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25 juin 2023 7 25 /06 /juin /2023 13:02

12TOA

12* Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Jr 20,10-13 ; Ps 68 (69) ; Rm 5,12-15 ; Mt 10, 26-33

Le témoignage de Jérémie dans la première lecture, et les consignes de Jésus dans l’évangile utilisent sans doute un registre différent, mais les deux textes renvoient à la même réalité : ce qui permet au prophète de dépasser les difficultés du moment. Jérémie est plus dramatique, l’évangile plus imagé, mais chaque fois il s’agit d’affirmer la primauté de la puissance de Dieu sur les vicissitudes du moment.

C’est une situation malheureusement récurrente, tout au long des siècles, que la Parole du Seigneur n’est pas toujours écoutée ; trop souvent ce que Dieu veut nous dire n’est pas cru, ce qu’il nous demande n’est pas accompli. Ainsi le prophète, celui qui est messager de la Parole, se retrouve en proie à toute sorte d’hostilité. Le mépris est la manière habituelle de refuser la vérité, la persécution celle de refuser la bonté. Et comme il n’est jamais facile de subir humiliation ou méchanceté, Jésus encourage les apôtres à la confiance et à la fermeté : « Ne craignez pas les hommes, rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu ». Ainsi seront confondus ceux qui ont refusé la Parole : ils finiront par réaliser qu’ils se sont trompés et qu’ils ont mal agi. Ce qui rejoint l’affirmation de Jérémie, au ton plus virulent : « mes persécuteurs trébucheront, leur défaite les couvrira de honte ».

Mais ne nous trompons pas. Il ne s’agit pas de prétendre mettre Dieu de notre côté pour faire triompher nos idées ou justifier nos habitudes, il s’agit de rester du côté de Dieu, même quand c’est difficile et qu’on se retrouve un peu seul face à la foule. Ce qu’il s’agit de proclamer, c’est ce que Jésus. Ce n’est pas parce qu’on est persécuté qu’on est fidèle au Seigneur, c’est parce qu’on est fidèle au Seigneur qu’on risque d’être persécuté ! Aussi l’évangile continue en nous invitant à rester centré sur Dieu en s’appuyant sur son amour et sa sollicitude. C’est l’histoire des moineaux et celle des cheveux qui doit être sans doute comprise plutôt comme une image que comme la description d’une comptabilité capillaire céleste ! Mais ne passons pas trop vite sur ces images, sinon nous risquons de nous faire une fausse idée de la providence. On parle d’un moineau qui tombe à terre, quant aux cheveux, saint Hilaire remarquait déjà qu’il était dit qu’ils sont comptés et non pas conservés ! Pourquoi Jésus prend-il l’exemple de choses aussi fragiles et insignifiantes ? Pour rappeler combien plus Dieu fait attention à nous – « vous valez plus qu’une multitude de moineaux ». Mais on peut y voir aussi l’expression que la providence n’est pas tant de l’ordre de l’immunité que de l’assurance … au sens moderne du mot : ce n’est pas parce que ma voiture est assurée que je n’aurai pas d’accident, mais l’assurance permettra de réparer et de limiter les conséquences désagréables de l’accident.

Sans doute est-ce un grand mystère que cette puissance de Dieu qui n’empêche pas l’hostilité à sa parole. Cela dit, le Christ en croix nous le rappelle constamment : Dieu ne détruit pas le péché en l’empêchant. La vérité et la bonté que Dieu révèle ne s’imposent pas mais se proposent. Ainsi parfois subir le mépris est le prix à payer pour que triomphe la vérité et ne pas céder au pouvoir du mensonge ; la souffrance est parfois le prix à payer pour que triomphe la bonté et ne pas céder au pouvoir du méchant. Ce ne sont pas les hommes, même en nombre, même en force, qui déterminent ce qui est vrai et ce qui est bon. Aussi est-il important, lorsqu’on est mis en demeure de choisir entre le Christ et la foule, de se déclarer pour lui plutôt que de le renier, car notre vie ne s’arrête pas aux tracasseries des hommes, mais à la gloire du Père qui est aux cieux.

Les occasions ne manquent pas hélas de se voir opposer par les hommes des idées ou des comportements contraires à l’enseignement du Seigneur. Les injonctions médiatiques du politiquement correct, les impératifs économiques des puissants de ce monde, et parfois même nos proches peuvent rendre plus difficile notre fidélité à l’évangile et notre fermeté dans la foi. Mais la providence est l’assurance de notre témoignage, laissons-nous conduire par l’invitation du Seigneur Jésus : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé ».

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Secours des chrétiens qu’elle nous accompagne dans les épreuves ; Trône de la Sagesse qu’elle affermisse notre foi ; Porte du Ciel qu’elle conforte notre espérance, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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18 juin 2023 7 18 /06 /juin /2023 13:04

11TOA

11° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Ex 19,2-6a ; Ps 99 ; Rm 5,6-11 ; Mt 9,36-10,8

« Jésus voyant les foules, fut saisi de compassion car elles étaient comme des brebis sans berger ». L’introduction de l’évangile du jour est saisissante. Elle nous donne une image très concrète du cœur de Dieu : saisi de compassion pour une humanité désemparée et abattue. Et naturellement la suite du récit enchaîne sur le choix des apôtres et l’envoi en mission. On peut comprendre que, face à l’ampleur de la tâche, il ait besoin de collaborateurs, mais il faut être attentif à l’image qu’il utilise pour ne pas nous tromper sur ce qu’il attend de nous : « Priez donc le maitre de la moisson d’envoyer des ouvriers pour la moisson ». Évidemment, prier ce n’est pas se décharger sur les autres ! Une prière authentique nous engage, et l’on doit être prêt à entendre l’appel du Seigneur à participer à ce que l’on demande. D’ailleurs, ce sont les mêmes à qui il donne ce conseil, et qu’ensuite il envoie en mission.

