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Trois détails intrigants

30 Mars 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

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4° Dimanche de Carême - Année C

Jos 5, 10-12 ; Ps 33 (34) ; 2 Co 5,17-21 ; Lc 15, 1-3.11-32

Quel merveilleux texte que cet évangile du fils prodigue ! Une de ces perles de l’évangile que l’on aime à lire et relire. Un texte facile à comprendre, agréable à entendre. La joie du Père comme fruit de la conversion du fils, n’est-ce pas merveilleux ? Mais c’est aussi un véritable calvaire pour le prédicateur qui se demande bien ce qu’il va pouvoir dire de plus sur le sujet ! Je relisais studieusement le texte lorsque je me suis aperçu qu’il y avait au moins trois détails intrigants qui méritent qu’on l’on approfondisse notre méditation.

Tout d’abord, la situation du fils, pendant la famine. Il va se faire embaucher chez un homme d’un pays lointain, mais personne ne lui donne rien. Quel type d’employeur est cet homme qui ne paye pas, au moins modestement, ceux qui sont à son service ? On ne lui donne même pas les gousses que mangent les cochons ? Même les esclaves reçoivent le minimum pour survivre ! La situation est l’image du péché. Après avoir gaspillé son argent, donc profité sans peiner ; voici que le jeune fils se fait exploiter de la manière la plus inique qui soit : il peine sans profiter. Et c’est finalement un bon résumé de la logique du péché : séparer l’effort du plaisir, de sorte qu’après un plaisir sans effort, survient un effort sans plaisir. Il n’y a rien d’étonnant à ce que, du fond de son malheur, le fils se souvienne de son père qui, lui, est un maître juste, rétribuant abondamment ses ouvriers.

Ensuite il y a la réaction du père à l’arrivée de ce fils. Oh bien sûr vous allez me dire que c’est très beau, et très émouvant. Mais il y a une expression qu’on ne remarque pas et qui est pourtant essentielle. « Son père l’aperçut et fut saisi de compassion ». Le mot grec est fort, c’est aussi celui qui est utilisé pour décrire l’attitude de Jésus devant la foule comme des brebis sans berger. On peut le traduire par « remué aux entrailles ». On imagine bien que le fils ne devait pas être en grande tenue. Il n’avait même plus de chaussure, puisque son père demande qu’on lui en donne. S’il allait pieds nus, son vêtement étant sans doute peu reluisant, et il n’avait certainement plus aucun bijou. Alors on comprend que le cœur du père se brise en voyant son fils dans cet état. Il s’agit bien ici de la miséricorde au sens fort du terme, du cœur brisé qui prend pitié, comme nous-mêmes nous implorons « Seigneur, prends pitié ».

Enfin il y a un troisième détail sur lequel on passe généralement. C’est l’expression du père au fils aîné lorsqu’il sort pour le convaincre de rentrer. « Il fallait festoyer et se réjouir ». C’est rare que la fête soit un devoir ! Le premier à parler de festoyer, c’est le fils aîné, qui regrette de n’avoir pas festoyé avec ses amis. Sans doute y a-t-il de l’amertume dans sa remarque, mais rien d’essentiel ne lui manque ; tandis que le père considère comme une obligation de festoyer pour le retour de son fils. Pourquoi ? « Parce qu’il est revenu à la vie », « parce qu’il est retrouvé ». C’est en quelque sorte la réponse de Jésus aux récriminations des scribes et des pharisiens, comme s’il demandait : « que faut-il faire lorsqu’un pécheur revient ? ». Pour Dieu, c’est tellement important qu’il faut s’en réjouir, comme on se réjouit de la naissance d’un enfant, comme on se réjouit de retrouver ce qui était perdu. Que la compassion conduise à la joie en dit long sur le cœur de Dieu.

