Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 08:58

2PAA

Dimanche de la Miséricorde - Année A

Ac 2,42-47 ; Ps 117 (118) ; 1 P 1,3-9 ; Jn 20,19-31

L’évangile que nous venons d’entendre est particulièrement adapté au sens de ce dimanche. Il nous invite à contempler dans un même regard toute la semaine, entre le soir du premier jour après la mort de Jésus, lorsqu’il apparaît à ses disciples, et la nouvelle rencontre huit jours après. Comme si la même histoire se répétait avec juste quelques détails différents. Ainsi les disciples sont encore réunis dans la maison, mais cette fois Thomas est avec eux. Les portes sont toujours verrouillées. Jésus leur apparaît à nouveau et leur dit encore : « la paix soit avec vous ».

Cela peut paraître anecdotique. On peut y voir la salutation orientale classique. Pourtant un détail surprend. Pourquoi Jésus répète-t-il « la paix soit avec vous » après leur avoir montré ses mains et son côté ? Ainsi par trois fois l’expression se retrouve dans le texte. Une expression qui n’est pas si banale, puisque c’est la seule fois dans l’évangile de Jean que cette salutation est utilisée. A la réflexion d’ailleurs, cette formule n’est pas si courante dans la Bible. Même l’ange à l’Annonciation utilise plutôt la formule grecque : « réjouis-toi ». Et s’il y avait dans cette formule quelque chose qui nous invite à mieux accueillir ce mystère de Pâques ?

La première fois, Jésus s’adresse aux disciples qui se cachent par crainte des juifs. On comprend aisément cette situation, mais les paroles du Seigneur invitent à sortir de l’enfermement de la peur. La menace n’a pas disparu, le danger est toujours le même, mais la présence du Christ ressuscité permet la paix et débloque le verrou de la peur pour ouvrir la porte de l’espérance. C’est sans doute le premier message de la Résurrection, le plus évident : la lumière luit au fond de ténèbres, toute situation même la plus désespérée peut conduire à la gloire de Dieu.

La deuxième fois Jésus répète la salutation. Cette fois-ci les disciples sont remplis de joie car ils ont reconnu que leur maître et ami qui était mort est toujours vivant. Là encore, on imagine facilement la scène. On doit même pouvoir parler d’excitation. Dans le tumulte de la joie, Jésus appelle la paix et communique sa mission : « comme le Père m’a envoyé, je vous envoie » ; soufflant sur eux l’Esprit Saint il donne à leurs actions terrestres un retentissement céleste : « à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ». C’est que la joie, même pour un autre peut être un peu égoïste. Aussi il s’agit que nos cœurs, même joyeux ne soient pas tournés vers nous mais vers les autres. Le Christ ressuscité débloque le verrou de l’égoïsme pour ouvrir la porte de la charité qui est ce souffle divin transformant notre vie.

La troisième fois se situe donc huit jours après. Les disciples sont toujours entre eux, rien n’a vraiment changé dans leur vie. Comment Thomas pourrait-il les croire ? Leur témoignage semble n’être qu’une sorte d’idée qui permet de s’installer dans le confort d’un groupe chaleureux. Mais c’est la paix du sommeil et elle est illusoire. Aussi Jésus les bouscule à travers l’interpellation de Thomas. Le Christ ressuscité débloque le verrou du confort pour ouvrir la porte de la foi. Car le mystère de Pâques ne peut retentir que si l’on renonce à tout contrôler, que si l’on prend le risque de la confiance.

A travers la triple salutation du Christ ressuscité, nous découvrons combien le grand mystère nous sort de la peur pour que nous puissions accueillir la paix que donne l’espérance ; nous recevons par l’envoi en mission la paix qui rayonne de la charité en unissant le ciel et la terre ; nous sommes invités à risquer la confiance pour entrer dans la paix que promet la foi.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, fasse retentir cette parole dans nos cœurs. Secours des Chrétiens qu’elle nous guide dans les difficultés pour que nous percevions la lumière de la Résurrection ; Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne dans la mission pour que nous nous laissions guidés par le Souffle de Dieu ; Porte du Ciel qu’elle ouvre nos cœurs à l’annonce de la Bonne nouvelle : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

Partager cet article
Repost0
9 avril 2023 7 09 /04 /avril /2023 18:41

PA01S

Dimanche de la Résurrection - messe du soir

Ac 10,34a. 37-43 ; Ps 117(118) ; Col 3, 1-4 ; Lc 24, 13-35

Au soir de Pâques, alors que le soir approche et que déjà le jour baisse, les deux disciples qui avaient quitté Jérusalem deux heures plus tôt, arrivent au village d’Emmaüs où ils se rendaient, et ils proposent au sympathique inconnu rencontré sur le chemin de faire halte avec eux. Ils avaient entendu le rapport des femmes revenant du tombeau du Seigneur qui l’ont trouvé vide, ce qu’avaient confirmé d’autres de leurs compagnons. Ils avaient bien entendu le témoignage de la vision des femmes : des anges, qui disaient que Jésus est vivant, mais lui Jésus, personne ne l’avait vu.

Or au moment même où ils racontent cela, celui que personne n’a vu se tient à leurs côtés, mais ils ne le reconnaissent pas. C’est à la fraction du pain qu’ils vont le reconnaître, mais alors il disparaîtra à leurs regards. Ainsi, en ce jour de Pâques, Cléophas et l’autre disciple voient sans reconnaître avant de reconnaître sans voir !

Ainsi, celui qui était mort, enterré est à nouveau vivant. C’est la Pâque du Christ que nous fêtons aujourd’hui, le passage de la mort à la vie, non pas pour revenir à la vie d’avant, mais pour vivre d’une vie nouvelle. C’est un grand mystère qu’on ne peut pas voir, mais que l’on peut reconnaître. Et ce mystère éclaire d’un jour nouveau, tout ce qui a précédé. Jésus n’était pas seulement un homme proche de Dieu, il est Dieu qui s’est fait proche de l’homme. Son enseignement n’est pas une sagesse originale qui libère des habitudes rituelles et de la mesquinerie ordinaire, c’est la Parole de Dieu qui dévoile la vérité profonde du cœur de l’homme et qui donne à contempler la face du Père. Sa Passion n’est pas la fin tragique d’un prophète incompris, c’est le sacrifice de celui qui aime jusqu’au bout, prenant sur lui le poids de tout mal, afin que pardonnés, nous puissions retrouver la plénitude du bien pour lequel nous sommes faits. La résurrection du Christ que nous célébrons aujourd’hui est le fondement de notre foi, la raison d’être chrétien.

