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14 février 2018 3 14 /02 /février /2018 21:49

Mercredi des cendres

 

« Maintenant, revenez à moi de tout votre cœur » dit le Seigneur par la voix du prophète Joël. Bien sûr, au début du carême, il n’y a rien d’étonnant à ce que l’on entende un appel à la conversion. Et ce n’est pas ce qui manque dans la Bible : tout au long de l’histoire, les prophètes ont appelé à revenir au Seigneur. Mais, si l’on est un peu réaliste, nous savons aussi que c’est tout au long de notre vie, d’abord, qu’il ne faut pas se laisser endormir par la routine des jours et prendre un temps pour raviver notre présence à Dieu. Parmi les préconisations du prophète Joël, il y a une invitation qui nous touche particulièrement cette année : « réunissez le peuple, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons » … ainsi l’appel à la pénitence se traduit par une invitation au rassemblement. Si nous voulons revenir à Dieu, nous ne devons pas nous isoler.

 

Alors me demanderez-vous, pourquoi Jésus dans l’évangile invite-t-il au contraire à s’enfermer dans la pièce la plus retirée pour prier ? La discrétion … voire le secret auquel il invite dans la pratique de l’aumône, de la prière et du jeûne, tout cela n’est-ce pas contradictoire avec cet appel prophétique au rassemblement ? Evidemment, pour bien comprendre les paroles du Seigneur, il faut tout écouter : « ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer » explique-t-il. Il n’a pas dit : évitez de l’accomplir « avec » les autres, mais « devant » les hommes … et c’est là toute la différence ! On peut être avec sans être devant, on peut agir avec sans agir devant pour se faire remarquer … D’ailleurs, si le rassemblement ne sert qu’à nous admirer, c’est nous qui rassemblons et non le Christ !

 

En vérité, si le Seigneur invite à la discrétion pour certaines choses, c’est pour nous permettre de retrouver une certaine qualité de relation. Cette discrétion permet que nos efforts construisent l’unité plutôt qu’ils ne la détournent. Le meilleur exemple est celui du jeûne. Jésus demande que celui qui jeûne se parfume la tête et se lave le visage … ainsi jeûner doit nous rendre agréable aux autres et non pas odieux ou irritables ! Le carême doit nous aider à renforcer la communion plutôt que de nous isoler dans des exploits ascétiques. Ces quarante jours qui nous préparent à Pâques sont l’occasion de découvrir qu’il n’y a pas de communion en s’éloignant de Dieu, mais qu’on ne se rapproche pas du Père, si l’on ne se rapproche pas de ceux qu’il aime.

 

Ainsi l’aumône (ça peut être partager notre argent, mais aussi notre temps ou notre attention) l’aumône ne sert pas à se donner bonne conscience, mais à réaliser que d’autres ont besoin de nous … non pas parce que nous leurs serions supérieurs mais parce que le Seigneur compte sur nous pour les servir. Ainsi la prière, (que ce soit dans le secret de notre cœur ou dans la liturgie, le chœur de l’église), la prière n’est pas un exercice de consolation psychologique ou une méthode de développement personnel, mais l’occasion de rendre à Dieu sa place dans nos vies pour entrer dans son regard sur le monde et sur ceux qui nous entourent. Ainsi le jeûne (qui peut-être privation de nourriture ou de pratiques superflues, ou même de mauvaises habitudes), le jeûne n’est pas une thérapie comportementaliste ou une manière de se préparer à l’esthétique estivale, mais l’effort de vérité et d’humilité pour sortir de l’égoïsme du plaisir et être plus disponible à notre vocation.

 

Si l’on veut être “avec”, sans chercher à être “devant”, il faut accepter que les autres soient différents, ne pas se réfugier dans l’indifférence, et même parfois supporter qu’ils nous ennuient ! Et l’effort du jeûne nous entraine à supporter les contrariétés, la gratuité de la prière nous apprend à dépasser les apparences, la générosité de l’aumône nous ouvre aux dimensions du cœur de Dieu

 

Pour reprendre les mots de Saint Paul, voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut … c’est le moment favorable pour accueillir le don de Dieu, c’est le moment favorable pour regretter nos péchés, c’est le moment favorable pour changer nos vies afin que la grâce du Christ puisse transformer nos cœurs et que nous puissions aimer ceux qu’il aime, comme il aime dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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