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ça ne s'invente pas !

26 Mai 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

TRIB

La Sainte Trinité - Année B

Dt 4,32-34. 39-40 ; Ps 32 (33) ; Rm 8,14-17 ; Mt 28,16-20

Je ne suis pas sûr qu'on puisse qualifier une célébration liturgique d'exercice spirituel. Mais il n'en reste pas moins que la fête d'aujourd'hui et la Parole de Dieu que nous venons d'entendre nous invitent à une démarche spirituelle semblable à celle que Moise proposait au peuple dans la première lecture. Quelle est cette démarche ? Se souvenir des actions du Seigneur, contempler ce qu'elles révèlent de Dieu pour ne pas s'habituer à l'inouï de ce qui nous est proposé.

À l'époque de Moise, les hommes ont tous plus ou moins conscience de l'existence de dieu … un ou plusieurs, ça se discute encore. Mais tout le monde sait que le cosmos ne vient pas de nulle part, ni de lui-même. Tous pressentent le mystère de l'invisible et de la transcendance. Sauf, que chacun essaie de l'imaginer, et que chaque peuple, chaque culture a son dieu, sa manière d'en parler et de le concevoir. Que fait Moïse ? Il rappelle ce qu'il y a d'inouï dans la foi juive : personne n'a osé penser que Dieu s'intéressait à une nation particulière au point de lui venir en aide, d'agir spécialement pour ce peuple. Que les hommes combattent pour leurs dieux, c'est commun, mais qu'un dieu s'engage pour son peuple... C'est inimaginable ! C'est tellement extraordinaire que ça ne peut pas s'inventer. Moïse rappelle au peuple la chance incroyable qu'il a eu que Dieu révèle sa toute-puissance par son amour. Il ne faut pas penser que notre dieu est un dieu parmi d'autres, mais réaliser que nous avons eu la grâce d'être choisis pour le connaitre. En fait ce n'est pas notre Dieu, c'est plutôt nous qui sommes son peuple !

Et pour nous aujourd'hui la fête de la Trinité est l'occasion de faire un peu la même démarche. Nous sommes trop souvent habitués à parler du Père, du Fils et du Saint Esprit comme si ça allait de soi. Qui d'entre nous a fait attention à la mention de la Trinité dans les paroles de Jésus à l'évangile ? Pourtant ça n'est pas banal ! Depuis le début, le chrétien est baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Les exégètes sceptiques peuvent bien raconter ce qu'ils veulent, l'évangile que nous venons d'entendre est le signe que depuis toujours les chrétiens sont baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Personne n'a jamais imaginé une chose pareille. On trouve bien des triades dans les mythologies anciennes, mais aucun culte qui soit unique aux trois : aucun de ces trios de dieux ne reçoit même adoration et même gloire. Le mystère de la Trinité est inimaginable, tellement extraordinaire que ça ne peut pas s’inventer ! C’est le Christ qui nous le révèle, et comme c’est un mystère au centre de notre foi, on a tendance à s’y habituer, sans réaliser l’inouï de ce qui est révélé.

Et il y a mieux encore ! C'est ce que dit saint Paul dans la deuxième lecture. L'Esprit Saint nous fait entrer dans la vie divine. Il atteste que nous sommes enfants de Dieu et que nous pouvons vivre avec le Père ce que Jésus vivait avec le Père. Au temps de Moïse l'amour de Dieu pour le peuple révélait Sa grandeur ; depuis Jésus nous savons que le mystère de Dieu passe par nous ... à condition que nous le voulions bien. La Trinité n'est pas une coquetterie d'intellectuels ou de mystiques, elle est le visage que Dieu nous montre pour que nous l'embrassions. Elle est le dévoilement que Dieu consent pour que nous puissions être avec lui. Elle est notre famille, notre destin ... Elle est tellement plus que tout ce qu'on peut dire, que je ferai mieux de me taire, parce que les mots sont incapables de décrire le mystère de Dieu.

