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Dieu nous confie sa présence

27 Avril 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

2PAC

Dimanche de la Miséricorde - Année C

Ac 5,12-16 ; Ps 117 ; Ap 1,9-11a.12-13.17-19 ; Jn 20,19-31

Dans la logique de la liturgie, la semaine de Pâques est une seule journée. C’est bien signifié par les évangiles que nous lisons. Dimanche dernier, nous avons entendu ce qui s’est passé au matin du premier jour de la semaine, et aujourd’hui ce sont les événements du soir de ce même jour qui nous sont rappelés. Le matin de Pâques avait commencé par une parole des anges annonçant la résurrection, le soir de Pâques se termine par une parole du Christ ressuscité : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » et cette mission est accompagnée du don de l’Esprit : « recevez l’Esprit Saint, tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés ils lui seront maintenus ».

On a du mal à réaliser la portée de cette phrase de Jésus. Pendant sa vie terrestre Jésus avait insisté sur le pardon, en nous disant : pardonnez comme le Père vous pardonne. Cette fois-ci, il dit presque l’inverse … Non pas de ne pas pardonner, au contraire ! Mais il dit le Père pardonnera ce que vous aurez pardonné ! Ce n’est plus tant l’homme qui doit imiter Dieu, c’est Dieu qui s’en remet à l’homme. Jésus ne dit plus faites ce que Dieu fait, il dit Dieu fera ce que vous ferez.

Cet aspect du mystère pascal, n’est sans doute pas celui dont nous sommes le plus conscient. Dans la nuit de Pâques brille la lumière du Christ, et cette lumière éclaire le passé et l’avenir. Il éclaire le passé – et j’espère que nous en sommes tous bien convaincus – en nous révélant que Jésus n’était pas seulement un homme de Dieu, mais qu’il était Dieu fait homme. La résurrection du Christ est la clé de notre foi : c’est le sommet de la révélation, c’est notre raison de croire en la divinité de Jésus. A la lumière de Pâques nous découvrons que de l’Annonciation jusqu’au Vendredi Saint, Dieu a habité parmi nous. Voilà la lumière de Pâques sur le passé. Mais cette lumière éclaire aussi le futur : à partir de ce moment, Dieu n’est plus séparé des hommes, il s’en remet à nous. Par l’Esprit-Saint, le Seigneur nous confie sa parole et sa mission. Par sa vie, Jésus nous a montré que la condition humaine n’est pas incompatible avec la vie divine, à Pâques, il nous invite à vivre ce qu’il a vécu. La mission des chrétiens continue et prolonge la mission du Christ.

Désormais la parole de Dieu ne sera plus prononcée par Jésus, elle sera témoignée par les chrétiens ; l’œuvre de Dieu ne sera plus accomplie par Jésus, elle sera faite par l’Église ; la miséricorde de Dieu ne sera plus manifestée par le Christ, c’est à nous qu’elle est confiée pour que nous la vivions et que nous l’incarnions. On ne peut pas entrer dans le mystère de Pâques en simple spectateur. Face au Christ ressuscité, nous sommes poussés par l’Esprit pour faire retentir l’Évangile jusqu’au bout de nos vies. Voilà pourquoi celui qui croit n’est pas seulement celui qui a vu, mais il est surtout celui qui vit au nom de Jésus. Ainsi, comme nous le rappelait les actes des apôtres, Pierre agit comme le Christ agissait. Ainsi, dans l’Apocalypse comme dans l’Évangile, Jean écrit ce qu’il a vu et vécu pour que nous puissions y prendre part.

