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18 décembre 2022 7 18 /12 /décembre /2022 14:02

4AVA

4° dimanche de l'Avent - Année A

Is 7, 10-16 ; Ps 23 (24) ; Rm 1,1-7 ; Mt 1,18-24

Le Seigneur qui connaît le secret des cœurs sait que je n’ai aucune intention de manquer de respect à la cour céleste ; et vous aurez la bonté d’excuser l’impertinence de mon imagination, mais à l’écoute de l’évangile de ce jour, je me suis fait la réflexion que les anges du comité stratégique chargé d’organiser l’Incarnation du Fils de Dieu, avaient sans doute fait une gaffe en oubliant de prévenir Joseph de ce qu’ils préparaient ! On mesure rarement l’importance de celui-ci dans l’accomplissement des promesses divines.

Sans doute était-il un homme juste, mais la justice l’autorisait à dénoncer publiquement Marie, qui aurait alors été lapidée, elle et l’enfant qu’elle portait ! Ce qui, convenons-en, aurait été dommage pour l’humanité ! Heureusement Joseph est juste d’une justice qui ne revendique pas mais qui respecte. Ce n’est pas une justice pour soi mais pour les autres. Il n’affirme pas ses droits à n’importe quel prix, mais il cherche la solution pour chacun puisse vivre et s’épanouir au mieux des circonstances. Mais que ce serait-il passé s’il avait mis à exécution son projet de répudier Marie en secret ? Peut-être pensait-il qu’elle pourrait alors épouser celui dont elle attendait l’enfant, et qu’après quelques réflexions désagréables des commères du quartier à l’arithmétique trop pointilleuse, tout serait allé pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf qu’alors, Jésus n’aurait plus été de la descendance de David, ce qui contredisait les promesses les plus anciennes ! D’une certaine manière, Joseph tenait entre ses mains, non seulement le bon déroulement du projet de Dieu, mais aussi la fidélité du Seigneur et la vérité de la Parole. Ainsi, un ange est venu remédier aux choses, et Joseph, par sa foi, a accueilli et mis en pratique ce qui lui était demandé. Puisqu’il nous est donné comme modèle pour cette dernière semaine de l’Avent, laissons-nous guider par son exemple pour nous préparer à Noël

D’abord il y a la justice. Le thème est malheureusement un peu déconsidéré dans nos mentalités, il est pourtant essentiel ! Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle justice. Il ne s’agit pas de la justice formelle qui se contente de respecter les apparences. On a, dans la première lecture un exemple de cette justice formelle dans la réponse du roi Achaz à l’invitation d’Isaïe. « Je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve ». C’est exactement ce qui est inscrit dans la Loi de Moïse, mais le roi n’en pense pas un mot : il ne veut pas de signe du Seigneur, parce qu’il ne veut pas compter sur le Seigneur, mais sur ses propres forces pour sortir du danger politique dans lequel il est. Il a même sacrifié son fils unique à un dieu païen pour avoir la victoire ! Il ne s’agit pas non plus de la justice égoïste qui préserve jalousement son intérêt quelques en soient les conséquences pour les autres. C’est une justice qui prend en compte aussi l’intérêt des autres, cherchant la meilleure solution, non seulement pour soi mais pour tous. Peut-être cela vaut-il la peine de vérifier que nous avons à cœur le bien de tous ceux qui nous entourent et non pas seulement le nôtre ou celui de nos proches.

Ensuite il y a l’accueil de la Parole de Dieu. C’est la première composante de la foi : croire ce qui nous est dit de la part du Seigneur. Cela implique une certaine disponibilité à ce qui dépasse notre expérience, comme Joseph accepte que l’enfant engendré en Marie vienne de l’Esprit Saint. Trop souvent nous sommes prêts à entendre la parole de Dieu à condition qu’elle vienne confirmer nos intuitions, comme si elle n’était qu’une sagesse toute humaine, comme si la révélation ne devait pas dépasser notre horizon. Nous avons pris l’habitude de comprendre tant de choses que nous avons du mal à accepter ce que nous ne pouvons pas expliquer. Il est certainement très agréable de s’émerveiller les décorations et les illuminations de ce qu’il est convenu d’appeler la magie de Noël, pourtant le plus grand motif d’émerveillement ce ne sont pas les prouesses techniques mais le mystère d’un Dieu qui se fait petit enfant dans l’indifférence du monde. Apprenons à nous laisser bouleverser par le merveilleux qui n’est pas spectaculaire.

Enfin, il y a l’obéissance de Joseph qui « fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ». C’est la deuxième partie de la foi, mettre en pratique ce que nous avons écouté. « Il prit chez lui son épouse » et nous savons qu’il a donné à l’enfant le nom qu’on lui avait indiqué. C’est dans la simplicité de l’ordinaire que s’accomplit l’œuvre de Dieu. Le Seigneur n’attend pas de nous l’héroïsme mais la sainteté. Demandons-nous comment Dieu veut que nous vivions ces jours de fête ; essayons de nous laisser guider en préférant choisir ce qui lui plait. Puisqu’il est l’Emmanuel, « Dieu avec nous », que ferons-nous pour être avec lui ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à suivre l’exemple de Joseph pour nous disposer à la naissance du Seigneur. Rayonnement de Joie qu’elle éduque nos cœurs à la véritable justice qui prépare la paix. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende attentifs aux merveilles que le Seigneur fait pour nous. Reine des saints qu’elle nous guide dans la disponibilité à l’œuvre de Dieu pour que nous puissions accueillir le Salut de Celui qui vient nous rejoindre et demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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11 décembre 2022 7 11 /12 /décembre /2022 19:37

3AVA

3° Dimanche de l'Avent - Année A

Is 35,1-6.10 ; Ps 145 ; Jc 5,7-10 ; Mt 11,2-11

Il est assez cohérent que Jean-Baptiste soit une figure de l’Avent, puisqu’il est celui qui a préparé le chemin devant le Christ. En revanche il est plus surprenant que l’on nous propose l’évangile où il est en prison et où il s’interroge sur Jésus à l’occasion du troisième dimanche qui est traditionnellement associé à la joie. On doit pouvoir faire mieux comme figure de la joie qu’un prisonnier assailli par le doute ! On peut, bien sûr s’attacher surtout aux paroles de Jésus qui soulignent des événements plus joyeux, mais ne passons pas trop vite sur le doute de Jean-Baptiste. D’abord, parce qu’il peut nous arriver de douter et qu’il est bon de voir comment cela doit s’inscrire dans la vie spirituelle ; et puis aussi parce que la lettre de saint Jacques invitait à la patience, ce qui est une manière d’affronter l’hésitation ou l’incertitude au cœur de l’attente : l’impatience n’est-elle pas à l’attente ce que le doute est à la foi ?

