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24 décembre 2023 7 24 /12 /décembre /2023 13:53

4AVB

4° Dimanche de l'Avent - Année B

2 S 7,1-5.8b - 12.14a.16 ; Ps 88 ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1,26-38

Cette année le calendrier liturgique est un peu serré : la quatrième semaine de l’Avent est réduite à sa plus simple expression : nous sortirons du quatrième dimanche pour entrer dans les célébrations de Noël. C’est dire que nous n’aurons pas beaucoup de temps pour méditer les textes que nous venons d’entendre ! Ce n’est pas pour autant qu’ils ne doivent pas préparer nos cœurs au mystère que nous allons célébrer. Il nous a été présenté deux grandes figures de l’histoire du salut : le roi David et la Vierge Marie. Or les deux récits commencent par la même remarque du prophète Nathan comme de l’ange Gabriel : « le Seigneur est avec toi ». Puisque nous allons fêter la naissance de l’Emmanuel – « Dieu avec nous », prenons le temps de voir comment nous pouvons vivre cette affirmation « le Seigneur est avec toi ».

D’abord c’est une présence discrète qui ne s’impose pas et qui ne se revendique pas. On peut noter que chaque fois c’est un autre qui remarque la présence de Dieu auprès de la personne. Parce qu’elle est discrète, la présence divine peut être ignorée ou négligée. Et nous savons, hélas, combien certains mettent tant d’efforts à gommer toute allusion à Jésus à l’occasion des fêtes qui deviennent celle de la fin d’année plutôt que celles de Noël. Souvent, même dans les familles, on considère que les célébrations religieuses viennent troubler les festivités familiales. Alors que l’on fête la présence de Dieu parmi nous, ceux qui la reconnaissent doivent s’effacer devant ceux qui l’ignorent ! « Le Seigneur est avec toi » est déjà un rappel du sens de Noël, une invitation à ne pas négliger celui nous rassemble et qui nous accompagne.

Pourtant il pourrait y avoir un contresens, celui que découvre le prophète Nathan. Que dit-il au roi David ? « Fais ce que tu veux puisque le Seigneur est avec toi ». Comme si la présence de Dieu était une assurance ou une permission. Mais la parole du Seigneur adressée à Nathan dans la nuit vient renverser les choses : ce n’est pas David qui construira une maison pour Dieu, c’est Dieu qui construira une maison pour David. La présence de Dieu n’est pas un instrument au service de nos projets, mais une invitation à participer à son projet. Trop souvent nous demandons à Dieu d’être d’accord avec nous, alors que c’est nous qui devons être d’accord avec lui. Demander une bénédiction, ce n’est pas demander que Dieu accepte ce que nous voulons faire, c’est demander que nous fassions la volonté de Dieu. Que de fois dans l’histoire du monde, comme dans notre cœur, nous avons fait de la présence de Dieu un étendard au lieu de la reconnaître comme une responsabilité.

C’est bien l’exemple que nous donne Marie dans le récit de l’Annonciation : « voici la servante du Seigneur ». Elle manifeste ainsi sa disponibilité à la présence de Dieu. Mais la suite de sa réponse nous dévoile un autre aspect important, celui du consentement : « que tout m’advienne selon ta parole ». Aux premières paroles de l’ange, elle avait demandé « comment cela va-t-il se faire ? » et l’on comprend que c’est une manière de dire : « qu’est-ce que je dois faire ? ». Et la réponse de Gabriel est admirable : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre », en d’autres termes : « tu n’as rien à faire, juste à te laisser faire ». Une dynamique semblable à celle que dévoilait la réponse de Dieu au projet de David. La présence du Seigneur est une présence agissante qui nous propose de la laisser agir. Et il est souvent plus exigeant de se laisser faire que de faire soi-même !

Au moment où nous nous apprêtons à fêter la naissance de l’enfant dans la crèche, laissons retentir en nous la salutation « le Seigneur est avec toi ». C’est le rappel d’une présence qu’on pourrait négliger ; ce n’est pas un privilège mais une invitation ; une invitation à le laisser agir en faisant une place toujours plus grande à sa présence et sa puissance dans nos cœurs et dans nos vies.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous rende attentifs à la présence du Seigneur ; Trône de la Sagesse qu'elle nous apprenne à servir celui qui nous accompagne ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende disponibles à la puissance du Très-Haut pour que se déploie en nous le don de Dieu et que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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17 décembre 2023 7 17 /12 /décembre /2023 14:18

3AVB

3* Dimanche de l'Avent - Année B

Is 61,1-2a.10-11 ; Lc 1,46-54 ; 1 Th 5,16-24 ; Jn 1,6-8.19-28

Parmi les nombreuses traditions de l’Avent, nous avons en Provence, la coutume du blé de la Sainte Barbe qui peut nous aider à accueillir la parole du prophète Isaïe entendue dans la première lecture : « comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations ». Cette image de la germination nous permet aussi de mieux comprendre la joie à laquelle nous invitait l’antienne d’ouverture : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur, je le redis : soyez dans la joie. Le Seigneur est proche ». Voyons ce que peut nous apprendre la joie de la germination pour vivre ce temps qui nous prépare à Noël.

La germination est d’abord une promesse qui a déjà commencé. Il ne s’agit pas d’une promesse illusoire ou trompeuse, mais d’une parole qui est déjà en train de se réaliser. Et cela implique une certaine anticipation de ce qui est promis. Si vous plantez un arbre, sans penser à ce qu’il sera dans quelques années, vous risquez fort de le planter trop près de la maison ! Ainsi la germination invite à ne pas vivre dans l’impulsion de l’instant, mais à laisser l’avenir guider le présent. La joie de la germination est une joie par anticipation qui se nourrit de ce qui vient. Aussi le temps de l’Avent nous invite à ne pas nous laisser conduire par les caprices du désir ou l’éphémère de l’émotion, mais par la contemplation de la Parole de Dieu. C’est le temps par excellence pour méditer la Parole du Seigneur, pour la lire et la découvrir, pour la scruter et l’explorer, pour la garder et la ruminer.

