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25 décembre 2021 6 25 /12 /décembre /2021 02:59

NO-N

Messe de la nuit de Noël

Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96) ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14

Au cœur de cette nuit, nous voilà rassemblés pour fêter Noël. S’il en était besoin, les textes que nous venons d’entendre nous rappellent la raison de cette fête, la naissance de Jésus à Bethléem au temps où Quirinius était gouverneur de Syrie. C’est ce qu’annoncent les anges aux bergers : « aujourd’hui vous est né un Sauveur », c’est aussi ce qu’annonçait le prophète Isaïe « un enfant nous est né, un fils nous a été donné ». Or une naissance est à la fois un aboutissement et un commencement, et le commencement nous sollicite : on ne laisse pas un nouveau-né tout seul, on s’en occupe, on en prend soin. Ainsi nous manquerions l’essentiel du message de cette nuit, si nous nous contentions d’une fête sans lendemain. Entrer dans la joie de Noël c’est réaliser qu’il nous faut prendre soin du salut qui s’annonce aujourd’hui. C’est aussi ce que rappelait saint Paul à Tite : si la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes, il nous faut apprendre à vivre en attendant que se réalise la bienheureuse espérance.

D’après Isaïe, le premier nom du Sauveur est « Merveilleux Conseiller ». Nous savons combien il est important dans les incertitudes de la vie d’avoir de bons conseils. Lorsque nous avons des choix à faire, la solution n’est pas toujours évidente, et il vaut mieux suivre celui qui nous conduira sur le bon chemin, plutôt que ce qui conduit à une impasse, ou à un précipice ! Mais un conseil est fragile comme un nouveau-né : il ne sauve que si nous l’accueillons ! Aussi saint Paul recommande-t-il de renoncer aux convoitises de ce monde. Prendre soin du Salut c’est mettre l’évangile au cœur de notre vie, en écoutant l’enseignement du Seigneur plutôt que nos impressions ou l’opinion du plus grand nombre. Pour que l’Esprit Saint puisse déployer en nous le don de conseil, il faut le désirer, le choisir et le préférer.

Le deuxième nom du Sauveur est « Dieu fort ». On comprend facilement combien espérer le salut suppose une force supérieure à la nôtre ! Pourtant une force qui s’impose ne sauve pas, elle détruit. Aussi la nuit de Noël nous révèle la force divine qui se manifeste dans la fragilité désarmante d’un nouveau-né. Encore faut-il – pour reprendre les mots de saint Paul – renoncer à l’impiété qui ignore le ciel pour ne prêter attention qu’aux choses de la terre. Prendre soin du Salut c’est laisser une place à Dieu dans notre vie, éviter d’agir comme s’il n’existait pas.

Un autre nom du Sauveur est « Père à jamais ». C’est une manière de préciser la relation que Dieu nous propose : non pas la soumission servile, mais l’affection fidèle. Là encore, nous faisons malheureusement l’expérience des souffrances que peuvent infliger un amour maladroit ou inconstant, la fragilité de celui qui est mal aimé ou qui n’est pas aimé ! Le Salut qui se révèle dans l’enfant de la crèche nous dévoile l’amour inconditionnel et fidèle du Seigneur. Prendre soin du Salut c’est répondre à cet amour par la piété, c’est-à-dire la tendresse respectueuse. C’est en nous laissant guider par un attachement de plus en plus intense que le Don de Dieu peut se déployer en nous.

Enfin le dernier nom du Sauveur est « Prince de la Paix ». C’est aussi ce que proclame le chant des anges dans la nuit de Bethléem « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». La paix est sans doute le bien le plus précieux auquel nous aspirons tous (même si certains le cherchent parfois par des voies contradictoires). La paix est en quelque sorte l’épanouissement du salut. Mais nous savons que la paix est à la fois délicate et exigeante : sans la paix du cœur, il n’y a qu’un répit ; tant qu’elle n’est pas partagée, elle n’est qu’une trêve. Ainsi prendre soin du Salut c’est chercher à vivre dans la justice qui seule permet la paix que Dieu propose.

Aujourd’hui nous est né un Sauveur, et la joie de cette naissance nous entraîne à prendre soin du Salut, en participant à son retentissement. Renonçant aux convoitises et à l’impiété, nous apprenons à nous rendre disponibles au Merveilleux Conseiller et au Dieu Fort ; vivant dans la piété et la justice nous accueillons le Père à Jamais et le Prince de la Paix.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais qui veillait sur l’enfant dans cette sainte nuit, veille aussi sur nous. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à choisir ce qui nous rapproche du Seigneur. Rose Mystique qu’elle nous entraine à déployer ce que le Christ permet. Mère du Sauveur qu’elle fasse résonner en nous l’annonce du Salut pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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