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31 décembre 2023 7 31 /12 /décembre /2023 14:47

NO-SF-B

Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph - année B

Gn 15,1-6 ; 21,1-3 ; Ps 104 ; He 11, 8.11-12.17-19 ; Lc 2,22-40

Dans la grande semaine qui suit la Nativité du Seigneur, nous sommes invités à méditer et à approfondir le sens de ce qui a commencé dans la nuit de Bethléem. Et le dimanche c’est vers la Sainte Famille que nous tournons nos regards. Cette année, c’est donc l’évangile de la présentation au Temple qui nous est proposé.

C’est un récit dense qui offre de nombreux sujets de méditation, en particulier à travers les figures de Siméon et d’Anne qui témoignent de la vocation de l’enfant. Mais il y a un détail qui pourrait nous échapper, et ce serait dommage. On pourrait penser que les deux rappels de la Loi se rapportent à la même démarche : on imagine que Marie et Joseph offrent « un couple de tourterelles ou deux petites colombes » pour consacrer leur garçon premier né. Mais en fait l’offrande concerne la Purification de Marie et non pas la consécration de l’enfant. L’habitude était, en effet, que les parents, présentant leur enfant au Seigneur pour le consacrer, « rachètent » celui-ci avec une somme d’argent. On peut donc penser que Joseph et Marie viennent confier Jésus au Temple pour qu’il y soit élevé et qu’il serve Dieu depuis son plus jeune âge. Or voilà qu’on leur rend l’enfant : c’est à eux de l’élever, c’est à eux que le Seigneur confie le soin de veiller sur lui. Rien de plus normal, pensez-vous … et pourtant rien de plus admirable que ce message : ce n’est pas au Temple, mais c’est à la famille de former et d’éduquer le Serviteur de Dieu. La lumière des nations ne s’épanouit pas dans l’enceinte sacrée où l’on offre les sacrifices, mais au cœur d’une famille de Nazareth.

Là, dit l’évangéliste, « l’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui ». Voilà qui va nous permettre d’approfondir ce qu’on attend d’une famille. D’abord il s’agit de grandir et de se fortifier. Cela peut paraître bien banal, et pourtant nous savons combien cela suppose de soins attentifs. Il s’agit de nourrir et d’entourer. Les sciences modernes nous ont sensibilisé à l’importance d’une alimentation saine et équilibrée pour la croissance d’un enfant. Il ne s’agit pas de faire porter aux parents une charge excessive, et tout ne dépend pas d’eux, mais ils ont une vraie responsabilité : c’est un véritable engagement. Il y a quelque chose de la réalité de l’Incarnation qui se joue dans la sainte Famille. Pour que le Verbe fait chair puisse grandir et se fortifier, il a fallu que ses parents s’occupent de lui, le nourrissent et le soignent. C’est la condition de tout homme, c’est aussi la condition de Jésus.

Il était rempli de sagesse. Voilà une qualité qui ne nous surprend pas chez le fils de Dieu, mais elle met en lumière un autre aspect du rôle de la famille. A quoi servirait la sagesse si elle ne peut s’exprimer ? Ce n’est pas Marie et Joseph qui donnent à Jésus sa sagesse, mais ils doivent lui permettre de se manifester. Le rôle de la famille n’est pas d’être un moule où l’on fabrique des individus identiques, mais un terreau qui permet à chacun de déployer sa vocation. Il ne s’agit plus de donner ce qui est nécessaire, mais de permettre ce que le Seigneur attend de chacun. Et ce n’est pas le moindre défi pour des parents que d’accepter que leurs enfants soient différents d’eux ! C’est le défi de l’éducation qui n’est pas un formatage mais un accompagnement. C’est là que la famille dépasse le rôle nourricier, que l’on partage avec les animaux, pour devenir une réalité spécifiquement humaine permettant le déploiement de la personne. Une manière de coopérer à l’œuvre de Dieu, ce qui requiert humilité et disponibilité.

Enfin la grâce de Dieu était sur lui. Là encore cela ne nous surprend pas pour Jésus, même si l’on peut espérer que c’est le cas de chacun de nous. Mais qu’est-ce que cela implique pour la Sainte Famille ? Justement d’être sainte, c’est-à-dire accueillante et disponible à la grâce. Jésus ne grandit pas dans un sanctuaire de pierres, mais dans un sanctuaire d’amour, d’un amour qui prend sa source et son souffle en Dieu. Les paroles de Siméon à Marie désignent déjà le mystère Pâques, pour nous rappeler que la sainteté n’est pas un long fleuve tranquille mais la force d’un dépassement où les épreuves sont l’occasion d’un amour plus fort, comme elles étaient pour Abraham et Sarah l’occasion d’une foi plus grande. Et cette troisième dimension nous fait entrevoir combien la famille n’est pas seulement une institution naturelle ni un choix philosophique, mais une réalité spirituelle. En grandissant dans une famille, Jésus assume notre condition humaine, et révèle la vocation de toute famille à la sainteté.

En ce dimanche de la Sainte Famille, nous ne contemplons pas seulement un aspect du mystère de Noël, mais nous sommes invités aussi à découvrir la vocation de nos familles. Un lieu où l’on se donne et prend soin de chacun ; un lieu où l’on s’accompagne et où l’on reçoit les uns des autres ; un lieu qui nous tourne vers le don de Dieu pour que nous devenions le sanctuaire de la présence du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Secours des Chrétiens qu’elle veille sur nous comme elle a veillé sur Jésus ; Mère du Bon conseil qu’elle nous accompagne pour que nous puissions déployer le don de Dieu ; Porte du Ciel qu’elle nous rende disponibles à la présence de Celui qui est venu partager notre condition humaine pour que nous puissions partager sa gloire, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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8 janvier 2023 7 08 /01 /janvier /2023 10:14

NO-EP

Epiphanie du Seigneur

Is 60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3. 5-6 ; Mt 2,1-12

Voici donc la fête de l'Épiphanie. C'est évidemment le jour où nous nous souvenons de l'adoration des mages. Mais le but de cette fête n'est pas de compléter la crèche en rajoutant trois santons supplémentaires. L'Épiphanie et Noël sont comme les deux faces de la même pièce : deux aspects du même mystère. Noël, ce sont les événements ; l'Épiphanie, c'est le sens. À Noël, on se souvient que Jésus est né ; à l'Épiphanie, on se souvient qu'il est venu pour tous les hommes. C'est d'ailleurs ce que disait saint Paul dans la deuxième lecture : le mystère du Christ, c'est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse.

