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paques

Dieu désire ce que nous espérons

1 Juin 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

7PAC

7° Dimanche de Pâques - Année C

Ac 7, 55-60 ; Ps 96 (97) ; Ap 22, 12-14 ; 16-17.20 ; Jn 17, 20-26

En cette année jubilaire de l’Espérance, il y a une phrase de la prière de Jésus dans l’évangile qui résonne de manière toute particulière : « je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi ». Ainsi la volonté du Seigneur c’est que nous soyons avec lui dans la gloire …ce qui est précisément l’objet de l’espérance ? L’espérance, en effet, ce n’est pas tant désirer un monde meilleur (même si c’est très honorable et très souhaitable) ; l’espérance c’est désirer le bonheur éternel ou, pour reprendre les expressions de l’Apocalypse, c’est espérer accéder à l’arbre de la vie et entrer dans la Jérusalem Céleste. Ainsi le Seigneur désire ce que nous espérons. Ce qui est d’ailleurs une raison supplémentaire d’espérer.

Mais il ne suffit pas de se rappeler le but, encore faut-il connaître les moyens. Il ne sert à rien d’espérer si on ne se prépare pas : sans préparation l’espérance n’est qu’un rêve. Quel est le premier moyen qui nous est indiqué par l’évangile ? L’unité : « que tous soient un comme nous sommes un », dit Jésus. Car on comprend bien que le paradis ne peut pas être un champ de bataille. Espérer la vie éternelle nous invite à rechercher la communion, non seulement avec Dieu, mais entre nous. L’espérance n’a pas de sens sans la charité, puisqu’il s’agit précisément de demeurer en Dieu et que Dieu est amour. Bien sûr, dans la gloire, il y aura une plénitude que nous ne connaissons pas encore, mais déjà nous pouvons nous y disposer. Je me souviens d’un prêtre, lorsque j’étais enfant chœur, à qui je demandais pourquoi il saluait des gens qu’il ne connaissait pas. Il m’a répondu : « nous passerons l’éternité avec eux, autant commencer à faire connaissance » ! C’est un bon réflexe, pour nous guider dans nos relations, de se demander si nous sommes prêts à passer l’éternité avec ceux que nous croisons ! L’exemple d’Etienne, dans la première lecture, nous montre que la charité s’exprime parfois par le pardon, qui n’est pas d’oublier ou de se laisser faire, mais de préparer l’unité dans l’éternité !

Ensuite, on comprend bien qu’il faut connaître ce qu’on espère. C’est pourquoi Jésus dit : « je leur ai fait connaître ton nom ». Dans l’apocalypse on parle d’un ange qui apporte le témoignage, et dans l’histoire d’Etienne, celui-ci témoigne : « je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». La réaction de la foule qui se bouche les oreilles rejoint le constat de Jésus : « le monde ne t’a pas connu ». On ne peut pas compter sur l’expérience ou sur ce qui nous entoure pour connaître la vie éternelle. L’espérance nait des promesses du Seigneur et s’appuie sur son enseignement. Sans la Parole de Dieu, l’espérance n'est qu’un mirage.

Enfin, nous savons que ce n’est pas par nos propres forces que nous pourrons atteindre la vie éternelle. Cela ne veut pas dire que nous n’ayons rien à faire et que nos efforts soient inutiles, mais ils nous disposent à accueillir ce qui est déterminant : le don de Dieu. « Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée » dit Jésus. Et Etienne prie en disant « Seigneur Jésus reçois mon esprit ». Il y a aussi une dimension d’oblation dans l’espérance : accepter de se remettre au Seigneur, que ce soit lui qui nous donne le salut et non pas nous qui le conquérons. Sans l’oblation, l’espérance n’est qu’ambition.

Aussi, la dernière parole de la Bible est celle que nous avons entendue dans la deuxième lecture : « Amen ! Viens Seigneur Jésus ». Nous sommes dans ce temps entre l’Ascension et la Pentecôte, dans ce temps où les disciples attendaient l’Esprit Saint selon la promesse du Seigneur, dans ce temps où nous creusons en nous cette disponibilité au don de Dieu, car c’est bien l’Esprit Saint qui nous rassemble dans l’unité, c’est lui l’Esprit de Vérité qui nous conduit vers la vérité tout entière, c’est lui qui nous entraîne dans le mystère du cœur de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous dispose à accueillir la plénitude de l’Esprit Saint pour que nous avancions dans l’Espérance. Mère de l’Église qu’elle nous guide dans l’unité pour que le monde croie. Porte du Ciel qu’elle tourne nos regards et nos cœurs vers la gloire qui nous est promise. Reine des saints qu’elle nous apprenne à laisser toujours plus de place dans nos vies au Don de Dieu, pour que nous puissions demeurer en lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Garder la parole du Seigneur

25 Mai 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

6PAC

6° Dimanche de Pâques - Année C

Ac 15,1-2. 22-29 ; Ps 66 (67) ; Ap 21,10-14.22-23 ; Jn 14,23-29

Pour bien accueillir l’évangile que nous venons d’entendre, il faut se rappeler qu’il appartient aux dernières paroles de Jésus à ses disciples, avant la Passion. Même si nous savons que ce n’est pas la fin de l’histoire, ce sont donc les paroles du Seigneur au moment où il va mourir. Et que dit-il ? quelle est la chose qui lui paraît la plus importante, celle qu’on dit en premier ? « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ». Faisons donc résonner cette phrase dans nos cœurs.

Quand on est séparé de quelqu’un à qui l’on est attaché, on s’appuie sur le souvenir pour prolonger le lien. Par des photos, par des objets, par ce qui nous rappelle tel ou tel événement, tel ou tel geste, on manifeste ce qui nous marque, ce que l’on veut retenir. Or qu’est-ce que Jésus veut qu’on retienne de lui ? Qu’est-ce qu’il nous laisse pour garder le lien ? Sa parole, ce qu’il a enseigné. Et il explique pourquoi cette parole est importante : elle ne vient pas de lui, elle vient du Père. Ce qui est le plus important pour Jésus, ce n’est pas son image (et ça tombe bien, parce qu’il n’y avait pas de photos à l’époque), ce n’est pas telle ou telle habitude, ce n’est pas ce qui vient de lui, mais ce qu’il a reçu, ce qui vient du Père et qu’il nous a transmis : sa mission.