Mais la germination demande aussi du discernement. Dans notre impatience nous risquons de négliger la justice et la louange qui commencent à éclore. La graine est si différente de la plante épanouie ! Il est si facile d’être dans la situation que dénonçait Jean Baptiste : « au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Voilà pourquoi saint Paul avertit : « n’éteignez pas l’Esprit […] discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal ». La joie de la germination est aussi une joie qui choisit de s’attacher à certaines choses plutôt qu’à d’autres. Si Dieu nous avertit de sa venue, ça n’est pas pour que nous y restions indifférents ! Aussi le temps de l’Avent est encore un temps de prière, un temps où nous laissons l’Esprit Saint éclairer nos cœurs et nos esprits pour que nous puissions reconnaître ce qui mérite notre attention, ce qui vient du Seigneur et ce qui conduit en sa présence.

Enfin la germination demande encore de la vigilance. La semence est fragile, et elle a besoin qu’on en prenne soin. Comment la plante grandirait si on ne l’arrose pas ? si elle n’est pas placée dans les conditions qui permettent qu’elle s’épanouisse. Ce n’est pas nous qui faisons germer la graine et pousser la fleur, mais nous pouvons l’en empêcher ou la favoriser. Ce n’est pas parce que nous ne dirigeons pas que nous ne pouvons rien faire. La joie de la germination est une joie décidée, qui nous implique et nous engage. C’est ainsi qu’il nous appartient de préparer les chemins du Seigneur, comme le criait Jean Baptiste dans le désert. Nous attendons le Merveilleux Conseiller, et nous préparons son chemin en nourrissant les germes de la sagesse par l’humilité ; nous attendons le Dieu-fort, et nous préparons son chemin en nourrissant les semences de la force par les efforts ; nous attendons le Père à jamais, et nous préparons son chemin en nourrissant les germes de l’amour par la générosité ; nous attendons le Prince de la Paix, et nous préparons son chemin en nourrissant les semences de la paix par le pardon. Le temps de l’Avent est bien un temps de conversion pour que la justice et la louange puissent germer là où nous sommes et éclore devant toutes les nations.

Nous voilà donc invités à entrer dans la joie de la germination. Une joie qui anticipe la promesse en s’attachant à la parole du Seigneur ; une joie qui choisit la justice en se laissant éclairer par l’Esprit ; une joie qui décide la louange en prenant soin du don de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à accueillir la promesse avec confiance. Mère du bon conseil qu’elle nous rende disponibles au souffle de l’Esprit Saint. Rose mystique qu’elle épanouisse en nous ce que Dieu a semé pour que nous puissions accueillir sa présence et revêtir les vêtements du salut, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 13:11

2AVB

2° Dimanche de l'Avent - Année B

 Is 40,1-5.9-11 ; Ps 84 (85) ; 2 P 3,8-14 ; Mc 1,1-8

Nous savons que le temps de l’Avent est un temps d’attente, un temps qui nous invite à fixer nos cœurs sur ce qui va venir et qui n’est pas encore. On pense bien sûr aux célébrations de Noël, mais il n’y aurait pas de raison d’en faire un temps liturgique, si ça n’était qu’une affaire chronologique. Le souvenir de la naissance de Jésus nous invite à attendre son retour dans la gloire. Ainsi l’Avent nous propose de vivre dans l’attente de la présence du Seigneur. Encore cela reste-t-il des grands mots un peu abstraits. C’est pourquoi les différents textes que nous venons d’entendre nous présentent différents aspects de cette présence pour nous aider à mieux comprendre la nature de cette attente.

D’abord l’oracle d’Isaïe. Il commence par un appel « Consolez mon peuple ». La présence du Seigneur est donc une consolation, on l’attend comme on attend une délivrance. C’est une attente qui se vit dans l’espoir, c’est-à-dire dans le refus de la résignation. Malheureusement la vie ne manque pas de difficultés et de souffrances. A l’époque d’Isaïe, il s’agissait de l’exil et de l’esclavage à Babylone, mais il n’est pas nécessaire de se retrouver dans une situation aussi dramatique pour attendre une consolation. N’avons-nous pas trop d’occasion de regretter des ravins qui nous privent de ce que nous voulons, des montagnes qui fatiguent notre marche, des escarpements qui réduisent nos possibilités ? Attendre la présence du Seigneur comme une délivrance, c’est déjà ne pas baisser les bras devant les difficultés, relever la tête plutôt que de courber le dos, ne pas se résigner à l’injustice ni au péché, puisque nous avons besoin que Dieu règne dans le monde comme dans nos cœurs.

Ensuite il y avait la lettre de saint Pierre qui précisait : « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle ». La présence du Seigneur est une nouveauté, on l’attend comme on attend une promesse. C’est une attente qui s’appuie sur la confiance et qui s’exprime par une sorte d’anticipation pour préparer ce qui va venir. C’est pourquoi la Parole de Dieu est si importante pendant le temps de l’Avent. Comment attendre ce qu’on a oublié ? Comment préparer ce qu’on ne désire pas ? C’est en méditant la parole de Dieu que l’on peut contempler le ciel nouveau et la terre nouvelle que l’on attend ; c’est en se laissant guider par cette parole qu’on peut vivre dans la sainteté et la piété, comme nous y invitait l’apôtre. Attendre la présence du Seigneur comme une promesse, c’est grandir dans la foi, creuser le désir du règne de justice, et hâter l’avènement du jour de Dieu en s’attachant à ce qui vient plutôt qu’à ce qui disparaitra.

