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28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 22:01

JEST

Jeudi Saint - Messe de la Cène du Seigneur

Ex 12, 1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1 Co 11, 23-26 ; Jn 13,1-15

Avec la messe en mémoire de la Cène du Seigneur, nous entrons, ce soir dans le mystère de Pâques, et donc au cœur de notre foi. Chaque année nous sommes invités à ralentir un peu notre rythme quotidien, faire comme une retraite au cœur de l’ordinaire et prendre le temps d’entendre ou de réentendre ce qui nous fait vivre. Un peu comme on feuillette un album de famille pour nous souvenir des moments forts, pour revivre des événements intenses qui nous ont marqués.

Ce soir, donc nous revivons le dernier repas du Seigneur … nous voilà devant le mystère de l’eucharistie. J’aime bien me rappeler ce que disait Saint Jean Paul II aux jeunes lors d’une Journée Mondiale de la Jeunesse : « L’eucharistie, reçue avec amour et adorée avec ferveur, devient une école de liberté et de charité pour réaliser le commandement de l’amour ». Prenons donc le temps de comprendre comment l’eucharistie nous apprend à aimer à la manière de Dieu.

Dans l’eucharistie, Dieu se donne à nous, pleinement, corps et âme. Dans la Bible, en effet, le sang est le lieu de l’âme : lorsque le sang ne circule plus, le corps cesse de vivre. Recevoir le corps et le sang du Christ, c’est donc recevoir le Christ, non pas une partie du Christ, mais le Christ tout entier qui se donne à nous. L’eucharistie est le signe et la preuve que Dieu nous aime, et elle nous rappelle qu’aimer c’est donner, tout donner et se donner soi-même.

Mais il y a autre chose. Aujourd’hui, dans la fête de l’Eucharistie, on lit l’évangile du lavement des pieds. C’est dans le même repas que Jésus a consacré le pain et le vin comme son corps et son sang, et qu’il s’est mis à genoux pour laver les pieds de ses apôtres. Les prêtres savent bien qu’avant d’être prêtres, ils sont diacres, c’est-à-dire serviteurs. L’eucharistie nous renvoie donc non seulement au mystère de la présence de Dieu dans le pain et le vin, mais aussi au mystère de la présence de Dieu dans l’autre, dans celui qui a besoin de nous. « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le les uns pour les autres ». Aimer, ce n’est pas entretenir de grandes idées, ou se complaire dans de bons sentiments, c’est concrètement se mettre au service de l’autre. Dans le langage courant le mot « charité » signifie plus ou moins l’aumône. Pourtant, c’est d’abord le mot qui désigne l’amour de Dieu, l’amour à la manière de Dieu. Et cet amour n’est pas platonique, c’est un amour qui s’engage, un amour qui agit.  Voilà une autre chose que nous apprend l’eucharistie : Aimer, c’est s’engager et servir.

Cela dit, pour être honnête, le mystère de l’eucharistie n’est pas toujours évident à vivre et encore moins à comprendre. Reconnaître la présence du Christ à travers l’apparence du pain et du vin, cela suppose de notre part un acte de foi. C’est même la raison pour laquelle on répond « amen » au prêtre qui nous présente l’Eucharistie. On ne répond pas « merci » mais « amen », c’est-à-dire « Je crois ». Amen c’est le mot de la foi. Parce que l’amour ne se reçoit pas sans confiance. Les époux le savent bien, eux qui passent leur vie à se donner des preuves d’amour. Mais toute une vie ne suffit pas à prouver l’amour, parce que l’amour ne se prouve pas comme une vérité scientifique, il se reçoit dans la confiance. Il y a même comme un cercle entre l’amour et la foi : plus on aime et plus fait confiance, plus on fait confiance et plus on aime. D’une certaine manière l’eucharistie nous provoque et nous interroge, elle nous demande : crois-tu ? Et, par cette question, elle nous enseigne qu’aimer c’est croire et faire confiance.

Mais qui peut nous obliger à croire ? Personne ! La foi est un acte libre, ce n’est pas quelque chose qu’on subit, c’est quelque chose qu’on décide. « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne » dit Jésus. À cette liberté de Jésus qui se donne répond notre liberté de croyant. Ça ne veut pas dire que nous maîtrisons tout, mais nous entrons librement dans un mystère qui nous dépasse. Choisir librement quelque chose de plus grand que nous, c’est une manière de progresser, d’aller au-delà de ce que nous connaissons. Ainsi l’eucharistie vient nous révéler que l’amour est un choix, qu’il ne peut exister que si nous sommes libres, et que ce choix nous fait avancer, nous permet de grandir et de nous dépasser sans nous anéantir.

Aimer c’est tout donner et se donner ; c’est s’engager et se mettre au service des autres ; c’est croire et faire confiance ; c’est choisir librement et se dépasser. Voilà, rapidement, quelques repères que nous donne l’eucharistie pour nous apprendre à aimer 

Ce soir, nous sommes invités à accompagner Jésus au jardin des Oliviers à travers un moment d’adoration au reposoir. Dans ce temps qui nous est proposé, nous pourrons, continuer à méditer et à approfondir ce grand mystère qui nourrit notre vie spirituelle. Nous pourrons prendre le temps d’apprendre de l’Eucharistie ce qu’est l’amour. L’amour de Dieu pour nous et l’amour de nous pour Dieu, l’amour que nous pouvons avoir les uns pour les autres, l’amour qui dépasse les frontières, l’amour qui s’étend à tous les hommes et qui transforme le monde. Comme le disait sainte Térésa de Calcutta – « le fruit du silence, c’est la prière ; le fruit de la prière, c’est la foi ; le fruit de la foi, c’est l’amour ; le fruit de l’amour, c’est le service ; le fruit du service c’est la paix » 

