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3 septembre 2023 7 03 /09 /septembre /2023 13:45

22TOA

22° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Jr 20,7-9 ; Ps 62 (63) ; Rm 12,1-2 ; Mt 16, 21-27

« Ne prenez pas pour modèle le monde présent ». L’exhortation de saint Paul aux Romains résonne du reproche de Jésus à saint Pierre : « tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ». Et c’est une parole qu’il est bon d’entendre et de méditer.

Peut-être y a-t-il des époques plus que d’autres où la différence entre les pensées de Dieu et les pensées des hommes est plus évidente voire plus douloureuse. Pourtant cela a toujours été vrai, et c’est un défi constant du chrétien que d’accepter de ne pas faire ou penser comme tout le monde mais de chercher d’abord à discerner la volonté de Dieu. Ce qui doit nous guider dans notre vie, c’est d’abord ce qui est capable de plaire au Seigneur, et cela implique souvent d’aller à contre-courant des habitudes ou des opinions communes. La première conséquence, c’est cette sourde incompréhension du monde qui vaut parfois des moqueries ou des injures, à l’image de ce dont témoignait Jérémie dans la première lecture. Certes c’est désagréable et contrariant d’être humilié ou méprisé, mais le Christ en croix nous rappelle que la fidélité à Dieu est préférable à la considération des foules. Attention toutefois à ne pas inverser les choses : ce n’est pas parce qu’on est humilié qu’on est fidèle à l’évangile, c’est parce qu’on est fidèle à l’évangile que l’on risque d’être humilié. La victime n’a pas toujours raison ce qui compte ce n’est ni d’être honnis ni d’être populaire, c’est d’être fidèle à la Parole de Dieu.

La deuxième conséquence, c’est que dans l’église la réforme n’est pas tant faite pour s’adapter au monde que pour revenir à l’évangile. Pourquoi revenir ? Parce qu’avec le temps il arrive que l’on confonde la foi chrétienne avec les habitudes d’une époque, et ce qui était légitime dans une situation devient incongru dans une autre. Lorsque l’on confond fidélité et immobilisme, on ne suit plus la volonté de Dieu mais le modèle du monde passé ! Celui qui ne veut pas quitter les vêtements de son enfance ne fait pas preuve de fidélité mais de ridicule. Voilà pourquoi, régulièrement, il faut vérifier la fidélité à la Parole de Dieu : ni les idées ou les habitudes d’aujourd’hui ni les idées ou les habitudes d’autrefois ne sont de bons guides pour discerner ce qui est la volonté de Dieu. On ne progresse pas en regardant le monde pour s’y adapter, mais en fixant la Parole de Dieu pour s’y conformer.

C’est que les pensées des hommes ne sont pas seulement celles des autres mais aussi les nôtres ! Pierre en fait l’amère expérience lorsqu’il prétend dicter à Jésus les modalités de sa mission. Et c’est le plus grand défi spirituel que d’accueillir la parole de Dieu lorsqu’elle nous déconcerte ou qu’elle nous contrarie. Même Jérémie connait cette situation : ta parole, dit-il, « était enfermée dans mes os, je m’épuisais à la maitriser sans y réussir ». On ne doit pas chercher dans la parole de Dieu la confirmation de nos opinions mais la lumière qui dévoile ce qui nous appelle, même si cela nous dérange. C’est une belle expérience que de méditer un texte biblique qui nous ravit et nous console, mais le moment où nous réalisons que c’est la parole de Dieu et non pas la parole des hommes, c’est quand un enseignement nous gratte et nous agace. Dans l’Apocalypse, l’ange donne au narrateur un livre qui est doux comme le miel dans la bouche mais amer aux entrailles. C’est une bonne image de la Parole de Dieu qui est à la fois consolante et stimulante. Et si la Parole est à la fois consolante et stimulante, ce n’est pas seulement parce que nous ne sommes pas Dieu, mais parce qu’elle nous entraîne dans le cœur de Dieu qui est l’amour qui donne et se donne et nous invite à perdre pour trouver.

En ce début d’année pastorale, laissons résonner en nous les textes que nous venons d’entendre. Ils nous invitent à nous attacher à la Parole de Dieu plutôt qu’aux pensées des hommes, sans craindre les incompréhensions, sans suivre le modèle du monde de quelque époque que ce soit, sans prendre la volonté de Dieu à notre service, mais en nous laissant prendre par elle pour la servir.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés, qu’elle nous fortifie dans la fidélité à l’appel du Seigneur pour que nous ne nous laissions pas décourager par les difficultés du monde présent. Secours des chrétiens, qu’elle nous guide dans le discernement de la volonté de Dieu pour que nous recherchions ce qui est capable de lui plaire. Refuge des pécheurs, qu’elle nous rende disponibles aux pensées de Dieu, pour que nous puissions renoncer à nous-même et le suivre jusqu’à la croix pour l’accueillir dans la gloire, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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27 août 2023 7 27 /08 /août /2023 12:52

21TOA

21° dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 22, 19-23 ; Ps 137 (138) ; Rm 11,33-36 ; Mt 16,13-20

La scène que nous rapporte l’évangile d’aujourd’hui est bien connue. Elle a suscité d’innombrables commentaires entre les différentes sensibilités chrétiennes pour savoir si elle fondait le rôle et la mission du Pape comme successeur de Pierre. Mais elle est surtout importante parce qu’elle illustre de manière remarquable la dynamique de la foi.

