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28 avril 2024 7 28 /04 /avril /2024 09:25

5PAB

5° dimanche de Pâques - Année B

Ac 9,26-31 ; Ps 21 (22) ; 1 Jn 3,18-24 ; Jn 15,1-8

« Demeurez en moi comme moi en vous », « celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ». La deuxième lecture et l’évangile résonnent du même thème de demeurer en Dieu, d’habiter en Dieu. L’expression fonctionne dans les deux sens : il nous faut demeurer en Dieu, et il faut aussi que Dieu demeure en nous.

Demeurer, c’est s’arrêter, rester, habiter avec quelqu’un, chez quelqu’un. C’est créer une intimité, un lien durable, un lien profond … Il ne s’agit pas seulement d’aller chez quelqu’un, ni même d’être hébergé, mais de créer une communauté de vie, de partager des moments plus personnels, d’être là au quotidien, de vivre ensemble même ce qui paraît anodin.

Or voilà qu’on nous annonce que Dieu demeure en nous, que Dieu reste avec nous. On pourrait imaginer qu’au regard de l’univers, nous ne sommes qu’une poussière, qu’une quantité négligeable. Que Dieu a des choses plus importantes que nous à s’occuper. Eh bien non, Dieu demeure en nous. Dieu habite en nous. C’est dans l’ordinaire de notre vie qu’il s’arrête, qu’il se dévoile et se révèle. Dieu demeure en nous, c’est en nous qu’on peut le trouver le plus facilement, que ceux qui ne le connaissent pas peuvent le rencontrer, que ceux qui l’ont perdu de vue peuvent le retrouver. Il répond toujours positivement à la prière d’Emmaüs : « reste avec nous Seigneur ».

Mais il y a l’autre aspect : c’est que nous sommes invités, nous aussi à demeurer en lui. Si nous le voulons nous pouvons nous arrêter auprès de lui, trouver en lui notre repos, nous dévoiler en lui. Nous pouvons être en Dieu, nous pouvons nous trouver en Dieu, nous pouvons nous retrouver en Dieu.

Ainsi, la demeure de Dieu parmi les hommes, l’église est un lieu d’intimité et de convivialité. Elle n’est pas une station-service où l’on se rend lorsqu’on a épuisé notre réserve d’Esprit Saint : on ne demeure pas dans une station-service ! Elle n’est pas un supermarché où l’on vient rechercher ce qui nous manque : on ne demeure pas dans un supermarché ! L’église est plutôt une maison de famille que l’on habite, un lieu familier où l’on est accueilli, où l’on a ses habitudes, où l’on se rassemble autour du Seigneur avec tous ceux qui partagent la même foi et le même amour.

Mais il ne s’agit pas seulement de demeurer avec Dieu, il faut aussi demeurer en Dieu se sentir chez nous en lui. Qu’est-ce que représente pour nous la Parole de Dieu ? Qu’est-ce que représente pour nous la prière ? Je rêve que chacun ouvre la Bible comme on ouvre un album de famille. Je rêve que lisant la Parole de Dieu, chacun de nous se sente non seulement en terrain connu, mais surtout en terrain familier … Prenons-nous le temps d’habiter cette Parole ? Dans toute maison il y a des pièces qu’on fréquente plus ou moins, de même dans la Bible il y a des textes qui nous reposent et des textes qui nous nourrissent, des textes qui nous purifient et des textes qui nous construisent, des textes auxquels nous revenons sans arrêt et des textes où nous entreposons ce dont on ne sait pas quoi faire. Invités à demeurer en Dieu nous sommes invités à habiter cette parole de Dieu dans toute la beauté de sa diversité. Et pareillement pour la prière. Les formes de prières sont variées … certaines sont comme un jardin secret d’autres comme un lieu de rencontre, certaines prières sont nécessaires au quotidien, d’autres sont plus exceptionnelles, d’autres encore sont notre trésor, ce qui est important c’est d’habiter la prière.

Ainsi voilà ce qui nous est proposé aujourd’hui pour accueillir le mystère de Pâques : demeurer en Dieu et laisser Dieu demeurer en nous. Être attentif à la présence divine en nous, apprivoiser et habiter les choses de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est la Demeure de l’Esprit Saint, le Trône de la Sagesse, la Mère de l’Église, qu’elle ouvre nos cœurs à la présence de Dieu, qu’elle nous montre comment ouvrir nos vies à l’action de Dieu, qu’elle nous apprenne à demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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21 avril 2024 7 21 /04 /avril /2024 13:27

4PAB

4° Dimanche de Pâques - Année B

Ac 4,8-12 ; Ps 117 ; 1 Jn 3,1-2 ; Jn 10,11-18

Dans la méditation du mystère de Pâques, il y a toujours un dimanche où l’on se souvient du Christ comme bon pasteur. C’est l’occasion de méditer sur la place du Christ dans l’Église. On sait bien qu’il y a un lien fort entre les deux et qu’il est impossible de penser à l’Église sans penser au Christ, mais l’on pourrait avoir tendance à vivre l’Église comme le club des admirateurs du Christ, ou encore comme les gardiens de sa mémoire … L’image du Bon Pasteur nous propose un autre type de relation au Seigneur. Voyons ce que nous dit l’évangile que nous venons d’entendre.

« Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis ». Il n’est pas, dit Jésus, comme le berger mercenaire, c’est-à-dire salarié. Face au loup, l’un s’enfuit, tandis que l’autre reste et affronte le danger, même au péril de sa vie. C’est bien sûr une allusion au sacrifice du Christ et à son amour. Mais plus profondément, cela met en évidence deux types de relations entre le pasteur et le troupeau : soit le berger se contente d’assurer une fonction, soit il s’agit d’un engagement. Bien sûr ce n’est pas contradictoire, mais l’un va plus loin que l’autre. Le Christ Bon Pasteur nous rappelle donc que l’Église n’est pas seulement une organisation où il faudrait s’assurer d’une juste répartition des fonctions, mais une communauté où l’on s’engage. Et ce rappel est loin d’être inutile, car il est facile de rester dans une vision purement fonctionnelle des choses. Alors on s’intéresse à l’efficacité, aux équilibres de pouvoir, au respect des conditions contractuelles. Tandis que l’engagement est plus exigeant, puisqu’il invite à la fidélité et à la générosité. C’est pourquoi les sacrements se vivent dans l’engagement. Si nous voulons suivre le Christ, nous ne pouvons pas nous contenter de faire ce qu’il nous dit, nous devons vivre à sa manière.