Certains peut-être vont objecter que la messe vient refaire les gestes de Jésus lors du dernier repas Et c’est vrai que dans l’Eucharistie nous gardons précieusement un geste de Jésus, mais nous le faisons à cause de sa parole. Parce que Jésus a demandé « faites ceci en mémoire de moi ». Si nous sommes fidèles à l’eucharistie, c’est parce que nous voulons être fidèles à sa parole. C’est dans le souvenir de la Parole du Seigneur, dans la fidélité à son enseignement, dans l’obéissance à ce qu’il nous a demandé que nous manifestons notre amour pour lui, et que nous grandissons dans cet amour.

Mais nous savons aussi que le souvenir s’émousse, et qu’au long des jours et des années, il arrive qu’on ne se souvienne plus de tout. Il arrive même qu’on ne reconnaisse pas celui ou celle qui est sur la photo retrouvée au fond d’un vieux carton ! Pour éviter d’oublier la parole du Seigneur, elle a été écrite. Pourtant des livres – même importants – disparaissent, soit qu’on ne sache plus où ils sont, soit que les péripéties de la guerre ou les aléas de l’histoire les détruisent en partie ou totalement. Dans l’histoire de la littérature, il y a peu de livres qui aient été conservés aussi fidèlement, aussi longtemps que la Bible. C’est que pour les paroles de Jésus, il y a autre chose : il y a l’Esprit Saint, le Défenseur, envoyé par le Père pour nous faire comprendre et nous faire souvenir tout ce que Jésus a dit. C’est lui qui nous aide à garder sa parole.

Car il ne s’agit pas simplement de répéter les mots qui ont été prononcés, comme une grande récitation, il s’agit d’être fidèle, c’est-à-dire non seulement de connaître ce qui a été dit, mais de rester dans l’esprit de la parole. L’histoire de la première lecture nous montre un exemple de cette fidélité lorsqu’il s’est agi de savoir ce que devaient faire les chrétiens qui n’étaient pas d’origine juive. C’est alors l’Esprit Saint parlant au cœur et à l’intelligence des apôtres qui les guide. Cela nous vaut cette phrase étonnante et admirable : « l’Esprit Saint et nous avons décidé ».

Nous voilà donc avec des indications précieuses pour approfondir notre vie spirituelle. Tout d’abord notre fidélité à la Parole de Dieu est la mesure de notre amour pour Lui. Cela suppose qu’on ne se lasse jamais de chercher à la connaître, à la comprendre et à la vivre. Pour cela nous avons besoin de l’Esprit Saint. Quand nous lisons la Bible, il ne s’agit pas de la lire comme on lit un roman, mais il faut d’abord invoquer l’Esprit Saint, lui demander d’être pour nous comme Jésus pour les disciples d’Emmaüs : qu’il ouvre nos cœurs à l’intelligence des Écritures pour que nous y reconnaissions ce qui nous concerne, ce qui le concerne et savoir comment y être fidèle.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à accueillir la lumière qui vient de l’Agneau de Dieu pour que sa Gloire nous illumine. Elle qui est le Trône de la Sagesse, la Vierge fidèle, la Demeure de l’Esprit Saint, qu’elle nous apprenne à garder la Parole que Jésus nous a confiée, qu’elle nous aide à accueillir l’Esprit qui nous enseigne tout et qu’à son exemple nous puissions nous laisser aimer par le Père qui vient demeurer en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Le temps est venu d'aimer

18 Mai 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

5PAC

5° Dimanche de Pâques - Année C

Ac 14,21b-27 ; Ps 144 (145) ; Ap 21,1-5a ; Jn 13, 31-33a.34-35

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » … Évidemment on connaît cette phrase de Jésus ! C’est même sans doute la phrase de l’évangile la plus connue, au point qu’on peut se demander si ça vaut la peine de la commenter ! Et je confesse que la tentation était grande de la laisser de côté pour m’intéresser plutôt aux autres textes que nous avons entendus. Et puis je me suis souvenu d’un proverbe rabbinique qui dit que la Parole de Dieu est comme un arbre où l’on peut chaque jour cueillir un fruit nouveau : ce n’est donc pas parce qu’un texte est connu qu’on ne peut en apprendre quelque chose. Par exemple, on remarquera le contexte : l’évangile nous présente cette phrase un peu comme le testament de Jésus. Il dit à ses apôtres : « maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et pour vous est venu le temps de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés ». Si c’est la dernière consigne du Seigneur aux disciples, si c’est la phrase qui marque le passage entre la vie publique de Jésus et notre situation, non seulement ce ne serait donc pas très ajusté de s’en désintéresser, mais il vaut mieux la goûter et la méditer !

Le temps est venu d’aimer, d’un amour qui est parole de Dieu. D’abord parce que c’est un commandement : c’est ce que le Christ nous demande … il s’agit donc d’un amour qu’on peut décider, d’un acte de notre volonté, et non pas d’un sentiment ou d’une émotion qu’on ne commande pas. Mais cet amour est aussi parole de Dieu parce que c’est le témoignage qui nous est demandé : « on reconnaîtra que vous êtes mes disciples à l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». On est bien au cœur de notre vocation prophétique : témoigner de ce qui nous est dit. L’amour que nous devons avoir est à l’image de l’amour que nous recevons. Il ne s’agit pas de projeter sur Dieu notre expérience, et de croire que Dieu nous aime comme nous-même nous aimons, mais de transmettre ce que nous reconnaissons de Dieu pour aimer comme Dieu aime ; d’un amour qui donne et se donne et pardonne.

Le temps est venu d’aimer, d’un amour qui est aussi service. Ainsi que le montre le texte des Actes des Apôtres. Un service fidèle et persévérant, comme Paul et Barnabé qui ne se contentent pas d’annoncer la parole à Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie, mais qui reviennent pour affermir le courage des disciples. Ils assurent le « service après annonce ». Mais c’est aussi un service qui sait s’effacer et faire confiance, sans chercher à se rendre indispensable : c’est le sens de ce passage de témoin, quand ils désignent des anciens pour chacune des églises. C’est un bel exemple de la dynamique royale à laquelle nous sommes appelés. Une dynamique de responsabilité qui sait s’engager sans s’imposer, qui fait passer le bien de ceux qu’il sert avant son propre confort ou sa propre satisfaction. Il n’y a que l’amour qui permette au service de durer sans se transformer en un pouvoir déguisé.

