Le maitre de l'unité
PENA
Pentecôte - Année A
Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; 1 Co 12, 3b-7. 12-13 ; Jn 20, 19-23
Dans l’évangile que nous venons d’entendre, saint Jean rassemble en un même jour le mystère que nous célébrons sur cinquante jours : D’abord la joie de Pâques, celles de la rencontre avec Jésus ressuscité ; ensuite l’envoi en mission que nous avons célébré à l’Ascension ; enfin le don de l’Esprit, que nous fêtons aujourd’hui, et que le Seigneur souffle sur ses apôtres. Ainsi nous pouvons d’un seul coup d’œil embrasser l’ensemble du mystère, en percevoir son unité et sa dynamique.
Mais il ne faudrait pas nous laisser distraire par une interprétation restrictive des paroles de Jésus qui accompagnent le don de l’Esprit : « à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ». Puisque ces paroles sont liées au don de l’Esprit elles concernent tous les baptisés et non pas seulement les prêtres. Les prêtres, dans la confession, les accomplissent d’une certaine manière ; mais c’est tout chrétien qui est amené à vivre cette parole de Jésus. Non pas dans un sacrement, mais par sa vie, par ses relations, par sa prière, par son engagement. Ce que disent surtout ces paroles, c’est que Jésus nous confie par l’Esprit Saint, ce lien unique entre le ciel et la terre qu’il incarnait afin ce que nous vivions sur la terre retentisse dans le ciel.
L’Esprit vient de Jésus, puis que c’est lui qui le souffle sur les apôtres ; mais réciproquement, c’est l’Esprit qui conduit à Jésus puisque, comme l’indique saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens, nul ne peut dire « Jésus est Seigneur », sinon dans l’Esprit Saint. Ainsi Jésus est inséparable de l’Esprit, et l’Esprit inséparable de Jésus. Nous voilà plongés au cœur du mystère d’une alliance. Ce que manifeste d’ailleurs la fête de la Pentecôte qui est la fête de l’Alliance entre Dieu et les hommes, puisqu’il s’agissait du jour où l’on rappelait le don de la Loi sur le Sinaï. Ainsi la nouvelle alliance, ce ne sont plus les tables de la Loi, mais l’Esprit-Saint.
Et l’image de l’unité à laquelle conduit le don de Dieu nous est rappelée dans la première lecture. Tous les hommes entendent proclamer les merveilles de Dieu, chacun dans sa langue. La diversité n’est plus comme à Babel, le tragique échec d’une humanité qui se prend pour Dieu, c’est le signe du concert des nations où chacun est appelé dans la particularité de son histoire. C’est aussi ce que rappelait saint Paul : les dons sont variés, les services sont variés, les activités sont variées … mais c’est toujours le même Seigneur. Nous sommes comme les membres d’un corps : unis parce qu’uniques. L’Esprit-Saint ne fait pas de nous des clones, il nous permet de déployer notre propre vocation : ce que nous sommes, personne ne peut l’être à notre place.
Et cette unicité, parce qu’elle est communion, ne nous éloigne pas les uns des autres. Au contraire d’une station-service où chaque voiture vient se ravitailler pour suivre des routes différentes, l’Église est le lieu du rassemblement et de la complémentarité pour que les différences des uns soient richesses pour les autres. L’unicité n’est pas isolement, mais un souffle qui nous met au service les uns des autres. L’Esprit Saint nous entraine dans le mystère de l’unité dans la multiplicité, dans la Tri unité ou Trinité, mystère que nous méditerons dimanche prochain.
Ainsi, nous découvrons combien l’Esprit Saint est le maître de l’unité. Unité avec le Christ qui révèle l’unicité de chacun de nous, unicité de chacun de nous qui fortifie l’unité entre nous et avec le Christ. L’Esprit Saint est celui qui permet notre communion au Christ, une communion qui nous introduit dans la communion divine et nous fait communier les uns aux autres.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est le Temple de l’Esprit, l’Arche de la nouvelle alliance et la Mère de l’Église. Qu’elle nous apprenne à nous laisser unir toujours plus au Christ par l’Esprit Saint. Qu’elle nous montre comment laisser l’Esprit Saint déployer en nous les dons de sa grâce, pour que nous puissions, avec Marie, vivre déjà entre nous le rassemblement du genre humain en Dieu auquel nous sommes appelés dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Une certaine idée de la gloire
7PAA
7° Dimanche de Pâques - Année A
Ac 1,12-14 ; Ps 26 ; 1 P 4,13-16 ; Jn 17,1b-11a
Entre l’Ascension et la Pentecôte, nous voici invités à nous joindre aux Apôtres, dans la chambre haute, où ils se tenaient habituellement, assidus à la prière avec Marie la mère de Jésus. Et la prière de l’Église commençante est comme un écho de la prière de Jésus que rappelait l’évangile. Dans les paroles du Seigneur, il est beaucoup question de glorifier : « Glorifie ton Fils afin que le Fils de te glorifie » ; « je t’ai glorifié sur la terre, maintenant glorifie moi auprès de toi » ; « je suis glorifié en eux ». Si nous voulons rejoindre la prière du Seigneur, essayons de mieux comprendre ce que cela signifie.