Ainsi, les trois détails forment comme une progression pour découvrir le visage de Dieu. C’est d’abord un père juste qui n’embauche pas des serviteurs sans rien leur donner pour survivre. C’est ensuite un père au cœur tendre qui se laisse émouvoir par la misère du pécheur. C’est enfin un père fidèle et aimant qui se réjouit du retour du fils perdu, de la renaissance du fils qui était mort. Ces trois détails balisent aussi l’itinéraire de conversion auquel nous sommes appelés. Il faut commencer par réaliser l’injustice du péché se présentant sous l’aspect séduisant de l’insouciance qui profite sans effort mais conduit à l’esclavage de l’effort sans profit. Il faut ensuite accepter de se présenter dans l’humilité de notre misère devant Dieu qui balaye les orgueilleux mais se laisse saisir de compassion. Alors nous pourrons nous laisser revêtir par le Christ, pour entrer dans la joie du Père au festin du Royaume.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à détester l’injustice et à déjouer les pièges de la tentation. Mère de Miséricorde, qu’elle nous montre le chemin de la conversion et de l’humilité. Porte du Ciel qu’elle nous accompagne jusqu’à la joie du salut pour que nous puissions entrer dans la demeure de Dieu et partager le Repas du Seigneur pour les siècles des siècles.

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Les pièges de la culpabilité

30 Mars 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

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4° Dimanche de Carême - Année A

1 S 16, 1.6-7. 10-13a ; Ps 22 ; Ep 5,8-14 ; Jn 9,1-41

Dans la préparation au baptême, et donc dans notre marche vers Pâques, après la Samaritaine et le signe de l’eau, voici que l’évangile de l’aveugle-né évoque le signe de la lumière. « Je suis la lumière du monde » dit Jésus, et les textes parlent de voir, du regard qui va au-delà des apparences comme dans la mission de Samuel, mais aussi des ténèbres qui dissimulent le péché comme dans la deuxième lecture. Le terme de scrutin qui désigne la démarche que vivent les catéchumènes, signifie de se laisser scruter par la parole de Dieu. S’agit-il alors d’une étape où l’on doit reconnaître ses péchés ? Sans doute, mais pas seulement. On a beaucoup reproché au christianisme d’encourager la culpabilité. En vérité l’évangile que nous venons d’entendre nous aide au contraire à démasquer les pièges de la culpabilité.

Le premier piège, c’est la culpabilité fausse. Devant la misère de l’homme qui se tenait à la sortie du Temple, les disciples demandent : « qui a péché, lui ou ses parents ? » et les pharisiens l’accusent « tu es dans le péché depuis ta naissance ». Mais Jésus prend le contrepied de cette idée que la souffrance serait une punition. Bien sûr, il arrive que la faute entraine la souffrance, mais ce n’est pas toujours le cas ! On est responsable de ce que l’on a fait de mal, pas de ce que l’on subit. Et pourtant il y a, hélas, des situations où l’on peut se sentir coupable, alors qu’on ne l’est pas … et elles sont souvent dramatiquement douloureuses. Cela peut paraître rassurant d’expliquer une souffrance, mais le plus souvent c’est piège qui prétend justifier ce qui est injuste. Pour sortir de la culpabilité fausse, il ne faut pas laisser les seules émotions éclairer notre vie. La lumière, c’est le Christ et jamais il ne nous a demandé de nous charger des fautes que nous n’avons pas commises !

Mais pour éviter le premier piège, on peut tomber dans un deuxième piège : la culpabilité refusée. On passe de la remarque « nous ne sommes pas toujours coupables » à la prétention « nous ne sommes jamais coupables ». C’est d’ailleurs ce que reproche Jésus aux pharisiens : « parce que vous dites : Nous voyons, votre péché demeure ». On n’est pas dans un monde en noir et blanc : on n’est pas soit saint, soit pécheur. Un proverbe dit qu’un saint pèche sept fois par jour ! Il faut accepter que nous n’ayons pas toujours raison, il faut accepter que nous ne fassions pas toujours ce qu’il faudrait. La culpabilité refusée n’est pas une solution, parce qu’elle empêche de changer ce qui devrait l’être. Elle est d’ailleurs souvent illusoire parce qu’on ne résout pas un problème en l’ignorant. Celui qui n’a rien à se reprocher se trompe sur lui-même. Il faut accepter que la parole de Dieu nous montre nos insuffisances et nos erreurs.