Donc Jean-Baptiste se pose des questions sur Jésus : « est-il celui qui doit venir ? ». C’est qu’il doute du bien-fondé de sa prédication. Il l’avait désigné comme l’agneau de Dieu, mais ça ne lui parait plus aussi évident ! Que faire lorsqu’on doute ? Il peut y avoir trois réactions différentes. La première c’est l’abandon : « j’en doute » est parfois un euphémisme pour dire je ne crois pas. La deuxième réaction, c’est d’en faire une posture et de se complaire dans le doute, comme si renoncer à toute certitude était une preuve de sagesse. La troisième réaction c’est de rechercher une confirmation en essayant de sortir du doute. C’est cette dernière attitude qu’adopte Jean-Baptiste. Au fond de sa prison, il n’a pas baissé les bras en se disant : « je me suis trompé, Jésus n'est pas le Messie ». Il n’est pas resté non plus à se morfondre en recherchant les raisons qui ne feraient qu’augmenter sa perplexité. Au contraire, il fait demander au Seigneur ce qu’il en est, ce qui montre qu’il fait toujours confiance à Jésus.

Alors, quelle est notre attente ? Une première attitude serait de croire que la foi est une certitude sans hésitation, que la venue du Seigneur doit être évidente. C’est prendre le risque que le doute nous conduise à l’abandon et que les contrariétés nous découragent. Quand le Seigneur n’obéit pas à nos prières, quand l’église ne fait pas ce que nous voulons, quand la prière devient aride et que les difficultés s’accumulent, il faut accepter de patienter et de se laisser instruire plutôt que d’abandonner ou de relâcher nos efforts pour rester fidèle à la présence de Dieu. Sinon, c’est la tristesse qui suivra l’impatience et l’abandon.

Une deuxième attitude serait d’adopter la posture du doute permanent et de confondre la patience et la routine. C’est devenu très à la mode de refuser toute certitude et de douter de tout, de vivre au jour le jour, prêt à renier le lendemain ce qu’on avait affirmé la veille. Mais vivre dans l’indécision en se laissant guider par l’air du temps, ça finit par fatiguer. Que Dieu soit un mystère ne signifie pas qu’on ne puisse rien en savoir, et qu’il soit plus grand que nos idées ne signifie pas qu’il soit inconnaissable. A ne tenir à rien on finit par se lasser de tout, et c’est finalement à l’ennui que conduit l’attentisme et le doute entretenu.

Mais nous pouvons choisir la troisième voie, celle de la confiance qui augmente la foi. A l’exemple de la prière de Charles de Foucauld avant sa conversion : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ». C’est faire du doute une disponibilité au Seigneur et vivre l’attente dans la persévérance et la patience. C’est le sens de la prière de l’église : « viens, Seigneur Jésus », comme une manière de se rapprocher de lui quand l’évidence de sa présence s’estompe. Et dans l’évangile, Jésus répond à la question de Jean-Baptiste par les signes annoncés par les prophètes, non seulement pour lui rappeler la Parole de Dieu, mais aussi pour qu’il découvre que c’est la joie qui répond au doute.

Ainsi la question de Jean-Baptiste au cœur de sa prison, n’est pas une remise en cause de son ministère, ce n’est pas le désespoir de celui qui s’est trompé, mais c’est la porte ouverte à une plus grande disponibilité à la Parole de Dieu, un doute qui ouvre à une foi plus grande, une disponibilité à la joie qui vient de la présence du Seigneur, pour élargir notre attente au Royaume des Cieux qui dépasse tout ce que nous pouvons connaître.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle encourage notre foi ; Refuge des pécheurs qu’elle fortifie notre espérance ; Rayonnement de Joie qu’elle élargisse notre charité pour que nous puissions rester disponible à Celui qui vient et entrer dans le Royaume qui nous attend, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 13:59

2AVA

2eme dimanche de l'Avent - Année A

Isaïe 11, 1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12

Eh bien ! Ça chauffait sur les bords du Jourdain ! Je parle bien sûr de l’évangile que nous venons d’entendre et de l’épisode entre les pharisiens, les sadducéens et Jean le Baptiste. Il a beau être pittoresque avec sa peau de bête et son régime frugal, ça ne devait pas être très drôle de se faire insulter et traiter d’engeance de vipères ! Vous allez me dire que ça n’était pas adressé à tout le monde, mais seulement aux méchants orgueilleux … sauf qu’ils n’étaient pas si orgueilleux que ça puisqu’ils venaient se faire baptiser en confessant leurs péchés. Mieux vaut ne pas trop édulcorer la parole de Dieu en pensant qu’elle ne nous concerne pas et accepter que l’invitation à la conversion soit un peu dérangeante : il est rare que les prophètes utilisent la rhétorique du renard pour nous persuader de lâcher nos péchés ! Et pour nous faire comprendre que la conversion est une affaire sérieuse, l’évangile nous laisse percevoir qu’il y a au moins trois niveaux de conversion nécessaires, que l’on peut rapprocher des dons de l’Esprit qu’évoquait Isaïe dans la première lecture.

