefois au temps de l’Exode, Dieu nous a libérés, il nous nourrit et nous abreuve. Comme Moïse nous sommes invités à vivre la rencontre sur l’Horeb : faire le détour du Carême, pour nous étonner de Dieu ; retirer nos sandales par le jeûne, accepter d’aller chez Pharaon pour libérer ceux qui souffrent par le partage ; Entendre le Nom qui est au-dessus de tout nom dans la prière.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à faire cette expérience du Buisson Ardent. Porte du Ciel qu’elle éveille en nous la curiosité qui creuse le désir de Dieu pour que nous nous convertissions. Refuge des pécheurs qu’elle nous apprenne à nous dépouiller du superflu pour que nous puissions entendre la Parole du Seigneur et la mettre en pratique. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous accompagne dans la rencontre avec Dieu pour que nous puissions demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 14:17

1CAC

1* Dimanche de Carême - année C

Dt 26,4-10 ; Ps 90 (91) ; Rm 10,8-13 ; Lc 4,1-13

Le thème identitaire est aujourd’hui un sujet sensible, et l’actualité nous montre tragiquement qu’il peut y avoir des enjeux significatifs. Pourtant il n’est pas illégitime de chercher à répondre à la question « qui suis-je vraiment ? ». La première lecture prescrivait même au peuple de régulièrement se souvenir : « mon père était un araméen nomade … » c’est en faisant mémoire des tribulations d’Égypte qu’on se rappellera tout ce que l’on doit à la grâce de Dieu. Dans l’évangile aussi, c’est la question de l’identité de Jésus qui est l’enjeu des tentations « si tu es Fils de Dieu ». On n’est loin d’une tentation triviale du genre « encore un morceau de chocolat ou une part de gâteau ». Mais ne nous trompons pas, nous sommes guettés, nous aussi par ces tentations quand il s’agit de savoir ce que c’est qu’être chrétien, puisque nous sommes nous aussi enfants de Dieu par le baptême.

La première tentation était celle du pain : « si tu es Fils de Dieu, ordonne à ces pierres de devenir du pain » comme si la puissance divine était au service de nos caprices, comme si Dieu était là pour satisfaire nos besoins. En refusant cette tentation, Jésus nous fait comprendre que Dieu n’est pas à notre service, et il nous montre aussi un chemin : accepter que le monde ne tourne pas autour de nous, être enfant de Dieu ce n’est pas se rendre maitre de la création. Ce serait si pratique pourtant ! Quelle merveille ce serait que le baptême nous mette à l’abri de tout, si être chrétien c’était moins souffrir que les autres … et bien, non ! Dieu n’est pas une baguette magique et être chrétien ce n’est pas être dispensé des difficultés de la vie. Et la conséquence de cette résistance à la tentation, c’est la liberté. « Du pain et des jeux » les romains savaient bien qu’on maîtrise la foule en assurant sa subsistance, et les médecins savent aussi que ce qui soulage entraine une dépendance. En rappelant que l’homme ne vit pas seulement de pain, Jésus nous montre qu’on n’est pas chrétien par intérêt pour avoir une vie plus confortable. Et c’est aussi pour cela que nous sommes invités à jeûner pendant le carême, pour expérimenter cette liberté des enfants de Dieu qui savent que l’essentiel ne se mesure pas à la douleur du manque.

Ensuite il y a la tentation des royaumes … en vérité elle concerne encore l’identité de Jésus car le diable revendique une prérogative du Messie. Dans la Bible c’est au Messie en effet que sont remis les royaumes de la terre ! En proposant à Jésus de se prosterner pour obtenir la gloire des nations le diable fait croire que seul le résultat compte. Comme si peu importait la manière du moment que la mission est accomplie. En l’occurrence d’ailleurs ce serait dire que l’important dans la mission de Jésus c’est qu’il domine les nations. La tentation résonne toute au long des siècles, quand on pense que l’évangélisation doit se faire quoiqu’il en coute, par n’importe quel moyen, même coercitif s’il le faut ! Comme si être chrétien c’était être le plus fort, comme si la sainteté n’était qu’une question d’efficacité. Heureusement que Jésus a rappelé que le pouvoir vient de Dieu et non pas de nos astuces ou de nos ruses. Parce qu’ils refusent toute sorte d’idoles, les enfants de Dieu échappent aux logiques de pouvoir, de chantage ou de soumission. Pendant ce temps de carême, prendre le temps de la prière, d’un temps gratuit de cœur à cœur avec Dieu, est une bonne manière de manifester notre liberté face à la tyrannie de l’efficacité, de l’urgence ou de l’agenda.