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des Chrétiens, qu’elle ouvre nos cœurs à ce que l’Eucharistie nous apprend. Reine de la Paix, qu’elle nous rende disponibles à vivre ce que nous contemplons. Mère du Bel Amour, qu’elle nous entraine à la suite du Christ, pour que nous laissions nos cœurs battre au rythme du Cœur de Dieu et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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24 mars 2024 7 24 /03 /mars /2024 10:56

RA-B

Dimanche des Rameaux et de la Passion - année B

Is 50, 4-7 ; Ps 21 (22) ; Ph 2, 6-11 ; Mc 14, 1-15, 47

L’évangile que nous venons d’entendre nous plonge au cœur de la semaine qui commence aujourd’hui. Voilà que nous est rappelée la Passion du Seigneur, le chemin tragique qui va le mener jusqu’à la Croix.

Au long de ce récit, se déchainent contre le Christ, de nombreuses incompréhensions, des moqueries, des accusations. Il y a aussi des lâchetés et des trahisons, mais aussi quelques lueurs de compassion, de fidélité et de courage.

Aussi nous voilà interrogés sur notre relation au Christ. Si nous comptons sur la foule pour nous entrainer, si nous voulons faire comme tout le monde, et suivre la voix du plus fort, alors nous agiterons nos rameaux un jour, pour le lendemain condamner et se moquer de celui qui souffre. Celui qui suit le mouvement de la foule, se rassure à bon compte, et fini par préférer un agitateur politique à celui qui vient au nom du Seigneur. Dans le mystère de Pâques, nous ne pourrons pas suivre le Christ en nous modelant sur l’opinion publique, en imitant les plus nombreux

Nous ne pourrons pas non plus aller jusqu’au bout du chemin, si notre relation à Dieu se limite à de grandes déclarations, si nous présumons de nos forces : viendra le moment où nous n’aurons pas le courage de veiller, où, dans les difficultés, nous finirons par nous cacher, et par renier celui qui nous a tout donné … nous nous retrouverons comme ce jeune homme qui s’enfuit dans la nuit, dépouillé de son vêtement !

Si nous voulons suivre le Christ, si nous voulons aller jusqu’au bout du mystère de Pâques, il nous faudra accepter l’humilité de cette femme à Béthanie, qui n’hésite pas à briser son flacon d’albâtre pour honorer le Seigneur. Il nous faudra accepter l’humilité de Simon de Cyrène, chargé de la croix du Christ à son retour des champs pour soulager celui qui souffre au hasard de nos vies. Il nous faudra accepter l’humilité du centurion, au cœur déchiré devant le crucifié qui reconnaît la dignité divine de celui qui meurt humilié. Il nous faudra accepter l’humilité de ces femmes qui ont suivi Jésus jusqu’au pied de la croix et qui restent là silencieuses.

Alors, comme Joseph d’Arimathie, au soir ce jour, nous aurons le courage de recevoir le corps du Christ et de veiller à ce que lui soit rendu l’hommage qui lui revient lorsqu’il n’y a plus rien d’autre à faire !

Que le Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne au long de cette semaine. Elle qui est la Vierge fidèle, le Refuge des pécheurs, le Secours des Chrétiens qu’elle nous aide à vivre pleinement ce temps de grâce, pour que nous puissions, au matin de Pâques fêter l’anniversaire de notre baptême et accueillir dans notre vie le Christ ressuscité qui de toute éternité nous a préparé une place à sa table pour les siècles des siècles !

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17 mars 2024 7 17 /03 /mars /2024 14:04

5CAA

5° dimanche de Carême - Année A

Ez 37,12-14 ; Ps 129 ; Ro 8,8-11 ; Jn 11,1-45

Accompagnant les catéchumènes qui seront baptisés dans la nuit de Pâques, nous nous laissons examiner par la Parole de Dieu pour qu’elle éclaire ce qui en nous doit être transformé par la puissance de l’Esprit. Aussi après la rencontre de la Samaritaine et la guérison de l’aveugle né, c’est aujourd’hui la résurrection de Lazare qui tourne nos cœurs vers le troisième signe du don de Dieu : après l’eau et la lumière, la vie. S’il s’agit surtout de la vie nouvelle ou de la vie éternelle, il ne faut pas croire pour autant qu’il s’agit d’une idée abstraite ou lointaine. « Sitôt qu’un homme né, il est assez vieux pour mourir » disait un philosophe ; l’évangile affirme au contraire que « celui qui croit [en Jésus], même s’il meurt, vivra ». Et cela change tout ! Voyons de plus près ce qui se passe quand on choisit la vie plutôt que la mort comme horizon.

Tout d’abord il y a cette réflexion de Thomas : « allons, nous aussi, pour mourir avec lui ». Sublime attachement au Seigneur, admirable dévouement au maître. Il y a quelque chose d’héroïque dans cette réflexion de l’apôtre. Pourtant Jésus a une tout autre attitude : la compassion. « Alors Jésus pleura ». C’est le plus court verset de la Bible, peut-être aussi le plus dense. Et voilà ce qui change quand on passe de la mort à la vie comme horizon, on passe de l’héroïsme à la sainteté. Le héros défie la mort, tandis que le saint habite la vie. Le héros s’affirme dans une tragique prétention à rester le maitre de la mort, tandis que le saint déploie toutes les saveurs de la vie, même quand elles ont le goût amer des larmes. Le saint ne choisit pas seulement ce qui est agréable, il accepte ce qui vient, confiant que l’Esprit est présent à chaque instant pour nous conduire et nous épanouir.

