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17 décembre 2023 7 17 /12 /décembre /2023 14:18

3AVB

3* Dimanche de l'Avent - Année B

Is 61,1-2a.10-11 ; Lc 1,46-54 ; 1 Th 5,16-24 ; Jn 1,6-8.19-28

Parmi les nombreuses traditions de l’Avent, nous avons en Provence, la coutume du blé de la Sainte Barbe qui peut nous aider à accueillir la parole du prophète Isaïe entendue dans la première lecture : « comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations ». Cette image de la germination nous permet aussi de mieux comprendre la joie à laquelle nous invitait l’antienne d’ouverture : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur, je le redis : soyez dans la joie. Le Seigneur est proche ». Voyons ce que peut nous apprendre la joie de la germination pour vivre ce temps qui nous prépare à Noël.

La germination est d’abord une promesse qui a déjà commencé. Il ne s’agit pas d’une promesse illusoire ou trompeuse, mais d’une parole qui est déjà en train de se réaliser. Et cela implique une certaine anticipation de ce qui est promis. Si vous plantez un arbre, sans penser à ce qu’il sera dans quelques années, vous risquez fort de le planter trop près de la maison ! Ainsi la germination invite à ne pas vivre dans l’impulsion de l’instant, mais à laisser l’avenir guider le présent. La joie de la germination est une joie par anticipation qui se nourrit de ce qui vient. Aussi le temps de l’Avent nous invite à ne pas nous laisser conduire par les caprices du désir ou l’éphémère de l’émotion, mais par la contemplation de la Parole de Dieu. C’est le temps par excellence pour méditer la Parole du Seigneur, pour la lire et la découvrir, pour la scruter et l’explorer, pour la garder et la ruminer.

Mais la germination demande aussi du discernement. Dans notre impatience nous risquons de négliger la justice et la louange qui commencent à éclore. La graine est si différente de la plante épanouie ! Il est si facile d’être dans la situation que dénonçait Jean Baptiste : « au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Voilà pourquoi saint Paul avertit : « n’éteignez pas l’Esprit […] discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal ». La joie de la germination est aussi une joie qui choisit de s’attacher à certaines choses plutôt qu’à d’autres. Si Dieu nous avertit de sa venue, ça n’est pas pour que nous y restions indifférents ! Aussi le temps de l’Avent est encore un temps de prière, un temps où nous laissons l’Esprit Saint éclairer nos cœurs et nos esprits pour que nous puissions reconnaître ce qui mérite notre attention, ce qui vient du Seigneur et ce qui conduit en sa présence.

Enfin la germination demande encore de la vigilance. La semence est fragile, et elle a besoin qu’on en prenne soin. Comment la plante grandirait si on ne l’arrose pas ? si elle n’est pas placée dans les conditions qui permettent qu’elle s’épanouisse. Ce n’est pas nous qui faisons germer la graine et pousser la fleur, mais nous pouvons l’en empêcher ou la favoriser. Ce n’est pas parce que nous ne dirigeons pas que nous ne pouvons rien faire. La joie de la germination est une joie décidée, qui nous implique et nous engage. C’est ainsi qu’il nous appartient de préparer les chemins du Seigneur, comme le criait Jean Baptiste dans le désert. Nous attendons le Merveilleux Conseiller, et nous préparons son chemin en nourrissant les germes de la sagesse par l’humilité ; nous attendons le Dieu-fort, et nous préparons son chemin en nourrissant les semences de la force par les efforts ; nous attendons le Père à jamais, et nous préparons son chemin en nourrissant les germes de l’amour par la générosité ; nous attendons le Prince de la Paix, et nous préparons son chemin en nourrissant les semences de la paix par le pardon. Le temps de l’Avent est bien un temps de conversion pour que la justice et la louange puissent germer là où nous sommes et éclore devant toutes les nations.

Nous voilà donc invités à entrer dans la joie de la germination. Une joie qui anticipe la promesse en s’attachant à la parole du Seigneur ; une joie qui choisit la justice en se laissant éclairer par l’Esprit ; une joie qui décide la louange en prenant soin du don de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à accueillir la promesse avec confiance. Mère du bon conseil qu’elle nous rende disponibles au souffle de l’Esprit Saint. Rose mystique qu’elle épanouisse en nous ce que Dieu a semé pour que nous puissions accueillir sa présence et revêtir les vêtements du salut, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 13:11

2AVB

2° Dimanche de l'Avent - Année B

 Is 40,1-5.9-11 ; Ps 84 (85) ; 2 P 3,8-14 ; Mc 1,1-8

Nous savons que le temps de l’Avent est un temps d’attente, un temps qui nous invite à fixer nos cœurs sur ce qui va venir et qui n’est pas encore. On pense bien sûr aux célébrations de Noël, mais il n’y aurait pas de raison d’en faire un temps liturgique, si ça n’était qu’une affaire chronologique. Le souvenir de la naissance de Jésus nous invite à attendre son retour dans la gloire. Ainsi l’Avent nous propose de vivre dans l’attente de la présence du Seigneur. Encore cela reste-t-il des grands mots un peu abstraits. C’est pourquoi les différents textes que nous venons d’entendre nous présentent différents aspects de cette présence pour nous aider à mieux comprendre la nature de cette attente.

D’abord l’oracle d’Isaïe. Il commence par un appel « Consolez mon peuple ». La présence du Seigneur est donc une consolation, on l’attend comme on attend une délivrance. C’est une attente qui se vit dans l’espoir, c’est-à-dire dans le refus de la résignation. Malheureusement la vie ne manque pas de difficultés et de souffrances. A l’époque d’Isaïe, il s’agissait de l’exil et de l’esclavage à Babylone, mais il n’est pas nécessaire de se retrouver dans une situation aussi dramatique pour attendre une consolation. N’avons-nous pas trop d’occasion de regretter des ravins qui nous privent de ce que nous voulons, des montagnes qui fatiguent notre marche, des escarpements qui réduisent nos possibilités ? Attendre la présence du Seigneur comme une délivrance, c’est déjà ne pas baisser les bras devant les difficultés, relever la tête plutôt que de courber le dos, ne pas se résigner à l’injustice ni au péché, puisque nous avons besoin que Dieu règne dans le monde comme dans nos cœurs.

