Le Royaume de la Vie
XR-A
Christ Roi de l'Univers - Année A
Ez 34,11-12.15-17 ; Ps 22 ; 1 Co 15,20-26.28 ; Mt 25,31-46
La fête du Christ Roi de l’univers, marque la fin de l’année liturgique, et (comme depuis quelques semaines), les textes de la Parole de Dieu nous invitent à penser à la fin des temps. Comme le décrivaient, chacun à leur manière, Ézéchiel et saint Paul, la fin des temps, c’est d’abord l’avènement du Royaume de Dieu, le temps où se manifeste en plénitude la Royauté du Seigneur. A travers les mots du prophète nous comprenons que cette plénitude est marquée par l’épanouissement de la vie : la brebis perdue est ramenée, la brebis blessée est soignée, la brebis affaiblie est fortifiée. Les paroles de l’apôtre sont peut-être un peu plus abstraites, mais elles rappellent aussi la plénitude de la vie, en évoquant une progression jusqu’à l’aboutissement : le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort.
Puisqu’il y a progression, cela signifie qu’on va du moins vers le plus. C’est la même dynamique qui est suggérée dans l’évangile à travers les paroles du Roi aux justes : « recevez en héritage le Royaume ». Hériter, ce n’est pas passer de rien à tout, mais de moins à plus. L’héritier se dispose à recevoir, jusqu’au moment – qui ne dépend pas de lui – où il reçoit l’héritage. Il y a bien une dynamique où l’on doit veiller au moins pour accueillir le plus. En l’occurrence, puisqu’il s’agit du Royaume de Vie, le plus nous est donné par la résurrection du Christ, mais nous devons veiller au moins, c’est-à-dire combattre ce qui conduit à la mort.
C’est bien ce qu’évoquent les œuvres rappelées par l’évangile : la faim et la soif menacent la vie corporelle. Être étranger – Jésus n’a pas parlé de touriste – c’est être privé de ses repères, de ce qui nous rassure et nous réconforte ; c’est une fragilité comme la nudité qui dépouille de ce qui protège. Autant de situations qui menacent la vie psychique. Enfin le malade et le prisonnier sont isolés, et cet isolement menace la vie sociale qui nous est aussi indispensable que la vie corporelle ou la vie psychique. Il y a bien, dans ce qu’on a coutume d’appeler les œuvres de miséricorde, un combat qui rejoint le combat du Christ, pour préserver la vie du corps, de l’esprit et du cœur. Et participer à ce combat, nous dispose à recevoir la victoire suprême, celle de la résurrection.
Peut-être certains penseront qu’ils ont suffisamment à faire pour préserver en eux la vie, face aux difficultés et aux épreuves. Le combat spirituel n’est-il pas déjà, pour chacun de nous, une participation au combat du Christ pour permettre l’avènement du Royaume ? Sans aucun doute, mais l’évangile nous rappelle que nous ne sommes pas les seuls vivants et qu’on ne défend pas la vie en ne s’intéressant qu’à la nôtre. D’une certaine manière, les textes que nous avons entendu les dimanches précédents nous invitaient à protéger la vie en nous ; l’évangile de ce dimanche nous invite à protéger la vie autour de nous. Sans cette attention aux autres, la vigilance ne serait qu’égoïsme. Il n’y a pas de vie spirituelle sans ouverture du cœur : le Seigneur ne nous est pas réservé : il est présent dans ceux que nous pouvons aider.
