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Dissipons les malentendus

29 Décembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Noël

NO-SF-C

Sainte Famille de Jésus Marie et Joseph

1 S 1,20-22.24-28 ; Ps 83 ; 1 Jn 3,1-2.21-24 ; Lc 2,41-52

Le dimanche dans l’octave de Noël, on fête la Sainte Famille. C’est une manière de décliner le mystère de Noël, d’en contempler les différents aspects pour mieux en comprendre le sens. Quand Dieu se fait homme, il ne se matérialise pas d’un seul coup dans un endroit discret, à la manière des voyageurs du temps dans les séries de science-fiction. Il se fait petit enfant, un enfant qui va naître et grandir au sein d’une famille qui s’occupera de lui et lui apprendra à devenir ce qu’il est. Mais si nous voulions rêver paisiblement dans le souvenir romantique d’une scène idyllique, l’évangile de ce jour nous ramène brutalement à la réalité par le récit de Jésus parmi les docteurs de la Loi. Un épisode de la vie de la sainte famille qui sans être tragique n’en comporte pas moins son lot d’inquiétude, de tension et d’incompréhension.

Premier malentendu : alors qu’à la fin de la fête ses parents s’en retournent tranquillement chez eux, sans qu’ils s’en aperçoivent, Jésus reste à Jérusalem. Pendant toute une journée de marche, Marie et Joseph pensent que l’enfant les suit, au milieu de leurs parents et de leurs connaissances. On se doute bien que depuis douze ans Jésus ne les a pas beaucoup inquiétés. On imagine mal une enfance du Seigneur faite de frasques et de coups tordus ! Alors ils pensent naturellement que Jésus est avec eux, qu’il est là où ils sont. Eh bien non ! L’enfant n’est pas pour la famille, c’est la famille qui est pour l’enfant. Et plus largement, le Seigneur ne nous suit pas, c’est nous qui devons le suivre. Le mystère de Noël nous invite à sortir d’une vision possessive de l’amour. Cela rejoint la démarche de la mère de Samuel que nous rappelait la première lecture. Elle a reçu son enfant de Dieu, aussi accepte-t-elle de le donner au Seigneur, de ne pas le garder pour elle.

Deuxième malentendu : Marie et Joseph vont donc retourner à Jérusalem pour chercher Jésus, mais il leur faut trois jours pour le retrouver dans le Temple. Pourtant le Temple était bien visible à Jérusalem : ce n’était pas une boutique obscure cachée dans le dédale d’un quartier reculé ! Quand Jésus demande « comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? », il ne dit pas : « pourquoi m’avez-vous cherché ? je vis ma vie maintenant », il s’étonne plutôt : comment se fait-il que vous n’ayez pas d’abord pensé que je serais au Temple ? Si Marie et Joseph mettent autant de temps à retrouver Jésus, c’est qu’ils le connaissent mal ! Voilà pourquoi ils sont frappés d’étonnement, voilà pourquoi ils ne comprennent pas ce qu’il leur disait. Chacun s’étonne que l’autre ne soit pas comme il l’imaginait. Le mystère de Noël nous invite à changer notre regard les uns sur les autres. « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » disait saint Jean dans la deuxième lecture. En révélant le grand amour de Dieu, Noël propose d’aimer dans l’étonnement, même quand celui-ci vient de l’incompréhension. Il s’agit de ne pas enfermer les autres dans l’idée que nous faisons d’eux, mais de reconnaitre le mystère de Dieu en eux.