Ensuite il y avait la lettre de saint Pierre qui précisait : « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle ». La présence du Seigneur est une nouveauté, on l’attend comme on attend une promesse. C’est une attente qui s’appuie sur la confiance et qui s’exprime par une sorte d’anticipation pour préparer ce qui va venir. C’est pourquoi la Parole de Dieu est si importante pendant le temps de l’Avent. Comment attendre ce qu’on a oublié ? Comment préparer ce qu’on ne désire pas ? C’est en méditant la parole de Dieu que l’on peut contempler le ciel nouveau et la terre nouvelle que l’on attend ; c’est en se laissant guider par cette parole qu’on peut vivre dans la sainteté et la piété, comme nous y invitait l’apôtre. Attendre la présence du Seigneur comme une promesse, c’est grandir dans la foi, creuser le désir du règne de justice, et hâter l’avènement du jour de Dieu en s’attachant à ce qui vient plutôt qu’à ce qui disparaitra.

Enfin, il y avait le témoignage de Jean le Baptiste dans l’évangile. S’il invite à un baptême de conversion, il avertit : « voici venir celui qui est plus fort que moi […] moi je vous ai baptisé avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ». Ainsi ce qu’il propose n’est qu’un début. La présence de Dieu est un accomplissement, on l’attend comme on attend une plénitude. Il y a quelque chose du semeur dans l’attitude du Baptiste. Et c’est encore un aspect du temps de l’Avent qu’on pourrait illustrer par la coutume provençale du blé de la Sainte Barbe. Une manière de se rappeler que Dieu ne vient pas de nulle part, mais qu’il épanouit ce que nous avons semé. L’attente d’une plénitude n’est pas une idée, elle est un engagement et une vigilance pour que le temps déploie ce qui a commencé. Comment attendre le Prince de la Paix si nous ne voulons pas apaiser nos conflits ? Ce n’est pas nous qui apporterons la paix dans le monde, mais nous pouvons déjà être des artisans de paix, de ceux dont Jésus dit qu’ils sont appelés fils de Dieu.

Puisque nous sommes entrés dans le temps de l’attente, attendons la venue du Seigneur qui vient nous consoler en nous ouvrant à l’espérance ; attendons la venue du Seigneur qui accomplit la promesse en progressant dans la foi ; attendons la venue du Seigneur qui est plénitude de sa présence en nous engageant dans la charité

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle nous fortifie dans les épreuves et nous détourne du péché. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous attache toujours plus à la Parole du Seigneur. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à semer ce que nous attendons pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 14:26

1AVB

1° Dimanche de l'Avent - Année B

Is 63, 16b-17.19b ; 64,2b-7 ; Ps 79 ; 1 Co 1,3-9 ; Mc 13,33-37

« Prenez garde, restez éveillés », « Veillez donc », « ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! ». Si l’évangile répète aussi souvent cette invitation de Jésus, on doit pouvoir conclure sans trop se tromper qu’il s’agit là de l’idée principale du texte. Ce n’est pas non plus une surprise, puisque l’invitation à veiller est le maître-mot de l’Avent.

Jésus raconte une parabole pour faire comprendre la situation. « Il en est comme d’un homme parti en voyage ». Il laisse sa maison à ses serviteurs, fixant à chacun ce qu’il doit faire. Il ne dit pas combien de temps il sera absent, mais il dit qu’il reviendra ! Le maître n’est pas mort, il n’a pas abandonné sa maison : il l’a confiée pour un temps. Ainsi nous sommes dans le monde comme ces serviteurs dans la maison. Si Dieu est absent ce n’est pas qu’il n’existe pas ou qu’il ne s’intéresse pas à notre monde, c’est qu’il nous a confié tout pouvoir et nous a fixé à chacun une tâche ! Alors imaginons ce qui se passe, s’il n’y a plus de veilleur.

Tout d’abord il peut y avoir le cas du serviteur qui s’installe dans la maison, à la place du maître. Il va dormir dans sa chambre, lire son courrier et ses dossiers, et il finit par utiliser sa garde-robe. Mais il est plus petit que le maître et n’a pas son instruction. Alors il s’étonne de ne rien comprendre à ce qu’il lit, d’être gêné par des vêtements trop grands … Voilà la situation de l’homme qui se croit le maître du monde, qui agit comme un propriétaire comme si Dieu n’existait pas. La nature des choses vient vite lui rappeler dramatiquement l’orgueil démesuré de sa position : le réchauffement climatique, l’instabilité politique et économique mondiale, les virus de toutes sortes s’imposent à lui et créent des déceptions à la mesure de son arrogance.

Il y a aussi le serviteur qui agit comme l’homme au talent enfoui … puisque le maître n’est pas là, il va négliger ses affaires. La poussière s’accumule, les champs ne sont plus cultivés, les factures ne sont plus payées. Petit à petit la maison ressemble au château de la belle au bois dormant, mais ça n’est pas le serviteur négligeant que le prince charmant viendra réveiller d’un baiser ! Voilà la situation de l’homme qui a oublié la Parole de Dieu et la mission qui lui a été confiée. La vie s’affaiblit peu à peu pour laisser place à la fatalité, au poids du temps et de l’histoire. L’homme devient le jouet des astres et du hasard et qui le conduisent au désespoir de l’usure et de la mort.

Il y a enfin le serviteur qui fait son travail mais qui n’attend plus le maître. Il fait les choses qui doivent être faites, mais il ne sait pas pourquoi. Sa vie devient machinale et son ouvrage routinier. Il ressemble de plus en plus à un robot, il mène une existence sans âme, sans goût sans intérêt. C’est la situation de celui qui n’a pas le désir de Dieu, qui ne sait plus pourquoi il vit et qui vit sans attendre, sans espoir … sa vie n’a pas de sens parce qu’il n’en voit pas le but, il ne sait pas où il va.

Au contraire, le veilleur n’oublie pas qu’il est au service et qu’un autre lui a fait confiance. S’il a des pouvoirs, ce n’est pas pour lui : il sait qu’il devra en répondre. Sa responsabilité ne le gonfle pas d’orgueil mais l’invite à humilité. Le veilleur ne se décourage pas d’attendre et ne laisse pas au temps le soin de garder ce qu’on lui a confié. C’est en s’engageant qu’il veille pour être fidèle à la mission reçue. Le veilleur ne se contente pas d’être là, il nourrit son attente du désir de revoir le maître. C’est ce désir qui lui rappelle le sens de ce qu’il fait et lui donne le goût de le faire.