Le temps est venu d’aimer, d’un amour qui est encore prière. A l’image de cette Jérusalem nouvelle que contemple Jean dans le texte de l’Apocalypse. Cette Ville sainte où Dieu demeure avec les hommes, et les hommes avec Dieu ; le lieu de l’alliance et de la consolation. Ainsi l’amour nous invite à rejoindre le Seigneur non pas en construisant laborieusement une tour qui s’élève depuis la terre jusqu’au Ciel, mais étant disponibles à ce qui descend d’auprès de Dieu pour nous rejoindre. La prière que nous propose le Seigneur n’est pas un exercice psychologique d’intériorité, ni même l’hommage que doit la créature au créateur ; la prière que nous propose le Seigneur est présence à la présence, dans cette proximité où Dieu nous donne ce que nous lui donnons, dans l’unité qui nait de l’appartenance mutuelle.

Le temps est venu d’aimer de cet amour Parole de Dieu qui nous est confié ; de cet amour qui se donne dans le service où nous prenons soin les uns des autres ; de cet amour mystère d’unité où nous rejoignons le Seigneur pour partager sa vie.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle fasse resplendir nos vies du Don de Dieu. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraine dans le souffle de l’Esprit. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende toujours plus disponibles à la présence de Celui qui nous invite à demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Comment être dans le troupeau du Christ ?

11 Mai 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

4PAC

4° Dimanche de Pâques - Année C (Messe de la Bravade de Fréjus)

Ac 13,14.43-52 ; Ps 99 ; Ap 7,9.14b-17 ; Jn 10, 27-30

Le quatrième dimanche après Pâques, l’église lit un passage de l’évangile où Jésus se décrit comme le Bon pasteur. C’est une heureuse coïncidence du calendrier qui nous fait méditer aujourd’hui sur le titre utilisé par Saint François de Paul dans sa dernière prière : « Ô Jésus, bon pasteur, conservez les justes, purifiez les pécheurs, ayez pitié de vivants et des morts et soyez-moi propice à moi qui suis un pécheur ».

Mais cette année, peut-être pour nous stimuler, la deuxième lecture vient un peu brouiller les pistes. Jean voit une foule immense, de tous peuples et nations … on pourrait l’imaginer comme une sorte de bravade universelle et éternelle ! Mais l’Ancien explique à Jean ce qu’il aperçoit et lui dit : « L’Agneau sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie ». Étonnant ! Le pasteur est un agneau ! On sait que l’Apocalypse aime les images frappantes, on sait aussi que c’est le Christ qu’on appelle l’Agneau de Dieu … mais le rapprochement est significatif : le Seigneur nous guide et nous protège de l’intérieur, en se faisant l’un de nous pour que nous puissions partager sa vie. Car c’est bien ce que Jésus dit dans l’évangile : « je leur donne la vie éternelle ». Et l’on comprend alors pourquoi le thème du Bon pasteur est évoqué dans ce temps de Pâques : le Christ est ressuscité pour que nous puissions avoir la vie éternelle. Encore faut-il que nous l’acceptions comme pasteur, que nous acceptions de faire partie de son troupeau.

Comment faire partie du troupeau ? Jésus explique : « mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent ». Voilà en quelque sorte les trois conditions pour faire partie du troupeau du Bon pasteur, les trois conditions pour être chrétien.

Tout d’abord, il s’agit d’écouter sa voix. Et déjà cela nous interroge : quelle voix écoutons-nous ? Lorsque François de Paule débarque à Fréjus, il est en route pour rejoindre le roi de France Louis XI qui espérait bien une guérison. Mais en arrivant à la cour, le saint l’invite à une conversion : « Sire, il faut vous en remettre à la divine Providence […] mettez en ordre ce que vous avez de plus précieux qui est votre conscience ; car il n’y a point de miracle pour vous. Votre heure est venue, il vous faut mourir ». Le message est rude, on a connu plus compatissant ! Pourtant c’est une manière de lui dire : ne vous préoccupez pas que Dieu écoute votre voix, préoccupez-vous d’écouter la voix de Dieu ». Bien souvent, nous sommes plus attentifs à écouter la voix de nos émotions ou de nos réflexions, ou alors on écoute la voix de la foule, des médias, de ceux qui parlent le plus fort. Mais ces voix sont comme une bourrasque qui déferle, alors que la voix du Seigneur est le murmure d’une brise légère. D’une bourrasque on se protège, d’une brise légère on reçoit fraicheur et soulagement. Notre première attention devrait être d’être attentif à écouter la Parole de Dieu, par la lecture de la Bible, par la prière, par le discernement pour chercher à faire ce que le Seigneur nous demande.

Ensuite, Jésus déclare « moi je les connais ». Dieu nous connait, non pas comme une caméra de surveillance, mais comme le pasteur qui fait attention à chacun, qui nous connait personnellement. Il sait de quoi nous sommes capables, il sait ce qui est bon pour nous. Encore faut-il accepter de se laisser connaître par le Seigneur, accepter le regard de Dieu sur nous. Et l’on accueille se regard par un acte de confiance. Comme Mise Bertolo accueille l’affirmation du saint qui lui dit « allez leur annoncer que je suis venu pour leur faire du bien » comme cette nouvelle ranime la confiance des fréjussiens : « le Bon Dieu nous a fait miséricorde, un saint vient nous l’annoncer ». Il n’a pas fait de grands gestes, ni de démonstration extravagante, c’est la présence et le témoignage qui invite à la confiance et à la fidélité. La deuxième condition de la vie chrétienne c’est cette foi qui s’appuie sur la parole du Seigneur pour reconnaître sa bonté et sa fidélité, pour vivre une relation de confiance avec celui qui nous connait et que nous apprenons à connaître.