Le troisième malentendu, c’est peut-être ce que nous comprenons de cet épisode. « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » répond Jésus à ses parents. Et nous pensons que la place de Jésus est d’être au Temple. Puisqu’il est Dieu, fils de Dieu, n’est-ce pas naturel qu’il habite la demeure de Dieu parmi les hommes ? Pourtant l’évangile continue : « il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis ». Est-ce à dire que Marie et Joseph ont détourné Jésus de sa vocation ? Mais saint Luc précise bien : « il grandissait en sagesse, en taille et en grâce ». Cela nous indique qu’il est aussi chez son Père en étant dans sa famille de Nazareth. Le lieu où s’épanouit la grâce n’est pas seulement le lieu des sacrifices ou des tables de la Loi, c’est la famille. Elle est, dit le Concile Vatican II, une « église domestique ». En naissant et en grandissant au cœur d’une famille, Jésus nous invite à ne pas considérer la famille comme une structure sociale ou une valeur philosophique mais comme le lieu où se découvre et s’épanouit la présence divine.

Oui, sans doute est-il un peu surprenant que l’évangile de la Sainte Famille soit celui de Jésus parmi les docteurs, mais cela permet de dissiper quelques malentendus pour mieux accueillir le mystère de Noël. Cela nous fait comprendre que Dieu invite à aimer d’un amour qui se donne plutôt que d’un amour qui prend ; cela nous montre qu’on peut aimer dans l’étonnement même quand il est douloureux ; cela nous invite à faire de nos familles la demeure du Père pour que chacun puisse y grandir en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour qu’elle nous apprenne à aimer en cherchant plutôt qu’en supposant ; Etoile du Matin qu’elle nous montre comment accueillir le mystère en acceptant de se laisser étonner ; Temple de l’Esprit Saint qu’elle accompagne nos familles pour qu’elles puissent être toujours plus fidèles à ce que le Seigneur en attend, et qu’ainsi nous demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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La bonne nouvelle de la nuit

25 Décembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

NO-N

Messe de la Nuit de Noël

Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96) ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14

Nous voici dans la nuit de Noël, réunis par l’appel du Seigneur, pour écouter la parole de Dieu, pour recevoir le don de sa vie. Nous voici dans la nuit de Noël comme le peuple dont parlait Isaïe, ce peuple qui marchait dans les ténèbres et qui a vu se lever une grande lumière. Nous voici dans la nuit de Noël comme les bergers qui gardaient leurs troupeaux dans la région de Bethléem et qui ont vu l’ange du Seigneur leur annoncer une bonne nouvelle, « qui sera une joie pour tout le peuple ».

Quelle est cette nouvelle ? Quelle est cette lumière ? C’est d’abord la naissance d’un sauveur, c’est l’annonce d’une libération. Et là, certains commencent à décrocher. Un sauveur ? Une libération ? De quoi ? Bien sûr, ce ne sont pas les difficultés qui manquent, mais est-ce vraiment le moment d’en parler ? Ne vaut-il pas mieux, aujourd’hui oublier un peu nos misères pour profiter du charme de cette nuit ? Pourtant, obstinément, la Parole de Dieu nous invite à ne pas nous réfugier dans une parenthèse d’insouciance. Nous passerions à côté du message de Noël, si nous oubliions que le Christ est venu nous sauver. Car nous avons besoin d’un sauveur. Certains préféraient se débrouiller tout seuls et n’avoir besoin de personne ; d’autres s’efforcent de composer avec les contrariétés de la vie. Mais ni l’illusion de l’insouciance, ni la vanité de la suffisance, ni la tristesse de la résignation ne permettent de vivre le mystère de cette nuit. Dieu est venu pour nous, il est venu pour nous aider. Noël c’est d’abord une main qui se tend vers nous et que nous pouvons saisir.