Pendant ce temps de l’Avent, nous nous préparons à célébrer la venue du Seigneur. Le souvenir de Noël nous rappelle que le Christ doit revenir, qu’il n’a pas quitté le monde, mais que nous l’attendons et qu’il faut nous préparer à son retour. C’est un temps où nous nous efforçons de rester dans l’attitude du veilleur. Nous avons cette année quatre dimanches et trois semaines pour accueillir l’invitation à veiller dans une triple conversion. Conversion de l’humilité qui nous rappelle que le monde n’est pas à nous et que nous devrons en répondre devant Dieu. Conversion de l’engagement qui nous rappelle que Dieu compte sur nous pour prendre soin de ce qu’il nous a confié. Conversion de la contemplation pour creuser en nous le désir de Dieu. Par un effort de prière, de méditation de la parole de Dieu et d’attention à ceux qui nous entourent nous sommes invités à veiller, à attendre avec toujours plus d’impatience la venue du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entrer dans cette préparation à Noël avec détermination et enthousiasme. Arche de la Nouvelle Alliance, Etoile du Matin, et Mère de l’Espérance, que sa prière et son exemple nous permettent de demeurer fidèles à la Parole de Dieu, pour que prenant soin de ce qu’il nous a confié, nous soyons prêts à accueillir le Seigneur lors de sa venue et dignes de demeurer avec lui dans les siècles des siècles.

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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 14:15

XR-A

Christ Roi de l'Univers - Année A

Ez 34,11-12.15-17 ; Ps 22 ; 1 Co 15,20-26.28 ; Mt 25,31-46

La fête du Christ Roi de l’univers, marque la fin de l’année liturgique, et (comme depuis quelques semaines), les textes de la Parole de Dieu nous invitent à penser à la fin des temps. Comme le décrivaient, chacun à leur manière, Ézéchiel et saint Paul, la fin des temps, c’est d’abord l’avènement du Royaume de Dieu, le temps où se manifeste en plénitude la Royauté du Seigneur. A travers les mots du prophète nous comprenons que cette plénitude est marquée par l’épanouissement de la vie : la brebis perdue est ramenée, la brebis blessée est soignée, la brebis affaiblie est fortifiée. Les paroles de l’apôtre sont peut-être un peu plus abstraites, mais elles rappellent aussi la plénitude de la vie, en évoquant une progression jusqu’à l’aboutissement : le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort.

Puisqu’il y a progression, cela signifie qu’on va du moins vers le plus. C’est la même dynamique qui est suggérée dans l’évangile à travers les paroles du Roi aux justes : « recevez en héritage le Royaume ». Hériter, ce n’est pas passer de rien à tout, mais de moins à plus. L’héritier se dispose à recevoir, jusqu’au moment – qui ne dépend pas de lui – où il reçoit l’héritage. Il y a bien une dynamique où l’on doit veiller au moins pour accueillir le plus. En l’occurrence, puisqu’il s’agit du Royaume de Vie, le plus nous est donné par la résurrection du Christ, mais nous devons veiller au moins, c’est-à-dire combattre ce qui conduit à la mort.

C’est bien ce qu’évoquent les œuvres rappelées par l’évangile : la faim et la soif menacent la vie corporelle. Être étranger – Jésus n’a pas parlé de touriste – c’est être privé de ses repères, de ce qui nous rassure et nous réconforte ; c’est une fragilité comme la nudité qui dépouille de ce qui protège. Autant de situations qui menacent la vie psychique. Enfin le malade et le prisonnier sont isolés, et cet isolement menace la vie sociale qui nous est aussi indispensable que la vie corporelle ou la vie psychique. Il y a bien, dans ce qu’on a coutume d’appeler les œuvres de miséricorde, un combat qui rejoint le combat du Christ, pour préserver la vie du corps, de l’esprit et du cœur. Et participer à ce combat, nous dispose à recevoir la victoire suprême, celle de la résurrection.

Peut-être certains penseront qu’ils ont suffisamment à faire pour préserver en eux la vie, face aux difficultés et aux épreuves. Le combat spirituel n’est-il pas déjà, pour chacun de nous, une participation au combat du Christ pour permettre l’avènement du Royaume ? Sans aucun doute, mais l’évangile nous rappelle que nous ne sommes pas les seuls vivants et qu’on ne défend pas la vie en ne s’intéressant qu’à la nôtre. D’une certaine manière, les textes que nous avons entendu les dimanches précédents nous invitaient à protéger la vie en nous ; l’évangile de ce dimanche nous invite à protéger la vie autour de nous. Sans cette attention aux autres, la vigilance ne serait qu’égoïsme. Il n’y a pas de vie spirituelle sans ouverture du cœur : le Seigneur ne nous est pas réservé : il est présent dans ceux que nous pouvons aider.

Reconnaître le Christ comme Roi de l’Univers, c’est reconnaître qu’il est concerné par tout et par tous. Pour hériter du Royaume préparé depuis la fondation du monde, il faut se disposer à accueillir la victoire sur la mort, en combattant ce qui menace la vie du corps, de l’esprit et du cœur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Santé des infirmes qu’elle ouvre nos yeux à toute détresse ; Consolatrice des affligés qu’elle nous façonne un cœur selon le cœur de Dieu ; Refuge des pécheurs qu’elle nous dispose à hériter du Royaume en nous unissant à l’œuvre du Christ pour que la bonne nouvelle retentisse là où nous sommes et que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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19 novembre 2023 7 19 /11 /novembre /2023 14:23

33TOA

33° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Pv 31,10-13. 19-20.30-31 Ps 127 1 Th 5,1-6 Mt 25,14-30

La parabole des talents ! Elle a fait couler beaucoup d’encre et beaucoup de salive … Elle est tellement connue qu’elle a donné au mot « talent » qui désignait une somme d’argent, le sens que l’on connaît aujourd’hui de qualité personnelle. Mais ce que l’on retient généralement c’est plutôt le sort du troisième serviteur, que par un réflexe de miséricorde - honorable mais mal placée - on a tendance à plaindre, alors que la parabole nous invite assez clairement, me semble-t-il, à ne pas l’imiter !