Et plutôt qu'un long discours, il vaut mieux se laisser conduire par l'Esprit et par la liturgie pour vivre ce mystère. Il nous faut prendre le temps de nous arrêter pour ne pas nous habituer au mystère de Dieu mais réaliser l'inouï de ce qui nous est donné à contempler. Il nous faut faire silence pour que retentisse la parole qui nous dévoile le cœur du cœur de Dieu. Il nous faut laisser l'Esprit Saint nous façonner dans la prière en nous configurant au Christ pour aimer le Père.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à accueillir le mystère de Dieu. Elle qui est la fille de Sion, qu'elle nous apprenne à reconnaître l'Amour du Père. Elle qui est la mère du Christ, qu'elle nous montre comment cheminer à la suite du Fils. Elle qui est le Temple de l'Esprit qu'elle nous soutienne dans la fidélité à celui que nous avons reçu pour que nous puissions participer à la gloire de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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L'Esprit, témoin du Christ

19 Mai 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

PAPEB

Pentecôte - année B

Ac 2,1-11 ; Ps 103 ; Ga 5,16-25 ; Jn 15,26

Quand arriva le jour de la Pentecôte … cinquante jours après Pâques, une fête rassemblait à nouveau les juifs religieux pour célébrer le début de la moisson et le don de la Loi. Ce jour-là, comme le rappelait la première lecture, les disciples, réunis tous ensemble, sont remplis d’Esprit-Saint et proclament dans toutes les langues les merveilles de Dieu. C’est en quelque sorte l’accomplissement de la promesse du Seigneur, entendue dans l’évangile, « j’enverrai d’auprès du Père l’Esprit de Vérité, il me rendra témoignage, et vous aussi, vous me rendrez témoignage »

Un témoin c’est d’abord celui qui fait connaître. Jésus avait encore beaucoup de choses à dire aux disciples, mais à ce moment-là, ils ne pouvaient pas les porter. Maintenant le moment est venu pour l’Esprit de Vérité de les conduire dans la vérité tout entière. L’Esprit prend le relais de Jésus pour guider les disciples vers une plénitude. Ainsi l’Esprit est un témoin qui guide. Il nous indique le bon sens pour suivre le Seigneur : vers l’avenir, et non pas vers le passé. La mémoire est une bonne chose, mais elle ne doit pas nous enfermer dans la nostalgie. L’Esprit est ce souffle qui entraine, qui fait avancer et progresser. Quand nous ne comprenons pas tel ou tel passage de la Parole de Dieu, c’est le moment d’invoquer l’Esprit Saint pour qu’il nous éclaire, pour qu’il nous guide vers ce que le Seigneur veut nous faire connaître. Il est toujours tentant de se rassurer en s’accrochant au confort de ce que nous avons appris, mais Dieu n’est pas à notre mesure, et c’est l’Esprit Saint qui nous façonne, petit à petit, à la mesure de Dieu. L’Esprit témoigne que le Christ n’est pas derrière nous, il est devant nous. Marchons sous la conduite de l’Esprit disait saint Paul dans la lettre aux Galates.

Un témoin, c’est aussi celui qui transmet. Ce qu’il dit ne vient pas de lui-même, mais il dit ce qu’il a entendu. Ainsi la qualité d’un témoin dépend de sa fidélité. On imagine bien que les merveilles de Dieu qu’entendent ceux qui étaient à Jérusalem, n’ont pas été inventées par les apôtres, mais qu’ils ont transmis ce qu’ils avaient vécu. Et qu’est-ce que transmets l’Esprit Saint ? Ce qu’il a entendu dans le cœur de Dieu, dans le dialogue d’amour entre le Père et le Fils. L’Esprit est celui qui nous fait vivre de la vie divine. Quand on parle de la vie spirituelle, il ne s’agit pas tant de la vie de notre esprit, que de la vie transmise par l’Esprit Saint. « Visite l’âme de tes fidèles, emplis de la grâce d’En-Haut les cœurs tu as créés » prions nous dans le Veni Creator. L’Esprit nous partage ce que le Christ a permis. Il est le témoin de la vie divine, pour que nous soyons, nous aussi témoins de la vie divine. Ce n’est pas un motif d’orgueil, c’est une invitation à la fidélité. C’est toute la différence entre la prétention du serpent des origine : « vous serez comme des dieux » et le Don de l’Esprit qui nous fait partager la Gloire de Dieu.