En effet les mages sont signes que tous les peuples, peuvent venir jusqu'à l'enfant de la crèche. Ils nous rappellent que tout le monde est concerné par le Christ, que l'évangile n'est pas destiné à un petit cercle de privilégiés mais qu'il est pour tous les hommes, quelques soient leur race, leur âge ou leur histoire. Tout le monde peut offrir l'or de la charité, parce qu'à tous les hommes est confié l'héritage et cet héritage c'est le ciel et la terre. Tout le monde peut offrir l'encens de la foi, parce que tous les hommes sont destinés au même corps, et ce corps, c'est l'Église qui prépare l'union de l'humanité en Dieu. Tout le monde peut offrir la myrrhe, le parfum précieux, de l'espérance parce qu'à tous les hommes est faite la même promesse, et cette promesse, c'est la vie éternelle. L'Épiphanie, c'est en quelque sorte la fête de l'universalité de l'évangile.

Mais il y a un problème. Et ce problème est bien décrit dans le texte que nous avons entendu. Même si bien souvent on n'y fait pas très attention. Le problème est le suivant. On a dit que le sens de l'adoration des mages, c'est que tous les peuples sont concernés par la naissance du roi des juifs ... Mais en même temps, Hérode, les chefs des prêtres et les scribes de Jérusalem, eux qui sont juifs, eux qui par excellence devraient être concernés par la naissance du Messie, restent indifférents. Ceux qui ne sont pas concernés s'y intéressent, ceux qui sont concernés ne s'y intéressent pas ! C'est un peu paradoxal ! Tant mieux pour les uns, tant pis pour les autres ? Peut-être, mais cela vaut la peine quand même de voir ce qu'il faut éviter, pour ne pas finir dans le mauvais groupe !

Dans l'évangile on parle de trois attitudes d'Hérode, trois attitudes qui s'opposent à l'accueil du mystère. La première attitude, c'est l'inquiétude. Hérode est pris d'inquiétude. Il a peur de perdre son pouvoir. C'est qu'il n'est pas héritier, il est conquérant. Son trône il le tient de lui-même, et de ses arrangements. Puisqu'il ne reconnaît pas ce qu'il a reçu, il a peur de perdre ce qu'il a conquis.

La deuxième attitude c'est le secret. Il convoque les mages en secret. Il ne s'agit pas d'un secret de discrétion, mais d'un secret de rétention. Ce n'est pas le secret qui respecte ce qui ne le regarde pas, mais le secret de celui qui veut garder les informations qui lui permettront d'avoir un avantage. C'est que Hérode ne fait pas corps, il se considère différent, au-dessus des autres.

Enfin la troisième attitude, c'est la machination. On sait bien que la consigne qu'il donne aux mages est hypocrite. Il ne veut pas aller se prosterner devant l’enfant, il veut l’éliminer, mais il a peur de s'impliquer, de s'engager. Il ne veut pas se salir les mains. Puisqu’il se veut auteur de son propre avenir, il n'attend pas la réalisation d'une promesse, alors il n'a pas d'espérance seulement un plan.

Mais nous, que ferons-nous face au mystère ? Serons-nous comme Hérode dans l'inquiétude, le secret et la machination, ou bien à l'exemple des mages, accepterons nous d'être héritiers, de participer au corps du Christ, de partager la promesse de la vie éternelle ?  Choisirons-nous la peur de perdre ou la joie de donner ? Préfèrerons-nous le secret de l'égoïsme ou l'ouverture de la confiance ? Nous laisserons-nous entraîner par la machination et les calculs ou bien saurons nous répondre à la promesse par l'engagement ? Parce que la charité ne comptabilise pas, la foi n'est pas solitaire, l'espérance ne se vit pas par procuration, nous ne pourrons entrer dans le mystère du Christ que si nous lui présentons l'or de notre générosité, l'encens de nos intercessions, et la myrrhe de nos engagements

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, qui retenait tous ces événements et les méditait en son cœur, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est la Demeure précieuse, qu'elle nous apprenne à reconnaitre les grâces que le Seigneur nous fait pour être capable de donner à la mesure que nous avons reçue. Elle qui est le Temple de l'Esprit Saint, qu'elle nous affermisse dans la prière pour que nos supplications soient à l'image de la sollicitude de Dieu et que nous sachions présenter au Seigneur les besoins de tous nos frères. Elle qui est la Mère de l'espérance, qu'elle nous soutienne dans l'engagement pour que nous puissions œuvrer à la venue du Royaume et hâter le moment où Dieu sera tout en tous pour les siècles des siècles.

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1 janvier 2023 7 01 /01 /janvier /2023 14:29

01.01

Sainte Marie, Mère de Dieu

Nb 6,22-27 ; Ps 66 (67) ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21

Nous voici donc au huitième jour de la Nativité. Autrefois, calquant le calendrier liturgique sur la chronologie, l’Église fêtait la circoncision du Seigneur, le moment où – comme l’indiquait la conclusion de l’évangile – l’enfant reçut le nom de Jésus. Depuis la réforme liturgique, ce jour prend pour titre « Sainte Marie, Mère de Dieu », rappelant la décision du Concile d’Éphèse, en 431, de ne pas séparer les deux natures de Jésus, qui sont unies dans la même personne. C’est d’ailleurs typique de Marie : on ne peut pas en parler correctement sans se référer au Christ. Ce qu’on dit d’elle, renvoie toujours au Seigneur. Il ne s’agit donc pas de substituer la mère au fils, mais plutôt de prendre exemple sur Marie pour vivre le mystère.

Ainsi, en ce temps-là, Marie se trouve avec Joseph et le nouveau-né lorsque les bergers arrivent et racontent ce qui leur avait été annoncé. Sans doute, comme tous ceux qui étaient là, s’étonne-t-elle de leur récit. Mais saint Luc précise : « Marie cependant retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ».