C’est alors que peut survenir un troisième piège : la culpabilité envahissante, celle qui nous paralyse. L’œil dans la tombe qui regardait Caïn, comme disait Victor Hugo. C’est la culpabilité qui confond ce que nous avons fait et ce que nous sommes. Et c’est encore injuste. La lumière du Christ n’est pas un projecteur qui se focaliserait sur nos manquements, c’est un soleil qui éclaire tout, les bons comme les méchants, ce que nous avons fait de mal comme ce que nous avons fait de bien, et surtout ce qu’il nous propose. Le signe qu’il y a un piège à la culpabilité, c’est qu’il n’y a pas d’espérance. Quand Jésus s’adresse à l’aveugle-né, il lui ouvre toujours un avenir : « va te laver », « crois-tu ? ». Il n’est pas un juge, mais un passeur qui permet d’agir. Si la culpabilité envahissante enferme dans le passé, le Christ nous relève et sa miséricorde nous illumine. On se trompe quand on parle de péché sans pardon, comme on se trompe quand on parle de pardon sans péché.

Laissons la Parole de Dieu éclairer nos vies. Elle nous détourne de la culpabilité fausse, elle nous apprend à sortir de la culpabilité refusée, elle nous libère de la culpabilité envahissante. La lumière du Christ nous montre le chemin de la vérité, de la conversion et de la vie éternelle.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des Affligés, Refuge des pécheurs et Mère de miséricorde qu’elle fasse resplendir dans nos cœurs et dans vies la splendeur du Salut, pour que guidés par l’évangile nous puissions avancer dans l’espérance et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Ce que déplace la rencontre

23 Mars 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

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3* Dimanche de Carême - Année A

Ex 17,3-7 ; Ps 94 ; Rm 5,1-2.5-8 ; Jn 4,5-42

Depuis les temps les plus anciens, l’évangile de la Samaritaine accompagne ceux qui se préparent au baptême. Avec le récit de l’aveugle né et celui de la Résurrection de Lazare, il forme un itinéraire pour disposer nos cœurs à accueillir le mystère de Pâques. Puisque nous serons bientôt à la moitié du carême, il est temps de vérifier que nous sommes bien en marche. Tout commence donc par la rencontre avec le Seigneur. C’est une rencontre qui change la vie. Pour la femme de Samarie, on peut souligner trois choses qui se déplacent, trois conversions.

D’abord il y a une conversion du désir. Lorsque Jésus parle de l'eau vive, elle en voit tout de suite l'intérêt : ne plus avoir soif ce qui lui permettra de ne plus devoir venir au puits. Peut-être imagine-t-elle une source magique comme à Rephidim. Son premier désir est un désir de confort matériel. Mais c’est un désir égoïste. Ça n'est possible que si elle vit toute seule ! Ceux qui vivent avec elle, ceux qui viennent la visiter, comment boiront-ils si elle ne va plus puiser de l'eau ? Aussi Jésus l’interpelle alors sur sa situation affective : « Appelle ton mari ». Elle comprend alors qu’il peut répondre à un autre désir, plus profond et plus important : le désir spirituel : où faut-il adorer ? C’est une belle demande que de chercher à savoir comment rencontrer Dieu de manière authentique ! Le premier déplacement c’est de passer d’un désir matériel à un désir spirituel.

Ensuite il y a une deuxième conversion : celle de la prière. Elle pense que la prière est une question de lieu : faut-il prier ici ou bien là ? Mais Jésus lui répond que ce qui est important ce n’est pas le lieu mais la manière : adorer en esprit et en vérité, parce que Dieu est esprit. On ne fait assez attention à ce déplacement. On pense que la prière est une démarche que nous faisons vis-à-vis de Dieu. C’est vrai, c’est bien. Mais Jésus dévoile une autre manière de prier : la prière qui vient de Dieu. Saint Paul expliquait : c’est Jésus qui nous donne la grâce, c’est l’Esprit Saint qui nous donne l’amour. Nous sommes invités à passer d’une prière qui donne à une prière qui reçoit, d’une prière qui dépend de nous à une prière qui dépend de Dieu.