Un témoin, c’est encore celui qui atteste, celui qui certifie, qui permet de prouver. C’est ainsi que l’Esprit glorifie le Fils. Glorifier, c’est faire resplendir, manifester le rayonnement de la personne, c’est faire apparaître ce qu’il y a de plus haut en elle. Sans l’Esprit Saint, on ne perçoit en Jésus, au mieux, qu’un homme exceptionnel, un personnage qui a marqué l’histoire de l’humanité. C’est l’Esprit Saint qui nous fait connaître que Jésus est le Verbe de Dieu, le Fils bien aimé du Père qui est venu partager notre condition pour que nous partagions la sienne. Notre foi n’est pas une déduction ou une observation mais une illumination, c’est-à-dire l’accueil du témoignage de l’Esprit-Saint. Et en celui qui accueille son témoignage, l’Esprit peut alors déployer son fruit : joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi, autant de qualités qui nous font participer au cœur de Dieu, autant de qualités qui attestent à leur tour que le Christ est le Sauveur.

Nous fêtons aujourd’hui la Pentecôte, non pas comme le souvenir d’un coup de vent à Jérusalem, mais comme le témoignage de l’Esprit de Vérité qui fait de nous les témoins du Seigneur. C’est le moment pour nous de nous rendre disponibles à son souffle, de nous laisser guider par lui, de recevoir ce qu’il nous transmet, de glorifier celui qu’il nous a fait connaître.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à nous laisser conduire par celui qui nous guide. Temple de l’Esprit Saint qu’elle nous rende accueillants au Don de Dieu. Mère du Bel Amour, qu’elle nous montre comment déployer en nous le fruit de l’Esprit, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Le temps de la fidélité

12 Mai 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

7PAB

7° dimanche de Pâques - Année B

Ac 1, 15-26 ; Ps 102 ; 1 Jn 4,11-16 ; Jn 17,11b-19

Entre l’Ascension et la Pentecôte, nous voici, à l’image des apôtres, dans un temps intermédiaire, entre la présence de Jésus et le souffle du Don de Dieu. C’est en quelque sorte le temps où il faut apprivoiser l’absence, c’est le moment il faut s’enraciner dans la fidélité.

Il y a un premier type de fidélité : la fidélité à ce que l’on a reçu. C’est la fidélité du témoin, de celui qui doit garder ce qu’on lui a confié. La première lecture illustrait cette fidélité dans l’épisode du remplacement de Judas. Reconnaissant le choix qu’avait fait Jésus, reconnaissant la défection de celui qui est allé se pendre, Pierre propose que l’on complète le groupe de ceux qui témoigneront de la résurrection. Pour cela, il s’appuie sur le livre des Psaumes, sur la Parole de Dieu, pour faire ce qu’il convient : « qu’un autre prenne sa charge ». Cette première manière d’être fidèle consiste donc à garder ce qui vient de Dieu. Garder ce que le Seigneur a dit, garder ce que le Seigneur a fait. Non pas garder en laissant dans un coin, comme on garde ce qu’on n’ose pas jeter ; mais garder en prenant soin, en faisant attention, comme on garde une chose précieuse, ou comme le pasteur garde son troupeau. Cela fait partie de notre vocation : garder ce que nous avons reçu du Seigneur, dans la fidélité. Nous n’avons pas à inventer, nous n’avons pas à modifier, mais à transmettre ce que nous avons reçu, fidèlement, comme d’autres avant nous ont transmis ce qu’ils avaient reçu. Évidemment, si nous voulons transmettre, il faut connaître ! Parce que l’Évangile n’est pas un coffre mystérieux, ni enveloppe fermée, nous ne sommes pas étrangers à la Parole de Dieu, et si nous devons lui être fidèles, c’est parce que nous sommes concernés.