Enfin il y a la tentation du Temple : « Si tu es le fils de Dieu provoque un miracle, pour épater la galerie, pour bien montrer aux hommes que tu leur es infiniment supérieur ». Comme si le merveilleux et l’extraordinaire étaient le signe de Dieu ! Comme s’il fallait le chercher dans la tempête ou le feu plutôt que dans le murmure de la brise légère. Et pourtant nous sommes encore si souvent tentés de préférer le miracle incroyable à l’humilité du quotidien. Nous sommes si souvent tentés de croire qu’il vaut mieux être impressionné que d’être accompagnés. En refusant de se jeter du haut du Temple, Jésus révèle qu’être enfant de Dieu ce n’est pas l’admirer mais l’aimer. Être chrétien ce n’est pas être à part, mais être avec. Aussi, pendant le temps du carême, le partage est une manière de rester avec tous, de témoigner que Dieu n’est pas celui qui fait rêver mais celui qui prend soin.

En résistant aux tentations dans le désert, Jésus nous libère de la magie, de la force et du miracle. Il permet que notre relation à Dieu ne soit pas une relation de dépendance, de soumission, ou de fascination, mais une relation d’amour. Les trois piliers du carême : le jeûne, la prière, le partage, sont des occasions de devenir les enfants bien-aimés du Père, d’être des hommes et des femmes selon le cœur de Dieu. Car Dieu nous propose d’être libres plutôt qu’esclaves, même de nos besoins ; il nous propose d’aimer plutôt que de lutter ou de ruser, il nous propose de partager et d’être solidaire plutôt que de mépriser ou de séduire.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à vivre ce temps de carême comme une occasion de devenir toujours plus enfants de Dieu. Consolatrice des affligés qu’elle nous apprenne à préférer l’effort au confort, pour que nous puissions nous attacher à ce qui demeure. Refuge des pécheurs qu’elle nous soutienne dans le combat spirituel pour que nous gardions nos cœurs fixés sur le Seigneur qui nous aime. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous garde attentifs à témoigner de celui qui nous accompagne avec sollicitude, pour que nous puissions ressembler toujours plus à notre Père des Cieux et que nous demeurions en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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21 mars 2021 7 21 /03 /mars /2021 14:12

5CAB

5° Dimanche de Carême - Année B

Jr 31,31-34 ; Ps 50 ; He 5,7-9 ; Jn 12,20-23

Maintenant que nous sommes bien avancés dans le Carême, les textes de la liturgie de la Parole se font plus denses … et peut-être aussi plus rudes ! Il y a tellement de choses dans l’évangile que nous venons d’entendre que l’on serait facilement tentés de n’en prendre qu’une partie, ou de pratiquer des méthodes savantes d’analyse pour le diviser en plusieurs enseignements selon ce qui nous parait cohérent. Un peu comme si l’on choisissait d’admirer un collier en regardant les perles les unes après les autres. Pourtant il serait dommage de renoncer à profiter de l’ensemble : l’intérêt d’un escalier n’est-il pas supérieur au simple enchaînement des marches ? Engageons-nous donc dans la traversée de ce texte pour voir où et comment il nous conduit.

D’abord il y a l’épisode des Grecs, c’est-à-dire des juifs de la diaspora qui venaient se ressourcer à Jérusalem à l’occasion de la Pâque. Leur demande paraît sympathique : « nous voulons voir Jésus ». N’est-ce pas un désir honorable ? Pourtant on comprend vite qu’il y a quelque chose qui ne va pas : ils demandent à Philippe, qui demande à André, qui le dit à Jésus … qui ignore complétement et parle de tout autre chose ! Comme si cette cascade d’intermédiaires digne de la meilleure administration restait vaine. De multiples épisodes de l’évangile montrent bien que Jésus n’était pas inaccessible. Il n’y avait pas besoin d’être recommandé pour le rencontrer. C’est la première marche de cet escalier : la simplicité. Le Seigneur ne se donne pas dans la complexité du monde, mais dans la simplicité de sa présence. C’est un mouvement qu’annonçait Jérémie dans la première lecture : la nouvelle alliance sera plus simple, la loi sera inscrite dans les cœurs, il n’y aura plus besoin de rechercher des maîtres. Dieu se rend accessible dans la miséricorde.