D’abord il y a une conversion de principe. C’est ce que proposait le baptême de Jean. Cela demandait déjà une certaine bonne volonté, pour descendre de Jérusalem jusqu’à la vallée du Jourdain, pour reconnaître ses péchés et se faire plonger par lui dans le fleuve. C’est la conversion de la tête, le changement des idées. Cela correspond à entrer dans l’esprit de sagesse et de discernement. Il s’agit de se laisser guider par le Seigneur dans notre manière de vivre et dans notre vision du monde. Quelle est la place de Dieu dans nos habitudes ? Quelle est la place de Dieu dans nos pensées et dans nos opinions ? Combien de fois sommes-nous tentés de décider nous-mêmes de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas ? Est-ce que nous savons nous appuyer sur la Parole pour penser le monde et pour agir ? Non pas en cherchant une justification à ce qui nous arrange, mais pour apprendre ce qui nous dépasse … même quand nous pensons que nous maitrisons le sujet ! Saint Paul rappelait aux Romains « ce qui est écrit dans les livres saints l’a été pour nous instruire ». La place de la Parole de Dieu, et le respect qu’on lui porte, peuvent nous aider à mesurer notre besoin de cette première conversion.

Mais c’est une démarche qui peut rester un peu formelle, un peu théorique. La conversion ne peut pas en rester au niveau des principes, elle doit se traduire dans l’action. C’est pourquoi Jean Baptiste interpelle vigoureusement ce qui seraient tentés d’en rester à la première démarche : « produisez donc un fruit digne de la conversion ». Après la conversion de la tête il faut s’engager dans la conversion des mains. Retourner les mains pour passer de celui qui prend à celui qui donne. Cela correspond à entrer dans l’esprit de conseil et de force, qui nous guide concrètement dans les moments particuliers, pour savoir ce qu’il faut faire, et pour le faire. C’est peut-être l’aspect le plus évident de la conversion, mais ça n’est pas le plus facile. D’ailleurs saint Paul l’exprimait dans son invitation aux Romains : « accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ». C’est souvent dans la qualité de nos relations les uns aux autres que l’on peut mesurer notre besoin de cette deuxième conversion … à condition de regarder tous les autres, et non pas seulement ceux avec qui c’est facile d’être en paix !

Enfin il y a une troisième conversion que nous indiquent les paroles du Baptiste lorsqu’il annonce le baptême dans l’Esprit et dans le feu. Une manière de dire à ceux qui sont là qu’ils ne sont pas au bout du chemin, qu’ils devront encore faire un effort pour accueillir Celui qui vient. C’est la conversion du cœur, celle qui correspond à l’esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. Ce que l’on traduit traditionnellement par les dons de science, de piété et de crainte ou dit autrement de connaissance, d’affection filiale et d’adoration. C’est la conversion de la vie spirituelle qui est plus un consentement qu’une décision. Une conversion qui n’est jamais acquise une fois pour toute parce qu’il s’agit de vivre en Dieu et que la vie n’est pas une posture. C’est lorsqu’on réalise que la prière n’est pas un moment mais une respiration que l’on comprend la nécessité de cette conversion.

Alors n’hésitons pas à entrer dans le mouvement qu’indique Jean Baptiste pour préparer la venue de Celui qui vient. Approfondissons notre proximité à la Parole de Dieu pour vivre la conversion des idées. Faisons attention les uns aux autres pour vivre la conversion des actions. Laissons-nous conduire par l’Esprit reçu au baptême pour vivre la conversion du cœur qui nous fera partager la gloire du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous rende disponibles à l’esprit de sagesse et de discernement ; Mère du Bel Amour qu’elle nous rende attentifs à l’esprit de conseil et de force ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous entraine dans l’esprit de connaissance, d’affection filiale, pour que guidés par l’esprit d’adoration nous puissions contempler la lumière de la crèche qui brille dans la nuit de Bethléem et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 10:46

1AVA

1er dimanche de l'Avent - Année A

Is 2,1-5 ; Ps 121 ; Rm 13,11-14 ; Mt 24,37-44

Nous entrons dans le temps de l’Avent, celui qui nous prépare à Noël. Ou plus exactement, le temps qui précède Noël. Car il pourrait y avoir un contresens sur la spiritualité de l’Avent. Nous pourrions penser qu’il s’agit seulement d’organiser les préparatifs d’une fête. Bien sûr nous savons que la préparation n’est pas seulement matérielle, et qu’il y a une préparation spirituelle qui est plus importante. Mais en vérité, si l’on écoute bien les textes de ce jour, il ne s’agit pas vraiment de purifier les cœurs comme on décore les maisons. Le but de l’Avent n’est pas de nous disposer à fêter dignement la nativité du Seigneur, mais plutôt de nous rappeler d’être prêt au jour du Seigneur. Le souvenir de sa première venue nous apprend à attendre la seconde venue, celle qu’annonce le prophète Isaïe, celle dont parle Jésus dans l’évangile. Ainsi la tonalité de ce temps n’est pas « préparez-vous » mais « veillez ».

Veiller c’est éviter de se retrouver comme aux temps de Noé : « les gens ne se sont doutés de rien jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis ». Il s’agit donc d’être attentif, de ne pas se laisser distraire ni par l’ordinaire de la vie, ni par les événements de l’histoire. Qu’est-ce qui faisait la différence entre Noé et les gens de son époque ? Lui aussi mangeait et buvait, et il s’était marié, comme ses enfants d’ailleurs. Peut-être le faisait-il avec un peu plus de sobriété que d’autres, mais la différence, c’est qu’il écoutait la Parole de Dieu et qu’il la mettait en pratique dans sa vie. Y compris quand elle lui a demandé de construire une arche au milieu de nulle part ! Si nous voulons faire du temps de l’Avent, un temps de veille, il faut s’attacher à entendre et à écouter la parole. Sans se laisser distraire ! L’Avent est le temps par excellence pour replonger dans la Parole de Dieu, pour faire comme Marie, en retenant tout cela et en le gardant dans notre cœur. Prenons une résolution vis-à-vis de la Parole : choisissons une manière de lui être plus proche, en lisant un livre de la Bible dans son entier, ou bien en consacrant plus de temps à la méditation des textes du jour par exemple, ou encore en choisissant un verset comme devise de la journée.