Donc il s’agit de moissonner. Pas de semer ! Or trop souvent nous pensons que nous semons et que Dieu moissonnera, alors que l’évangile d’aujourd’hui nous dit exactement le contraire : Dieu a semé et nous demande de moissonner. C’est sans doute dans cet esprit que, dans un premier temps, Jésus envoie les disciples vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Comme le rappelait la première lecture, c’est la nation sainte, le royaume de prêtres : c’est là que Dieu a semé en premier et où personne à ce moment ne moissonne ! C’est aussi pour cela que Jésus affirme : « vous avez reçu gratuitement » : on moissonne ce que nous n’avons pas semé. Ainsi la parole de Dieu nous invite à un premier changement de regard : reconnaître ce que Dieu a préparé chez ceux que nous rencontrons. Ne croyons pas trop vite que nous avons et que les autres n’ont pas, mais apprenons à reconnaître ce que Dieu a mis au cœur des autres et qui demande à être recueilli. La mission n’est pas une conquête ou une puissance, mais le service de Dieu dans le service des autres.

Cela ne veut pas dire que tout vienne de Dieu et que nous devons tout accepter. Sans doute n’y a-t-il pas beaucoup d’experts en agriculture parmi nous, mais nous pouvons comprendre qu’on ne moissonne pas comme on vendange, ou qu’on ne ramasse pas du blé comme on cueille des pommes ! Il y a bien un discernement à avoir, et une proportion de moyens à rechercher. On ne moissonne pas n’importe quoi, n’importe comment. Voilà pourquoi saint Paul invitait les Romains à contempler la mission du Christ : « nous mettons notre fierté en Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ ». Comment reconnaitrions-nous la grâce si nous n’écoutons pas la parole de Dieu ? Et reconnaissant ce que le Seigneur a semé chez les autres, comment pourrions-nous le recueillir si nous ne sommes pas nous-mêmes enracinés en lui ? Méfions-nous des recettes magiques ou des solutions toutes faites : c’est le meilleur moyen d’une mission inadaptée.

Enfin, on nous demande de moissonner, pas de glaner. Celui qui glane, c’est celui qui passe après le moissonneur pour récolter ce qui reste à son propre profit. Or il y a bien un maitre de la moisson qui envoie pour sa moisson. Peut-être est-ce là le défi spirituel le plus important : ne pas travailler pour nous, mais pour Dieu. « Donnez gratuitement » dit Jésus à ses disciples, il ne s’agit pas seulement d’imiter la générosité divine mais aussi d’avoir un détachement qui n’est pas de l’indifférence mais de l’humilité. Tant pis pour l’égratignure narcissique, la mission n’est pas au service de notre gloire mais notre service à la gloire de Dieu. « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire pour ton amour et ta vérité » dit le psaume 113B (115). C’est une bonne prière de moissonneur, pour rester non seulement en tenue mais en esprit de service.

Ainsi nous sommes invités à entendre l’appel du Seigneur à être des moissonneurs de sa grâce, là où nous sommes. Moissonneurs et non pas semeurs, car c’est Dieu qui met au cœur de ceux que nous rencontrons ce que nous devons reconnaître. Moissonneurs et non pas vendangeurs puisque la parole qualifie notre mission. Moissonneurs et non pas glaneurs pour que nous restions dans une dynamique de service où nous donnons gratuitement ce que nous avons reçu gratuitement

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle ouvre nos yeux au don de Dieu au cœur de ceux que nous croisons. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à nous laisser guider par la Parole et par l’Esprit de celui qui nous appelle à œuvrer pour sa moisson. Reine des Apôtres, qu’elle nous garde dans l’humilité du serviteur pour que nous puissions déployer ce que nous avons reçu et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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4 juin 2023 7 04 /06 /juin /2023 13:07

TOTRIA

Solennité de la Sainte Trinité - Année A

Ex 34,4b-6.8-9 ; Dn 3,5 ss ; 2Co 13,11-13 ; Jn 3,16-18

Il est de coutume dans certains pays d’appeler un nouveau-né par le nom marqué au jour de sa naissance sur le calendrier. Donc, si un enfant naissait aujourd’hui, on l’appellerait « Trinité ». Rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans une évocation des célèbres westerns spaghetti … d’autant que de nos jours, il aurait plus de chance de s’appeler « fête des mères ». Ainsi nous voilà à la première de ces trois solennités qui – comme des ricochets de l’effusion de l’Esprit –invitent à entrer dans le Temps ordinaire en contemplant l’amour de Dieu pour nous. Cela dit, l’Évangile choisi cette année me plonge dans une certaine perplexité. Sans doute est-ce un bon moyen pour entrer dans le mystère en gardant l’humilité !

A travers ces quelques mots où Jésus évoque sa mission, nous pouvons remarquer trois choses : d’abord c’est Dieu qui a l’initiative, ensuite nous sommes concernés puisque c’est pour notre salut, enfin l’importance de la foi pour accueillir cette mission. Par la magie du chiffre trois, nous pouvons rapprocher ces remarques des trois actions qui sont attribuées à Dieu dans sa rencontre avec Moïse : il l’appelle, il se place auprès de lui, enfin il passe devant lui. Avec les paroles de la salutation de saint Paul qui concluait la deuxième lecture : « la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit », nous avons peut-être l’éclairage suffisant pour nous aventurer dans la méditation de la Trinité.

D’abord, il y a donc l’initiative de Dieu qui aime le monde et qui pour cela envoie son Fils pour le sauver. C’est aussi Dieu qui demande à Moïse de le rejoindre sur la montagne du Sinaï, pour lui révéler son nom : Le Seigneur, plein d’amour et de vérité. Ainsi le Père est la personne divine qui resplendit de l’amour comme origine. Tant pis pour ceux qui se pensent le centre du monde, ou pour ceux qui mettent leur fierté dans ce qu’ils ont décidé, mais ce que nous connaissons de Dieu, c’est lui qui nous l’a révélé, avant d’aimer nous sommes aimés, notre vie spirituelle est une réponse à l’appel du Père.