Tout d’abord il y a le dialogue entre Jésus et ses disciples. Le Seigneur pose deux questions : « au dire des gens, qui est le Fils de l’Homme ? » puis « et vous, que dites-vous ? pour vous qui suis-je ? ». La première question est un sondage, la deuxième une interpellation. A la première question les disciples ne font que rapporter l’opinion de la foule, la deuxième question les engage. C’est ainsi que nous pouvons comprendre la différence entre la foi et l’opinion que l’on confond trop souvent. La foi n’est pas une option comme une autre dans l’éventail des réponses possibles, elle n’est pas l’opinion de la majorité interrogée, elle implique personnellement celui qui répond et surtout elle qualifie. Toutes les opinions sont possibles, certaines sont respectables, mais seule la réponse de Pierre à la question de Jésus est la foi chrétienne. Est-ce que ça signifie qu’il comprend parfaitement ce qu’il dit ? Sans doute non, la suite des événements montrera qu’il ne réalise pas très bien ce que c’est qu’être le Christ, le Fils du Dieu vivant, et Jésus remarque « ce n’est pas la chair et le sang » qui ont conduit sa réponse, c’est-à-dire que ça n’est pas l’observation ou la réflexion qui ont guidé sa réponse. Dans une relation, les mots peuvent rester les mêmes, mais le sens peut évoluer et s’approfondir. Ainsi dans la foi on comprend petit à petit les mots que nous prononçons. Il n’en reste pas moins que la foi chrétienne est une position précise vis-à-vis de la personne de Jésus.

Ensuite, après que Pierre ait répondu, Jésus le complimente et le bénit : « Heureux es-tu », et il souligne « c’est mon Père qui est aux cieux qui t’a révélé cela ». Ainsi la foi nait-elle d’une révélation, d’une inspiration divine. On dit qu’il s’agit d’un don de Dieu. Mais comprenons bien. Ce n’est pas parce que Dieu donne que l’homme reçoit, ou plutôt, ce n’est pas parce que l’homme n’a pas reçu, que Dieu n’a pas proposé ! Il arrive qu’on ne demande pas ; il arrive aussi qu’on ne veuille pas recevoir parce qu’on attend autre chose, ou qu’on veuille conquérir par soi-même. La foi engage, mais elle suppose aussi qu’on ait laissé Dieu conduire. Dans la foi, il y a forcément un moment où l’on se laisse faire par le Seigneur, où l’on accepte que ce soit lui qui mène la danse – si vous me permettez l’expression. La deuxième lecture était d’ailleurs un beau témoignage de l’attitude qui permet la foi. « Qui a donné en premier à Dieu et mériterait de recevoir en retour ? ».

Enfin, Jésus confie une mission à Pierre. Une mission qui ressemble beaucoup à celle de gouverneur qu’Isaïe promettait à Eliakim dans la première lecture. A la différence qu’il ne s’agit plus de la clef de la maison de David, mais des clés du Royaume des Cieux. Il y a toujours un pouvoir, une responsabilité, mais il s’agit d’une responsabilité qui résonne jusque dans les cieux. Parce que le chrétien a reconnu qu’en Jésus le Ciel est venu sur la terre, il vit en sachant que ce qu’il fait sur la terre retentit dans le ciel. Il n’y a pas d’un côté ce que l’on fait sur la terre et de l’autre ce qui se passera dans le ciel : ce que l’on vit sur la terre nous prépare à la vie éternelle. C’est particulièrement vrai par les sacrements, mais c’est vrai aussi plus largement. Souvenons-nous des paroles du Jugement : « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Ainsi la foi n’est pas seulement un sentiment, mais une manière de vivre en reconnaissant que le Seigneur a donné à nos actions un poids d’éternité.

A Césarée-de-Philippe, Pierre le premier professe la foi chrétienne, et il nous permet de mieux comprendre ce qu’est la dynamique de la foi : un engagement personnel plutôt qu’une opinion, un don de Dieu qui nous invite à le suivre, l’aventure d’une vie à la mesure du cœur de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à reconnaître le Christ. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous rende disponible au don de Dieu. Porte du Ciel qu’elle nous guide pour que nous vivions à la mesure de ce qui nous est promis et que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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20 août 2023 7 20 /08 /août /2023 08:58

20TOA

20° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 56, 1.6-7 ; Ps 66(67) ; Rm 11,13-15.29-32 ; Mt 15,21-28

Si la rencontre entre Jésus et la Cananéenne est sans doute le plus spectaculaire des textes que nous venons d’entendre, il serait dommage d’ignorer l’oracle d’Isaïe comme l’enseignement de la lettre aux Romains. Les trois lectures, en effet, évoquent un même thème, manifestant ainsi son importance d’autant plus grande qu’on le retrouve à des époques différentes de l’histoire du salut. Il s’agit de savoir qui peut bénéficier de la grâce de Dieu, ou en d’autres termes ce qui définit un fidèle du Seigneur. Dans une époque où les crispations identitaires ne manquent pas, la question peut aider à clarifier ce qu’est la vraie identité chrétienne.

Une première tentation serait d’appuyer l’identité sur l’origine. Comme si l’histoire était l’élément déterminant de la vie religieuse. C’est une question qui se posait déjà au temps d’Isaïe, et plus précisément au retour de l’Exil. Certains voulaient réserver le salut aux seuls juifs et ne voulaient admettre au Temple de Jérusalem que les membres de certaines familles. Or précisément le prophète s’inscrit en faux. « Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur, je les comblerai de ma joie ». « Ma maison s’appellera Maison de prière pour tous les peuples ». Ceux qui ont accès au Sanctuaire ce sont ceux qui « observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance ». La vie spirituelle n’est pas un héritage mais une pratique. Sans doute est-ce que cela aide de vivre dans une famille qui aime le Seigneur, mais cela ne dispense personne de s’investir soi-même et d’aimer à la première personne. Ce qui compte pour Dieu ce n’est pas le passé, mais le présent. L’identité n’est pas liée à une origine mais à un comportement.