C’est pourquoi, comme les disciples d’Emmaüs, nous sommes invités à la pâque du cœur, qui consiste à passer de voir sans reconnaître à reconnaître sans voir. Reconnaître la présence de Dieu à nos côtés, même quand nous ne la voyons pas et que les difficultés du quotidien nous assomment de soucis et d’inquiétudes. Reconnaître la Parole du Seigneur comme la lumière de nos vies qui éclaire le projet de Dieu pour nous et nous dit de quoi nous sommes capables, même quand nous ne voyons pas ce qu’il faudrait faire. Reconnaître l’Amour inimaginable de Dieu qui reste fidèle malgré nos limites et qui fait triompher le bien de tout mal. A notre baptême nous avons été plongés dans la Pâques du Christ et aujourd’hui nous redisons notre volonté de le suivre et de rayonner de la lumière de sa Résurrection.

C’est pourquoi saint Paul nous conseillait, comme aux Colossiens : « recherchez les réalités d’en haut ». Relevons la tête pour reconnaître avec les yeux de la foi, ce que nous ne voyons pas. Découvrons combien la prière, avant d’être des paroles et des gestes, est une présence à la présence. Laissons l’Évangile résonner au plus profond de nous pour nous appeler à vivre déjà à la mesure de notre vocation. Suivons le Christ qui a ouvert pour nous les portes du cœur de Dieu pour que toute souffrance puisse devenir une marche vers le bonheur, pour que toute déception puisse être la clé de l’espérance, pour que toute tristesse permette à l’amour de grandir.

Que la Vierge Marie, avocate des Toulonnais, nous entraîne dans la joie de ce jour de Pâques. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à reconnaître la présence de Dieu ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous rende disponibles à l’appel de la grâce ; Mère du Bel Amour qu’elle fasse battre nos cœurs au rythme du cœur de Dieu, pour que nous puissions rayonner de la lumière nouvelle et témoigner par notre vie : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

Partager cet article
Repost0
5 juin 2022 7 05 /06 /juin /2022 13:52

PA.PE C

Pentecôte - Année C

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Rm 8, 8-17 ; Jn 14,15-16.23b-26

Comme chacun sait, la Pentecôte n’est pas d’abord le dernier week-end prolongé avant l’été, c’est surtout la fête où nous célébrons le don de l’Esprit Saint aux apôtres. Ainsi s’accomplit la promesse de Jésus d’envoyer un autre Défenseur, qui sera toujours avec nous, qui nous enseignera tout et nous fera souvenir tout ce qu’il nous a dit. Ne nous trompons pas : il ne s’agit pas d’une sorte de lot de consolation qui achèverait la période glorieuse de Pâques. En vérité, c’est le début d’une nouvelle alliance, d’une nouvelle manière de vivre avec Dieu. C’est ce qu’expliquait saint Paul aux Romains dans la deuxième lecture lorsqu’il invite à vivre selon l’Esprit et non pas selon la chair.

J’aime bien me rappeler le texte d’Ignace IV, patriarche d’Antioche qui est assez explicite sur ces deux manières de vivre. « Sans l’Esprit-Saint, Dieu est un être lointain, le Christ une figure du passé, l’Évangile est une lettre morte, l’Église une simple organisation, l’autorité une domination, la mission une propagande, le culte un archaïsme, et la morale une conduite d’esclave. Mais avec Lui, l’univers est relevé et attend la venue du Royaume, le Christ se rend présent, l’Évangile devient puissance de vie, l’Église est communion, l’autorité un service libérateur, la mission une Pentecôte, la liturgie est mémorial et anticipation et l’action humaine est divinisée ». Ce n’est pas la même chose de vivre selon l’Esprit Saint, et de vivre sans !

La Pentecôte était une grande fête juive : celle du don de la Loi sur le Sinaï. Le don de l’Esprit se fait donc dans le cadre d’une alliance. Et c’est un premier point à souligner. Dieu n’est pas le grand marionnettiste qui s’imposerait à nous, son action se déploie à la mesure de notre consentement. Vivre selon la chair ou vivre selon l’Esprit n’est pas une fatalité mais un choix : c’est à nous de décider comment nous voulons vivre. Nous pouvons réagir selon nos émotions, les habitudes d’une culture ou les analyses des journaux. Mais il y a de fortes chances que ce soit une manière de vivre selon la chair. Vivre selon l’Esprit, c’est laisser notre cœur dépasser les doutes par la foi, les inquiétudes par l’espérance, les difficultés par la charité. Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, il gardera ma parole. Quelle place faisons-nous à la Parole de Dieu dans nos réflexions et dans nos décisions ? Savons-nous chercher le passage qui explique ou qui éclaire ce que nous devons faire ?

Mais puisque l’Esprit Saint se reçoit dans une Alliance, notre liberté n’est pas le seul critère, car ce n’est pas seulement nous qui faisons alliance avec Dieu, c’est Lui qui fait alliance avec nous. On appelle l’Esprit Saint, le Don de Dieu et non pas la conquête de l’homme. Il faut donc veiller aussi à ne pas faire du Seigneur l’alibi de nos caprices ou le génie de la lampe. Un deuxième aspect de la vie selon l’Esprit, c’est notre disponibilité. C’est peut-être ce qu’il y a de plus dur, car spontanément nous n’aimons pas être dérangés, nous voudrions rester maître des événements ou du moins de ce qui nous arrive. Même quand nous avons conscience que nous ne pouvons pas tout, il arrive que notre prière prenne un ton d’exigence. Ce n’est pas nous qui disons à Dieu ce qu’il doit faire, c’est lui qui nous dit ce que nous pouvons faire. C’est pourquoi, aussi désagréable que cela puisse être, notre disponibilité se vérifie dans la contrariété plutôt que dans la satisfaction. L’épreuve est le lieu de la preuve que nous vivons selon l’Esprit.