Veiller, c’est encore se trouver du bon côté lorsque l’un sera pris et l’autre laissé. Ces paroles sont un peu mystérieuses. On ne sait pas bien s’il faut être pris ou laissé, et surtout on ne sait pas pourquoi l’un et pris l’autre laissé puisque les deux font la même chose. Mais on peut comprendre qu’il y a une différence intérieure : l’un est disponible, l’autre ne l’est pas. Il s’agit donc d’être disponible. A quoi ? A la présence de Dieu certainement. Une présence évidente, manifeste, une présence nouvelle que nous ne connaissons pas encore. Comment se rendre disponible à la présence de Dieu ? Sans doute en intensifiant notre prière. Ceux qui n’ont jamais le temps de prier peuvent décider de dégager un moment pour cela. Ceux qui ne prient que de temps en temps peuvent choisir d’avoir un moment plus régulier pour que la prière rythme leur journée. Ceux qui ont l’habitude de prier peuvent découvrir une autre forme de prière, celle qui irrigue notre vie, qui accompagne tout ce que nous faisons. Où que nous en soyons dans la vie spirituelle, le temps de l’Avent est un temps où nous laisserons un peu plus de place au Seigneur.

Veiller, c’est enfin, éviter de faire comme le maitre de maison surpris par un voleur. S’il avait veillé, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Il y a donc une dimension d’anticipation dans la veille. Une manière de vivre en prévision de ce qui va arriver. C’est pourquoi saint Paul conseille : « Conduisons-nous comme on le fait en plein jour » … L’Avent est un temps pour anticiper le jour du Seigneur. Pour vivre comme s’il était déjà là. Pour faire ce que nous faisons en présence de Dieu. C’est pourquoi c’est un temps de conversion, parce qu’il y a des moments où nous agissons comme si Dieu n’existait pas. N’hésitons pas à faire ce petit exercice de repérer les domaines de notre vie que nous laissons hors de la présence de Dieu.

Nous entrons dans le temps de l’Avent qui n’est pas d’abord celui du décompte des jours ou de la décoration des maisons, mais le temps de la veille. Le temps où nous sommes plus attentifs à la Parole de Dieu, le temps où nous laissons plus de place à la prière, le temps où nous essayons de vivre comme si l’on était déjà dans la gloire de la Présence de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne pendant ce temps de veille. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à nous laisser façonner par la Parole de Dieu. Buisson Ardent qu’elle nous rende plus disponible à la présence du Seigneur. Rayonnement de joie qu’elle nous encourage à vivre déjà dans la lumière de la Gloire qui nous est promise, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 14:10

4AVC

4° Dimanche de l'Avent - Année C

Mi 5,1-4a ; Ps 79 ; He 10, 5-10 ; Lc 1,39-45

En entendant la première lecture, je me suis demandé si je ne m’étais pas trompé de page en prenant déjà les textes de l’Épiphanie, alors que Noël n’est pas encore arrivé ! Chacun, en effet, aura reconnu le texte que les scribes d’Hérode citent lorsque les mages arrivent à Jérusalem pour chercher le roi qui vient de naître. Évidemment, comme il s’agit d’une prophétie, elle existait avant l’événement et, plutôt que de se souvenir de ce qui s’accomplit, la liturgie aujourd’hui nous propose de nous rappeler ce qui va s’accomplir. C’est le même thème que nous retrouvons d’ailleurs dans les autres textes puisque la lettre aux Hébreux montre comment Jésus, en venant dans le monde (donc à Noël) accomplit les paroles du psaume 40 « me voici, je suis venu faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre ». Pareillement, l’évangile de la Visitation se termine par la remarque d’Élisabeth « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Ainsi nous voilà invités à reconnaître que la parole de Dieu va s’accomplir. Cependant, on peut remarquer que ces trois paroles ne sont pas tout à fait du même type.

D'abord c'est une parole précise qui s'accomplira. « Toi Bethléem Ephrata ». La parole de Dieu n'est pas une méditation vague ou une considération abstraite. Elle désigne et indique une chose plutôt qu’une autre. Ensuite dans la lettre aux Hébreux, la parole qui s’accomplit est un peu différente. Toute personne priant le psaume se retrouve à redire les mêmes mots : « me voici je viens faire ta volonté » Il s’agit donc d’une parole qui entraîne et qui guide, une parole qui nous façonne. Enfin la parole en l’accomplissement de laquelle Marie a cru est encore d’un genre différent, puisqu’elle s’adresse spécialement à elle, c’est une parole personnelle qui éclaire ce qu’elle a d’unique et d’irremplaçable.

Puisque nous sommes avertis que Noël est un accomplissement de la Parole du Seigneur, il ne s’agit pas de rester des spectateurs même attentifs ou admiratifs, mais de permettre qu’en nous aussi cette parole s’accomplisse dans toutes ses dimensions.

Parce que la parole de Dieu est précise, il est important de l’écouter en essayant de ne pas lui faire dire ce que nous voulons mais en recherchant ce qu’elle dit, même quand elle nous surprend ou nous dérange. Respecter la précision de la parole, c’est par exemple réaliser que Noël est d’abord la naissance de Jésus, et que Jésus est une personne et non pas une idée ou un symbole. Prenons garde à ne pas donner plus de place au Père Noël qu’à Jésus, et même si les valeurs sont importantes, souvenons-nous que c’est d’abord une personne précise qui nous en donne la clé.

Parce que la parole de Dieu nous façonne, il faut aussi la méditer – les pères disent même la ruminer. C’est en l’habitant, en la gardant comme une lumière sur la route, comme une main qui nous conduit, que peu à peu cette parole devient notre parole et qu’elle nous transforme. Quel temps allons-nous consacrer à la fréquentation de la parole dans cette dernière semaine avant Noël ?

Enfin parce que la parole de Dieu est personnelle nous pouvons lui répondre. C’est dans une prière qui s’appuie sur la parole du Seigneur que nous pouvons découvrir qu’elle est une parole d’amour qui s’adresse à nous, qui est faite pour nous. La tradition provençale en plaçant des santons représentant les différents métiers dans la crèche est une manière sympathique de nous rappeler que nous sommes tous concernés par la naissance de Jésus. Comment accueillerons-nous l’annonce des anges ? Comment nous situerons nous dans la nuit de Bethléem ?