Enfin, il y avait le témoignage de Jean le Baptiste dans l’évangile. S’il invite à un baptême de conversion, il avertit : « voici venir celui qui est plus fort que moi […] moi je vous ai baptisé avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ». Ainsi ce qu’il propose n’est qu’un début. La présence de Dieu est un accomplissement, on l’attend comme on attend une plénitude. Il y a quelque chose du semeur dans l’attitude du Baptiste. Et c’est encore un aspect du temps de l’Avent qu’on pourrait illustrer par la coutume provençale du blé de la Sainte Barbe. Une manière de se rappeler que Dieu ne vient pas de nulle part, mais qu’il épanouit ce que nous avons semé. L’attente d’une plénitude n’est pas une idée, elle est un engagement et une vigilance pour que le temps déploie ce qui a commencé. Comment attendre le Prince de la Paix si nous ne voulons pas apaiser nos conflits ? Ce n’est pas nous qui apporterons la paix dans le monde, mais nous pouvons déjà être des artisans de paix, de ceux dont Jésus dit qu’ils sont appelés fils de Dieu.

Puisque nous sommes entrés dans le temps de l’attente, attendons la venue du Seigneur qui vient nous consoler en nous ouvrant à l’espérance ; attendons la venue du Seigneur qui accomplit la promesse en progressant dans la foi ; attendons la venue du Seigneur qui est plénitude de sa présence en nous engageant dans la charité

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle nous fortifie dans les épreuves et nous détourne du péché. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous attache toujours plus à la Parole du Seigneur. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à semer ce que nous attendons pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 14:26

1AVB

1° Dimanche de l'Avent - Année B

Is 63, 16b-17.19b ; 64,2b-7 ; Ps 79 ; 1 Co 1,3-9 ; Mc 13,33-37

« Prenez garde, restez éveillés », « Veillez donc », « ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! ». Si l’évangile répète aussi souvent cette invitation de Jésus, on doit pouvoir conclure sans trop se tromper qu’il s’agit là de l’idée principale du texte. Ce n’est pas non plus une surprise, puisque l’invitation à veiller est le maître-mot de l’Avent.

Jésus raconte une parabole pour faire comprendre la situation. « Il en est comme d’un homme parti en voyage ». Il laisse sa maison à ses serviteurs, fixant à chacun ce qu’il doit faire. Il ne dit pas combien de temps il sera absent, mais il dit qu’il reviendra ! Le maître n’est pas mort, il n’a pas abandonné sa maison : il l’a confiée pour un temps. Ainsi nous sommes dans le monde comme ces serviteurs dans la maison. Si Dieu est absent ce n’est pas qu’il n’existe pas ou qu’il ne s’intéresse pas à notre monde, c’est qu’il nous a confié tout pouvoir et nous a fixé à chacun une tâche ! Alors imaginons ce qui se passe, s’il n’y a plus de veilleur.

Tout d’abord il peut y avoir le cas du serviteur qui s’installe dans la maison, à la place du maître. Il va dormir dans sa chambre, lire son courrier et ses dossiers, et il finit par utiliser sa garde-robe. Mais il est plus petit que le maître et n’a pas son instruction. Alors il s’étonne de ne rien comprendre à ce qu’il lit, d’être gêné par des vêtements trop grands … Voilà la situation de l’homme qui se croit le maître du monde, qui agit comme un propriétaire comme si Dieu n’existait pas. La nature des choses vient vite lui rappeler dramatiquement l’orgueil démesuré de sa position : le réchauffement climatique, l’instabilité politique et économique mondiale, les virus de toutes sortes s’imposent à lui et créent des déceptions à la mesure de son arrogance.

Il y a aussi le serviteur qui agit comme l’homme au talent enfoui … puisque le maître n’est pas là, il va négliger ses affaires. La poussière s’accumule, les champs ne sont plus cultivés, les factures ne sont plus payées. Petit à petit la maison ressemble au château de la belle au bois dormant, mais ça n’est pas le serviteur négligeant que le prince charmant viendra réveiller d’un baiser ! Voilà la situation de l’homme qui a oublié la Parole de Dieu et la mission qui lui a été confiée. La vie s’affaiblit peu à peu pour laisser place à la fatalité, au poids du temps et de l’histoire. L’homme devient le jouet des astres et du hasard et qui le conduisent au désespoir de l’usure et de la mort.

Il y a enfin le serviteur qui fait son travail mais qui n’attend plus le maître. Il fait les choses qui doivent être faites, mais il ne sait pas pourquoi. Sa vie devient machinale et son ouvrage routinier. Il ressemble de plus en plus à un robot, il mène une existence sans âme, sans goût sans intérêt. C’est la situation de celui qui n’a pas le désir de Dieu, qui ne sait plus pourquoi il vit et qui vit sans attendre, sans espoir … sa vie n’a pas de sens parce qu’il n’en voit pas le but, il ne sait pas où il va.

Au contraire, le veilleur n’oublie pas qu’il est au service et qu’un autre lui a fait confiance. S’il a des pouvoirs, ce n’est pas pour lui : il sait qu’il devra en répondre. Sa responsabilité ne le gonfle pas d’orgueil mais l’invite à humilité. Le veilleur ne se décourage pas d’attendre et ne laisse pas au temps le soin de garder ce qu’on lui a confié. C’est en s’engageant qu’il veille pour être fidèle à la mission reçue. Le veilleur ne se contente pas d’être là, il nourrit son attente du désir de revoir le maître. C’est ce désir qui lui rappelle le sens de ce qu’il fait et lui donne le goût de le faire.

Pendant ce temps de l’Avent, nous nous préparons à célébrer la venue du Seigneur. Le souvenir de Noël nous rappelle que le Christ doit revenir, qu’il n’a pas quitté le monde, mais que nous l’attendons et qu’il faut nous préparer à son retour. C’est un temps où nous nous efforçons de rester dans l’attitude du veilleur. Nous avons cette année quatre dimanches et trois semaines pour accueillir l’invitation à veiller dans une triple conversion. Conversion de l’humilité qui nous rappelle que le monde n’est pas à nous et que nous devrons en répondre devant Dieu. Conversion de l’engagement qui nous rappelle que Dieu compte sur nous pour prendre soin de ce qu’il nous a confié. Conversion de la contemplation pour creuser en nous le désir de Dieu. Par un effort de prière, de méditation de la parole de Dieu et d’attention à ceux qui nous entourent nous sommes invités à veiller, à attendre avec toujours plus d’impatience la venue du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entrer dans cette préparation à Noël avec détermination et enthousiasme. Arche de la Nouvelle Alliance, Etoile du Matin, et Mère de l’Espérance, que sa prière et son exemple nous permettent de demeurer fidèles à la Parole de Dieu, pour que prenant soin de ce qu’il nous a confié, nous soyons prêts à accueillir le Seigneur lors de sa venue et dignes de demeurer avec lui dans les siècles des siècles.