Alors il y a une troisième conversion : celle des relations. La femme était sans doute assez isolée. Les pères disent que si elle vient à midi au puits, à l’heure la plus chaude, c’est pour éviter de rencontrer les autres femmes du village. Mais elle laisse sa cruche pour aller trouver les gens et pour témoigner : « venez voir ». Elle ne garde pas ce qu’elle a découvert pour elle, elle le partage. Une eau ne reste vive que si elle jaillit, si elle se répand. Si elle reste enfermée, elle croupit et meurt. Le troisième déplacement que provoque la rencontre avec Jésus c’est de nous tourner vers les autres : le Seigneur ne nous isole pas, il nous envoie et nous invite au partage.

Ainsi le chemin vers Pâques implique trois déplacements : passer du désir matériel au désir spirituel. C’est pourquoi le carême nous invite au jeûne et à la sobriété, pour sortir du confort et s’attacher au Seigneur. Passer aussi d’une prière qui dépend de nous à une prière qui dépend de Dieu. C’est pourquoi le carême nous invite à prendre plus de temps pour être présent à la présence. Enfin passer d’un cœur tourné vers nous à un cœur tourné vers les autres. C’est pourquoi le carême nous invite à être plus attentifs à ceux qui ont besoin de nous par le partage. Comme la samaritaine au puit de Jacob, laissons la rencontre avec le Christ, déplacer notre désir, transformer notre prière et changer nos cœurs. 

Que Notre Dame de la Mer, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous montre le don de Dieu pour que l’espérance convertisse nos désirs. Etoile du matin qu’elle nous rende attentifs à l’Amour de Dieu répandu dans nos cœurs pour que la foi convertisse notre prière. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous apprenne à laisser l’eau vive jaillir en nous pour que la charité convertisse notre cœur, et qu’ainsi nous puissions resplendir de la gloire du Christ dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Les déplacements de la Transfiguration

16 Mars 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

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2° Dimanche de Carême - Année C

Gn 15,5-12.17-18 ; Ps 26 ; Ph 3,17-4,1 ; Lc 9,28b-36

Comme chaque année, le deuxième dimanche du carême nous invite à partager l’expérience de Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration. De même qu’il leur a été donné d’entrevoir déjà ce qui se révèlera après la montée vers Jérusalem ; il nous est proposé de tourner déjà nos cœurs vers ce qui se manifeste à Pâques. C’est toujours plus facile d’avancer quand on sait où l’on va ; c’est toujours plus facile de subir les épreuves quand on sait ce qu’elles promettent … Ainsi, il est bon de se rappeler le mystère pascal pour s’engager dans le carême. Cette année nous avons entendu le récit de l’évangile de Luc qui est le seul à rapporter le sujet de la conversation entre Jésus, Moïse et Elie. « Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem ». Il est donc question de mouvement, ce qui rejoint le thème du pèlerinage que nous rappelle l’année jubilaire sur l’espérance.

Le premier déplacement pourrait paraître inaperçu, tant il est naturel. « Il gravit la montagne pour prier ». Tout commence par un effort. Ceux qui connaissent la Terre Sainte savent que le Thabor, la montagne de la Transfiguration, n’est pas une petite colline discrète. L’ascension de la montagne n’a rien d’une balade de santé. Dans l’histoire d’Abraham, il y a aussi ce premier moment de préparation du sacrifice qui suppose un effort. Partager en deux une génisse, une chèvre et un bélier n'est pas de tout repos ! Le premier mouvement c’est donc l’effort que nous faisons. Le temps de carême suppose un effort pour sortir de notre confort et de nos habitudes. Le jeûne ou les privations sont de cet ordre. « Leur dieu, c’est leur ventre » disait saint Paul à propos des ennemis de la croix du Christ. Pour contempler la Gloire de Dieu, il faut accepter d’être dérangé, de se déplacer. On ne vit pas le carême en attendant que ça passe : il faut se mettre en route, il faut décider de changer quelque chose et ce n’est pas toujours facile.