Le signe de cette bonne nouvelle, est un nouveau-né, emmailloté et couché dans une mangeoire. « Un enfant nous est né, un fils nous est donné » proclamait Isaïe. Ce n’est pas la victoire d’un type sympathique qui inspire confiance ; ce n’est pas la destruction d’une prison terrifiante ou la défaite d’un tyran détesté … le signe du salut est un nouveau-né, fragile et inconnu, un petit être qui nous attendrit et nous sollicite. Noël vient casser le rêve d’une solution magique, qui arrive tout d’un coup, sans que n’ayons rien à faire. La puissance de Dieu prend du temps pour se déployer, elle ne nous écrase pas par sa force, mais se confie à notre patience et à notre fidélité. Le mystère de Noël c’est aussi ce Seigneur vulnérable et humble qui nous engage et commence à nous sauver en nous demandant de prendre soin de ce qu’il nous apporte. Dieu n’attend pas de nous que nous capitulions devant sa grandeur mais que nous le rejoignions dans son humilité.

Et voilà qu’aux paroles de l’ange se joint le chœur d’une troupe céleste innombrable pour proclamer « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». C’est en quelque sorte la conclusion de la bonne nouvelle, le prélude de la joie pour tout le peuple. Car Noël est bien la naissance du Prince de la Paix. Une paix que les nations cherchent à imposer par la force sans jamais y parvenir vraiment ; une paix entre nous qu’on paye parfois au prix de la résignation, jusqu’à ce que la situation devienne insupportable ; une paix du cœur que trop souvent on confond avec l’insensibilité. Pourtant le chant des anges nous révèle que la paix est la face terrestre de la gloire divine, et l’enfant de la crèche proclamera : « heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ». C’est le cœur du mystère de cette nuit : en se faisant petit enfant, le Christ établit la nouvelle alliance entre le ciel et la terre : il n’y a pas de paix sans Dieu, il n’y a pas de paix sans nous. Et ce que nous avons à faire, c’est renoncer aux convoitises, vivre avec justice et piété, être ardent à faire le bien, comme disait saint Paul. La Nativité du Seigneur n’est pas un spectacle romantique à contempler, c’est l’invitation à une grande et belle aventure : celle de la vie en Dieu.

Oui, aujourd’hui nous est né un sauveur, il se présente à nous comme un petit-enfant couché dans une mangeoire, il nous rejoint pour que nous le rejoignons et que la Gloire de Dieu au plus haut des cieux résonne dans la paix sur la terre aux hommes qu’il aime.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à accueillir la main que Dieu nous tend. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à prendre soin du Don de Dieu. Reine de la Paix, qu’elle nous fortifie dans l’espérance qui nous fait vivre à l’horizon de la Gloire de Dieu pour que nous demeurions en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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La parole révèle, annonce et guide

22 Décembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Avent

4AVC

4° dimanche de l'Avent - Année C

Mi 5,1-4a ; Ps 79 ; He 10, 5-10 ; Lc 1,39-45

Le temps de l’Avent, on le sait, est le temps qui nous prépare à Noël. Ce que l’on sait moins c’est l’importance de la Parole de Dieu dans la spiritualité du temps de l’Avent. Car nous sommes invités à nous préparer à Noël en nous rapprochant de la Parole, en l’écoutant plus, en la méditant mieux. L’Avent ne nous propose pas une conversion de pénitence en insistant sur le jeûne ou l’aumône, mais une conversion par la vigilance, et le premier moyen de cette vigilance c’est de redécouvrir dans la Parole les promesses du Seigneur.

Les textes que nous venons d’entendre sont pétris de cet attachement à la Parole. La prophétie de Michée qui résonne pour nous de l’arrivée des mages à Jérusalem ; la méditation de la lettre aux Hébreux qui est pratiquement un commentaire de la Parole appliquée au Christ ; l’histoire de la rencontre de Marie et Elisabeth qui fait naturellement le lien entre l’Annonciation et la Nativité. Chacun des textes nous parle de Noël, sans pour autant en décrire l’événement ou en détailler les péripéties. La Parole ne fait pas que raconter : elle révèle, elle annonce, elle guide.