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18 décembre 2022 7 18 /12 /décembre /2022 14:02

4AVA

4° dimanche de l'Avent - Année A

Is 7, 10-16 ; Ps 23 (24) ; Rm 1,1-7 ; Mt 1,18-24

Le Seigneur qui connaît le secret des cœurs sait que je n’ai aucune intention de manquer de respect à la cour céleste ; et vous aurez la bonté d’excuser l’impertinence de mon imagination, mais à l’écoute de l’évangile de ce jour, je me suis fait la réflexion que les anges du comité stratégique chargé d’organiser l’Incarnation du Fils de Dieu, avaient sans doute fait une gaffe en oubliant de prévenir Joseph de ce qu’ils préparaient ! On mesure rarement l’importance de celui-ci dans l’accomplissement des promesses divines.

Sans doute était-il un homme juste, mais la justice l’autorisait à dénoncer publiquement Marie, qui aurait alors été lapidée, elle et l’enfant qu’elle portait ! Ce qui, convenons-en, aurait été dommage pour l’humanité ! Heureusement Joseph est juste d’une justice qui ne revendique pas mais qui respecte. Ce n’est pas une justice pour soi mais pour les autres. Il n’affirme pas ses droits à n’importe quel prix, mais il cherche la solution pour chacun puisse vivre et s’épanouir au mieux des circonstances. Mais que ce serait-il passé s’il avait mis à exécution son projet de répudier Marie en secret ? Peut-être pensait-il qu’elle pourrait alors épouser celui dont elle attendait l’enfant, et qu’après quelques réflexions désagréables des commères du quartier à l’arithmétique trop pointilleuse, tout serait allé pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf qu’alors, Jésus n’aurait plus été de la descendance de David, ce qui contredisait les promesses les plus anciennes ! D’une certaine manière, Joseph tenait entre ses mains, non seulement le bon déroulement du projet de Dieu, mais aussi la fidélité du Seigneur et la vérité de la Parole. Ainsi, un ange est venu remédier aux choses, et Joseph, par sa foi, a accueilli et mis en pratique ce qui lui était demandé. Puisqu’il nous est donné comme modèle pour cette dernière semaine de l’Avent, laissons-nous guider par son exemple pour nous préparer à Noël

D’abord il y a la justice. Le thème est malheureusement un peu déconsidéré dans nos mentalités, il est pourtant essentiel ! Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle justice. Il ne s’agit pas de la justice formelle qui se contente de respecter les apparences. On a, dans la première lecture un exemple de cette justice formelle dans la réponse du roi Achaz à l’invitation d’Isaïe. « Je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve ». C’est exactement ce qui est inscrit dans la Loi de Moïse, mais le roi n’en pense pas un mot : il ne veut pas de signe du Seigneur, parce qu’il ne veut pas compter sur le Seigneur, mais sur ses propres forces pour sortir du danger politique dans lequel il est. Il a même sacrifié son fils unique à un dieu païen pour avoir la victoire ! Il ne s’agit pas non plus de la justice égoïste qui préserve jalousement son intérêt quelques en soient les conséquences pour les autres. C’est une justice qui prend en compte aussi l’intérêt des autres, cherchant la meilleure solution, non seulement pour soi mais pour tous. Peut-être cela vaut-il la peine de vérifier que nous avons à cœur le bien de tous ceux qui nous entourent et non pas seulement le nôtre ou celui de nos proches.

Ensuite il y a l’accueil de la Parole de Dieu. C’est la première composante de la foi : croire ce qui nous est dit de la part du Seigneur. Cela implique une certaine disponibilité à ce qui dépasse notre expérience, comme Joseph accepte que l’enfant engendré en Marie vienne de l’Esprit Saint. Trop souvent nous sommes prêts à entendre la parole de Dieu à condition qu’elle vienne confirmer nos intuitions, comme si elle n’était qu’une sagesse toute humaine, comme si la révélation ne devait pas dépasser notre horizon. Nous avons pris l’habitude de comprendre tant de choses que nous avons du mal à accepter ce que nous ne pouvons pas expliquer. Il est certainement très agréable de s’émerveiller les décorations et les illuminations de ce qu’il est convenu d’appeler la magie de Noël, pourtant le plus grand motif d’émerveillement ce ne sont pas les prouesses techniques mais le mystère d’un Dieu qui se fait petit enfant dans l’indifférence du monde. Apprenons à nous laisser bouleverser par le merveilleux qui n’est pas spectaculaire.

Enfin, il y a l’obéissance de Joseph qui « fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ». C’est la deuxième partie de la foi, mettre en pratique ce que nous avons écouté. « Il prit chez lui son épouse » et nous savons qu’il a donné à l’enfant le nom qu’on lui avait indiqué. C’est dans la simplicité de l’ordinaire que s’accomplit l’œuvre de Dieu. Le Seigneur n’attend pas de nous l’héroïsme mais la sainteté. Demandons-nous comment Dieu veut que nous vivions ces jours de fête ; essayons de nous laisser guider en préférant choisir ce qui lui plait. Puisqu’il est l’Emmanuel, « Dieu avec nous », que ferons-nous pour être avec lui ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à suivre l’exemple de Joseph pour nous disposer à la naissance du Seigneur. Rayonnement de Joie qu’elle éduque nos cœurs à la véritable justice qui prépare la paix. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende attentifs aux merveilles que le Seigneur fait pour nous. Reine des saints qu’elle nous guide dans la disponibilité à l’œuvre de Dieu pour que nous puissions accueillir le Salut de Celui qui vient nous rejoindre et demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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11 décembre 2022 7 11 /12 /décembre /2022 19:37