Ensuite il y a l’enseignement du grain de blé. Manifestement, celui-ci est destiné à ceux qui veulent être proches de Jésus et il les invite à suivre la dynamique qui se déploie dans le mystère de Pâques : celle du don et de la générosité. C’est en perdant qu’on gagne, c’est en mourant qu’on vit en plénitude. Cela peut paraître paradoxal, bien différent de la logique du monde qui est une logique de possession et d’accumulation. Et pourtant c’est la logique de Dieu parce que c’est la logique de l’amour. C’est la deuxième marche que nous sommes invités à franchir : celle du détachement généreux, celle que Jésus lui-même franchit. Comme le dit l’auteur de la lettre aux Hébreux : « il apprit par ses souffrances l’obéissance ». Ce n’est donc pas la marche la plus tranquille, et les contrariétés de la vie pourraient facilement nous en détourner, alors qu’elles sont autant d’occasions de la gravir.

Enfin, il y a la prière de Jésus, bouleversant dialogue avec le Père qui manifeste le dramatique écart entre la gloire de Dieu et la puissance du monde. Alors que la voix se fait entendre pour la foule, celle-ci s’empresse de la cataloguer dans des explications rassurantes : « c’est un coup de tonnerre », « c’est un ange qui lui parle ». Une explication scientifique, une explication mystique, mais aucune ne correspond à ce qui se passe. Triste occasion manquée, mais surtout révélation de la troisième marche qui nous élève jusqu’au mystère : celle de la foi. Car il s’agit bien de faire confiance au Seigneur, de le choisir en rejetant le prince de ce monde et en se laissant attirer par Celui qui a été élevé de terre. Il ne s’agit plus d’expliquer mais d’écouter, il ne s’agit plus de regarder mais de suivre, il ne s’agit plus d’admirer mais de participer.

Au seuil de la Passion du Seigneur, nous voilà inviter à gravir l’escalier qui nous dispose au Salut par la simplicité, le détachement généreux et la foi. Le carême nous y prépare et nous y entraîne : par le jeûne et les privations nous revenons à l’essentiel ; par l’aumône et le partage nous ouvrons nos cœurs et nos mains ; dans la prière persévérante la contemplation nourrit notre confiance. Ne relâchons pas nos efforts, mais engageons-nous résolument à la suite du Christ, pour l’accompagner et le servir, en nous laissant attirer par lui.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous rende disponibles à sa présence ; Mère du Bel amour qu’elle fasse battre nos cœurs au rythme de son cœur ; Etoile du matin qu’elle soutienne notre espérance pour que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 14:38

3CAB

aujourd'hui, pas de prédication … on en profite pour fouiller dans les cartons et retrouver les archives. Après tout la Parole de Dieu est la même aujourd'hui qu'il y a 15 ans ! 

3eme dimanche de Carême - année B

 

Ex 20, 1-17 ; Ps 18 ; 1 Co 1,22-25 ; Jn 2,13-25

Dans notre chemin de Carême – et nous sommes maintenant pratiquement à la moitié de celui-ci – l’évangile nous montre Jésus en train de chasser les marchands du Temple. C’est un passage assez connu (sans doute parce qu’il est atypique : on n’a pas beaucoup l’habitude de voir Jésus se mettre en colère ! )

Essayons de comprendre le message de ce texte. Le temple c’est la maison de Dieu, c’est le lieu où l’on peut rencontrer le Seigneur. Or il se trouve que les marchands s’étaient installés là pour faciliter la rencontre, puisqu’on trouvait de quoi acheter tout ce qu’il faut pour faire les sacrifices (les animaux, mais aussi les pièces spéciales qui avaient cours seulement dans le Temple). Au départ il s’agit d’un service, mais voilà que ce service s’est transformé en trafic, ce qui était initialement rencontre avec Dieu est devenu le lieu de discussion, d’échanges entre les hommes.