En ce dimanche de la miséricorde qui marque le soir du grand jour de Pâques, entendons cette parole qui nous est adressée, acceptons cette mission qui nous est confiée, accueillons cette responsabilité qui nous est remise. Nous avons reçu l’Esprit Saint pour le pardon des péchés et pour chasser les esprits mauvais, ouvrons toujours plus nos cœurs et nos vies au don de Dieu pour emprunter le chemin qui s’ouvre au soir du premier jour de la semaine.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous accompagne et nous soutienne. Elle qui est l’Etoile du matin, la Demeure de l’Esprit Saint et la Mère de miséricorde, que son exemple nous encourage, que sa présence nous éclaire, que sa prière nous garde fidèles à la foi du baptême et à l’esprit de notre confirmation. Ainsi nous pourrons devenir ce que nous recevons, ainsi nous pourrons témoigner : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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Vivre à la hauteur de Dieu

20 Avril 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

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Dimanche de la Résurrection - messe du Jour

Ac 10,34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9

Le premier jour de la semaine, de grand matin, comme nous le savons, Jésus était ressuscité. Mais Marie Madeleine ne le savait pas, et quand elle s’aperçoit que la pierre du tombeau a été enlevé, elle s’affole : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau ». Alors Pierre et l’autre disciples vont voir ce qui se passe. Dans le tombeau vide, il y avait bien quelques indices : les linges posés à plat, le suaire roulé à part à sa place … si l’on avait déplacé le corps, on n’aurait pas laissé les choses comme ça. Mais c’est en rapprochant ce qu’ils voyaient de ce qu’ils avaient entendu dans les Écritures, qu’enfin ils comprirent que Jésus était ressuscité.

C’est une bonne nouvelle, bien sûr … mais à quoi cela va-t-il leur servir ? Peut-être auront-ils un peu moins peur, mais tant qu’ils ne l’ont pas rencontré, tant qu’ils ne l’auront pas retrouvé cela reste une idée un peu abstraite, pas très utile. D’ailleurs, lorsque Pierre raconte l’histoire, quelques années après à Césarée chez le centurion de l’armée romaine, ce qu’il retient c’est qu’ils ont pu manger et boire avec lui après sa résurrection d’entre les morts.

En vérité, fêter la résurrection du Christ n’a de sens que si l’on est concerné. Or justement, nous sommes concernés. Par notre baptême, nous sommes ressuscités avec lui et, comme le rappelait Saint Paul, cela nous invite à rechercher les choses d’en haut, à penser aux réalités d’en haut. Le baptême n’est pas une tradition familiale ou une affirmation identitaire, le baptême est la porte pour vivre à la hauteur de Dieu.

Vivre à la hauteur de Dieu, c’est déjà ne pas se limiter au monde que l’on voit. C’est reconnaître la présence et l’action du Seigneur dans notre vie. Le considérer comme l’un des protagonistes de notre histoire. Dans les joies comme dans les peines, Dieu est là – non pas comme celui qui provoque, mais comme celui qui accompagne. Il y a souvent deux manières de vivre : on peut vivre selon la logique de la terre, avec des calculs, des stratégies, des processus … qui normalement sont efficaces, mais qui ne suffisent pas à nous épanouir, parce que nous sommes appelés à vivre selon la logique du ciel, dans la confiance et la vérité, dans la justice et le don de soi. La résurrection du Christ nous apprend que si la logique de la terre a pour horizon la mort, la logique du ciel a pour horizon la vie.

Vivre à la hauteur de Dieu, c’est encore entrer dans le regard de Dieu, sur le monde, sur les autres et sur nous. Et Jésus nous a prouvé que le Seigneur nous aimait, qu’il était bienveillant et qu’il nous estimait au point de donner sa vie pour nous. Non pas pour que nous fassions n’importe quoi, mais pour que nous fassions de grandes choses. Ce qui nous grandit ce n’est pas la mesquinerie mais la générosité, ce n’est pas la rancune mais le pardon, ce n’est pas l’orgueil mais le dévouement. Et si l’on accepte de se regarder soi-même avec les yeux de Dieu, on pourra alors aussi regarder les autres avec les yeux de Dieu pour aimer ce qu’il y a d’aimable en eux ; et l’on pourra regarder le monde avec les yeux de Dieu pour reconnaître ce qui nous est confié et en prendre soin. Croire au Christ, c’est croire en sa Résurrection, et si nous recevons par son nom le pardon des péchés, c’est pour que nous puissions, malgré nos limites œuvrer à construire un monde selon le cœur de Dieu.

