avent
La parole révèle, annonce et guide
4AVC
4° dimanche de l'Avent - Année C
Mi 5,1-4a ; Ps 79 ; He 10, 5-10 ; Lc 1,39-45
Le temps de l’Avent, on le sait, est le temps qui nous prépare à Noël. Ce que l’on sait moins c’est l’importance de la Parole de Dieu dans la spiritualité du temps de l’Avent. Car nous sommes invités à nous préparer à Noël en nous rapprochant de la Parole, en l’écoutant plus, en la méditant mieux. L’Avent ne nous propose pas une conversion de pénitence en insistant sur le jeûne ou l’aumône, mais une conversion par la vigilance, et le premier moyen de cette vigilance c’est de redécouvrir dans la Parole les promesses du Seigneur.
Les textes que nous venons d’entendre sont pétris de cet attachement à la Parole. La prophétie de Michée qui résonne pour nous de l’arrivée des mages à Jérusalem ; la méditation de la lettre aux Hébreux qui est pratiquement un commentaire de la Parole appliquée au Christ ; l’histoire de la rencontre de Marie et Elisabeth qui fait naturellement le lien entre l’Annonciation et la Nativité. Chacun des textes nous parle de Noël, sans pour autant en décrire l’événement ou en détailler les péripéties. La Parole ne fait pas que raconter : elle révèle, elle annonce, elle guide.
La Parole révèle, comme on le voit dans la rencontre de Marie et de sa cousine. Sous l’inspiration de l’Esprit Saint, Elisabeth révèle ce qui ne se voit pas. Si l’on en croit la chronologie, il n’est pas encore très visible que Marie soit enceinte puisqu’on est quelques jours après l’Annonciation. Pourtant Elisabeth la salue comme « mère du Seigneur » et bénit « le fruit de ses entrailles ». C’est la première action de la Parole de Dieu : révéler ce qui ne se voit pas, montrer le sens de ce qui se vit. La Parole annonce aussi ce qui va arriver, comme dans la prophétie de Michée où le prophète invite à attendre ce que la situation présente ne permet pas d’espérer. La Parole guide enfin, comme le montre la méditation de la lettre aux Hébreux où le Christ témoigne « je suis venu faire ta volonté ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre ».
Mais peut-être sommes-nous plus perplexes en ce qui nous concerne. L’attente de Noël relève plutôt de la logique du calendrier : dans trois jours, ce sera la date et on voit mal ce qui pourrait l’en empêcher ! Et puis, il s’agit de fêter un anniversaire, et il n’est pas très difficile d’annoncer ce qui est arrivé, il y a deux mille ans ! Pourtant, pour nous aussi, la Parole révèle, annonce et guide.
Qu’est-ce que la Parole nous révèle ? La présence de Dieu parmi nous. Une présence qui n’est pas toujours très visible, une présence que les malheurs du temps ou les agitations de la vie ne rendent pas toujours évidente. Et pourtant, n’est-ce pas le grand mystère de Noël : Dieu est présent au milieu de nous. Alors sans attendre de mettre le santon de l’enfant Jésus dans la crèche, ne pouvons-nous pas entendre la Parole de Dieu pour être attentif à reconnaître les signes de la présence divine dans nos vies ? Par la prière nous nous rendons présents à la présence, par l’action de grâce nous reconnaissons ce qu’il a fait pour nous, par nos demandes nous aspirons à ce que soient plus clairs sa présence et son amour
Qu’est-ce que la Parole nous annonce ? La venue du Seigneur. Non pas seulement dans l’étable de Bethléem, mais aussi à la fin des temps. C’est l’un des sens de l’Avent que de nous rappeler que le Christ doit venir dans la Gloire et que toute notre vie nous rapproche de la venue du Seigneur. Alors il est important d’entendre aussi la Parole qui nous annonce l’horizon de toute choses pour être prêt à l’accueillir et le rencontrer dans la plénitude de sa gloire.
Qu’est-ce que la Parole guide ? Ce que nous faisons ou ce que nous devrions faire. Comme le Christ disant « me voici, je suis venu pour faire ta volonté », comme Marie répondant à l’ange « que tout se fasse en moi selon ta parole », la Parole de Dieu est un appel à nous rendre disponibles pour faire ce que Dieu nous demande. Il nous faut écouter la Parole pour savoir ce que le Seigneur attend de nous, il nous faut accepter de décider non pas simplement en fonction de ce qui nous fait plaisir ou de ce qui nous paraît important, mais en fonction de ce que Dieu nous dit.
Au seuil de ces derniers jours avant Noël, nous voilà donc invités à écouter la Parole, une parole qui nous révèle la présence du Seigneur, une parole qui nous annonce sa venue dans la Gloire, une parole qui guide notre vie et notre cœur.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour, qu’elle nous apprenne à reconnaître celui qui nous accompagne ; Fille de Sion, qu’elle nous garde fidèles à ce que nous attendons ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende disponibles à ce que le Seigneur attend de nous pour que nous puissions demeurer en Lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Réjouir le Seigneur
3AVC
3° Dimanche de l'Avent - Année C
So 3,14-18a ; Is 12 ; Ph 4,4-7 ; Lc 3,10-18
Traditionnellement, pendant les temps de conversion, il y a toujours un moment plus doux, un moment qui rappelle la joie au cœur de la démarche. Pendant le carême c’est le 4ème dimanche, pendant l’Avent c’est le 3ème dimanche, c’est-à-dire aujourd’hui. Ainsi le prêtre revêt des ornements roses, pour adoucir l’austérité du violet et inviter à la joie pendant la préparation de la venue du Seigneur.
Et spontanément on pense que nous devons être joyeux de préparer les chemins du Seigneur ; que la conversion doit être joyeuse, et que la pénitence, quelque rude qu’elle soit, doit être faite dans la joie. On pense que la joie à laquelle nous invite ce dimanche est notre joie. Le prophète Sophonie ne disait-il pas : « Pousse des cris de joie » ? Saint Paul n’insistait-il pas : « soyez toujours dans la joie » ? Et c’est vrai que si la tristesse est le fruit du péché, la joie est le signe de la présence de Dieu. Il est donc juste et bon d’être dans la joie. Mais en regardant d’un peu plus près les textes, nous découvrons qu’ils nous disent aussi autre chose : « Le Seigneur ton Dieu […] aura en toi sa joie et son allégresse » ; alors quand saint Paul parle de « la joie du Seigneur », cela peut vouloir dire la joie qui vient du Seigneur, mais cela peut aussi vouloir dire la joie qu’éprouve le Seigneur. Et si la joie de ce dimanche était la joie que le Seigneur ressent à cause de nous ? Et si la conversion à laquelle nous sommes invités était de réjouir le Seigneur ?