La première attitude est donc la mémoire : « elle retenait tous ces événements ». Les savants suspicieux s’obstinent à trouver les plus mauvaises raisons du monde pour expliquer que les événements de l’enfance de Jésus ne peuvent qu’être inventés par ceux qui ne l’ont connu qu’une trentaine d’années plus tard ! C’est oublier cette présence discrète de Marie, au cœur de l’église naissante. Quoi de plus naturel pourtant, que les disciples interrogent la mère du Seigneur pour mieux le connaitre ? Mais plus profondément, la mémoire est un élément essentiel à la foi et à la vie spirituelle … en vérité, à la vie tout court aussi ! Aurions-nous vraiment besoin que le récit détaille ce que les bergers racontent devant la mangeoire de Bethléem ? Non, bien sûr, parce que nous nous souvenons de l’évangile proclamé dans la nuit, la semaine dernière, et nous savons donc ce qu’ils ont raconté … au moins dans les grandes lignes ! La mémoire est le lieu où s’inscrit en nous la Parole de Dieu, c’est par le souvenir que cette parole vient prendre corps dans notre vie. Tous les maitres spirituels insistent sur l’importance de prendre le temps de se souvenir de ce que nous avons vécu pour reconnaître la présence et l’appel du Seigneur.

Mais Marie ne fait pas que retenir, elle « médite dans son cœur ». La méditation est en quelque sorte la contemplation du mystère. Cela consiste à prendre et reprendre les choses pour en découvrir le sens. Comme on s’arrête devant un paysage ou un tableau pour en apprécier les détails, comme on caresse un diamant ou une perle pour en admirer les éclats. La parole de Dieu n’est pas un film qu’on cesse de regarder quand on réalise qu’on en connaît la fin, c’est un trésor inépuisable qui se déploie au fur et à mesure qu’on la médite. Dans la lettre aux Galates, saint Paul invite à cette méditation : « la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs ». On passe de l’expérience à la compréhension, de l’observation à l’engagement : méditer, c’est comprendre que la Parole de Dieu s’adresse à nous, qu’elle nous concerne. Marie n’est pas la caméra de surveillance de l’enfance de Jésus, qui se contente d’enregistrer. Elle fait partie de l’histoire et cette histoire est aussi son histoire. Ainsi, par la méditation l’évangile devient notre histoire.

Enfin, il y a un troisième exemple que nous donne Marie. On le découvre derrière les mots de l’évangéliste : « l’enfant reçu le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception ». Marie a fait ce que l’ange avait dit, elle a choisi le nom qui avait été indiqué. Après tout, elle aurait pu choisir n’importe quel autre nom, personne n’en aurait jamais rien su, à part Joseph peut-être ! Mais non, elle accomplit la Parole de Dieu ! La parole n'est pas faite pour rester dans la tête, ni même dans le cœur, elle est faite pour être mise en pratique. Pour accomplir la Parole, Marie nous indique qu’il faut non seulement y consentir mais aussi s’impliquer. La Parole ne s’accomplit pas sans nous. La bénédiction que Dieu donne à Moïse pour qu’il la transmette à Aaron, celle que rappelait le livre des Nombres, ne se fait pas sans celui qui la dit, mais elle ne se fait pas non plus sans celui qui la reçoit. « Que le Seigneur tourne vers toi son visage », cela suppose que nous-mêmes aussi nous tournions vers Dieu notre regard pour contempler le visage qui se donne à voir.

Suivons donc l’exemple de Marie pour que le mystère de Noël ne soit pas une fête oubliée dès que les décorations seront rangées et que la vie reprendra son cours habituel. Soyons attentifs à retenir ce que Dieu nous donne à vivre ; méditons la Parole pour l’entendre résonner au cœur de notre cœur ; mettons en pratique ce que nous aurons découvert de la présence du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Mère de Dieu, Avocate des Toulonnais, nous accompagne auprès de l’enfant de la crèche. Fille de Sion, qu’elle nous apprenne à nous souvenir de la Parole. Etoile du Matin, qu’elle guide nos cœurs pour que nous remarquions le souffle de la brise légère. Trône de la Sagesse, qu’elle nous encourage à répondre à l’appel du Seigneur, pour que resplendisse sur nous son visage et que nous participions à l’œuvre de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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25 décembre 2022 7 25 /12 /décembre /2022 02:57

NO-N

Nativité du Seigneur - Messe de la nuit

Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96) ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Le chant des anges qui retentit dans la nuit de Bethléem, retentit encore ce soir en cette nuit de Noël pour nous appeler à reconnaître le signe du Salut. Ainsi la Gloire de Dieu et la paix des hommes sont inséparables.

Cette année, hélas, la triste actualité vient nous rappeler cruellement que la guerre peut surgir brutalement. Mais les conflits n’ont jamais vraiment cessé même s’ils étaient loin de chez nous, et il semble bien que tout au long des siècles la paix n’ait été qu’une suite de parenthèses dispersées. Un conte oriental prétend qu’un sage aurait résumé l’histoire de l’humanité en une phrase : « les hommes souffrent et font souffrir ». Faut-il considérer la paix des nations comme l’espérance convenue d’une reine de beauté : un rêve inaccessible et un peu naïf ? A vue humaine, sans doute ; mais justement Noël n’est pas une vue humaine : c’est l’ouverture de notre monde à la présence de Dieu, c’est l’appel à désirer et accueillir la gloire de Dieu. Nous passerons à côté du sens de cette nuit, si nous vivons ces jours de manière simplement humaine, si nous ne gardons pas au cœur cette aspiration à la plénitude, sans se résigner dans le cynisme ou l’indifférence. Évidemment, pour cela, il faut accepter de ne pas faire comme tout le monde, il faut quitter les convenances de la salle commune pour rejoindre le Prince de la Paix qui naît dans une mangeoire et reconnaître dans l’enfant de la crèche celui qui nous ouvre à la puissance de Dieu.