Le deuxième mouvement dont parle l’évangile, c’est le départ que Jésus allait vivre à Jérusalem. On se doute bien qu’il s’agit de sa Pâques, son passage à travers la mort jusqu’à la résurrection. C’est un déplacement d’un autre ordre : une élévation, un mouvement surnaturel. On sait que l’espérance c’est de se préparer à la gloire du ciel, de se disposer à ce mouvement que Dieu nous fera faire. « Nous avons notre citoyenneté dans les cieux » disait saint Paul. « Jésus transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux ». La deuxième dimension du carême c’est de se disposer à cette transformation en prenant un temps de prière plus conséquent. Une prière qui creuse en nous le désir de Dieu, une prière qui nous apprend à être ce que nous serons. Ce deuxième mouvement qui nous conduit à la vie éternelle, nous le recevons et nous nous y disposons. C’est Dieu qui nous le fera faire, mais nous devons y consentir.

Le troisième déplacement est inscrit en filigrane dans le récit. Alors que Pierre propose de dresser des tentes pour rester sur place et profiter du moment, l’évangéliste commente : « il ne savait pas ce qu’il disait », et la nuée qui couvre les apôtres, comme la voix qui se fait entendre nous font comprendre que ce n’est pas la bonne solution. Puisqu’il ne faut pas dresser la tente, puisqu’on ne reste pas sur place, c’est qu’il y a un troisième mouvement : la mission. Vous allez me dire que les disciples ce jour-là ont gardé le silence et que le silence est une drôle d’image de la mission ! Cela dit puisque nous lisons cette histoire, c’est bien qu’ils l’ont raconté plus tard : la mission des apôtres ne se limite pas à la descente du mont Thabor ! Ce troisième déplacement est suggéré. Il s’agit de partager ce qui a été reçu, de déployer ce qui a été vécu. C’est ce à quoi nous invite le partage du carême. On ne peut pas rencontrer le Seigneur et rester sur place. De même qu’il n’y a pas d’espérance si nous ne voulons pas ouvrir des portes vers le salut à ceux qui sont accablés par les difficultés.

La Transfiguration n’est pas la bande annonce de la gloire qui nous attend, elle est d’abord une invitation aux déplacements. Déplacement de l’effort par les privations, déplacement de la vie éternelle par la prière ; déplacement de la mission par le partage.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du ciel qu’elle nous encourage à sortir de nos habitudes pour aller vers le Seigneur. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle creuse en nous le désir de la vie éternelle. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraine dans le déploiement de ce que nous avons reçu, pour que nous puissions avancer en pèlerins de l’Espérance, et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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toutes les formes de tentations

9 Mars 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

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1° Dimanche de Carême - Année C

Dt 26,4-10 ; Ps 90 (91) ; Rm 10,8-13 ; Lc 4,1-13

« Ayant épuisé toutes les formes de tentation, le diable s’éloigna de Jésus ». Voilà une conclusion à la fois surprenante et rassurante. Surprenante parce qu’il y a tellement de tentations dans l’histoire, qu’on est étonné qu’il n’y ait que trois formes de tentations. Rassurante parce Jésus nous montre la manière de les dépasser ; et aussi que, quand le diable a épuisé ses différentes techniques, il s’éloigne – au moins pour un moment. Évidemment nous ne sommes pas le Seigneur, mais nous pouvons quand même apprendre de la parole comment faire pour résister à la tentation … Il restera ensuite à le mettre en pratique, ce qui n’est pas le plus facile, mais ça aide de savoir comment faire !