Nous pouvons réjouir le Seigneur en agissant d’une manière qui lui plaise. C’est d’ailleurs le chemin qu’indique l’évangile à travers les conseils que Jean-Baptiste donne à ceux qui viennent le trouver : partager et être juste. N’est-ce pas ce qui réjouit le Seigneur ? Faire ce qui plait à Dieu voilà un bon guide pour notre conversion, voilà un bon signe de notre présence à Dieu. Si nous prenons conscience de la présence du Seigneur à nos côtés, si nous réalisons que le Seigneur s’intéresse à ce que nous faisons, pourquoi ne pas s’interroger sur le regard qu’il porte sur nous ? Allons-nous l’ignorer, faire ce qui nous arrange au risque de l’attrister, ou bien au contraire allons-nous nous efforcer de lui faire plaisir, de découvrir cette réalité bouleversante que nous pouvons réjouir le Seigneur ? C’est une première manière d’être dans la joie du Seigneur : faire ce qui lui plait.
Mais la joie n’est pas seulement le fruit de ce que l’on fait, elle est aussi la conséquence d’une relation de qualité. Quand on aime quelqu’un, on éprouve de la joie à le rencontrer, à être avec lui, même s’il ne fait rien de particulier. C’est une deuxième manière de réjouir le Seigneur : être ce qui lui plait. En réalisant que Dieu se réjouit de ce que nous sommes, nous pouvons pressentir tout l’amour qu’il nous porte … Si le temps de l’Avent nous invite à faire ce qui remplit de joie le Seigneur, il nous invite aussi à prendre le temps de goûter son amour, à découvrir le sourire de Dieu quand nous nous tournons vers lui, quand nous sommes présents à sa présence. Même si parfois nous avons du mal à nous supporter, il faut se rendre compte que Dieu se réjouit de ce que nous sommes ! Non pas pour nous gonfler d’orgueil, mais pour plonger dans la confiance, pour grandir dans l’amour qui répond à son amour. C’est une deuxième manière d’être dans la joie du Seigneur : être ce qui lui plait.
Il y a encore une troisième manière. Peut-être avez-vous déjà fait l’expérience d’aimer quelqu’un mais de vous dire « ça je ne peux pas le lui demander ». Si l’on accepte les limites de l’autre, dans cette réflexion il y a quand même une pointe de tristesse. C’est là que nous découvrons que la joie ne concerne pas que le passé ou le présent, mais aussi le futur. On peut donc réjouir le Seigneur non seulement par ce que l’on fait ou ce que l’on est, mais aussi par ce que l’on permet. J’aime imaginer la joie de Dieu qui regarde Marie grandir à Nazareth, et qui se dit : « voilà celle qui va me permettre de naître parmi les hommes ». C’est un troisième axe de conversion : est-ce que nous permettons ce qui plait au Seigneur ? Qu’est-ce qu’il peut nous demander ? Est-ce que nous sommes prêts à lui accorder ce qui le réjouit ?
Oui le dimanche de la joie n’est pas seulement le dimanche de notre joie, mais celui de la joie du Seigneur, le dimanche qui nous invite à réjouir le Seigneur. Rechercher la joie du Seigneur, ce n’est pas seulement un exercice psychologique pour se réjouir de ce qui vient de Dieu, mais c’est surtout une preuve de notre amour, une délicatesse de notre cœur pour découvrir cette réalité inouïe : le Seigneur aura en nous sa joie et son allégresse. N’est-ce pas ce que nous voulons faire, ce que nous voulons être et ce que nous voulons permettre ?
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à agir selon le cœur de Dieu pour que nos actions puissent lui plaire. Miroir de la Sainteté de Dieu, qu’elle nous façonne à la ressemblance du Seigneur pour que nous soyons toujours plus fidèles à l’image de notre créateur. Rose mystique, qu’elle nous rende disponibles à l’Esprit Saint, pour que nous puissions permettre que s’épanouisse en nous la sainteté à laquelle nous sommes appelés et qu’ainsi nous découvrions la joie de réjouir Celui qui nous attend dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Présents à la Présence
2AVC
2ème dimanche de l'Avent - Année C
Ba 5,1-9 ; Ps 125 ; Ph 1,4-6.8-11 ; Lc 3,1-6
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Jean, le fils de Zacharie, parcourt la région du Jourdain en proclamant un baptême de conversion. Que dit-il ? Ce que disait le prophète Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur ». Pourtant, est-ce que le Seigneur n’était pas déjà là ? N’y avait-il pas deux grands prêtres Hanne et Caïphe qui se consacraient avec zèle et diligence au service du Temple ? Le Temple n’est-il pas la demeure de Dieu parmi les hommes ? Bien sûr, nous savons que tout cela annonce l’arrivée de Jésus. Mais, à la réflexion, sous l’empereur Tibère, Jésus était déjà là, puisqu’il est né sous le règne d’Auguste, le prédécesseur de Tibère ! Comment se fait-il qu’il faille préparer le chemin de celui qui est déjà là ?
En vérité, c’est une constante de la vie spirituelle, que de devoir se rendre présent à la présence de Dieu. Saint Augustin, par exemple, rappelait sa conversion en disant au Seigneur : « tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi » et il explique « tu étais au-dedans de moi, et moi j’étais au dehors de moi ». On sait que conversion, cela signifie retournement. On peut prendre l’image suivante : Dieu est à nos côtés, mais pour tout un tas de raisons, nous lui avons tourné le dos. Donc nous ne voyons plus qu’il est là, et pour retrouver sa présence, il faut se retourner et se remettre en face de lui. Ne croyons pas que la présence de Dieu soit statique. Il n’est pas un santon qui un temps serait dans la crèche, et un autre temps caché dans un placard. La présence de Dieu est dynamique, parce que cela dépend aussi de nous. Alors, comment être présent à cette présence ?