3AVA

3° Dimanche de l'Avent - Année A

Is 35,1-6.10 ; Ps 145 ; Jc 5,7-10 ; Mt 11,2-11

Il est assez cohérent que Jean-Baptiste soit une figure de l’Avent, puisqu’il est celui qui a préparé le chemin devant le Christ. En revanche il est plus surprenant que l’on nous propose l’évangile où il est en prison et où il s’interroge sur Jésus à l’occasion du troisième dimanche qui est traditionnellement associé à la joie. On doit pouvoir faire mieux comme figure de la joie qu’un prisonnier assailli par le doute ! On peut, bien sûr s’attacher surtout aux paroles de Jésus qui soulignent des événements plus joyeux, mais ne passons pas trop vite sur le doute de Jean-Baptiste. D’abord, parce qu’il peut nous arriver de douter et qu’il est bon de voir comment cela doit s’inscrire dans la vie spirituelle ; et puis aussi parce que la lettre de saint Jacques invitait à la patience, ce qui est une manière d’affronter l’hésitation ou l’incertitude au cœur de l’attente : l’impatience n’est-elle pas à l’attente ce que le doute est à la foi ?

Donc Jean-Baptiste se pose des questions sur Jésus : « est-il celui qui doit venir ? ». C’est qu’il doute du bien-fondé de sa prédication. Il l’avait désigné comme l’agneau de Dieu, mais ça ne lui parait plus aussi évident ! Que faire lorsqu’on doute ? Il peut y avoir trois réactions différentes. La première c’est l’abandon : « j’en doute » est parfois un euphémisme pour dire je ne crois pas. La deuxième réaction, c’est d’en faire une posture et de se complaire dans le doute, comme si renoncer à toute certitude était une preuve de sagesse. La troisième réaction c’est de rechercher une confirmation en essayant de sortir du doute. C’est cette dernière attitude qu’adopte Jean-Baptiste. Au fond de sa prison, il n’a pas baissé les bras en se disant : « je me suis trompé, Jésus n'est pas le Messie ». Il n’est pas resté non plus à se morfondre en recherchant les raisons qui ne feraient qu’augmenter sa perplexité. Au contraire, il fait demander au Seigneur ce qu’il en est, ce qui montre qu’il fait toujours confiance à Jésus.

Alors, quelle est notre attente ? Une première attitude serait de croire que la foi est une certitude sans hésitation, que la venue du Seigneur doit être évidente. C’est prendre le risque que le doute nous conduise à l’abandon et que les contrariétés nous découragent. Quand le Seigneur n’obéit pas à nos prières, quand l’église ne fait pas ce que nous voulons, quand la prière devient aride et que les difficultés s’accumulent, il faut accepter de patienter et de se laisser instruire plutôt que d’abandonner ou de relâcher nos efforts pour rester fidèle à la présence de Dieu. Sinon, c’est la tristesse qui suivra l’impatience et l’abandon.

Une deuxième attitude serait d’adopter la posture du doute permanent et de confondre la patience et la routine. C’est devenu très à la mode de refuser toute certitude et de douter de tout, de vivre au jour le jour, prêt à renier le lendemain ce qu’on avait affirmé la veille. Mais vivre dans l’indécision en se laissant guider par l’air du temps, ça finit par fatiguer. Que Dieu soit un mystère ne signifie pas qu’on ne puisse rien en savoir, et qu’il soit plus grand que nos idées ne signifie pas qu’il soit inconnaissable. A ne tenir à rien on finit par se lasser de tout, et c’est finalement à l’ennui que conduit l’attentisme et le doute entretenu.

Mais nous pouvons choisir la troisième voie, celle de la confiance qui augmente la foi. A l’exemple de la prière de Charles de Foucauld avant sa conversion : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ». C’est faire du doute une disponibilité au Seigneur et vivre l’attente dans la persévérance et la patience. C’est le sens de la prière de l’église : « viens, Seigneur Jésus », comme une manière de se rapprocher de lui quand l’évidence de sa présence s’estompe. Et dans l’évangile, Jésus répond à la question de Jean-Baptiste par les signes annoncés par les prophètes, non seulement pour lui rappeler la Parole de Dieu, mais aussi pour qu’il découvre que c’est la joie qui répond au doute.

Ainsi la question de Jean-Baptiste au cœur de sa prison, n’est pas une remise en cause de son ministère, ce n’est pas le désespoir de celui qui s’est trompé, mais c’est la porte ouverte à une plus grande disponibilité à la Parole de Dieu, un doute qui ouvre à une foi plus grande, une disponibilité à la joie qui vient de la présence du Seigneur, pour élargir notre attente au Royaume des Cieux qui dépasse tout ce que nous pouvons connaître.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle encourage notre foi ; Refuge des pécheurs qu’elle fortifie notre espérance ; Rayonnement de Joie qu’elle élargisse notre charité pour que nous puissions rester disponible à Celui qui vient et entrer dans le Royaume qui nous attend, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 13:59

2AVA

2eme dimanche de l'Avent - Année A

Isaïe 11, 1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12

Eh bien ! Ça chauffait sur les bords du Jourdain ! Je parle bien sûr de l’évangile que nous venons d’entendre et de l’épisode entre les pharisiens, les sadducéens et Jean le Baptiste. Il a beau être pittoresque avec sa peau de bête et son régime frugal, ça ne devait pas être très drôle de se faire insulter et traiter d’engeance de vipères ! Vous allez me dire que ça n’était pas adressé à tout le monde, mais seulement aux méchants orgueilleux … sauf qu’ils n’étaient pas si orgueilleux que ça puisqu’ils venaient se faire baptiser en confessant leurs péchés. Mieux vaut ne pas trop édulcorer la parole de Dieu en pensant qu’elle ne nous concerne pas et accepter que l’invitation à la conversion soit un peu dérangeante : il est rare que les prophètes utilisent la rhétorique du renard pour nous persuader de lâcher nos péchés ! Et pour nous faire comprendre que la conversion est une affaire sérieuse, l’évangile nous laisse percevoir qu’il y a au moins trois niveaux de conversion nécessaires, que l’on peut rapprocher des dons de l’Esprit qu’évoquait Isaïe dans la première lecture.