Ensuite il y a les remarques de Marthe et de Marie, qui rejoignent celles de la foule : « si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort », « ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Une sorte de reproche plein de tendresse qui jaillit de la triste déception devant l’inévitable. Car la mort, comme la souffrance, est toujours révoltante et l’aveu de notre impuissance se fait accusation du Seigneur. Il faut bien un coupable, il faut bien que quelqu’un soit responsable de ce que l’on ne peut pas maitriser. Mais Jésus répond en interpellant : « crois-tu cela ? ». C’est un deuxième changement quand on choisit la vie comme horizon plutôt que la mort, on passe de l’accusation à la confiance. La vie comme la mort nous dépassent et contredisent notre besoin de tout contrôler. Nous pouvons reporter sur Dieu la frustration de la mort, ou rester disponible à la vie que nous avons reçue.

Enfin, devant le tombeau de Lazare, Jésus demande « enlevez la pierre » et encore « déliez-le et laissez-le aller ». Il n’agit pas tout seul, mais invite ceux qui l’entourent à s’investir, à participer. Il n’en reste pas aux larmes de Marie et de ses amis, il propose à Marthe de ne pas se résigner à la fatalité du temps qui passe. Si notre horizon est la mort, il faut bien finir par dans la résignation, mais si notre horizon est la vie, nous sommes appelés à la servir. C’est le troisième changement : on se résigne à la mort, mais on sert la vie. C’est que la mort isole tandis que la vie rapproche. Selon que l’on va vers la mort ou la vie, il faut baisser les bras ou retrousser les manches. La civilisation de mort est un vertige qui nous entraine vers le néant ; la civilisation de vie est un dynamisme qui nous pousse en avant. Nous savons bien ce que le Seigneur nous propose, mais il nous appartient de l’accepter et de le choisir.

Le mystère de Pâques dans lequel nous a plongé le baptême nous invite à recevoir la vie comme horizon de ce que nous sommes et de ce que nous faisons. C’est le choix de la sainteté plutôt que de l’héroïsme, le choix de la confiance plutôt que de la révolte, le choix du service plutôt que de la résignation.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle ouvre nos oreilles à l’appel du Seigneur pour que nous avancions dans l’espérance. Consolatrice des affligés qu’elle ouvre yeux à la présence de Dieu pour que nous soyons fortifiés dans la foi. Mère du Bel Amour qu’elle ouvre nos cœurs à la vie éternelle pour que nous déployons la charité et que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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10 mars 2024 7 10 /03 /mars /2024 14:30

4CAB

4° dimanche de Carême - Année B

 

2 Ch 36,14-16.19-23 ; Ps 136 ; Ep 2,4-10 ; Jn 3,14-21

Il y a des textes bibliques et des phrases évangéliques qu’on a tendance à lire un peu trop vite. Du coup, on risque de comprendre les choses de travers ! Par exemple, l’évangile de ce jour. « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ». Belle phrase, n’est-ce pas ? Magnifique enseignement que l’on aime à méditer, entendre et réentendre. Et l’on en déduit que Dieu est tout amour – ce qui est vrai ; qu’il peut tout accepter et tout supporter – ce qui est déjà moins vrai ; qu’il n’y a donc pas de jugement – ce qui est faux !

La suite du texte est d’ailleurs explicite. « Le jugement le voici ». C’est donc qu’il y a un jugement ! Certes on n’aime pas ce terme, certes on n’aime pas en entendre parler, certes les prédicateurs qui y font allusion sont suspects d’être intolérants ! Il nous paraît contradictoire que Dieu soit riche en miséricorde, comme le dit saint Paul, et qu’il y ait un jugement. Pourtant j’ai eu beau tourner et retourner le texte dans tous les sens … Jésus parle bien d’un jugement.

Mais ce n’est pas Dieu qui juge. L’image que donne l’évangile permet de comprendre ce qui se passe. « La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière ». La lumière se propose mais elle ne peut rien faire face à celui qui la refuse ? Dans la première lecture, le livre des Chroniques illustrait une situation un peu semblable. Au temps du roi Sédécias on assiste à une véritable tragédie. Tous multiplient les infidélités, imitant les sacrilèges des nations, profanant le Temple du Seigneur. Que fait Dieu alors ? « Sans attendre et sans se lasser, il envoie des messagers car il a pitié de sa Demeure et de son peuple ». Pourtant le peuple reste sourd : « il méprise ses paroles, il se moque des prophètes ». D’une certaine manière, Dieu est impuissant face au péché, il ne peut rien face à celui qui le refuse. Mais ça n’est pas parce que Dieu ne peut rien, que le péché n’a pas de conséquence ! C’est ce que montre la suite de l’histoire : le temple est brûlé, la muraille abattue et les palais détruits. Était-ce la volonté de Dieu ? Non plus puisque soixante-dix ans plus tard, il inspire au roi des Perses de permettre la fin de l’Exil et la reconstruction du Temple.

La volonté de Dieu, c’est que nous vivions dans la lumière. Qu’est-ce qui nous en empêche ? Nous-mêmes. « Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière de peur que ses œuvres lui soient reprochées ». Le Salut, c’est la lumière, celui qui accepte la lumière est sauvé, celui qui refuse la lumière se condamne lui-même. Il n’y a pas besoin que Dieu juge … « celui qui ne veut pas croire est déjà jugé »

Il nous faut prendre au sérieux cette parole. Si Dieu est riche en miséricorde, cela ne veut pas dire que nous pouvons tout faire, cela veut dire que nous pouvons toujours venir à la lumière. Rien ne peut nous empêcher définitivement d’aller vers Dieu, mais pour cela il faut se tourner vers lui … et si nous luis tournons le dos, cela veut dire qu’il faut se retourner ! Ce temps de carême est un temps de conversion, c’est-à-dire un temps où nous apprenons à accueillir la lumière, un temps où nous acceptons de tendre la main vers Dieu. Dans le Christ, Dieu nous tend la main, non pas pour nous attraper de force, mais pour attendre que nous la prenions. Ce qui n’est pas possible si nous ne le regardons pas, ce qui n’est pas possible si nous voulons nous débrouiller tout seul, ce qui n’est pas possible si nous ne lui faisons pas confiance. Et parfois pour prendre la main tendue par Dieu, il faut abandonner ce qui nous encombre.