Le deuxième type de fidélité, c’est la fidélité à ce que l’on donne. C’est la fidélité de celui qui aime et de celui qui s’engage. C’est à cette fidélité que nous exhorte saint Jean dans la deuxième lecture quand il parle de l’amour. Il s’agit ainsi de demeurer en Dieu. La vie chrétienne n’est pas une lubie qu’on adopte au gré des circonstances, mais une aventure qui n’aurait pas de sens si on l’abandonnait en cours de route. Dieu s’est engagé avec nous et pour nous, notre fidélité est une manière de répondre à cet engagement divin. Bien sûr ce n’est pas toujours facile ; bien sûr il y a des difficultés, des moments où l’enthousiasme faiblit, où l’usure fatigue. Mais les épreuves ne sont pas des raisons de renoncer : ce sont des invitations à renouveler notre engagement. Le doute n’est pas l’échec de la foi, mais l’appel à une foi plus grande. C’est parce que nous sommes libres d’aimer et de croire, qu’il faut persévérer dans l’amour et dans la foi : si c’était automatique, nous n’aurions rien à faire ! La fidélité est ce qui nous fait grandir.

Et l’évangile lui-même témoigne de cette dynamique. S’il n’y avait rien à faire, Jésus aurait-il demandé à son Père de garder ses disciples ? La prière du Seigneur nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. En vérité, notre fidélité s’appuie sur la fidélité de Dieu. Il serait illusoire de croire que nous pouvons rester fidèles en nous isolant. Ce serait confondre la fidélité et l’opiniâtreté. Ce serait aussi s’enfermer dans le passé. Mais la fidélité n’est pas nostalgie du passé, elle est pertinence du présent et disponibilité à l’avenir. La fidélité est la trace de l’éternité dans notre vie. C’est parce que Dieu est toujours présent que nous pouvons être fidèles. C’est parce que Dieu est toujours devant nous que nous devons être fidèles.

Traditionnellement, les chrétiens ne sont pas appelés les croyants mais les fidèles du Christ. Vivons donc ce temps entre l’Ascension et le Pentecôte comme le temps de la fidélité. Fidélité à la parole de Dieu, fidélité à notre baptême, fidélité comme miroir de la fidélité du Seigneur.

Que la Vierge Marie, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous apprenne à garder la Parole de Dieu. Secours des Chrétiens qu’elle nous soutienne dans la fidélité au nom du Seigneur. Porte du Ciel qu’elle garde nos cœurs attentifs à battre au rythme du cœur de Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Le début d'un nouveau temps

9 Mai 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

ASCB

Ascension du Seigneur - Année B

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 4,1-13 ; Mc 16,15-20

Nous fêtons aujourd’hui l’Ascension du Seigneur, nous nous souvenons qu’après être apparu pendant quarante jours aux Apôtres, « Jésus est monté aux cieux, assis à la droite du Père, d’où il viendra juger les vivants et les morts », comme nous le disons dans le Credo. L’événement a sans doute était plus spectaculaire pour les Apôtres que pour nous, mais il est tout autant significatif, pour eux comme pour nous.