D’abord il y a une conversion de principe. C’est ce que proposait le baptême de Jean. Cela demandait déjà une certaine bonne volonté, pour descendre de Jérusalem jusqu’à la vallée du Jourdain, pour reconnaître ses péchés et se faire plonger par lui dans le fleuve. C’est la conversion de la tête, le changement des idées. Cela correspond à entrer dans l’esprit de sagesse et de discernement. Il s’agit de se laisser guider par le Seigneur dans notre manière de vivre et dans notre vision du monde. Quelle est la place de Dieu dans nos habitudes ? Quelle est la place de Dieu dans nos pensées et dans nos opinions ? Combien de fois sommes-nous tentés de décider nous-mêmes de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas ? Est-ce que nous savons nous appuyer sur la Parole pour penser le monde et pour agir ? Non pas en cherchant une justification à ce qui nous arrange, mais pour apprendre ce qui nous dépasse … même quand nous pensons que nous maitrisons le sujet ! Saint Paul rappelait aux Romains « ce qui est écrit dans les livres saints l’a été pour nous instruire ». La place de la Parole de Dieu, et le respect qu’on lui porte, peuvent nous aider à mesurer notre besoin de cette première conversion.

Mais c’est une démarche qui peut rester un peu formelle, un peu théorique. La conversion ne peut pas en rester au niveau des principes, elle doit se traduire dans l’action. C’est pourquoi Jean Baptiste interpelle vigoureusement ce qui seraient tentés d’en rester à la première démarche : « produisez donc un fruit digne de la conversion ». Après la conversion de la tête il faut s’engager dans la conversion des mains. Retourner les mains pour passer de celui qui prend à celui qui donne. Cela correspond à entrer dans l’esprit de conseil et de force, qui nous guide concrètement dans les moments particuliers, pour savoir ce qu’il faut faire, et pour le faire. C’est peut-être l’aspect le plus évident de la conversion, mais ça n’est pas le plus facile. D’ailleurs saint Paul l’exprimait dans son invitation aux Romains : « accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ». C’est souvent dans la qualité de nos relations les uns aux autres que l’on peut mesurer notre besoin de cette deuxième conversion … à condition de regarder tous les autres, et non pas seulement ceux avec qui c’est facile d’être en paix !

Enfin il y a une troisième conversion que nous indiquent les paroles du Baptiste lorsqu’il annonce le baptême dans l’Esprit et dans le feu. Une manière de dire à ceux qui sont là qu’ils ne sont pas au bout du chemin, qu’ils devront encore faire un effort pour accueillir Celui qui vient. C’est la conversion du cœur, celle qui correspond à l’esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. Ce que l’on traduit traditionnellement par les dons de science, de piété et de crainte ou dit autrement de connaissance, d’affection filiale et d’adoration. C’est la conversion de la vie spirituelle qui est plus un consentement qu’une décision. Une conversion qui n’est jamais acquise une fois pour toute parce qu’il s’agit de vivre en Dieu et que la vie n’est pas une posture. C’est lorsqu’on réalise que la prière n’est pas un moment mais une respiration que l’on comprend la nécessité de cette conversion.

Alors n’hésitons pas à entrer dans le mouvement qu’indique Jean Baptiste pour préparer la venue de Celui qui vient. Approfondissons notre proximité à la Parole de Dieu pour vivre la conversion des idées. Faisons attention les uns aux autres pour vivre la conversion des actions. Laissons-nous conduire par l’Esprit reçu au baptême pour vivre la conversion du cœur qui nous fera partager la gloire du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous rende disponibles à l’esprit de sagesse et de discernement ; Mère du Bel Amour qu’elle nous rende attentifs à l’esprit de conseil et de force ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous entraine dans l’esprit de connaissance, d’affection filiale, pour que guidés par l’esprit d’adoration nous puissions contempler la lumière de la crèche qui brille dans la nuit de Bethléem et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 10:46

1AVA

1er dimanche de l'Avent - Année A

Is 2,1-5 ; Ps 121 ; Rm 13,11-14 ; Mt 24,37-44

Nous entrons dans le temps de l’Avent, celui qui nous prépare à Noël. Ou plus exactement, le temps qui précède Noël. Car il pourrait y avoir un contresens sur la spiritualité de l’Avent. Nous pourrions penser qu’il s’agit seulement d’organiser les préparatifs d’une fête. Bien sûr nous savons que la préparation n’est pas seulement matérielle, et qu’il y a une préparation spirituelle qui est plus importante. Mais en vérité, si l’on écoute bien les textes de ce jour, il ne s’agit pas vraiment de purifier les cœurs comme on décore les maisons. Le but de l’Avent n’est pas de nous disposer à fêter dignement la nativité du Seigneur, mais plutôt de nous rappeler d’être prêt au jour du Seigneur. Le souvenir de sa première venue nous apprend à attendre la seconde venue, celle qu’annonce le prophète Isaïe, celle dont parle Jésus dans l’évangile. Ainsi la tonalité de ce temps n’est pas « préparez-vous » mais « veillez ».

