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6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 14:17

1CAC

1* Dimanche de Carême - année C

Dt 26,4-10 ; Ps 90 (91) ; Rm 10,8-13 ; Lc 4,1-13

Le thème identitaire est aujourd’hui un sujet sensible, et l’actualité nous montre tragiquement qu’il peut y avoir des enjeux significatifs. Pourtant il n’est pas illégitime de chercher à répondre à la question « qui suis-je vraiment ? ». La première lecture prescrivait même au peuple de régulièrement se souvenir : « mon père était un araméen nomade … » c’est en faisant mémoire des tribulations d’Égypte qu’on se rappellera tout ce que l’on doit à la grâce de Dieu. Dans l’évangile aussi, c’est la question de l’identité de Jésus qui est l’enjeu des tentations « si tu es Fils de Dieu ». On n’est loin d’une tentation triviale du genre « encore un morceau de chocolat ou une part de gâteau ». Mais ne nous trompons pas, nous sommes guettés, nous aussi par ces tentations quand il s’agit de savoir ce que c’est qu’être chrétien, puisque nous sommes nous aussi enfants de Dieu par le baptême.

La première tentation était celle du pain : « si tu es Fils de Dieu, ordonne à ces pierres de devenir du pain » comme si la puissance divine était au service de nos caprices, comme si Dieu était là pour satisfaire nos besoins. En refusant cette tentation, Jésus nous fait comprendre que Dieu n’est pas à notre service, et il nous montre aussi un chemin : accepter que le monde ne tourne pas autour de nous, être enfant de Dieu ce n’est pas se rendre maitre de la création. Ce serait si pratique pourtant ! Quelle merveille ce serait que le baptême nous mette à l’abri de tout, si être chrétien c’était moins souffrir que les autres … et bien, non ! Dieu n’est pas une baguette magique et être chrétien ce n’est pas être dispensé des difficultés de la vie. Et la conséquence de cette résistance à la tentation, c’est la liberté. « Du pain et des jeux » les romains savaient bien qu’on maîtrise la foule en assurant sa subsistance, et les médecins savent aussi que ce qui soulage entraine une dépendance. En rappelant que l’homme ne vit pas seulement de pain, Jésus nous montre qu’on n’est pas chrétien par intérêt pour avoir une vie plus confortable. Et c’est aussi pour cela que nous sommes invités à jeûner pendant le carême, pour expérimenter cette liberté des enfants de Dieu qui savent que l’essentiel ne se mesure pas à la douleur du manque.

Ensuite il y a la tentation des royaumes … en vérité elle concerne encore l’identité de Jésus car le diable revendique une prérogative du Messie. Dans la Bible c’est au Messie en effet que sont remis les royaumes de la terre ! En proposant à Jésus de se prosterner pour obtenir la gloire des nations le diable fait croire que seul le résultat compte. Comme si peu importait la manière du moment que la mission est accomplie. En l’occurrence d’ailleurs ce serait dire que l’important dans la mission de Jésus c’est qu’il domine les nations. La tentation résonne toute au long des siècles, quand on pense que l’évangélisation doit se faire quoiqu’il en coute, par n’importe quel moyen, même coercitif s’il le faut ! Comme si être chrétien c’était être le plus fort, comme si la sainteté n’était qu’une question d’efficacité. Heureusement que Jésus a rappelé que le pouvoir vient de Dieu et non pas de nos astuces ou de nos ruses. Parce qu’ils refusent toute sorte d’idoles, les enfants de Dieu échappent aux logiques de pouvoir, de chantage ou de soumission. Pendant ce temps de carême, prendre le temps de la prière, d’un temps gratuit de cœur à cœur avec Dieu, est une bonne manière de manifester notre liberté face à la tyrannie de l’efficacité, de l’urgence ou de l’agenda.

Enfin il y a la tentation du Temple : « Si tu es le fils de Dieu provoque un miracle, pour épater la galerie, pour bien montrer aux hommes que tu leur es infiniment supérieur ». Comme si le merveilleux et l’extraordinaire étaient le signe de Dieu ! Comme s’il fallait le chercher dans la tempête ou le feu plutôt que dans le murmure de la brise légère. Et pourtant nous sommes encore si souvent tentés de préférer le miracle incroyable à l’humilité du quotidien. Nous sommes si souvent tentés de croire qu’il vaut mieux être impressionné que d’être accompagnés. En refusant de se jeter du haut du Temple, Jésus révèle qu’être enfant de Dieu ce n’est pas l’admirer mais l’aimer. Être chrétien ce n’est pas être à part, mais être avec. Aussi, pendant le temps du carême, le partage est une manière de rester avec tous, de témoigner que Dieu n’est pas celui qui fait rêver mais celui qui prend soin.

En résistant aux tentations dans le désert, Jésus nous libère de la magie, de la force et du miracle. Il permet que notre relation à Dieu ne soit pas une relation de dépendance, de soumission, ou de fascination, mais une relation d’amour. Les trois piliers du carême : le jeûne, la prière, le partage, sont des occasions de devenir les enfants bien-aimés du Père, d’être des hommes et des femmes selon le cœur de Dieu. Car Dieu nous propose d’être libres plutôt qu’esclaves, même de nos besoins ; il nous propose d’aimer plutôt que de lutter ou de ruser, il nous propose de partager et d’être solidaire plutôt que de mépriser ou de séduire.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à vivre ce temps de carême comme une occasion de devenir toujours plus enfants de Dieu. Consolatrice des affligés qu’elle nous apprenne à préférer l’effort au confort, pour que nous puissions nous attacher à ce qui demeure. Refuge des pécheurs qu’elle nous soutienne dans le combat spirituel pour que nous gardions nos cœurs fixés sur le Seigneur qui nous aime. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous garde attentifs à témoigner de celui qui nous accompagne avec sollicitude, pour que nous puissions ressembler toujours plus à notre Père des Cieux et que nous demeurions en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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