Enfin parce que l’Esprit Saint est un souffle d’amour, il est une puissance d’unité. Il n’est pas indifférent que la Pentecôte survienne alors que les disciples se trouvaient réunis tous ensemble. Mais là encore il pourrait y avoir une unité selon la chair et une unité selon l’Esprit. La communion ne se fait pas dans l’uniformité ou dans la juxtaposition des différences à la manière d’un pacte de non-agression. « Chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit » et ceux qui viennent de toutes les nations sous le ciel entendent les merveilles de Dieu dans leur propre langue. Ce ne sont pas des stratégies d’association ou de conglomérat qui nous rassemblent mais le souffle du Seigneur qui atteste que nous sommes enfants du Père. L’Alliance nous confie les uns aux autres, car elle n’est pas un privilège personnel mais un appel universel. L’indifférence et les logiques partisanes relèvent de la vie selon la chair alors que la vie selon l’Esprit nous conduit à l’engagement et au service.

Ainsi, accueillons l’Esprit Saint en choisissant de vivre selon l’Esprit, accueillons-le en cherchant à être toujours plus disponibles à sa présence et toujours plus attentifs à son enseignement ; accueillons-le en nous laissant guider par lui les uns vers les autres.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous apprenne à choisir la vie selon l’Esprit. Humble Servante du Seigneur qu’elle nous rende disponibles au Don de Dieu. Mère de l’Église qu’elle fasse battre notre cœur au rythme du cœur de Dieu pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
29 mai 2022 7 29 /05 /mai /2022 13:09

7PAC

7° Dimanche de Pâques - Année C

Ac 7, 55-60 ; Ps 96 (97) ; Ap 22, 12-14 ; 16-17.20 ; Jn 17, 20-26

Je rends grâce au Seigneur que la plupart d’entre vous soient plus intelligents et plus contemplatifs que moi ; et j’avoue à ma grande honte, que la première fois que j’ai lu l’évangile d’aujourd’hui j’ai eu un peu le tournis. Typique des grands discours chez saint Jean, les mots et les expressions se répètent. Ceux qui, comme moi, n’ont pas une âme de poète, écoutent alors d’une oreille un peu distraite en attendant la fin ! Comme je me dois de ne pas faire peser sur vous ma médiocrité, j’ai donc fait l’effort de relire plus attentivement.

D’abord, il y a quelque chose de bouleversant au début : Jésus dit qu’il « ne prie pas seulement pour ceux qui sont là – c’est-à-dire les apôtres qui assistent au dernier repas – mais encore pour ceux qui grâce à leur parole, croiront en moi » … donc nous ! Ainsi Jésus prie pour nous. Avant même que nous n’existions, Jésus a prié pour nous ! C’est suffisamment impressionnant pour qu’on regarde ce qu’il demande. « Qu’ils soient un ». Jésus demande au Père pour nous la grâce de l’unité ! Ça, il le répète tellement qu’on ne peut pas l’ignorer ! Peut-être d’ailleurs que s’il le répète autant c’est que c’est important ! Pourquoi donc demande-t-il que nous soyons unis ? « Pour que le monde croie que tu m’as envoyé » … donc c’est notre crédibilité comme témoins qui est en jeu. S’il fait cette prière de manière aussi insistante, c’est aussi parce que ça n’est pas si facile que ça. Quels moyens avons-nous pour cette unité, en plus de la grâce ? Jésus en cite deux : « je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée » et aussi « je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai connaître » … Comme ce n’est pas si facile d’être unis entre nous, voyons si nous ne négligeons pas ces moyens que le Seigneur nous a donnés.

La première raison pour laquelle nous ne sommes pas assez attentifs à l’unité, ça peut être l’ignorance. Négliger le nom que le Seigneur nous a fait connaître, autrement dit le visage de Dieu qu’il nous révèle. Parfois nous sommes plus attachés à autre chose qu’à Dieu : attachés à notre confort ou à notre tranquillité, attachés à nos idées ou à nos valeurs, nous trouvons plus simple ou plus urgent d’aller notre chemin que de vivre l’unité avec des gens qui ne sont pas comme nous, que nous ne connaissons pas ou qui nous dérangent. Si nous ne sommes pas prêts à rechercher l’unité en tout c’est peut-être que nous ne contemplons pas le Seigneur assez attentivement. Dans la première lecture, le témoignage d’Etienne commence justement par la contemplation : « voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Cela vaut la peine de remettre le Seigneur au centre de notre prière dans la contemplation.

Mais, pour être honnête, il faut reconnaître que nous n’avons pas toujours les meilleures réactions pour garder l’unité et qu’il nous arrive d’être agressifs, parfois même sans le vouloir. Les psychologues soulignent que ça vient d’une sorte de peur, souvent inconsciente, peur de ne pas être reconnus, de ne pas être respectés, de ne pas être estimés à notre juste valeur. Si nous avons cette peur en nous, c’est peut-être parce que nous négligeons la Gloire que Jésus nous a donnée. Nous recherchons chez les autres ce qu’ils ne peuvent pas nous donner alors que Jésus nous l’a déjà donné. Si nous voulons diminuer la rugosité de nos caractères et de nos réactions, cela vaut la peine de replonger plus résolument dans le don de Dieu. Etienne nous donne un bel exemple de cette consécration : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». Voilà une attitude que nous ne devons pas nous lasser de faire et refaire. N’hésitons pas à apprendre par cœur une prière d’abandon pour nous garder dans cet esprit de consécration.

Cela dit … évidemment … le plus souvent, le problème vient des autres ! Malgré notre bonne volonté il est parfois difficile de rester calme et de ne pas répondre à la provocation surtout de la mauvaise foi ! Là encore Etienne nous montre l’exemple : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché ». Le pardon est directement lié à la mission du Christ. L’unité n’est pas tant le témoignage de l’existence de Dieu que de la mission du Seigneur. Il n’est pas venu triompher du monde par la force, mais il l’a vaincu dans le don de sa vie. Le pardon est sans doute le secret de l’unité puisqu’il est la clé de l’amour. Nous savons bien qu’il s’agit là du cœur de notre foi, il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’on ne doive pas s’attendre à en être dispensé !