Tout d’abord il y a la tentation des pierres. Elle est le modèle de toutes les tentations liées à notre vie matérielle. Ce sont les tentations qui utilisent le désir et l’envie. On peut dire que ce sont les tentations les plus courantes. Elles procèdent de la logique « je veux, donc je peux ». Comme si nous étions tout puissants ! Comme si la vie devait nous obéir. On aura remarqué le terme utilisé par le diable : « ordonne à ces pierres ». C’est bien un verbe de pouvoir. Le mécanisme de la tentation, c’est de nous focaliser sur ce qui nous manque : on ne voit plus que ça, il n’y a plus que ça qui compte. Il s’agit de nous faire croire que nous avons besoin de ce qui nous manque. Comment Jésus y résiste-t-il ? En rappelant que « l’homme ne vit pas seulement de pain », il se recentre sur ce dont il a vraiment besoin. Pour résister à ces tentations, il faut prêter plus attention à ce qu’on a qu’à ce qui nous manque. C’est pourquoi la prière de Moïse, comme beaucoup de prières, commence par le souvenir de ce que Dieu a fait.

Ensuite il y a la tentation des royaumes. Elle est le modèle des tentations liées aux valeurs et qui surviennent au moment de nos choix : sous prétexte de poursuivre un but qui est bon, on utilise des moyens qui sont mauvais. Ce sont des tentations plus subtiles, parce qu’elles s’appuient sur la confusion et le mensonge. Qui a dit que les royaumes de la terre appartenaient au diable ? C’est lui, le prince du mensonge ! Alors que toute la Parole de Dieu dit le contraire !  Comment Jésus y résiste-t-il ? En rappelant qu’on ne se prosterne que devant Dieu, il redit le sens des choses, il redit les priorités : il n’y a rien au-dessus de Dieu. On n’arrive pas au bien en passant par le mal. Pour résister à ces tentations, il faut garder les yeux fixés sur le Seigneur, le garder à la première place de nos vies.

Enfin, il y a la tentation du Temple. C’est le modèle des tentations liées à l’esprit et à la vie spirituelle. Elles s’appuient sur des raisonnements et des arguments. Ce n’est pas pour rien que le diable cite la parole de Dieu en la déformant : il fait croire que les promesses du Seigneur nous créent des droits devant lui. Ce sont les tentations les plus dangereuses car elles sont sournoises. Pour y résister Jésus rappelle : « tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ». C’est une invitation à la foi, à la confiance inconditionnelle dans le Seigneur. On ne demande pas de preuves pour faire confiance à Dieu. Dieu n’a pas à nous obéir, c’est nous qui devons chercher à lui obéir. Saint Paul rappelait ce qu’est la foi : croire à la résurrection. Inscrire la confiance au plus profond de notre cœur. Pour résister à ces tentations, il faut accepter de faire confiance à l’évangile, sans pinailler, sans argumenter.

Les pratiques du carême sont là pour nous apprendre à résister aux tentations. Le jeûne nous invite à accepter les manques pour reconnaître ce que le Seigneur nous a donné et résister aux tentations matérielles. La prière replace la présence de Dieu au centre de notre vie pour résister aux tentations du choix. Le partage nous entraîne dans la logique et la dynamique de Dieu pour que notre cœur soit formé à donner plutôt qu’à prendre et résister aux tentations spirituelles.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Rose mystique qu’elle nous montre comment reconnaître les merveilles que le Seigneur a fait pour nous pour que le jeûne nous fortifie dans la résistance aux tentations du désir et de l’envie. Temple de l’Esprit qu’elle nous accompagne dans l’attention à la présence et à la grandeur de Dieu pour que la prière nous guide contre les tentations de la confusion et du mensonge. Humble servante du Seigneur qu’elle nous soutienne dans la foi et l’obéissance à la volonté de Dieu pour que nous évitions les tentations de l’esprit et que nous puissions célébrer d’un cœur pur le mystère pascal pour parvenir à la Pâque éternelle dans les siècles des siècles.

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Un carême d'espérance

5 Mars 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

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Mercredi des cendres

Jl 2,12-18 ; Ps 50 ; 2 Co 5,20-6,2 ; Mt 6,1-6.16-18

Aujourd’hui retentit l’appel de l’apôtre : « au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Un appel qui fait écho de la parole confiée au prophète Joël : « revenez à moi de tout votre cœur ». Une parole qui va résonner pendant quarante jours pour faire de ce temps de carême un chemin de conversion, un temps favorable pour se rapprocher du Seigneur. En cette année jubilaire, c’est une occasion privilégiée pour avancer dans l’espérance.