Reconnaître le Christ comme Roi de l’Univers, c’est reconnaître qu’il est concerné par tout et par tous. Pour hériter du Royaume préparé depuis la fondation du monde, il faut se disposer à accueillir la victoire sur la mort, en combattant ce qui menace la vie du corps, de l’esprit et du cœur.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Santé des infirmes qu’elle ouvre nos yeux à toute détresse ; Consolatrice des affligés qu’elle nous façonne un cœur selon le cœur de Dieu ; Refuge des pécheurs qu’elle nous dispose à hériter du Royaume en nous unissant à l’œuvre du Christ pour que la bonne nouvelle retentisse là où nous sommes et que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Le don de Dieu, clé de la joie éternelle
33TOA
33° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A
Pv 31,10-13. 19-20.30-31 Ps 127 1 Th 5,1-6 Mt 25,14-30
La parabole des talents ! Elle a fait couler beaucoup d’encre et beaucoup de salive … Elle est tellement connue qu’elle a donné au mot « talent » qui désignait une somme d’argent, le sens que l’on connaît aujourd’hui de qualité personnelle. Mais ce que l’on retient généralement c’est plutôt le sort du troisième serviteur, que par un réflexe de miséricorde - honorable mais mal placée - on a tendance à plaindre, alors que la parabole nous invite assez clairement, me semble-t-il, à ne pas l’imiter !
Il y a chez ce troisième serviteur quelque chose de tragique. Il ne reçoit pas ce que lui confie le maître. Non qu’il soit oublié de la distribution, mais il s’empresse de s’en décharger en l’enterrant. Il n’utilise pas ce qu’on lui donne ; il ne le pas fait fructifier ; et lorsqu’il rend des comptes, il le présente en disant « ton bien » alors que le maître considère que c’est « son talent ». Il ne s’agissait pas d’un prêt, mais d’un don. La meilleure preuve est que le premier serviteur est désigné comme celui qui en a dix : ce qui signifie qu’il a tout gardé. Mais alors, pourquoi demander des comptes si l’argent a été donné ? Tout laisse à penser que ce qui intéresse le maître, ce n’est pas tant le profit réalisé que le comportement des serviteurs. Il demande des comptes pour vérifier que les serviteurs sont capables de partager sa condition, qu’ils peuvent « entrer dans sa joie ».
Ainsi les talents sont l’image du don de Dieu, de ce qui nous est confié pour nous préparer à entrer dans la joie du Seigneur, c’est-à-dire dans la vie éternelle. Qu’on en ait plus ou moins, qu’on en ait cinq ou deux ou un, c’est chaque fois la clé du Royaume qui nous est confié, une clé qui ne s’utilise pas en la cachant sous terre, mais en la déployant.
Par exemple, les talents que nous confie le Père, c’est la vie. Une vie qui n’est pas faite pour être enterrée, une vie qui n’est pas une parenthèse de l’existence ; mais une vie qui est faite pour se déployer selon le cœur de Dieu, c’est-à-dire dans l’amour. Des générations de philosophes ont disserté sur le sens de la vie, l’évangile nous propose de faire l’expérience d’une vie faite pour aimer, pour donner et se donner. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que le Père nous confie, c’est l’amour.
De la même manière, les talents que nous confie le Fils, c’est la Révélation. On ne réalise pas à quelle point cette Parole est précieuse. Mais elle n’est pas donnée pour être inscrite dans un livre qui prendra la poussière sur nos étagères. La Parole est faite pour être vécue et mise en pratique : c’est elle qui nous indique qu’il vaut mieux donner que prendre, c’est elle qui nous propose de préférer souffrir que faire souffrir ; qui nous rappelle que l’amour grandit par le pardon et que même la souffrance peut être une occasion d’aimer en plongeant dans le mystère de Pâques. C’est la foi qui nous permet d’accueillir et de déployer la Parole reçue. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que le Fils nous confie, c’est la foi.
Enfin les talents que nous confie l’Esprit Saint, ce sont les charismes. Ce qu’il suscite en nous pour le bien de tous. Ces charismes ne sont pas donnés pour flatter notre orgueil ou être enfermés dans des logiques de performances ou de spécialisations. Les charismes sont les appels de l’Esprit à anticiper le Royaume des Cieux, en partageant concrètement la saveur de la Bonne Nouvelle, en rendant accessible la joie de notre Seigneur. C’est ainsi que les charismes permettent l’espérance, qui n’est ni un trait de caractère, ni la préférence pour l’hypothèse positive, mais l’aspiration confiante à participer au Royaume des Cieux. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que l’Esprit Saint nous confie, c’est l’espérance.