Enfin, il y a une troisième condition : « elles me suivent ». Dans la première lecture, nous avons un bel exemple de la nécessité de cette dimension. Ceux à qui s’adressent Paul et Barnabé « rejettent la Parole de Dieu et ne se jugent pas dignes de la vie éternelle » … Le signe que la parole est accueillie, c’est qu’elle est mise en pratique, c’est qu’elle transforme notre vie. Elle ne reste pas dans la sphère nébuleuse des belles idées ou des rêves inaccessibles, elle est un guide et un chemin, elle est un principe d’action. Suivre le Bon Pasteur c’est vivre la charité, la Caritas, devise que saint François de Paule a donné à l’ordre des Minimes. Car la charité nous entraine dans le mystère de Pâques, elle traverse les épreuves pour qu’elles ne soient qu’un passage, elle s’engage pour que la vie triomphe de la mort, elle s’implique pour que la paix triomphe des conflits. Charitas ce n’est pas juste le nom d’un pointu, c’est la direction qui nous est indiquée pour suivre le Christ, pour vivre le mystère de Pâques et se laisser entrainer au souffle de Dieu.

A l’exemple de saint François de Paule, demandons à la Vierge Marie de nous aider à reconnaître le Bon Pasteur en écoutant sa voix, en lui faisant confiance et en le suivant. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle ouvre nos cœurs à sa Parole. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à accueillir son regard sur nous. Mère du Bel amour qu’elle nous montre le chemin qui nous conduira jusqu’à la source de la vie, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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N'oublions pas la vie éternelle

11 Mai 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

4PAC

4° Dimanche de Pâques - Année C

Ac 13,14.43-52 ; Ps 99 ; Ap 7,9.14b-17 ; Jn 10, 27-30

Le quatrième dimanche de Pâques, on lit toujours un évangile où Jésus se présente comme le Bon Pasteur. Cela fait partie des passages obligés dans la méditation du mystère de Pâques. Et le texte de cette année nous permet d’en comprendre l’importance : le bon pasteur conduit ses brebis à la vie éternelle. S’il peut donner la vie éternelle, c’est parce qu’il est ressuscité : c’est le mystère de Pâques qui permet à Jésus d’être le Bon Pasteur.

Car la foi chrétienne, c’est d’abord cela : recevoir la vie éternelle. C’est particulièrement frappant dans l’épisode de Paul et Barnabé à Antioche de Pisidie. Que dit l’apôtre à ceux qui le contredisent ? « Vous ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle ». Et que dit saint Luc qui raconte l’histoire : « ceux qui étaient destinés à la vie éternelle devinrent croyants ». C’est bien la vie éternelle qui est en jeu.

Ainsi, tout ce que nous faisons et tout ce que nous vivons dans l’Église nous conduit à la vie éternelle … à condition qu’on ne l’oublie pas, évidemment ! La prière et les sacrements nous font goûter cette vie éternelle ; l’écoute de la parole et le témoignage nous entraînent à mieux connaître et à faire connaître la vie éternelle ; le service et l’engagement nous préparent à la vie éternelle. Mais cette vie éternelle ne se conquiert pas, elle se reçoit et elle se reçoit du Christ. Oh bien sûr, si les sacrements n’étaient que des cérémonies pour honorer ceux qui les demandent, on n’aurait pas besoin de prêtres, mais juste de metteurs en scènes et d’animateurs populaires comme on en trouve sur les radios ou les télévisions. Bien sûr, si la parole de Dieu n’était qu’une doctrine, on n’aurait pas besoin de prêtres, mais juste de professeurs qui sachent expliquer et préparer à l’examen de niveau qu’on chercherait à atteindre. Bien sûr, si la vie chrétienne n’était qu’un humanisme social et une concorde fraternelle, on n’aurait pas besoin de prêtres, mais juste de managers efficaces et de juges attentifs à garder tout le monde dans le droit chemin. Mais si les sacrements n’étaient qu’une cérémonie, si la Bible n’était qu’une doctrine, si la vie n’était qu’une morale … nous ne pourrions jamais obtenir la vie éternelle ! La foi et la vie chrétienne ne sont pas seulement des réalités humaines, elles sont d’abord des réalités divines qui nous conduisent à la vie éternelle sous la houlette du Bon Pasteur, le Christ ressuscité.

Et parce que cela pourrait être facile à oublier, le Seigneur, a voulu que certains soient le signe du Bon Pasteur : les évêques, et leurs collaborateurs, les prêtres et les diacres. Ils sont signes, non pas à cause de leurs qualités humaines, intellectuelles ou spirituelles – même si cela ne gâche rien. Ils sont signes parce qu’ils ont reçu la mission de l’être. Sans eux, une communauté chrétienne finirait pas oublier qu’elle est une partie du peuple de Dieu, que son but est la vie éternelle, que cette vie éternelle ne se conquiert pas mais se reçoit du Christ. Un diocèse sans évêque ou une paroisse sans prêtre finira par se concevoir comme une association, un cercle d’étude ou une bande d’amis.

La vie sacerdotale comme la vie religieuse manifestent au cœur de l’Église que nous sommes faits pour la vie éternelle. Tous sont appelés à la désirer, mais certains sont appelés à la manifester. Pourtant si Dieu appelle, c’est à l’homme de répondre. Ainsi le dimanche du Bon Pasteur est aussi le jour où l’on prie pour les vocations sacerdotales et religieuses. Il s’agit de prier pour que le Seigneur appelle, mais de prier aussi pour que des gens répondent. Car le Seigneur appelle toujours, mais les hommes ne répondent pas toujours. C’est devenu un lieu commun de déplorer le peu de vocations sacerdotales et religieuses dans notre pays. Encore faut-il que nous les encouragions. Et le véritable encouragement aux vocations, c’est de vivre notre vocation de baptisés, pleinement. Non pas comme un marqueur culturel, comme une opinion ou une philosophie, mais comme un appel à la vie éternelle. Les vocations sacerdotales et religieuses ne sont pas tant des choix individuels que les fruits de la foi, de l’espérance et de la charité d’une communauté. En cette année jubilaire de l’espérance nous avons l’occasion de remettre au centre de notre vie chrétienne le désir de la vie éternelle : ce n’est pas une affirmation désuète ou une hypothèse lointaine c’est le moteur de notre foi.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre la Parole de Dieu, à la laisser transformer nos cœurs et nos vies pour que resplendissent au milieu de nous les signes de celui qui nous donne la vie éternelle. Elle qui a su répondre à l’ange « je suis la servante du Seigneur, que tout se fasse selon ta parole », qu’elle nous rende disponibles à écouter le Christ et à le suivre. Elle qui a chanté les merveilles de Dieu dans le Magnificat, qu’elle nous soutienne dans la prière pour que nous soyons toujours plus fidèles à notre vocation. Elle qui a dit aux serviteurs de Cana : « faites tout ce qu’il vous dira » qu’elle nous accompagne sur les chemins que nous indique le Bon Pasteur, et qu’ainsi nous soyons, nous aussi remplis de joie et d’Esprit Saint. Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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Les états d'âme de Simon-Pierre

