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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 12:58

28 TOA

28° dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 25,6-9 ; P 22 (23) ; Ph 4,12-14.19-20 ; Mt 22,1-14

Dans la première lecture, Isaïe compare le jour du Seigneur à un festin préparé pour tous les peuples, un festin où Dieu essuie les larmes de tous les visages, un temps où l’on dit « Voici notre Dieu, en lui nous espérions et il nous a sauvés ». Et dans l’évangile, Jésus reprend cette image pour parler du royaume des Cieux. Mais il ajoute quelques précisions qui méritent notre attention.

D’abord il ne s’agit pas d’un quelconque festin, c’est le banquet préparé par le roi pour les noces de son fils. On sait que dans l’Apocalypse seront évoquées les « noces de l’Agneau » pour parler de la fin des temps et du rassemblement de l’humanité autour du Seigneur, et la parabole nous fait comprendre que le royaume des Cieux a quelque chose avoir avec le Fils de Dieu. Ainsi le roi ne convie pas ses invités à un anniversaire, ni à son couronnement, ni même à ses propres noces, mais à celles de son fils. Le banquet dont il est question n’est pas un repas protocolaire, c’est un repas de famille, c’est le partage d’une joie, c’est l’invitation à une intimité, l’expression d’une amitié et d’une proximité. Or voilà que les invités ne veulent pas venir. Ce n’est pas qu’ils ne peuvent pas, mais ils ne veulent pas. Alors le roi insiste : « tout est prêt », c’est le moment … comme s’il ne pouvait pas imaginer que ses invités refusent de partager sa joie. Alors apparaissent clairement les raisons de ce refus : l’indifférence pour certain qui préfèrent s’occuper de leurs affaires ; l’hostilité pour d’autres qui maltraitent les messagers et les tuent. Premier enseignement, premier avertissement : le désir de Dieu se heurte à la volonté de l’homme : la présence de Dieu ne s’impose pas. Dieu ne peut rien, si l’homme ne veut pas.

Alors le roi va élargir son invitation et chercher à rassembler des convives pour partager sa joie. Pour cela il envoie des serviteurs à la croisée des chemins. Sans doute est-ce l’endroit le plus efficace puisque les serviteurs pourront inviter ceux qui sont sur des chemins différents. Mais ils ne sont pas envoyés pour frapper aux portes des maisons, ni sur les chemins qui ne se croisent pas, comme celui qui va jusqu’au champ, ou celui qui va jusqu’au commerce ! La croisée des chemins est l’image d’une incertitude et d’un choix : du lieu où se pose la question quelle route prendre maintenant ? Ne sont pas invités ceux qui sont tranquillement installés dans le confort de leurs habitudes, mais ceux qui sont disponibles à l’imprévu, ceux qui ne sont pas conduits par leur certitude ou leur routine. Peu importe qu’ils soient bons ou méchants, peu importe qu’ils soient connus ou inconnus, habitants du pays ou étrangers de passage, ce qui importe c’est qu’ils soient à la croisée des chemins, disponibles à l’imprévu. Deuxième enseignement, deuxième avertissement : l’appel de Dieu nous surprend et nous déroute. Dieu nous propose ce que nous n’avions pas prévu, ce que nous ne pensions pas possible. Il n’y a pas d’espérance sans disponibilité.

Et puis il y a cette scène étrange et dérangeante, de l’homme qui ne porte pas le vêtement de noces. Spontanément on peut penser qu’il y a quelque inconséquence de la part du roi à inviter à l’improviste et de reprocher ensuite qu’on ne soit pas prêt. Mais il faut remarquer que l’homme est le seul à ne pas avoir ce vêtement de noces : tous les autres ont pu en trouver un. Et la question du roi n’est pas agressive : il demande la raison de cette situation, mais l’autre refuse de répondre. Il ne présente pas d’excuse, il ne donne pas de raison. On comprend alors qu’il n’est pas là pour participer aux noces, mais pour autre chose qu’on ne saura jamais ! Il est entré dans la salle mais pas dans l’esprit de la fête. Ce n’est pas qu’il n’a pas eu le temps de se préparer : il ne veut pas participer, seulement profiter. Mais c’est un repas de noces, pas une banque alimentaire … la parole qui invite appelle une réponse et non pas une posture. Les pères disent que le vêtement de noces est le symbole de la charité. Il ne sert à rien de se rapprocher du Seigneur si l’on n’accepte pas que cela nous change et nous transforme. Troisième enseignement, troisième avertissement : le don de Dieu n’est pas impersonnel, il se partage et nous engage. Dieu n’agit pas dans l’automatisme mais dans la relation. Le salut n’est pas à sens unique, c’est une alliance

« Voici notre Dieu, en lui nous espérions et il nous a sauvés » disaient les participants au festin préparé sur la montagne. La parabole des invités à la noce nous avertit que Dieu ne s’impose pas et que ne le trouvent que ceux qui veulent bien le rejoindre ; que l’espérance n’est pas un projet mais la disponibilité à se laisser surprendre et dérouter par la parole ; que le salut est un appel qui nous sollicite et nous engage à entrer nous aussi dans la joie des noces de l’Agneau.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à désirer ce que le Père nous propose. Refuge des pécheurs, qu’elle fasse retentir en nos cœurs l’appel du Seigneur. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous entraine dans le partage du Don de Dieu, pour que nous puissions participer au Royaume des Cieux, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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