Bien loin d’être un enseignement économique ou social, la parabole des talents nous interroge sur ce que nous faisons des dons de Dieu. N’écoutons pas les paroles du troisième serviteur, ne pensons pas que le Seigneur est un maître exigeant qui nous demanderait de récolter ce qu’il n’a pas semé, de ramasser ce qu’il n’a pas dispersé. Au contraire, imitons plutôt les deux premiers serviteurs qui reçoivent le don pour l’épanouir. Le don de Dieu n’est pas destiné à être inutile, mais à être déployé pour que nous puissions entrer dans la joie du Royaume. Savons-nous recevoir le don de la vie et l’épanouir en amour ? Savons-nous recevons le don de l’Évangile et l’épanouir en foi ? Savons-nous recevoir le don des charismes et l’épanouir en espérance ?
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bon Conseil, qu’elle nous apprenne à déployer dans la vie ce qui fait grandir la charité. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous montre comment accueillir la Parole pour affermir notre foi. Reine des Saints, qu’elle dispose nos cœurs au souffle de l’Esprit pour que nous puissions témoigner de l’espérance et entrer dans la joie de notre Seigneur, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Heureux les invités au repas du Seigneur ?
32TOA
32° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A
Sg 6,12-16 ; Ps 62 ; 1 Th 4,13-18 ; Mt 25,1-13
« Le Royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces » … Le début de la parabole ressemble à ce que nous entendons dans la liturgie, avant la communion : « Heureux les invités aux noces de l’Agneau ». Mais le début de l’histoire a beau être similaire, la suite apporte quelques nuances : si tout se passe bien pour certaines, pour d’autres l’heureuse invitation tourne au cauchemar. Évidemment, Jésus nous raconte cette histoire pour nous prévenir et nous avertir, pour que nous ne vivions pas une semblable mésaventure. Voyons donc ce à quoi il faut veiller pour éviter de nous retrouver comme celles qui finissent enfermées à l’extérieur des noces.
Tout d’abord, il y a une condition à l’invitation. Les jeunes filles ne sont pas seulement invitées, elles ont un rôle à jouer, et pour cela elles doivent venir avec une lampe. Elles n’arrivent pas les mains vides, ni même avec un cadeau : on a besoin d’elles pour éclairer la scène. « Vous êtes la lumière du monde » disait Jésus dans le discours sur la montagne. Cela suppose bien sûr que la lampe soit allumée … sinon elle est inutile ! Et c’est pour cela que celles dont les lampes s’éteignent s’inquiètent : elles deviennent inutiles. Voilà déjà un premier sujet de méditation : on n’entre pas dans le Royaume des Cieux par hasard, ou par convention parce qu’on figure dans le carnet d’adresse de l’époux. Le Royaume des Cieux a besoin de nous. Le Seigneur compte sur nous. On n’est pas des figurants ni des spectateurs mais des acteurs aux noces de l’Agneau. Il faut donc certaines dispositions. Pour reprendre l’image de la lumière, nous savons que c’est le Seigneur lui-même qui nous donne et nous transmets la lumière … Les dispositions à prendre pour accueillir l’invitation ne sont pas exagérées, mais il faut les prendre.