L’insistance de la prière de Jésus pour que nous soyons unis est le signe de son importance, la difficulté à le vivre est une invitation à creuser en nous le désir de sa présence et à nous joindre à l’appel de l’Esprit et de l’Épouse qui disent « viens ! ». Par la contemplation, la consécration et le pardon, nous entrons dans la prière de ceux qui désirent l’eau de la vie promise par celui qui témoigne : « je viens sans tarder ».

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle tourne nos regards vers le mystère de Dieu qui nous unis dans son amour. Refuge des pécheurs, qu’elle renforce notre disponibilité à la Gloire que Jésus nous a donnée. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à suivre le chemin de miséricorde que le Christ a tracé pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
22 mai 2022 7 22 /05 /mai /2022 09:33

6PAC

6° dimanche de Pâques - année C

Ac 15,1-2. 22-29 ; Ps 66 (67) ; Ap 21,10-14.22-23 ; Jn 14,23-29

Je ne sais pas comment vous imaginez ce que voit saint Jean dans l’Apocalypse : cette cité sainte qui descend du ciel d’auprès de Dieu. Sans doute suis-je trop marqué par une culture cinématographique, et pendant longtemps j’imaginais cela un peu comme l’atterrissage d’un énorme vaisseau spatial en forme de ville, un peu comme si une grue cosmique faisait descendre du ciel une ville préfabriquée. Et puis je me suis avisé qu’une ville n’apparaît pas d’un seul coup. Elle apparaît progressivement, au fur et à mesure que montent des échafaudages et qu’ils disparaissent pour laisser apparaître des bâtiments ! Alors peut-être faut-il imaginer la descente de la Jérusalem céleste de manière progressive, comme un chantier qui, petit à petit, s’étend du ciel jusque sur la terre. Et ce chantier de Dieu, c’est l’Église.

Dans l’évangile, Jésus explique aux disciples ce que sera le temps de l’Église. C’est d’abord un temps de fidélité à la Parole de Dieu. « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ». Évidemment, un chantier a besoin de plans ! La parole de Dieu est en quelque sorte le plan que le Seigneur nous confie. C’est pourquoi la préoccupation essentielle et première de l’Église, c’est d’être fidèle à la Parole. Il ne s’agit pas d’avoir du succès ou du pouvoir, il ne s’agit pas d’être moderne ou de préserver une civilisation, il s’agit de garder la Parole, de la mettre en pratique, de la transmettre et de la faire connaître sans la travestir, sans l’arranger à notre manière.

Mais il n’est pas toujours facile de savoir comment être fidèle à la Parole de Dieu. Dans la première lecture, nous voyons même deux groupes qui s’opposaient. Fallait-il recevoir la circoncision pour être fidèle à la Parole de Dieu ? Ainsi, nous avons besoin d’un conseil, de quelqu’un qui puisse nous aider à discerner. Ce conseil, c’est l’Esprit Saint qui nous enseigne tout et qui demeure en nous. Il est à la fois le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre de l’Église. Le début de la lettre envoyée aux frères d’Antioche est très significatif à cet égard : « L’Esprit Saint et nous avons décidé ». Cette affirmation serait arrogante si elle était la revendication d’un seul homme, mais elle est un acte de foi de l’Église, confiante dans la promesse de Jésus, que l’Esprit Saint nous guide à la mesure où nous le laissons agir.

Et puis un chantier n’est pas une fin en soi. Il est préparation et attente de la réalisation du projet. C’est pourquoi le temps de l’Église est aussi le temps de l’attente du Royaume, de cette cité qui resplendit de la Gloire de Dieu et qui est illuminée par l’Agneau. Le regard de l’Église n’est pas crispé sur un passé à conserver jalousement, nous ne sommes pas les gardiens de l’évangile, mais les ouvriers appelés par le Seigneur. L’Église regarde en avant vers la plénitude de la présence divine.

Alors vous allez me dire qu’un chantier, c’est inconfortable, ça ne se passe jamais comme prévu, il y a des retards, parce que le plombier doit attendre que le maçon ait travaillé, que le maçon doit attendre l’électricien, et que l’électricien doit attendre le plombier … Et bien c’est aussi le cas dans l’église ! Il faut du temps et de la patience, il y a des avancées et des difficultés, il faut parfois attendre les autres, il faut parfois arbitrer, reprendre et consolider … c’est ce dont témoigne toute l’histoire chrétienne ! D’autant plus que la cité céleste qui descend du ciel est le contraire de la tour de Babel qui prétendait monter jusqu’au ciel. Et si la tour se rétrécit en montant, la Jérusalem céleste s’élargit en descendant. Elle ne sera achevée que lorsqu’elle aura atteint les extrémités de la terre !

Alors, au terme de ce temps pascal, où nous étions invités à goûter l’intimité avec le Seigneur ressuscité, abordons avec courage le temps de l’Église, où fidèles aux paroles du Christ, guidés par l’Esprit Saint et les yeux fixés sur la cité céleste, nous prenons part au chantier de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous fortifie dans la fidélité à la Parole de Dieu. Temple de l’Esprit Saint, qu’elle nous rende disponible à accueillir le don de Dieu. Porte du Ciel, qu’elle nous accompagne tout au long de ces jours, pour que nous puissions avancer vers la Jérusalem céleste, où nous demeurerons en Dieu, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0
15 mai 2022 7 15 /05 /mai /2022 12:56

5PAC

5° Dimanche de Pâques - Année C

Ac 14,21b-27 ; Ps 144 (145) ; Ap 21,1-5a ; Jn 13, 31-33a.34-35

Je dois vous avouer que les textes de ce jour m’ont un peu déconcerté. Je sais bien que tout est en Dieu, mais il me semblait qu’ils étaient tellement différents qu’il était difficile d’en dégager un fil conducteur un peu précis. Qu’y a-t-il de commun entre de récit de la fin de la mission de Paul et Barnabé en Asie mineure, la vision de la Jérusalem céleste et la gravité des paroles de Jésus après que Judas fut sorti du cénacle ? Trois époques différentes, trois styles différents, trois ambiances différentes. J’allais me résoudre à tirer au sort le texte que je commenterai, quand je me suis rendu compte que chacun attirait notre attention sur un aspect de l’Église. Puisque l’Esprit Saint les avait rassemblés c’était peut-être pour nous faire comprendre que ces trois aspects étaient à la fois essentiels et complémentaires.