Pourtant il ne suffit pas de vivre en regardant le ciel. Il ne faudrait pas que les grands principes nous détournent de l’humble réalité quotidienne. Il est très noble d’aspirer à la paix des nations, mais il est essentiel d’être aussi attentifs à la paix autour de nous. C’est dans nos familles, dans nos quartiers et dans nos relations amicales ou professionnelles que nous sommes mis au défi de vivre la paix des hommes. Et nous devons bien reconnaître, que ce n'est pas toujours facile. Les tempéraments et les caractères, les choix de vie et les événements sont trop souvent l’occasion de disputes et de conflits, parfois pénibles, parfois même dramatiques. D’autant que ce n’est pas parce que nous sommes de bonne volonté que les autres le sont ! Dans la deuxième lecture, Saint Paul rappelait à Tite la première conséquence du salut annoncé aux bergers de Bethléem : « il s’est donné pour nous purifier et faire de nous un peuple ardent à faire le bien ». Si nous fêtons Noël, ça n’est pas pour le plaisir pittoresque d’une naissance antique atypique, c’est parce que nous sommes attachés à celui qui naît ce jour-là, parce que nous avons décidé de cheminer avec lui, d’écouter son évangile et de vivre à sa manière. Si nous voulons que la Gloire de Dieu resplendisse là où nous sommes, il faut que ce jour ouvre à une histoire entre le Christ et nous, pour que nous puissions puiser dans sa présence la force de le suivre. Même quand pour cela, il faudra quitter le confort de la salle commune pour rejoindre le Dieu fort qui naît dans une mangeoire et reconnaître dans l’enfant de la crèche celui qui nous unis au Seigneur.

Mais si la paix des nations n’est rien sans la paix des hommes, la paix des hommes n’est possible que par la paix du cœur. C’est au plus profond de nous que peut jaillir la Gloire de Dieu. C’est aussi au cœur de notre cœur que s’adresse le mystère de Noël. Dans la douceur de la crèche, le signe du nouveau-né tressaille du bruissement de la brise légère qui révèle la miséricorde de Dieu. C’est le pardon de nos péchés qui nous entraîne dans la joie du Salut. Il ne suffit pas de garder les yeux fixés sur le Seigneur, de garder ses paroles et de les mettre en pratique, il faut aussi entrer dans le cœur à cœur de la prière pour goûter la fidélité de Dieu qui révèle son amour. C’est en quittant le bruit de la salle commune que nous rejoindrons le Père à jamais qui nait dans une mangeoire et que nous reconnaîtrons dans l’enfant de la crèche la grâce de Dieu qui se propose à nous.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accueille auprès de la crèche en cette nuit de Noël. Porte du Ciel qu’elle creuse en nous le désir de la Gloire de Dieu. Trône de la Sagesse qu’elle nous rende disponibles à la Bonne Nouvelle annoncée par les anges et proclamée par le Christ. Mère du Bel amour qu’elle nous entraine dans le mystère de Salut, pour que nous soyons des artisans de paix et que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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2 janvier 2022 7 02 /01 /janvier /2022 14:25

NO-EP

Epiphanie du Seigneur

Is 60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3. 5-6 ; Mt 2,1-12

Même si l’évangile ne décrit pas avec précision l’arrivée des mages à Jérusalem, on imagine traditionnellement un cortège oriental, avec ce que cela suppose de magnificence et d’exotisme. Sans doute est-ce plutôt leur question que leur apparat qui bouleverse le roi Hérode, mais si Matthieu précise que tout Jérusalem était aussi bouleversé, il est fort probable que l’événement ait été remarquable. Ainsi s’accomplit l’oracle d’Isaïe que nous avons entendu en première lecture : « Debout, Jérusalem, resplendis ! Les trésors des mers afflueront vers toi, des chameaux de Madiane et d’Epha te couvriront, apportant l’or et l’encens ». Et c’est bien le sens de cette fête de l’Épiphanie : le mystère est révélé, les promesses sont accomplies. Pourtant tout spectaculaire que soit la visite des mages, c’est dans la discrétion d’une maison de Bethléem que se manifeste la présence du Très-Haut et, s’il s’agit de révéler le salut pour toutes les nations, nombreux sont les contemporains qui l’ont ignoré. Voyons donc ce qui permet de connaître le mystère.

Pour assister à un événement, il faut connaître la date et le lieu. Or il se trouve que les mages connaissent la date, les grands prêtres et les scribes connaissent le lieu. N’est-ce pas une belle image de la manière dont Dieu se révèle : en partageant les différents éléments, de telle façon qu’on doit s’écouter les uns les autres pour accéder à l’ensemble. En cette année où nous sommes invités à entrer dans la démarche synodale, c’est une illustration puissante de la nécessité de se rencontrer, pour parler et écouter. C’est un élément fondamental de la vie spirituelle : personne n’a l’exclusivité de la Parole de Dieu ! Celui qui croit détenir la vérité et se dispense d’écouter les autres, finit immanquablement par adorer ses propres idées. Inversement, celui qui ne ferait qu’écouter, en taisant ce que le Seigneur lui confie, finit aussi par croire n’importe quoi et suivre n’importe qui ! C’est d’ailleurs la nature de l’Église, de nous donner accès au mystère de Dieu, non pas dans l’uniformité des semblables, mais dans la communion des diversités.

Mais, me direz-vous, Hérode connaissait lui aussi la date et le lieu, et pourtant il n’est pas arrivé jusqu’à la présence de Dieu. Passons sur l’ambiguïté de ses intentions ; passons aussi sur le fait qu’il convoque les mages en secret, ce qui est rarement signe d’une volonté de partager. La vraie limite de la « connaissance » d’Hérode, c’est qu’il reste extérieur et spectateur. Il ne se donne pas la peine de s’investir dans cette connaissance. Comme si elle restait dans la tête et n’allait pas jusqu’au cœur. Dans la Bible, connaître c’est toujours s’engager. Hérode est l’image d’une connaissance qui pense déléguer. Mais pour aller jusqu’au mystère de Dieu, il y a des recherches que nous ne pouvons pas déléguer aux autres. On ne rencontre pas le Seigneur par procuration, on ne peut pas être spectateur de l’épiphanie : il faut en être acteur. Les plus belles explications théologiques ou spirituelles ne peuvent pas nous exempter de nous impliquer personnellement. La foi chrétienne est une école de responsabilité, parce que nous réalisons qu’il y a des démarches que personne ne peut faire à notre place.

L’évangile se termine par une remarque saisissante : « ils regagnèrent leur pays par un autre chemin ». Certes, cela explique la fureur du roi et le drame du massacre des saints innocents, mais cela nous indique aussi une caractéristique importante d’une authentique connaissance du mystère : elle nous transforme, elle modifie nos habitudes et nous conduit par un autre chemin. Il y a quelque chose de très beau dans les dispositions des mages. Ils sont disponibles, non seulement aux indications des sages d’Israël, non seulement à leur propre observation de l’étoile qui les guide, mais aussi au conseil de ce songe, dont nous comprenons facilement qu’il vient de Dieu. Il paraît évident que s’ils étaient allés trouver Hérode, celui-ci aurait utilisé cette connaissance pour faire ce qu’il avait décidé. Or la connaissance du mystère n’est pas là pour servir notre volonté, c’est notre volonté qui se met au service du mystère que l’on connaît.