Vivre à la hauteur de Dieu, c’est enfin vivre au rythme de l’éternité. « Quand paraîtra le Christ votre vie, vous paraîtrez avec lui dans la gloire » disait Saint Paul. Nous savons bien que ce qui dure vaut mieux que ce qui passe. Et c’est à cela que nous aspirons parce que c’est à cela que nous sommes destinés. La résurrection du Christ nous montre que la vie divine est toujours devant nous, non pas comme la carotte qui fait avancer l’âne, mais comme le but de notre vie, ce qui la guide et ce qui lui donne sens. Dans le baptême nous avons reçu l’Esprit Saint pour que notre cœur batte au rythme du cœur de Dieu, pour que nous désirions le bonheur plutôt que le plaisir, pour que les épreuves ne nous abattent pas mais nous fortifient, pour que nous prenions l’habitude de la vie éternelle.

Pâques est une grande fête, puisque nous célébrons la Résurrection du Christ, non pas pour nous émerveiller d’un spectacle éblouissant, mais pour plonger résolument dans une aventure qui nous entraîne à vivre à la hauteur de Dieu dans la foi qui fait voir l’invisible, dans la charité qui fait participer du cœur de Dieu, dans l’espérance qui conduit à la vie éternelle.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du ciel qu’elle ouvre nos yeux à la présence du Seigneur ; Mère du Bel amour qu’elle ouvre nos cœurs à sa tendresse ; Reine des cieux qu’elle ouvre nos vies à l’éternité pour que nous puissions, nous aussi, être témoins de cette bonne nouvelle de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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Jésus a porté le poids du péché

18 Avril 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

VEST

Vendredi Saint - Office de la Passion

Is 52,13-53,12 ; Ps 30 ; He 4,14-16 ; 5,7-9 ; Jn 18,1-19,42

Nous voilà au soir du vendredi saint, devant la croix. Ce soir, les paroles du prophète résonnent pour nous : le serviteur de Dieu a souffert pour les pécheurs, il s’est chargé de leurs fautes. Sans l’avoir mérité, il a pris sur lui le poids du péché, pour que ceux qui ont commis le péché ne portent pas la charge qui les écraserait. Ce soir, les paroles de l’apôtre éclairent le mystère : Jésus est le grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Il a subi l’épreuve sans compromission. Ce soir, nous sommes devant le cœur du mystère pascal : Jésus nous sauve en se chargeant de ce qui nous enferme. Et tout au long de la passion selon saint Jean, il est frappant de noter l’attitude de Jésus, comme une sorte de majesté qui triomphe de l’épreuve sans la fuir.

Dans le jardin au-delà du Cédron, quand Jésus est arrêté, il ne se dérobe pas. Il y a quelque chose de majestueux dans sa réponse à l’interpellation des gardes : « c’est moi ». Ce sont les mots de Dieu à Moïse au cœur du buisson ardent « je suis ». Jésus porte le poids des actions. La trahison lui fait porter le fardeau de ce qu’un autre a fait, mais il ne veut pas que ses apôtres subissent les conséquences de ce qui lui arrive : « laissez-les partir », dit-il aux soldats. C’est l’attitude du responsable, qui refuse la lâcheté du coupable rejetant sa faute sur d’autres, comme dans le jardin des origines où chacun renvoyait à un autre la responsabilité du péché.

Devant Hanne, le grand prêtre de cette année-là, alors que Pierre renie son maître, alors que pérorent les accusateurs, Jésus porte le poids des paroles. « Si j’ai mal parlé, montre ce qu’ai dit de mal, mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? ». Dans les discours du procès qui se parent d’artifices et de faux fuyants pour atteindre un but inavoué, les mots de Jésus transparaissent de vérité et de simplicité. C’est l’attitude du témoin qui reste fidèle, qui respecte le message dont il est chargé, alors que le flatteur manipule ce qui est dit pour son propre intérêt.