4 Mai 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

3PAC

3° Dimanche de Pâques - Année C

Ac 5, 27-41 ; Ps 29 ; Ap 5,11-14 ; Jn 21,1-19

Le temps de Pâques nous fait revivre les rencontres des disciples avec Jésus Ressuscité, et voilà que pour le troisième dimanche, il nous est donné d’entendre le récit de « la troisième fois que Jésus ressuscité des morts se manifestait à ses disciples ». C’était au bord du lac de Tibériade, au petit matin. Parmi tous les personnages de la scène, Simon-Pierre apparaît un peu comme un fil rouge. Si l’évangéliste s’est donné la peine de décrire ses différentes réactions, c’est sans doute pour que nous puissions le suivre et reconnaître dans ses différentes situations, autant de manières de rencontrer le Ressuscité.

L’histoire commence par la réflexion de Simon-Pierre : « je m’en vais à la pêche ». Bien sûr à Jérusalem, le Christ les avait rejoints dans la maison où ils s’étaient verrouillés par crainte de ceux qui avaient condamné leur Seigneur. Ils l’avaient vu une première fois, en l’absence de Thomas, puis, huit jours après, au même endroit, mais cette fois-ci Thomas était avec eux. Ensuite ? On comprend qu’ils ont quitté Jérusalem et sont retournés chez eux, en Galilée, au bord du lac de Tibériade, là où tout avait commencé pour eux. Et sans doute ils ne savaient pas bien trop quoi faire. Alors peut-être pour s’occuper, ils vont reprendre leurs habitudes et s’en vont pêcher. On les imagine un peu moroses, un peu désabusés, et pour ne rien arranger à la situation, ils s’affairent toute la nuit sans rien prendre. Jusqu’à ce qu’un type sur le rivage les interpelle et leur dise de jeter les filets à droite de la barque. La première manière de rencontrer le Christ ressuscité, c’est dans la routine. Une sorte de persévérance sans enthousiasme, où l’on fait ce qu’on a l’habitude de faire, de manière un peu mécanique. Dans un monde trop sensible au spectaculaire et aux émotions fortes, il est bon de se rappeler que le Christ nous rejoint dans l’ordinaire de la vie, que sa parole nous invite au cœur de nos routines, et que nos efforts laborieux nous disposent à accueillir la puissance de sa présence.

Puis, quand Pierre entend que c’est le Seigneur, il passe un vêtement et se jette à l’eau. Lorsque tous sont arrivés au rivage, à l’invitation de Jésus, il remonte dans la barque pour tirer le filet jusqu’à terre. On peut admirer l’empressement de Pierre à retrouver le Seigneur. Il y a une sorte d’exaltation un peu brouillonne. Comme s’il agissait sans beaucoup réfléchir ! Drôle de réflexe de se vêtir pour nager : d’habitude on fait plutôt le contraire, parce que c’est plus difficile de nager tout habillé. Et puis, une centaine de mètres à parcourir, il n’est pas sûr que ça ne soit plus rapide à la nage qu’en barque. Et c’était bien la peine de quitter la barque pour remonter ensuite ! Dans cette phase du récit, on voit bien que le but n’est pas de rechercher l’efficacité mais de goûter la présence du Seigneur, même si c’est de manière un peu désordonnée. La deuxième manière de rencontrer le Christ ressuscité c’est la joyeuse confusion de l’émotion. Ce que les maitres spirituels appellent la consolation. Quand l’exaltation prend le pas sur la raison, quand il ne s’agit plus tant de réfléchir ou de calculer, mais de vivre, de goûter, de profiter. Il y a des moments où il faut lâcher prise et se laisser entrainer par la présence du Seigneur.

Enfin, il y a le dialogue avec Jésus. Avec les trois questions « Simon fils de Jean, m’aimes-tu ? ». C’est un moment privilégié entre le disciple et le Seigneur, un moment précieux, même s’il y a une pointe de tristesse parce que Jésus lui demande trois fois la même chose, comme s’il doutait de la réponse de Pierre. On sait que dans le texte grec, ce n’est pas tout à fait la même chose. Que les deux premières fois, Jésus demande « est-ce que tu m’aimes d’un amour de préférence » et que Pierre répond par un autre mot en disant « je t’aime d’amitié ». Comme s’il descendait d’un cran dans l’amour par rapport à ce que Jésus demande. Mais peu importe. Cette troisième manière de rencontrer le Christ ressuscité, c’est la prière, le cœur à cœur avec le Seigneur. Ce n’est pas la routine, ce n’est pas l’exaltation, c’est la relation, avec son lot de confiance, d’affection, d’incompréhension et d’ajustement réciproque. Mais c’est aussi le couronnement des deux premières manières car c’est dans cette rencontre que la parole de Dieu indique notre vocation, qu’elle nous révèle ce pour quoi le Seigneur compte sur nous.

Au bord du lac de Tibériade, lors de la troisième apparition de Jésus ressuscité à ses disciples, Pierre le rencontre de trois manières : dans la laborieuse fidélité du quotidien, dans la joyeuse exubérance des retrouvailles, dans le cœur à cœur de la prière. Et nous ? En cette troisième semaine de Pâques, à quel type de rencontre avec le Ressuscité sommes-nous prêts ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne et nous fasse reconnaître la présence du Christ. Vierge fidèle, qu’elle nous apprenne la persévérance ; Mère du Bel Amour qu’elle nous fasse goûter la joie de la rencontre ; Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous révèle la Parole que Dieu nous adresse, pour que nous puissions témoigner de la belle espérance de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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Dieu nous confie sa présence

27 Avril 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

2PAC

Dimanche de la Miséricorde - Année C

Ac 5,12-16 ; Ps 117 ; Ap 1,9-11a.12-13.17-19 ; Jn 20,19-31

Dans la logique de la liturgie, la semaine de Pâques est une seule journée. C’est bien signifié par les évangiles que nous lisons. Dimanche dernier, nous avons entendu ce qui s’est passé au matin du premier jour de la semaine, et aujourd’hui ce sont les événements du soir de ce même jour qui nous sont rappelés. Le matin de Pâques avait commencé par une parole des anges annonçant la résurrection, le soir de Pâques se termine par une parole du Christ ressuscité : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » et cette mission est accompagnée du don de l’Esprit : « recevez l’Esprit Saint, tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés ils lui seront maintenus ».