Ensuite, nous sommes concernés. C’est pour nous que le Fils est envoyé, c’est à nous qu’il est donné. Ainsi, Dieu ne cherche pas à étaler sa perfection métaphysique, il vient nous rejoindre. Comme le disait la première lecture, Dieu vint se placer là, auprès de Moïse. C’est pourquoi saint Paul parle de la grâce du Seigneur Jésus Christ. La grâce c’est-à-dire le don. Le Fils est la personne divine qui resplendit de l’amour qui se donne. Tant pis pour ceux qui veulent se débrouiller tout seul ou pour ceux qui mettent leur fierté dans leur autonomie, mais comme disait Sainte Thérèse « tout est grâce ». Si notre vie spirituelle comporte des efforts, ce sont des efforts pour recevoir et non pas des efforts pour conquérir. Le Fils est notre porte d’entrée dans la vie éternelle, la main qui nous est tendue pour que nous entrions dans l’amour divin.

Enfin, Jésus insistait sur la foi : « quiconque croit en lui », « celui qui croit en lui ». Croire c’est-à-dire faire confiance et se laisser conduire. Cela rejoint l’image de Dieu qui passe devant Moïse pour proclamer sa tendresse et sa miséricorde. Comme une invitation à le suivre. Ainsi l’amour de Dieu implique aussi la communion de l’Esprit-Saint. L’Esprit-Saint est la personne divine qui resplendit de l’amour qui entraine et qui rassemble. Il est comme un souffle qui met en mouvement. Tant pis pour ceux qui veulent rester isolés, ou pour ceux qui mettent leur fierté dans leur immobilisme, la vie spirituelle est dynamisme, elle est une invitation au dépassement et à la progression. L’amour de Dieu n’est pas l’adoption d’une posture mais le rayonnement de l’Esprit Saint.

La mission du Christ nous révèle le cœur de Dieu : un amour à l’origine de tout, un amour qui donne et se donne, un amour qui entraîne et rassemble. Si nos mots et nos pensées sont bien pauvres pour rendre compte de ce grand mystère, c’est par la contemplation et par toute notre vie que nous pouvons répondre à l’amour du Père, accueillir la grâce du Fils, et nous engager dans la communion du Saint Esprit.

Que la Vierge Marie, avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à aimer comme nous sommes aimés ; Secours des chrétiens qu’elle nous montre comment accueillir la grâce de Dieu ; Reine de saints qu’elle nous entraîne dans le souffle de la paix, pour que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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28 mai 2023 7 28 /05 /mai /2023 13:34

PENA

Pentecôte - Année A

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; 1 Co 12, 3b-7. 12-13 ; Jn 20, 19-23

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, saint Jean rassemble en un même jour le mystère que nous célébrons sur cinquante jours : D’abord la joie de Pâques, celles de la rencontre avec Jésus ressuscité ; ensuite l’envoi en mission que nous avons célébré à l’Ascension ; enfin le don de l’Esprit, que nous fêtons aujourd’hui, et que le Seigneur souffle sur ses apôtres. Ainsi nous pouvons d’un seul coup d’œil embrasser l’ensemble du mystère, en percevoir son unité et sa dynamique.

Mais il ne faudrait pas nous laisser distraire par une interprétation restrictive des paroles de Jésus qui accompagnent le don de l’Esprit : « à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ». Puisque ces paroles sont liées au don de l’Esprit elles concernent tous les baptisés et non pas seulement les prêtres. Les prêtres, dans la confession, les accomplissent d’une certaine manière ; mais c’est tout chrétien qui est amené à vivre cette parole de Jésus. Non pas dans un sacrement, mais par sa vie, par ses relations, par sa prière, par son engagement. Ce que disent surtout ces paroles, c’est que Jésus nous confie par l’Esprit Saint, ce lien unique entre le ciel et la terre qu’il incarnait afin ce que nous vivions sur la terre retentisse dans le ciel.

L’Esprit vient de Jésus, puis que c’est lui qui le souffle sur les apôtres ; mais réciproquement, c’est l’Esprit qui conduit à Jésus puisque, comme l’indique saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens, nul ne peut dire « Jésus est Seigneur », sinon dans l’Esprit Saint. Ainsi Jésus est inséparable de l’Esprit, et l’Esprit inséparable de Jésus. Nous voilà plongés au cœur du mystère d’une alliance. Ce que manifeste d’ailleurs la fête de la Pentecôte qui est la fête de l’Alliance entre Dieu et les hommes, puisqu’il s’agissait du jour où l’on rappelait le don de la Loi sur le Sinaï. Ainsi la nouvelle alliance, ce ne sont plus les tables de la Loi, mais l’Esprit-Saint.

Et l’image de l’unité à laquelle conduit le don de Dieu nous est rappelée dans la première lecture. Tous les hommes entendent proclamer les merveilles de Dieu, chacun dans sa langue. La diversité n’est plus comme à Babel, le tragique échec d’une humanité qui se prend pour Dieu, c’est le signe du concert des nations où chacun est appelé dans la particularité de son histoire. C’est aussi ce que rappelait saint Paul : les dons sont variés, les services sont variés, les activités sont variées … mais c’est toujours le même Seigneur. Nous sommes comme les membres d’un corps : unis parce qu’uniques. L’Esprit-Saint ne fait pas de nous des clones, il nous permet de déployer notre propre vocation : ce que nous sommes, personne ne peut l’être à notre place.

Et cette unicité, parce qu’elle est communion, ne nous éloigne pas les uns des autres. Au contraire d’une station-service où chaque voiture vient se ravitailler pour suivre des routes différentes, l’Église est le lieu du rassemblement et de la complémentarité pour que les différences des uns soient richesses pour les autres. L’unicité n’est pas isolement, mais un souffle qui nous met au service les uns des autres. L’Esprit Saint nous entraine dans le mystère de l’unité dans la multiplicité, dans la Tri unité ou Trinité, mystère que nous méditerons dimanche prochain.