Nous célébrons aujourd’hui l’épiphanie du Seigneur, la manifestation du mystère du Salut. Mais cette manifestation ne s’impose pas, elle se propose à notre connaissance, et pour connaître le mystère, il faut partager ce que Dieu révèle à chacun, il faut accepter de s’engager pour aller jusqu’à la Rencontre, il faut rester disponible à se laisser transformer par celui que nous découvrons.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère de l’Église, qu’elle nous apprenne à accueillir ceux qui marchent avec nous vers le Père ; Reine des saints qu’elle soutienne nos engagements à la suite du Christ ; Humble Servante du Seigneur qu’elle nous rende disponibles au souffle de l’Esprit pour que nous puissions rayonner de la gloire de Dieu, et servir la paix sur terre dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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26 décembre 2021 7 26 /12 /décembre /2021 10:14

NO SFC

Sainte Famille - Année C

1 S 1,20-22.24-28 ; Ps 83 ; 1 Jn 3,1-2.21-24 ; Lc 2,41-52

Si nous connaissons l’épisode de Jésus parmi les docteurs de la Loi, on peut être étonné que cet évangile nous soit proposé pour fêter la Sainte Famille. Certes la conclusion est plutôt sereine et exemplaire, mais elle contraste assez fortement avec les événements qui précèdent qui relèvent plutôt d’une certaine tension familiale ! Pourtant il ne faut pas trop vite séparer les deux parties de l’histoire, bien au contraire leur rapprochement est riche d’enseignement sur la vocation de la famille. En effet, Jésus affirme qu’il lui faut « être chez son Père » c’est-à-dire qu’il veut demeurer dans la maison de Dieu. Or il ne reste pas au Temple, il rejoint Marie et Joseph et demeure avec eux à Nazareth. Jésus ne grandira pas au Temple comme Samuel, ni aux déserts comme Jean Baptiste. C’est une manière de nous faire comprendre que la famille est aussi la maison de Dieu, elle est autant que le Temple ou le désert, un lieu où l’on peut demeurer en présence de Dieu.

C’est que la famille nous inscrit dans une histoire, elle est le lieu où se déploie la temporalité. La succession des générations nous rappelle que le monde n’a pas commencé avec nous et qu’il ne finira pas avec nous. Et il est touchant de noter que Jésus doit grandir en sagesse, en taille et en grâce. Cela nous rappelle que notre vie est marquée par la progression. Nous voudrions que tout arrive, tout de suite, alors que l’expérience montre que les choses se font le plus souvent petit à petit. Les parents ne sont pas les enfants, même si les parents ont été enfants, et que les enfants pourront être parents, mais chacun doit rester à sa place, chaque chose en son temps. Et c’est un enseignement très important pour la vie spirituelle : apprendre que nous pouvons être avec Dieu sans être Dieu, et que notre relation est marquée par le plus ou moins et non pas par le tout ou rien.

La famille est aussi un lieu où l’on aime ceux que l’on n’a pas choisi. Et pour comprendre et vivre l’amour de Dieu, il est très important de réaliser qu’on peut être aussi proche – et même parfois plus proche – de ceux qu’on n’a pas choisi que de ceux qu’on a choisi. Cela évite de tomber dans le piège de croire que tout dépend de nous. J’aime bien penser que lorsqu’ils retrouvent Jésus au Temple, Marie et Joseph se rendent compte qu’ils n’ont pas cherché leur fils au bon endroit, et que Jésus découvre que ses parents n’ont pas compris son intérêt pour les choses de Dieu. Parce qu’on ne choisit pas sa famille, il est peut-être plus facile d’y réaliser que l’autre est un mystère qu’il faut découvrir au risque d’être surpris, et avec lequel il faut composer. On fait un très grand progrès dans la vie spirituelle quand on accepte de continuer à aimer le Seigneur, même quand on ne le comprend pas.

Enfin la famille est aussi l’occasion de vivre un amour qui ne soit pas possessif. Ma famille n’est pas la famille qui m’appartient, mais la famille à laquelle j’appartiens. L’exemple d’Anne dans la première lecture est un beau modèle de cette disposition du cœur qui accepte que son fils ne soit pas à son service mais à celui de Dieu. C’est l’image des parents au service de la vocation de leur enfant. Et inversement, le Verbe de Dieu, lui par qui tout a été fait, accepte d’être soumis à un homme et à une femme pour découvrir le monde et la vie. L’amour qui n’est pas possessif est celui qui peut donner et se donner.

Évidemment, la vie se charge de nous cabosser et les familles ne sont pas toujours ce qu’elles devraient être. Mais ça n’est jamais une fatalité, et l’histoire de Jésus parmi les docteurs de la loi nous avertit de ne pas nous décourager des tensions ou des accrocs à l’image trop lisse dont nous rêvons. Si nous fêtons la Sainte Famille dans le dimanche de l’Octave de Noël, c’est pour nous encourager à prendre soin des familles, pour y découvrir une maison où Dieu aura la place que nous lui laisserons.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous apprenne la patience de la progression. Temple de l’Esprit Saint qu’elle soutienne nos familles pour qu’elles soient des demeures de Dieu. Mère du Sauveur qu’elle nous guide dans l’amour qui donne et se donne pour que nous puissions accueillir la Gloire de Dieu et resplendir de sa Paix, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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25 décembre 2021 6 25 /12 /décembre /2021 02:59

NO-N

Messe de la nuit de Noël

Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96) ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14

Au cœur de cette nuit, nous voilà rassemblés pour fêter Noël. S’il en était besoin, les textes que nous venons d’entendre nous rappellent la raison de cette fête, la naissance de Jésus à Bethléem au temps où Quirinius était gouverneur de Syrie. C’est ce qu’annoncent les anges aux bergers : « aujourd’hui vous est né un Sauveur », c’est aussi ce qu’annonçait le prophète Isaïe « un enfant nous est né, un fils nous a été donné ». Or une naissance est à la fois un aboutissement et un commencement, et le commencement nous sollicite : on ne laisse pas un nouveau-né tout seul, on s’en occupe, on en prend soin. Ainsi nous manquerions l’essentiel du message de cette nuit, si nous nous contentions d’une fête sans lendemain. Entrer dans la joie de Noël c’est réaliser qu’il nous faut prendre soin du salut qui s’annonce aujourd’hui. C’est aussi ce que rappelait saint Paul à Tite : si la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes, il nous faut apprendre à vivre en attendant que se réalise la bienheureuse espérance.