D’abord il y a la conversion. Le prophète Baruch, dans la première lecture, décrit cette conversion par une invitation : « Quitte ta robe de tristesse ». C’est-à-dire change ton regard sur toi-même et sur la situation. Le premier mouvement de l’Avent, c’est précisément ce changement de regard sur nous et sur les autres, et le changement de regard suppose un changement de cœur. Passer de la méfiance à la bienveillance, combler les ravins de nos égoïsmes, abaisser les montagnes de nos excès. Renoncer à ce qui nous enferme dans la misère d’une vie où nous avons perdu de vue la présence de Dieu. Ce changement, personne ne peut le faire à notre place. Le temps de l’Avent est précisément un temps de conversion où nous consentons à changer, à nous tourner vers le Seigneur.
Mais on ne peut se retourner que si on entend l’appel du Seigneur. Comment pourrait-on reconnaître la présence de l’invisible si l’on reste sourd à sa Parole ? La Parole est le premier signe de la présence. D’où l’importance grandissante que doit prendre dans notre vie l’écoute de la Parole de Dieu. Le temps de l’Avent est un temps où nous laissons retentir les promesses du Seigneur dans nos vies, comme retentissaient les oracles d’Isaïe dans la région du Jourdain par la voix de Jean Baptiste. Laisser retentir la Parole, c’est déjà y avoir accès, donc lui laisser une place. C’est accepter qu’elle ne soit pas transparente, mais qu’il nous faille l’entendre et la réentendre, plusieurs fois, avant de la comprendre ; c’est encore consentir à la suivre, à la mettre en pratique, c’est-à-dire faire ce qu’elle dit de faire.
Enfin, parce que l’Avent est le temps où l’on s’efforce d’être présent à la présence, c’est un temps de prière renouvelé. Il s’agit de prendre les moyens d’être attentif au murmure de la brise légère. Si la présence de Dieu est acquise, c’est notre présence qui ne l’est pas. Aussi il nous faut faire un effort pour rejoindre la présence du Seigneur : le rejoindre dans un lieu consacré, comme une église ou un oratoire ; le rejoindre dans un temps qu’on lui réserve même si cela nous oblige à modifier notre agenda habituel ; le rejoindre dans notre cœur en acceptant que les soucis et les projets ne prennent pas toute la place. Comment préparer la venue du Seigneur si on ne la recherche pas, si on ne laisse pas une place pour sa présence dans nos vies ?
Préparer les chemins du Seigneur, cette invitation qui résonne au temps de l’Avent nous propose d’être présents à la Présence de Dieu, en nous convertissant pour nous remettre face à lui ; en écoutant sa Parole, en habitant avec lui dans la prière.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs qu’elle comble les ravins et aplanisse les montagnes qui nous séparent du Seigneur. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende disponibles à la Parole de Dieu. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous accompagne dans la prière pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Un temps de rangement plus que de décoration
1AVC
1er dimanche de l'Avent - Année C
Jr 33,14-16 ; Ps 24 ; 1 Th 3,12-4,2 ; Lc 21,25-28.34-36
Aujourd’hui commence le temps de l’Avent qui nous prépare aux fêtes de Noël, et je dois vous avouer qu’à la lecture de l’évangile, j’ai ressenti un peu de surprise et surtout un peu de lassitude voire d’agacement. Vous me direz que cet évangile revient tous les trois ans, et que tous les ans l’Avent commence par un avertissement à se tenir prêt pour la venue du Seigneur. C’est vrai ! Mais, pour être honnête, je pensais qu’on aurait un texte un peu plus doux. Fallait-il vraiment qu’on nous parle encore de catastrophes, d’affolement des nations et de personnes qui meurent de peur ?
Bien sûr on remarquera que la morale de l’évangile n’est pas de nous effrayer, mais de nous inviter à nous redresser, à relever la tête et à rester éveillés. Le but de l’Avent n’est pas d’abord de nous organiser pour fêter la naissance de Jésus, c’est d’abord de nous rappeler que nous devons être prêts pour la venue du Seigneur. Or, on comprend facilement que la venue du Fils de l’homme dans toute sa puissance et toute sa gloire, bouleversera le monde. Toute nouveauté implique des changements. Quand on change une machine, il y a des installations et des réglages à modifier. Quand on reçoit des gens chez soi, il faut mettre un peu d’ordre et ranger la maison. Quand on est averti et préparé, ça peut se faire tranquillement ; quand on est surpris, c’est plus tendu. D’une certaine manière, c’est la même chose avec le monde : la venue du Seigneur dans la gloire implique de ranger l’univers. Ainsi l’Avent est-il plutôt un temps de rangement que de décoration, et c’est la raison pour laquelle c’est un temps de conversion, sa couleur liturgique est le violet. Voyons donc comment ranger notre vie spirituelle.
La première chose pour ranger, c’est de faire le tri entre ce qu’il faut garder et ce qui est inutile. En matière spirituelle, le tri, cela s’appelle le discernement. Et le fondement du discernement, c’est la parole de Dieu. Ainsi, dans la première lecture, Jérémie annonçait le temps où le peuple vivrait selon le droit et la justice. Le rangement spirituel demande qu’on garde la Parole du Seigneur, qu’on s’appuie sur sa promesse. Le temps de l’Avent nous invite à renforcer notre lien à la Parole de Dieu. Quelle place ferons-nous pendant ces quatre semaines à la lecture et à la méditation de la Bible ? Comment sera-t-elle la lumière de nos vies, la lampe sur notre route ? Pourquoi ne pas profiter de ce temps pour lire ou relire un des livres de la Bible ? Pourquoi ne pas consacrer un temps pour s’arrêter sur une des lectures du jour ? Pour y retenir une phrase ou une expression qui servira de fil conducteur à la journée ? Si c’est trop compliqué pour la journée, prenons dans la liturgie du dimanche la lumière de notre semaine.