Il y a chez ce troisième serviteur quelque chose de tragique. Il ne reçoit pas ce que lui confie le maître. Non qu’il soit oublié de la distribution, mais il s’empresse de s’en décharger en l’enterrant. Il n’utilise pas ce qu’on lui donne ; il ne le pas fait fructifier ; et lorsqu’il rend des comptes, il le présente en disant « ton bien » alors que le maître considère que c’est « son talent ». Il ne s’agissait pas d’un prêt, mais d’un don. La meilleure preuve est que le premier serviteur est désigné comme celui qui en a dix : ce qui signifie qu’il a tout gardé. Mais alors, pourquoi demander des comptes si l’argent a été donné ? Tout laisse à penser que ce qui intéresse le maître, ce n’est pas tant le profit réalisé que le comportement des serviteurs. Il demande des comptes pour vérifier que les serviteurs sont capables de partager sa condition, qu’ils peuvent « entrer dans sa joie ».

Ainsi les talents sont l’image du don de Dieu, de ce qui nous est confié pour nous préparer à entrer dans la joie du Seigneur, c’est-à-dire dans la vie éternelle. Qu’on en ait plus ou moins, qu’on en ait cinq ou deux ou un, c’est chaque fois la clé du Royaume qui nous est confié, une clé qui ne s’utilise pas en la cachant sous terre, mais en la déployant.

Par exemple, les talents que nous confie le Père, c’est la vie. Une vie qui n’est pas faite pour être enterrée, une vie qui n’est pas une parenthèse de l’existence ; mais une vie qui est faite pour se déployer selon le cœur de Dieu, c’est-à-dire dans l’amour. Des générations de philosophes ont disserté sur le sens de la vie, l’évangile nous propose de faire l’expérience d’une vie faite pour aimer, pour donner et se donner. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que le Père nous confie, c’est l’amour.

De la même manière, les talents que nous confie le Fils, c’est la Révélation. On ne réalise pas à quelle point cette Parole est précieuse. Mais elle n’est pas donnée pour être inscrite dans un livre qui prendra la poussière sur nos étagères. La Parole est faite pour être vécue et mise en pratique : c’est elle qui nous indique qu’il vaut mieux donner que prendre, c’est elle qui nous propose de préférer souffrir que faire souffrir ; qui nous rappelle que l’amour grandit par le pardon et que même la souffrance peut être une occasion d’aimer en plongeant dans le mystère de Pâques. C’est la foi qui nous permet d’accueillir et de déployer la Parole reçue. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que le Fils nous confie, c’est la foi.

Enfin les talents que nous confie l’Esprit Saint, ce sont les charismes. Ce qu’il suscite en nous pour le bien de tous. Ces charismes ne sont pas donnés pour flatter notre orgueil ou être enfermés dans des logiques de performances ou de spécialisations. Les charismes sont les appels de l’Esprit à anticiper le Royaume des Cieux, en partageant concrètement la saveur de la Bonne Nouvelle, en rendant accessible la joie de notre Seigneur. C’est ainsi que les charismes permettent l’espérance, qui n’est ni un trait de caractère, ni la préférence pour l’hypothèse positive, mais l’aspiration confiante à participer au Royaume des Cieux. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que l’Esprit Saint nous confie, c’est l’espérance.

Bien loin d’être un enseignement économique ou social, la parabole des talents nous interroge sur ce que nous faisons des dons de Dieu. N’écoutons pas les paroles du troisième serviteur, ne pensons pas que le Seigneur est un maître exigeant qui nous demanderait de récolter ce qu’il n’a pas semé, de ramasser ce qu’il n’a pas dispersé. Au contraire, imitons plutôt les deux premiers serviteurs qui reçoivent le don pour l’épanouir. Le don de Dieu n’est pas destiné à être inutile, mais à être déployé pour que nous puissions entrer dans la joie du Royaume. Savons-nous recevoir le don de la vie et l’épanouir en amour ? Savons-nous recevons le don de l’Évangile et l’épanouir en foi ? Savons-nous recevoir le don des charismes et l’épanouir en espérance ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bon Conseil, qu’elle nous apprenne à déployer dans la vie ce qui fait grandir la charité. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous montre comment accueillir la Parole pour affermir notre foi. Reine des Saints, qu’elle dispose nos cœurs au souffle de l’Esprit pour que nous puissions témoigner de l’espérance et entrer dans la joie de notre Seigneur, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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12 novembre 2023 7 12 /11 /novembre /2023 14:46

32TOA

32° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Sg 6,12-16 ; Ps 62 ; 1 Th 4,13-18 ; Mt 25,1-13

« Le Royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces » … Le début de la parabole ressemble à ce que nous entendons dans la liturgie, avant la communion : « Heureux les invités aux noces de l’Agneau ». Mais le début de l’histoire a beau être similaire, la suite apporte quelques nuances : si tout se passe bien pour certaines, pour d’autres l’heureuse invitation tourne au cauchemar. Évidemment, Jésus nous raconte cette histoire pour nous prévenir et nous avertir, pour que nous ne vivions pas une semblable mésaventure. Voyons donc ce à quoi il faut veiller pour éviter de nous retrouver comme celles qui finissent enfermées à l’extérieur des noces.

Tout d’abord, il y a une condition à l’invitation. Les jeunes filles ne sont pas seulement invitées, elles ont un rôle à jouer, et pour cela elles doivent venir avec une lampe. Elles n’arrivent pas les mains vides, ni même avec un cadeau : on a besoin d’elles pour éclairer la scène. « Vous êtes la lumière du monde » disait Jésus dans le discours sur la montagne. Cela suppose bien sûr que la lampe soit allumée … sinon elle est inutile ! Et c’est pour cela que celles dont les lampes s’éteignent s’inquiètent : elles deviennent inutiles. Voilà déjà un premier sujet de méditation : on n’entre pas dans le Royaume des Cieux par hasard, ou par convention parce qu’on figure dans le carnet d’adresse de l’époux. Le Royaume des Cieux a besoin de nous. Le Seigneur compte sur nous. On n’est pas des figurants ni des spectateurs mais des acteurs aux noces de l’Agneau. Il faut donc certaines dispositions. Pour reprendre l’image de la lumière, nous savons que c’est le Seigneur lui-même qui nous donne et nous transmets la lumière … Les dispositions à prendre pour accueillir l’invitation ne sont pas exagérées, mais il faut les prendre.