D’après Isaïe, le premier nom du Sauveur est « Merveilleux Conseiller ». Nous savons combien il est important dans les incertitudes de la vie d’avoir de bons conseils. Lorsque nous avons des choix à faire, la solution n’est pas toujours évidente, et il vaut mieux suivre celui qui nous conduira sur le bon chemin, plutôt que ce qui conduit à une impasse, ou à un précipice ! Mais un conseil est fragile comme un nouveau-né : il ne sauve que si nous l’accueillons ! Aussi saint Paul recommande-t-il de renoncer aux convoitises de ce monde. Prendre soin du Salut c’est mettre l’évangile au cœur de notre vie, en écoutant l’enseignement du Seigneur plutôt que nos impressions ou l’opinion du plus grand nombre. Pour que l’Esprit Saint puisse déployer en nous le don de conseil, il faut le désirer, le choisir et le préférer.

Le deuxième nom du Sauveur est « Dieu fort ». On comprend facilement combien espérer le salut suppose une force supérieure à la nôtre ! Pourtant une force qui s’impose ne sauve pas, elle détruit. Aussi la nuit de Noël nous révèle la force divine qui se manifeste dans la fragilité désarmante d’un nouveau-né. Encore faut-il – pour reprendre les mots de saint Paul – renoncer à l’impiété qui ignore le ciel pour ne prêter attention qu’aux choses de la terre. Prendre soin du Salut c’est laisser une place à Dieu dans notre vie, éviter d’agir comme s’il n’existait pas.

Un autre nom du Sauveur est « Père à jamais ». C’est une manière de préciser la relation que Dieu nous propose : non pas la soumission servile, mais l’affection fidèle. Là encore, nous faisons malheureusement l’expérience des souffrances que peuvent infliger un amour maladroit ou inconstant, la fragilité de celui qui est mal aimé ou qui n’est pas aimé ! Le Salut qui se révèle dans l’enfant de la crèche nous dévoile l’amour inconditionnel et fidèle du Seigneur. Prendre soin du Salut c’est répondre à cet amour par la piété, c’est-à-dire la tendresse respectueuse. C’est en nous laissant guider par un attachement de plus en plus intense que le Don de Dieu peut se déployer en nous.

Enfin le dernier nom du Sauveur est « Prince de la Paix ». C’est aussi ce que proclame le chant des anges dans la nuit de Bethléem « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». La paix est sans doute le bien le plus précieux auquel nous aspirons tous (même si certains le cherchent parfois par des voies contradictoires). La paix est en quelque sorte l’épanouissement du salut. Mais nous savons que la paix est à la fois délicate et exigeante : sans la paix du cœur, il n’y a qu’un répit ; tant qu’elle n’est pas partagée, elle n’est qu’une trêve. Ainsi prendre soin du Salut c’est chercher à vivre dans la justice qui seule permet la paix que Dieu propose.

Aujourd’hui nous est né un Sauveur, et la joie de cette naissance nous entraîne à prendre soin du Salut, en participant à son retentissement. Renonçant aux convoitises et à l’impiété, nous apprenons à nous rendre disponibles au Merveilleux Conseiller et au Dieu Fort ; vivant dans la piété et la justice nous accueillons le Père à Jamais et le Prince de la Paix.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais qui veillait sur l’enfant dans cette sainte nuit, veille aussi sur nous. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à choisir ce qui nous rapproche du Seigneur. Rose Mystique qu’elle nous entraine à déployer ce que le Christ permet. Mère du Sauveur qu’elle fasse résonner en nous l’annonce du Salut pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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10 janvier 2021 7 10 /01 /janvier /2021 14:29

NO-BA-B

Baptême du Seigneur - année B

Is 55,1-11 ; 1 Jn 5,1-9 ; Mc 1,7-11

La fête du baptême du Seigneur est l’occasion de se plonger dans le mystère de l’Épiphanie. Rassurez-vous je ne me suis pas trompé de page dans l’agenda, et ça n’est pas une astuce commerciale pour que les pâtissiers puissent continuer à vendre des galettes, c’est simplement une remarque des pères de l’Église qui soulignent que c’est toujours le mystère du Christ qui se manifeste dans l’adoration des mages, comme dans le baptême au bord du Jourdain … mais aussi lors des noces de Cana. Laissons-nous donc guider par cette vénérable tradition pour regarder ce qui se donne à contempler dans l’évangile que nous venons d’entendre.

D’abord nous devons réaliser ce qu’il y a de remarquable dans l’attitude de Jésus. Il se fait baptiser dans l’eau par Jean – alors que d’après les paroles même du Baptiste, Jésus est plus fort et plus digne que lui, et que le baptême qu’il propose est plus accompli. Ne croyons pas trop vite qu’il s’agit d’une expression de solidarité ou d’une discrétion diplomatique. Il y a dans la démarche de Jésus quelque chose de beaucoup plus profond, qui touche le cœur de Dieu : c’est d’être dans l’attitude de recevoir et non pas de prendre, de se laisser conduire plutôt que de revendiquer. Dans l’oracle d’Isaïe, il y avait une invitation intéressante de ce point de vue : « cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver » … cela signifie à la fois que l’homme n’est rien sans le consentement de Dieu, mais aussi que Dieu ne fait rien sans l’implication de l’homme. Du côté de l’homme, il ne s’agit pas de chercher Dieu qu’il le veuille ou non ; mais du côté de Dieu, il y a aussi le refus de s’imposer coûte que coûte. On a souvent tendance à penser la vie spirituelle sous le mode de l’affirmation et de la décision … mais ce serait confondre les bains de purifications et le baptême. Pour les premiers, on n’a besoin de personne, tandis que pour le baptême il faut qu’un autre verse de l’eau sur nous. Le baptême du Seigneur nous manifeste que rien de divin ne se fait sans disponibilité et confiance.