On a du mal à réaliser la portée de cette phrase de Jésus. Pendant sa vie terrestre Jésus avait insisté sur le pardon, en nous disant : pardonnez comme le Père vous pardonne. Cette fois-ci, il dit presque l’inverse … Non pas de ne pas pardonner, au contraire ! Mais il dit le Père pardonnera ce que vous aurez pardonné ! Ce n’est plus tant l’homme qui doit imiter Dieu, c’est Dieu qui s’en remet à l’homme. Jésus ne dit plus faites ce que Dieu fait, il dit Dieu fera ce que vous ferez.

Cet aspect du mystère pascal, n’est sans doute pas celui dont nous sommes le plus conscient. Dans la nuit de Pâques brille la lumière du Christ, et cette lumière éclaire le passé et l’avenir. Il éclaire le passé – et j’espère que nous en sommes tous bien convaincus – en nous révélant que Jésus n’était pas seulement un homme de Dieu, mais qu’il était Dieu fait homme. La résurrection du Christ est la clé de notre foi : c’est le sommet de la révélation, c’est notre raison de croire en la divinité de Jésus. A la lumière de Pâques nous découvrons que de l’Annonciation jusqu’au Vendredi Saint, Dieu a habité parmi nous. Voilà la lumière de Pâques sur le passé. Mais cette lumière éclaire aussi le futur : à partir de ce moment, Dieu n’est plus séparé des hommes, il s’en remet à nous. Par l’Esprit-Saint, le Seigneur nous confie sa parole et sa mission. Par sa vie, Jésus nous a montré que la condition humaine n’est pas incompatible avec la vie divine, à Pâques, il nous invite à vivre ce qu’il a vécu. La mission des chrétiens continue et prolonge la mission du Christ.

Désormais la parole de Dieu ne sera plus prononcée par Jésus, elle sera témoignée par les chrétiens ; l’œuvre de Dieu ne sera plus accomplie par Jésus, elle sera faite par l’Église ; la miséricorde de Dieu ne sera plus manifestée par le Christ, c’est à nous qu’elle est confiée pour que nous la vivions et que nous l’incarnions. On ne peut pas entrer dans le mystère de Pâques en simple spectateur. Face au Christ ressuscité, nous sommes poussés par l’Esprit pour faire retentir l’Évangile jusqu’au bout de nos vies. Voilà pourquoi celui qui croit n’est pas seulement celui qui a vu, mais il est surtout celui qui vit au nom de Jésus. Ainsi, comme nous le rappelait les actes des apôtres, Pierre agit comme le Christ agissait. Ainsi, dans l’Apocalypse comme dans l’Évangile, Jean écrit ce qu’il a vu et vécu pour que nous puissions y prendre part.

En ce dimanche de la miséricorde qui marque le soir du grand jour de Pâques, entendons cette parole qui nous est adressée, acceptons cette mission qui nous est confiée, accueillons cette responsabilité qui nous est remise. Nous avons reçu l’Esprit Saint pour le pardon des péchés et pour chasser les esprits mauvais, ouvrons toujours plus nos cœurs et nos vies au don de Dieu pour emprunter le chemin qui s’ouvre au soir du premier jour de la semaine.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous accompagne et nous soutienne. Elle qui est l’Etoile du matin, la Demeure de l’Esprit Saint et la Mère de miséricorde, que son exemple nous encourage, que sa présence nous éclaire, que sa prière nous garde fidèles à la foi du baptême et à l’esprit de notre confirmation. Ainsi nous pourrons devenir ce que nous recevons, ainsi nous pourrons témoigner : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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Vivre à la hauteur de Dieu

20 Avril 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

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Dimanche de la Résurrection - messe du Jour

Ac 10,34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9

Le premier jour de la semaine, de grand matin, comme nous le savons, Jésus était ressuscité. Mais Marie Madeleine ne le savait pas, et quand elle s’aperçoit que la pierre du tombeau a été enlevé, elle s’affole : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau ». Alors Pierre et l’autre disciples vont voir ce qui se passe. Dans le tombeau vide, il y avait bien quelques indices : les linges posés à plat, le suaire roulé à part à sa place … si l’on avait déplacé le corps, on n’aurait pas laissé les choses comme ça. Mais c’est en rapprochant ce qu’ils voyaient de ce qu’ils avaient entendu dans les Écritures, qu’enfin ils comprirent que Jésus était ressuscité.

C’est une bonne nouvelle, bien sûr … mais à quoi cela va-t-il leur servir ? Peut-être auront-ils un peu moins peur, mais tant qu’ils ne l’ont pas rencontré, tant qu’ils ne l’auront pas retrouvé cela reste une idée un peu abstraite, pas très utile. D’ailleurs, lorsque Pierre raconte l’histoire, quelques années après à Césarée chez le centurion de l’armée romaine, ce qu’il retient c’est qu’ils ont pu manger et boire avec lui après sa résurrection d’entre les morts.

En vérité, fêter la résurrection du Christ n’a de sens que si l’on est concerné. Or justement, nous sommes concernés. Par notre baptême, nous sommes ressuscités avec lui et, comme le rappelait Saint Paul, cela nous invite à rechercher les choses d’en haut, à penser aux réalités d’en haut. Le baptême n’est pas une tradition familiale ou une affirmation identitaire, le baptême est la porte pour vivre à la hauteur de Dieu.