Au milieu du carême, acceptons que la lumière de Dieu resplendisse un peu plus dans notre vie. Identifions ce que nous préférons garder dans l’ombre et que nous devons abandonner. Renouvelons notre foi dans le Seigneur. Sans attendre et sans se lasser, serrons un peu plus notre vie dans la main de Dieu pour accueillir le Christ.

Que La Vierge Marie nous aide et nous accompagne dans cette démarche de conversion. Elle qui est la Vierge de Lumière, l’Etoile du Matin et la Mère de miséricorde, que sa prière fortifie notre foi, affermisse notre espérance et augmente notre charité pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et qu’ainsi nous le suivions pour régner avec lui dans les cieux, pour les siècles des siècles.

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3 mars 2024 7 03 /03 /mars /2024 14:15

3CAA

3° Dimanche de carême - 1er scrutin 

Ex 17,3-7 ; Ps 94 ; Rm 5,1-2.5-8 ; Jn 4,5-42

Cette année, accompagnant les catéchumènes qui seront baptisés dans la nuit de Pâques, nous entendrons les textes qui traditionnellement préparent au baptême en déployant les signes du grand mystère : l’eau avec la rencontre de la samaritaine, la lumière dans la guérison de l’aveugle né et la vie par la résurrection de Lazare. Cela explique que ce qui a été lu n’était sans doute pas ce que vous aviez dans vos missels … j’espère que cela vous a permis, non pas de vous énerver contre les lecteurs, mais d’être plus attentifs à la proclamation de la Parole !

Pour aujourd’hui, laissons-nous scruter par la rencontre entre Jésus et la samaritaine. Cette rencontre n’avait pas très bien commencé. La samaritaine est perplexe, méfiante et un peu ironique. Pourtant, quand Jésus lui parle de l’eau vive, son comportement change, et elle commence à l’appeler « Seigneur » en lui demandant « donne-moi de cette eau ». C’est le retournement auquel nous sommes invités aujourd’hui, la prière que nous pouvons faire.

« Seigneur, donne-moi de cette eau ». La femme explique la raison de cette demande : cela lui éviterait la pénible tâche de venir chaque jour jusqu’au puits. C’est une prière qui fait écho – en moins dramatique – au cri du peuple dans le désert aux jours de Massa et de Mériba. « Seigneur, donne-moi de cette eau », c’est une manière de réaliser à quel point nous avons besoin de Dieu, combien une existence sans lui est précaire et fragile. La foi commence lorsque nous acceptons de dépendre du Seigneur. Choisir le Christ n’est pas une coquetterie intellectuelle, ni une habitude même familiale, c’est un élan profond, comme une soif, qui nous fait nous tourner vers lui en demandant « Seigneur, donne-moi de cette eau ». Pendant ce temps de carême ne fuyons pas notre pauvreté, ne craignons pas de soupirer vers le Seigneur, d’éprouver le désir de sa présence.

« Seigneur, donne-moi de cette eau ». La samaritaine a bien compris qu’il ne s’agissait pas d’une eau ordinaire. Le Christ n’est pas un banal robinet pour le confort du quotidien. Alors la demande se fait plus spirituelle : « où faut-il adorer ? ». C’est qu’il ne suffit pas de désirer le Seigneur, il faut aussi le rejoindre. « Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer » répond Jésus. C’est le deuxième changement auquel nous entraîne la prière « donne-moi de cette eau » : s’ouvrir aux réalités divines. « Jésus nous a donné, par la foi, l’accès à la grâce dans laquelle nous sommes établis » disait saint Paul dans la lettre aux Romains. L’espérance commence quand nous ne vivons plus à l’horizon de la terre, mais du ciel. Le carême est aussi le temps où nous levons les yeux pour nous attacher à ce qui demeure en se détachant de ce qui passe, pour adorer mais aussi agir et réagir en esprit et en vérité, pour regarder le monde avec les yeux de Dieu, sans arrogance ni complotisme, en se laissant simplement conduire par son Esprit.

« Seigneur, donne-moi de cette eau ». Jésus avait promis « l’eau que je donnerai deviendra une source jaillissant pour la vie éternelle ». À l’image des torrents de montagne, l’eau ne garde sa fraicheur que si elle continue de couler, sinon elle croupit. Ainsi l’eau vive n’est pas à garder jalousement, mais à répandre généreusement. Et c’est bien ce qui se passe pour la Samaritaine qui se fait missionnaire et va prévenir les habitants de la ville, pour qu’ils rencontrent à leur tour celui qu’elle a rencontré. C’est le troisième changement auquel on consent en demandant au Seigneur de nous donner de cette eau. L’amour de Dieu répandu dans nos cœurs n’est reçu que s’il est partagé. Le temps de carême n’est pas un temps de repli sur soi, il ne nous enferme pas dans un face à face avec le Seigneur mais il nous ouvre aux dimensions de son cœur. C’est même à la mesure de notre disponibilité aux autres que nous vérifions l’authenticité de notre disponibilité à Dieu.