Ensuite on peut remarquer l’importance de l’Esprit : c’est dans l’Esprit que baptisera celui que Jean annonce, et l’Esprit descend comme une colombe sur Jésus remontant de l’eau. Certains auteurs ont fait remarquer que les grands temps liturgiques se terminaient par une effusion de l’Esprit : la Pentecôte à Pâques, et le Baptême du Seigneur à Noël. Chaque fois que le mystère du Christ est célébré, l’Esprit Saint est communiqué. D’ailleurs, saint Jean dans la deuxième lecture rappelait « celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit ». Réaliser l’importance de l’Esprit pour la manifestation du mystère de Dieu n’est pas toujours très confortable, parce qu’il y a quelque chose d’insaisissable dans l’Esprit : il nous échappe et ne se laisse pas maîtriser. Il ne peut être saisi, mais c’est lui qui nous saisit. On comprend pourquoi il ne peut y avoir d’épiphanie sans disponibilité : le mystère de Dieu n’est pas un spectacle à observer avec plus ou moins de curiosité mais un souffle qui nous entraîne et nous transforme.

Enfin, il y a quelque chose de bouleversant dans la voix qui se fait entendre depuis les cieux. « Tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ». C’est un peu comme si nous assistions à l’intimité du cœur de Dieu. Dans l’histoire biblique, on a l’habitude que Dieu déclare « tu es mon fils, je t’ai engendré » … c’est un verset de psaume qui était utilisé pour la consécration du roi. Mais ici, la Parole va bien au-delà : « bien aimé » « en toi je trouve ma joie ». C’est un dialogue beaucoup plus personnel ! Dans tout autre contexte, ça pourrait même être très gênant d’assister de l’extérieur à une telle scène. Mais nous savons que si cette parole nous est rapportée c’est qu’elle nous concerne, nous aussi. Comme le disait Isaïe, la parole qui vient de Dieu féconde la terre, elle fait ce qui plaît au Seigneur, elle accomplit sa mission. Et sa mission est de nous manifester cet amour qui nous entraîne et transforme notre vie, ce que rappelait saint Jean. Il ne s’agit pas de penser l’amour de Dieu comme nous vivons l’amour entre nous, mais de découvrir comment est l’amour de Dieu pour en vivre nous aussi.

Oui, le baptême du Seigneur est vraiment une épiphanie : une manifestation du cœur de Dieu, qui nous montre la voie de la disponibilité, pour que l’Esprit puisse nous plonger dans l’amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer, pour que nous puissions l’accueillir, l’expérimenter et le suivre.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Humble Servante du Seigneur qu’elle nous rende disponibles ; Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous apprenne à accueillir le don de Dieu ; Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne dans le cœur de Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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25 décembre 2020 5 25 /12 /décembre /2020 02:49

NO-N

Messe de la nuit de Noël

Is 9, 1-6 ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14

« En ces jours-là, Joseph monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. » C’est ainsi que l’histoire de cette nuit commence par un retour aux sources, puisque Joseph va retrouver sa ville d’origine. Et nous-mêmes, nous commençons le chemin de Noël par ce retour aux sources. Nous voilà rassemblés pour nous souvenir. Nous souvenir de la naissance d’un enfant à Bethléem, nous souvenir que la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes, nous souvenir que le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière.

Cette première étape est importante : celui qui se rappelle d’où il vient s’autorise à savoir où il va. La mémoire n’est pas la prison du passé, mais la clé du présent. Pour que la fête ne soit pas l’éclair éphémère d’un moment, pour que la joie ne soit pas l’illusion creuse d’un égoïsme, nous prenons la peine, cette nuit, de nous souvenir que la présence de Dieu a commencé par la naissance d’un enfant. Le salut se promet comme une vie qui commence, la grâce se propose comme la fragilité désarmante d’un nouveau-né.

Or voilà que le temps où Marie devait enfanter fut accompli. Mais l’enfant est couché dans une mangeoire car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Il y a quelque chose de saisissant dans cette solitude. Le Roi des rois vient au monde dans l’indifférence générale, loin de l’agitation de la foule. Plus qu’à d’autres époques, sans doute, nous sommes sensibles cette année à la souffrance de l’isolement, à la tristesse de ne pas pouvoir être avec d’autres. Et voilà que le chemin de Noël nous invite à passer par cette étape de la solitude. Comme pour nous prévenir qu’il y a toujours une distance entre le monde et Dieu, entre la multitude et l’essentiel.

Il est vrai qu’un nouveau-né est sans doute plus tranquille dans le calme d’une étable que dans le tumulte d’une auberge. Alors cette image de la crèche peut nous rappeler que Dieu vient plus volontiers dans l’intimité d’une rencontre que dans la dispersion de la foule : il se fait ainsi accessible à tous, pour que les mal-aimés du monde soient les bien-aimés du Seigneur. Le salut n’est pas un mouvement de masse, la grâce vient déployer ce qu’il y a de plus personnel en nous.

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. C’est à eux que l’ange vient annoncer la bonne nouvelle, c’est pour eux que retentit la parole de Dieu. C’est la troisième étape du chemin de Noël : l’écoute de la Parole de Dieu. Il ne s’agit pas juste de réentendre l’histoire comme on raconte un évènement. Le rappel de la promesse d’Isaïe, la prière du psaume, la méditation de Saint Paul sont aussi appelés à résonner dans nos cœurs en cette fête de Noël, comme résonneront d’autres textes à la messe du jour, comme résonne aussi la Parole de Dieu dans la messe où l’on met en pratique le commandement du Seigneur « faites ceci en mémoire de moi ».

C’est qu’il ne s’agit pas seulement d’observer une tradition, d’accomplir un rite ou de se livrer à un exercice de méditation. Dieu est venu dans le monde pour que nous puissions le rencontrer, et pour que la rencontre soit belle, il est mieux qu’on se parle ! Comment reconnaître le Sauveur dans l’enfant de la crèche, si personne ne le dit ? Comment attendre le salut si l’on n’entend pas la promesse ? Comment accueillir la grâce sans qu’elle ne soit proposée ?