La suite de l’histoire montre d’ailleurs que ces dispositions supposent une certaine vigilance. L’époux tarde à venir, et toutes s’endorment. Lorsqu’enfin on annonce sa venue, certaines se trouvent embarrassées puisque leurs lampes s’éteignent. Il ne suffit donc pas de se préparer ponctuellement aux noces, il faut encore durer. C’est une dimension importante, c’est même le cœur du message de Jésus : « veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». A la mission qu’implique l’invitation aux noces, s’ajoute une qualité : celle de la persévérance. C’est ainsi qu’apparaît le deuxième sujet de méditation : l’importance de la fidélité. Dans un monde où l’on est plus sensibles aux changements qu’aux permanences, où l’on valorise l’émotion donc la réaction instantanée, nous devons être vigilants à garder cette qualité de persévérance, cette fidélité que Jésus nous désigne comme indispensable à l’entrée dans le Royaume. Ne désigne-t-on pas les chrétiens comme « les fidèles » ?
Reste un détail intrigant dans la parabole : les jeunes filles qui avaient de l’huile en réserve, ne partagent pas avec celles qui en manquent. Cela pourrait paraître choquant : le partage n’est-il pas une valeur de notre foi ? Cela vaut la peine d’entendre ce qu’elles disent pour expliquer leur attitude : « jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ». Ainsi ce n’est pas tant qu’elles ne veulent pas, mais elles ne peuvent pas. Il y a des choses qu’on peut partager, et d’autres choses qu’on ne peut pas partager. Il y a des choses pour lesquelles on peut se faire aider, et d’autres que nous sommes les seuls à pouvoir faire. Par exemple, personne ne peut manger à notre place, ou personne ne peut se laver à notre place ! Rappelons-nous : il s’agissait d’aller à la rencontre de l’époux : peut-on rencontrer vraiment quelqu’un par procuration ? Il y a d’autres enseignements de Jésus sur le partage, mais cette parabole est là pour nous prévenir que l’entrée dans le Royaume ne se délègue pas. Il y a un point dans la relation à Dieu où nous sommes en première ligne et qui nous implique personnellement.
Nous qui sommes « invités aux noces de l’Agneau », entendrons-nous l’avertissement de Jésus dans la parabole des dix jeunes filles ? Sans doute le Royaume des Cieux évoqué par le Seigneur désigne-t-il d’abord les derniers temps. Mais ne nous faisons pas illusion : c’est déjà maintenant, dans notre vie spirituelle que nous devons veiller à être dans les dispositions que Dieu attend de nous pour être acteurs et non pas spectateurs ; c’est déjà maintenant que nous devons nous exercer à la persévérance et vivre la fidélité ; c’est déjà maintenant que nous devons assumer ce que personne ne peut faire à notre place.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin, qu’elle nous apprenne à répondre à l’appel du Seigneur, en nous disposant à ce qu’il nous demande. Secours des Chrétiens, qu’elle nous soutienne dans la persévérance pour que nous restions fidèles à ce que nous avons reçu. Rose mystique, qu’elle nous encourage à déployer le Don de Dieu, pour nous puissions vivre la rencontre à la première personne, et demeurer en Lui comme Il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Ne pas confondre Dieu et les hommes
31TOA
31° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A
Ml 1,14b-2,1.2b.8-10 ; Ps 130 ; 1 Th 2,7b-9.13 ; Mt 23,1-12
L’évangile que nous venons d’entendre est en quelque sorte la tarte à la crème de toutes les critiques vis-à-vis de l’église ou des prêtres ! Ne voyez dans mes propos aucun manque de respect pour la parole de Dieu, même si je reconnais volontiers un peu d’agacement dans l’usage que certains en font. Cela dit, je ne suis pas convaincu qu’il serait plus évangélique de revendiquer le titre de « Monsieur l’archiprêtre », plutôt que celui de « père » ! Sans compter qu’on continue à parler de père dans les familles même chrétiennes, et que les artistes, les enseignants ou les hommes de loi ne s’offusquent pas qu’on les appelle « maitre » ! Chacun comprendra facilement qu’on ne peut pas réduire le message de Jésus à de simples questions de protocole.