Veiller c’est éviter de se retrouver comme aux temps de Noé : « les gens ne se sont doutés de rien jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis ». Il s’agit donc d’être attentif, de ne pas se laisser distraire ni par l’ordinaire de la vie, ni par les événements de l’histoire. Qu’est-ce qui faisait la différence entre Noé et les gens de son époque ? Lui aussi mangeait et buvait, et il s’était marié, comme ses enfants d’ailleurs. Peut-être le faisait-il avec un peu plus de sobriété que d’autres, mais la différence, c’est qu’il écoutait la Parole de Dieu et qu’il la mettait en pratique dans sa vie. Y compris quand elle lui a demandé de construire une arche au milieu de nulle part ! Si nous voulons faire du temps de l’Avent, un temps de veille, il faut s’attacher à entendre et à écouter la parole. Sans se laisser distraire ! L’Avent est le temps par excellence pour replonger dans la Parole de Dieu, pour faire comme Marie, en retenant tout cela et en le gardant dans notre cœur. Prenons une résolution vis-à-vis de la Parole : choisissons une manière de lui être plus proche, en lisant un livre de la Bible dans son entier, ou bien en consacrant plus de temps à la méditation des textes du jour par exemple, ou encore en choisissant un verset comme devise de la journée.

Veiller, c’est encore se trouver du bon côté lorsque l’un sera pris et l’autre laissé. Ces paroles sont un peu mystérieuses. On ne sait pas bien s’il faut être pris ou laissé, et surtout on ne sait pas pourquoi l’un et pris l’autre laissé puisque les deux font la même chose. Mais on peut comprendre qu’il y a une différence intérieure : l’un est disponible, l’autre ne l’est pas. Il s’agit donc d’être disponible. A quoi ? A la présence de Dieu certainement. Une présence évidente, manifeste, une présence nouvelle que nous ne connaissons pas encore. Comment se rendre disponible à la présence de Dieu ? Sans doute en intensifiant notre prière. Ceux qui n’ont jamais le temps de prier peuvent décider de dégager un moment pour cela. Ceux qui ne prient que de temps en temps peuvent choisir d’avoir un moment plus régulier pour que la prière rythme leur journée. Ceux qui ont l’habitude de prier peuvent découvrir une autre forme de prière, celle qui irrigue notre vie, qui accompagne tout ce que nous faisons. Où que nous en soyons dans la vie spirituelle, le temps de l’Avent est un temps où nous laisserons un peu plus de place au Seigneur.

Veiller, c’est enfin, éviter de faire comme le maitre de maison surpris par un voleur. S’il avait veillé, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Il y a donc une dimension d’anticipation dans la veille. Une manière de vivre en prévision de ce qui va arriver. C’est pourquoi saint Paul conseille : « Conduisons-nous comme on le fait en plein jour » … L’Avent est un temps pour anticiper le jour du Seigneur. Pour vivre comme s’il était déjà là. Pour faire ce que nous faisons en présence de Dieu. C’est pourquoi c’est un temps de conversion, parce qu’il y a des moments où nous agissons comme si Dieu n’existait pas. N’hésitons pas à faire ce petit exercice de repérer les domaines de notre vie que nous laissons hors de la présence de Dieu.

Nous entrons dans le temps de l’Avent qui n’est pas d’abord celui du décompte des jours ou de la décoration des maisons, mais le temps de la veille. Le temps où nous sommes plus attentifs à la Parole de Dieu, le temps où nous laissons plus de place à la prière, le temps où nous essayons de vivre comme si l’on était déjà dans la gloire de la Présence de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne pendant ce temps de veille. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à nous laisser façonner par la Parole de Dieu. Buisson Ardent qu’elle nous rende plus disponible à la présence du Seigneur. Rayonnement de joie qu’elle nous encourage à vivre déjà dans la lumière de la Gloire qui nous est promise, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 14:10

4AVC

4° Dimanche de l'Avent - Année C

Mi 5,1-4a ; Ps 79 ; He 10, 5-10 ; Lc 1,39-45

En entendant la première lecture, je me suis demandé si je ne m’étais pas trompé de page en prenant déjà les textes de l’Épiphanie, alors que Noël n’est pas encore arrivé ! Chacun, en effet, aura reconnu le texte que les scribes d’Hérode citent lorsque les mages arrivent à Jérusalem pour chercher le roi qui vient de naître. Évidemment, comme il s’agit d’une prophétie, elle existait avant l’événement et, plutôt que de se souvenir de ce qui s’accomplit, la liturgie aujourd’hui nous propose de nous rappeler ce qui va s’accomplir. C’est le même thème que nous retrouvons d’ailleurs dans les autres textes puisque la lettre aux Hébreux montre comment Jésus, en venant dans le monde (donc à Noël) accomplit les paroles du psaume 40 « me voici, je suis venu faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre ». Pareillement, l’évangile de la Visitation se termine par la remarque d’Élisabeth « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Ainsi nous voilà invités à reconnaître que la parole de Dieu va s’accomplir. Cependant, on peut remarquer que ces trois paroles ne sont pas tout à fait du même type.

D'abord c'est une parole précise qui s'accomplira. « Toi Bethléem Ephrata ». La parole de Dieu n'est pas une méditation vague ou une considération abstraite. Elle désigne et indique une chose plutôt qu’une autre. Ensuite dans la lettre aux Hébreux, la parole qui s’accomplit est un peu différente. Toute personne priant le psaume se retrouve à redire les mêmes mots : « me voici je viens faire ta volonté » Il s’agit donc d’une parole qui entraîne et qui guide, une parole qui nous façonne. Enfin la parole en l’accomplissement de laquelle Marie a cru est encore d’un genre différent, puisqu’elle s’adresse spécialement à elle, c’est une parole personnelle qui éclaire ce qu’elle a d’unique et d’irremplaçable.

Puisque nous sommes avertis que Noël est un accomplissement de la Parole du Seigneur, il ne s’agit pas de rester des spectateurs même attentifs ou admiratifs, mais de permettre qu’en nous aussi cette parole s’accomplisse dans toutes ses dimensions.

Parce que la parole de Dieu est précise, il est important de l’écouter en essayant de ne pas lui faire dire ce que nous voulons mais en recherchant ce qu’elle dit, même quand elle nous surprend ou nous dérange. Respecter la précision de la parole, c’est par exemple réaliser que Noël est d’abord la naissance de Jésus, et que Jésus est une personne et non pas une idée ou un symbole. Prenons garde à ne pas donner plus de place au Père Noël qu’à Jésus, et même si les valeurs sont importantes, souvenons-nous que c’est d’abord une personne précise qui nous en donne la clé.