Et soudain, une troupe céleste innombrable loue Dieu en disant « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ». C’est l’aboutissement du chemin de Noël : la contemplation de la gloire de Dieu. Une gloire qui n’est pas seulement au plus haut des cieux mais qui se communique dans la paix sur la terre. L’enfant a pour nom « Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince de la Paix ». C’est pour que nous puissions découvrir sa sagesse, sa puissance, son amour et sa paix, que nous faisons mémoire de sa venue, que nous retrouvons dans l’intimité le murmure d’une brise légère, que nous écoutons sa parole. Au cœur de cette nuit, le Seigneur vient jusqu’à nous pour que nous puissions le contempler, pour que nous puissions laisser sa présence guider et transformer nos vies.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accueille dans la crèche de Bethléem pour que resplendisse dans nos cœurs la gloire du Seigneur. Héritière de la Promesse, qu’elle ravive en nous le souvenir des merveilles de Dieu ; Mère admirable, qu’elle nous rende attentifs à la présence qui nous aime ; Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle fasse résonner en nous la Parole pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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29 décembre 2019 7 29 /12 /décembre /2019 14:20

NOSFA

Fête de la Sainte Famille - année A

Le dimanche dans l’octave de la Nativité, on fête la Sainte Famille, ce qui est une manière de méditer sur le mystère de Noël en se souvenant de sa dimension familiale. En s’efforçant de contempler comment Dieu s’est fait homme, il n’est pas insignifiant de se rappeler qu’il est né, qu’il a grandi et vécu au sein d’une famille. 

Cette année, l’évangile qui nous aide à méditer sur le sens de la fête est celui de la fuite en Égypte. A peine les réjouissances de la naissance terminées, voilà que commencent les contrariétés. Ainsi l’on touche du doigt l’importance de la famille pour protéger le petit d’homme à l’âge où il est le plus faible et le plus démuni … et même après. Que serait devenu Jésus sans Marie et Joseph ? Il y a quelque chose de paradoxal dans notre condition humaine. Même si nous sommes capables de grandes choses, même si l’humanité a, par son intelligence et son habileté, des possibilités absolument inouïes pour s’adapter et habiter le monde, tout commence dans l’humilité de l’enfance, où l’on a besoin d’être protégé et accompagné. Il y a des animaux qui naissent avec toutes leurs défenses et toutes leurs capacités … ce n’est pas le cas de l’homme qui a besoin d’une famille pour grandir de manière sereine. On ne répétera sans doute jamais assez l’importance de la famille dans l’éducation des enfants.

Mais la famille n’est pas seulement une protection, elle est aussi le lieu d’une transmission et de l’inscription dans une histoire. C’est ce que rappelait le texte de la première lecture. On aura remarqué que les conseils et les exhortations de Ben Sirac s’adressent surtout aux enfants, y compris quand ils sont adultes. C’est que la famille n’est pas que l’affaire des parents, les enfants ont aussi une responsabilité dans la qualité de la famille. Le respect est une sorte de reconnaissance de ce que l’on a reçu ; honorer ses parents, même sous la forme de miséricorde, est une manière de prendre le relais. Contrairement aux prétentions révolutionnaires, l’avenir ne se construit pas sur les ruines du passé. Rien de grand ne se construit sans s’appuyer sur le passé. Il ne s’agit pas de répéter ce qui a été fait, mais d’en hériter, pour le déployer, le faire fructifier et parfois l’améliorer. La famille est là pour nous rappeler que le monde n’a pas commencé avec nous, même s’il a besoin de nous pour continuer. Dans la famille, nous apprenons la valeur du temps et l’importance de la durée. 

Enfin, le texte de saint Paul révèle aussi que la famille est le lieu où l’on apprend à entrer en  relation les uns avec les autres. Comme chrétiens, ces relations sont appelées à se vivre à la manière de l’amour de Dieu pour nous : dans le don et le pardon, dans la recherche de l’unité et de la paix. Et pour cela il nous faut parfois quelques conseils pour nous aider à trouver l’attitude juste les uns vis-à-vis des autres. Au passage, ne comprenons pas de travers ce que nous dit saint Paul. Il ne s’agit pas de fournir des arguments pour revendiquer les uns contre les autres, mais de nous rappeler ce que, par notre situation et notre psychologie, nous avons tendance à oublier. « Femmes soyez soumises à vos maris », non pas que la femme soit inférieure à l’homme, bien au contraire ! C’est parce que la femme a un tel pouvoir sur l’homme, qu’il faut qu’elle se rappelle d’écouter et de respecter son mari. « Hommes, aimez vos femmes », non pas que les hommes n’aient pas de cœur, mais qu’ils ont besoin de se rappeler l’importance de l’attention et de l’affection. « Enfants, écoutez vos parents », parce que s’il est normal de vouloir voler de ses propres ailes, il faut aussi se souvenir que l’on ne sait pas tout et que l’on peut toujours apprendre des anciens. « Parents, n’exaspérez pas vos enfants » parce que la tendance un peu instinctive est de vouloir modeler les enfants à notre image, alors qu’ils sont appelés à vivre leur propre vie et à développer leurs propres qualités. 

En ce dimanche, prenons le temps de contempler la sainte Famille pour réaliser l’importance de la famille dans notre vie. Lorsque Dieu s’est fait homme, il a eu besoin d’une famille pour grandir, pour hériter et s’inscrire dans l’histoire, pour apprendre à aimer à la manière de Dieu. Comment pourrions-nous nous en passer ? Il ne s’agit pas d’un état de fait où l’on se trouve plongé par les circonstances, mais d’une réalité qui est l’affaire de tous, d’un creuset où nous expérimentons que l’on peut être différent sans être inférieur : chacun à sa manière et à sa place assure la beauté de l’ensemble. 

Que la Vierge Marie, Etoile du Ciel, Miroir de la sainteté de Dieu et Mère admirable veille sur nos familles. Qu’à son exemple et à celui de saint Joseph, nous sachions être toujours plus de meilleurs enfants, de meilleurs époux et de meilleurs parents pour vivre selon le cœur de Dieu. Qu’à sa prière, nos familles soient toujours plus le lieu où se manifeste l’amour de Dieu, dans la tendresse, la bonté, l’humilité, la douceur et la patience, pour que nous puissions un jour entrer pleinement dans la demeure éternelle où nous sommes attendus de toute éternité et pour les siècles des siècles

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