Aujourd’hui, nous savons que nous pouvons rencontrer Dieu ailleurs qu’au Temple de Jérusalem. Notre Temple, c’est le Corps du Christ ressuscité, ce corps du Christ que nous recevons lorsque nous communion, ce corps du Christ qui est présent quand deux ou trois sont réunis en son nom … Mais nous continuons de lire ce texte parce qu’il nous prévient le danger qui nous guette de nous laisser à nouveau envahir par les marchands. Rappelez-vous ce que dit la fin de l’Evangile : beaucoup crurent en Jésus, mais lui n’avait pas confiance en eux, parce qu’il connaît le cœur de l’homme. Alors, est-ce que Jésus peut nous faire confiance ? Examinons les différents lieux où nous rencontrons Dieu et vérifions que nous ne les avons pas transformés en lieu de trafic.

Le premier lieu où nous rencontrons Dieu, c’est la prière. La prière que nous faisons, seul dans notre chambre, dans le secret de notre cœur, ou bien la prière que nous faisons ensemble à l’Eglise par exemple. Si nous n’y faisons pas attention, cette prière peut devenir un lieu de trafic. Quand nous prions seulement pour demander quelque chose et jamais pour remercier, notre prière n’est pas un acte d’amour, mais un acte de commerce, presque de chantage : je vais dire tant de Notre Père et tu me donneras tel ou tel résultat ! Comme si nous achetions à Dieu le cadeau qu’il veut nous faire, ou plutôt celui que nous voudrions avoir. L’un des signes que notre prière est encombrée par les marchands, c’est que nous parlons plus que nous n’écoutons. Alors nous sommes invités à faire un effort de prière.

Le deuxième lieu où nous rencontrons Dieu, c’est le cœur de notre cœur, c’est nous-mêmes, notre intelligence et notre esprit. Dans une de ses lettres Saint Paul nous dit : « ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de l’Esprit ? » Mais là aussi nous pouvons être encombrés par un tas de marchands, par plein de trafics ! Le signe que nous sommes encombrés et que nous ne rencontrons plus Dieu en nous, c’est que nous devenons esclaves de nos passions, de nos besoins. Nous ne nous appartenons plus : c’est la nourriture, ou la télé, ou les jeux, ou les habits, ou le tabac qui commandent … Voilà pourquoi, nous sommes invités à chasser les marchands du cœur de notre cœur par un effort de jeûne et d’abstinence, de sobriété dans nos vies.

Le troisième lieu où nous rencontrons Dieu, ce sont les autres. « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » dit Jésus. Mais là aussi nous pouvons laisser envahir ce Temple par les trafics. C’est ce qui arrive chaque fois que nous utilisons les autres à notre service, sans les respecter, comme si ce n’était que des objets un peu plus sophistiqués. Le signe que les marchands ont envahi le temple que sont les autres, c’est que nous préférons recevoir ou prendre, plutôt que donner et servir. Voilà pourquoi, pendant le temps du carême nous sommes invités à chasser ces marchands par un effort de partage.

Par la prière, par les privations, par le partage, nous sommes invités à chasser les marchands du temple dans nos vies, nous sommes invités à refaire le geste de Jésus, non pas physiquement avec des cordes, mais spirituellement. Que l’Esprit Saint qui a guidé Jésus et qui nous a été donné lors de notre baptême nous aide à nous purifier de nos trafics, pour que nous puissions vraiment rencontrer Dieu … même si cela apparaît parfois comme folie ou comme faiblesse, mais en vérité il s’agit de se laisser guider par la puissance de Dieu et par la sagesse de Dieu, car « la folie de Dieu est plus sage que l’homme et la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme ».