La suite de l’histoire montre d’ailleurs que ces dispositions supposent une certaine vigilance. L’époux tarde à venir, et toutes s’endorment. Lorsqu’enfin on annonce sa venue, certaines se trouvent embarrassées puisque leurs lampes s’éteignent. Il ne suffit donc pas de se préparer ponctuellement aux noces, il faut encore durer. C’est une dimension importante, c’est même le cœur du message de Jésus : « veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». A la mission qu’implique l’invitation aux noces, s’ajoute une qualité : celle de la persévérance. C’est ainsi qu’apparaît le deuxième sujet de méditation : l’importance de la fidélité. Dans un monde où l’on est plus sensibles aux changements qu’aux permanences, où l’on valorise l’émotion donc la réaction instantanée, nous devons être vigilants à garder cette qualité de persévérance, cette fidélité que Jésus nous désigne comme indispensable à l’entrée dans le Royaume. Ne désigne-t-on pas les chrétiens comme « les fidèles » ?

Reste un détail intrigant dans la parabole : les jeunes filles qui avaient de l’huile en réserve, ne partagent pas avec celles qui en manquent. Cela pourrait paraître choquant : le partage n’est-il pas une valeur de notre foi ? Cela vaut la peine d’entendre ce qu’elles disent pour expliquer leur attitude : « jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ». Ainsi ce n’est pas tant qu’elles ne veulent pas, mais elles ne peuvent pas. Il y a des choses qu’on peut partager, et d’autres choses qu’on ne peut pas partager. Il y a des choses pour lesquelles on peut se faire aider, et d’autres que nous sommes les seuls à pouvoir faire. Par exemple, personne ne peut manger à notre place, ou personne ne peut se laver à notre place ! Rappelons-nous : il s’agissait d’aller à la rencontre de l’époux : peut-on rencontrer vraiment quelqu’un par procuration ? Il y a d’autres enseignements de Jésus sur le partage, mais cette parabole est là pour nous prévenir que l’entrée dans le Royaume ne se délègue pas. Il y a un point dans la relation à Dieu où nous sommes en première ligne et qui nous implique personnellement.

Nous qui sommes « invités aux noces de l’Agneau », entendrons-nous l’avertissement de Jésus dans la parabole des dix jeunes filles ? Sans doute le Royaume des Cieux évoqué par le Seigneur désigne-t-il d’abord les derniers temps. Mais ne nous faisons pas illusion : c’est déjà maintenant, dans notre vie spirituelle que nous devons veiller à être dans les dispositions que Dieu attend de nous pour être acteurs et non pas spectateurs ; c’est déjà maintenant que nous devons nous exercer à la persévérance et vivre la fidélité ; c’est déjà maintenant que nous devons assumer ce que personne ne peut faire à notre place.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin, qu’elle nous apprenne à répondre à l’appel du Seigneur, en nous disposant à ce qu’il nous demande. Secours des Chrétiens, qu’elle nous soutienne dans la persévérance pour que nous restions fidèles à ce que nous avons reçu. Rose mystique, qu’elle nous encourage à déployer le Don de Dieu, pour nous puissions vivre la rencontre à la première personne, et demeurer en Lui comme Il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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5 novembre 2023 7 05 /11 /novembre /2023 14:18

31TOA

31° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Ml 1,14b-2,1.2b.8-10 ; Ps 130 ; 1 Th 2,7b-9.13 ; Mt 23,1-12

L’évangile que nous venons d’entendre est en quelque sorte la tarte à la crème de toutes les critiques vis-à-vis de l’église ou des prêtres ! Ne voyez dans mes propos aucun manque de respect pour la parole de Dieu, même si je reconnais volontiers un peu d’agacement dans l’usage que certains en font. Cela dit, je ne suis pas convaincu qu’il serait plus évangélique de revendiquer le titre de « Monsieur l’archiprêtre », plutôt que celui de « père » ! Sans compter qu’on continue à parler de père dans les familles même chrétiennes, et que les artistes, les enseignants ou les hommes de loi ne s’offusquent pas qu’on les appelle « maitre » ! Chacun comprendra facilement qu’on ne peut pas réduire le message de Jésus à de simples questions de protocole.

Il est bien plus intéressant de s’attarder sur les justifications que donne le Seigneur. Pour résumer, on peut dire qu’il invite à ne pas se mettre à la place de Dieu. En précisant, on remarquera qu’il y a deux types d’avertissements : « ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, ou de maître » et « ne donnez à personne sur terre le nom de père ». Donc l’avertissement est double : ne vous prenez pas pour Dieu, et ne prenez personne pour Dieu.

Ne vous prenez pas pour Dieu … car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ et vous êtes tous frères. C’est le premier avertissement, et malheureusement, il ne concerne pas seulement ceux qui enseignent. Sans doute la tentation est-elle plus forte pour le savant qui peut se laisser enivrer par le savoir. Dans un poème des Fleurs du Mal (Châtiment de l’orgueil) Baudelaire fait le portrait saisissant d’un théologien qui devient fou lorsqu’il se met à croire que la gloire de Dieu dépend de ce qu’il dit. Mais le plus souvent, c’est subtilement que l’on se met à la place de Dieu. Quand on prétend savoir mieux que les autres ce qui est juste ou ce qui est vrai, quand on préfère donner des leçons plutôt qu’en recevoir, quand on jauge la foi à l’aune de nos impressions. Il n’est pas toujours nécessaire que les autres nous admirent pour qu’on se prenne pour un maître. Il suffit de faire passer le Christ après nos idées, par exemple en consentant seulement à ce qu’il nous donne raison !

Mais si Jésus nous met en garde contre l’orgueil, il avertit d’un autre danger : « ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux ». Il ne s’agit plus ici de se prendre pour Dieu, mais de prendre un autre pour Dieu. Cela arrive quand on porte à quelqu’un l’affection et la confiance qu’on doit à Dieu. Quand la parole ou l’opinion d’un autre prime pour nous sur l’évangile. C’est une manière d’idolâtrie. Rien ni personne ne devrait être plus important que le Seigneur. Cela ne signifie pas, évidemment qu’on ne doive aimer personne, ni qu’on ne fasse confiance à personne, mais aucune relation n’est absolue, toutes nos relations doivent être mesurées ou référées à Dieu. Mettre quelqu’un à la place de Dieu, c'est risquer qu’il le croie et qu’il nous fasse faire n’importe quoi.