La rencontre avec Jésus et la Cananéenne souligne un autre aspect. Jésus commence par refuser, y compris de lui parler, sous prétexte qu’elle n’appartient pas au bon groupe. Lorsqu’il dit de « ne pas prendre le pain des enfants et de jeter aux petits chiens », il évoque une appartenance. Que la femme ne nie pas, puisqu’elle va se comparer elle-même à un petit chien. Mais sa réponse et la réaction de Jésus montre que la grâce ne dépend pas de l’appartenance mais de la foi. C’est que le risque serait de croire que faire partie d’un groupe privilégié nous assure de la bienveillance divine. Si l’on appuie l’essentiel de notre identité sur l’appartenance, il y a un véritable risque d’arrogance et de présomption. Sous prétexte qu’on serait baptisé, ou qu’on serait membre de l’église, on serait assuré du salut. Au contraire, la femme de l’évangile en acceptant humblement d’être comparée à un petit chien, garde son cœur ouvert à la confiance en Dieu. Une confiance qui sait persévérer sans se décourager. Être chrétien n’est pas une étiquette mais une foi. L’adhésion à un groupe compte moins que l’accueil de la parole et la disponibilité à la grâce.

Enfin saint Paul reprend encore la question dans sa lettre aux Romains. Il explique à ces chrétiens d’origine païenne de ne pas regarder de haut les juifs, mais d’espérer la miséricorde de Dieu, comme eux-mêmes en ont bénéficié. La remarque est importante, parce qu’on pourrait facilement retomber dans une autre arrogance, celle de croire qu’on a mérité le salut grâce à ce qu’on a fait. Sans doute la pratique est-elle importante, sans doute la foi est essentielle, mais ce qui est déterminant ce ne sont pas nos habitudes ou nos sentiments, c’est la miséricorde du Seigneur. L’identité chrétienne ne se construit pas, elle se reçoit sans mérite de notre part. « Dieu a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde ». Chaque fois que nous serons tentés de nous enorgueillir de ce que nous sommes ou de ce que nous faisons, souvenons-nous de cette affirmation pour nous rappeler que sans la miséricorde de Dieu nous ne serions rien et nous n’aurions rien pu faire ; et que plutôt de nous glorifier nous ferions mieux de rendre gloire à Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse, qu’elle nous encourage à garder fidèlement la Parole du Seigneur. Secours des chrétiens, qu’elle creuse en nous la disponibilité au don de Dieu. Refuge des pécheurs, qu’elle nous apprenne à reconnaitre la miséricorde qui nous a sauvés pour que nous puissions aimer au rythme du cœur de Dieu et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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15 août 2023 2 15 /08 /août /2023 13:00

0815

Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

Ap 11,19. 12, 1-6. 10 ; Ps 44 ; 1 Co 15,20-27a ; Lc 1, 39-56

« Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles ». Ces mots de l’Apocalypse ouvrent naturellement la liturgie de la Parole pour la fête d’aujourd’hui et ils ont inspiré tout au long des siècles les images par lesquelles on représente la Vierge Marie depuis son Assomption. Arrêtons-nous sur cette description pour mieux saisir ce que signifie le mystère qui nous rassemble ce matin.

Tout d’abord, la Femme a le soleil pour manteau. Le soleil est le symbole de la gloire de Dieu. Astre du jour, source de lumière et de chaleur, c’est lui qui permet l’éclosion de la vie. Familier et lointain, bienfaisant et redoutable, il évoque la puissance et la présence divine. Mais la femme n’est pas le soleil, elle en est enveloppée. « Il s’est penché sur son humble servante, tous les âges me diront bienheureuse » reconnaît Marie dans le Magnificat. Ce manteau de soleil est donc le signe d’une gloire mais d’une gloire reçue, d’une présence qui accompagne. C’est l’image de la sainteté, mais d’une sainteté qui participe au resplendissement divin à la mesure de notre disponibilité. Marie n’est pas Dieu, et cela tombe bien parce que nul d’entre nous ne peut l’être, mais elle porte la gloire de Dieu ce que nous pouvons faire nous aussi, si nous acceptons de ne pas rester sur le trône de nos pouvoirs, et de nous laisser élever par celui qui disperse les superbes.

Ensuite, la lune est sous ses pieds. La lune est l’astre de la nuit, son apparition marque la fin du jour, et l’alternance de ses transformations mesure le défilement des mois. Elle est donc le symbole du temps qui passe. Si la lune est sous les pieds de la femme, c’est qu’elle est devenue inutile : par l’Assomption, Marie est entrée dans l’éternité. Mais cela signifie aussi que le temps est dominé. Or c’est bien la fidélité qui permet de vaincre le temps et de ne pas se laisser emporter par les caprices des changements. Marie est bien témoin de cette fidélité, de l’Annonciation jusqu’au pied de la croix, elle reste fidèle à la Parole de Dieu. Une fidélité qui s’appuie sur la fidélité de Dieu, de celui dont « la miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent », de celui qui « se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères ». Pour Marie, comme pour nous, l’éternité est en germe quand on accueille la parole de Dieu et qu’on la garde.