C’est d’abord le début d’un temps d’attente. Paradoxalement, en nous souvenant que Jésus est parti, nous nous rappelons qu’il doit revenir ! C’est une dimension de notre foi à laquelle nous ne sommes pas toujours aussi sensibles que nous le devrions. Nous sommes parfois comme les apôtres à garder les yeux fixés sur le passé, alors que nos cœurs devraient être tendus vers l’avenir. Les hommes en blanc qui se tiennent devant les apôtres les invitent précisément à ce changement de direction. Il ne s’agit pas d’attendre en regardant ce qui nous a échappé, mais en s’appuyant sur la promesse. Jésus leur a promis qu’ils recevraient bientôt l’Esprit-Saint : c’est cela qui doit désormais les mobiliser. L’attente à laquelle nous invite l’Ascension ne s’appuie pas sur la nostalgie mais sur la promesse. Cette attente est donc faite de confiance et de fidélité. Confiance que la parole se réalisera et que le Seigneur reviendra, fidélité pour ne pas se décourager. En ouvrant le temps de l’attente du retour du Seigneur, l’Ascension inaugure en quelque sorte le temps de la foi.

C’est aussi le début du temps du témoignage. Dans les dernières paroles de Jésus que nous rapportent l’évangile et les actes des apôtres, on trouve cet envoi en mission : « vous serez mes témoins », « allez dans le monde entier ». L’Ascension invite à une ouverture. Jusqu’à présent, les apôtres avaient profité de la présence et de l’enseignement du Seigneur. Ils formaient un petit groupe confortable et rassurant. Mais on ne garde pas la mémoire du Seigneur en restant dans l’entre-soi, on garde la mémoire du Seigneur en proclamant partout l’évangile. Pourtant il ne s’agit pas seulement de parler mais aussi de vivre. C’est pourquoi saint Paul, quelques années plus tard, développe pour les Éphésiens la nature du témoignage : « ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix ». Le témoignage auquel nous invite l’Ascension ne se limite pas à des paroles ou à des idées, mais se manifeste aussi dans une manière de vivre. Il ne s’agit pas seulement de redire ce que Jésus a dit, mais d’agir comme Jésus a agi. En ouvrant le temps du témoignage de l’Évangile, l’Ascension nous confie le soin de la charité.

C’est encore le début d’une présence nouvelle du Seigneur. Saint Marc précise : « le Seigneur travaillait avec eux », un autre évangéliste nous rappelle que Jésus a promis « je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ». Il y a quelque chose de similaire entre l’expérience d’Emmaüs et l’expérience de l’Ascension. Lorsque les disciples reconnaissent Jésus à la fraction du pain, il disparaît à leur regard, car il est désormais présent dans l’eucharistie ; de la même manière lorsque Jésus disparait dans la nuée, sa présence ne se limite plus à ce que l’on en perçoit. « Il est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers » disait saint Paul. Loin d’être la fin d’une présence, l’Ascension est un élargissement de celle-ci. Ainsi, s’ouvre aujourd’hui le temps d’une nouvelle forme de prière. La prière après l’Ascension n’est pas l’effort pathétique de l’homme pour conjurer une absence, mais l’attention confiante à une présence qui nous accompagne dans le murmure d’une brise légère.

L’Ascension que nous fêtons aujourd’hui n’est pas tant une fin qu’un début. Elle est le début de l’attente qui nous invite à la foi, elle est le début de la mission qui nous appelle à aimer ; elle est le début d’une présence que nous pouvons rejoindre dans la prière.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle nous garde nos cœurs dans la fidélité à la Parole de Dieu. Mère de l’Église qu’elle fortifie en nous l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende attentifs à la présence nouvelle, pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Peut-on refuser ce que Dieu a déjà donné ?

5 Mai 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

6PAB

6° Dimanche de Pâques - Année B

Ac 10, 25-26ss ; Ps 97(98) ; 1 Jn 4,7-10 ; Jn 15,9-17

« Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres ». Telle est la conclusion de l’évangile de ce jour, et on ne peut pas dire que ce soit une surprise. Cela devrait faire partie des évidences de notre foi. On nous l’a suffisamment répété, pour que nous n’ayons aucun doute sur l’importance de ce commandement. Bien sûr, une chose est de savoir, l’autre de vivre ; et comme il est parfois plus confortable de minimiser ce qu’on n’arrive pas à faire, cela vaut la peine qu’on nous le rappelle de temps en temps. D’ailleurs, ça ne date pas d’hier : la deuxième lecture témoigne assez que dès les débuts du christianisme, saint Jean avait besoin de rappeler aux chrétiens l’importance de l’amour pour la foi.