L’évangile continue : « le bon pasteur connait ses brebis et ses brebis le connaissent ». Bien sûr nous y voyons l’expression d’une relation particulière entre le pasteur et les brebis. Mais la phrase de Jésus ne s’arrête pas là, il précise « comme le Père me connaît et que je connais le Père ». Ainsi il y a une similitude entre notre relation au Christ et sa relation au Père. Et voilà un deuxième aspect de l’église que révèle l’image du Bon Pasteur : son caractère divin ou spirituel. Non pas comme un privilège ou une manière de vivre dans l’abstraction, mais très concrètement dans une présence au cœur de Dieu. Reprenant l’image de la Croix, dans l’Église, la dimension horizontale s’appuie sur la dimension verticale, le visible s’appuie sur l’invisible. Là encore le rappel n’est pas inutile, parce qu’il est facile de penser l’Église en termes humains, comme tout autre groupe que nous connaissons. Dire que l’Église a une dimension divine, ce n’est pas prétendre que tout va bien, mais c’est reconnaître que les imperfections humaines ont leurs racines dans les imperfections spirituelles. Le Christ Bon Pasteur nous invite à ne pas vivre à l’horizon de la terre, mais à garder le cœur fixé sur l’appel du Ciel.

Enfin Jésus affirme « j’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos ». C’est une phrase un peu mystérieuse, et pourtant elle nous révèle un aspect essentiel de la relation entre le berger et le troupeau : ce n’est pas le troupeau qui détermine le berger, c’est le berger qui détermine le troupeau. Cela veut dire que l’Église est plus large que notre propre cercle. C’est peut-être l’un des plus grands défis pour notre temps : rester ouvert à ceux que le Christ appelle plutôt que de se rassurer au milieu de ceux qui nous sont sympathiques. Quel sens cela aurait-il que le troupeau rejette ou ignore les brebis que le Bon Pasteur a rassemblé ? On doit rester vigilant à ne pas limiter l’Église à nos affections. Accepter de vivre notre foi avec d’autres que nos amis, c’est le meilleur moyen de suivre le Christ plutôt que l’idée que nous nous en faisons.

Le dimanche du Bon Pasteur est aussi celui où nous sommes invités à prier pour les vocations sacerdotales et religieuses. Nous prions pour que ne manquent pas à l’Église des hommes et des femmes qui choisissent de donner leur vie à celui qui a donné sa vie pour nous ; pour que ne manquent pas à l’Église des signes du Bon Pasteur qui s’engagent, qui rappellent par leur vie la dimension spirituelle de la vie chrétienne, qui soient attentifs à ceux que le Christ appelle. Mais personne dans notre paroisse ou dans nos familles ne répondra à l’appel du Seigneur, si nous restons dans une vision fonctionnelle, humaine ou à notre mesure de l’Église. On dit que les vocations sacerdotales sont un signe de la vitalité d’une communauté chrétienne. La prière pour les vocations nous engage à nous convertir pour suivre plus fidèlement le Christ Bon Pasteur, lui qui a donné sa vie pour nous, qui nous fait vivre ce qu’il vit avec le Père, qui rassemble dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour qu’elle soutienne nos engagements ; Porte du Ciel qu’elle garde nos yeux tournés vers le Seigneur ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle élargisse nos cœurs aux dimensions du cœur de Dieu, pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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31 mars 2024 7 31 /03 /mars /2024 13:34

PA01

Dimanche de la Résurrection - Messe du Jour

Ac 10,34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9

Chez les chrétiens orientaux, il est de coutume, entre Pâques et Ascension, d’utiliser la salutation pascale. On ne souhaite pas simplement que le jour soit bon ou que la paix soit avec celui qu’on rencontre, mais on dit « le Christ est ressuscité ! » à quoi l’on répond « Il est vraiment ressuscité ! »

Le Christ est ressuscité ! C’est d’abord le cœur de notre foi chrétienne. On peut disserter longuement sur ce que c’est qu’être chrétien, on peut décrire les rites, décliner les valeurs, détailler l’histoire, tant qu’on n’évoque pas la résurrection du Christ, on reste à la superficie des choses. Il n’y a rien dans l’église qui ne se comprenne pas à la lumière de la Résurrection. Le baptême n’est pas une habitude familiale pour calmer les angoisses de la grand-mère et honorer les parrains et marraines : c’est la participation au mystère de Pâques, c’est être plongé dans la mort et la résurrection du Christ. Les obsèques chrétiennes ne sont pas un simple souvenir ému du défunt regretté mais le rappel de l’espérance qui nait de cette promesse de la Résurrection : « quand paraîtra le Christ votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire ». La croix n’est pas un bijou esthétique astucieusement géométrique, c’est le signe du commencement du grand mystère, la clé de la Résurrection. Même la fête de Noël n’a pas beaucoup d’intérêt sans la Résurrection. Annoncer : « Le Christ est Ressuscité » c’est d’abord une profession de foi, la profession de notre foi

Car il s’agit bien d’une annonce. La résurrection n’est pas découverte, elle est annoncée. Même le disciple que Jésus aimait, entrant après Pierre dans le tombeau au premier jour de la semaine, ne déduit pas tout seul de ce qu’il voit, ou de ce qu’il ne voit pas, que Jésus est ressuscité d’entre les morts. Comme le rappelle l’évangéliste, à ce moment-là, le disciple comprend ce qu’annonçaient les Écritures. La résurrection ne s’observe pas. Ce qui s’observe c’est la disparition du corps, la pierre du tombeau enlevée, les linges posés à plat. Mais cela ne suffit pas pour croire, ni à Marie Madeleine, ni à Pierre. La Résurrection est une révélation, elle est même le sommet de la Révélation. On l’accepte ou on ne l’accepte pas, mais on ne la démontre pas. Saint Pierre à Césarée, rappelle que le Christ ressuscité ne s’est pas manifesté à tout le peuple, mais à quelques-uns. Il n’est pas allé se promener dans le Temple pour narguer les grands prêtres et épater la foule. La résurrection ne s’observe pas, elle ne s’impose pas, elle se propose et elle s’annonce, pour que ceux qui le veulent bien l’accueillent et y croient.