Préparons-nous donc à l’accomplissement des Écritures, en écoutant la parole précise, en méditant la parole qui nous façonne, en répondant à la parole qui nous aime.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre et à croire, nous aussi, en l'accomplissement des paroles qui nous sont dites de la part du Seigneur. Elle qui est la Mère du Sauveur, qu'elle nous apprenne à accueillir Celui que le Père nous confie. Elle qui est L'Etoile du Matin qu'elle nous accompagne sur le chemin que le Fils a tracé pour nous. Elle qui est la Rose mystique, qu'elle ouvre notre cœur au tourbillon d'amour dans lequel l'Esprit Saint nous entraîne pour que nous puissions à notre tour vivre et témoigner que la Gloire de Dieu est la paix des hommes, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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12 décembre 2021 7 12 /12 /décembre /2021 10:24

3AVC

3° dimanche de l'Avent - Année C

So 3,14-18a ; Is 12 ; Ph 4,4-7 ; Lc 3,10-18

Le 3ème dimanche de l’avent – comme le 4ème dimanche du carême – est appelé « dimanche de la joie » et pour adoucir l’austérité du violet qui marque la pénitence, les ornements liturgiques peuvent ce jour-là être roses. A vrai dire il ne s’agit pas vraiment d’une pause ou d’une parenthèse, puisque, par exemple, on ne reprend pas le Gloria dans la messe (ni l’Alléluia pendant le carême). Il s’agit plutôt d’une nuance, pour nous aider à mieux entendre l’invitation qui résonne dans les textes de la parole de Dieu : « Soyez dans la joie du Seigneur » dit saint Paul ; « pousse des cris de joie » dit le prophète Sophonie. Pourtant ces invitations ont quelque chose d’un peu surprenant. Peut-on commander d’être joyeux ? La joie obligée n’est-elle pas un peu artificielle ?

D’abord, on peut remarquer que si la joie ne se décide pas, on peut décider de l’accueillir ou de la refuser. Celui qui est de mauvaise humeur trouvera toujours un bon prétexte pour récriminer et s’isoler d’un moment joyeux. Quand on relit la première lecture, on se rend compte que Sophonie, au contraire, invite à accueillir la joie, et pour cela il en donne le motif : « le Seigneur est en toi ». La joie est donc comme le murmure de la brise légère qu’il est facile d’ignorer. Ainsi la conversion que nous propose le temps de l’Avent, consiste à tourner nos regards et nos cœurs vers la présence de Dieu au milieu de nous. La joie ne s’impose pas, elle se propose, et c’est à nous d’accueillir cette proposition. Comment remarquer la présence de Dieu ? par une attention plus grande à la Parole qui nous révèle la véritable place du Seigneur dans nos vies.

Il arrive cependant qu’on se trouve dans une situation où les motifs de tristesse s’accumulent. C’est là que nous réalisons que la joie peut aussi se choisir. C’est la fameuse image du verre d’eau dont on peut se réjouir de la moitié pleine ou se désoler de la moitié vide ! Ainsi, dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à choisir la joie en nous en rappelant les moyens : « priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes ». Ce qui est remarquable dans ce conseil, c’est que l’apôtre n’oppose pas nos besoins et l’action de grâce. Il ne s’agit pas de renoncer à demander à Dieu ce qui nous manque, mais en unissant la prière de supplication et la prière d’action de grâce, il nous indique les moyens de choisir la joie. Ainsi nous voilà invités à une conversion de notre prière pour qu’elle puisse conjuguer à la fois nos pauvretés et la richesse du don de Dieu.

Enfin, il nous faut reconnaître qu’il est des circonstances qui sont plus favorables à la joie que d’autres, et qu’il nous appartient de les faciliter. C’est ce que nous indiquent les réponses de Jean Baptiste à ceux qui lui demandent « que devons-nous faire ? ». Il est plus facile d’être joyeux si l’on partage, que si l’on garde jalousement. Celui qui fait son devoir est plus facilement joyeux que celui qui veut étendre son pouvoir. Celui qui au service est plus réceptif aux belles choses de la vie que celui qui combat et doit éviter les coups. Ainsi la conversion de l’Avent, en nous disposant à vivre de manière juste est-elle aussi un moyen de faciliter la joie que Dieu nous destine.

Ce dimanche de la joie, n’est pas un moment où l’on va oublier les exigences de la vie spirituelle, mais un moment où l’on découvre combien nous avons besoin de nous convertir pour être disposés à entrer dans la joie du Seigneur. Par la fréquentation plus assidue de la parole de Dieu, par une prière plus fervente, par une vie plus juste et attentive à ceux qui nous entourent, nous pouvons accueillir, choisir et favoriser la joie.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à accueillir la présence du Seigneur au milieu de nous. Trône de la Sagesse qu’elle nous montre comment préférer le don de Dieu. Mère du Bel Amour, qu’elle nous guide pour que nous fassions ce qui est juste et qu’ainsi nous puissions entrer dans la joie du Seigneur qui nous est proposée dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 14:18

2AVC

2° Dimanche de l'Avent - Année C

Ba 5,1-9 ; Ps 125 ; Ph 1,4-6.8-11 ; Lc 3,1-6

Dans ce temps de l’Avent qui nous prépare à la présence du Seigneur, la figure de Jean-Baptiste qui a préparé la prédication de Jésus semble toute indiquée comme guide et modèle. D’autant que l’évangile nous rappelait comment celui-ci accomplissait l’invitation du prophète Isaïe à faciliter la venue du Seigneur. Puisqu’il s’agit de se disposer à la rencontre avec Dieu, je me suis souvenu, qu’outre cette invitation à la conversion, nous avions un autre moyen qui nous a été indiqué par Jésus pour nous disposer à cette rencontre : la prière qu’il a donnée à ses disciples. Voyons ce que peut nous faire comprendre la résonnance entre l’annonce d’Isaïe et le Notre Père.

Tout commence par la demande : « préparez les chemins du Seigneur » qui rejoint la prière « que ton nom soit sanctifié ». C’est en quelque sorte la première étape qui nous rappelle le but de notre démarche : désirer la rencontre. On ne prépare pas le chemin de celui qu’on ne veut pas voir, on ne sanctifie pas le nom de celui qu’on ignore. Le temps de l’Avent est déjà un temps où nous creusons en nous le désir de Dieu.