D’abord l’histoire de Paul et Barnabé. Avant de rentrer rendre des comptes de leur mission, ils prennent le temps de revenir dans les villes où ils sont passés pour organiser les nouvelles communautés. Après avoir exhorté les chrétiens à persévérer dans la foi, ils désignent des Anciens « pour chacune de leurs Églises ». Ils font même une prière spécifique pour ceux qui sont maintenant chargés d’accompagner et de veiller sur leurs frères. Une communauté chrétienne n'est pas un club d’amis, si convivial soit-il. Il y a une organisation, et les responsables ne sont pas élus, ils sont désignés. De la même manière Paul et Barnabé avaient été remis à la grâce de Dieu à Antioche de Syrie et c’est pourquoi ils vont rendre des comptes à ceux qui les ont envoyés. En termes savants on appelle cela la ministérialité. Il ne s’agit pas seulement d’une répartition des tâches mais d’une dynamique de mission qui nous rappelle que l’Église ne dépend pas de nos humeurs ou de nos affinités, mais qu’elle est une institution structurée à laquelle nous participons, selon ce qui nous est demandé.

Ensuite, le texte de l’Apocalypse donnait à voir la « Jérusalem nouvelle qui descend du ciel d’auprès de Dieu ». La demeure de Dieu avec les hommes n’est pas une tour de Babel que nous construisons pour nous élever, elle est une promesse et un appel, un don de Dieu vers lequel nous marchons. « Comme une épouse parée pour son mari », l’Église est un mystère, elle n’est pas son propre but. La vision de Jean nous invite à regarder au-delà de notre horizon pour éviter de nous croire arrivés et pour rester dans l’attente du ciel nouveau et de la terre nouvelle. Sans cette ouverture vers le Ciel, la communauté chrétienne risque d’être une entreprise religieuse ou philanthropique recherchant désespérément un confort au lieu de se disposer au Salut.

Enfin l’évangile nous rappelait le commandement du Seigneur « A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». C’est que l’Église est aussi communion, elle respire du souffle de Dieu, son cœur bat au rythme du cœur de Dieu. Sans doute savons-nous que Jésus nous a demandé de « nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés » et peut-être trouvons-nous cela trop beau et un peu utopique. Pourtant en nous indiquant l’amour mutuel comme critère de crédibilité, le Christ nous donne le moyen de vérifier que nous ne sommes pas enfermés dans nos idées : veiller à la qualité de nos relations nous empêchera de faire de la foi une illusion qui détourne de ceux qui sont avec nous et qui ont besoin de nous.

Ainsi les trois textes de la Parole d’aujourd’hui nous donnent trois repères pour comprendre l’Église et vivre ensemble dans la lumière de Pâques. Institution, mystère et communion, sont comme un trépied qui garantit notre fidélité. Si l’un ou l’autre manque, on oubliera d’où l’on vient, où l’on va, ou qui l’on est, et la communauté tournera au club fermé, à l’entreprise ou au mirage.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reine des apôtres, qu’elle nous garde fidèle à la mission qui nous est confiée. Mère du Bel Amour, qu’elle nous apprenne à nous aimer les uns les autres comme le Seigneur nous a aimés. Porte du Ciel, qu’elle nous accompagne sur le chemin de la vie éternelle pour que nous puissions entrer dans la Jérusalem céleste et acclamer celui qui se tient sur le Trône : Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

Partager cet article
Repost0
1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 13:20

3PAC

3° Dimanche de Pâques - Année C

Ac 5, 27-41 ; Ps 29 ; Ap 5,11-14 ; Jn 21,1-19

Cette année, le troisième dimanche de Pâques nous invite à contempler la troisième fois dans l’évangile de saint Jean que Jésus ressuscité se manifeste à ses disciples. C’était sur le bord de la mer de Tibériade et c’est la deuxième pêche miraculeuse. La première est rapportée par saint Luc, elle a lieu au moment de la rencontre avec les disciples.

Chaque fois les disciples ont peiné toute la nuit sans rien prendre, chaque fois sur la parole de Jésus, ils expérimentent la surabondance de la grâce de Dieu, chaque fois cela se termine par une invitation à le suivre dans une mission inattendue. Mais il y a aussi, entre les deux épisodes, des différences significatives. La première fois Jésus est dans la barque, cette fois-ci il est sur le rivage ; à l’époque Pierre faisait confiance non sans avoir préalablement rappelé leurs efforts inutiles ; cette fois-ci ils obtempèrent dans la simplicité de l’obéissance. La première fois Pierre réagit, là c’est un autre qui témoigne : « c’est le Seigneur ». Alors que Pierre, plein de crainte demandait à Jésus de s’éloigner, maintenant, plein de zèle, il se jette à l’eau pour se rapprocher du Seigneur. Le filet ne se déchire plus et Jésus conclut la rencontre par une invitation à partager son repas en les sollicitant : « apportez ces poissons que vous venez de prendre », alors qu’au début il leur faisait une promesse : « je ferais de vous des pêcheurs d’hommes ».

On pourrait penser que la deuxième pêche miraculeuse est plus aboutie que la première, et qu’elle perfectionne ce qui n’était pas complétement ajusté. Pourtant ce serait ignorer que l’une n’existerait pas sans l’autre, et que dans les deux cas, il s’agit d’un commencement : commencement de la vie de disciples et commencement de la mission d’apôtres. Il est donc sans doute plus fécond d’y voir l’image de deux attitudes spirituelles qui se répondent : la conversion et la communion. Voyons donc ce que l’évangile d’aujourd’hui nous apprend de la communion.

D’abord Jésus est sur le rivage, et lorsqu’ils arrivent le repas est déjà préparé : « il aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus et du pain ». Dans la conversion, on prend conscience de la présence du Seigneur, à nos côtés, embarqués avec nous. Mais dans la communion nous comprenons aussi qu’il nous précède. C’est l’un des grands thèmes du temps de Pâques : nous sommes invités à rejoindre le Christ. Il n’est pas seulement un compagnon, mais un guide. C’est ce qui se manifeste aussi dans la différence de réaction à la Parole. Si dans la conversion il y a un choix, celui de la confiance plutôt que de notre expérience, dans la communion, il y a l’obéissance dans toute sa simplicité.