A cette annonce, la salutation pascale répond : « Il est vraiment ressuscité ». C’est l’expression d’une foi partagée. Mais c’est aussi une sorte de confirmation et le rappel que la foi n’est pas une démarche solitaire, qu’elle se vit avec d’autres, en église. La foi chrétienne n’est pas une opinion privée qui ne concerne que nous, c’est une dynamique commune. « Recherchez les réalités d’en haut » conseillait saint Paul. J’aime bien cette image de celui qui regarde vers le haut et qui incite ainsi ceux qui passent à regarder, eux-aussi, vers le haut. Que la salutation pascale ne soit pas symétrique, qu’on ne réponde pas simplement en répétant ce que l’on a entendu, est une bonne indication du fonctionnement de l’Église. Il ne s’agit pas d’être tous pareils, répétant un slogan pour lui donner sa force : c’est dans nos différences que l’on s’encourage et qu’on progresse. L’autre n’est pas un miroir qui me conforte mais la porte qui me conduit au Seigneur.

Enfin, à la salutation orientale, on aime bien rajouter le mot « alléluia » qui est comme le marqueur de la joie pascale. Depuis le mercredi des Cendres, on a jeûné de ce mot, et voilà que depuis cette nuit, on l’utilise en abondance, le disant et le répétant. Alléluia ! C’est le mot de Pâques. C’est un mot hébreu qui signifie « louez Dieu ». Comme ce n’est pas notre langue, on peut passer à côté de son caractère d’invitation. Alléluia, ça ne signifie pas « je loue Dieu », ni même « loué soit le Seigneur » mais « louez Dieu ». Évidemment, c’est une invitation qu’on partage en la faisant résonner : si l’on invite les autres à louer le Seigneur, ce n’est pas pour qu’ils le fassent à notre place ! Ainsi « Alléluia » est-il le rappel que nous sommes concernés par la Résurrection et le mystère de Pâques. « Vous êtes ressuscités avec le Christ » disait saint Paul, et saint Pierre concluait son discours chez le centurion en affirmant : « Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Que le Christ soit ressuscité, tant mieux pour lui ! Mais en fait tant mieux pour nous aussi, car sa résurrection nous ouvre les portes de la vie divine. Et si on loue le Seigneur, ce n’est pas parce qu’il a fait de grandes choses, mais parce qu’il les a faites pour nous. Et qu’ainsi nous sommes devenus capables de rayonner de la lumière de Pâques, dans le pardon, dans l’espérance et dans le service, dans tout ce qui manifeste un amour qui rend la vie plus forte que la mort, un amour qui fait jaillir la lumière dans les ténèbres.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne dans la grande joie de Pâques. Porte du Ciel qu’elle ouvre nos cœurs à la bonne nouvelle de la Résurrection. Mère de l’Église qu’elle nous entraine à partager la vie nouvelle que nous avons reçue par le baptême. Reine des Saints qu’elle nous fasse rayonner de la Lumière du Christ pour que nous fassions retentir dans tout l’univers la salutation pascale : Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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21 mai 2023 7 21 /05 /mai /2023 13:05

7PAA

7° Dimanche de Pâques - Année A

Ac 1,12-14 ; Ps 26 ; 1 P 4,13-16 ; Jn 17,1b-11a

Entre l’Ascension et la Pentecôte, nous voici invités à nous joindre aux Apôtres, dans la chambre haute, où ils se tenaient habituellement, assidus à la prière avec Marie la mère de Jésus. Et la prière de l’Église commençante est comme un écho de la prière de Jésus que rappelait l’évangile. Dans les paroles du Seigneur, il est beaucoup question de glorifier : « Glorifie ton Fils afin que le Fils de te glorifie » ; « je t’ai glorifié sur la terre, maintenant glorifie moi auprès de toi » ; « je suis glorifié en eux ». Si nous voulons rejoindre la prière du Seigneur, essayons de mieux comprendre ce que cela signifie.

Tout d’abord, il faut entrer dans la conception biblique de la gloire qui est peut-être un peu différente de la nôtre. Pour nous, la gloire est sans doute de l’ordre de la renommée, de la célébrité ou des honneurs. Or, en hébreu, la gloire évoque l’idée de poids, elle ne vient pas tant de ce qu’on dit d’une personne que de sa valeur. La gloire, ne vient pas des autres, mais de soi : c’est en quelque sorte le rayonnement d’une personne, la véritable mesure de ce qu’elle est. Quand Jésus dit : « glorifie-moi pour que je te glorifie » il ne s’agit pas d’une sorte de pacte plus ou moins honnête où l’on renvoie l’ascenseur des honneurs ! Il s’agit au contraire d’entrer dans une plénitude de relation : que le Père manifeste le Fils comme Fils, pour que le Fils manifeste le Père comme Père. Nous sommes donc invités à contempler le mystère même Dieu, ce dynamisme d’amour entre le Père et le Fils qui depuis l’Ascension se déploie et s’épanouit.