Laissons-nous entrainer par la prière de la Samaritaine : « Seigneur donne-moi de cette eau ». Une prière qui nous ouvre à la foi en nous faisant accepter d’avoir besoin de Dieu ; une prière qui nous introduit à l’espérance en nous invitant à être en esprit et en vérité ; une prière qui nous entraine dans l’amour de Dieu en nous envoyant partager ce que nous avons reçu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés, qu’elle tourne nos cœurs vers le Seigneur par la confiance. Porte du Ciel, qu’elle tourne nos yeux vers la vie éternelle par l’espérance. Mère du Bel Amour, qu’elle tourne nos vies vers les autres par la charité, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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25 février 2024 7 25 /02 /février /2024 21:53

2CAB

2° Dimanche de Carême - Année B

Gn 22,1-18 ; Rm 8,31b-34 ; Mc 9,2-10

Les textes que nous venons d’entendre sont un peu déconcertants. L’expérience d’Abraham sur la montagne du pays de Moriah, celle de Pierre, Jacques et Jean sur la haute montagne, même la réflexion de saint Paul témoigne d’une sorte de mise au point pour rectifier des idées fausses que l’on pourrait se faire sur Dieu. Je ne prétends évidemment pas épuiser le sens de ces textes, mais je vous propose aujourd’hui de les considérer comme des rappels pour nous aider à purifier l’idée que nous nous faisons de la foi ou de Dieu. Après tout, le carême n’est-il pas le temps où nous nous rapprochons du Seigneur pour nous ajuster à sa Parole ?

D’abord il y a le texte de la Genèse rapportant le sacrifice d’Abraham. Un texte qu’il est facile de comprendre de manière assez choquante comme une sorte de test un peu sadique où Dieu jouerait avec les sentiments des hommes. Mais il n’est pas très juste de juger une histoire en ignorant la fin : c’est le dénouement qui donne le sens de l’histoire. Or précisément le texte nous dit que Dieu n’a pas voulu qu’Abraham sacrifie son fils unique, d’autant moins qu’il lui promet une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel ! Ce qui nous est ainsi révélé, c’est qu’aux yeux du Seigneur, la valeur d’un sacrifice n’est pas la cruauté de la souffrance mais la disponibilité du cœur. Dieu ne prend aucun plaisir dans la mort ou la souffrance des hommes, ce qui lui fait plaisir c’est notre confiance en lui et en sa parole. Puisque nous sommes dans un temps de pénitence qui nous invite à des privations, souvenons-nous que la valeur d’un sacrifice ne se mesure pas à la souffrance mais à la générosité.

Ensuite nous avons entendu les réflexions de saint Paul dans la lettre aux Romains. Sans doute pourrait-on faire des recherches très savantes pour mieux comprendre à quelle problématique l’apôtre s’oppose, mais pour nous, il suffit déjà de remarquer à quel point il insiste sur le fait que le Seigneur n’est pas un Dieu qui prend mais un Dieu qui donne. Bien souvent nous avons tendance à nous tromper de sens quand nous considérons notre relation au Seigneur. Nous pensons que ce qu’il l’intéresse c’est ce que nous pouvons lui apporter, alors que ce qui est le plus important pour lui c’est ce qu’il nous donne. Ce changement dans l’orientation de notre relation à Dieu est appelé à rejaillir aussi dans nos relations avec les autres. Spécialement pendant le carême, l’invitation à des efforts de partage n’est-elle pas une invitation à partager le mouvement du cœur de Dieu en étant plus attentif à ce que l’on peut donner aux autres plutôt qu’à ce qu’ils peuvent nous apporter ?

Enfin, nous avons entendu le récit de la Transfiguration. Scène spectaculaire où Jésus en vêtements resplendissants s’entretient avec Moïse et Elie. On comprend que Pierre soit un peu confus, même si sa proposition de dresser trois tentes n’a rien d’indécent. Mais elle n’est pas adaptée parce que la Gloire de Dieu n’est pas un spectacle devant lequel on s’installerait, même avec toute la déférence requise. La voix qui se fait entendre dans la nuée nous rappelle que la Gloire de Dieu nous appelle et nous guide : « Écoutez-le ». Si nous sommes invités pendant le carême à faire aussi des efforts de prière, ce n’est pas pour devenir spectateurs de sa présence, mais pour être acteurs de sa Parole, en nous mettant à la suite du Christ, à l’écoute de ce qu’il nous demande.

Ainsi, les textes que nous avons entendus, nous invitent à corriger les fausses idées de Dieu que nous pourrions nous faire. Le Seigneur ne prend pas plaisir à notre souffrance mais à la disponibilité de notre cœur. Il n’est pas le Dieu qui prend, mais celui qui donne. Sa Gloire n’est pas un spectacle lointain que nous serions admis à entrevoir, mais une présence proche qui nous accompagne et qui nous guide. En vivant les différents efforts du carême, laissons-nous guider par ces rappels, pour que notre jeûne manifeste notre confiance dans le Seigneur, que notre partage témoigne de l’amour qui se donne, que notre prière nous rende attentifs à écouter ce que Dieu nous dit.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle nous apprenne à nous tourner vers le Seigneur. Mère du Bel amour qu’elle fasse battre nos cœurs au rythme du cœur de Dieu. Porte du Ciel qu’elle fasse résonner en nous l’appel du Christ, pour que nous demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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18 février 2024 7 18 /02 /février /2024 13:54

1CAB

1° Dimanche de carême - Année B

Gn 9,8-15 ; Ps 24(25) ; 1 P 3,18-22 ; Mc 1, 12-25

Le premier dimanche de Carême, nous entendons le récit des tentations de Jésus dans le désert. Or cette année, il s’agit du récit de Marc qui est extrêmement concis. Mais la liturgie, avec semble-t-il un certain humour, nous propose, pour méditer sur les quarante jours de Jésus dans le désert, de nous souvenir des quarante jours de Noé lors du déluge ! Qu’il y ait trop d’eau ou pas assez, c’est toujours une traversée de quarante jours qui nous est présentée pour commencer le carême. Mais à bien y réfléchir, l’expérience d’une traversée en mer ou comme celle du désert présentent un certain nombre de ressemblances qui peuvent nous inspirer pour mieux comprendre ce à quoi nous sommes appelés. Méhariste ou marin, chacun choisira l’image qui lui convient le mieux pour vivre ces quarante jours qui nous préparent à Pâques.