Parce que la parole de Dieu nous façonne, il faut aussi la méditer – les pères disent même la ruminer. C’est en l’habitant, en la gardant comme une lumière sur la route, comme une main qui nous conduit, que peu à peu cette parole devient notre parole et qu’elle nous transforme. Quel temps allons-nous consacrer à la fréquentation de la parole dans cette dernière semaine avant Noël ?

Enfin parce que la parole de Dieu est personnelle nous pouvons lui répondre. C’est dans une prière qui s’appuie sur la parole du Seigneur que nous pouvons découvrir qu’elle est une parole d’amour qui s’adresse à nous, qui est faite pour nous. La tradition provençale en plaçant des santons représentant les différents métiers dans la crèche est une manière sympathique de nous rappeler que nous sommes tous concernés par la naissance de Jésus. Comment accueillerons-nous l’annonce des anges ? Comment nous situerons nous dans la nuit de Bethléem ?

Préparons-nous donc à l’accomplissement des Écritures, en écoutant la parole précise, en méditant la parole qui nous façonne, en répondant à la parole qui nous aime.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre et à croire, nous aussi, en l'accomplissement des paroles qui nous sont dites de la part du Seigneur. Elle qui est la Mère du Sauveur, qu'elle nous apprenne à accueillir Celui que le Père nous confie. Elle qui est L'Etoile du Matin qu'elle nous accompagne sur le chemin que le Fils a tracé pour nous. Elle qui est la Rose mystique, qu'elle ouvre notre cœur au tourbillon d'amour dans lequel l'Esprit Saint nous entraîne pour que nous puissions à notre tour vivre et témoigner que la Gloire de Dieu est la paix des hommes, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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12 décembre 2021 7 12 /12 /décembre /2021 10:24

3AVC

3° dimanche de l'Avent - Année C

So 3,14-18a ; Is 12 ; Ph 4,4-7 ; Lc 3,10-18

Le 3ème dimanche de l’avent – comme le 4ème dimanche du carême – est appelé « dimanche de la joie » et pour adoucir l’austérité du violet qui marque la pénitence, les ornements liturgiques peuvent ce jour-là être roses. A vrai dire il ne s’agit pas vraiment d’une pause ou d’une parenthèse, puisque, par exemple, on ne reprend pas le Gloria dans la messe (ni l’Alléluia pendant le carême). Il s’agit plutôt d’une nuance, pour nous aider à mieux entendre l’invitation qui résonne dans les textes de la parole de Dieu : « Soyez dans la joie du Seigneur » dit saint Paul ; « pousse des cris de joie » dit le prophète Sophonie. Pourtant ces invitations ont quelque chose d’un peu surprenant. Peut-on commander d’être joyeux ? La joie obligée n’est-elle pas un peu artificielle ?

D’abord, on peut remarquer que si la joie ne se décide pas, on peut décider de l’accueillir ou de la refuser. Celui qui est de mauvaise humeur trouvera toujours un bon prétexte pour récriminer et s’isoler d’un moment joyeux. Quand on relit la première lecture, on se rend compte que Sophonie, au contraire, invite à accueillir la joie, et pour cela il en donne le motif : « le Seigneur est en toi ». La joie est donc comme le murmure de la brise légère qu’il est facile d’ignorer. Ainsi la conversion que nous propose le temps de l’Avent, consiste à tourner nos regards et nos cœurs vers la présence de Dieu au milieu de nous. La joie ne s’impose pas, elle se propose, et c’est à nous d’accueillir cette proposition. Comment remarquer la présence de Dieu ? par une attention plus grande à la Parole qui nous révèle la véritable place du Seigneur dans nos vies.

Il arrive cependant qu’on se trouve dans une situation où les motifs de tristesse s’accumulent. C’est là que nous réalisons que la joie peut aussi se choisir. C’est la fameuse image du verre d’eau dont on peut se réjouir de la moitié pleine ou se désoler de la moitié vide ! Ainsi, dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à choisir la joie en nous en rappelant les moyens : « priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes ». Ce qui est remarquable dans ce conseil, c’est que l’apôtre n’oppose pas nos besoins et l’action de grâce. Il ne s’agit pas de renoncer à demander à Dieu ce qui nous manque, mais en unissant la prière de supplication et la prière d’action de grâce, il nous indique les moyens de choisir la joie. Ainsi nous voilà invités à une conversion de notre prière pour qu’elle puisse conjuguer à la fois nos pauvretés et la richesse du don de Dieu.

Enfin, il nous faut reconnaître qu’il est des circonstances qui sont plus favorables à la joie que d’autres, et qu’il nous appartient de les faciliter. C’est ce que nous indiquent les réponses de Jean Baptiste à ceux qui lui demandent « que devons-nous faire ? ». Il est plus facile d’être joyeux si l’on partage, que si l’on garde jalousement. Celui qui fait son devoir est plus facilement joyeux que celui qui veut étendre son pouvoir. Celui qui au service est plus réceptif aux belles choses de la vie que celui qui combat et doit éviter les coups. Ainsi la conversion de l’Avent, en nous disposant à vivre de manière juste est-elle aussi un moyen de faciliter la joie que Dieu nous destine.

Ce dimanche de la joie, n’est pas un moment où l’on va oublier les exigences de la vie spirituelle, mais un moment où l’on découvre combien nous avons besoin de nous convertir pour être disposés à entrer dans la joie du Seigneur. Par la fréquentation plus assidue de la parole de Dieu, par une prière plus fervente, par une vie plus juste et attentive à ceux qui nous entourent, nous pouvons accueillir, choisir et favoriser la joie.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à accueillir la présence du Seigneur au milieu de nous. Trône de la Sagesse qu’elle nous montre comment préférer le don de Dieu. Mère du Bel Amour, qu’elle nous guide pour que nous fassions ce qui est juste et qu’ainsi nous puissions entrer dans la joie du Seigneur qui nous est proposée dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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