Enfin, la Femme a une couronne de douze étoiles. Les marins savent combien sont utiles les étoiles pour se repérer quand on manque de repères. Elles sont douze comme les tribus d’Israël ou comme les apôtres du Seigneur. La couronne d’étoiles représente donc l’ensemble de ceux qui nous précèdent et qui nous montrent le chemin. Elle rappelle que nous n’avançons pas tout seul, que la vie chrétienne n’est pas une affaire individuelle et que la sainteté n’est pas une aventure solitaire. L’évangile nous rappelait d’ailleurs que le Magnificat jaillit au cœur d’une rencontre et non pas dans l’isolement d’une expérience mystique. L’Assomption, ce n’est pas un spectacle mais un appel, comme le dira la préface c’est « un signe d’espérance et une source de réconfort pour nous qui sommes encore en chemin ».

Alors, contemplons le grand signe apparut dans le ciel. Reconnaissons en Marie la présence divine qui se déploie à la mesure de son humilité, avançons avec elle dans l’éternité en gardant fidèlement les paroles qui nous sont dites de la part du Seigneur, entrons résolument dans l’assemblée des saints les mains vides de nos richesses pour les ouvrir aux biens dont Dieu veut nous combler.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, éclaire nos cœurs en cette fête de l’Assomption. Humble Servante du Seigneur qu’elle nous rende disponible à la présence du Seigneur. Vierge fidèle qu’elle nous garde dans la confiance à la Parole de Dieu. Reine des Saints qu’elle nous accompagne tout au long de notre vie pour que nous puissions devenir ce que nous sommes et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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13 août 2023 7 13 /08 /août /2023 13:53

19TOA

19° dimanche du Temps Ordinaire - Année A

1 R 19, 9a.11-13a ; Ps 84 (85) ; Rm 9,1-5 ; Mt 14,22-33

Le dimanche, la première lecture est choisie pour faire écho à l’évangile. Ainsi l’histoire d’Elie sur l’Horeb attire notre attention sur la dimension de rencontre avec le Seigneur dans l’aventure de Pierre sur la mer déchaînée. Ni Elie, ni Pierre ne sont des débutants en la matière. On peut même dire qu’ils ont déjà l’expérience de la vie spirituelle. Pourtant ils vivent une étape nouvelle, qui purifie leur cœur et les faits progresser dans la connaissance du Seigneur.

On peut distinguer trois moments dans l’évangile : l’apparition de Jésus marchant sur une mer agitée par le vent ; la marche de Pierre sur les eaux à l’appel du Seigneur ; et enfin le dénouement. Cela évoque les trois grandes étapes du salut et illustre des stades de la relation entre Dieu et nous.

D’abord il y a la création. Alors qu’ils ont peiné toute la nuit contre un vent contraire et une mer qu’on devine agitée, les disciples voient Jésus venir vers eux en marchant sur les eaux. C’est l’image de Dieu maître des éléments, du créateur dominant la création. C’est le premier lieu de la rencontre entre l’homme et Dieu : lorsque l’on se trouve dépassé par le monde qui nous entoure. Cela peut être l’émerveillement devant la beauté d’un paysage ou la finesse de la nature, l’étonnement devant l’infiniment grand ou l’infiniment petit, ce sentiment qui nous fait pressentir que nous ne sommes ni le centre ni le maitre de l’univers. Pourtant il y a quelque chose de bouleversant dans cette rencontre : prenant conscience de sa petitesse et de sa fragilité l’homme craint le Créateur et se cache comme Adam et Eve dans le jardin des origines, ou il s’affole comme les disciples dans la barque, imaginant que ce qui les dépasse leur est hostile.

Aussi faut-il un deuxième moment, celui de la révélation : « Confiance, n’ayez pas peur ». Une phrase qui pourrait résumer toute la parole de Dieu au long des siècles. C’est le deuxième lieu de la rencontre, celui de l’alliance, figurée par le dialogue entre Pierre et Jésus. Il y a une sorte de contrat : « si c’est bien toi, ordonne-moi de venir », chacun a sa part : Dieu appelle et l’homme répond. C’est l’étape de la Loi, d’une prière où l’on s’efforce d’échanger avec le Seigneur. Je fais ceci, tu fais cela. Mais le problème c’est la persévérance ! Après un moment d’enthousiasme, vient la fatigue ou la distraction. Comme Pierre qui regarde la force du vent au lieu de fixer le Seigneur, comme Elie découragé fuyant le courroux de la reine après avoir massacré ses amis les faux prophètes !

C’est pourquoi vient le troisième moment, celui du Salut. Jésus étend la main et saisit Pierre qui s’enfonçait, comme sur l’icône de la Résurrection il étend la main pour saisir Adam enseveli dans les eaux de la mort. La prière n’est plus un contrat mais un appel : « Seigneur, sauve-moi ! ». Le Salut n’est ni l’ouragan qui fend les montagnes, ni la récompense de nos bonnes actions, mais le murmure de la brise légère qui répond au soupir de l’humanité. Il ne s’impose pas, il ne se mérite pas, il s’accueille dans la confiance.