Cela dit, le commandement du Seigneur est exactement : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Le mot « amour » a tellement de sens et de nuance, qu’il n’est pas inutile de se rappeler la précision : « comme je vous ai aimé ». D’autant que Jésus va détailler de quel amour il nous aime. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Il s’agit donc d’un amour qui donne et non pas d’un amour qui prend. « Je vous appelle mes amis car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ». C’est donc un amour qui ne cherche pas l’utilité ou l’efficacité, mais qui désire l’union des volontés, pour que nous ne nous contentions pas de faire ce que veut le Seigneur, mais que nous voulions ce qu’il veut. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ». C’est donc aussi un amour qui nous précède et nous appelle, et non pas un amour qu’on décide et qui ne dépend que de nous.

Si l’évangile et la deuxième lecture semblent être bien accordés, on peut se demander, pourquoi la première lecture nous rappelle la rencontre entre Pierre et Corneille, le centurion de Césarée. Serait-ce le hasard d’une double lecture continue pendant le temps pascal : celle des actes des apôtres et celle de l’évangile de Jean ? En fait, on va retrouver dans l’histoire de Pierre les mêmes caractéristiques de l’amour dont parle Jésus. Lui aussi fait l’expérience d’un amour qui le précède, puisque manifestement l’Esprit-Saint l’a précédé dans le cœur des païens. Pierre fait encore l’expérience d’un amour qui s’explique et partage son intention puisqu’il déclare : « en vérité, je le comprends, Dieu est impartial ». Enfin il entre dans cette invitation à la générosité, comme en témoigne sa réflexion : « pouvons-nous leur refuser ce que Dieu leur a donné ? ».

Ainsi ce que vit saint Pierre à Césarée, vient éclairer d’une lumière nouvelle le commandement du Seigneur. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » ne signifie pas tant aimez les autres comme vous êtes aimés vous-mêmes, mais aimez les autres comme Dieu les aime. L’amour qui nous est proposé n’est pas tant une balle que l’on renvoie plus ou moins habilement, mais plutôt un amour en cascade dont nous pouvons être un rebond. Bien sûr, il n’est pas faux ni injuste d’essayer d’imiter le Seigneur et d’aimer à sa manière, mais nous pouvons aller plus loin, et plus profondément, en réalisant qu’il s’agit aussi et surtout d’entrer dans le mouvement même de Dieu. Il ne s’agit pas seulement d’aimer parce que nous sommes aimés, mais d’aimer ceux que Dieu aime. Car nous ne sommes ni la source de l’amour, ni même un lac qui déborde du surplus de ce qu’il reçoit. « Pouvons-nous refuser ce que Dieu a déjà donné ? » voilà une belle question pour éclairer le commandement du Seigneur d’aimer comme il aime. Il ne s’agit pas seulement d’imiter, mais aussi de partager ; il ne s’agit pas de transmettre comme un filtre, mais comme un canal ; il ne s’agit pas d’aimer à notre mesure mais d’entrer dans la mesure du cœur de Dieu.

Puisque Dieu a donné sa vie pour ceux qu’il aime, pouvons-nous refuser de nous donner à notre tour ? Puisque Dieu a fait connaître son amour, pouvons-nous le taire ? Ceux que Dieu a choisis, pouvons-nous les mépriser ? En vérité, comme Pierre à Césarée, c’est en découvrant que Dieu aime les autres, que nous pouvons les aimer. Ce n’est pas nous qui sommes le miroir de l’amour de Dieu pour les autres, ce sont les autres qui sont le miroir de l’amour de Dieu pour nous.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraine dans le souffle de l’Esprit-Saint, le don de Dieu. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à aimer ce que le Seigneur aime. Porte du Ciel qu’elle fasse battre nos cœurs au rythme du cœur de Dieu, pour que nous demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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