Face à Pilate, l’attitude de Jésus reste souveraine. Ses réponses comme son silence viennent briser toutes les manœuvres, les marécages du jeu politique. « C’est toi qui le dit ». Jésus place le gouverneur romain face à son inconséquence, face à ses craintes, face à son impuissance. Jésus porte alors le poids des relations. Par son humilité il subit les conséquences d’un jeu subtil d’intérêts considérés comme supérieurs. Sans compromission, Jésus reste fidèle à ce qu’il est.

Enfin, sur la Croix, Jésus confie sa mère au disciple et le disciple à sa mère : « voici ton fils », « voici ta mère ». Il porte le poids des affections et des sentiments. Dans la pureté d’un cœur qui aime, Jésus ne se lamente pas sur lui-même, il porte le souci de ceux qu’il aime, s’oubliant lui-même pour prendre soin des autres. Au contraire de l’égoïste, Jésus manifeste la générosité de la sollicitude qui ne désire pas pour soi-même.

A chaque moment de sa Passion, Jésus porte le poids du péché. Sans faiblir. Trahi, il ne trahit pas, moqué il ne répond pas, humilié il ne se révolte pas, lié à la croix il continue de donner. Jésus a porté le poids des actions mauvaises, des paroles fausses, des relations compliquées, des sentiments mal maitrisés. Par la responsabilité, le témoignage, l’humilité, et la sollicitude il traverse l’épreuve en vainqueur. Et quand tout est accompli, dans l’obéissance à la volonté de Dieu, inclinant la tête il remit l’esprit.

Ce soir, comme le disciple bien aimé, tenons-nous au pied de la Croix. Avec la Vierge Marie, Stabat Mater dolorosa, contemplons « le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi »

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Viens dehors !

6 Avril 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

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5° dimanche de carême - Année A 

Ez 37,12-14 ; Ps 129 ; Ro 8,8-11 ; Jn 11,1-45

« Lazare, viens dehors ». Puisque la résurrection de Lazare préfigure le mystère de Pâques, on peut penser que ces mots sont le modèle de tout appel chrétien. A chacun de nous, à chaque moment de notre histoire, le Seigneur adresse cet appel à sortir de l’obscurité des tombeaux pour venir à la lumière de la vie. Lumière de la vie éternelle par le baptême, lumière de l’amour par le mariage, lumière de la paix par le pardon, lumière du service par l’engagement, lumière du mystère par la consécration religieuse … d’une manière ou d’une autre l’appel de Dieu est un appel à « venir dehors ». Mais pour répondre à cet appel, Lazare a dû dépasser trois obstacles qui nous aideront à mieux comprendre comment répondre nous-mêmes aux appels de Dieu.

Le premier obstacle, c’est la pierre roulée devant le tombeau. Ce n’est pas forcément l’obstacle le plus difficile, mais c’est le plus évident. C’est pourquoi, avant toute chose, Jésus demande qu’on enlève la pierre. Évidemment Marthe doute : à quoi bon ? « Il sent déjà, c’est le quatrième jour qu’il est là ». Alors Jésus répond « Si tu crois tu verras la gloire de Dieu ». Pour que l’appel de Dieu soit possible, il faut donc un acte de foi. Est-ce que nous faisons confiance à l’Évangile ? Est-ce que nous croyons que la vie chrétienne est possible aujourd’hui ? Que le mariage selon le cœur de Dieu est possible aujourd’hui ? Que l’engagement et le témoignage sont possibles aujourd’hui ? Si nous ne faisons pas un acte de foi, si nous ne faisons pas confiance à l’Évangile, Dieu pourra toujours appeler, personne ne pourra répondre ! Car il ne s’agit pas que de nous : ce n’est pas Lazare qui bouge la pierre, ce sont les autres. C’est notre foi qui rend possible l’appel de Dieu pour les autres. C’est vrai pour la foi des parents et la vocation des enfants, mais aussi pour les conjoints, pour les amis, pour la paroisse : si nous ne vivons pas dans un climat de foi, ceux qui nous entourent ne pourront pas répondre à l’appel du Seigneur.