La deuxième choser pour ranger, c’est de mettre de l’ordre, d’organiser : les livres avec les livres, les chemises avec les chemises, les couteaux avec les couteaux et non pas au milieu des fourchettes. Mettre de l’ordre dans notre vie, l’organiser, c’est ce que saint Paul proposait dans la deuxième lecture. Et le grand principe qu’il nous donnait c’est d’aimer, d’un amour de plus en plus en plus intense. Parce que c’est bien l’amour qui donne un sens à la vie, c’est l’amour qui donne leur poids aux choses. Le temps de l’Avent nous invite donc à aimer plus et à aimer mieux. Veiller à la qualité de nos relations, avec nos proches et avec ceux que nous rencontrons. L’amour commence par la bienveillance et l’attention, il grandit par le pardon, il s’épanouit dans le service. Comment ce temps sera-t-il un temps de croissance dans l’amour ? Qui pouvons-nous aimer plus ou aimer mieux ?
Enfin le rangement a normalement comme conséquence de dégager de la place. Si une pièce est plus encombrée quand on l’a rangée, c’est qu’on s’est trompé quelque part ! Dans l’évangile Jésus recommandait que notre cœur ne s’alourdisse pas, qu’il ne soit pas encombré par les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie. On peut espérer que les participants de cette noble assemblée ne soient pas trop concernés par les beuveries et l’ivresse … mais les soucis de la vie, hélas, peu d’entre-nous y échappent ! Comment alléger notre cœur ? Par la prière : « priez en tout temps » dit Jésus. Cela peut paraitre insurmontable à certains, mais il y a de nombreuses manières de prier, et ce qui ne peut pas se vivre dans la présence de Dieu ne mérite pas d’encombrer notre cœur.
Nous entrons dans le temps de l’Avent, un temps pour préparer la venue du seigneur, un temps de rangement de notre vie spirituelle, en nous attachant plus fermement à la Parole de Dieu, en progressant dans l’amour, en donnant plus de place à la prière
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la nouvelle Alliance, qu’elle ouvre nos oreilles à la Parole du Seigneur ; Mère du Bel amour, qu’elle ouvre nos cœurs à l’Esprit de Sainteté ; Demeure du Très-Haut, qu’elle ouvre nos vies à la présence de celui qui vient, pour que nous puissions demeurer en Lui comme Il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Le Seigneur est avec toi
4AVB
4° Dimanche de l'Avent - Année B
2 S 7,1-5.8b - 12.14a.16 ; Ps 88 ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1,26-38
Cette année le calendrier liturgique est un peu serré : la quatrième semaine de l’Avent est réduite à sa plus simple expression : nous sortirons du quatrième dimanche pour entrer dans les célébrations de Noël. C’est dire que nous n’aurons pas beaucoup de temps pour méditer les textes que nous venons d’entendre ! Ce n’est pas pour autant qu’ils ne doivent pas préparer nos cœurs au mystère que nous allons célébrer. Il nous a été présenté deux grandes figures de l’histoire du salut : le roi David et la Vierge Marie. Or les deux récits commencent par la même remarque du prophète Nathan comme de l’ange Gabriel : « le Seigneur est avec toi ». Puisque nous allons fêter la naissance de l’Emmanuel – « Dieu avec nous », prenons le temps de voir comment nous pouvons vivre cette affirmation « le Seigneur est avec toi ».
D’abord c’est une présence discrète qui ne s’impose pas et qui ne se revendique pas. On peut noter que chaque fois c’est un autre qui remarque la présence de Dieu auprès de la personne. Parce qu’elle est discrète, la présence divine peut être ignorée ou négligée. Et nous savons, hélas, combien certains mettent tant d’efforts à gommer toute allusion à Jésus à l’occasion des fêtes qui deviennent celle de la fin d’année plutôt que celles de Noël. Souvent, même dans les familles, on considère que les célébrations religieuses viennent troubler les festivités familiales. Alors que l’on fête la présence de Dieu parmi nous, ceux qui la reconnaissent doivent s’effacer devant ceux qui l’ignorent ! « Le Seigneur est avec toi » est déjà un rappel du sens de Noël, une invitation à ne pas négliger celui nous rassemble et qui nous accompagne.
Pourtant il pourrait y avoir un contresens, celui que découvre le prophète Nathan. Que dit-il au roi David ? « Fais ce que tu veux puisque le Seigneur est avec toi ». Comme si la présence de Dieu était une assurance ou une permission. Mais la parole du Seigneur adressée à Nathan dans la nuit vient renverser les choses : ce n’est pas David qui construira une maison pour Dieu, c’est Dieu qui construira une maison pour David. La présence de Dieu n’est pas un instrument au service de nos projets, mais une invitation à participer à son projet. Trop souvent nous demandons à Dieu d’être d’accord avec nous, alors que c’est nous qui devons être d’accord avec lui. Demander une bénédiction, ce n’est pas demander que Dieu accepte ce que nous voulons faire, c’est demander que nous fassions la volonté de Dieu. Que de fois dans l’histoire du monde, comme dans notre cœur, nous avons fait de la présence de Dieu un étendard au lieu de la reconnaître comme une responsabilité.
C’est bien l’exemple que nous donne Marie dans le récit de l’Annonciation : « voici la servante du Seigneur ». Elle manifeste ainsi sa disponibilité à la présence de Dieu. Mais la suite de sa réponse nous dévoile un autre aspect important, celui du consentement : « que tout m’advienne selon ta parole ». Aux premières paroles de l’ange, elle avait demandé « comment cela va-t-il se faire ? » et l’on comprend que c’est une manière de dire : « qu’est-ce que je dois faire ? ». Et la réponse de Gabriel est admirable : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre », en d’autres termes : « tu n’as rien à faire, juste à te laisser faire ». Une dynamique semblable à celle que dévoilait la réponse de Dieu au projet de David. La présence du Seigneur est une présence agissante qui nous propose de la laisser agir. Et il est souvent plus exigeant de se laisser faire que de faire soi-même !
Au moment où nous nous apprêtons à fêter la naissance de l’enfant dans la crèche, laissons retentir en nous la salutation « le Seigneur est avec toi ». C’est le rappel d’une présence qu’on pourrait négliger ; ce n’est pas un privilège mais une invitation ; une invitation à le laisser agir en faisant une place toujours plus grande à sa présence et sa puissance dans nos cœurs et dans nos vies.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous rende attentifs à la présence du Seigneur ; Trône de la Sagesse qu'elle nous apprenne à servir celui qui nous accompagne ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende disponibles à la puissance du Très-Haut pour que se déploie en nous le don de Dieu et que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.