Ensuite, Jésus évoque sa mission pour aspirer à cette plénitude : « je t’ai glorifié sur la terre […] glorifie-moi auprès de toi ». On comprend aisément qu’il y a deux lieux différents : la terre et le ciel. A vrai dire c’est une évidence, mais il est bon de s’en souvenir car il est facile d’oublier le ciel pour n’avoir que la terre comme horizon de nos vies, ou d’oublier la terre en pensant être déjà dans le ciel. Ce ne sont pas deux mondes séparés, mais ce sont deux mondes différents. Et parfois cette différence peut engendrer quelques frottements ! C’est ce dont témoigne la lettre de saint Pierre. Sans doute écrite au moment où les chrétiens commencent à subir quelques tracas, l’apôtre y rappelle l’importance de s’attacher d’abord à ce que nous avons reçu : l’Esprit de Gloire, l’Esprit de Dieu. Il ne s’agit pas de rechercher systématiquement la souffrance ou la persécution, ni de les fuir systématiquement. Elles n’indiquent ni le mal, ni le bien. Elles n’indiquent pas systématiquement le mal : puisque Jésus a souffert et été insulté, on sait que la gloire de la terre n’est pas la gloire du ciel. Mais la souffrance et la persécution n’indiquent pas non plus systématiquement le bien. Avec beaucoup de réalisme, saint Pierre avertit aussi « que personne n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur ou agitateur ». En d’autres termes, ce n’est pas parce que vous êtes incompris que vous avez raison ! L’Ascension nous rappelle la distance entre le ciel et la terre, pour que nous puissions orienter nos vies dans le bon sens : de la terre vers le ciel, sans nous croire déjà arrivés, que ce soit sur la terre ou dans le ciel.

Enfin Jésus témoigne : « je suis glorifié en eux ». C’est-à-dire que ce sont ses disciples qui manifestent qui il est vraiment. Si le Père glorifie le Fils dans le ciel, les chrétiens glorifient le Christ sur la terre. Comment ? En gardant la parole qu’il nous a donnée et qu’il avait reçue du Père ; en reconnaissant sa nature et sa mission divine. « Ils ont reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé ». Ainsi la gloire du Christ repose sur notre fidélité et sur notre foi. Être chrétien, ce n’est pas seulement avoir certaines idées ou certaines habitudes, ce n’est même pas suivre un personnage historique ou être fasciné par son enseignement ; depuis l’Ascension être chrétien c’est rejoindre le regard du Père sur le Fils, manifester par notre vie ce que le Père manifeste dans son amour.

Puisque Jésus avait recommandé aux disciples de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre le don de Dieu ; tenons-nous avec l’Église naissante dans la chambre haute, d’un même cœur assidu à la prière, pour contempler le mystère de Dieu qui déploie sa plénitude quand le Père glorifie le Fils qui le glorifie ; pour nous attacher à l’Esprit de Gloire qui repose sur nous, en nous détachant de la gloire du monde ; pour garder fidèlement ce que nous avons reçu et manifester toujours mieux la vraie nature de celui en qui nous croyons.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reflet de la clarté divine qu’elle guide nos cœurs vers le cœur de Dieu ; Tunique d’espérance qu’elle nous garde unis à l’Esprit de Gloire ; Rayonnement de Joie qu’elle soutienne notre fidélité pour que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques : le Christ est resuscité ! Alléluia ! Il est vraiment resuscité ! Alléluia !

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14 mai 2023 7 14 /05 /mai /2023 08:35

6PAA

6° Dimanche de Pâques - Année A

Ac 8,5-8.14-17 ; Ps 65 ; 1 P 3,15-18 ; Jn 14,15-21

Le pire n’étant jamais sûr, vous n’avez peut-être pas eu l’outrecuidance en entendant l’évangile de penser comme moi la première fois : « qu’est-ce que c’est que ce charabia ! ». Saint Jean a parfois des textes tellement alambiqués qu’il faut faire un acte de foi pour les recevoir comme révélés ! Cela dit que le Seigneur me pardonne ces pensées et ces paroles, je sais très bien que la difficulté vient plus de mon étroitesse d’esprit que du style oriental de l’apôtre !

Lisant et relisant le texte pour essayer quand même d’en saisir quelque chose j’ai eu l’impression que le Christ nous invitait à une unité très profonde. Unité d’autant plus profonde qu’elle a pour modèle et origine l’unité de Jésus et du Père. « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous … celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » Est-il vraiment possible d’expliquer clairement ce qui se passe en Dieu ? Ce qui se passe avec Dieu ?

Cela dit, l’essentiel n’est peut-être pas d’expliquer, mais de vivre ! Et pour vivre l’unité avec Dieu à sa manière, nous ne pouvons pas compter sur notre force, ni sur notre habileté ni même sur notre expérience. Il faut recevoir l’Esprit Saint. Dit en d’autres termes, pour entrer dans la Trinité, dans le dialogue d’amour de Dieu, il faut être introduit par l’Esprit de Dieu. Et c’est bien pour ça que les samaritains doivent non seulement être baptisés au nom du Seigneur Jésus, mais aussi recevoir l’Esprit Saint par l’imposition des mains des apôtres.

Tout part de Dieu, mais ça ne signifie pas que nous n’ayons rien à faire ! Il n’y a pas d’amour si chacun n’agit pas pour l’autre. Si Dieu donne, il faut recevoir au sens d’accueillir, d’accepter. Et cela implique un déplacement de notre cœur, choisir l’Esprit de vérité plutôt que suivre l’esprit du monde. Si nous voulons que Dieu soit présent dans notre vie, si nous voulons qu’il nous aide, il faut lui laisser une place, il faut le laisser agir.

« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi » dit le Seigneur dans l’Apocalypse. L’image est parlante : elle rappelle l’initiative de Dieu et l’importance de notre disponibilité. Mais elle montre un autre aspect important : Dieu se propose de demeurer. Il ne fait pas que passer. Aussi notre réponse doit elle également demeurer. C’est ce qu’on appelle la fidélité. « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime » dit Jésus. Il ne suffit pas de recevoir, il faut garder. C’est la fidélité qui permet à l’Esprit d’agir pour arriver à la ressemblance. C’est ce qu’expliquait saint Pierre dans la deuxième lecture : « il vaudrait mieux souffrir en faisant le bien, plutôt qu’en faisant le mal, car le Christ lui aussi a souffert pour les péchés ».