Une fois le tombeau ouvert, il y a tout de même un deuxième obstacle qui paraît insurmontable : la mort. Si Lazare est mort, il ne peut pas entendre la voix de Jésus. C’est là qu’il ne faut pas hésiter à réfléchir : puisque Lazare va entendre la voix de Jésus, c’est qu’il est déjà ressuscité quand le Seigneur l’appelle. Au passage, ça explique les paroles de Jésus : « Je te rends grâce parce que tu m’as exaucé ». Ainsi la grâce de Dieu précède son appel pour que nous puissions y répondre. On se découvre capable de faire ce que Dieu nous demande. Les charismes, les dons de l’Esprit que l’on reçoit personnellement pour le bien de tous, nous disposent à ce que Dieu attend de nous. Ils nous invitent à sortir de l’enfermement du confort pour répondre à l’appel du Seigneur. Dieu ne nous demande rien d’impossible, il nous donne les moyens de faire ce qu’il attend de nous. C’est pourquoi saint Paul rappelle aux Romains : « l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous ». C’est en reconnaissant la grâce de Dieu que nous pouvons accepter de répondre à l’appel, et l’appel révèle la grâce de Dieu. Si nous hésitons à répondre à un appel, si nous trouvons difficile ce que Dieu nous demande, souvenons-nous que Dieu n’appelle pas sans donner les moyens de la mission.

Et Lazare sort. Péniblement. Il ne va pas très loin, puisqu’il a les pieds et les mains liées et un suaire sur le visage. C’est le troisième obstacle : les bandelettes qui n’empêchent pas mais qui rendent difficile la réponse et nous limitent. Ce troisième obstacle est levé par ceux qui nous entourent et qui répondent eux aussi à l’appel du Seigneur. Pour que notre vocation s’épanouisse, pour que l’appel de Dieu se déploie, nous avons besoin de l’Église. Ce qui nous en éloigne ne vient pas de Dieu. Si nous ne restons pas dans l’Église, nos projets et nos engagements restent limités. Il faut se libérer des bandelettes de l’égoïsme, de la fatigue ou de l’orgueil qui entravent et diminuent l’enthousiasme. Coupé de l’Église le service devient pouvoir ; l’engagement devient vanité ; l’étude devient idéologie. Nous ne pouvons pleinement accomplir l’œuvre de Dieu qu’en restant au cœur de l’Église : ce n’est pas seul mais ensemble que l’on répond à l’appel du Seigneur.

Aujourd’hui encore retentit pour nous l’appel du Seigneur « viens dehors » ! Pour l’accueillir nous devons réaliser que cet appel est permis par la foi, qu’il est précédé par la grâce et qu’il se déploie dans l’Église.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Vierge fidèle qu’elle fortifie notre foi pour que résonne en nous l’appel de Pâques. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à reconnaître les grâces qui nous sont confiées pour répondre à notre mission. Mère de l’Église qu’elle nous garde au cœur du peuple de Dieu pour que s’accomplissent en nous les promesses et resplendisse la gloire à laquelle le Seigneur nous appelle, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Complicité, absolution ou seconde chance

6 Avril 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

5CAC

5° Dimanche de Carême - Année C

Is 43, 16-21 ; Ps 125 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11

« Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre » … cette phrase de Jésus devant la femme adultère est devenue proverbiale. Il est vrai qu’elle est proprement géniale, et que Jésus a trouvé là un moyen extraordinaire de sortir du piège qui lui était tendu par les pharisiens. Pourtant on pourrait la comprendre de travers. Par exemple en faire la justification d’un système mafieux : puisque tout le monde a quelque chose à se reprocher, tout le monde ferme les yeux …. On imagine bien que ça n’est pas ça que Jésus veut nous dire. Reprenons le texte pour mieux le comprendre.