La Parole révèle, comme on le voit dans la rencontre de Marie et de sa cousine. Sous l’inspiration de l’Esprit Saint, Elisabeth révèle ce qui ne se voit pas. Si l’on en croit la chronologie, il n’est pas encore très visible que Marie soit enceinte puisqu’on est quelques jours après l’Annonciation. Pourtant Elisabeth la salue comme « mère du Seigneur » et bénit « le fruit de ses entrailles ». C’est la première action de la Parole de Dieu : révéler ce qui ne se voit pas, montrer le sens de ce qui se vit. La Parole annonce aussi ce qui va arriver, comme dans la prophétie de Michée où le prophète invite à attendre ce que la situation présente ne permet pas d’espérer. La Parole guide enfin, comme le montre la méditation de la lettre aux Hébreux où le Christ témoigne « je suis venu faire ta volonté ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre ».

Mais peut-être sommes-nous plus perplexes en ce qui nous concerne. L’attente de Noël relève plutôt de la logique du calendrier : dans trois jours, ce sera la date et on voit mal ce qui pourrait l’en empêcher ! Et puis, il s’agit de fêter un anniversaire, et il n’est pas très difficile d’annoncer ce qui est arrivé, il y a deux mille ans ! Pourtant, pour nous aussi, la Parole révèle, annonce et guide.

Qu’est-ce que la Parole nous révèle ? La présence de Dieu parmi nous. Une présence qui n’est pas toujours très visible, une présence que les malheurs du temps ou les agitations de la vie ne rendent pas toujours évidente. Et pourtant, n’est-ce pas le grand mystère de Noël : Dieu est présent au milieu de nous. Alors sans attendre de mettre le santon de l’enfant Jésus dans la crèche, ne pouvons-nous pas entendre la Parole de Dieu pour être attentif à reconnaître les signes de la présence divine dans nos vies ? Par la prière nous nous rendons présents à la présence, par l’action de grâce nous reconnaissons ce qu’il a fait pour nous, par nos demandes nous aspirons à ce que soient plus clairs sa présence et son amour

Qu’est-ce que la Parole nous annonce ? La venue du Seigneur. Non pas seulement dans l’étable de Bethléem, mais aussi à la fin des temps. C’est l’un des sens de l’Avent que de nous rappeler que le Christ doit venir dans la Gloire et que toute notre vie nous rapproche de la venue du Seigneur. Alors il est important d’entendre aussi la Parole qui nous annonce l’horizon de toute choses pour être prêt à l’accueillir et le rencontrer dans la plénitude de sa gloire.

Qu’est-ce que la Parole guide ? Ce que nous faisons ou ce que nous devrions faire. Comme le Christ disant « me voici, je suis venu pour faire ta volonté », comme Marie répondant à l’ange « que tout se fasse en moi selon ta parole », la Parole de Dieu est un appel à nous rendre disponibles pour faire ce que Dieu nous demande. Il nous faut écouter la Parole pour savoir ce que le Seigneur attend de nous, il nous faut accepter de décider non pas simplement en fonction de ce qui nous fait plaisir ou de ce qui nous paraît important, mais en fonction de ce que Dieu nous dit.

Au seuil de ces derniers jours avant Noël, nous voilà donc invités à écouter la Parole, une parole qui nous révèle la présence du Seigneur, une parole qui nous annonce sa venue dans la Gloire, une parole qui guide notre vie et notre cœur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour, qu’elle nous apprenne à reconnaître celui qui nous accompagne ; Fille de Sion, qu’elle nous garde fidèles à ce que nous attendons ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende disponibles à ce que le Seigneur attend de nous pour que nous puissions demeurer en Lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Réjouir le Seigneur

15 Décembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Avent

3AVC

3° Dimanche de l'Avent - Année C

So 3,14-18a ; Is 12 ; Ph 4,4-7 ; Lc 3,10-18

Traditionnellement, pendant les temps de conversion, il y a toujours un moment plus doux, un moment qui rappelle la joie au cœur de la démarche. Pendant le carême c’est le 4ème dimanche, pendant l’Avent c’est le 3ème dimanche, c’est-à-dire aujourd’hui. Ainsi le prêtre revêt des ornements roses, pour adoucir l’austérité du violet et inviter à la joie pendant la préparation de la venue du Seigneur.