Il est bien plus intéressant de s’attarder sur les justifications que donne le Seigneur. Pour résumer, on peut dire qu’il invite à ne pas se mettre à la place de Dieu. En précisant, on remarquera qu’il y a deux types d’avertissements : « ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, ou de maître » et « ne donnez à personne sur terre le nom de père ». Donc l’avertissement est double : ne vous prenez pas pour Dieu, et ne prenez personne pour Dieu.
Ne vous prenez pas pour Dieu … car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ et vous êtes tous frères. C’est le premier avertissement, et malheureusement, il ne concerne pas seulement ceux qui enseignent. Sans doute la tentation est-elle plus forte pour le savant qui peut se laisser enivrer par le savoir. Dans un poème des Fleurs du Mal (Châtiment de l’orgueil) Baudelaire fait le portrait saisissant d’un théologien qui devient fou lorsqu’il se met à croire que la gloire de Dieu dépend de ce qu’il dit. Mais le plus souvent, c’est subtilement que l’on se met à la place de Dieu. Quand on prétend savoir mieux que les autres ce qui est juste ou ce qui est vrai, quand on préfère donner des leçons plutôt qu’en recevoir, quand on jauge la foi à l’aune de nos impressions. Il n’est pas toujours nécessaire que les autres nous admirent pour qu’on se prenne pour un maître. Il suffit de faire passer le Christ après nos idées, par exemple en consentant seulement à ce qu’il nous donne raison !
Mais si Jésus nous met en garde contre l’orgueil, il avertit d’un autre danger : « ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux ». Il ne s’agit plus ici de se prendre pour Dieu, mais de prendre un autre pour Dieu. Cela arrive quand on porte à quelqu’un l’affection et la confiance qu’on doit à Dieu. Quand la parole ou l’opinion d’un autre prime pour nous sur l’évangile. C’est une manière d’idolâtrie. Rien ni personne ne devrait être plus important que le Seigneur. Cela ne signifie pas, évidemment qu’on ne doive aimer personne, ni qu’on ne fasse confiance à personne, mais aucune relation n’est absolue, toutes nos relations doivent être mesurées ou référées à Dieu. Mettre quelqu’un à la place de Dieu, c'est risquer qu’il le croie et qu’il nous fasse faire n’importe quoi.
Il reste un troisième moyen de confondre Dieu et les hommes. Saint Paul, dans la deuxième lecture, l’évoque en félicitant les Thessaloniciens de l’avoir évité. « Vous avez accueilli la Parole de Dieu pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants ». Il ne s’agit plus de mettre un homme à la place de Dieu, mais de mettre Dieu à la place des hommes. Je sais bien que ce n’est pas très facile de se prémunir de ce piège, puisque le Seigneur utilise des moyens humains pour nous parler. Comment d’ailleurs pourrait-il faire autrement puisque nous sommes humains ? Mais, comme dit le proverbe, quand le sage montre la lune, il ne faut pas regarder son doigt ! Il nous faut donc être vigilants pour accueillir la Parole de Dieu dans l’humilité et dans la foi pour qu’elle soit une porte vers le mystère, un guide pour reconnaître la présence divine.
« Rendez à Dieu ce qui est à Dieu », disait Jésus à ceux qui l’interrogeait sur l’impôt. C’est bien la même invitation qui nous est faite aujourd’hui : ne pas confondre Dieu et les hommes, mais reconnaître à chacun à sa place : c’est Dieu qui est au centre, lui et non pas nous, lui et personne d’autre. L’équilibre n’est pas toujours facile à tenir, mais il est bon de garder au cœur l’interpellation du prophète Malachie : « n’avons-nous pas tous un seul Père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? »
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Temple de l’Esprit Saint, qu’elle nous rende dociles au Don de Dieu pour que nous sachions reconnaître la présence de l’invisible. Mère de l’Église, qu’elle ouvre nos cœurs à ceux que le Seigneur place auprès de nous, sans que nous confondions le message et le messager. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à nous tenir devant Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.