Il reste un troisième moyen de confondre Dieu et les hommes. Saint Paul, dans la deuxième lecture, l’évoque en félicitant les Thessaloniciens de l’avoir évité. « Vous avez accueilli la Parole de Dieu pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants ». Il ne s’agit plus de mettre un homme à la place de Dieu, mais de mettre Dieu à la place des hommes. Je sais bien que ce n’est pas très facile de se prémunir de ce piège, puisque le Seigneur utilise des moyens humains pour nous parler. Comment d’ailleurs pourrait-il faire autrement puisque nous sommes humains ? Mais, comme dit le proverbe, quand le sage montre la lune, il ne faut pas regarder son doigt ! Il nous faut donc être vigilants pour accueillir la Parole de Dieu dans l’humilité et dans la foi pour qu’elle soit une porte vers le mystère, un guide pour reconnaître la présence divine.

« Rendez à Dieu ce qui est à Dieu », disait Jésus à ceux qui l’interrogeait sur l’impôt. C’est bien la même invitation qui nous est faite aujourd’hui : ne pas confondre Dieu et les hommes, mais reconnaître à chacun à sa place : c’est Dieu qui est au centre, lui et non pas nous, lui et personne d’autre. L’équilibre n’est pas toujours facile à tenir, mais il est bon de garder au cœur l’interpellation du prophète Malachie : « n’avons-nous pas tous un seul Père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? »

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Temple de l’Esprit Saint, qu’elle nous rende dociles au Don de Dieu pour que nous sachions reconnaître la présence de l’invisible. Mère de l’Église, qu’elle ouvre nos cœurs à ceux que le Seigneur place auprès de nous, sans que nous confondions le message et le messager. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à nous tenir devant Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 14:17

30TOA

30* Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Ex 22,20-26 ; Ps 17 ; 1 Th 1,5c-10 ; Mt 22,34-40

A l’écoute de l’évangile, certains se seront peut-être fait la réflexion que le passage était bien connu et que ce n’est pas aujourd’hui qu’ils seront surpris par la Parole de Dieu. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en désole, entendre un texte biblique en se disant qu’on le connait déjà est toujours un signal d’alerte, c’est le signe qu’il faut creuser davantage notre compréhension du texte. Si on n’est pas étonné par l’enseignement du Seigneur, c’est qu’on ne l’a pas bien écouté !

Déjà, une première chose qui peut nous étonner c’est que les deux commandements que cite Jésus demandent d’aimer. Mais est-ce qu’on peut commander d’aimer ? Ne dit-on pas, au contraire, que l’amour ne se commande pas ? Il est vrai que le mot désigne des choses tellement différentes : on l’utilise pour parler de la relation entre époux, comme de la relation avec ses parents ou ses enfants, c’est toujours le même mot pour évoquer ce que l’on mange et ce que l’on fait, pour parler d’une passion ou d’un goût, d’un enthousiasme ou d’une complaisance. Il faut donc comprendre que l’évangile nous parle d’un amour qui se décide et non pas d’une émotion qui se ressent, d’un amour qui s’exprime et non pas d’un plaisir qui s’éprouve. La précision est loin d’être anecdotique, en particulier dans les difficultés. Quand on n’a pas envie de prier, on peut décider de se tourner vers Dieu ; lorsque l’autre ne nous intéresse pas, on peut décider de ne pas rompre le lien ; lorsqu’il nous énerve, on peut décider de rester positif. Ce que décrivait la première lecture : ne pas accabler, ne pas imposer des intérêts, laisser le minimum nécessaire, paraît bien ordinaire, mais parce que c’est le premier pas de la justice, c’est aussi la porte de l’amour.

Une autre chose peut aussi nous étonner : que la relation à Dieu soit décrite en termes d’amour. En fait, c’est loin d’être une évidence dans le monde comme conception de la religion. Souvent la religion est comprise comme une idée à défendre, ou comme des rites à observer ou encore comme une certaine manière d’agir. Mais Jésus nous rappelle qu’il s’agit d’abord d’un amour. Nous sommes donc invités d’abord à une mystique … ou si le mot vous fait peur à une vie spirituelle. Ça ne veut pas dire que la doctrine, la liturgie ou la morale ne soit pas importantes, mais elles découlent de l’amour, et permettent de l’authentifier et de l’exprimer. Est-ce que nous pouvons dire en vérité « j’aime le Seigneur » ? Quand nous scrutons la Parole de Dieu, quand nous essayons d’expliquer les mystères du Seigneur, est-ce un exercice intellectuel ou une manière de mieux le connaître pour mieux l’aimer ? Quand nous venons à la messe ou que nous faisons nos prières, surtout quand on préférerait faire autre chose ou être ailleurs, est-ce que nous pensons en faire une preuve d’amour en nous disant qu’il s’agit d’abord de faire plaisir à Dieu ? Dans nos choix de vie et dans nos comportements, nous arrive-t-il de faire cette courte prière : « Seigneur, je vais faire ça, puisque tu le demandes » ? Sans doute savons-nous qu’il faut aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit … mais il ne suffit pas de le savoir, il faut le vivre !

Enfin une troisième chose peut encore nous étonner. C’est peut-être ce qu’il y a de plus original dans la réponse de Jésus au docteur de la loi, c’est de rapprocher les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain en disant qu’ils sont semblables. Bien sûr toutes les religions comportent une morale, mais le rapprochement de Jésus va plus loin : puisqu’il s’agit d’aimer son prochain comme soi-même, il ne s’agit pas simplement de faire ce que Dieu dit être bien, il s’agit de découvrir que notre relation aux autres est le reflet de notre relation à Dieu. L’expérience nous montre que prétendre aimer l’autre sans aimer Dieu est une ambition décevante, mais  prétendre aimer Dieu sans aimer l’autre est une dangereuse illusion. Peut-être que selon les circonstances de la vie nous serons plus attentifs à l’un ou à l’autre des commandements, mais le texte que nous avons entendu nous rappelle que tout découle des deux commandements et non pas d’un seul. Et parce que c’est difficile de les tenir tous les deux, il est important de ne pas s’habituer à l’enseignement du Seigneur, mais de se laisser toujours surprendre et déranger pas cet évangile.