Et spontanément on pense que nous devons être joyeux de préparer les chemins du Seigneur ; que la conversion doit être joyeuse, et que la pénitence, quelque rude qu’elle soit, doit être faite dans la joie. On pense que la joie à laquelle nous invite ce dimanche est notre joie. Le prophète Sophonie ne disait-il pas : « Pousse des cris de joie » ? Saint Paul n’insistait-il pas : « soyez toujours dans la joie » ? Et c’est vrai que si la tristesse est le fruit du péché, la joie est le signe de la présence de Dieu. Il est donc juste et bon d’être dans la joie. Mais en regardant d’un peu plus près les textes, nous découvrons qu’ils nous disent aussi autre chose : « Le Seigneur ton Dieu […] aura en toi sa joie et son allégresse » ; alors quand saint Paul parle de « la joie du Seigneur », cela peut vouloir dire la joie qui vient du Seigneur, mais cela peut aussi vouloir dire la joie qu’éprouve le Seigneur. Et si la joie de ce dimanche était la joie que le Seigneur ressent à cause de nous ? Et si la conversion à laquelle nous sommes invités était de réjouir le Seigneur ?

Nous pouvons réjouir le Seigneur en agissant d’une manière qui lui plaise. C’est d’ailleurs le chemin qu’indique l’évangile à travers les conseils que Jean-Baptiste donne à ceux qui viennent le trouver : partager et être juste. N’est-ce pas ce qui réjouit le Seigneur ? Faire ce qui plait à Dieu voilà un bon guide pour notre conversion, voilà un bon signe de notre présence à Dieu. Si nous prenons conscience de la présence du Seigneur à nos côtés, si nous réalisons que le Seigneur s’intéresse à ce que nous faisons, pourquoi ne pas s’interroger sur le regard qu’il porte sur nous ? Allons-nous l’ignorer, faire ce qui nous arrange au risque de l’attrister, ou bien au contraire allons-nous nous efforcer de lui faire plaisir, de découvrir cette réalité bouleversante que nous pouvons réjouir le Seigneur ? C’est une première manière d’être dans la joie du Seigneur : faire ce qui lui plait.

Mais la joie n’est pas seulement le fruit de ce que l’on fait, elle est aussi la conséquence d’une relation de qualité. Quand on aime quelqu’un, on éprouve de la joie à le rencontrer, à être avec lui, même s’il ne fait rien de particulier. C’est une deuxième manière de réjouir le Seigneur : être ce qui lui plait. En réalisant que Dieu se réjouit de ce que nous sommes, nous pouvons pressentir tout l’amour qu’il nous porte … Si le temps de l’Avent nous invite à faire ce qui remplit de joie le Seigneur, il nous invite aussi à prendre le temps de goûter son amour, à découvrir le sourire de Dieu quand nous nous tournons vers lui, quand nous sommes présents à sa présence. Même si parfois nous avons du mal à nous supporter, il faut se rendre compte que Dieu se réjouit de ce que nous sommes ! Non pas pour nous gonfler d’orgueil, mais pour plonger dans la confiance, pour grandir dans l’amour qui répond à son amour. C’est une deuxième manière d’être dans la joie du Seigneur : être ce qui lui plait.

Il y a encore une troisième manière. Peut-être avez-vous déjà fait l’expérience d’aimer quelqu’un mais de vous dire « ça je ne peux pas le lui demander ». Si l’on accepte les limites de l’autre, dans cette réflexion il y a quand même une pointe de tristesse. C’est là que nous découvrons que la joie ne concerne pas que le passé ou le présent, mais aussi le futur. On peut donc réjouir le Seigneur non seulement par ce que l’on fait ou ce que l’on est, mais aussi par ce que l’on permet. J’aime imaginer la joie de Dieu qui regarde Marie grandir à Nazareth, et qui se dit : « voilà celle qui va me permettre de naître parmi les hommes ». C’est un troisième axe de conversion : est-ce que nous permettons ce qui plait au Seigneur ? Qu’est-ce qu’il peut nous demander ? Est-ce que nous sommes prêts à lui accorder ce qui le réjouit ?

