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Ce que demeurer implique

28 Avril 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

5PAB

5° dimanche de Pâques - Année B

Ac 9,26-31 ; Ps 21 (22) ; 1 Jn 3,18-24 ; Jn 15,1-8

« Demeurez en moi comme moi en vous », « celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ». La deuxième lecture et l’évangile résonnent du même thème de demeurer en Dieu, d’habiter en Dieu. L’expression fonctionne dans les deux sens : il nous faut demeurer en Dieu, et il faut aussi que Dieu demeure en nous.

Demeurer, c’est s’arrêter, rester, habiter avec quelqu’un, chez quelqu’un. C’est créer une intimité, un lien durable, un lien profond … Il ne s’agit pas seulement d’aller chez quelqu’un, ni même d’être hébergé, mais de créer une communauté de vie, de partager des moments plus personnels, d’être là au quotidien, de vivre ensemble même ce qui paraît anodin.

Or voilà qu’on nous annonce que Dieu demeure en nous, que Dieu reste avec nous. On pourrait imaginer qu’au regard de l’univers, nous ne sommes qu’une poussière, qu’une quantité négligeable. Que Dieu a des choses plus importantes que nous à s’occuper. Eh bien non, Dieu demeure en nous. Dieu habite en nous. C’est dans l’ordinaire de notre vie qu’il s’arrête, qu’il se dévoile et se révèle. Dieu demeure en nous, c’est en nous qu’on peut le trouver le plus facilement, que ceux qui ne le connaissent pas peuvent le rencontrer, que ceux qui l’ont perdu de vue peuvent le retrouver. Il répond toujours positivement à la prière d’Emmaüs : « reste avec nous Seigneur ».

Mais il y a l’autre aspect : c’est que nous sommes invités, nous aussi à demeurer en lui. Si nous le voulons nous pouvons nous arrêter auprès de lui, trouver en lui notre repos, nous dévoiler en lui. Nous pouvons être en Dieu, nous pouvons nous trouver en Dieu, nous pouvons nous retrouver en Dieu.

Ainsi, la demeure de Dieu parmi les hommes, l’église est un lieu d’intimité et de convivialité. Elle n’est pas une station-service où l’on se rend lorsqu’on a épuisé notre réserve d’Esprit Saint : on ne demeure pas dans une station-service ! Elle n’est pas un supermarché où l’on vient rechercher ce qui nous manque : on ne demeure pas dans un supermarché ! L’église est plutôt une maison de famille que l’on habite, un lieu familier où l’on est accueilli, où l’on a ses habitudes, où l’on se rassemble autour du Seigneur avec tous ceux qui partagent la même foi et le même amour.

Mais il ne s’agit pas seulement de demeurer avec Dieu, il faut aussi demeurer en Dieu se sentir chez nous en lui. Qu’est-ce que représente pour nous la Parole de Dieu ? Qu’est-ce que représente pour nous la prière ? Je rêve que chacun ouvre la Bible comme on ouvre un album de famille. Je rêve que lisant la Parole de Dieu, chacun de nous se sente non seulement en terrain connu, mais surtout en terrain familier … Prenons-nous le temps d’habiter cette Parole ? Dans toute maison il y a des pièces qu’on fréquente plus ou moins, de même dans la Bible il y a des textes qui nous reposent et des textes qui nous nourrissent, des textes qui nous purifient et des textes qui nous construisent, des textes auxquels nous revenons sans arrêt et des textes où nous entreposons ce dont on ne sait pas quoi faire. Invités à demeurer en Dieu nous sommes invités à habiter cette parole de Dieu dans toute la beauté de sa diversité. Et pareillement pour la prière. Les formes de prières sont variées … certaines sont comme un jardin secret d’autres comme un lieu de rencontre, certaines prières sont nécessaires au quotidien, d’autres sont plus exceptionnelles, d’autres encore sont notre trésor, ce qui est important c’est d’habiter la prière.

Ainsi voilà ce qui nous est proposé aujourd’hui pour accueillir le mystère de Pâques : demeurer en Dieu et laisser Dieu demeurer en nous. Être attentif à la présence divine en nous, apprivoiser et habiter les choses de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est la Demeure de l’Esprit Saint, le Trône de la Sagesse, la Mère de l’Église, qu’elle ouvre nos cœurs à la présence de Dieu, qu’elle nous montre comment ouvrir nos vies à l’action de Dieu, qu’elle nous apprenne à demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Le bon pasteur dessine le visage de l'Eglise

21 Avril 2024 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

4PAB

4° Dimanche de Pâques - Année B

Ac 4,8-12 ; Ps 117 ; 1 Jn 3,1-2 ; Jn 10,11-18

Dans la méditation du mystère de Pâques, il y a toujours un dimanche où l’on se souvient du Christ comme bon pasteur. C’est l’occasion de méditer sur la place du Christ dans l’Église. On sait bien qu’il y a un lien fort entre les deux et qu’il est impossible de penser à l’Église sans penser au Christ, mais l’on pourrait avoir tendance à vivre l’Église comme le club des admirateurs du Christ, ou encore comme les gardiens de sa mémoire … L’image du Bon Pasteur nous propose un autre type de relation au Seigneur. Voyons ce que nous dit l’évangile que nous venons d’entendre.

« Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis ». Il n’est pas, dit Jésus, comme le berger mercenaire, c’est-à-dire salarié. Face au loup, l’un s’enfuit, tandis que l’autre reste et affronte le danger, même au péril de sa vie. C’est bien sûr une allusion au sacrifice du Christ et à son amour. Mais plus profondément, cela met en évidence deux types de relations entre le pasteur et le troupeau : soit le berger se contente d’assurer une fonction, soit il s’agit d’un engagement. Bien sûr ce n’est pas contradictoire, mais l’un va plus loin que l’autre. Le Christ Bon Pasteur nous rappelle donc que l’Église n’est pas seulement une organisation où il faudrait s’assurer d’une juste répartition des fonctions, mais une communauté où l’on s’engage. Et ce rappel est loin d’être inutile, car il est facile de rester dans une vision purement fonctionnelle des choses. Alors on s’intéresse à l’efficacité, aux équilibres de pouvoir, au respect des conditions contractuelles. Tandis que l’engagement est plus exigeant, puisqu’il invite à la fidélité et à la générosité. C’est pourquoi les sacrements se vivent dans l’engagement. Si nous voulons suivre le Christ, nous ne pouvons pas nous contenter de faire ce qu’il nous dit, nous devons vivre à sa manière.

L’évangile continue : « le bon pasteur connait ses brebis et ses brebis le connaissent ». Bien sûr nous y voyons l’expression d’une relation particulière entre le pasteur et les brebis. Mais la phrase de Jésus ne s’arrête pas là, il précise « comme le Père me connaît et que je connais le Père ». Ainsi il y a une similitude entre notre relation au Christ et sa relation au Père. Et voilà un deuxième aspect de l’église que révèle l’image du Bon Pasteur : son caractère divin ou spirituel. Non pas comme un privilège ou une manière de vivre dans l’abstraction, mais très concrètement dans une présence au cœur de Dieu. Reprenant l’image de la Croix, dans l’Église, la dimension horizontale s’appuie sur la dimension verticale, le visible s’appuie sur l’invisible. Là encore le rappel n’est pas inutile, parce qu’il est facile de penser l’Église en termes humains, comme tout autre groupe que nous connaissons. Dire que l’Église a une dimension divine, ce n’est pas prétendre que tout va bien, mais c’est reconnaître que les imperfections humaines ont leurs racines dans les imperfections spirituelles. Le Christ Bon Pasteur nous invite à ne pas vivre à l’horizon de la terre, mais à garder le cœur fixé sur l’appel du Ciel.

Enfin Jésus affirme « j’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos ». C’est une phrase un peu mystérieuse, et pourtant elle nous révèle un aspect essentiel de la relation entre le berger et le troupeau : ce n’est pas le troupeau qui détermine le berger, c’est le berger qui détermine le troupeau. Cela veut dire que l’Église est plus large que notre propre cercle. C’est peut-être l’un des plus grands défis pour notre temps : rester ouvert à ceux que le Christ appelle plutôt que de se rassurer au milieu de ceux qui nous sont sympathiques. Quel sens cela aurait-il que le troupeau rejette ou ignore les brebis que le Bon Pasteur a rassemblé ? On doit rester vigilant à ne pas limiter l’Église à nos affections. Accepter de vivre notre foi avec d’autres que nos amis, c’est le meilleur moyen de suivre le Christ plutôt que l’idée que nous nous en faisons.

Le dimanche du Bon Pasteur est aussi celui où nous sommes invités à prier pour les vocations sacerdotales et religieuses. Nous prions pour que ne manquent pas à l’Église des hommes et des femmes qui choisissent de donner leur vie à celui qui a donné sa vie pour nous ; pour que ne manquent pas à l’Église des signes du Bon Pasteur qui s’engagent, qui rappellent par leur vie la dimension spirituelle de la vie chrétienne, qui soient attentifs à ceux que le Christ appelle. Mais personne dans notre paroisse ou dans nos familles ne répondra à l’appel du Seigneur, si nous restons dans une vision fonctionnelle, humaine ou à notre mesure de l’Église. On dit que les vocations sacerdotales sont un signe de la vitalité d’une communauté chrétienne. La prière pour les vocations nous engage à nous convertir pour suivre plus fidèlement le Christ Bon Pasteur, lui qui a donné sa vie pour nous, qui nous fait vivre ce qu’il vit avec le Père, qui rassemble dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour qu’elle soutienne nos engagements ; Porte du Ciel qu’elle garde nos yeux tournés vers le Seigneur ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle élargisse nos cœurs aux dimensions du cœur de Dieu, pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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