Ensuite « rendez droits ses sentiers » résonne avec le souhait « que ton règne vienne ». D’une certaine manière on passe de la théorie à la pratique, de la parole aux actes. C’est important de désirer la présence de Dieu, mais ça ne peut pas rester un vœu pieux, et nous comprenons bien que cela nous engage à vivre selon sa Parole, ce qui implique de nous investir, de relever les manches comme le cantonnier qui rectifie un sentier. L’attente du temps de l’Avent n’est pas une attente passive, elle est une attente active où l’on change des choses dans nos vies.

En priant sincèrement « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » nous mesurons le ravin qui doit être comblé entre ce que nous faisons et ce que Dieu veut. Il y a souvent entre la terre et le ciel un abîme auquel nous ne devons pas nous résigner. Même s’il n’est pas en notre pouvoir de le combler, nous pouvons veiller à ne pas le creuser. La conversion à laquelle nous invite l’Avent est déjà une manière de remplissage. Par exemple, remplir notre temps de prière : que Dieu ne soit pas le grand absent de cette période qui nous conduit à Noël.

Comment se répondent la demande sur le pain quotidien et la promesse que les montagnes et les collines seront abaissées ? Peut-être est-ce le signe d’un retournement dans nos cœurs et nos attitudes. Car il y a des obstacles que nous pourrions être tentés de nous obstiner à franchir par nos propres forces, comme nous pourrions considérer que Dieu n’a rien à voir avec notre subsistance. Or dans la vie spirituelle, vient toujours un moment où nous devons accepter de ne pas avoir la maîtrise de tout. Pour prendre une image : il faut accepter de donner la pioche à Dieu tout en gardant la pelle. Renoncer à prendre pour apprendre à recevoir. C’est un autre aspect de la conversion : s’appuyer sur le Seigneur plutôt que sur nos propres forces.

Ceux qui ont malheureusement fait l’expérience des conflits, comprendrons facilement que l’invitation à pardonner pour être pardonner est une façon de sortir de la complexité des passages tortueux de l’histoire. Plus qu’à toute autre période peut-être, le temps de Noël est celui où les difficultés de relations pèsent tout particulièrement. La conversion, par son appel au pardon et à la réconciliation nous indique les moyens d’une simplification selon le cœur de Dieu.

Si le Seigneur « ne nous laisse pas entrer en tentation », la vie devient plus douce et « les chemins rocailleux sont aplanis ». Voilà un bon motif de vigilance pour ce temps de l’Avent : éviter ce qui blesse ou fait souffrir, pour nous et pour les autres. La tentation est toujours une aspérité : et ce n’est pas en y succombant qu’on l’évite, bien au contraire. Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation disait Jésus à ses disciples … c’est aussi l’invitation qui nous est faite pour ce temps de l’Avent

Enfin, pour que « tout être vivant voit le salut de Dieu », il faut bien qu’il « nous délivre du mal ». A travers la promesse et l’espérance, nous retrouvons cette invitation au désir, non plus seulement le désir de Dieu mais celui de sa présence et de notre proximité. Comme le disait saint Paul aux Philippiens, il s’agit de mener jusqu’à son achèvement ce que Dieu a commencé en nous, et que « son amour nous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance […] pour discerner ce qui est important ».

Nous voilà déjà bien engagé dans ce chemin de l’Avent pour que soit facilité notre rencontre avec le Seigneur au jour de son avènement. Une rencontre à laquelle nous nous entraînons en veillant à faire ce que nous devons faire, et à laisser à Dieu la place qui lui revient.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle nous indique le chemin du Seigneur en acceptant que résonne en nous sa Parole. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à quitter la robe de tristesse et de misère pour revêtir le manteau de la justice de Dieu. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle prépare nos cœurs et nos vies à la Gloire de l’Éternel pour que nous puissions demeurer en Lui comme Il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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28 novembre 2021 7 28 /11 /novembre /2021 10:51

1AVC

1° dimanche de l'Avent - Année C

Jr 33,14-16 ; Ps 24 ; 1 Th 3,12-4,2 ; Lc 21,25-28.34-36

Avec la régularité inexorable du calendrier, nous voici donc en ce temps de l’Avent qui nous prépare aux fêtes de Noël. Autour de nous, s’installe la féérie des animations qui conjurent la diminution du jour, mais le sens spirituel du temps est un peu différent. Il s’agit de se préparer à la venue du Seigneur dans la nuit de Bethléem en se souvenant qu’il faut être prêt pour son retour dans la gloire. C’est d’ailleurs le thème que nous retrouvons dans les textes que nous venons d’entendre. Il y a d’ailleurs un contraste saisissant entre l’oracle de Jérémie « voici venir des jours où j’accomplirai la parole de bonheur » et les paroles de Jésus qui annoncent l’ébranlement des puissances célestes et l’affolement des nations. Cependant à bien y regarder, l’évangile est un peu plus nuancé sur la situation et l’on peut remarquer trois types d’attitudes devant l’avenir.

La première, la plus spectaculaire, c’est la panique. La vraie panique, pas un petit affolement passager : « les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde ». Pourquoi cette panique ? non pas à cause de ce qui se passe, mais à cause de ce qu’on attend. C’est la situation de celui qui pense l’avenir comme l’image du présent. Dès qu’il y a un bouleversement dans le présent, l’imagination suppose une catastrophe dans l’avenir. Le changement suscite l’inquiétude et l’avenir fait peur quand le présent n’est plus ce à quoi on est habitué. On trouvera facilement autour de nous, des discours qui font écho à ce type de philosophie, et notre époque est assez significative de cette panique devant le futur. Évidemment, ce n’est pas ce à quoi Jésus nous encourage ! Bien au contraire il nous invite « redressez-vous, relevez la tête, car votre rédemption approche ». Attendre la promesse du bonheur, c’est refuser d’envisager l’avenir sur le modèle du présent. Et pour cela, il faut faire confiance à la Parole de Dieu. C’est pourquoi nous sommes invités, pendant le temps de l’Avent, à intensifier notre fréquentation de la Bible.