Ainsi, nous découvrons combien l’Esprit Saint est le maître de l’unité. Unité avec le Christ qui révèle l’unicité de chacun de nous, unicité de chacun de nous qui fortifie l’unité entre nous et avec le Christ. L’Esprit Saint est celui qui permet notre communion au Christ, une communion qui nous introduit dans la communion divine et nous fait communier les uns aux autres.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est le Temple de l’Esprit, l’Arche de la nouvelle alliance et la Mère de l’Église. Qu’elle nous apprenne à nous laisser unir toujours plus au Christ par l’Esprit Saint. Qu’elle nous montre comment laisser l’Esprit Saint déployer en nous les dons de sa grâce, pour que nous puissions, avec Marie, vivre déjà entre nous le rassemblement du genre humain en Dieu auquel nous sommes appelés dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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21 mai 2023 7 21 /05 /mai /2023 13:05

7PAA

7° Dimanche de Pâques - Année A

Ac 1,12-14 ; Ps 26 ; 1 P 4,13-16 ; Jn 17,1b-11a

Entre l’Ascension et la Pentecôte, nous voici invités à nous joindre aux Apôtres, dans la chambre haute, où ils se tenaient habituellement, assidus à la prière avec Marie la mère de Jésus. Et la prière de l’Église commençante est comme un écho de la prière de Jésus que rappelait l’évangile. Dans les paroles du Seigneur, il est beaucoup question de glorifier : « Glorifie ton Fils afin que le Fils de te glorifie » ; « je t’ai glorifié sur la terre, maintenant glorifie moi auprès de toi » ; « je suis glorifié en eux ». Si nous voulons rejoindre la prière du Seigneur, essayons de mieux comprendre ce que cela signifie.

Tout d’abord, il faut entrer dans la conception biblique de la gloire qui est peut-être un peu différente de la nôtre. Pour nous, la gloire est sans doute de l’ordre de la renommée, de la célébrité ou des honneurs. Or, en hébreu, la gloire évoque l’idée de poids, elle ne vient pas tant de ce qu’on dit d’une personne que de sa valeur. La gloire, ne vient pas des autres, mais de soi : c’est en quelque sorte le rayonnement d’une personne, la véritable mesure de ce qu’elle est. Quand Jésus dit : « glorifie-moi pour que je te glorifie » il ne s’agit pas d’une sorte de pacte plus ou moins honnête où l’on renvoie l’ascenseur des honneurs ! Il s’agit au contraire d’entrer dans une plénitude de relation : que le Père manifeste le Fils comme Fils, pour que le Fils manifeste le Père comme Père. Nous sommes donc invités à contempler le mystère même Dieu, ce dynamisme d’amour entre le Père et le Fils qui depuis l’Ascension se déploie et s’épanouit.

Ensuite, Jésus évoque sa mission pour aspirer à cette plénitude : « je t’ai glorifié sur la terre […] glorifie-moi auprès de toi ». On comprend aisément qu’il y a deux lieux différents : la terre et le ciel. A vrai dire c’est une évidence, mais il est bon de s’en souvenir car il est facile d’oublier le ciel pour n’avoir que la terre comme horizon de nos vies, ou d’oublier la terre en pensant être déjà dans le ciel. Ce ne sont pas deux mondes séparés, mais ce sont deux mondes différents. Et parfois cette différence peut engendrer quelques frottements ! C’est ce dont témoigne la lettre de saint Pierre. Sans doute écrite au moment où les chrétiens commencent à subir quelques tracas, l’apôtre y rappelle l’importance de s’attacher d’abord à ce que nous avons reçu : l’Esprit de Gloire, l’Esprit de Dieu. Il ne s’agit pas de rechercher systématiquement la souffrance ou la persécution, ni de les fuir systématiquement. Elles n’indiquent ni le mal, ni le bien. Elles n’indiquent pas systématiquement le mal : puisque Jésus a souffert et été insulté, on sait que la gloire de la terre n’est pas la gloire du ciel. Mais la souffrance et la persécution n’indiquent pas non plus systématiquement le bien. Avec beaucoup de réalisme, saint Pierre avertit aussi « que personne n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur ou agitateur ». En d’autres termes, ce n’est pas parce que vous êtes incompris que vous avez raison ! L’Ascension nous rappelle la distance entre le ciel et la terre, pour que nous puissions orienter nos vies dans le bon sens : de la terre vers le ciel, sans nous croire déjà arrivés, que ce soit sur la terre ou dans le ciel.

Enfin Jésus témoigne : « je suis glorifié en eux ». C’est-à-dire que ce sont ses disciples qui manifestent qui il est vraiment. Si le Père glorifie le Fils dans le ciel, les chrétiens glorifient le Christ sur la terre. Comment ? En gardant la parole qu’il nous a donnée et qu’il avait reçue du Père ; en reconnaissant sa nature et sa mission divine. « Ils ont reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé ». Ainsi la gloire du Christ repose sur notre fidélité et sur notre foi. Être chrétien, ce n’est pas seulement avoir certaines idées ou certaines habitudes, ce n’est même pas suivre un personnage historique ou être fasciné par son enseignement ; depuis l’Ascension être chrétien c’est rejoindre le regard du Père sur le Fils, manifester par notre vie ce que le Père manifeste dans son amour.

Puisque Jésus avait recommandé aux disciples de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre le don de Dieu ; tenons-nous avec l’Église naissante dans la chambre haute, d’un même cœur assidu à la prière, pour contempler le mystère de Dieu qui déploie sa plénitude quand le Père glorifie le Fils qui le glorifie ; pour nous attacher à l’Esprit de Gloire qui repose sur nous, en nous détachant de la gloire du monde ; pour garder fidèlement ce que nous avons reçu et manifester toujours mieux la vraie nature de celui en qui nous croyons.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reflet de la clarté divine qu’elle guide nos cœurs vers le cœur de Dieu ; Tunique d’espérance qu’elle nous garde unis à l’Esprit de Gloire ; Rayonnement de Joie qu’elle soutienne notre fidélité pour que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques : le Christ est resuscité ! Alléluia ! Il est vraiment resuscité ! Alléluia !