Oui le dimanche de la joie n’est pas seulement le dimanche de notre joie, mais celui de la joie du Seigneur, le dimanche qui nous invite à réjouir le Seigneur. Rechercher la joie du Seigneur, ce n’est pas seulement un exercice psychologique pour se réjouir de ce qui vient de Dieu, mais c’est surtout une preuve de notre amour, une délicatesse de notre cœur pour découvrir cette réalité inouïe : le Seigneur aura en nous sa joie et son allégresse. N’est-ce pas ce que nous voulons faire, ce que nous voulons être et ce que nous voulons permettre ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à agir selon le cœur de Dieu pour que nos actions puissent lui plaire. Miroir de la Sainteté de Dieu, qu’elle nous façonne à la ressemblance du Seigneur pour que nous soyons toujours plus fidèles à l’image de notre créateur. Rose mystique, qu’elle nous rende disponibles à l’Esprit Saint, pour que nous puissions permettre que s’épanouisse en nous la sainteté à laquelle nous sommes appelés et qu’ainsi nous découvrions la joie de réjouir Celui qui nous attend dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Présents à la Présence

8 Décembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Avent

2AVC

2ème dimanche de l'Avent - Année C

Ba 5,1-9 ; Ps 125 ; Ph 1,4-6.8-11 ; Lc 3,1-6

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Jean, le fils de Zacharie, parcourt la région du Jourdain en proclamant un baptême de conversion. Que dit-il ? Ce que disait le prophète Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur ». Pourtant, est-ce que le Seigneur n’était pas déjà là ? N’y avait-il pas deux grands prêtres Hanne et Caïphe qui se consacraient avec zèle et diligence au service du Temple ? Le Temple n’est-il pas la demeure de Dieu parmi les hommes ? Bien sûr, nous savons que tout cela annonce l’arrivée de Jésus. Mais, à la réflexion, sous l’empereur Tibère, Jésus était déjà là, puisqu’il est né sous le règne d’Auguste, le prédécesseur de Tibère ! Comment se fait-il qu’il faille préparer le chemin de celui qui est déjà là ?

En vérité, c’est une constante de la vie spirituelle, que de devoir se rendre présent à la présence de Dieu. Saint Augustin, par exemple, rappelait sa conversion en disant au Seigneur : « tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi » et il explique « tu étais au-dedans de moi, et moi j’étais au dehors de moi ». On sait que conversion, cela signifie retournement. On peut prendre l’image suivante : Dieu est à nos côtés, mais pour tout un tas de raisons, nous lui avons tourné le dos. Donc nous ne voyons plus qu’il est là, et pour retrouver sa présence, il faut se retourner et se remettre en face de lui. Ne croyons pas que la présence de Dieu soit statique. Il n’est pas un santon qui un temps serait dans la crèche, et un autre temps caché dans un placard. La présence de Dieu est dynamique, parce que cela dépend aussi de nous. Alors, comment être présent à cette présence ?

D’abord il y a la conversion. Le prophète Baruch, dans la première lecture, décrit cette conversion par une invitation : « Quitte ta robe de tristesse ». C’est-à-dire change ton regard sur toi-même et sur la situation. Le premier mouvement de l’Avent, c’est précisément ce changement de regard sur nous et sur les autres, et le changement de regard suppose un changement de cœur. Passer de la méfiance à la bienveillance, combler les ravins de nos égoïsmes, abaisser les montagnes de nos excès. Renoncer à ce qui nous enferme dans la misère d’une vie où nous avons perdu de vue la présence de Dieu. Ce changement, personne ne peut le faire à notre place. Le temps de l’Avent est précisément un temps de conversion où nous consentons à changer, à nous tourner vers le Seigneur.