Alors, nous, où en sommes-nous ? Avons-nous réalisé que nous ne sommes pas le centre du monde, mais que la création nous révélait le créateur ? Encore faut-il éviter de se tenir à distance, impressionné par ce qui nous dépasse ! Avons-nous entendu la Parole de Dieu qui nous invite à entrer dans l’alliance ? Encore faut-il éviter de se laisser distraire par les difficultés de la vie qui nous font oublier la présence du Seigneur ! Acceptons-nous d’aller jusqu’au Salut, de l’implorer en se laissant saisir par le Christ pour que nous puissions prier dans le cœur à cœur où compte d’abord la présence de celui qu’on aime et qui aime, pour que la nature ne soit plus un spectacle mais le lieu de la contemplation et de l’adoration ? D’une certaine manière, chacune de ces étapes est nécessaire. Demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer pour que nous puissions discerner le pas que nous pouvons faire aujourd’hui, le lieu où nous pourrons aller pour grandir dans la présence de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin, qu’elle nous apprenne à reconnaître la présence du Seigneur. Trône de la Sagesse, qu’elle fasse résonner en nos cœurs la Parole de Dieu. Reine de la Paix, qu’elle nous accompagne jusqu’au murmure de la brise légère qui nous entraine à la suite du Christ, pour que nous puissions demeurer en lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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6 août 2023 7 06 /08 /août /2023 10:49

TOTRAA

Transfiguration du Seigneur - Année A

Dn 7,9-10.13-14 ; Ps 96(97) ; 2P 1,16-19 ; Mt 17,1-9

Puisque cette année le 6 août tombe un dimanche, la fête de la Transfiguration du Seigneur prime sur le temps ordinaire. Cela nous permet donc de méditer un peu plus longuement sur cet épisode de la vie de Jésus que l’on entend généralement au deuxième dimanche de carême.

C’est qu’il s’agissait d’une sorte de préparation des apôtres aux jours de la Passion, pour qu’ils sachent qui est vraiment Jésus, et qu’ils puissent ainsi attendre et espérer la résurrection. La Transfiguration est donc une sorte de double révélation : révélation de l’identité de Jésus et révélation de sa mission – révélation de l’invisible et révélation du futur, révélation de la présence de Dieu et révélation de sa puissance. Et sans doute cela peut-il nous donner à méditer sur notre propre manière de vivre et de réagir. N’avons-nous pas tendance à nous limiter à l’apparence et à l’instant, à ce que l’on perçoit et à ce que l’on envisage ?

La Transfiguration nous révèle que le monde ne se limite pas à ce que nous en percevons, que n’existe pas seulement ce que l’on sait ou ce que l’on peut savoir. Elle nous rappelle que Dieu est présent même quand nous ne le savons pas, et qu’il est concerné même par ce que nous pensons ordinaire. Nous voilà invités à avoir une vision spirituelle de la vie et des événements, sans ignorer l’invisible, sans s’y réfugier par le rêve. Reconnaître la présence de Dieu auprès de nous c’est éviter de vivre dans un monde mécanique à la mesure de notre perception ou dans un monde fantasmatique à la mesure de notre imagination.

La Transfiguration annonce aussi le mystère de Pâques, elle ne révèle pas seulement qui est Jésus mais aussi sa résurrection. Ainsi, elle ouvre les portes du temps pour que nous puissions savoir ce qui va arriver. Si dans un roman, connaitre prématurément la fin risque de gâcher le suspens, dans la vie, au contraire, cela aide à dépasser les épreuves et à faire les bons choix. Voilà pourquoi il est important aussi de se souvenir que nous sommes destinés à la vie éternelle. Une vie éternelle qui n’est pas un destin survenant quoiqu’on fasse, mais l’aboutissement de l’élan de notre vie. Reconnaître la puissance de Dieu permet d’éviter la vanité de l’instant comme l’angoisse de l’inconnu.

Sans doute pourrions-nous prétendre inventer l’invisible ou le futur. Cependant l’épisode de la Transfiguration nous rappelle que c’est Dieu qui nous les révèle. Encore faut-il imiter les disciples, et comme eux, prendre le temps de se mettre à l’écart du tourbillon de la vie pour entendre la parole de Dieu. Comme le disait saint Pierre dans la deuxième lecture, cette parole est « une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans nos cœurs ». Il ne s’agit pas de s’installer en dressant des tentes, mais d’apercevoir l’éclat de la présence de Dieu, d’entendre l’annonce de sa puissance.

Nous voici donc invités à vivre ce temps de la messe à la lumière de la Transfiguration. Comme un moment où resplendit la Gloire de Dieu, où la Parole nous révèle l’invisible et l’appel de l’éternité, pour que nous puissions vivre en sachant que le Seigneur est présent parmi nous, avancer en nous dirigeant vers la plénitude de sa puissance.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle éclaire notre vie de la présence du Seigneur ; Porte du Ciel qu’elle oriente notre espérance vers la vie éternelle ; Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à méditer la parole pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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30 juillet 2023 7 30 /07 /juillet /2023 10:34

17TOA

17° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

1 R 3, 5.7-12 ; Ps 118 (119) ; Rm 8, 28-30 ; Mt 13, 44-52

L’évangile d’aujourd’hui continue de rapporter les paraboles du Royaume, ces comparaisons par lesquelles Jésus nous prépare aux réalités spirituelles. Des quatre paraboles que nous venons d’entendre, il y en a une qui paraît assez différente des trois autres : celle du filet. Elle parle de tri plus que de trésor, les acteurs principaux sont les anges et non pas les hommes, et elle concerne la fin du monde plutôt que l’attitude à avoir en cette vie. Mais nous ne sommes pas obligés de la considérer comme un intrus : elle peut aussi bien être un point de contraste qui fait ressortir ce que l’on risque d’ignorer. En particulier elle nous avertit de l’importance du tri, c’est-à-dire de l’alternative pour l’acquisition du trésor.