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18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 12:41

PAASCA

Ascension du Seigneur - Année A

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 1,17-23 ; Mt 28,16-20

Quarante jours après Pâques nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Comme nous avons eu quarante jours pour nous préparer au grand mystère, nous avons eu quarante jours pour le méditer. Quarante jours pour creuser en nous le désir de Dieu et quarante jours pour goûter sa présence. Et voilà qu’une page se tourne, qu’un nouveau temps commence. Mais il y a un aspect un peu paradoxal dans cette fête : comme les disciples d’Emmaüs, c’est au moment où ils reconnaissent le Seigneur qu’il disparaît à leurs regards. On dirait que le mystère de Dieu se donne en se dérobant. Il y a, dans l’Ascension, quelque chose qui prend la logique humaine à contrepied pour nous permettre de pressentir la logique divine.

Dans l’Évangile, Jésus dit aux disciples : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » et il rajoute alors « de toutes les nations faites des disciples ». Mais s’il a tout pouvoir, pourquoi ne fait-il pas lui-même des disciples ? Ce serait plus simple et plus efficace ! Pourquoi la puissance de Dieu se manifeste-t-elle par son absence ? C’est qu’il s’agit d’une puissance qui se partage et non pas d’une puissance qui s’impose. Une puissance avec nous et non pas une puissance malgré nous ou sans nous. L’Ascension prend à contrepied notre idée de toute puissance pour nous faire découvrir, par le témoignage l’importance que nous avons dans le cœur de Dieu qui compte sur nous pour transmettre ce que nous avons reçu, pour partager la puissance incomparable qu’il déploie pour nous les croyants – comme disait saint Paul dans la deuxième lecture.

Dans le récit des Actes des Apôtres, au cours du tout dernier repas que Jésus prend avec les disciples, pour que s’accomplisse la promesse du Père, « il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem » Donc la mission jusqu’aux extrémités de la terre commence en ne quittant pas Jérusalem ? Parce que l’Esprit Saint qu’ils doivent recevoir ne peut pas les retrouver s’ils sont déjà en route vers les nations ? Le don de Dieu serait-il limité à un lieu particulier ? Ça fait peut-être l’affaire des agences de pèlerinage, mais pas celle de ceux qui n’ont pas les moyens du voyage ! Bien sûr, on peut comprendre qu’il s’agit d’une manière pour le Seigneur de nous inviter à l’attente qui permet de manifester la disponibilité. Trop souvent nous imaginons l’Esprit Saint comme quelque chose de magique, presque mécanique, instantané et inconditionnel. Mais là encore le don de Dieu ne se fait pas malgré nous ni sans nous : le Seigneur attend que nous soyons disponibles à le recevoir pour nous le donner. Le temps qui sépare l’Ascension de la Pentecôte prend à contrepied notre idée de l’action divine pour nous faire découvrir, par la patience, l’importance d’une relation qui soit de l’ordre de l’alliance et qui demande de notre part une disponibilité de cœur pour accueillir ce que Dieu veut nous donner.

Enfin, après le départ de Jésus, les hommes en vêtement blanc qui se tiennent devant les apôtres leur reprochent de rester à regarder vers le ciel. On comprend le sens du message, mais ce qui est curieux c’est la raison qu’ils donnent : « il viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ». Si Jésus doit revenir depuis le ciel, n’est-ce pas au contraire normal de l’attendre en regardant dans la direction d’où il arrivera ? C’est vrai que, vu le temps qu’il met à revenir, les disciples vont attraper un torticolis ! Mais quand même, si nous attendons sa venue, ne faut-il pas la veiller ? En fait, nous comprenons bien que ce n’est pas la bonne manière d’attendre. On n’attend pas la venue du Seigneur en regardant dans une direction, fût-ce l’Orient, même liturgique, on attend la venue du Seigneur en gardant fidèlement sa parole, en étant attentif à sa présence, lui qui a affirmé qu’il était « avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Ce n’est pas en se tournant vers un ailleurs vide que nous attendons le Seigneur, mais en étant présents à sa présence invisible, c’est par notre fidélité attentive et persévérante que nous attendons le retour du Seigneur. Là encore, l’Ascension prend à contrepied notre idée de l’attente de Dieu pour que nous découvrions, par la fidélité, l’importance de ce que nous vivons et de la manière dont nous vivons.

Ainsi l’Ascension n’est pas un point final, mais un commencement. S’il peut nous paraître paradoxal que la plénitude de la Gloire du Christ se manifeste par le témoignage des hommes, que la mission universelle commence par un temps de recueillement à Jérusalem, et que l’attente de la venue du Seigneur implique de ne pas regarder fixement le ciel, c’est que Dieu nous révèle l’importance du partage, de la disponibilité et de la fidélité qui nous disposent à déployer ce que nous avons contemplé pour que nous puissions participer à l’accomplissement total du Christ.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle fortifie notre foi, pour que nous puissions témoigner de ce que nous avons reçu. Temple de l’Esprit Saint qu’elle éduque notre espérance, pour que nous puissions être disponible au Don de Dieu. Mère du Bel Amour qu’elle encourage notre charité, pour que nous restions fidèles à l’enseignement du Seigneur et que rayonne en nous la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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14 mai 2023 7 14 /05 /mai /2023 08:35

6PAA

6° Dimanche de Pâques - Année A

Ac 8,5-8.14-17 ; Ps 65 ; 1 P 3,15-18 ; Jn 14,15-21

Le pire n’étant jamais sûr, vous n’avez peut-être pas eu l’outrecuidance en entendant l’évangile de penser comme moi la première fois : « qu’est-ce que c’est que ce charabia ! ». Saint Jean a parfois des textes tellement alambiqués qu’il faut faire un acte de foi pour les recevoir comme révélés ! Cela dit que le Seigneur me pardonne ces pensées et ces paroles, je sais très bien que la difficulté vient plus de mon étroitesse d’esprit que du style oriental de l’apôtre !