Le carême en effet n’est pas d’abord un exercice religieux, une case à cocher pour être un bon chrétien. C’est d’abord un temps favorable, un moment de grâce pour progresser dans notre relation à Dieu. Cette année il nous est proposé d’approfondir l’espérance. L’espérance, c’est un peu le moment où l’on regarde la carte pour se dire : « c’est là que je veux aller ». Le carême n’est-il pas le moment privilégié pour s’arrêter, pour faire le point, pour regarder non seulement le chemin parcouru mais surtout le chemin à parcourir. Les moyens habituels du carême sont ceux dont parle Jésus dans l’évangile : l’aumône, la prière et le jeûne.

La prière c’est être attentif au Père qui est présent dans le secret. C’est prendre le temps de le rejoindre, de le contempler, de l’écouter, de se laisser attirer par lui. La prière est la porte de l’espérance : elle nous montre le but de notre vie, elle nous apprend à être avec celui qui nous attend pour l’éternité. Sans la prière, l’espérance est un projet plus ou moins solide, plus ou moins précis. Prier, c’est lever les yeux vers le ciel pour que l’horizon de notre vie ne soit pas seulement la terre, les échéances prévisibles ou l’inexorable cruauté du temps. Sans la prière, nous prenons le risque d’avancer sans savoir où l’on va. Ça peut être distrayant dans une promenade, mais c’est le meilleur moyen de se perdre.

Le jeûne c’est un effort de purification. Cela peut-être de supprimer un repas, mais cela peut-être aussi de se priver de quelque chose qui nous semble essentiel et qui ne l’est pas. L’important n’est pas de se mettre en danger ou d’être abattu, mais de vérifier que nous avons vraiment besoin de ce que nous avons. Faire un effort de privation, c’est faire l’expérience que le manque nous stimule et que le désir conduit plus loin que le plaisir. Renoncer aux satisfactions immédiates, c’est apprendre la dynamique de l’espérance. Si nous avons tout, que pouvons-nous espérer ? Si nous n’avons besoin de rien, qu’est-ce que nous pouvons attendre du Seigneur ? Le jeûne éduque notre volonté pour rechercher ce qu’il nous faut plutôt que ce que nous avons.

L’aumône ou le partage c’est la trace de l’amour dans notre vie. Non pas l’amour qui prend, mais l’amour qui donne, celui qui est de Dieu et qui est Dieu. La générosité est le signe de l’espérance. D’abord parce qu’elle permet d’ouvrir à d’autres l’espoir d’un monde meilleur. Mais aussi parce qu’elle réalise ce que nous attendons. L’espérance pourrait n’être qu’une idée, on lui a même reproché parfois d’être une illusion. Mais le partage nous fait participer dès maintenant à la vie divine quand la main gauche ignore ce que fait la main droite, quand ce qui est donné, est donné pour servir à l’autre et non pas pour nous faire valoir, quand l’autre nous devient ainsi plus important que nous-mêmes.

« Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut ». Convertissons-nous et faisons confiance à l’évangile : le Seigneur attend que nous le rejoignions dans la prière ; lâchons ce à quoi nous nous agrippons pour accueillir le don de Dieu ; ouvrons nos cœurs aux dimensions du cœur de Dieu. Mettons-nous en marche pour être pèlerins d’espérance

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La Parole de Dieu ne parle pas des autres

2 Mars 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

8TOC

8° dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Si 27, 4-7 ; Ps 91 (92) ; 1 Co 15, 54-58 ; Lc 6, 39-45

Je dois vous confesser mon embarras devant l’évangile que nous venons d’entendre. En apparence, bien sûr, tout ce qui est dit ressemble à du bon sens : « chaque arbre se reconnaît à son fruit ». Qui pourrait le contester ? Sans doute y a-t-il une petite nuance sur la question des figues que l’on ne cueille pas sur les épines, mais il suffit de se rappeler que le figuier de Barbarie, à l’époque de Jésus n’était pas encore connu, puisqu’il est originaire du Mexique et qu’il ne se développera dans le bassin méditerranéen qu’au XVIème siècle. Et puis, on ne va pas pinailler pour des questions botaniques … En revanche cette histoire d’arbre et de fruit a parfois servi à ignorer ce qui n’allait pas dans des communautés sous prétexte qu’on y vivait aussi de belles choses. Comment alors comprendre l’affirmation « que jamais un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit » ?