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8 mars 2020 7 08 /03 /mars /2020 14:09

2CAA

2° dimanche de Carême - Année A

Chaque année, le deuxième dimanche de carême, on entend l’évangile de la Transfiguration. Certes, les apôtres ne vont pas au désert mais sur la montagne et, même si le texte n’est pas très précis, on voit difficilement comment l’épisode aurait pu durer quarante jours. Cependant, l’expérience que vivent Pierre, Jacques et Jean a ceci de commun avec le carême qu’il s’agit de les préparer au mystère de Pâques en leur faisant voir la fin pour qu’ils ne soient pas déstabilisés par les moyens. Cette dynamique de rappeler le but pour stimuler la marche se retrouve d’ailleurs dans les deux autres textes : le départ d’Abraham sur la foi de la promesse de Dieu et les exhortations de Paul à Timothée pour qu’il reste fidèle dans les difficultés. 

Pour avancer, il vaut mieux savoir où l’on va. Si l’on ne connaît pas le but, le chemin risque d’être une promenade ou un vagabondage. On peut dire que la première lecture nous racontait le début du chemin de la foi. Dieu promet à Abraham de faire de lui une grande nation, une bénédiction pour tous les peuples. Pour cela, il lui faut consentir à quitter le confort de son pays, de sa parenté et de la maison de son père. Ainsi le but du mystère de Pâques, c’est de faire de nous des bénédictions, des signes du bonheur. Nous ne cheminons pas vers des chocolats, ou des œufs cachés par des cloches en balade mais vers la plénitude de la vie divine. Si l’on nous propose, pendant ce carême de vivre concrètement la miséricorde par la générosité et le partage, c’est justement pour nous former à être des signes du bonheur. Ce qui nous guide dans nos efforts de carême, c’est cette question : « comment être une bénédiction pour les autres ? ». 

Mais il est important aussi de se souvenir du but à atteindre quand il est difficile. Savoir ce vers quoi on va permet de se motiver ; de trouver la force de dépasser les obstacles sans se décourager. C’est la raison pour laquelle saint Paul invite Timothée à prendre sa part des souffrances liées à l’annonce de l’évangile. En lui rappelant la vocation sainte à laquelle nous sommes appelés par la grâce du Christ Jésus, l’apôtre lui montre l’origine et la puissance de cette liberté vers laquelle il chemine. Ainsi par la résurrection resplendit la libération la plus éminente : cette vie éternelle qui nous est donnée dans le Christ. Mais il n’y a pas de liberté qui ne soit pas choisie et acceptée : on ne peut pas être libre sans le vouloir. C’est pourquoi le carême est un entraînement à la volonté pour se détacher de ce qui nous encombre ou de ce qui nous arrête. Nous pouvons vivre les privations de carême comme des exercices de liberté, de cette liberté qui nous vient du Seigneur.

Enfin il est bon de se rappeler du but à atteindre pour ne pas s’égarer dans des illusions ou des erreurs. Car souvent nous imaginons les choses autrement qu’elles ne seront. Les apôtres avaient reconnu en Jésus le Messie, mais ils se faisaient une idée fausse de sa mission. On le verra à Césarée lorsque Pierre reprochera à Jésus d’annoncer la Passion. Par la Transfiguration, Dieu invite Pierre, Jacques et Jean à accueillir la vérité plutôt qu’à la deviner. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » dit la voix dans la nuée, et ils vont devoir très vite mettre en pratique cette invitation en obéissant aux consignes du Seigneur lorsqu’ils redescendent « ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ». Ce sont les deux tonalités de la prière du carême : la confiance et la patience. Apprendre à s’appuyer sur la parole de Dieu plutôt que sur nos sentiments, accepter que la vie soit rythmée sur le temps de Dieu plutôt que sur nos désirs. 

Nous sommes encore au début du carême, et il est bon de se souvenir du but pour avancer. C’est vers le mystère de Pâques que nous cheminons : par les œuvres de miséricorde nous nous préparons à être signe du bonheur de la vie divine, par les privations nous nous entraînons à être témoin de la liberté des enfants de Dieu, par la prière nous nous efforçons de nous laisser former par la parole du Salut. 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés, qu’elle fasse de nous les instruments de la miséricorde ; Secours des chrétiens, qu’elle nous soutienne dans les difficultés ; Refuge des pécheurs, qu’elle nous apprenne à nous laisser transformer par la puissance de Dieu pour que nous puissions resplendir de la vie que le Seigneur a permise et qui nous est destinée, dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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26 février 2020 3 26 /02 /février /2020 21:35

MECE

Mercredi des Cendres

Chaque année je suis frappé par l’évangile que nous venons d’entendre. Je le trouve particulièrement bien indiqué au début du carême puisqu’il nous rappelle les trois piliers traditionnels de ce temps que sont l’aumône, la prière et le jeûne. En fait, je crois que ce sont les seules indications que Jésus donne quant aux pratiques de pénitence, et c’est sans doute la raison pour laquelle elles nous sont proposées : ce n’est pas Jésus qui commente les dispositions de l’église, c’est l’église qui rappele l’enseignement de Jésus ! 