La joie de la germination
3AVB
3* Dimanche de l'Avent - Année B
Is 61,1-2a.10-11 ; Lc 1,46-54 ; 1 Th 5,16-24 ; Jn 1,6-8.19-28
Parmi les nombreuses traditions de l’Avent, nous avons en Provence, la coutume du blé de la Sainte Barbe qui peut nous aider à accueillir la parole du prophète Isaïe entendue dans la première lecture : « comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations ». Cette image de la germination nous permet aussi de mieux comprendre la joie à laquelle nous invitait l’antienne d’ouverture : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur, je le redis : soyez dans la joie. Le Seigneur est proche ». Voyons ce que peut nous apprendre la joie de la germination pour vivre ce temps qui nous prépare à Noël.
La germination est d’abord une promesse qui a déjà commencé. Il ne s’agit pas d’une promesse illusoire ou trompeuse, mais d’une parole qui est déjà en train de se réaliser. Et cela implique une certaine anticipation de ce qui est promis. Si vous plantez un arbre, sans penser à ce qu’il sera dans quelques années, vous risquez fort de le planter trop près de la maison ! Ainsi la germination invite à ne pas vivre dans l’impulsion de l’instant, mais à laisser l’avenir guider le présent. La joie de la germination est une joie par anticipation qui se nourrit de ce qui vient. Aussi le temps de l’Avent nous invite à ne pas nous laisser conduire par les caprices du désir ou l’éphémère de l’émotion, mais par la contemplation de la Parole de Dieu. C’est le temps par excellence pour méditer la Parole du Seigneur, pour la lire et la découvrir, pour la scruter et l’explorer, pour la garder et la ruminer.
Mais la germination demande aussi du discernement. Dans notre impatience nous risquons de négliger la justice et la louange qui commencent à éclore. La graine est si différente de la plante épanouie ! Il est si facile d’être dans la situation que dénonçait Jean Baptiste : « au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Voilà pourquoi saint Paul avertit : « n’éteignez pas l’Esprit […] discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal ». La joie de la germination est aussi une joie qui choisit de s’attacher à certaines choses plutôt qu’à d’autres. Si Dieu nous avertit de sa venue, ça n’est pas pour que nous y restions indifférents ! Aussi le temps de l’Avent est encore un temps de prière, un temps où nous laissons l’Esprit Saint éclairer nos cœurs et nos esprits pour que nous puissions reconnaître ce qui mérite notre attention, ce qui vient du Seigneur et ce qui conduit en sa présence.
Enfin la germination demande encore de la vigilance. La semence est fragile, et elle a besoin qu’on en prenne soin. Comment la plante grandirait si on ne l’arrose pas ? si elle n’est pas placée dans les conditions qui permettent qu’elle s’épanouisse. Ce n’est pas nous qui faisons germer la graine et pousser la fleur, mais nous pouvons l’en empêcher ou la favoriser. Ce n’est pas parce que nous ne dirigeons pas que nous ne pouvons rien faire. La joie de la germination est une joie décidée, qui nous implique et nous engage. C’est ainsi qu’il nous appartient de préparer les chemins du Seigneur, comme le criait Jean Baptiste dans le désert. Nous attendons le Merveilleux Conseiller, et nous préparons son chemin en nourrissant les germes de la sagesse par l’humilité ; nous attendons le Dieu-fort, et nous préparons son chemin en nourrissant les semences de la force par les efforts ; nous attendons le Père à jamais, et nous préparons son chemin en nourrissant les germes de l’amour par la générosité ; nous attendons le Prince de la Paix, et nous préparons son chemin en nourrissant les semences de la paix par le pardon. Le temps de l’Avent est bien un temps de conversion pour que la justice et la louange puissent germer là où nous sommes et éclore devant toutes les nations.
Nous voilà donc invités à entrer dans la joie de la germination. Une joie qui anticipe la promesse en s’attachant à la parole du Seigneur ; une joie qui choisit la justice en se laissant éclairer par l’Esprit ; une joie qui décide la louange en prenant soin du don de Dieu.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à accueillir la promesse avec confiance. Mère du bon conseil qu’elle nous rende disponibles au souffle de l’Esprit Saint. Rose mystique qu’elle épanouisse en nous ce que Dieu a semé pour que nous puissions accueillir sa présence et revêtir les vêtements du salut, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Quelle attente en Avent ?
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2° Dimanche de l'Avent - Année B
Is 40,1-5.9-11 ; Ps 84 (85) ; 2 P 3,8-14 ; Mc 1,1-8
Nous savons que le temps de l’Avent est un temps d’attente, un temps qui nous invite à fixer nos cœurs sur ce qui va venir et qui n’est pas encore. On pense bien sûr aux célébrations de Noël, mais il n’y aurait pas de raison d’en faire un temps liturgique, si ça n’était qu’une affaire chronologique. Le souvenir de la naissance de Jésus nous invite à attendre son retour dans la gloire. Ainsi l’Avent nous propose de vivre dans l’attente de la présence du Seigneur. Encore cela reste-t-il des grands mots un peu abstraits. C’est pourquoi les différents textes que nous venons d’entendre nous présentent différents aspects de cette présence pour nous aider à mieux comprendre la nature de cette attente.
D’abord l’oracle d’Isaïe. Il commence par un appel « Consolez mon peuple ». La présence du Seigneur est donc une consolation, on l’attend comme on attend une délivrance. C’est une attente qui se vit dans l’espoir, c’est-à-dire dans le refus de la résignation. Malheureusement la vie ne manque pas de difficultés et de souffrances. A l’époque d’Isaïe, il s’agissait de l’exil et de l’esclavage à Babylone, mais il n’est pas nécessaire de se retrouver dans une situation aussi dramatique pour attendre une consolation. N’avons-nous pas trop d’occasion de regretter des ravins qui nous privent de ce que nous voulons, des montagnes qui fatiguent notre marche, des escarpements qui réduisent nos possibilités ? Attendre la présence du Seigneur comme une délivrance, c’est déjà ne pas baisser les bras devant les difficultés, relever la tête plutôt que de courber le dos, ne pas se résigner à l’injustice ni au péché, puisque nous avons besoin que Dieu règne dans le monde comme dans nos cœurs.