D’abord c’est un temps qui nous ramène à l’essentiel. En mer ou dans le désert, on ne peut pas tout emporter. Il y a une certaine austérité avec laquelle on ne peut pas tricher et qui nous dépouille du superflu. C’est le sens du jeûne et de l’abstinence pendant le carême. Nous sommes invités, pendant ces quarante jours à nous défaire de ce qui n’est pas indispensable. Il ne s’agit pas de multiplier les mortifications ou de se mettre en danger, mais de prendre conscience de ce dont nous avons réellement besoin. Car bien souvent nous confondons plaisir et besoin … or le domaine de la nourriture est un lieu privilégié pour faire le tri entre le plaisir et le besoin. Il n’y a aucune raison de mépriser le plaisir, mais il faut lui garder une juste place dans notre vie : il en est l’ornement, parfois le moteur, mais il ne doit pas en être le guide. Vérifions donc pendant ces quarante jours que nous pouvons nous priver du superflu, et que nous ne sommes pas des enfants gâtés qui réclament comme nécessaire ce qui est un don gratuit.

Ensuite c’est un temps qui nous tourne vers nos compagnons de route. En mer ou dans le désert, on ne s’aventure pas tout seul. Que ce soit en équipage ou en caravane, l’homme a besoin des autres pour entreprendre ces traversées. C’est pourquoi le temps de carême est aussi un temps de partage. Partage avec ceux qui sont proches, partage avec ceux qui sont loin. Comment peut-on imaginer faire de la foi une affaire privée ? Si nous sommes introduits dans le peuple de Dieu, dans l’assemblée des saints, n’avons-nous pas un devoir fondamental de solidarité ? Il serait inutile et inique de prétendre être en communion sans vouloir partager. Ouvrons donc les yeux pendant ces quarante jours pour voir ceux avec qui nous pouvons partager, notre argent ou notre temps, notre amitié ou notre bonne humeur … les besoins ne manquent pas !

Enfin c’est un temps qui nous rapproche de Dieu. La mer ou le désert sont des lieux propices à la méditation parce qu’ils nous remettent à notre place : tout petits devant la nature et pourtant suffisamment forts pour en défier les dangers par la patience et la persévérance. Ce sont des lieux où nous sommes rappelés à l’humilité sans humiliation. Et c’est précisément ce que nous propose la prière : se retrouver à notre place devant Dieu, humbles mais aimés, faibles mais fidèles, sans tricher ni fanfaronner, en aimant et en se laissant aimer. Acceptons, pendant ces quarante jours, l’épreuve de vérité qui est de se retrouver devant notre Seigneur dans la simplicité de notre cœur en prenant le temps de la disponibilité et de la persévérance dans sa présence.

Oui, voilà l’aventure qui commence pour nous : une traversée de quarante jours, semblable à un voyage en mer ou à un périple dans le désert ; un temps de retour à l’essentiel avec Dieu et les autres ; un temps où nous découvrons qu’il y a des limites qui permettent la liberté, et modèlent notre cœur à l’image du cœur de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne au long de ces quarante jours dans lesquels nous nous embarquons. Trône de la Sagesse, qu’elle nous aide à découvrir l’essentiel de notre vie. Mère de miséricorde, qu’elle ouvre nos cœurs à la vie de nos frères. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous apprenne à vivre toujours plus en présence de Dieu pour que nous puissions accepter de nous convertir et de croire à l’Évangile, pour rentrer dans le Royaume qui s’approche, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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2 avril 2023 7 02 /04 /avril /2023 13:31

CARAA

Dimanche des Rameaux et de la Passion - Année A

Is 50, 4-7 ; Ps 21(22) ; Ph 2, 6-11 : Mt 26,14-27,66

Nous entrons aujourd’hui dans la semaine de la Passion, comme Jésus est entré à Jérusalem. Et, comme pour tracer le programme de ce que nous allons vivre et méditer, nous venons d’entendre le récit de ces jours. Au cours de sa Passion, Jésus croise beaucoup de personnages différents et au fur et à mesure qu’avancent les évènements il parle de moins en moins. Mais il y a une réponse qui revient trois fois : à Judas, à Caïphe et à Pilate, Jésus répond « C’est toi-même qui le dis » !

Tout d’abord Jésus répond à Judas qui lui demandait « serait-ce moi le traître ? ». Si le Seigneur avait répondu « oui », cela aurait pu laisser croire que Judas obéissait à une fatalité, à un destin. En répondant « c’est toi-même qui le dit », Jésus souligne la liberté de Judas. Il n’y avait aucune obligation à trahir. Si Judas trahit, c’est par manque d’amour. Et pour nous aussi, chaque fois que nous péchons, chaque fois que nous manquons d’amour pour le Seigneur, nous ne devons pas nous réfugier derrière une fatalité, des habitudes ou un trait de caractère. En répondant à Judas, Jésus nous rappelle notre liberté fondamentale d’aimer Dieu.