Aussi ne croyons pas que nous n’ayons rien à apprendre de la Parole de Dieu aujourd’hui. Ce n’est pas parce que nous la connaissons, qu’elle ne peut pas nous étonner. Jésus nous demande d’aimer d’un amour qui décide, qui donne et se donne, il nous invite à grandir dans la foi pour progresser dans l’amour, il nous montre combien notre relation aux autres est la mesure de notre relation à Dieu

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour, qu’elle nous apprenne à aimer selon le Cœur de Dieu. Etoile du Matin, qu’elle ouvre notre cœur, notre âme et notre esprit à l’Esprit d’Amour. Trône de la Sagesse, qu’elle fasse rayonner dans nos vies ce que nous avons reçu pour que nous puissions demeurer en Dieu, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 12:58

28 TOA

28° dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 25,6-9 ; P 22 (23) ; Ph 4,12-14.19-20 ; Mt 22,1-14

Dans la première lecture, Isaïe compare le jour du Seigneur à un festin préparé pour tous les peuples, un festin où Dieu essuie les larmes de tous les visages, un temps où l’on dit « Voici notre Dieu, en lui nous espérions et il nous a sauvés ». Et dans l’évangile, Jésus reprend cette image pour parler du royaume des Cieux. Mais il ajoute quelques précisions qui méritent notre attention.

D’abord il ne s’agit pas d’un quelconque festin, c’est le banquet préparé par le roi pour les noces de son fils. On sait que dans l’Apocalypse seront évoquées les « noces de l’Agneau » pour parler de la fin des temps et du rassemblement de l’humanité autour du Seigneur, et la parabole nous fait comprendre que le royaume des Cieux a quelque chose avoir avec le Fils de Dieu. Ainsi le roi ne convie pas ses invités à un anniversaire, ni à son couronnement, ni même à ses propres noces, mais à celles de son fils. Le banquet dont il est question n’est pas un repas protocolaire, c’est un repas de famille, c’est le partage d’une joie, c’est l’invitation à une intimité, l’expression d’une amitié et d’une proximité. Or voilà que les invités ne veulent pas venir. Ce n’est pas qu’ils ne peuvent pas, mais ils ne veulent pas. Alors le roi insiste : « tout est prêt », c’est le moment … comme s’il ne pouvait pas imaginer que ses invités refusent de partager sa joie. Alors apparaissent clairement les raisons de ce refus : l’indifférence pour certain qui préfèrent s’occuper de leurs affaires ; l’hostilité pour d’autres qui maltraitent les messagers et les tuent. Premier enseignement, premier avertissement : le désir de Dieu se heurte à la volonté de l’homme : la présence de Dieu ne s’impose pas. Dieu ne peut rien, si l’homme ne veut pas.

Alors le roi va élargir son invitation et chercher à rassembler des convives pour partager sa joie. Pour cela il envoie des serviteurs à la croisée des chemins. Sans doute est-ce l’endroit le plus efficace puisque les serviteurs pourront inviter ceux qui sont sur des chemins différents. Mais ils ne sont pas envoyés pour frapper aux portes des maisons, ni sur les chemins qui ne se croisent pas, comme celui qui va jusqu’au champ, ou celui qui va jusqu’au commerce ! La croisée des chemins est l’image d’une incertitude et d’un choix : du lieu où se pose la question quelle route prendre maintenant ? Ne sont pas invités ceux qui sont tranquillement installés dans le confort de leurs habitudes, mais ceux qui sont disponibles à l’imprévu, ceux qui ne sont pas conduits par leur certitude ou leur routine. Peu importe qu’ils soient bons ou méchants, peu importe qu’ils soient connus ou inconnus, habitants du pays ou étrangers de passage, ce qui importe c’est qu’ils soient à la croisée des chemins, disponibles à l’imprévu. Deuxième enseignement, deuxième avertissement : l’appel de Dieu nous surprend et nous déroute. Dieu nous propose ce que nous n’avions pas prévu, ce que nous ne pensions pas possible. Il n’y a pas d’espérance sans disponibilité.

Et puis il y a cette scène étrange et dérangeante, de l’homme qui ne porte pas le vêtement de noces. Spontanément on peut penser qu’il y a quelque inconséquence de la part du roi à inviter à l’improviste et de reprocher ensuite qu’on ne soit pas prêt. Mais il faut remarquer que l’homme est le seul à ne pas avoir ce vêtement de noces : tous les autres ont pu en trouver un. Et la question du roi n’est pas agressive : il demande la raison de cette situation, mais l’autre refuse de répondre. Il ne présente pas d’excuse, il ne donne pas de raison. On comprend alors qu’il n’est pas là pour participer aux noces, mais pour autre chose qu’on ne saura jamais ! Il est entré dans la salle mais pas dans l’esprit de la fête. Ce n’est pas qu’il n’a pas eu le temps de se préparer : il ne veut pas participer, seulement profiter. Mais c’est un repas de noces, pas une banque alimentaire … la parole qui invite appelle une réponse et non pas une posture. Les pères disent que le vêtement de noces est le symbole de la charité. Il ne sert à rien de se rapprocher du Seigneur si l’on n’accepte pas que cela nous change et nous transforme. Troisième enseignement, troisième avertissement : le don de Dieu n’est pas impersonnel, il se partage et nous engage. Dieu n’agit pas dans l’automatisme mais dans la relation. Le salut n’est pas à sens unique, c’est une alliance

« Voici notre Dieu, en lui nous espérions et il nous a sauvés » disaient les participants au festin préparé sur la montagne. La parabole des invités à la noce nous avertit que Dieu ne s’impose pas et que ne le trouvent que ceux qui veulent bien le rejoindre ; que l’espérance n’est pas un projet mais la disponibilité à se laisser surprendre et dérouter par la parole ; que le salut est un appel qui nous sollicite et nous engage à entrer nous aussi dans la joie des noces de l’Agneau.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à désirer ce que le Père nous propose. Refuge des pécheurs, qu’elle fasse retentir en nos cœurs l’appel du Seigneur. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous entraine dans le partage du Don de Dieu, pour que nous puissions participer au Royaume des Cieux, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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8 octobre 2023 7 08 /10 /octobre /2023 18:37