Ensuite, on a remarqué que le filet ne se déchirait pas, et que Pierre au lieu de s’éloigner saisi par l’indignité de sa condition pécheresse, s’habille pour rejoindre le Seigneur, dans une hâte qui a remplacé la crainte. C’est le signe que la communion est l’accueil d’une transformation : la résurrection nous a rendu capable de nous tenir dans la présence divine. « Capables de Dieu » selon la belle formule des pères. On remarquera que cette transformation ne nous isole pas, car c’est le témoignage de l’autre disciple qui conduit Pierre à reconnaître le Seigneur. La communion ne nous isole pas, même pour un tête-à-tête avec Dieu, elle s’accomplit ensemble, en Église.

Enfin, sur le rivage, Jésus invite au présent, et non plus au futur, comme lors de la conversion. Il nous invite à son repas mais il est remarquable qu’il sollicite la participation des disciples : « apportez les poissons que vous venez de prendre ». Comme dans l’offertoire de la messe où nous présentons ce qu’il nous a donné, la communion ne consiste pas à se laisser faire, mais à entrer, par la participation, dans ce cercle vertueux de l’amour où l’on donne ce que l’on reçoit.

La joie paradoxale des Apôtres qui se découvrent dignes d’être persécutés pour le nom de Jésus, la vision triomphale de l’Apocalypse adorant l’Agneau de Dieu, comme la rencontre au bord de la mer de Tibériade nous invitent à entrer dans cette communion permise par le mystère de Pâques : une communion qui nous rapproche du Seigneur, une communion qui nous transforme dans le Corps du Christ, une communion dont nous sommes participants en entrant dans le souffle de l’Amour qui se donne.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle fortifie notre foi, Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle épanouisse notre espérance, Mère du Bel Amour qu’elle soutienne notre charité, pour que grandisse notre communion et que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

Partager cet article
Repost0
24 avril 2022 7 24 /04 /avril /2022 09:16

2PAC

2° Dimanche de Pâques - Année C

Ac 5,12-16 ; Ps 117 ; Ap 1,9-11a.12-13.17-19 ; Jn 20,19-31

Dans un même regard l’évangile nous donne à voir cette semaine que nous venons de passer, depuis le premier jour de la semaine après la mort de Jésus, jusqu’au huitième jour qui suit. C’est le moment où le Seigneur vient à la rencontre des disciples et, dans le quatrième évangile, il s’agit en quelque sorte de la conclusion, comme un passage de témoin entre le Seigneur et l’Église. On trouve encore, il est vrai, l’apparition au bord du lac, mais c’est un récit qui fonctionne un peu comme un bonus, ou un rappel au sens théâtral du terme : l’essentiel a déjà été dit.

C’est un passage de témoin puisque Jésus dit : « de même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». On ne saurait dire plus clairement que la rencontre de Pâques n’est pas de simples retrouvailles entre amis, comme la fin heureuse d’une tragédie mais plutôt un envoi en mission. Ce que faisait Jésus, c’est désormais aux chrétiens de le faire. Il est frappant d’ailleurs de voir dans le récit des Actes des Apôtres que les gens agissent comme ils le faisaient avec Jésus : on sort les malades sur les places pour que l’ombre de Pierre couvre l’un ou l’autre, on accourt des villes voisines, amenant des gens malades ou tourmentés par des esprits impurs, et tous étaient guéris. Ainsi, l’Église est envoyée pour continuer l’œuvre du Christ, pour être la présence bienfaisante de Dieu au milieu du monde. Chaque fois que nous voulons réfléchir à ce que c’est que la vie chrétienne, chaque fois que nous voulons vérifier que nous sommes bien fidèles à notre baptême, la question que nous devons nous poser c’est « est-ce que le Seigneur agirait ainsi ? » « Est-ce que nous faisons ce qu’il faisait, est-ce que nous disons ce qu’il disait ? ». Si nous ne trouvons pas une référence au Christ, il y a de fortes chances que nous ne soyons pas ajustés !

Évidemment, cela pourrait paraître trop pour nous, mais Jésus nous en donne les moyens : « Recevez l’Esprit-Saint » dit-il en soufflant sur eux. Ainsi Pâques est inséparable de la Pentecôte, et le baptême inséparable de la confirmation. Et ce qu’il y a de plus admirable, c’est que le Seigneur remet la miséricorde entre nos mains : « A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ». C’est une indication forte des enjeux de la mission du Christ : il ne s’agit pas de la promotion d’un ordre moral ou de la proclamation d’un système idéologique, mais de la restauration de la communion avec Dieu. Jésus est venu pour que nos péchés soient pardonnés, pour que nous puissions retrouver cette intimité avec le Père pour laquelle nous sommes faits. Ainsi pour que nous nous souvenions que le mystère de Pâques est un mystère de salut, ce dimanche est appelé dimanche de la miséricorde.

Enfin il y a les paroles à Thomas. Elles ont trop souvent été mal comprises. Sans doute y a-t-il une pointe de reproche lorsque Jésus dit « cesse d’être incrédule, soit croyant » mais il faut dire que les exigences de Thomas étaient un peu exagérées … d’ailleurs rien ne dit qu’il ait cherché à toucher le Seigneur, Jésus ne dit pas « parce que tu m’as touché » mais « parce que tu as vu » … Et les autres disciples ont eu besoin de voir les mains et le coté de Jésus pour croire, puisqu’il les leur a montrés ! En vérité, si le Christ déclare « heureux ceux qui croient sans avoir vu », c’est pour nous indiquer l’importance de la proclamation. Le seul témoignage que Thomas avait reçu c’est « nous avons vu le Seigneur » et ça n’est pas suffisant pour croire. Au contraire l’évangéliste affirme : « ces signes ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu » … voilà l’évangile. Voilà ce qu’il s’agit de croire. Voilà ce qu’il nous est demandé de proclamer. Alors que tout au long de l’histoire les hommes cherchent à savoir où est Dieu, nous sommes invités à témoigner qu’il est ce Fils de l’homme, qui était mort et qui est vivant pour les siècles des siècles, le Premier et le Dernier, celui que nous reconnaissons dans la vision de Jean sur l’île de Patmos.