Ensuite Jésus répond à Caïphe qui lui demande « je t’adjure de nous dire si c’est toi le Christ, le Fils de Dieu ». Mais c’est une question piège, car le grand prêtre ne veut pas entendre la réponse de Jésus, il ne veut entendre que « non ». Alors Jésus le met face à sa contradiction, face à sa dureté du cœur. Caïphe est sourd à la parole de Dieu, il ne veut pas se laisser remettre en question. La seule parole qu’il veut entendre de Dieu c’est celle qui l’arrange. Celle qui correspond à ce qu’il pense. Et nous … qu’attendons-nous de la Parole de Dieu ? Est-ce que nous acceptons qu’elle nous dérange, qu’elle nous dise autre chose que ce que nous voulons entendre ? En répondant à Caïphe, Jésus nous invite à écouter humblement la Parole de Dieu, à nous laisser guider et instruire par elle, même quand elle nous dérange.

Enfin Jésus répond à Pilate qui lui demande « Es-tu le roi des Juifs ? » Drôle de question pour un gouverneur romain ! Il sait bien que légalement c’est Hérode Antipas qui est roi des juifs. Mais il rapporte la rumeur, ce qu’il a entendu dire. En répondant « c’est toi-même qui le dis » Jésus oblige Pilate à s’engager, à ne pas se cacher derrière les on-dit, à être lui-même et non pas celui qui suit la foule. Cela nous rappelle l’importance d’avoir une démarche personnelle. De ne pas suivre le chemin des modes ou des habitudes, mais de rencontrer Dieu avec notre cœur, personnellement, en nous engageant.

Alors, que ferons-nous au long de ces jours ? Accepterons nous d’aimer, d’écouter, de nous engager ou bien est-ce que nous essaierons de biaiser et de tricher avec le mystère de Dieu ? Évitons de suivre l’exemple de Judas, de Caïphe ou de Pilate. Ne nous mettons pas en situation de nous entendre dire par Dieu « c’est toi-même qui le dis ». Acceptons d’être libres d’aimer, soyons assez humbles pour écouter la Parole, ne nous cachons pas dans la foule de ceux qui pensent et vivent par procuration !

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous accompagne tout au long de cette semaine Sainte. Mère du Bel Amour, qu’elle nous apprenne à déployer la liberté qui permet d’aimer. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous rende disponibles à la Parole de Dieu. Secours des chrétiens, qu’elle soutienne notre fidélité, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 14:08

4CAA

4° Dimanche de Carême - Année A

1 S 16, 1.6-7. 10-13a ; Ps 22 ; Ep 5,8-14 ; Jn 9,1-41

Dans notre marche vers le mystère de Pâques, l’aventure de l’aveugle-né et les textes qui l’accompagnent, nous interrogent à travers le thème de la lumière, sur ce que l’on sait, ou plus exactement ce que l’on peut voir, ce que l’on doit voir ou ce que l’on veut voir. La question de fond est soulignée par la remarque faite à Samuel : « les hommes regardent l’apparence mais le Seigneur regarde le cœur ». C’est, bien évidemment, une invitation à suivre le regard de Dieu. D’autant que, comme nous le savons, les apparences peuvent être trompeuses. Puisque Jésus se présente dans l’évangile comme la lumière du monde, et que saint Paul souligne que « les fruits de la lumière sont la bonté, la justice et la vérité », laissons-nous scruter par la Parole de Dieu pour vérifier comment nous nous laissons guider par le Christ.

Il y a d’abord la question de la bonté. Est-ce que ce que je fais est bien ? Normalement on agit pour faire ce qui est bien, ou ce qui nous parait préférable. Si l’on ne voit aucun intérêt à une chose, on fera tout pour l’éviter. Mais parfois nous ne regardons pas assez loin, et une chose bonne au début peut se révéler mauvaise plus tard. Et puis la tentation repose justement sur le principe de se laisser séduire par une apparence de bonté. Il nous faut reconnaître que nous ne pouvons pas toujours voir le bien véritable. C’est de cette frustration que nait le scandale du mal : pourquoi telle catastrophe ? Pourquoi telle souffrance ? C’est aussi la question des disciples à Jésus : « pourquoi est-il né aveugle ? ». La réponse du Seigneur peut paraître déconcertante, car elle ne donne aucune explication, mais une invitation : « il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé ». La lumière de la Parole de Dieu n’éclaire pas la bonté en termes de morale mais d’engagement.

Ensuite il y a la question de la justice. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Sur ce point les apparences sont parfois floues. Il peut y avoir un doute. On le voit dans le dilemme des pharisiens : qu’est-ce qui est le plus juste, de respecter le jour du sabbat ou de permettre à un aveugle de voir ? Même si nous connaissons la réponse, ne nous hâtons pas de conclure trop rapidement. La division entre les pharisiens montre bien que le problème est subtil. Est-ce qu’on accomplit la volonté de Dieu en désobéissant à sa parole ? Il est tentant de considérer que le miracle est ce qu’il y a de plus juste, mais Dieu serait-il injuste quand il ne répond pas à nos espoirs ? En vérité, la transformation la plus importante de l’aveugle-né, c’est celle qui arrive lors de la deuxième rencontre avec Jésus. « Crois-tu au Fils de l’homme ? » « Je crois Seigneur ». Comme le soulignera saint Paul, la lumière de Dieu sur la justice n’est pas la loi mais la foi.

