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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 23:12

PAVEA

Veillée Pascale - Année A

Lectures I, III, IV

« Si nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle ». Ces mots de l’apôtre nous rappellent le but de notre baptême et le sens du mystère de Pâques. Ainsi la Résurrection est l’occasion d’un changement et d’un changement radical. Et nous avons fait mémoire des autres grandes nuits du changement dans l’histoire du monde et des croyants : la nuit du commencement, la nuit de l’exode et la nuit de l’exil. Comment pourrait-il n’y avoir aucun changement quand on passe d’une terre informe et vide à la magnifique ordonnance du ciel et de la terre, des plantes et des animaux, de cette création que le Seigneur contemple au septième jour ? De la même manière, comment pourrait-on vivre sans changement quand on passe du statut d’esclave fugitif et craintif, à celui de peuple libre et sauvé ? Et encore, comment imaginer que les choses continuent comme avant si l’on est passé d’un état souverain à la misère d’une diaspora ? En vérité ces nuits, sont les nuits du changement et de changements majeurs. 

Et pourtant, au-delà de la mécanique qui naît de l’inexorable enchainement des circonstances, les textes nous invitent à découvrir un changement plus profond : il ne s’agit pas seulement de commencement mais aussi de Création, il ne s’agit pas seulement d’Exode mais aussi d’Alliance, il ne s’agit pas seulement d’Exil mais aussi d’Amour. Et il est important d’aller au-delà du changement mécanique, car celui-ci finit par s’user. La succession même des nuits du changement montre l’impuissance des événements à préserver la nouveauté entrevue : il a fallu l’Exode pour libérer d’une création abimée par la mort comme il a fallu l’Exil pour restaurer une alliance mise à mal par le péché. Comment faire alors pour que le changement soit nouveauté ?

Dans la nuit du commencement, c’est la parole de Dieu qui retentit, c’est elle qui est la clé du monde nouveau. Et cette parole s’écoute. Fiat lux : elle s’exprime au subjonctif et non pas à l’impératif, elle est un souhait et non pas un ordre. La Parole de Dieu se propose et s’en remet à notre bon vouloir. Dans la nuit de l’Exode, c’est la puissance de Dieu qui se déploie, c’est elle qui ouvre le passage vers la condition nouvelle. Mais cette puissance sollicite la participation de l’homme et c’est Moïse qui étend le bras sur la mer. C’est déjà le principe de l’Alliance : Dieu ne fait rien sans nous. Enfin dans la nuit de l’Exil, c’est l’amour de Dieu qui revient à sa tendresse initiale et restaure le peuple dans une splendeur nouvelle. Mais il faut pour cela, se laisser aimer, se laisser guider, se laisser transformer par celui qui pardonne.

Et l’on retrouve ces trois conditions dans la rencontre que font les femmes au matin de Pâques. D’abord l’invitation à écouter la parole : sicut dixit, comment peut-on accueillir la résurrection sans se souvenir de ce que Jésus a dit ? Ensuite l’appel à l’engagement : « allez dire aux disciples », c’est aux hommes – en l’occurrence des femmes – d’annoncer la Bonne Nouvelle pour que soit manifestée la puissance de Dieu. Enfin il y a ce rendez-vous en Galilée. Pourquoi ne pas aller à la rencontre des disciples ? Parce que l’amour préfère donner rendez-vous que de s’imposer ! Ainsi retentit aussi l’invitation à se laisser guider, à s’en remettre à la volonté du Seigneur. 

Et nous ? C’est la mode ces jours-ci de parler du monde d’après. Les avis les plus doctes s’empressent d’imaginer ce qui sera différent, même si c’est généralement une manière d’illustrer leurs convictions et de proposer leurs idées. Le monde changera, la vie changera, la culture changera … peut-être, mais il est vain de rêver à un monde meilleur, si nous ne nous appuyons pas sur le Seigneur pour que le changement soit nouveauté ! Pour que nous vivions vraiment une vie nouvelle, il faut que nous écoutions la Parole de Dieu, passionnément, en la connaissant, en la méditant, en la pratiquant. Il faut aussi que nous participions à l’Alliance, en nous engageant et en refusant d’attendre passivement que les autres agissent à notre place. Il n’y a pas de procuration auprès du Seigneur. Enfin il faut aussi que nous acceptions de nous laisser faire et de nous laisser transformer par l’amour de Dieu, dans l’humilité et l’obéissance à sa volonté. 

Oui, la Résurrection nous introduit à ce monde nouveau… mais nous n’avons pas besoin d’attendre de pouvoir sortir librement pour écouter la parole de Dieu ; nous n’avons pas besoin d’attendre la levée des prescriptions sanitaires pour participer à l’Alliance ; nous n’avons pas besoin d’attendre que reviennent nos anciennes habitudes pour nous laisser transformer par l’amour de Dieu. C’est maintenant que le Seigneur nous parle, c’est maintenant qu’il nous sollicite et nous attend, c’est maintenant que le baptême nous affranchit du péché pour que nous puissions mener une vie nouvelle. Les nuits de la création, de l’exode et de l’exil changeaient la vie de tous, la nuit de la résurrection change la vie de chacun.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle ouvre nos cœurs à la Parole qui retentit ; Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle guide nos vies vers la Puissance de Dieu ; Mère du Bel Amour qu’elle nous apprenne à nous laisser sauver par celui qui nous attend : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia ! 

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