Vivre à la hauteur de Dieu, c’est déjà ne pas se limiter au monde que l’on voit. C’est reconnaître la présence et l’action du Seigneur dans notre vie. Le considérer comme l’un des protagonistes de notre histoire. Dans les joies comme dans les peines, Dieu est là – non pas comme celui qui provoque, mais comme celui qui accompagne. Il y a souvent deux manières de vivre : on peut vivre selon la logique de la terre, avec des calculs, des stratégies, des processus … qui normalement sont efficaces, mais qui ne suffisent pas à nous épanouir, parce que nous sommes appelés à vivre selon la logique du ciel, dans la confiance et la vérité, dans la justice et le don de soi. La résurrection du Christ nous apprend que si la logique de la terre a pour horizon la mort, la logique du ciel a pour horizon la vie.

Vivre à la hauteur de Dieu, c’est encore entrer dans le regard de Dieu, sur le monde, sur les autres et sur nous. Et Jésus nous a prouvé que le Seigneur nous aimait, qu’il était bienveillant et qu’il nous estimait au point de donner sa vie pour nous. Non pas pour que nous fassions n’importe quoi, mais pour que nous fassions de grandes choses. Ce qui nous grandit ce n’est pas la mesquinerie mais la générosité, ce n’est pas la rancune mais le pardon, ce n’est pas l’orgueil mais le dévouement. Et si l’on accepte de se regarder soi-même avec les yeux de Dieu, on pourra alors aussi regarder les autres avec les yeux de Dieu pour aimer ce qu’il y a d’aimable en eux ; et l’on pourra regarder le monde avec les yeux de Dieu pour reconnaître ce qui nous est confié et en prendre soin. Croire au Christ, c’est croire en sa Résurrection, et si nous recevons par son nom le pardon des péchés, c’est pour que nous puissions, malgré nos limites œuvrer à construire un monde selon le cœur de Dieu.

Vivre à la hauteur de Dieu, c’est enfin vivre au rythme de l’éternité. « Quand paraîtra le Christ votre vie, vous paraîtrez avec lui dans la gloire » disait Saint Paul. Nous savons bien que ce qui dure vaut mieux que ce qui passe. Et c’est à cela que nous aspirons parce que c’est à cela que nous sommes destinés. La résurrection du Christ nous montre que la vie divine est toujours devant nous, non pas comme la carotte qui fait avancer l’âne, mais comme le but de notre vie, ce qui la guide et ce qui lui donne sens. Dans le baptême nous avons reçu l’Esprit Saint pour que notre cœur batte au rythme du cœur de Dieu, pour que nous désirions le bonheur plutôt que le plaisir, pour que les épreuves ne nous abattent pas mais nous fortifient, pour que nous prenions l’habitude de la vie éternelle.

Pâques est une grande fête, puisque nous célébrons la Résurrection du Christ, non pas pour nous émerveiller d’un spectacle éblouissant, mais pour plonger résolument dans une aventure qui nous entraîne à vivre à la hauteur de Dieu dans la foi qui fait voir l’invisible, dans la charité qui fait participer du cœur de Dieu, dans l’espérance qui conduit à la vie éternelle.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du ciel qu’elle ouvre nos yeux à la présence du Seigneur ; Mère du Bel amour qu’elle ouvre nos cœurs à sa tendresse ; Reine des cieux qu’elle ouvre nos vies à l’éternité pour que nous puissions, nous aussi, être témoins de cette bonne nouvelle de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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Le temps de la fidélité

12 Mai 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

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7° dimanche de Pâques - Année B

Ac 1, 15-26 ; Ps 102 ; 1 Jn 4,11-16 ; Jn 17,11b-19

Entre l’Ascension et la Pentecôte, nous voici, à l’image des apôtres, dans un temps intermédiaire, entre la présence de Jésus et le souffle du Don de Dieu. C’est en quelque sorte le temps où il faut apprivoiser l’absence, c’est le moment il faut s’enraciner dans la fidélité.

Il y a un premier type de fidélité : la fidélité à ce que l’on a reçu. C’est la fidélité du témoin, de celui qui doit garder ce qu’on lui a confié. La première lecture illustrait cette fidélité dans l’épisode du remplacement de Judas. Reconnaissant le choix qu’avait fait Jésus, reconnaissant la défection de celui qui est allé se pendre, Pierre propose que l’on complète le groupe de ceux qui témoigneront de la résurrection. Pour cela, il s’appuie sur le livre des Psaumes, sur la Parole de Dieu, pour faire ce qu’il convient : « qu’un autre prenne sa charge ». Cette première manière d’être fidèle consiste donc à garder ce qui vient de Dieu. Garder ce que le Seigneur a dit, garder ce que le Seigneur a fait. Non pas garder en laissant dans un coin, comme on garde ce qu’on n’ose pas jeter ; mais garder en prenant soin, en faisant attention, comme on garde une chose précieuse, ou comme le pasteur garde son troupeau. Cela fait partie de notre vocation : garder ce que nous avons reçu du Seigneur, dans la fidélité. Nous n’avons pas à inventer, nous n’avons pas à modifier, mais à transmettre ce que nous avons reçu, fidèlement, comme d’autres avant nous ont transmis ce qu’ils avaient reçu. Évidemment, si nous voulons transmettre, il faut connaître ! Parce que l’Évangile n’est pas un coffre mystérieux, ni enveloppe fermée, nous ne sommes pas étrangers à la Parole de Dieu, et si nous devons lui être fidèles, c’est parce que nous sommes concernés.

Le deuxième type de fidélité, c’est la fidélité à ce que l’on donne. C’est la fidélité de celui qui aime et de celui qui s’engage. C’est à cette fidélité que nous exhorte saint Jean dans la deuxième lecture quand il parle de l’amour. Il s’agit ainsi de demeurer en Dieu. La vie chrétienne n’est pas une lubie qu’on adopte au gré des circonstances, mais une aventure qui n’aurait pas de sens si on l’abandonnait en cours de route. Dieu s’est engagé avec nous et pour nous, notre fidélité est une manière de répondre à cet engagement divin. Bien sûr ce n’est pas toujours facile ; bien sûr il y a des difficultés, des moments où l’enthousiasme faiblit, où l’usure fatigue. Mais les épreuves ne sont pas des raisons de renoncer : ce sont des invitations à renouveler notre engagement. Le doute n’est pas l’échec de la foi, mais l’appel à une foi plus grande. C’est parce que nous sommes libres d’aimer et de croire, qu’il faut persévérer dans l’amour et dans la foi : si c’était automatique, nous n’aurions rien à faire ! La fidélité est ce qui nous fait grandir.