Il y a une deuxième attitude évoquée dans l’évangile, elle est en filigrane de l’avertissement « que ce jour-là ne tombe pas sur vous à l’improviste ». C’est que pour éviter d’avoir peur de l’avenir, on peut essayer d’en détourner les yeux en ne s’occupant que du présent. Mais Jésus nous avertit de l’alourdissement du cœur « dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie ». On peut bien espérer que nous ne soyons pas trop concernés par les beuveries et l’ivresse, mais aucun de nous n’échappe aux soucis de la vie. Qu’il soit une illusion ou un poids, quand le présent est trop présent, notre cœur s’alourdit et nous risquons de faire de l’avenir une mauvaise surprise. On ne fuit pas la panique dans l’étourdissement. « Tenez-vous sur vos gardes » dit Jésus. Ainsi le temps de l’Avent est-il aussi un temps de conversion, un temps de sobriété pour rester vigilant et éviter de laisser notre cœur s’alourdir.

Enfin, le texte nous invite à la troisième attitude, celle qui permet de se tenir debout devant le Fils de l’homme : « priez en tout temps ». Cette précision « en tout temps » nous fait comprendre qu’il ne s’agit pas de la prière désespérée dans la panique, il ne s’agit pas non plus de la prière formelle de la routine, il s’agit d’une prière qui rythme la vie, comme le souffle de notre respiration. C’est une manière de vivre en présence de Dieu, d’anticiper la gloire qui nous est promise en étant déjà présent à celui qui vient. Prier en tout temps, c’est vivre le présent selon le modèle du futur, l’exact inverse de celui qui meurt de peur dans l’attente de ce qui doit venir. Quand on pense le futur en fonction du présent, on panique ; quand on prie, on vit le présent en fonction du futur. Aussi le temps de l’Avent est-il un temps pour intensifier notre prière, pour lui donner plus de temps, pour donner plus de place dans notre vie à celui qui vient.

En cet Avent qui commence, souvenons-nous de nous préparer non seulement à Noël, mais surtout à la Rencontre avec le Seigneur. Fréquentons plus assidument la parole de Dieu pour éviter de croire que l’avenir est à l’image du présent, ce qui conduit à la panique. Restons vigilants pour ne pas nous étourdir dans un présent trop dense ou illusoire. Prions de plus en plus pour vivre déjà ce qui nous est promis.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle garde nos cœurs fixés sur les promesses du Seigneur ; Mère du Bel Amour qu’elle nous garde vigilants à suivre l’exemple du Christ ; Demeure de l’Esprit Saint qu’elle garde nos vies tournées vers celui qui vient pour que la prière nous apprenne à demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 14:20

4AVB

4° dimanche de l'Avent - Année B

2 S 7,1-5.8b - 12.14a.16 ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1,26-38

Il n’y a rien de très étonnant à ce que l’on entende le récit de l’annonce à Marie dans la série des évangiles qui nous préparent à Noël : s’il y a bien quelqu’un qui attend la naissance d’un enfant, c’est sa mère ! Mais, le grand danger avec un texte bien connu, c’est de ne plus l’écouter. Pourtant l’évangile n’est ni une blague ni un roman policier : ce n’est pas parce qu’on l’a déjà entendu, qu’on ne peut pas en profiter ! Alors pour éviter d’être blasé, il est toujours bon de laisser résonner d’autres textes bibliques, pour que le rapprochement de deux aspects du mystère de Dieu éclaire d’une manière nouvelle ce que l’on croit savoir !

Ainsi, en première lecture nous avons entendu la promesse à David – « 2 Samuel 7 », une référence que nous devrions connaître par cœur tant elle est fondatrice dans l’histoire du salut. C’est le moment où Dieu promet à David que son « trône sera stable pour toujours ». Une parole dont on retrouve l’écho lorsque l’ange promet à celui qui recevra « le trône de David son père » que « son règne n’aura pas de fin ». On retrouve d’ailleurs dans les deux textes une même affirmation, adressée à David comme à Marie : « le Seigneur est avec toi ».

C’est peut-être dans l’histoire de David que la dynamique de bouleversement provoquée par la présence de Dieu est le plus explicite. Le grand roi a un beau projet : construire une demeure digne du Seigneur. C’est à la fois très respectueux et très généreux. A vue humaine, il n’y a rien à redire, et le prophète Nathan l’encourage. Pourtant le Seigneur refuse et propose tout à fait autre chose, il renverse les rôles : ce n’est pas David qui construira une maison pour Dieu, c’est Dieu qui construira une maison pour David. Et c’est aussi ce qui se passe dans la rencontre entre l’Ange et Marie. La première annonce pourrait laisser croire que tout est dans les mains de Marie : « tu concevras … tu enfanteras … tu l’appelleras », pourtant la deuxième annonce montre que tout est dans les mains de Dieu : « l’Esprit Saint viendra … la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ».

Voilà peut-être le cœur de l’invitation qui nous est faite pour nous disposer à Noël. Dans un premier temps nous nous sommes efforcés d’agir pour le Seigneur : on projette, on décide, on prépare. Tout cela est très bien, et c’est une très bonne chose, d’autant que d’autres sujets pourraient nous sembler plus urgents et qu’il est facile de confondre l’urgent et l’essentiel. Mais voilà le moment de passer à une deuxième étape de la vie spirituelle : découvrir que c’est Dieu qui agit pour nous : c’est lui qui projette, c’est lui qui décide, c’est lui qui prépare. Il ne s’agit plus de faire pour le Seigneur mais de se laisser faire par le Seigneur. Et parfois il est plus difficile de se laisser faire que de faire. Cela ne signifie pas qu’on cesse de s’impliquer : il est tout aussi engageant d’accueillir que de proposer, d’accepter que de décider, d’obéir que d’ordonner.