La première histoire était celle du trésor dans le champ. On comprend que l’homme qui le découvre n’est pas le propriétaire du champ, et que c’est pour cela qu’il cache le trésor après l’avoir découvert le temps d’acheter le champ. On a donc deux personnes : le propriétaire qui va vendre son champ sans savoir qu’il contient un trésor, et l’homme qui va acheter le champ en sachant que sa valeur réelle est plus grande que son prix. L’un sait ce qui lui manque, l’autre ignore ce qu’il a. C’est le premier tri, la première alternative : mieux vaut connaître ce qui nous manque qu’ignorer ce qu’on a. Cette alternative nous introduit dans la dynamique de la foi qui comporte aussi bien la connaissance du manque que la perception de ce qui est caché. Le royaume des Cieux se rejoint par la foi : en écoutant la Parole de Dieu qui nous indique ce qu’il faut désirer pour posséder le trésor que le Seigneur nous a rendu accessible.

La deuxième histoire était celle de la perle de grande valeur. L’acteur principal est un négociant, donc un marchand. Habituellement il achète pour vendre, mais ayant trouvé une perle de grande valeur, il vend pour acheter. On peut même penser qu’il gardera cette perle précieusement. Voilà donc un deuxième tri, une deuxième alternative : avoir pour perdre ou perdre pour avoir. L’alternative ne porte plus tant sur la situation de la personne que sur l’attitude. Ici, nous percevons la dynamique de l’espérance qui nous invite à ne pas se satisfaire d’un petit bonheur éphémère, mais à rechercher le grand bonheur, fut-ce au prix de quelque sacrifice. Le royaume des Cieux se rapproche par l’espérance : confiant dans les promesses divines, l’espérance donne à chaque chose son poids d’éternité.

La dernière histoire était celle du maitre de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. La morale parait un peu moins évidente, d’autant que s’il est fait allusion à une alternative, il semblerait qu’il n’y ait pas à choisir entre le neuf et l’ancien, mais à prendre les deux ! C’est qu’en l’occurrence la tendance spontanée serait plutôt dans l’exclusivité : soit le trésor d’un musée où l’on conserve l’ancien ; soit le trésor d’une foire où l’on propose les dernières nouveautés. Jésus semble indiquer que le critère de valeur n’est ni dans l’ancienneté, ni dans la nouveauté. Ce qui donne la valeur c’est ce qui est reçu. Cela rejoint la dynamique de la charité qui se déploie dans le neuf et l’ancien car elle implique fécondité et fidélité. Le royaume des Cieux n’est ni un musée ni une foire, il se prépare par la charité qui déploie ce qu’elle reçoit, et protège ce qu’elle découvre.

Ainsi y a-t-il un lien entre trésor et tri. Si les anges trieront le trésor des hommes comme un pécheur trie ce que rapporte le filet, le royaume des Cieux est aussi comme un trésor qui ne se possède pas sans un certain tri dans nos habitudes et dans nos ambitions. La foi nous fait préférer savoir ce qui nous manque plutôt que d’ignorer ce que l’on a ; l’espérance nous conduit à perdre pour gagner plutôt que gagner pour perdre ; la charité nous apprend à déployer ce que nous recevons en conjuguant fécondité et fidélité.

Que la Vierge Marie, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Fille de Sion, elle a su accueillir le trésor de la Parole de Dieu, qu’elle nous fortifie dans la foi. Demeure précieuse, elle a su trouver la perle du Don de Dieu, qu’elle nous soutienne dans l’espérance. Mère du Bel amour, elle a su épanouir la présence de Dieu, qu’elle nous entraine dans une charité toujours plus fervente, pour que nous puissions, nous aussi, devenir disciples du royaume des Cieux dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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23 juillet 2023 7 23 /07 /juillet /2023 10:31

16TOA

16° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Sg 12,13.16-19 ; Ps 85 ; Rm 8, 26-27 ; Mt 13, 24-43

On se doute bien que Jésus n’est pas venu nous donner des leçons de jardinage et que l’intérêt principal de l’évangile de ce jour n’est pas de nous informer sur la taille des graines ou la lutte contre les mauvaises herbes ! En revanche, il s’agit de nous faire découvrir les secrets du Royaume des Cieux. D’une certaine manière, les paraboles que nous venons d’entendre nous sensibilisent aux traces de l’éternité dans notre vie, c’est-à-dire à l’importance de la durée.

La parabole du bon grain et de l’ivraie nous montre l’importance de la durée pour le discernement. Pour reconnaître ce qui est bon et ce qui ne l’est pas il faut de la patience. Le premier sens du mot patience n’est d’ailleurs pas tant le fait d’attendre que de supporter les inconvénients du mal. Il faut du temps pour vérifier que le bien est vraiment bien, que le mal est vraiment mal. A rebours de l’attitude qui consiste à croire que le plaisir désigne ce qui est bien, et le désagrément ce qui est mal, le Royaume de Dieu nous apprend à laisser le temps décanter les choses pour faire apparaître leur valeur. Sans patience, on est dans le règne de la confusion, où l’on risque de confondre le blé et l’ivraie. Loin des jugements hâtifs et des réactions impulsives, le Royaume des Cieux nous invite à entrer dans la patience divine.

