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26 février 2020 3 26 /02 /février /2020 21:35

MECE

Mercredi des Cendres

Chaque année je suis frappé par l’évangile que nous venons d’entendre. Je le trouve particulièrement bien indiqué au début du carême puisqu’il nous rappelle les trois piliers traditionnels de ce temps que sont l’aumône, la prière et le jeûne. En fait, je crois que ce sont les seules indications que Jésus donne quant aux pratiques de pénitence, et c’est sans doute la raison pour laquelle elles nous sont proposées : ce n’est pas Jésus qui commente les dispositions de l’église, c’est l’église qui rappele l’enseignement de Jésus ! 

Mais ce qu’il y a de frappant aussi dans ces conseils, c’est qu’ils ont toujours la même logique : « ne soyez pas comme les hypocrites qui se donnent en spectacle, agissez dans le secret, de manière à ce que seul le Père sache ce que vous faites ». On comprend facilement qu’il ne s’agit pas de se dissimuler (ce qui serait tout aussi hypocrite). Jésus nous invite surtout à vivre la discrétion comme une sorte de complicité avec Dieu. C’est peut-être cela la pointe du carême : retrouver une intimité avec le Seigneur.

L’aumône pourrait être vécue dans une logique comptable. On s’attacherait d’abord au résultat et à l’efficacité : on organise, on priorise, on équilibre … Mais Jésus nous invite à découvrir que le partage peut-être l’expérience d’un cœur débordant dans la générosité, de cette miséricorde qui se laisse émouvoir en découvrant qu’elle peut faire quelque chose pour les autres. Et si l’on en croit le prophète Joël, ce cœur débordant de générosité, cette miséricorde qui se laisse émouvoir, c’est précisément le cœur de Dieu. Peut-être que nos partages de carême pourront être l’occasion d’aimer à la manière du Seigneur. 

Pour ce qui est de la prière et de la vie religieuse, on pourrait la vivre de manière extérieure. On s’attacherait à faire ce qui doit être fait dans les formes prescrites, pour être irréprochables et peut-être admirables. Et si l’on renonce à être admirables, on pourrait se contenter d’admirer quelques belles figures à la mode pour vivre ou prier par procuration. Mais Jésus nous invite à découvrir que la prière est un cœur à cœur avec Dieu ; que la vie spirituelle n’est pas une affaire de renommée et que le seul enthousiasme qui ne déçoit pas c’est celui qui s’enracine dans sa présence. Sans doute notre prière pourra-t-elle se purifier pendant ces quarante jours pour devenir un temps où l’on goûte un peu mieux à l’amour de Dieu. 

Enfin il y a le jeûne. Dans un monde de consommation guidé par le plaisir, toute privation volontaire est insensée ou héroïque. On pourrait donc en faire un acte militant, où la difficulté de l’effort mesure l’importance de l’enjeu quand la souffrance du renoncement dénonce la malice du superflu. Mais Jésus nous invite à une toute autre attitude : que le jeûne conduise à la joie plutôt qu’à la tristesse, qu’il nous rende agréable plutôt que pénible. Ainsi nos efforts et nos (petits) sacrifices allégeront nos cœurs pour qu’ils retrouvent l’essentiel au lieu de se disperser.

« Déchirez vos cœurs et non vos vêtements » disait le prophète Joël. Jésus nous invite à vivre le partage comme un moyen de déchirer l’égoïsme pour que le cœur déborde de générosité, il nous propose de profiter des privations pour dégager notre cœur de ce qui l’alourdit, il nous montre enfin comment la prière est le temps où nous pouvons apprendre à laisser nos cœurs battre au rythme du cœur de Dieu pour que nous soyons prêt à accueillir le moment favorable pour que nous puissions goûter le jour du salut, dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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