Alors comment vivons-nous cette union avec Dieu et en Dieu ? Sa présence est-elle pour nous une conquête ou un don ? Comment recevons-nous ce que le Seigneur nous donne ? Savons-nous l’accueillir et le choisir ? Acceptons-nous de demeurer dans l’unité, en gardant fidèlement ce que nous avons reçu ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle ouvre nos oreilles pour que nous entendions l’appel de Dieu. Refuge des pécheurs qu’elle ouvre nos vies au Don de Dieu pour que nous choisissions de l’accueillir. Vierge fidèle qu’elle ouvre nos cœurs à la fidélité du Seigneur pour que nous gardions ce que nous avons reçu et que demeurant en lui comme il demeure en nous, resplendisse là où nous sommes la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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7 mai 2023 7 07 /05 /mai /2023 13:19

5PAA

5° Dimanche de Pâques - Année A

Ac 6,1-7 ; Ps 32 ; 1 P 2,4-9 ; Jn 14,1-12

En ce temps-là, Jésus s’apprête à quitter ses apôtres pour rejoindre le Père. Il le dit au moins deux fois, d’abord au début de l’évangile que nous venons d’entendre, mais aussi à la fin du texte. Un peu spontanément, on pense au temps qui précède sa Passion, c’est d’ailleurs à ce moment-là que le texte est situé dans l’évangile de saint Jean. Mais à la réflexion, le temps où Jésus part vers le Père, c’est aussi le temps de Pâques, avant l’Ascension. Ainsi les paroles qui nous sont données aujourd’hui ne nous replongent pas dans la gravité d’une fin de carême, mais elles éclairent le sens du temps pascal. Un temps où nous ne sommes pas invités simplement à goûter la joie de la résurrection, mais à entrer dans le temps de la foi, celui qui s’ouvre avec le départ du Seigneur vers le Père.

Cela commence par une promesse : « je vais vous préparer une place et je reviendrai pour vous emmener auprès de moi ». Comme une présence qui nous précède et nous accompagne. Voilà pourquoi Jésus est le chemin, une présence qui nous précède et nous accompagne. Or Thomas lui objecte « nous ne savons pas où tu vas, comment saurions-nous le chemin ? ». Mais est-il besoin de connaître l’arrivée pour connaitre le chemin ? Bien sûr, cela peut rassurer et motiver. Mais ce n’est pas nécessaire … on peut aussi se laisser guider par le chemin pour découvrir là où il nous emmène. Parfois le chemin – par exemple en montagne – nous semblera faire des détours qu’on pourrait juger inutiles, mais qui nous épargnerons des efforts trop grands, ou nous éloignerons de dangers que nous ignorons. Suivre un chemin suppose de lui faire confiance. Puisque croire c’est se mettre à la suite du Christ, la foi est l’attachement à la promesse du Seigneur

Ensuite Jésus évoque la connaissance. « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ». Mais Philippe réagit : « Montre-nous le Père, cela nous suffit ». La réflexion n’est pas irrespectueuse, on pourrait la comprendre comme une manière de dire « on n’en demande pas tant, ne te donne pas tout ce mal ». Pourtant Jésus semble attristé par les paroles de Philippe. Il lui reproche de ne pas avoir reconnu la vérité de ce qu’il est. Et nous comprenons ce qu’il peut y avoir d’ambigu dans la demande de Philippe. Comme s’il disait, « ne t’inquiète pas, nous nous débrouillerons tout seuls ». Il y a là un enjeu important sur la vérité. Si voir donne une certaine connaissance, toute connaissance ne vient pas de ce qu’on voit. Et même peut-être ce qui est le plus important, ce n’est pas ce que nous voyons mais ce que nous croyons (à condition de ne pas croire n’importe qui, bien sûr !). Comme disait le Petit Prince : L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur. Ainsi la vérité que propose le Christ est-elle de l’ordre de la révélation, de ce qu’on ne peut pas voir, mais qu’il faut croire. Voilà pourquoi la foi est aussi l’accueil d’une révélation.

Enfin Jésus parle des œuvres. Les œuvres qu’il a faites, mais aussi celles que nous ferons, qui sont, dit-il, « plus grandes parce que je pars vers le Père ». On peut rapprocher cet enseignement de sa parole : « je suis la vie ». Car, qu’est-ce que la vie sinon un don à recevoir et à déployer. Un mystère qui s’épanouit par l’effacement de son origine. Comme un passage de témoin. On sait qu’il y a quelque chose de la réflexion de Jean-Baptiste dans l’attitude des parents pour leurs enfants : « il faut qu’il croisse et que je diminue ». C’est vraiment bouleversant d’entendre Jésus se placer dans les mêmes dispositions : il part vers le Père pour nous laisser la place. Pour que nous puissions déployer ce qu’il nous a donné. La foi est aussi l’acceptation d’une mission, c’est accepter que Dieu remette sa grâce entre nos mains, c’est une confiance en Dieu qui répond à la confiance de Dieu.

Parce que Jésus est le chemin, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme attachement à la promesse. Parce que Jésus est la vérité, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme accueil de sa Révélation. Parce que Jésus est la vie, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme acceptation de sa mission.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous guide sur le Chemin à la suite du Christ pour que nous avancions dans l’espérance. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous dispose à la Vérité manifestée par le Christ pour que nous soyons fortifiés dans la foi. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage dans la Vie communiquée par le Christ pour que nous déployons la charité et que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 13:03

4PAA

4° Dimanche de Pâques - Année A

Ac 2,14a.36-41 ; Ps 22 ; 1 P 2,20b-25 ; Jn 10,1-10

Le quatrième dimanche de Pâques est appelé dimanche du Bon Pasteur, parce qu’on y entend un évangile où Jésus utilise une métaphore pastorale pour parler de sa mission. Que le Christ soit le Bon Pasteur, ne devrait pas trop nous surprendre : l’image est l’une des plus anciennes et des plus traditionnelles, elle s’inscrit aussi dans la continuité de l’Ancien Testament où l’on retrouve souvent cette idée que le peuple est le troupeau dont Dieu est le berger. Cela dit, vous me trouverez peut-être un peu pinailleur, mais dans l’évangile que nous venons d’entendre c’est plutôt à la porte que le Seigneur se compare, la porte par laquelle le pasteur doit passer. Alors, est-il donc la porte ou le pasteur ? Et tant qu’on y est, compliquons encore les choses : tout à l’heure nous le désignerons comme l’agneau de Dieu ! Comme le but de la méditation n’est pas d’avoir mal à la tête ni de faire du mauvais esprit, laissons-nous plutôt inspirer par les images pour essayer de mieux comprendre la place du Christ dans l’Église.