Ensuite Jésus évoquait la parabole de la graine de moutarde. Là encore, l’histoire fait appel à la durée : c’est dans la durée que la plus petite des semences devient un arbre où les oiseaux peuvent faire leur nid. C’est dans le temps que se révèle la nature des choses. Ainsi nous voilà invités à la fidélité qui seule permet le déploiement de l’être. Plus une chose est importante, plus elle a besoin de temps pour se manifester. Sans la fidélité, on est dans le règne de l’apparence, avec son cortège de déceptions et d’occasions manquées : ignorant ce qui mérite d’être respecté ou s’attachant à ce qui ne fait que passer. Au contraire le Royaume des Cieux se construit par les fidélités qui permettent de manifester ce que nous sommes vraiment.

Enfin Jésus comparait encore le Royaume des Cieux au levain enfoui dans la pâte. Pour que celui-ci agisse, là encore, il faut du temps. Ainsi Jésus nous invite à considérer l’importance de la persévérance pour l’action. On est parfois tenté de mesurer l’efficacité à l’immédiateté. Comme si la prière devait se réaliser sitôt qu’elle est formulée, comme si la grâce devait nous transformer comme une baguette magique. Mais l’instant n’est pas le temps de Dieu ! Sans la persévérance nous glissons dans le règne de la vanité. Un proverbe dit que le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui. Si nous voulons agir pour le Royaume des Cieux, il faut accepter cette persévérance qui nous fait épouser le rythme du cœur de Dieu.

En utilisant des paraboles de la vie courante, Jésus nous fait comprendre que ce qui est caché depuis la fondation du monde – selon la parole du prophète – est à notre portée, pourvu que nous sachions préférer la durée à l’instant et suivre les traces de l’éternité dans nos vies. C’est par la patience que l’on peut discerner, évitant ainsi le règne de la confusion ; c’est par la fidélité que déployons ce que nous sommes, déjouant ainsi la tyrannie de l’apparence ; c’est par la persévérance que nous agissons avec le Seigneur, sans nous laisser tromper par la vanité des choses de ce monde.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs quelle nous apprenne à contempler la patience de la miséricorde qui permet la conversion. Secours des chrétiens qu’elle soutienne notre fidélité pour que nous puissions déployer le don de Dieu. Consolatrice des affligés qu’elle affermisse notre persévérance pour que nous entrions dans le Royaume des Cieux et demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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9 juillet 2023 7 09 /07 /juillet /2023 18:33

14TOA

14° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Za 9,9-10 ; Rm 8,9.11-13 ; Mt 11,25-30

Quelle étonnante prière de Jésus : « je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » … En entendant ces paroles du Seigneur, je me souviens d’une histoire que l’on racontait : Au temps de l’athéisme triomphant en Union Soviétique, un enseignant rapportait fièrement à ses élèves les paroles du premier homme à aller dans l’espace, qui aurait dit « j’ai fait le tour du monde et je n’ai vu aucun dieu là-haut », ce à quoi un jeune garçon répondit : « s’il avait été au catéchisme, il saurait que Dieu est invisible » !

En vérité si Dieu cache des choses, cela reste un drôle de secret, puisque c’est un secret qui est accessible à tout le monde : Il n’est pas donné à tout le monde d’être savant ou sage, cela suppose d’étudier et de s’entraîner, de comprendre des choses compliquées ou d’accepter des efforts difficiles. En revanche, être tout-petit est accessible à tous. Cela ne demande aucune capacité particulière, seulement de consentir à la simplicité. Les secrets de Dieu ne sont pas réservés à des hommes ou des femmes d’exception, mais à ceux qui acceptent de les recevoir dans la confiance. Il est vrai que parfois nous préférons être impressionnés par ce qui nous paraît inaccessible, on admire ce qu’on ne comprend pas, on respecte ce qui nous dépasse. Mais Dieu ne cherche pas à nous stupéfier, il se propose de nous accompagner.

C’est d’ailleurs l’image qu’utilise Jésus dans la suite de l’évangile, lorsqu’il parle de joug. Il est vrai que notre culture urbaine nous oblige à faire un petit effort pour bien comprendre ce que le Seigneur nous dit. Le joug, ce n’est pas un fardeau, mais un attelage, qui permet à deux bêtes de traits de porter une charge. « Prenez sur vous mon joug », cela ne signifie pas « acceptez la charge que je vous impose » mais « venez avec moi pour que nous tirions ensemble le poids de votre histoire ». Jésus n’est pas le fermier qui nous impose le joug, mais le compagnon qui le porte avec nous. Et l’on comprend alors pourquoi il dit « mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » : parce que, comme il est plus grand et plus fort que nous, c’est sur lui surtout que porte le poids, nous on ne fait que le soutenir !

Et Jésus explique comment il nous procure le repos : « je suis doux et humble de cœur ». Sa grandeur est la douceur, sa force l’humilité. Voilà ce que les sages et les savants ne peuvent comprendre. Ils pensent que c’est la dureté de l’effort et la fierté de la conquête qui nous font avancer. Mais le secret de Dieu qui se propose à notre confiance, c’est que la douceur et l’humilité font plus que la raideur et l’orgueil. C’est ce qu’annonçait déjà le prophète Zacharie : le roi juste et victorieux n’est pas le conquérant superbe sur son cheval majestueux, mais le pauvre monté sur un âne, un ânon le petit d’une ânesse. C’est aussi ce qu’indiquait saint Paul en nous invitant à vivre selon l’Esprit et non pas sous l’emprise de la chair. Dans les conflits c’est la douceur qui permet le pardon ressuscitant une relation brisée, alors que la dureté de la revanche ne conduit qu’à l’escalade de la violence. Dans les épreuves, c’est l’humilité qui permet la fidélité sans résignation, tandis que l’orgueil opiniâtre enferme dans le désespoir du désastre.