Lisant et relisant le texte pour essayer quand même d’en saisir quelque chose j’ai eu l’impression que le Christ nous invitait à une unité très profonde. Unité d’autant plus profonde qu’elle a pour modèle et origine l’unité de Jésus et du Père. « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous … celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » Est-il vraiment possible d’expliquer clairement ce qui se passe en Dieu ? Ce qui se passe avec Dieu ?

Cela dit, l’essentiel n’est peut-être pas d’expliquer, mais de vivre ! Et pour vivre l’unité avec Dieu à sa manière, nous ne pouvons pas compter sur notre force, ni sur notre habileté ni même sur notre expérience. Il faut recevoir l’Esprit Saint. Dit en d’autres termes, pour entrer dans la Trinité, dans le dialogue d’amour de Dieu, il faut être introduit par l’Esprit de Dieu. Et c’est bien pour ça que les samaritains doivent non seulement être baptisés au nom du Seigneur Jésus, mais aussi recevoir l’Esprit Saint par l’imposition des mains des apôtres.

Tout part de Dieu, mais ça ne signifie pas que nous n’ayons rien à faire ! Il n’y a pas d’amour si chacun n’agit pas pour l’autre. Si Dieu donne, il faut recevoir au sens d’accueillir, d’accepter. Et cela implique un déplacement de notre cœur, choisir l’Esprit de vérité plutôt que suivre l’esprit du monde. Si nous voulons que Dieu soit présent dans notre vie, si nous voulons qu’il nous aide, il faut lui laisser une place, il faut le laisser agir.

« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi » dit le Seigneur dans l’Apocalypse. L’image est parlante : elle rappelle l’initiative de Dieu et l’importance de notre disponibilité. Mais elle montre un autre aspect important : Dieu se propose de demeurer. Il ne fait pas que passer. Aussi notre réponse doit elle également demeurer. C’est ce qu’on appelle la fidélité. « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime » dit Jésus. Il ne suffit pas de recevoir, il faut garder. C’est la fidélité qui permet à l’Esprit d’agir pour arriver à la ressemblance. C’est ce qu’expliquait saint Pierre dans la deuxième lecture : « il vaudrait mieux souffrir en faisant le bien, plutôt qu’en faisant le mal, car le Christ lui aussi a souffert pour les péchés ».

Alors comment vivons-nous cette union avec Dieu et en Dieu ? Sa présence est-elle pour nous une conquête ou un don ? Comment recevons-nous ce que le Seigneur nous donne ? Savons-nous l’accueillir et le choisir ? Acceptons-nous de demeurer dans l’unité, en gardant fidèlement ce que nous avons reçu ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle ouvre nos oreilles pour que nous entendions l’appel de Dieu. Refuge des pécheurs qu’elle ouvre nos vies au Don de Dieu pour que nous choisissions de l’accueillir. Vierge fidèle qu’elle ouvre nos cœurs à la fidélité du Seigneur pour que nous gardions ce que nous avons reçu et que demeurant en lui comme il demeure en nous, resplendisse là où nous sommes la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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7 mai 2023 7 07 /05 /mai /2023 13:19

5PAA

5° Dimanche de Pâques - Année A

Ac 6,1-7 ; Ps 32 ; 1 P 2,4-9 ; Jn 14,1-12

En ce temps-là, Jésus s’apprête à quitter ses apôtres pour rejoindre le Père. Il le dit au moins deux fois, d’abord au début de l’évangile que nous venons d’entendre, mais aussi à la fin du texte. Un peu spontanément, on pense au temps qui précède sa Passion, c’est d’ailleurs à ce moment-là que le texte est situé dans l’évangile de saint Jean. Mais à la réflexion, le temps où Jésus part vers le Père, c’est aussi le temps de Pâques, avant l’Ascension. Ainsi les paroles qui nous sont données aujourd’hui ne nous replongent pas dans la gravité d’une fin de carême, mais elles éclairent le sens du temps pascal. Un temps où nous ne sommes pas invités simplement à goûter la joie de la résurrection, mais à entrer dans le temps de la foi, celui qui s’ouvre avec le départ du Seigneur vers le Père.

Cela commence par une promesse : « je vais vous préparer une place et je reviendrai pour vous emmener auprès de moi ». Comme une présence qui nous précède et nous accompagne. Voilà pourquoi Jésus est le chemin, une présence qui nous précède et nous accompagne. Or Thomas lui objecte « nous ne savons pas où tu vas, comment saurions-nous le chemin ? ». Mais est-il besoin de connaître l’arrivée pour connaitre le chemin ? Bien sûr, cela peut rassurer et motiver. Mais ce n’est pas nécessaire … on peut aussi se laisser guider par le chemin pour découvrir là où il nous emmène. Parfois le chemin – par exemple en montagne – nous semblera faire des détours qu’on pourrait juger inutiles, mais qui nous épargnerons des efforts trop grands, ou nous éloignerons de dangers que nous ignorons. Suivre un chemin suppose de lui faire confiance. Puisque croire c’est se mettre à la suite du Christ, la foi est l’attachement à la promesse du Seigneur

Ensuite Jésus évoque la connaissance. « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ». Mais Philippe réagit : « Montre-nous le Père, cela nous suffit ». La réflexion n’est pas irrespectueuse, on pourrait la comprendre comme une manière de dire « on n’en demande pas tant, ne te donne pas tout ce mal ». Pourtant Jésus semble attristé par les paroles de Philippe. Il lui reproche de ne pas avoir reconnu la vérité de ce qu’il est. Et nous comprenons ce qu’il peut y avoir d’ambigu dans la demande de Philippe. Comme s’il disait, « ne t’inquiète pas, nous nous débrouillerons tout seuls ». Il y a là un enjeu important sur la vérité. Si voir donne une certaine connaissance, toute connaissance ne vient pas de ce qu’on voit. Et même peut-être ce qui est le plus important, ce n’est pas ce que nous voyons mais ce que nous croyons (à condition de ne pas croire n’importe qui, bien sûr !). Comme disait le Petit Prince : L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur. Ainsi la vérité que propose le Christ est-elle de l’ordre de la révélation, de ce qu’on ne peut pas voir, mais qu’il faut croire. Voilà pourquoi la foi est aussi l’accueil d’une révélation.