Enfin il y a la question de la vérité. C’est elle qui est la plus gravement en jeu dans la colère des pharisiens. « Nous savons que cet homme est un pécheur ». Soyons honnêtes envers eux, ils ne pouvaient pas savoir que Jésus était Dieu fait homme et que s’il y a quelqu’un dans l’histoire chez qui l’on ne peut pas trouver de péché c’est Jésus. Mais ils auraient au moins pu reconnaître que Jésus n’était pas pire qu’un autre, au contraire ! Ce qui les aveugle c’est leur assurance qui se fait arrogance. C’est toujours mauvais signe quand quelqu’un affirme de manière péremptoire « Moi, je sais ». On se souvient que dans l’évangile les seuls à dire « je sais qui tu es » ce sont les démons ! La lumière de Dieu ne peut pas éclairer la vérité aux yeux des orgueilleux, de ceux qui ne veulent pas voir. « Du moment que vous dites “nous voyons” votre péché demeure ». C’est par l’humilité et la disponibilité qu’on peut accueillir la lumière de Pâques.

Si nous voulons entrer dans le resplendissement de la résurrection, il nous faut accepter de ne pas regarder aux apparences mais au cœur en se laissant éclairer par la lumière du Christ. C’est lui qui nous permet de découvrir le cœur des autres au-delà des apparences trompeuses en percevant la bonté dans l’engagement ; c’est lui qui nous permet de découvrir le cœur de Dieu au-delà des apparences obscures en cherchant la justice par la foi ; c’est lui qui nous permet de découvrir le cœur du monde au-delà des apparences superficielles en scrutant la vérité dans l’obéissance à sa Parole

Que le Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à nous laisser éclairer par le Seigneur pour entrer dans le regard de Dieu. Rayonnement de Joie, qu’elle ouvre nos yeux aux appels de la miséricorde. Miroir de la sainteté de Dieu, qu’elle ouvre nos vies à la présence du Seigneur. Etoile du matin, qu’elle ouvre nos cœurs à Celui qui nous invite à partager sa Lumière, pour que nous demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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12 mars 2023 7 12 /03 /mars /2023 19:41

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3° Dimanche de Carême - Année A

Ex 17,3-7 ; Ps 94 ; Rm 5,1-2.5-8 ; Jn 4,5-42

Au cœur du Carême, l’histoire de Jésus et de la Samaritaine permet de dessiner l’itinéraire d’une rencontre qui transforme le cœur et la vie de ceux qui s’approchent du Seigneur.

Tout commence par un étonnement. Étonnement de la femme de Samarie devant cet homme qui s’adresse à elle « toi, un juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » ; étonnement aussi lorsqu’il prétend pouvoir donner de l’eau alors qu’il n’a rien pour puiser et que le puits est profond. Cet inconnu est bien mystérieux et son attitude est déconcertante. Mais elle évite l’indifférence ou le mépris, elle accepte de s’étonner et l’étonnement est la clé de la disponibilité. Disponibilité à la rencontre, disponibilité à la transformation. C’est la première étape qui nous est proposée : accepter de sortir de nos certitudes ou de nos habitudes pour nous laisser étonner par la parole de Dieu. Ce n’est pas toujours confortable, parce que cela implique de reconnaître qu’on ne comprend pas et que l’on est un peu dépassé. Mais si nous pensons savoir déjà tout ce que le Seigneur veut nous dire, comment pourrait-il nous instruire ? Si nous pensons maitriser la vie spirituelle, comment pourrions-nous progresser ? Le premier dépouillement du carême, c’est accepter de s’étonner des mystères de Dieu, ne pas renoncer à écouter sous prétexte que l’on ne comprend pas, ne pas refuser de changer sous prétexte que l’on a toujours fait comme ça.

Ensuite il y a la demande. La femme demande de cette eau vive dont Jésus parle, et puis elle demande aussi un conseil sur la manière d’adorer le Seigneur. Elle aurait pu rester avec sa perplexité, hausser les épaules en se disant que tout cela ce sont des belles paroles qui ne servent pas à grand-chose. Si l’étonnement est la clé de la disponibilité, la demande en est la poignée : ce qui permet d’ouvrir la porte d’une rencontre qui transforme. Comment Dieu pourrait-il nous donner ce que nous ne demandons pas ? Attention, il ne s’agit pas d’une exigence, comme le peuple à Massa et Mériba dans le désert. Ce n’est pas la réclamation d’un droit, mais la demande d’une grâce. C’est une deuxième étape dans la rencontre avec le Christ : ouvrir nos vies à sa présence en renonçant à nous débrouiller avec nos propres forces. Cela impliquera une petite blessure narcissique, un petit accroc à notre orgueil ; mais comme disait saint Paul aux Romains : « nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu ». Le deuxième dépouillement du carême, c’est accepter de dépendre du Seigneur, reconnaître qu’on a besoin de son aide.

Enfin il y a ce qu’on peut appeler la communion, le temps où l’on demeure en présence. La rencontre n’est plus un instant mais une durée. Ainsi les Samaritains proposent à Jésus de demeurer chez eux. Comme le montre l’exemple de la femme, ce temps de communion n’est pas un face à face égoïste, mais il s’épanouit dans le partage. Parce que la présence de Dieu nous ouvre aux dimensions de son cœur, toutes nos relations sont ainsi transformées. On peut même dire que ce témoignage est le signe d’une authentique communion. Et la réflexion des villageois indique le troisième dépouillement qui rend cette communion possible : accepter que nous ne soyons plus le centre de notre vie, mais que ce soit le Christ lui-même !

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à suivre l’exemple de la Samaritaine pour que ce temps de carême soit l’occasion d’une rencontre avec le Christ qui transforme notre vie. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à nous laisser étonner par le mystère de Dieu. Consolatrice des affligés qu’elle nous montre comment demander ce que le Seigneur veut nous donner. Mère de l’Église qu’elle nous accompagne dans la communion à laquelle nous sommes invités, pour que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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