27TOA

27° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 5,1-7 ; Ps 79 (80) ; Ph 4,6-9 ; Mt 21,33-43

La parabole que nous venons d’entendre dans l’évangile paraît assez simple à comprendre. Comme le rappelaient la première lecture et le psaume, dans la Bible, la vigne est l’image de l’alliance et du peuple de Dieu. Aussi, l’histoire de ce maître qui confie une vigne à des vignerons et qui n’arrive pas à récupérer le produit de la vendange est l’image de l’histoire du salut. Dieu a planté une vigne, et l’a confiée aux hommes. Puis, au moment venu il a envoyé ses serviteurs, les prophètes, pour que lui soit rendu l’honneur qui lui est du. Entre parenthèse, ça veut dire que les vignerons ne l’avaient pas fait parvenir spontanément. Seulement les prophètes ont été frappés, tués, lapidés. Alors Dieu a envoyé son fils, Jésus qui a été mis à mort lui aussi. Que se passera-t-il ? Il confiera sa vigne, sa loi, son message, son amour, sa vie à d’autres qui sauront le respecter. Voilà pourquoi Jésus conclut en disant aux chefs des prêtres et aux anciens : « le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire son fruit ».

Mais l’intérêt de cette parabole n’est pas de nous fournir une image pour résumer l’histoire religieuse du monde. Elle nous rappelle que travailler à la vigne du Seigneur implique un devoir vis-à-vis de Dieu, et elle nous avertit aussi de certains pièges qui peuvent nous guetter si nous ne sommes pas vigilants. En fait les vignerons dont parle Jésus ont fait trois erreurs, qui sont de plus en plus graves.

La première erreur qu’ils ont faite a été de ne pas, spontanément, faire parvenir au maître de la vigne le produit des vendanges. On pourrait dire que c’est l’image de l’ingratitude spirituelle. C’est l’erreur de ceux qui ne remercient jamais. Dans notre vie ordinaire, nous considérons que remercier est la forme élémentaire de la politesse … alors, est-ce que nous y veillons dans la vie spirituelle ? La prière de remerciement s’appelle l’action de grâce, c’est-à-dire l’acte par lequel nous rendons grâce. Rendre grâce, c’est reconnaître que Dieu nous a fait grâce. Est-ce que nous savons remercier le Seigneur pour ce qu’il nous donne, pour ce qu’il nous confie ?

La deuxième erreur est plus grave que la première. On peut admettre que, pris par le travail, les soucis et les préoccupations, les vignerons aient oublié de rendre grâce … mais lorsque les serviteurs se présentent ils refusent de leur remettre ce qu’ils doivent au maître de la vigne. C’est l’image de l’orgueil spirituel. C’est l’erreur de ceux qui se croient propriétaires de ce qui leur a été confié. « C’est à moi ! » « C’est grâce à moi » « Je le mérite » pensent-ils. Et cela doit nous interroger sur la manière dont nous considérons nos qualités. A quoi servent-elles ? A qui servent-elles ? A nous ou à Dieu ? Ce que nous faisons – et que nous faisons bien – pour qui le faisons-nous ? pour nous ou pour Dieu ? Nous sommes gentils, accueillants, intelligents, beaux, astucieux, aisés, attentifs, généreux – tout ce que vous voulez – mais à qui cela profite-t-il ? Est-ce que nous mettons ces qualités au service de Dieu, ou bien servent-elles seulement pour notre propre profit ?

Mais peut-être certains trouveront que j’exagère, et que vu les efforts que nous faisons pour faire les choses, vu la fatigue du travail, il est normal que nous en profitions. Sans doute mais à quel prix ? Car il y a la troisième erreur des vignerons : ils ont voulu l’héritage et pour cela ils ont tué l’héritier. Au lieu de recevoir leur salaire, ils ont cherché à s’emparer du domaine. Au lieu de faire confiance à la justice du maître, ils l’ont considéré comme un concurrent. Leur troisième erreur est l’image de la mort spirituelle. C’est la plus terrible parce qu’elle a un caractère définitif. Dans la tradition, on appelle cela la damnation, cette forme de péché contre l’esprit dont parle Jésus. Nous ne pouvons pas vivre sans Dieu, car il est la vie. Nous ne serons héritiers de Dieu que si nous le sommes dans le Christ, pas si nous le nions, pas si nous l’ignorons, pas si nous le refusons. Les deux premières erreurs peuvent être réparées, il peut y avoir un pardon … mais cette dernière erreur est irrémédiable parce que Dieu ne peut rien pour celui qui le refuse.

Évidemment ces considérations ne sont pas drôles, ni à entendre, ni à dire. Mais si Jésus raconte cette histoire, c’est pour avertir, c’est en espérant que ceux qui l’écoutaient réaliseraient la gravité des enjeux. Car il n’y a, dans l’enchaînement des erreurs des vignerons aucune fatalité. L’ingratitude spirituelle ne conduit pas nécessairement à l’orgueil spirituel, et l’orgueil spirituel ne conduit pas nécessairement à la mort spirituelle … heureusement ! Mais nous devons prendre au sérieux l’avertissement du Seigneur pour ne pas nous laisser entrainer dans l’escalade du péché. Le meilleur moyen d’éviter la mort spirituelle c’est d’être attentif à l’humilité qui nous préserve de l’orgueil spirituel. Le meilleur moyen d’éviter l’orgueil spirituel, c’est de reconnaître les bienfaits de Dieu en évitant l’ingratitude spirituelle. Voilà pourquoi saint Paul recommandait aux Philippiens : « en toute circonstances, priez et suppliez, tout en rendant grâce ».

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous protège de l’aveuglement du cœur et nous empêche de nous enfoncer dans le refus de Dieu. Elle est la Tour d’ivoire, le Secours des Chrétiens et la Mère de Miséricorde, qu’elle nous accompagne quand nous travaillons à la vigne du Seigneur, qu’elle nous fasse découvrir le don de Dieu et nous rappelle de rendre grâce. Et qu’ainsi la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, garde notre cœur et notre intelligence dans le Christ Jésus notre Seigneur, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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