Mais ce qu’il y a de frappant aussi dans ces conseils, c’est qu’ils ont toujours la même logique : « ne soyez pas comme les hypocrites qui se donnent en spectacle, agissez dans le secret, de manière à ce que seul le Père sache ce que vous faites ». On comprend facilement qu’il ne s’agit pas de se dissimuler (ce qui serait tout aussi hypocrite). Jésus nous invite surtout à vivre la discrétion comme une sorte de complicité avec Dieu. C’est peut-être cela la pointe du carême : retrouver une intimité avec le Seigneur.

L’aumône pourrait être vécue dans une logique comptable. On s’attacherait d’abord au résultat et à l’efficacité : on organise, on priorise, on équilibre … Mais Jésus nous invite à découvrir que le partage peut-être l’expérience d’un cœur débordant dans la générosité, de cette miséricorde qui se laisse émouvoir en découvrant qu’elle peut faire quelque chose pour les autres. Et si l’on en croit le prophète Joël, ce cœur débordant de générosité, cette miséricorde qui se laisse émouvoir, c’est précisément le cœur de Dieu. Peut-être que nos partages de carême pourront être l’occasion d’aimer à la manière du Seigneur. 

Pour ce qui est de la prière et de la vie religieuse, on pourrait la vivre de manière extérieure. On s’attacherait à faire ce qui doit être fait dans les formes prescrites, pour être irréprochables et peut-être admirables. Et si l’on renonce à être admirables, on pourrait se contenter d’admirer quelques belles figures à la mode pour vivre ou prier par procuration. Mais Jésus nous invite à découvrir que la prière est un cœur à cœur avec Dieu ; que la vie spirituelle n’est pas une affaire de renommée et que le seul enthousiasme qui ne déçoit pas c’est celui qui s’enracine dans sa présence. Sans doute notre prière pourra-t-elle se purifier pendant ces quarante jours pour devenir un temps où l’on goûte un peu mieux à l’amour de Dieu. 

Enfin il y a le jeûne. Dans un monde de consommation guidé par le plaisir, toute privation volontaire est insensée ou héroïque. On pourrait donc en faire un acte militant, où la difficulté de l’effort mesure l’importance de l’enjeu quand la souffrance du renoncement dénonce la malice du superflu. Mais Jésus nous invite à une toute autre attitude : que le jeûne conduise à la joie plutôt qu’à la tristesse, qu’il nous rende agréable plutôt que pénible. Ainsi nos efforts et nos (petits) sacrifices allégeront nos cœurs pour qu’ils retrouvent l’essentiel au lieu de se disperser.

« Déchirez vos cœurs et non vos vêtements » disait le prophète Joël. Jésus nous invite à vivre le partage comme un moyen de déchirer l’égoïsme pour que le cœur déborde de générosité, il nous propose de profiter des privations pour dégager notre cœur de ce qui l’alourdit, il nous montre enfin comment la prière est le temps où nous pouvons apprendre à laisser nos cœurs battre au rythme du cœur de Dieu pour que nous soyons prêt à accueillir le moment favorable pour que nous puissions goûter le jour du salut, dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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14 avril 2019 7 14 /04 /avril /2019 13:10

CARAC

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur - Année C

 

Le dimanche des Rameaux est aussi celui de la Passion du Seigneur. Nous avons donc entendu le récit que donne saint Luc des derniers jours de Jésus. C’est une manière de plonger dans le mystère que nous allons célébrer, de nous rappeler les événements que nous allons revivre cette semaine. « Chaque matin, il éveille mon oreille, pour qu’en disciple, j’écoute » disait Isaïe dans la première lecture : essayons d’être disciples de Jésus et d’écouter ce qu’il dit aux hommes.

« Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». C’est la dernière parole que Jésus adresse à un homme. Elle est pour le bon larron, celui qui reconnaît à la fois la justice de son sort, et l’injustice de ce que subit Jésus. C’est la parole la plus réconfortante de toute cette histoire, et pourtant, il nous est sans doute difficile de nous identifier au bon larron. Peut-être parce que nous n’avons pas commis des crimes justifiant la peine de mort … ce qui est heureux ! Mais sans imiter la vie du bon larron, nous pouvons chercher à avoir un cœur comme le sien : le cœur d’un pécheur qui reconnaît sa faute et se confie au Seigneur reconnu dans l’innocent crucifié. 

Avant cela, Jésus avait parlé aux femmes qui se lamentaient sur lui. « Ne pleurez-pas sur moi, pleurez plutôt sur vous-même » leur a-t-il dit. C’est une parole qui peut paraître un peu dure, après tout, c’est gentil de compatir à son sort. Mais Jésus nous met en garde contre ce qu’il peut y avoir de trompeur dans cette émotion. Elle détourne du vrai problème : que devient une société où l’on préfère le coupable à l’innocent ? Et puis il y avait peut-être quelque chose de formel dans ces lamentations : c’était un métier que d’être pleureuse ! Les paroles de Jésus nous invitent à ne pas rester spectateur, même ému, mais à voir combien nous sommes concernés par sa Passion. 

Si l’on remonte encore dans le temps, il y a eu aussi tous les procès : celui devant le collège des anciens, celui devant Pilate et celui devant Hérode. Là, Jésus ne dit rien … ou pas grand chose. Mais il explique pourquoi : « si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; si j’interroge, vous ne répondrez pas ». C’est une deuxième mise en garde contre les cœurs fermés, contre ceux qui savent déjà et qui cherchent ce qu’ils ont déjà décidé. Hérode voulait un spectacle, Pilate voulait la tranquillité, et les chefs du peuple voulaient éliminer Jésus. Dieu ne peut rien pour celui qui ne veut pas l’écouter, alors il se tait

Et puis, au tout début, il y avait les Apôtres. Jésus annonce que l’un d’eux va le livrer, et voilà que la conversation tourne au combat d’orgueil : qui d’entre eux est le plus grand ? C’est typique des apôtres, toujours à coté de l’histoire ! Pourtant Jésus les reprend doucement et surtout il les confirme dans leur mission : « vous mangerez et boirez à ma table, vous siègerez sur des trônes » ; et il dit à Pierre « quand tu seras revenu, affermis tes frères ». Une manière de leur rappeler qu’il compte sur eux, malgré leur faiblesse, malgré leur infidélité …

Et nous, quelle parole voulons-nous entendre de la part de Dieu ? Qui serons-nous ? Cyniques et entendus comme les juges, émus et superficiels comme les pleureuses, ou bien, à l’image des disciples et du bon larron, humbles et confiants dans celui qui compte sur nous malgré nos faiblesses, dans celui qui a pris notre condition pour nous introduire dans la sienne.

Que la Vierge Marie nous accompagne tout au long de cette semaine Sainte. Mère de miséricorde qu’elle nous montre comment devenir ce que Dieu attend de nous. Consolatrice des affligés, qu’elle nous apprenne à ne pas nous laisser piéger par nos émotions ou nos idées. Porte du Ciel, qu’elle nous conduise jusqu’à la gloire dans laquelle le Seigneur nous entraîne, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 13:07

5CAC

5° Dimanche de Carême - Année C

On a l’impression que tous les textes que nous venons d’entendre insistent sur la nouveauté : d’abord l’invitation d’Isaïe à ne plus faire mémoire des événements passés, à ne plus songer aux choses d’autrefois ; ensuite le témoignage de saint Paul qui déclare « oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but auquel Dieu nous appelle dans le Christ Jésus » ; enfin l’histoire de la femme adultère qui illustre la manière dont le pardon ouvre un avenir pour que le futur soit une nouvelle vie. Il y a même une sorte de progression puisque la nouveauté du salut, annoncée par le prophète, choisie dans la conversion par l’apôtre, est permise grâce au pardon du Seigneur. Nous voici donc invités à vivre cette dernière semaine de carême sous le signe de la disponibilité à la nouveauté.