La première ambiguïté à lever est d’abord de savoir de qui parle Jésus. De nous ou des autres ? « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? » s’agit-il de nous prévenir de ne pas choisir de mauvais guide, ou bien de nous inviter à ne pas prétendre guider les autres ? L’enseignement sur la paille et la poutre éclaire le sens de l’enseignement du Seigneur : la parole de Dieu ne parle pas des autres mais de nous ! Il s’agit bien de ne pas donner des leçons alors que nous avons à en recevoir. Si la parole de Dieu parle de nous, l’arbre et les fruits, c’est chacun de nous et non pas les autres ! Il ne s’agit pas de juger les autres à ce qu’on en voit, mais de nous évaluer nous-mêmes à ce que nous faisons.

Alors, nous sommes devant une autre ambiguïté : si nous faisons de bonnes choses, est-ce que cela signifie que nous sommes bons ? Mais si nous faisons de mauvaises choses, est-ce que nous sommes mauvais ? Quel est le fruit qui révèle notre cœur ? Cela me fait penser à une histoire toulonnaise. Lors de la visite de Louis XIV à Toulon, on raconte que le Chevalier Paul, dans son jardin – qui est aujourd’hui le jardin de la ville – avait fait placer des fruits confits sur les arbres pour faire croire aux dames de la cour qu’ils poussaient comme ça ici ! Innocente galéjade sans doute, mais qui nous avertit que parfois les fruits qu’on trouve sur les arbres ne sont pas toujours ceux qu’ils produisent ! Il ne suffit pas que nous donnions l’apparence du bien pour que nous le soyons effectivement … sans compter qu’une fleur n’est pas un fruit, et qu’il faut parfois du temps pour vérifier la bonté ou la malice de ce que nous faisons !

Il reste une dernière ambiguïté à éclaircir. « Ce que dit la bouche c’est ce qui déborde du cœur ». On pourrait croire qu’il suffit de bien parler ou de bien agir pour être bon. Mais c’est alors confondre la cause et l’effet ! Ce n’est pas parce que le fruit est bon que l’arbre l’est, c’est parce que l’arbre est bon que le fruit l’est ! Si l’on veut changer de vie, c’est sur le cœur que nous devons agir ! Nos bonnes actions ne sont pas une garantie, mais un encouragement ; nos mauvaises actions ne sont pas une condamnation mais un avertissement. Même si nous ne sommes pas encore en carême, l’évangile que nous venons d’entendre est bien une invitation à la conversion et à la garde du cœur. Jésus nous rappelle que nous sommes des disciples et non des maîtres, que quel que soit ce qui ne va pas autour de nous, c’est d’abord en nous que nous devons porter nos efforts.

Comment alors changer nos cœurs ? Saint Paul dans la deuxième lecture nous en donne le principe : être ferme et inébranlable dans notre attachement au Seigneur. Bien souvent le péché révèle un cœur qui n’est pas suffisamment tourné vers Dieu. Tout est bon pour se défaire de nos mauvaises habitudes, mais ce qui est le plus puissant, c’est de chercher à aimer d’un amour qui se donne dans la générosité et l’engagement. C’est en considérant la place de Dieu dans nos relations qu’elles s’adoucissent, c’est en préférant ce qui dure à ce qui passe que nous nous enracinons dans le Seigneur et que notre cœur trouve le trésor qui nous est promis.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Miroir de la Sainteté de Dieu, qu’elle nous garde dans l’humilité pour que nous puissions accueillir l’appel à la conversion. Refuge des pécheurs, qu’elle nous encourage à prendre une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur. Mère du Bel amour, qu’elle fasse battre nos cœurs au rythme du cœur de Dieu pour que nous puissions demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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