Au jour de Pâques, les rencontres avec le Christ ressuscité, nous invitent à la foi, en accueillant la Parole qui révèle la nature du Seigneur, en recevant l’Esprit pour devenir dépositaires de la miséricorde divine, en prolongeant et continuant sa mission là où nous sommes.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entrer résolument dans la joie de Pâques. Secours des Chrétiens qu’elle fortifie notre foi, Mère de Miséricorde qu’elle accompagne notre charité, Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle soutienne notre espérance pour que nous puissions témoigner de l’évangile : Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

Partager cet article
Repost0
17 avril 2022 7 17 /04 /avril /2022 13:07

PA01

Dimanche de Pâques

Ac 10,34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9

 

Drôle d’ambiance, ce matin-là, à Jérusalem. Cela a commencé par l’arrivée de Marie Madeleine, affolée du mauvais coup qu’elle vient de découvrir : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé ». Comme si ça ne suffisait pas d’avoir tué leur maître et ami, voilà qu’on veut les priver d’un lieu de mémoire et de recueillement. Branle-bas de combat chez les disciples : Simon-Pierre et l’autre disciple se hâtent d’aller au tombeau. Évidemment, le petit jeune arrive le premier. Il regarde mais il n’entre pas … prudent ? Sans doute pas tellement pour lui, mais plutôt pour que les constatations soient faites dans les règles. Finalement, ils sont là, tous les deux, dans le tombeau vide, devant les linges désormais inutiles … « il vit et il crut » dit saint Jean. A priori rien d’exubérant, chez les disciples … ils ne s’embrassent pas, ils ne crient pas, ils ne dansent pas … on imagine plutôt des yeux grands ouverts et un large sourire qui se dessine, une sorte de gravité joyeuse, une lumière qui s’allume tout d’un coup dans son cœur, comme lorsqu’on comprend enfin quelque chose qui nous intriguait depuis longtemps.

 

Ainsi, Jésus est ressuscité. Ils ne l’ont pas encore rencontré, mais ils savent déjà qu’il est ressuscité, car ils ont vu et cru ce que les Écritures avaient annoncé. Pour nous, c’est plutôt rassurant, parce que cela signifie qu’il n’y a pas à attendre une apparition pour croire en la Résurrection.

 

Pour qu’ils croient, il a fallu qu’ils rentrent dans le tombeau. Il ne suffit pas de voir la pierre enlevée : la preuve c’est que Marie Madeleine pense que le corps a été déplacé. Tant qu’on reste à l’extérieur, il y a toujours une autre explication possible qui nous dispense de la foi ! La foi suppose de s’impliquer. Elle ne nous tombe pas dessus comme la misère sur le pauvre monde. Même les conversions spectaculaires ont été précédées d’un mouvement de la part de celui qui allait se convertir. Si l’on veut rester un observateur neutre, il sera impossible de croire. Et il n’y a pas à attendre de croire pour s’engager … ce serait comme attendre de savoir nager pour aller se baigner ! C’est sans doute pour cela que, comme le rapporte Pierre au centurion de Césarée, Jésus ressuscité ne s’est pas manifesté à tout le peuple. Seulement à ceux qui s’étaient déjà engagés avec lui. Bien sûr, il n’y a pas de proportion entre ce que nous cherchons et ce que nous recevons … mais celui qui ne cherche pas ne trouve pas.

 

Pour croire, il a fallu aussi qu’ils soient tous les deux : Pierre et l’autre disciple. Nous imaginons trop souvent que la foi est une affaire purement individuelle. Mais tant qu’on reste seul, on ne croit pas, on imagine. La foi a toujours une dimension ecclésiale. Dans toutes les apparitions du Christ ressuscité, il y a cette note communautaire. Ce n’est jamais Dieu et moi, c’est toujours Dieu, les autres et moi. Même Marie Madeleine à qui Jésus dit « ne me touche pas mais va trouver mes frères » ou saint Paul sur le chemin de Damas qui doit rejoindre Ananie pour retrouver la vue. Sans doute y a-t-il dans la vie spirituelle une dimension personnelle et intime, mais la foi nous inscrit toujours dans une relation plus vaste. L’Église est pour la foi, comme l’air qu’on respire : un milieu vital où elle nait et où elle s’épanouit.

 

Enfin, ils ont cru parce que, ce qu’ils ont vu s’éclaire du souvenir de la Parole de Dieu. « Jusque-là en effet ils n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ». Même dans le récit de Pierre à Césarée, il y a cette allusion à la Parole de Dieu : « c’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage ». Car la foi n’est pas une idée, elle est une réponse à la Révélation. C’est pourquoi chaque prière de l’église commence par l’écoute de la Parole de Dieu. C’est ce qui nourrit notre foi, ce qui la fortifie, ce qui la fait grandir. Parfois c’est elle qui nous guide, comme une lumière sur la route ; parfois c’est ce que nous vivons qui nous fait comprendre ce qui nous déconcertait ; mais c’est toujours dans la rencontre avec la Parole de Dieu que nous passons des réalités de la terre aux réalités d’en-haut.

 

Au matin du premier jour de la semaine, apparaît la foi chrétienne qui découvre la Résurrection du Christ. En cette fête de Pâques, nous voilà invités à raviver notre foi, en pénétrant avec d’autres dans l’énigme du tombeau ouvert, à la lumière des Écritures. Entrons résolument dans le mystère, en compagnie de tous les chrétiens, pour que s’accomplissent les promesses du Seigneur.