Ensuite il y avait la lettre de saint Pierre qui précisait : « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle ». La présence du Seigneur est une nouveauté, on l’attend comme on attend une promesse. C’est une attente qui s’appuie sur la confiance et qui s’exprime par une sorte d’anticipation pour préparer ce qui va venir. C’est pourquoi la Parole de Dieu est si importante pendant le temps de l’Avent. Comment attendre ce qu’on a oublié ? Comment préparer ce qu’on ne désire pas ? C’est en méditant la parole de Dieu que l’on peut contempler le ciel nouveau et la terre nouvelle que l’on attend ; c’est en se laissant guider par cette parole qu’on peut vivre dans la sainteté et la piété, comme nous y invitait l’apôtre. Attendre la présence du Seigneur comme une promesse, c’est grandir dans la foi, creuser le désir du règne de justice, et hâter l’avènement du jour de Dieu en s’attachant à ce qui vient plutôt qu’à ce qui disparaitra.
Enfin, il y avait le témoignage de Jean le Baptiste dans l’évangile. S’il invite à un baptême de conversion, il avertit : « voici venir celui qui est plus fort que moi […] moi je vous ai baptisé avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ». Ainsi ce qu’il propose n’est qu’un début. La présence de Dieu est un accomplissement, on l’attend comme on attend une plénitude. Il y a quelque chose du semeur dans l’attitude du Baptiste. Et c’est encore un aspect du temps de l’Avent qu’on pourrait illustrer par la coutume provençale du blé de la Sainte Barbe. Une manière de se rappeler que Dieu ne vient pas de nulle part, mais qu’il épanouit ce que nous avons semé. L’attente d’une plénitude n’est pas une idée, elle est un engagement et une vigilance pour que le temps déploie ce qui a commencé. Comment attendre le Prince de la Paix si nous ne voulons pas apaiser nos conflits ? Ce n’est pas nous qui apporterons la paix dans le monde, mais nous pouvons déjà être des artisans de paix, de ceux dont Jésus dit qu’ils sont appelés fils de Dieu.
Puisque nous sommes entrés dans le temps de l’attente, attendons la venue du Seigneur qui vient nous consoler en nous ouvrant à l’espérance ; attendons la venue du Seigneur qui accomplit la promesse en progressant dans la foi ; attendons la venue du Seigneur qui est plénitude de sa présence en nous engageant dans la charité
Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle nous fortifie dans les épreuves et nous détourne du péché. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous attache toujours plus à la Parole du Seigneur. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à semer ce que nous attendons pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Si le veilleur ne veille pas
1AVB
1° Dimanche de l'Avent - Année B
Is 63, 16b-17.19b ; 64,2b-7 ; Ps 79 ; 1 Co 1,3-9 ; Mc 13,33-37
« Prenez garde, restez éveillés », « Veillez donc », « ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! ». Si l’évangile répète aussi souvent cette invitation de Jésus, on doit pouvoir conclure sans trop se tromper qu’il s’agit là de l’idée principale du texte. Ce n’est pas non plus une surprise, puisque l’invitation à veiller est le maître-mot de l’Avent.
Jésus raconte une parabole pour faire comprendre la situation. « Il en est comme d’un homme parti en voyage ». Il laisse sa maison à ses serviteurs, fixant à chacun ce qu’il doit faire. Il ne dit pas combien de temps il sera absent, mais il dit qu’il reviendra ! Le maître n’est pas mort, il n’a pas abandonné sa maison : il l’a confiée pour un temps. Ainsi nous sommes dans le monde comme ces serviteurs dans la maison. Si Dieu est absent ce n’est pas qu’il n’existe pas ou qu’il ne s’intéresse pas à notre monde, c’est qu’il nous a confié tout pouvoir et nous a fixé à chacun une tâche ! Alors imaginons ce qui se passe, s’il n’y a plus de veilleur.
Tout d’abord il peut y avoir le cas du serviteur qui s’installe dans la maison, à la place du maître. Il va dormir dans sa chambre, lire son courrier et ses dossiers, et il finit par utiliser sa garde-robe. Mais il est plus petit que le maître et n’a pas son instruction. Alors il s’étonne de ne rien comprendre à ce qu’il lit, d’être gêné par des vêtements trop grands … Voilà la situation de l’homme qui se croit le maître du monde, qui agit comme un propriétaire comme si Dieu n’existait pas. La nature des choses vient vite lui rappeler dramatiquement l’orgueil démesuré de sa position : le réchauffement climatique, l’instabilité politique et économique mondiale, les virus de toutes sortes s’imposent à lui et créent des déceptions à la mesure de son arrogance.
Il y a aussi le serviteur qui agit comme l’homme au talent enfoui … puisque le maître n’est pas là, il va négliger ses affaires. La poussière s’accumule, les champs ne sont plus cultivés, les factures ne sont plus payées. Petit à petit la maison ressemble au château de la belle au bois dormant, mais ça n’est pas le serviteur négligeant que le prince charmant viendra réveiller d’un baiser ! Voilà la situation de l’homme qui a oublié la Parole de Dieu et la mission qui lui a été confiée. La vie s’affaiblit peu à peu pour laisser place à la fatalité, au poids du temps et de l’histoire. L’homme devient le jouet des astres et du hasard et qui le conduisent au désespoir de l’usure et de la mort.
Il y a enfin le serviteur qui fait son travail mais qui n’attend plus le maître. Il fait les choses qui doivent être faites, mais il ne sait pas pourquoi. Sa vie devient machinale et son ouvrage routinier. Il ressemble de plus en plus à un robot, il mène une existence sans âme, sans goût sans intérêt. C’est la situation de celui qui n’a pas le désir de Dieu, qui ne sait plus pourquoi il vit et qui vit sans attendre, sans espoir … sa vie n’a pas de sens parce qu’il n’en voit pas le but, il ne sait pas où il va.