Sans doute les circonstances viennent-elles bouleverser nos habitudes et bousculer nos projets. On ne cesse de nous dire que ce ne sera pas un Noël comme les autres. Certains se révolteront et chercheront à tout prix à faire ce qu’ils ont décidé comme si tout dépendait d’eux ; d’autres se résigneront dans la tristesse comme si rien ne dépendait d’eux ; mais nous pouvons être de ceux qui se réjouissent de pouvoir laisser faire le Seigneur en s’adaptant et en se laissant guider par l’Esprit. Lorsque l’ange vient à sa rencontre Marie se demande ce que cela pouvait signifier, lorsqu’il lui annonce le projet de Dieu, elle demande comment cela va-t-il se faire. Mais face à ces inquiétudes et à ces perplexités, elle reste disponible : « Que tout se fasse en moi selon ta parole ». La question qui doit nous préoccuper n’est pas de savoir s’il faut préférer la commande par internet ou l’achat en magasin, elle n’est pas non plus de savoir s’il faut couper la buche pour que certains la mangent à la cuisine ; la question qui doit nous guider c’est de savoir ce que Dieu attend de nous et comment grandir dans la foi, l’espérance et la charité.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre la Parole et à la laisser transformer nos vies. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à garder les yeux fixés sur le Seigneur pour que nous demeurions fidèles dans la joie. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous montre comment rester présents à la présence pour que la puissance du Très Haut puisse déployer en nous les merveilles de Dieu. Mère du Bel Amour qu’elle soutienne notre disponibilité aux projets du Seigneur pour que resplendisse dans nos engagements la grandeur du mystère qui se manifeste dans l’humilité de la crèche et que nous demeurions en Lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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13 décembre 2020 7 13 /12 /décembre /2020 14:52

3AVB

3° dimanche de l'Avent - Année B

Is 61,1-2a.10-11 ; 1 Th 5,16-24 ; Jn 1,6-8.19-28

La figure de Jean-Baptiste est véritablement une figure centrale du temps de l’Avent, ainsi les évangiles du 2ème et du 3ème dimanche évoquent toujours le Précurseur. Cette année, on peut même avoir l’impression que les textes se répètent, et il faut faire l’effort de regarder les références pour s’assurer que le prêtre ne s’est pas trompé de page ! Pourtant dans les paroles du Baptiste, il y a une parole étonnante sur laquelle il vaut la peine de s’arrêter : « au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Évidemment il ne s’agit pas de regarder son voisin d’un air suspicieux ou curieux, mais plutôt de réaliser que nous sommes invités à faire plus attention à la présence divine qui nous accompagne.

On peut passer à côté de quelqu’un sans le reconnaître pour plusieurs raisons : cela peut être par distraction : on pense à autre chose, on regarde ailleurs, du coup on ne le voit pas. On peut aussi passer à côté par ignorance si on ne sait pas à quoi il ressemble, comme quand on croise dans une foule une célébrité qu’on n’a jamais vue. On peut enfin passer à côté par préjugé : quand on pense par exemple qu’une telle personne ne pourrait avoir une allure si modeste ! Eh bien les conseils de saint Paul aux Thessaloniciens, dans la deuxième lecture, peuvent nous aider à ne pas passer à côté du Seigneur sans le reconnaître.

D’abord il invite à des attitudes spirituelles : « soyez dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance ». Il s’agit de tourner notre attention vers le Seigneur. Non pas comme on s’inquiète d’un personnage lointain, mais comme on côtoie un ami qui nous accompagne. Si l’on prie sans relâche, ce n’est pas pour se faire entendre d’un administrateur insensible ou d’un artisan débordé, mais c’est pour être présent à sa présence. Si l’on rend grâce en toute circonstance ce n’est pas pour développer un optimisme béat, mais pour reconnaître le don de Dieu et d’attacher à ce qu’il nous donne plutôt qu’à ce qui nous manque. Ainsi le signe que nous serons attentifs à celui qui se tient au milieu de nous c’est que nous demeurerons dans la joie, même dans les difficultés et les contrariétés. Peut-être pouvons-nous faire pendant ces prochaines semaines un effort d’action de grâces : pourquoi ne pas prendre la résolution de remercier chaque jour le Seigneur pour une belle chose que nous avons vécue ?

Ensuite l’apôtre des nations exhorte à certaines dispositions intellectuelles : « N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophètes mais discernez la valeur de toute chose ». Il ne s’agit pas de faire de grandes théories, ni de savants calculs, mais de garder notre esprit tourné vers le Seigneur pour le connaître mieux. Comment pourrions-nous le reconnaître si nous n’apprenons pas à le connaître ? Dans le souffle de l’Esprit, dans la méditation des promesses, dans l’écoute de la parole, le temps de l’Avent est particulièrement propice à se laisser instruire par le Seigneur. Choisissons un verset, par exemple dans les textes de la liturgie, pour nous en souvenir régulièrement, pour en faire la devise de notre journée ou de notre semaine. Non pas pour enrichir notre culture biblique – même si c’est toujours une bonne chose – mais surtout pour permettre à celui qui a inspiré la Parole de nous guider et de nous faire grandir.

Enfin, parce qu’il ne suffit pas de tourner notre cœur et notre tête vers le Seigneur mais aussi notre vie, saint Paul termine par des conseils pratiques : « ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal ». Évidemment c’est ce que nous devrions faire tout le temps, mais nous savons malheureusement que nous avons encore des progrès à faire ! C’est concrètement que nous devons lutter contre nos préjugés sur le Seigneur : annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir les cœurs brisés, délivrer les captifs et libérer ceux qui sont prisonniers de leur souffrance, ça ne se fait pas dans de belles paroles, mais dans des gestes concrets. Le temps de l’Avent nous invite à cette purification de garder plus fermement le bien, de s’éloigner plus résolument du mal. Vérifions que nous n’avons pas déjà abandonné nos résolutions, mais que ceux qui nous entourent peuvent espérer par notre comportement cette année de bienfaits accordée par le Seigneur.

La remarque de Jean-Baptiste à ceux qui l’interrogent doit nous bousculer pour que nous ne passions pas à côté de celui qui est déjà au milieu de nous. La prière, spécialement d’action de grâces nous aidera à éviter la distraction spirituelle ; la docilité à la parole nous permettra d’éviter l’ignorance ; l’engagement et la droiture contribuerons à éviter les préjugés.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle alliance, qu’elle nous rende présents à la présence et reconnaissants du don de Dieu. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à nous laisser guider par l’Esprit Saint. Mère du Bel amour qu’elle nous encourage dans nos efforts pour témoigner de la bonté du Seigneur, afin que fleurisse là où nous sommes la justice et la louange pour les siècles des siècles.

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