Jésus est en train d’enseigner, et voilà que les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en plein adultère. C’est un péché grave – très grave puisqu’il est puni de mort et d’une mort assez pénible : la lapidation. Ce n’est pas le lieu ici de reprendre ici tout l’enseignement de Jésus sur le mariage, mais – même si notre temps semble assez tolérant à l’adultère – ça reste un péché grave. Au premier temps de l’église c’était même, avec le meurtre et l’apostasie un cas d’exclusion de la communauté chrétienne. Mais revenons à la femme de l’évangile. Cette femme a été prise en flagrant délit … Le cas est on ne peut plus clair ! Pourquoi l’amène-t-on à Jésus ? C’est parce qu’on veut le piéger pour pouvoir l’accuser. La préoccupation des scribes et des pharisiens, ça n’est pas la justice, ça n’est pas la loi, c’est de piéger Jésus. La femme n’est pas importante pour eux, elle n’est qu’un prétexte. A leurs yeux elle est déjà morte : c’est Jésus qui les intéresse, c’est lui qu’ils veulent accuser.

On sait que Jésus connaissait les pensées du cœur. Il a saisi le piège, évidemment. Que fait-il ? Il se baisse et regarde ailleurs, traçant des traits sur le sol. On a beaucoup glosé sur cette attitude. Des générations de chrétiens se sont demandé ce que Jésus avait bien pu dessiner ! En fait, on peut tout simplement penser qu’il détourne son regard. Il ne veut pas voir la scène, il ne veut pas voir cette haine des accusateurs, cette femme déjà condamnée et instrumentalisée. Cette scène me fait penser à la magnifique représentation du Christ aux outrages peint par Fra Angelico au couvent San Marco à Florence. Le Christ est frappé, moqué, humilié. Il a un bandeau sur les yeux et le dessin du peintre est si fin qu’on devine, que sous le bandeau, Jésus ferme les yeux.

Mais les autres insistent. Même si Dieu ne veut pas voir le mal, il ne peut pas y échapper, et cela nous annonce déjà le temps de la Passion. Alors Jésus prononce la fameuse phrase « celui qui n’a jamais péché, qu’il lance la première pierre ». Ce n’est pas une absolution, c’est une accusation. Les accusateurs se retrouvent accusés, d’une accusation implacable, qui vient de Dieu et à laquelle personne ne peut échapper. Alors ils s’en vont, l’un après l’autre en commençant par les plus âgés – malicieuse remarque de l’évangéliste dont feraient bien de se rappeler ceux qui se trouvent trop vieux pour pécher … surtout quand il y a un soupçon de nostalgie dans cette affirmation !

Alors Jésus se relève, cette fois-ci il peut regarder la femme. Elle porte toujours le poids du péché qu’elle a commis, mais elle n’est plus condamnée d’avance. Elle est redevenue une vivante, une femme, pécheresse certes, mais vivante. Personne ne t’a condamnée ? Moi non plus je ne te condamne pas. Ce n’est pas non plus une absolution, comme celle que nous recevons dans le sacrement. C’est un sursis, une deuxième chance. Jésus retarde le moment du jugement pour lui laisser le temps de se repentir. Il ne dit pas « va en paix » mais « va et désormais ne pèche plus ». Il n’y a aucune complicité ni aucune complaisance dans le péché, il y a juste une libération, une porte qui s’ouvre à nouveau là où tout semblait terminé, une vie nouvelle qui est permise au-delà de la mort annoncée. Et c’est bien ça le cœur de la fête de Pâques qui approche maintenant. C’est ce que le Christ nous permet par sa résurrection.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole, à nous laisser toucher par cet évangile. Elle qui est le Refuge des pécheurs, qu’elle nous obtienne un temps de grâce pour nous convertir, pour nous ouvrir plus pleinement à la vie divine. Elle qui est la Porte du Ciel, qu’elle nous montre le chemin de la justice, non pas la justice de la loi, mais la justice de la foi. Elle qui est la Mère de miséricorde qu’elle nous montre comment aimer selon le cœur de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles

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