Au contraire, le veilleur n’oublie pas qu’il est au service et qu’un autre lui a fait confiance. S’il a des pouvoirs, ce n’est pas pour lui : il sait qu’il devra en répondre. Sa responsabilité ne le gonfle pas d’orgueil mais l’invite à humilité. Le veilleur ne se décourage pas d’attendre et ne laisse pas au temps le soin de garder ce qu’on lui a confié. C’est en s’engageant qu’il veille pour être fidèle à la mission reçue. Le veilleur ne se contente pas d’être là, il nourrit son attente du désir de revoir le maître. C’est ce désir qui lui rappelle le sens de ce qu’il fait et lui donne le goût de le faire.
Pendant ce temps de l’Avent, nous nous préparons à célébrer la venue du Seigneur. Le souvenir de Noël nous rappelle que le Christ doit revenir, qu’il n’a pas quitté le monde, mais que nous l’attendons et qu’il faut nous préparer à son retour. C’est un temps où nous nous efforçons de rester dans l’attitude du veilleur. Nous avons cette année quatre dimanches et trois semaines pour accueillir l’invitation à veiller dans une triple conversion. Conversion de l’humilité qui nous rappelle que le monde n’est pas à nous et que nous devrons en répondre devant Dieu. Conversion de l’engagement qui nous rappelle que Dieu compte sur nous pour prendre soin de ce qu’il nous a confié. Conversion de la contemplation pour creuser en nous le désir de Dieu. Par un effort de prière, de méditation de la parole de Dieu et d’attention à ceux qui nous entourent nous sommes invités à veiller, à attendre avec toujours plus d’impatience la venue du Seigneur.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entrer dans cette préparation à Noël avec détermination et enthousiasme. Arche de la Nouvelle Alliance, Etoile du Matin, et Mère de l’Espérance, que sa prière et son exemple nous permettent de demeurer fidèles à la Parole de Dieu, pour que prenant soin de ce qu’il nous a confié, nous soyons prêts à accueillir le Seigneur lors de sa venue et dignes de demeurer avec lui dans les siècles des siècles.
Joseph dans le plan de Dieu
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4° dimanche de l'Avent - Année A
Is 7, 10-16 ; Ps 23 (24) ; Rm 1,1-7 ; Mt 1,18-24
Le Seigneur qui connaît le secret des cœurs sait que je n’ai aucune intention de manquer de respect à la cour céleste ; et vous aurez la bonté d’excuser l’impertinence de mon imagination, mais à l’écoute de l’évangile de ce jour, je me suis fait la réflexion que les anges du comité stratégique chargé d’organiser l’Incarnation du Fils de Dieu, avaient sans doute fait une gaffe en oubliant de prévenir Joseph de ce qu’ils préparaient ! On mesure rarement l’importance de celui-ci dans l’accomplissement des promesses divines.
Sans doute était-il un homme juste, mais la justice l’autorisait à dénoncer publiquement Marie, qui aurait alors été lapidée, elle et l’enfant qu’elle portait ! Ce qui, convenons-en, aurait été dommage pour l’humanité ! Heureusement Joseph est juste d’une justice qui ne revendique pas mais qui respecte. Ce n’est pas une justice pour soi mais pour les autres. Il n’affirme pas ses droits à n’importe quel prix, mais il cherche la solution pour chacun puisse vivre et s’épanouir au mieux des circonstances. Mais que ce serait-il passé s’il avait mis à exécution son projet de répudier Marie en secret ? Peut-être pensait-il qu’elle pourrait alors épouser celui dont elle attendait l’enfant, et qu’après quelques réflexions désagréables des commères du quartier à l’arithmétique trop pointilleuse, tout serait allé pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf qu’alors, Jésus n’aurait plus été de la descendance de David, ce qui contredisait les promesses les plus anciennes ! D’une certaine manière, Joseph tenait entre ses mains, non seulement le bon déroulement du projet de Dieu, mais aussi la fidélité du Seigneur et la vérité de la Parole. Ainsi, un ange est venu remédier aux choses, et Joseph, par sa foi, a accueilli et mis en pratique ce qui lui était demandé. Puisqu’il nous est donné comme modèle pour cette dernière semaine de l’Avent, laissons-nous guider par son exemple pour nous préparer à Noël
D’abord il y a la justice. Le thème est malheureusement un peu déconsidéré dans nos mentalités, il est pourtant essentiel ! Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle justice. Il ne s’agit pas de la justice formelle qui se contente de respecter les apparences. On a, dans la première lecture un exemple de cette justice formelle dans la réponse du roi Achaz à l’invitation d’Isaïe. « Je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve ». C’est exactement ce qui est inscrit dans la Loi de Moïse, mais le roi n’en pense pas un mot : il ne veut pas de signe du Seigneur, parce qu’il ne veut pas compter sur le Seigneur, mais sur ses propres forces pour sortir du danger politique dans lequel il est. Il a même sacrifié son fils unique à un dieu païen pour avoir la victoire ! Il ne s’agit pas non plus de la justice égoïste qui préserve jalousement son intérêt quelques en soient les conséquences pour les autres. C’est une justice qui prend en compte aussi l’intérêt des autres, cherchant la meilleure solution, non seulement pour soi mais pour tous. Peut-être cela vaut-il la peine de vérifier que nous avons à cœur le bien de tous ceux qui nous entourent et non pas seulement le nôtre ou celui de nos proches.
Ensuite il y a l’accueil de la Parole de Dieu. C’est la première composante de la foi : croire ce qui nous est dit de la part du Seigneur. Cela implique une certaine disponibilité à ce qui dépasse notre expérience, comme Joseph accepte que l’enfant engendré en Marie vienne de l’Esprit Saint. Trop souvent nous sommes prêts à entendre la parole de Dieu à condition qu’elle vienne confirmer nos intuitions, comme si elle n’était qu’une sagesse toute humaine, comme si la révélation ne devait pas dépasser notre horizon. Nous avons pris l’habitude de comprendre tant de choses que nous avons du mal à accepter ce que nous ne pouvons pas expliquer. Il est certainement très agréable de s’émerveiller les décorations et les illuminations de ce qu’il est convenu d’appeler la magie de Noël, pourtant le plus grand motif d’émerveillement ce ne sont pas les prouesses techniques mais le mystère d’un Dieu qui se fait petit enfant dans l’indifférence du monde. Apprenons à nous laisser bouleverser par le merveilleux qui n’est pas spectaculaire.