Tout d’abord, il est le pasteur, comme le disait saint Pierre « vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes ». Cela veut dire que l’Église n’est pas un troupeau auto-géré qui se suffirait à lui-même ; elle n’est pas un groupe qui se rassemble pour une cause commune et qui décide ce qu’elle va faire selon des processus à définir selon les époques. Reconnaître le Christ comme notre pasteur, c’est accepter que l’assemblée ne soit pas un cercle sympathique refermé sur lui-même, mais qu’elle ait un vis-à-vis : le Christ qui est son origine et son but. En terme théologique, c’est la raison d’être de la structure hiérarchique de l’Église. Ceux qui n’aiment pas l’expression pourront en proposer d’autres, à condition de garder cette place unique et incontournable du Christ. Sans le Christ, il n’y a pas d’Église. Et ce n’est pas seulement une histoire de mots, mais c’est aussi une manière de fonctionner.

Ensuite le Christ est la porte. D’après ce que Jésus développe dans l’évangile, cela indique le critère de discernement : celui qui passe par la porte est le pasteur, celui qui ne passe pas par la porte est le voleur. Le Christ est donc la référence. Quelqu’un peut bien se prétendre envoyé par Dieu pour une mission, s’il ne passe pas par le Christ, s’il ne se conforme pas à son enseignement, ce n’est pas un pasteur mais un voleur. Ces derniers temps, au moins dans certains cercles, on a beaucoup parlé de cléricalisme comme la source de toutes sortes de dérives. En vérité le problème du cléricalisme ce n’est pas qu’il y ait des clercs, c’est quand les clercs ne se réfèrent qu’à eux-mêmes et non pas au Christ. Le problème c’est quand celui qui devrait montrer le Christ, ne montre que lui-même, quand celui qui devrait faire retentir la parole du Christ ne fait retentir que sa propre parole. Et cette leçon n’est pas seulement pour les clercs, mais pour tous. Pour reprendre l’image de l’évangile, chaque brebis peut vérifier que celui qui se prétend pasteur entre bien par la porte qui est le Christ. Il faudra parfois renoncer à d’autres attraits plus humains, pour garder le Christ comme ultime critère de nos enthousiasmes … et même de nos animosités !

Enfin, Jésus est aussi l’agneau de Dieu … si nous sommes les brebis, cela peut suggérer une proximité particulière, mais nous savons que la phrase continue « qui enlève les péchés du monde ». Cela nous renvoie donc au mystère du salut, à la dynamique de Pâques : le Christ est celui qui donne et se donne. Il y a donc aussi cette dimension de guide et d’exemple. Qu’il soit l’agneau de Dieu, ne signifie pas tellement qu’il soit comme nous, mais que nous devons être comme lui ! C’est ainsi que la deuxième lecture proposait de vivre nos difficultés comme le Christ a vécu sa passion. C’est aussi l’invitation de Pierre à ses auditeurs de la Pentecôte à entrer dans la promesse par la conversion, le baptême pour le pardon des péchés et le don de l’Esprit-Saint. C’est encore la réflexion de Jésus : « elles le suivent car elles connaissent sa voix ». Dans le Christ, Dieu s’est fait proche de nous pour que nous puissions le connaître, et que le connaissant nous puissions le suivre. Certains pères parlent du chrétien comme un autre Christ … c’est ce qu’indique le cierge allumé au cierge pascal qu’on remet au nouveau baptisé, c’est surtout le cœur de notre vocation, le centre de notre mission.

Ainsi puisque Christ est notre Pasteur, il est notre référence ; puisqu’il est la Porte, il est notre critère ; puisqu’il est l’Agneau il est notre modèle.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère de l’Église qu’elle garde nos oreilles attentives à écouter la parole du Bon Pasteur ; Etoile du matin qu’elle garde nos yeux fixés sur le Christ ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle garde nos cœurs attachés à celui qui nous a ouvert le Cœur de Dieu pour que nous puissions resplendir de la gloire de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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23 avril 2023 7 23 /04 /avril /2023 09:54

3PAA

3* Dimanche de Pâques - Année A

Ac 2,14.22b-33 ; Ps 15 ; 1 P 1,17-21 ; Lc 24,13-35

Après l’apparition à Thomas, l’Église nous propose de continuer notre méditation du mystère pascal en entendant le récit des disciples d’Emmaüs. Il est remarquable que ce soit à la fraction du pain que les disciples reconnaissent Jésus. Nous savons que dans le langage des premiers chrétiens la fraction du pain est le premier nom de l’eucharistie. Et il n’a pas manqué de commentateurs pour remarquer que l’ensemble du texte reprend le déroulement d’une messe :

Il y a d’abord ce chemin de Jérusalem à Emmaüs, chemin sur lequel les disciples sont amenés à confier au Seigneur tout ce qui fait leur vie : leurs espoirs et leurs interrogations, leurs joies et leurs tristesses. Et c’est bien le sens de la liturgie pénitentielle par laquelle nous commençons notre célébration. Ensuite il y a le temps où Jésus leur explique dans l’Écriture tout ce qui le concernait, comme une liturgie de la Parole semblable à ce que nous vivons en ce moment. Puis il y a cette belle prière des disciples « reste avec nous car le soir approche et déjà le jour baisse ». C’est aussi le sens de la prière universelle : inviter le Seigneur à manifester sa présence dans les obscurités du monde.