Mais on ne peut se retourner que si on entend l’appel du Seigneur. Comment pourrait-on reconnaître la présence de l’invisible si l’on reste sourd à sa Parole ? La Parole est le premier signe de la présence. D’où l’importance grandissante que doit prendre dans notre vie l’écoute de la Parole de Dieu. Le temps de l’Avent est un temps où nous laissons retentir les promesses du Seigneur dans nos vies, comme retentissaient les oracles d’Isaïe dans la région du Jourdain par la voix de Jean Baptiste. Laisser retentir la Parole, c’est déjà y avoir accès, donc lui laisser une place. C’est accepter qu’elle ne soit pas transparente, mais qu’il nous faille l’entendre et la réentendre, plusieurs fois, avant de la comprendre ; c’est encore consentir à la suivre, à la mettre en pratique, c’est-à-dire faire ce qu’elle dit de faire.

Enfin, parce que l’Avent est le temps où l’on s’efforce d’être présent à la présence, c’est un temps de prière renouvelé. Il s’agit de prendre les moyens d’être attentif au murmure de la brise légère. Si la présence de Dieu est acquise, c’est notre présence qui ne l’est pas. Aussi il nous faut faire un effort pour rejoindre la présence du Seigneur : le rejoindre dans un lieu consacré, comme une église ou un oratoire ; le rejoindre dans un temps qu’on lui réserve même si cela nous oblige à modifier notre agenda habituel ; le rejoindre dans notre cœur en acceptant que les soucis et les projets ne prennent pas toute la place. Comment préparer la venue du Seigneur si on ne la recherche pas, si on ne laisse pas une place pour sa présence dans nos vies ?

Préparer les chemins du Seigneur, cette invitation qui résonne au temps de l’Avent nous propose d’être présents à la Présence de Dieu, en nous convertissant pour nous remettre face à lui ; en écoutant sa Parole, en habitant avec lui dans la prière.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs qu’elle comble les ravins et aplanisse les montagnes qui nous séparent du Seigneur. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende disponibles à la Parole de Dieu. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous accompagne dans la prière pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Un temps de rangement plus que de décoration

1 Décembre 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Avent

1AVC

1er dimanche de l'Avent - Année C

Jr 33,14-16 ; Ps 24 ; 1 Th 3,12-4,2 ; Lc 21,25-28.34-36

Aujourd’hui commence le temps de l’Avent qui nous prépare aux fêtes de Noël, et je dois vous avouer qu’à la lecture de l’évangile, j’ai ressenti un peu de surprise et surtout un peu de lassitude voire d’agacement. Vous me direz que cet évangile revient tous les trois ans, et que tous les ans l’Avent commence par un avertissement à se tenir prêt pour la venue du Seigneur. C’est vrai ! Mais, pour être honnête, je pensais qu’on aurait un texte un peu plus doux. Fallait-il vraiment qu’on nous parle encore de catastrophes, d’affolement des nations et de personnes qui meurent de peur ?

Bien sûr on remarquera que la morale de l’évangile n’est pas de nous effrayer, mais de nous inviter à nous redresser, à relever la tête et à rester éveillés. Le but de l’Avent n’est pas d’abord de nous organiser pour fêter la naissance de Jésus, c’est d’abord de nous rappeler que nous devons être prêts pour la venue du Seigneur. Or, on comprend facilement que la venue du Fils de l’homme dans toute sa puissance et toute sa gloire, bouleversera le monde. Toute nouveauté implique des changements. Quand on change une machine, il y a des installations et des réglages à modifier. Quand on reçoit des gens chez soi, il faut mettre un peu d’ordre et ranger la maison. Quand on est averti et préparé, ça peut se faire tranquillement ; quand on est surpris, c’est plus tendu. D’une certaine manière, c’est la même chose avec le monde : la venue du Seigneur dans la gloire implique de ranger l’univers. Ainsi l’Avent est-il plutôt un temps de rangement que de décoration, et c’est la raison pour laquelle c’est un temps de conversion, sa couleur liturgique est le violet. Voyons donc comment ranger notre vie spirituelle.