 

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle encourage notre engagement ; Mère de l’Église qu’elle conforte notre communion ; Arche de la Nouvelle alliance qu’elle affermisse notre disponibilité à la Parole de Dieu pour que nous puissions retentir de la Bonne Nouvelle de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

Partager cet article
Repost0
18 avril 2021 7 18 /04 /avril /2021 13:20

3PAB

3° dimanche de Pâques - Année B

Ac 3,13-15. 17-19 ; Ps 4 ; 1 Jn 2,1-5a ; Lc 24,35-48

Dans la famille des apparitions du Christ ressuscité, nous avons aujourd’hui le poisson grillé. Comme saint Luc condense dans ce récit des éléments dispersés dans les autres évangiles, cela peut donner un sentiment de « déjà-vu » … et il faut toujours se méfier de ce sentiment quand on lit la Parole de Dieu ! Un des moyens pour puiser encore dans un texte qu’on croit connaître, c’est de le laisser résonner avec d’autres passages bibliques … ce qui est particulièrement opportun le dimanche. Or ce qui se retrouve dans les trois textes que nous venons d’entendre, c’est le pardon des péchés. Alors, vous allez penser que ça suffit, pendant quarante jours on a fait pénitence pour nos péchés, il est temps de finir le carême et de profiter du temps de Pâques. Même si je partage cette réaction, la Parole est la Parole, il faut avoir l’humilité de chercher à comprendre pourquoi on nous parle encore de péché pendant le temps de Pâques !

D’abord on peut remarquer qu’on ne parle pas tant de péché que de « pardon des péchés » … ce qui est mieux ! D’autant que le pardon est acquis et non pas à demander. C’est-à-dire que le temps de Pâques n’est pas celui où l’on demande pardon pour nos péchés, mais celui où on réalise que nos péchés sont pardonnés … ce qui change bien des choses. Mais on pourrait être tenté de se dire « nos péchés sont pardonnés … merci Seigneur … n’en parlons plus ! ». Pourtant si l’on reprend les dernières paroles de Jésus dans l’évangile, il semble que le but de la résurrection soit la conversion proclamée pour le pardon des péchés. Donc le salut, la rédemption, tout ce que permet Pâques, c’est le pardon des péchés. Si nous sommes déçus à la pensée que le salut n’est « que » le pardon des péchés, c’est peut-être que nous n’avons pas bien réalisé ce qu’est le péché.

On ne va pas refaire tout le carême, mais revenir à la première lecture. Le discours de Pierre, a une expression poignante : « vous avez tué le Prince de la vie ». Il y a une force incroyable dans cette expression : « vous avez tué le Prince de la vie ». A la réflexion, cela pourrait être le reproche pour tout péché : utiliser pour la mort ce qui devrait épanouir la vie. Car c’est bien là le problème : une chose paraît attrayante, légitime, et c’est normal puisqu’elle est une puissance vitale ; mais le péché va détourner cette puissance de vie vers la mort. Par exemple, la gourmandise (aujourd’hui il faudrait peut-être dire plutôt la gloutonnerie), quand la nourriture devient le but de la vie. La nourriture est bonne en soi, elle est nécessaire, mais si elle prend trop de place, elle tue les autres aspects de la vie. Autre exemple : la colère est un péché quand l’indignation - qui est bonne en soi - conduit à la haine ou la violence. L’indignation est nécessaire à la vie puisqu’elle est l’appel de la justice, mais la colère détourne cette force pour faire un monde de conflit … On pourrait multiplier encore les exemples, mais je ne veux pas vous donner des idées de péché ! Retenons qu’un péché c’est ce qui rend mortel ce qui est vital - « vous avez tué le prince de la vie »

Alors apparaît le lien entre le pardon des péchés et le mystère de Pâques. La résurrection n’est-elle pas cette possibilité inouïe révélée par le Christ que la mort peut devenir un passage vers la vie ? Le péché détourne la vie vers la mort, la résurrection ouvre dans la mort la porte de la vie. Voilà pourquoi nous sommes sauvés : parce que le Christ nous sort de l’impasse où nous nous sommes embourbés par le péché. Trop souvent nous attendons du salut qu’il soit une sorte de bouclier qui nous préserve de tout problème. Le mystère de Pâques n’a jamais empêché personne de souffrir, ni même hélas de faire souffrir. Le Christ n’est pas un totem d’immunité, ni d’impunité d’ailleurs ! Pâques n’ouvre pas à l’immortalité mais la résurrection ; Dieu ne nous préserve pas du mal, il nous en délivre ! Et si l’on est tenté de regretter que le Seigneur ne nous donne pas le salut dont nous rêvons … réalisons que nous rêvons d’un salut inférieur et sans doute illusoire, car à la moindre difficulté, au moindre écart nous serions irrémédiablement perdus !

Pourtant il reste encore un point à éclaircir. Pourquoi Jésus parle-t-il de « conversion pour le pardon des péchés » ? C’était aussi la conclusion du discours de Pierre « convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés ». C’est que le pardon n’est pas une amnistie : il ne survient pas quoiqu’il arrive et quoique nous fassions : il faut le demander et peut-être même le désirer. Ce qu’il y a d’inouï dans le mystère de la foi, c’est que le don de Dieu est remis à notre bon vouloir. Non pas à notre caprice, mais à notre sincérité. Et les paroles de la lettre de saint Jean, dans la deuxième lecture sont extraordinaires : « en celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection ». Ce qui nous est demandé, c’est de garder la parole de Dieu, pour la vivre et la pratiquer, bien sûr ; mais aussi pour accepter qu’elle reste une écharde dans la chair nous rappelant le chemin à parcourir, les dispositions à changer, les efforts à faire. On est parfois comme des vases d’argile gardant un trésor précieux : pas forcément à la hauteur de ce que l’on garde, mais ça n’empêche pas de garder. Et j’aime à me souvenir que dans la rencontre avec les disciples au soir du premier jour de la semaine, Jésus leur rappelle ce qu’il avait dit, il leur rappelle ce qui est écrit, comme pour les amener à garder la Parole qui leur a été confiée plutôt que de l’oublier.

Accueillons donc le Christ ressuscité qui fait de nous des témoins du salut. Nous qui avons bien souvent « tué le Prince de la Vie », tournons-nous vers Dieu pour reconnaître notre défenseur : Jésus Christ, qui, par son sacrifice, obtient le pardon des péchés, les nôtres comme ceux du monde. Gardons sa parole fidèlement pour que son amour puisse atteindre en nous la perfection.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs, qu’elle creuse en nous le désir du pardon. Mère de Miséricorde qu’elle nous fasse goûter la douceur de l’Amour du Seigneur. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à garder la Parole pour que nous puissions être les témoins de la bonne nouvelle de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

Partager cet article
Repost0