Enfin Jésus parle des œuvres. Les œuvres qu’il a faites, mais aussi celles que nous ferons, qui sont, dit-il, « plus grandes parce que je pars vers le Père ». On peut rapprocher cet enseignement de sa parole : « je suis la vie ». Car, qu’est-ce que la vie sinon un don à recevoir et à déployer. Un mystère qui s’épanouit par l’effacement de son origine. Comme un passage de témoin. On sait qu’il y a quelque chose de la réflexion de Jean-Baptiste dans l’attitude des parents pour leurs enfants : « il faut qu’il croisse et que je diminue ». C’est vraiment bouleversant d’entendre Jésus se placer dans les mêmes dispositions : il part vers le Père pour nous laisser la place. Pour que nous puissions déployer ce qu’il nous a donné. La foi est aussi l’acceptation d’une mission, c’est accepter que Dieu remette sa grâce entre nos mains, c’est une confiance en Dieu qui répond à la confiance de Dieu.

Parce que Jésus est le chemin, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme attachement à la promesse. Parce que Jésus est la vérité, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme accueil de sa Révélation. Parce que Jésus est la vie, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme acceptation de sa mission.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous guide sur le Chemin à la suite du Christ pour que nous avancions dans l’espérance. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous dispose à la Vérité manifestée par le Christ pour que nous soyons fortifiés dans la foi. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage dans la Vie communiquée par le Christ pour que nous déployons la charité et que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 13:03

4PAA

4° Dimanche de Pâques - Année A

Ac 2,14a.36-41 ; Ps 22 ; 1 P 2,20b-25 ; Jn 10,1-10

Le quatrième dimanche de Pâques est appelé dimanche du Bon Pasteur, parce qu’on y entend un évangile où Jésus utilise une métaphore pastorale pour parler de sa mission. Que le Christ soit le Bon Pasteur, ne devrait pas trop nous surprendre : l’image est l’une des plus anciennes et des plus traditionnelles, elle s’inscrit aussi dans la continuité de l’Ancien Testament où l’on retrouve souvent cette idée que le peuple est le troupeau dont Dieu est le berger. Cela dit, vous me trouverez peut-être un peu pinailleur, mais dans l’évangile que nous venons d’entendre c’est plutôt à la porte que le Seigneur se compare, la porte par laquelle le pasteur doit passer. Alors, est-il donc la porte ou le pasteur ? Et tant qu’on y est, compliquons encore les choses : tout à l’heure nous le désignerons comme l’agneau de Dieu ! Comme le but de la méditation n’est pas d’avoir mal à la tête ni de faire du mauvais esprit, laissons-nous plutôt inspirer par les images pour essayer de mieux comprendre la place du Christ dans l’Église.

Tout d’abord, il est le pasteur, comme le disait saint Pierre « vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes ». Cela veut dire que l’Église n’est pas un troupeau auto-géré qui se suffirait à lui-même ; elle n’est pas un groupe qui se rassemble pour une cause commune et qui décide ce qu’elle va faire selon des processus à définir selon les époques. Reconnaître le Christ comme notre pasteur, c’est accepter que l’assemblée ne soit pas un cercle sympathique refermé sur lui-même, mais qu’elle ait un vis-à-vis : le Christ qui est son origine et son but. En terme théologique, c’est la raison d’être de la structure hiérarchique de l’Église. Ceux qui n’aiment pas l’expression pourront en proposer d’autres, à condition de garder cette place unique et incontournable du Christ. Sans le Christ, il n’y a pas d’Église. Et ce n’est pas seulement une histoire de mots, mais c’est aussi une manière de fonctionner.

Ensuite le Christ est la porte. D’après ce que Jésus développe dans l’évangile, cela indique le critère de discernement : celui qui passe par la porte est le pasteur, celui qui ne passe pas par la porte est le voleur. Le Christ est donc la référence. Quelqu’un peut bien se prétendre envoyé par Dieu pour une mission, s’il ne passe pas par le Christ, s’il ne se conforme pas à son enseignement, ce n’est pas un pasteur mais un voleur. Ces derniers temps, au moins dans certains cercles, on a beaucoup parlé de cléricalisme comme la source de toutes sortes de dérives. En vérité le problème du cléricalisme ce n’est pas qu’il y ait des clercs, c’est quand les clercs ne se réfèrent qu’à eux-mêmes et non pas au Christ. Le problème c’est quand celui qui devrait montrer le Christ, ne montre que lui-même, quand celui qui devrait faire retentir la parole du Christ ne fait retentir que sa propre parole. Et cette leçon n’est pas seulement pour les clercs, mais pour tous. Pour reprendre l’image de l’évangile, chaque brebis peut vérifier que celui qui se prétend pasteur entre bien par la porte qui est le Christ. Il faudra parfois renoncer à d’autres attraits plus humains, pour garder le Christ comme ultime critère de nos enthousiasmes … et même de nos animosités !

Enfin, Jésus est aussi l’agneau de Dieu … si nous sommes les brebis, cela peut suggérer une proximité particulière, mais nous savons que la phrase continue « qui enlève les péchés du monde ». Cela nous renvoie donc au mystère du salut, à la dynamique de Pâques : le Christ est celui qui donne et se donne. Il y a donc aussi cette dimension de guide et d’exemple. Qu’il soit l’agneau de Dieu, ne signifie pas tellement qu’il soit comme nous, mais que nous devons être comme lui ! C’est ainsi que la deuxième lecture proposait de vivre nos difficultés comme le Christ a vécu sa passion. C’est aussi l’invitation de Pierre à ses auditeurs de la Pentecôte à entrer dans la promesse par la conversion, le baptême pour le pardon des péchés et le don de l’Esprit-Saint. C’est encore la réflexion de Jésus : « elles le suivent car elles connaissent sa voix ». Dans le Christ, Dieu s’est fait proche de nous pour que nous puissions le connaître, et que le connaissant nous puissions le suivre. Certains pères parlent du chrétien comme un autre Christ … c’est ce qu’indique le cierge allumé au cierge pascal qu’on remet au nouveau baptisé, c’est surtout le cœur de notre vocation, le centre de notre mission.