La première manière d’être disponible à la nouveauté, c’est de l’attendre et de la rechercher. Cela nous interroge sur la nature de notre espérance et sur sa place dans nos vies. Nous allons bientôt fêter Pâques, c’est le grand mystère de notre rédemption, c’est-à-dire de notre salut. Mais voulons-nous vraiment être sauvés ? Est-ce que nous n’avons pas tendance à nous intéresser au Seigneur pour le présent plutôt que pour le futur ? Nous cheminons avec lui, et nous lui demandons de nous accompagner et de nous protéger chaque jour … c’est bien, mais nous pouvons voir un peu plus loin. Jésus n’est pas venu simplement pour nous aider à vivre bien, mais pour nous permettre une vie nouvelle. Quand pensons-nous à la vie éternelle ? Quel est le but de ce que nous faisons ? Certains prédicateurs, autrefois, recommandaient de s’imaginer dans un cercueil pour méditer sur notre destinée … c’est sans doute un peu extrême, mais il faut reconnaître que nous sommes enclins aujourd’hui à tomber dans l’extrême inverse et à ne pas regarder plus loin que le bout de la terre ! Cela vaut la peine de creuser en nous l’attente de la vie divine et d’espérer un peu plus la nouveauté du salut. 

La deuxième manière d’être disponible à la nouveauté, c’est de l’accepter et de la choisir. Cela nous interroge sur la nature de notre foi et sur sa force dans nos vies. Ce temps du carême est un temps de conversion, c’est-à-dire de changement. Mais qu’est-ce que nous changeons et pourquoi ? Très souvent nos efforts sont de l’ordre de la rectification, comme un peintre rajoute une petite touche qui améliore le tableau sans le bouleverser. C’est que nous restons les maîtres de nos vies : c’est nous qui décidons, c’est nous qui prévoyons, c’est nous qui estimons ce qui est juste et bon. Bien sûr, il faut agir selon sa volonté, mais notre volonté peut se laisser guider par le Christ. Faire confiance, ce n’est pas renoncer à vouloir, c’est consentir à ce qu’un autre dirige notre volonté. Qu’est-ce que nous faisons parce que le Seigneur le demande ? Dans quel domaine acceptons-nous d’obéir à la Parole de Dieu ? Les jours de la Passion sont une bonne occasion pour se laisser conduire par le Christ et croire un peu mieux dans la nouveauté de la conversion. 

La troisième manière d’être disponible à la nouveauté, c’est de l’accueillir et de la permettre. Cela nous interroge sur la nature de notre charité et sur sa présence dans nos vies. Lorsque les scribes et les pharisiens cherchent à piéger Jésus, ils enferment le futur dans le passé. Au point que leur question semble absurde : s’ils savent ce que dit Moïse, pourquoi interroger Jésus ? Il faut tout le génie de l’Esprit-Saint pour ouvrir une brèche et permettre quelque chose de nouveau : « désormais ne pèche plus ». C’est la force de l’amour que de refuser la fatalité et d’inventer la vie. Savons-nous reconnaître l’amour qui nous pardonne pour nous autoriser la nouveauté qu’il nous permet ? Savons-nous rayonner cet amour et pardonner à ceux qu’il nous faut aimer pour créer quelque chose de nouveau où resplendisse le cœur de Dieu ? C’est une bonne préparation à la résurrection que de renoncer à ce qui meurt et à ce qui enferme pour aimer davantage dans la nouveauté du pardon.

Que la Vierge Marie nous rende disponibles à la nouveauté de Dieu. Porte du Ciel, qu’elle tourne nos regards vers la nouveauté du salut, pour que nous puissions grandir dans l’espérance. Refuge des pécheurs, qu’elle soutienne nos vies dans la nouveauté de la conversion pour que nous puissions persévérer fidèlement dans la foi. Mère du Bel amour, qu’elle éclaire nos cœurs à la nouveauté du pardon pour que nous puissions demeurer dans la charité et que nous parvenions jusqu’à la gloire qui nous est promise dès maintenant et dans les siècles des siècles. 

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