La première chose pour ranger, c’est de faire le tri entre ce qu’il faut garder et ce qui est inutile. En matière spirituelle, le tri, cela s’appelle le discernement. Et le fondement du discernement, c’est la parole de Dieu. Ainsi, dans la première lecture, Jérémie annonçait le temps où le peuple vivrait selon le droit et la justice. Le rangement spirituel demande qu’on garde la Parole du Seigneur, qu’on s’appuie sur sa promesse. Le temps de l’Avent nous invite à renforcer notre lien à la Parole de Dieu. Quelle place ferons-nous pendant ces quatre semaines à la lecture et à la méditation de la Bible ? Comment sera-t-elle la lumière de nos vies, la lampe sur notre route ? Pourquoi ne pas profiter de ce temps pour lire ou relire un des livres de la Bible ? Pourquoi ne pas consacrer un temps pour s’arrêter sur une des lectures du jour ? Pour y retenir une phrase ou une expression qui servira de fil conducteur à la journée ? Si c’est trop compliqué pour la journée, prenons dans la liturgie du dimanche la lumière de notre semaine.

La deuxième choser pour ranger, c’est de mettre de l’ordre, d’organiser : les livres avec les livres, les chemises avec les chemises, les couteaux avec les couteaux et non pas au milieu des fourchettes. Mettre de l’ordre dans notre vie, l’organiser, c’est ce que saint Paul proposait dans la deuxième lecture. Et le grand principe qu’il nous donnait c’est d’aimer, d’un amour de plus en plus en plus intense. Parce que c’est bien l’amour qui donne un sens à la vie, c’est l’amour qui donne leur poids aux choses. Le temps de l’Avent nous invite donc à aimer plus et à aimer mieux. Veiller à la qualité de nos relations, avec nos proches et avec ceux que nous rencontrons. L’amour commence par la bienveillance et l’attention, il grandit par le pardon, il s’épanouit dans le service. Comment ce temps sera-t-il un temps de croissance dans l’amour ? Qui pouvons-nous aimer plus ou aimer mieux ?

Enfin le rangement a normalement comme conséquence de dégager de la place. Si une pièce est plus encombrée quand on l’a rangée, c’est qu’on s’est trompé quelque part ! Dans l’évangile Jésus recommandait que notre cœur ne s’alourdisse pas, qu’il ne soit pas encombré par les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie. On peut espérer que les participants de cette noble assemblée ne soient pas trop concernés par les beuveries et l’ivresse … mais les soucis de la vie, hélas, peu d’entre-nous y échappent ! Comment alléger notre cœur ? Par la prière : « priez en tout temps » dit Jésus. Cela peut paraitre insurmontable à certains, mais il y a de nombreuses manières de prier, et ce qui ne peut pas se vivre dans la présence de Dieu ne mérite pas d’encombrer notre cœur.

Nous entrons dans le temps de l’Avent, un temps pour préparer la venue du seigneur, un temps de rangement de notre vie spirituelle, en nous attachant plus fermement à la Parole de Dieu, en progressant dans l’amour, en donnant plus de place à la prière

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la nouvelle Alliance, qu’elle ouvre nos oreilles à la Parole du Seigneur ; Mère du Bel amour, qu’elle ouvre nos cœurs à l’Esprit de Sainteté ; Demeure du Très-Haut, qu’elle ouvre nos vies à la présence de celui qui vient, pour que nous puissions demeurer en Lui comme Il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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