Enfin, il y a l’obéissance de Joseph qui « fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ». C’est la deuxième partie de la foi, mettre en pratique ce que nous avons écouté. « Il prit chez lui son épouse » et nous savons qu’il a donné à l’enfant le nom qu’on lui avait indiqué. C’est dans la simplicité de l’ordinaire que s’accomplit l’œuvre de Dieu. Le Seigneur n’attend pas de nous l’héroïsme mais la sainteté. Demandons-nous comment Dieu veut que nous vivions ces jours de fête ; essayons de nous laisser guider en préférant choisir ce qui lui plait. Puisqu’il est l’Emmanuel, « Dieu avec nous », que ferons-nous pour être avec lui ?
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à suivre l’exemple de Joseph pour nous disposer à la naissance du Seigneur. Rayonnement de Joie qu’elle éduque nos cœurs à la véritable justice qui prépare la paix. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende attentifs aux merveilles que le Seigneur fait pour nous. Reine des saints qu’elle nous guide dans la disponibilité à l’œuvre de Dieu pour que nous puissions accueillir le Salut de Celui qui vient nous rejoindre et demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
La joie comme réponse au doute
3AVA
3° Dimanche de l'Avent - Année A
Is 35,1-6.10 ; Ps 145 ; Jc 5,7-10 ; Mt 11,2-11
Il est assez cohérent que Jean-Baptiste soit une figure de l’Avent, puisqu’il est celui qui a préparé le chemin devant le Christ. En revanche il est plus surprenant que l’on nous propose l’évangile où il est en prison et où il s’interroge sur Jésus à l’occasion du troisième dimanche qui est traditionnellement associé à la joie. On doit pouvoir faire mieux comme figure de la joie qu’un prisonnier assailli par le doute ! On peut, bien sûr s’attacher surtout aux paroles de Jésus qui soulignent des événements plus joyeux, mais ne passons pas trop vite sur le doute de Jean-Baptiste. D’abord, parce qu’il peut nous arriver de douter et qu’il est bon de voir comment cela doit s’inscrire dans la vie spirituelle ; et puis aussi parce que la lettre de saint Jacques invitait à la patience, ce qui est une manière d’affronter l’hésitation ou l’incertitude au cœur de l’attente : l’impatience n’est-elle pas à l’attente ce que le doute est à la foi ?
Donc Jean-Baptiste se pose des questions sur Jésus : « est-il celui qui doit venir ? ». C’est qu’il doute du bien-fondé de sa prédication. Il l’avait désigné comme l’agneau de Dieu, mais ça ne lui parait plus aussi évident ! Que faire lorsqu’on doute ? Il peut y avoir trois réactions différentes. La première c’est l’abandon : « j’en doute » est parfois un euphémisme pour dire je ne crois pas. La deuxième réaction, c’est d’en faire une posture et de se complaire dans le doute, comme si renoncer à toute certitude était une preuve de sagesse. La troisième réaction c’est de rechercher une confirmation en essayant de sortir du doute. C’est cette dernière attitude qu’adopte Jean-Baptiste. Au fond de sa prison, il n’a pas baissé les bras en se disant : « je me suis trompé, Jésus n'est pas le Messie ». Il n’est pas resté non plus à se morfondre en recherchant les raisons qui ne feraient qu’augmenter sa perplexité. Au contraire, il fait demander au Seigneur ce qu’il en est, ce qui montre qu’il fait toujours confiance à Jésus.
Alors, quelle est notre attente ? Une première attitude serait de croire que la foi est une certitude sans hésitation, que la venue du Seigneur doit être évidente. C’est prendre le risque que le doute nous conduise à l’abandon et que les contrariétés nous découragent. Quand le Seigneur n’obéit pas à nos prières, quand l’église ne fait pas ce que nous voulons, quand la prière devient aride et que les difficultés s’accumulent, il faut accepter de patienter et de se laisser instruire plutôt que d’abandonner ou de relâcher nos efforts pour rester fidèle à la présence de Dieu. Sinon, c’est la tristesse qui suivra l’impatience et l’abandon.
Une deuxième attitude serait d’adopter la posture du doute permanent et de confondre la patience et la routine. C’est devenu très à la mode de refuser toute certitude et de douter de tout, de vivre au jour le jour, prêt à renier le lendemain ce qu’on avait affirmé la veille. Mais vivre dans l’indécision en se laissant guider par l’air du temps, ça finit par fatiguer. Que Dieu soit un mystère ne signifie pas qu’on ne puisse rien en savoir, et qu’il soit plus grand que nos idées ne signifie pas qu’il soit inconnaissable. A ne tenir à rien on finit par se lasser de tout, et c’est finalement à l’ennui que conduit l’attentisme et le doute entretenu.
Mais nous pouvons choisir la troisième voie, celle de la confiance qui augmente la foi. A l’exemple de la prière de Charles de Foucauld avant sa conversion : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ». C’est faire du doute une disponibilité au Seigneur et vivre l’attente dans la persévérance et la patience. C’est le sens de la prière de l’église : « viens, Seigneur Jésus », comme une manière de se rapprocher de lui quand l’évidence de sa présence s’estompe. Et dans l’évangile, Jésus répond à la question de Jean-Baptiste par les signes annoncés par les prophètes, non seulement pour lui rappeler la Parole de Dieu, mais aussi pour qu’il découvre que c’est la joie qui répond au doute.
Ainsi la question de Jean-Baptiste au cœur de sa prison, n’est pas une remise en cause de son ministère, ce n’est pas le désespoir de celui qui s’est trompé, mais c’est la porte ouverte à une plus grande disponibilité à la Parole de Dieu, un doute qui ouvre à une foi plus grande, une disponibilité à la joie qui vient de la présence du Seigneur, pour élargir notre attente au Royaume des Cieux qui dépasse tout ce que nous pouvons connaître.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle encourage notre foi ; Refuge des pécheurs qu’elle fortifie notre espérance ; Rayonnement de Joie qu’elle élargisse notre charité pour que nous puissions rester disponible à Celui qui vient et entrer dans le Royaume qui nous attend, dès maintenant et pour les siècles des siècles.