Et l’évangile lui-même témoigne de cette dynamique. S’il n’y avait rien à faire, Jésus aurait-il demandé à son Père de garder ses disciples ? La prière du Seigneur nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. En vérité, notre fidélité s’appuie sur la fidélité de Dieu. Il serait illusoire de croire que nous pouvons rester fidèles en nous isolant. Ce serait confondre la fidélité et l’opiniâtreté. Ce serait aussi s’enfermer dans le passé. Mais la fidélité n’est pas nostalgie du passé, elle est pertinence du présent et disponibilité à l’avenir. La fidélité est la trace de l’éternité dans notre vie. C’est parce que Dieu est toujours présent que nous pouvons être fidèles. C’est parce que Dieu est toujours devant nous que nous devons être fidèles.

Traditionnellement, les chrétiens ne sont pas appelés les croyants mais les fidèles du Christ. Vivons donc ce temps entre l’Ascension et le Pentecôte comme le temps de la fidélité. Fidélité à la parole de Dieu, fidélité à notre baptême, fidélité comme miroir de la fidélité du Seigneur.

Que la Vierge Marie, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à garder la Parole de Dieu. Secours des Chrétiens qu’elle nous soutienne dans la fidélité au nom du Seigneur. Porte du Ciel qu’elle garde nos cœurs attentifs à battre au rythme du cœur de Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Peut-on refuser ce que Dieu a déjà donné ?

5 Mai 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

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6° Dimanche de Pâques - Année B

Ac 10, 25-26ss ; Ps 97(98) ; 1 Jn 4,7-10 ; Jn 15,9-17

« Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres ». Telle est la conclusion de l’évangile de ce jour, et on ne peut pas dire que ce soit une surprise. Cela devrait faire partie des évidences de notre foi. On nous l’a suffisamment répété, pour que nous n’ayons aucun doute sur l’importance de ce commandement. Bien sûr, une chose est de savoir, l’autre de vivre ; et comme il est parfois plus confortable de minimiser ce qu’on n’arrive pas à faire, cela vaut la peine qu’on nous le rappelle de temps en temps. D’ailleurs, ça ne date pas d’hier : la deuxième lecture témoigne assez que dès les débuts du christianisme, saint Jean avait besoin de rappeler aux chrétiens l’importance de l’amour pour la foi.

Cela dit, le commandement du Seigneur est exactement : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Le mot « amour » a tellement de sens et de nuance, qu’il n’est pas inutile de se rappeler la précision : « comme je vous ai aimé ». D’autant que Jésus va détailler de quel amour il nous aime. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Il s’agit donc d’un amour qui donne et non pas d’un amour qui prend. « Je vous appelle mes amis car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ». C’est donc un amour qui ne cherche pas l’utilité ou l’efficacité, mais qui désire l’union des volontés, pour que nous ne nous contentions pas de faire ce que veut le Seigneur, mais que nous voulions ce qu’il veut. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ». C’est donc aussi un amour qui nous précède et nous appelle, et non pas un amour qu’on décide et qui ne dépend que de nous.

Si l’évangile et la deuxième lecture semblent être bien accordés, on peut se demander, pourquoi la première lecture nous rappelle la rencontre entre Pierre et Corneille, le centurion de Césarée. Serait-ce le hasard d’une double lecture continue pendant le temps pascal : celle des actes des apôtres et celle de l’évangile de Jean ? En fait, on va retrouver dans l’histoire de Pierre les mêmes caractéristiques de l’amour dont parle Jésus. Lui aussi fait l’expérience d’un amour qui le précède, puisque manifestement l’Esprit-Saint l’a précédé dans le cœur des païens. Pierre fait encore l’expérience d’un amour qui s’explique et partage son intention puisqu’il déclare : « en vérité, je le comprends, Dieu est impartial ». Enfin il entre dans cette invitation à la générosité, comme en témoigne sa réflexion : « pouvons-nous leur refuser ce que Dieu leur a donné ? ».

Ainsi ce que vit saint Pierre à Césarée, vient éclairer d’une lumière nouvelle le commandement du Seigneur. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » ne signifie pas tant aimez les autres comme vous êtes aimés vous-mêmes, mais aimez les autres comme Dieu les aime. L’amour qui nous est proposé n’est pas tant une balle que l’on renvoie plus ou moins habilement, mais plutôt un amour en cascade dont nous pouvons être un rebond. Bien sûr, il n’est pas faux ni injuste d’essayer d’imiter le Seigneur et d’aimer à sa manière, mais nous pouvons aller plus loin, et plus profondément, en réalisant qu’il s’agit aussi et surtout d’entrer dans le mouvement même de Dieu. Il ne s’agit pas seulement d’aimer parce que nous sommes aimés, mais d’aimer ceux que Dieu aime. Car nous ne sommes ni la source de l’amour, ni même un lac qui déborde du surplus de ce qu’il reçoit. « Pouvons-nous refuser ce que Dieu a déjà donné ? » voilà une belle question pour éclairer le commandement du Seigneur d’aimer comme il aime. Il ne s’agit pas seulement d’imiter, mais aussi de partager ; il ne s’agit pas de transmettre comme un filtre, mais comme un canal ; il ne s’agit pas d’aimer à notre mesure mais d’entrer dans la mesure du cœur de Dieu.

Puisque Dieu a donné sa vie pour ceux qu’il aime, pouvons-nous refuser de nous donner à notre tour ? Puisque Dieu a fait connaître son amour, pouvons-nous le taire ? Ceux que Dieu a choisis, pouvons-nous les mépriser ? En vérité, comme Pierre à Césarée, c’est en découvrant que Dieu aime les autres, que nous pouvons les aimer. Ce n’est pas nous qui sommes le miroir de l’amour de Dieu pour les autres, ce sont les autres qui sont le miroir de l’amour de Dieu pour nous.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraine dans le souffle de l’Esprit-Saint, le don de Dieu. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à aimer ce que le Seigneur aime. Porte du Ciel qu’elle fasse battre nos cœurs au rythme du cœur de Dieu, pour que nous demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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