Ainsi puisque Christ est notre Pasteur, il est notre référence ; puisqu’il est la Porte, il est notre critère ; puisqu’il est l’Agneau il est notre modèle.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère de l’Église qu’elle garde nos oreilles attentives à écouter la parole du Bon Pasteur ; Etoile du matin qu’elle garde nos yeux fixés sur le Christ ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle garde nos cœurs attachés à celui qui nous a ouvert le Cœur de Dieu pour que nous puissions resplendir de la gloire de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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23 avril 2023 7 23 /04 /avril /2023 09:54

3PAA

3* Dimanche de Pâques - Année A

Ac 2,14.22b-33 ; Ps 15 ; 1 P 1,17-21 ; Lc 24,13-35

Après l’apparition à Thomas, l’Église nous propose de continuer notre méditation du mystère pascal en entendant le récit des disciples d’Emmaüs. Il est remarquable que ce soit à la fraction du pain que les disciples reconnaissent Jésus. Nous savons que dans le langage des premiers chrétiens la fraction du pain est le premier nom de l’eucharistie. Et il n’a pas manqué de commentateurs pour remarquer que l’ensemble du texte reprend le déroulement d’une messe :

Il y a d’abord ce chemin de Jérusalem à Emmaüs, chemin sur lequel les disciples sont amenés à confier au Seigneur tout ce qui fait leur vie : leurs espoirs et leurs interrogations, leurs joies et leurs tristesses. Et c’est bien le sens de la liturgie pénitentielle par laquelle nous commençons notre célébration. Ensuite il y a le temps où Jésus leur explique dans l’Écriture tout ce qui le concernait, comme une liturgie de la Parole semblable à ce que nous vivons en ce moment. Puis il y a cette belle prière des disciples « reste avec nous car le soir approche et déjà le jour baisse ». C’est aussi le sens de la prière universelle : inviter le Seigneur à manifester sa présence dans les obscurités du monde.

La deuxième partie de l’histoire se déroule à table, comme notre célébration se continue à l’autel. C’est la liturgie de l’Eucharistie, au cours de laquelle « le Seigneur prend du pain, dit la bénédiction, le rompt et le leur donne ». C’est à ce moment qu’ils le reconnaissent, mais il disparaît à leur regard. Étrange présence qui se donne au moment où elle se dérobe. Sans doute ce récit nous permet-il de comprendre que refaire les gestes du Seigneur au soir de sa passion n’est pas un simple souvenir, une commémoration nostalgique, mais le moment où nous sommes invités à reconnaître une nouvelle forme de présence. Le Christ ressuscité est désormais présent de manière mystérieuse dans la fraction du pain. C’est ce que nous exprimons par notre foi en la présence réelle, présence étonnante qui se donne en se dérobant. Enfin le récit s’achève sur le retour des disciples à Jérusalem. Eux qui s’éloignaient de l’Église, ils la retrouvent et y sont confirmés dans leur expérience : « C’est vrai le Seigneur est ressuscité », alors ils peuvent témoigner à leur tour de ce qu’ils ont vécu. Ainsi l’Eucharistie nous conforte dans l’Église et nous invite à prendre notre part du témoignage.

À travers le chemin d’Emmaüs, l’évangile nous permet de comprendre ce que nous vivons dans l’Eucharistie. Nous réalisons aussi l’importance de chaque moment qui permet d’aller jusqu’au bout de la rencontre qui nous est proposée. À chaque étape, en effet, les disciples auraient pu agir différemment et l’histoire aurait été différente. Quand Jésus leur demande « de quoi discutez-vous en marchant », ils auraient pu hausser les épaules en disant « si tu ne sais pas ce qui est arrivé ces jours-ci, tu ne peux pas comprendre ». Ils auraient pu aussi se draper dans leur susceptibilité offensée quand Jésus leur dit « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire » et ne pas écouter ce qu’il leur expliquait de toute l’Écriture. Ils auraient pu poliment prendre congé de leur compagnon de route à l’arrivée au village. Ils auraient pu rester perplexes quand il disparut en se demandant « mais où est-il passé ? ». Enfin ils auraient pu enfin aller se coucher après toutes ces émotions … mais quel sens tout cela aurait-il eu ?

Et pour nous ? Comment parcourons-nous ce chemin d’Emmaüs auquel nous invite la messe ? La liturgie pénitentielle est-elle une simple formalité, le préambule de la messe qui nous permet d’arriver en retard, ou bien est-ce le temps où nous déposons devant Dieu tout ce qui a fait notre vie cette semaine ? Profitons-nous de la liturgie de la Parole pour scruter les Écritures et découvrir ce que nous n’avons pas encore compris ? La prière universelle est-elle l’occasion d’inviter le Seigneur dans notre vie ? Est-ce que nous nous laissons guider par le Christ lors de la liturgie eucharistique pour rendre grâce et reconnaître : « notre cœur n’était-il pas brûlant en nous ? » Enfin, à l’issue de la célébration, quel chemin reprenons-nous ? Celui de la tranquillité du foyer ou celui de l’empressement à partager ce que nous avons vécu ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à parcourir avec un cœur sincère, le chemin qui nous est proposé chaque dimanche pour rencontrer le Christ ressuscité. Elle qui est la Porte du Ciel, le Trône de la Sagesse et la Demeure de l’Esprit Saint, qu’elle ouvre nos yeux à la présence de Celui qui nous rejoint pour que nous vivions en Lui. Et qu’ainsi notre vie résonne de la bonne nouvelle de Pâques : Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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