La deuxième partie de l’histoire se déroule à table, comme notre célébration se continue à l’autel. C’est la liturgie de l’Eucharistie, au cours de laquelle « le Seigneur prend du pain, dit la bénédiction, le rompt et le leur donne ». C’est à ce moment qu’ils le reconnaissent, mais il disparaît à leur regard. Étrange présence qui se donne au moment où elle se dérobe. Sans doute ce récit nous permet-il de comprendre que refaire les gestes du Seigneur au soir de sa passion n’est pas un simple souvenir, une commémoration nostalgique, mais le moment où nous sommes invités à reconnaître une nouvelle forme de présence. Le Christ ressuscité est désormais présent de manière mystérieuse dans la fraction du pain. C’est ce que nous exprimons par notre foi en la présence réelle, présence étonnante qui se donne en se dérobant. Enfin le récit s’achève sur le retour des disciples à Jérusalem. Eux qui s’éloignaient de l’Église, ils la retrouvent et y sont confirmés dans leur expérience : « C’est vrai le Seigneur est ressuscité », alors ils peuvent témoigner à leur tour de ce qu’ils ont vécu. Ainsi l’Eucharistie nous conforte dans l’Église et nous invite à prendre notre part du témoignage.

À travers le chemin d’Emmaüs, l’évangile nous permet de comprendre ce que nous vivons dans l’Eucharistie. Nous réalisons aussi l’importance de chaque moment qui permet d’aller jusqu’au bout de la rencontre qui nous est proposée. À chaque étape, en effet, les disciples auraient pu agir différemment et l’histoire aurait été différente. Quand Jésus leur demande « de quoi discutez-vous en marchant », ils auraient pu hausser les épaules en disant « si tu ne sais pas ce qui est arrivé ces jours-ci, tu ne peux pas comprendre ». Ils auraient pu aussi se draper dans leur susceptibilité offensée quand Jésus leur dit « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire » et ne pas écouter ce qu’il leur expliquait de toute l’Écriture. Ils auraient pu poliment prendre congé de leur compagnon de route à l’arrivée au village. Ils auraient pu rester perplexes quand il disparut en se demandant « mais où est-il passé ? ». Enfin ils auraient pu enfin aller se coucher après toutes ces émotions … mais quel sens tout cela aurait-il eu ?

Et pour nous ? Comment parcourons-nous ce chemin d’Emmaüs auquel nous invite la messe ? La liturgie pénitentielle est-elle une simple formalité, le préambule de la messe qui nous permet d’arriver en retard, ou bien est-ce le temps où nous déposons devant Dieu tout ce qui a fait notre vie cette semaine ? Profitons-nous de la liturgie de la Parole pour scruter les Écritures et découvrir ce que nous n’avons pas encore compris ? La prière universelle est-elle l’occasion d’inviter le Seigneur dans notre vie ? Est-ce que nous nous laissons guider par le Christ lors de la liturgie eucharistique pour rendre grâce et reconnaître : « notre cœur n’était-il pas brûlant en nous ? » Enfin, à l’issue de la célébration, quel chemin reprenons-nous ? Celui de la tranquillité du foyer ou celui de l’empressement à partager ce que nous avons vécu ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à parcourir avec un cœur sincère, le chemin qui nous est proposé chaque dimanche pour rencontrer le Christ ressuscité. Elle qui est la Porte du Ciel, le Trône de la Sagesse et la Demeure de l’Esprit Saint, qu’elle ouvre nos yeux à la présence de Celui qui nous rejoint pour que nous vivions en Lui. Et qu’ainsi notre vie résonne de la bonne nouvelle de Pâques : Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 08:58

2PAA

Dimanche de la Miséricorde - Année A

Ac 2,42-47 ; Ps 117 (118) ; 1 P 1,3-9 ; Jn 20,19-31

L’évangile que nous venons d’entendre est particulièrement adapté au sens de ce dimanche. Il nous invite à contempler dans un même regard toute la semaine, entre le soir du premier jour après la mort de Jésus, lorsqu’il apparaît à ses disciples, et la nouvelle rencontre huit jours après. Comme si la même histoire se répétait avec juste quelques détails différents. Ainsi les disciples sont encore réunis dans la maison, mais cette fois Thomas est avec eux. Les portes sont toujours verrouillées. Jésus leur apparaît à nouveau et leur dit encore : « la paix soit avec vous ».

Cela peut paraître anecdotique. On peut y voir la salutation orientale classique. Pourtant un détail surprend. Pourquoi Jésus répète-t-il « la paix soit avec vous » après leur avoir montré ses mains et son côté ? Ainsi par trois fois l’expression se retrouve dans le texte. Une expression qui n’est pas si banale, puisque c’est la seule fois dans l’évangile de Jean que cette salutation est utilisée. A la réflexion d’ailleurs, cette formule n’est pas si courante dans la Bible. Même l’ange à l’Annonciation utilise plutôt la formule grecque : « réjouis-toi ». Et s’il y avait dans cette formule quelque chose qui nous invite à mieux accueillir ce mystère de Pâques ?

La première fois, Jésus s’adresse aux disciples qui se cachent par crainte des juifs. On comprend aisément cette situation, mais les paroles du Seigneur invitent à sortir de l’enfermement de la peur. La menace n’a pas disparu, le danger est toujours le même, mais la présence du Christ ressuscité permet la paix et débloque le verrou de la peur pour ouvrir la porte de l’espérance. C’est sans doute le premier message de la Résurrection, le plus évident : la lumière luit au fond de ténèbres, toute situation même la plus désespérée peut conduire à la gloire de Dieu.

La deuxième fois Jésus répète la salutation. Cette fois-ci les disciples sont remplis de joie car ils ont reconnu que leur maître et ami qui était mort est toujours vivant. Là encore, on imagine facilement la scène. On doit même pouvoir parler d’excitation. Dans le tumulte de la joie, Jésus appelle la paix et communique sa mission : « comme le Père m’a envoyé, je vous envoie » ; soufflant sur eux l’Esprit Saint il donne à leurs actions terrestres un retentissement céleste : « à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ». C’est que la joie, même pour un autre peut être un peu égoïste. Aussi il s’agit que nos cœurs, même joyeux ne soient pas tournés vers nous mais vers les autres. Le Christ ressuscité débloque le verrou de l’égoïsme pour ouvrir la porte de la charité qui est ce souffle divin transformant notre vie.