Accueillons donc ce que le Père a révélé aux tout-petits. Dans la simplicité de la confiance laissons-nous accompagner par le Christ. Guidés par l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts acceptons de partager la douceur et l’humilité du Seigneur pour trouver le repos de l’âme.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Fille de Sion qu’elle nous apprenne à nous réjouir des secrets de Dieu proposés aux hommes et femmes de bonne volonté. Mère de Miséricorde qu’elle dispose nos cœurs à la douceur du Seigneur. Refuge des pécheurs qu’elle nous garde dans l’humilité qui permet de se laisser accompagner par le Christ, pour que nous puissions demeurer en Lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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2 juillet 2023 7 02 /07 /juillet /2023 13:41

13TOA

13° Dimanche du Temps Ordinaire- Année A (fête de Saint Pierre & Saint Paul)

2 R 4,8-11.14-16a ; Ps 88(89) ; Rm 6,3b-4.8-11 ; Mt 10,37-42

Si les textes que nous venons d’entendre sont ceux du 13ème dimanche du Temps Ordinaire, ils nous invitent à méditer sur la vie chrétienne, dont saint Pierre et saint Paul que nous honorons aujourd’hui sont des témoins et des exemples.

L’évangile commence par des paroles qui peuvent choquer et paraître excessives. Mais elles ne disent pas qu’il ne faut pas aimer son père et sa mère, son fils ou sa fille … ce serait bien étonnant que Jésus nous demande de ne pas aimer ! L’évangile nous rappelle surtout qu’il y a un choix fondamental à l’origine de notre foi : préférer le Christ. Et comme tout choix, cela implique de sortir du confort de nos habitudes. Si le pêcheur voulait rester solidement attaché au quai où son navire est en sécurité, il ne rapporterait pas grand-chose ! La pêche de loisir, tout honorable soit-elle, n’a pas la même ampleur ni la même importance que la pêche professionnelle ! Eh bien le Christ nous invite à ne pas être des chrétiens de loisir ! Nous pouvons espérer ne pas être confronté à des choix dramatiques, mais c’est parfois dans les petites choses que se manifestera notre préférence pour le Christ : participer à la messe avant de rejoindre une réunion de famille, exprimer une opinion différente de celle de nos proches qui ne partagent pas notre foi … Si nous voulons suivre le Christ, il faut le choisir et ne pas se laisser porter par la routine ou les caprices de notre entourage.

Ensuite Jésus évoque le fait de prendre sa croix, de perdre sa vie à cause de lui. Cela rejoint l’enseignement de saint Paul, dans la deuxième lecture : « par le baptême nous avons été unis au Christ ». Il s’agit de réaliser que la vie chrétienne implique une ressemblance avec le Seigneur. N’est-ce pas lui le premier qui a porté la croix ? Lui le premier qui a donné sa vie pour nous ? Dans sa lettre aux Romains, saint Paul explicitait ce que signifiait cette ressemblance : « pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ ». Il ne s’agit pas tant d’une situation que d’un apprentissage. On pourrait dire qu’il y a un savoir-faire chrétien qu’il faut apprendre et cultiver. Comme le pêcheur de profession s’efforce d’avoir un savoir-faire plus grand et plus précis que le pêcheur amateur, nous ne pouvons pas nous contenter d’être des chrétiens amateurs. Bien sûr il ne s’agit pas de savoir-faire le signe de la Croix ou de connaître les prières … tout cela est bon, mais ça n’est pas suffisant ! Le savoir-faire chrétien, c’est d’abord ce combat spirituel pour mourir au péché et mener une vie nouvelle.

Enfin l’évangile évoquait l’accueil, en écho à la première lecture et à l’accueil du prophète Élisée par la femme de Sunam. « Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé ». En vérité, si ces paroles sont sans doute un encouragement pour les apôtres, il s’agit surtout d’une invitation à l’accueil. Mais Jésus précise : accueillir un prophète en sa qualité de prophète, accueillir un juste en sa qualité de juste. Il y a donc un discernement, un accueil qui est commandé par la reconnaissance dans celui qu’on rejoint de la présence de Dieu en lui. Cela vient d’ailleurs corriger ceux qui verraient dans les premières paroles de l’évangile un appel à s’isoler en négligeant toute relation. Comme il y a un savoir-être chez le pêcheur qui sait où pêcher, quand pêcher et quoi pêcher pour préserver les ressources, il y a un savoir-être chrétien qui sait reconnaître la présence de Dieu dans ceux qu’il rencontre, et qui manifeste sa relation à Dieu dans sa relation aux autres. Ce n’est pas une technique, mais une disposition du cœur à laquelle rien ni personne n’oblige, mais qui donne sens à ce que l’on vit et à ce que l’on proclame.

Comme saint Pierre et saint Paul, colonnes de l’Église, ont témoigné par leur engagement, leurs efforts et leur fidélité, du choix qu’ils ont fait de suivre le Christ et de répondre à son appel, soyons, nous aussi, à notre manière, de ceux qui suivent le Christ parce qu’ils l’ont choisi et préféré, qui s’efforcent de lui ressembler et de le reconnaître dans ceux qu’ils croisent.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Vierge fidèle qu’elle nous apprenne à choisir de Christ à chaque moment de notre vie. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous accompagne dans le combat spirituel pour que nous puissions ressembler toujours mieux au Seigneur. Mère du Bel amour, qu’elle nous encourage à reconnaître la présence de Dieu dans ceux que nous rencontrons, pour l’accueillir en les accueillant, et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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