La troisième fois se situe donc huit jours après. Les disciples sont toujours entre eux, rien n’a vraiment changé dans leur vie. Comment Thomas pourrait-il les croire ? Leur témoignage semble n’être qu’une sorte d’idée qui permet de s’installer dans le confort d’un groupe chaleureux. Mais c’est la paix du sommeil et elle est illusoire. Aussi Jésus les bouscule à travers l’interpellation de Thomas. Le Christ ressuscité débloque le verrou du confort pour ouvrir la porte de la foi. Car le mystère de Pâques ne peut retentir que si l’on renonce à tout contrôler, que si l’on prend le risque de la confiance.

A travers la triple salutation du Christ ressuscité, nous découvrons combien le grand mystère nous sort de la peur pour que nous puissions accueillir la paix que donne l’espérance ; nous recevons par l’envoi en mission la paix qui rayonne de la charité en unissant le ciel et la terre ; nous sommes invités à risquer la confiance pour entrer dans la paix que promet la foi.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, fasse retentir cette parole dans nos cœurs. Secours des Chrétiens qu’elle nous guide dans les difficultés pour que nous percevions la lumière de la Résurrection ; Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne dans la mission pour que nous nous laissions guidés par le Souffle de Dieu ; Porte du Ciel qu’elle ouvre nos cœurs à l’annonce de la Bonne nouvelle : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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9 avril 2023 7 09 /04 /avril /2023 18:41

PA01S

Dimanche de la Résurrection - messe du soir

Ac 10,34a. 37-43 ; Ps 117(118) ; Col 3, 1-4 ; Lc 24, 13-35

Au soir de Pâques, alors que le soir approche et que déjà le jour baisse, les deux disciples qui avaient quitté Jérusalem deux heures plus tôt, arrivent au village d’Emmaüs où ils se rendaient, et ils proposent au sympathique inconnu rencontré sur le chemin de faire halte avec eux. Ils avaient entendu le rapport des femmes revenant du tombeau du Seigneur qui l’ont trouvé vide, ce qu’avaient confirmé d’autres de leurs compagnons. Ils avaient bien entendu le témoignage de la vision des femmes : des anges, qui disaient que Jésus est vivant, mais lui Jésus, personne ne l’avait vu.

Or au moment même où ils racontent cela, celui que personne n’a vu se tient à leurs côtés, mais ils ne le reconnaissent pas. C’est à la fraction du pain qu’ils vont le reconnaître, mais alors il disparaîtra à leurs regards. Ainsi, en ce jour de Pâques, Cléophas et l’autre disciple voient sans reconnaître avant de reconnaître sans voir !

Ainsi, celui qui était mort, enterré est à nouveau vivant. C’est la Pâque du Christ que nous fêtons aujourd’hui, le passage de la mort à la vie, non pas pour revenir à la vie d’avant, mais pour vivre d’une vie nouvelle. C’est un grand mystère qu’on ne peut pas voir, mais que l’on peut reconnaître. Et ce mystère éclaire d’un jour nouveau, tout ce qui a précédé. Jésus n’était pas seulement un homme proche de Dieu, il est Dieu qui s’est fait proche de l’homme. Son enseignement n’est pas une sagesse originale qui libère des habitudes rituelles et de la mesquinerie ordinaire, c’est la Parole de Dieu qui dévoile la vérité profonde du cœur de l’homme et qui donne à contempler la face du Père. Sa Passion n’est pas la fin tragique d’un prophète incompris, c’est le sacrifice de celui qui aime jusqu’au bout, prenant sur lui le poids de tout mal, afin que pardonnés, nous puissions retrouver la plénitude du bien pour lequel nous sommes faits. La résurrection du Christ que nous célébrons aujourd’hui est le fondement de notre foi, la raison d’être chrétien.

C’est pourquoi, comme les disciples d’Emmaüs, nous sommes invités à la pâque du cœur, qui consiste à passer de voir sans reconnaître à reconnaître sans voir. Reconnaître la présence de Dieu à nos côtés, même quand nous ne la voyons pas et que les difficultés du quotidien nous assomment de soucis et d’inquiétudes. Reconnaître la Parole du Seigneur comme la lumière de nos vies qui éclaire le projet de Dieu pour nous et nous dit de quoi nous sommes capables, même quand nous ne voyons pas ce qu’il faudrait faire. Reconnaître l’Amour inimaginable de Dieu qui reste fidèle malgré nos limites et qui fait triompher le bien de tout mal. A notre baptême nous avons été plongés dans la Pâques du Christ et aujourd’hui nous redisons notre volonté de le suivre et de rayonner de la lumière de sa Résurrection.

C’est pourquoi saint Paul nous conseillait, comme aux Colossiens : « recherchez les réalités d’en haut ». Relevons la tête pour reconnaître avec les yeux de la foi, ce que nous ne voyons pas. Découvrons combien la prière, avant d’être des paroles et des gestes, est une présence à la présence. Laissons l’Évangile résonner au plus profond de nous pour nous appeler à vivre déjà à la mesure de notre vocation. Suivons le Christ qui a ouvert pour nous les portes du cœur de Dieu pour que toute souffrance puisse devenir une marche vers le bonheur, pour que toute déception puisse être la clé de l’espérance, pour que toute tristesse permette à l’amour de grandir.

Que la Vierge Marie, avocate des Toulonnais, nous entraîne dans la joie de ce jour de Pâques. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à reconnaître la présence de Dieu ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous rende disponibles à l’appel de la grâce ; Mère du Bel Amour qu’elle fasse battre nos cœurs au rythme du cœur de Dieu, pour que nous puissions rayonner de la lumière nouvelle et témoigner par notre vie : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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