Tout d’abord, il faut entrer dans la conception biblique de la gloire qui est peut-être un peu différente de la nôtre. Pour nous, la gloire est sans doute de l’ordre de la renommée, de la célébrité ou des honneurs. Or, en hébreu, la gloire évoque l’idée de poids, elle ne vient pas tant de ce qu’on dit d’une personne que de sa valeur. La gloire, ne vient pas des autres, mais de soi : c’est en quelque sorte le rayonnement d’une personne, la véritable mesure de ce qu’elle est. Quand Jésus dit : « glorifie-moi pour que je te glorifie » il ne s’agit pas d’une sorte de pacte plus ou moins honnête où l’on renvoie l’ascenseur des honneurs ! Il s’agit au contraire d’entrer dans une plénitude de relation : que le Père manifeste le Fils comme Fils, pour que le Fils manifeste le Père comme Père. Nous sommes donc invités à contempler le mystère même Dieu, ce dynamisme d’amour entre le Père et le Fils qui depuis l’Ascension se déploie et s’épanouit.
Ensuite, Jésus évoque sa mission pour aspirer à cette plénitude : « je t’ai glorifié sur la terre […] glorifie-moi auprès de toi ». On comprend aisément qu’il y a deux lieux différents : la terre et le ciel. A vrai dire c’est une évidence, mais il est bon de s’en souvenir car il est facile d’oublier le ciel pour n’avoir que la terre comme horizon de nos vies, ou d’oublier la terre en pensant être déjà dans le ciel. Ce ne sont pas deux mondes séparés, mais ce sont deux mondes différents. Et parfois cette différence peut engendrer quelques frottements ! C’est ce dont témoigne la lettre de saint Pierre. Sans doute écrite au moment où les chrétiens commencent à subir quelques tracas, l’apôtre y rappelle l’importance de s’attacher d’abord à ce que nous avons reçu : l’Esprit de Gloire, l’Esprit de Dieu. Il ne s’agit pas de rechercher systématiquement la souffrance ou la persécution, ni de les fuir systématiquement. Elles n’indiquent ni le mal, ni le bien. Elles n’indiquent pas systématiquement le mal : puisque Jésus a souffert et été insulté, on sait que la gloire de la terre n’est pas la gloire du ciel. Mais la souffrance et la persécution n’indiquent pas non plus systématiquement le bien. Avec beaucoup de réalisme, saint Pierre avertit aussi « que personne n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur ou agitateur ». En d’autres termes, ce n’est pas parce que vous êtes incompris que vous avez raison ! L’Ascension nous rappelle la distance entre le ciel et la terre, pour que nous puissions orienter nos vies dans le bon sens : de la terre vers le ciel, sans nous croire déjà arrivés, que ce soit sur la terre ou dans le ciel.
Enfin Jésus témoigne : « je suis glorifié en eux ». C’est-à-dire que ce sont ses disciples qui manifestent qui il est vraiment. Si le Père glorifie le Fils dans le ciel, les chrétiens glorifient le Christ sur la terre. Comment ? En gardant la parole qu’il nous a donnée et qu’il avait reçue du Père ; en reconnaissant sa nature et sa mission divine. « Ils ont reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé ». Ainsi la gloire du Christ repose sur notre fidélité et sur notre foi. Être chrétien, ce n’est pas seulement avoir certaines idées ou certaines habitudes, ce n’est même pas suivre un personnage historique ou être fasciné par son enseignement ; depuis l’Ascension être chrétien c’est rejoindre le regard du Père sur le Fils, manifester par notre vie ce que le Père manifeste dans son amour.
Puisque Jésus avait recommandé aux disciples de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre le don de Dieu ; tenons-nous avec l’Église naissante dans la chambre haute, d’un même cœur assidu à la prière, pour contempler le mystère de Dieu qui déploie sa plénitude quand le Père glorifie le Fils qui le glorifie ; pour nous attacher à l’Esprit de Gloire qui repose sur nous, en nous détachant de la gloire du monde ; pour garder fidèlement ce que nous avons reçu et manifester toujours mieux la vraie nature de celui en qui nous croyons.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reflet de la clarté divine qu’elle guide nos cœurs vers le cœur de Dieu ; Tunique d’espérance qu’elle nous garde unis à l’Esprit de Gloire ; Rayonnement de Joie qu’elle soutienne notre fidélité pour que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques : le Christ est resuscité ! Alléluia ! Il est vraiment resuscité ! Alléluia !
L'Ascension nous prend à contrepied
PAASCA
Ascension du Seigneur - Année A
Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 1,17-23 ; Mt 28,16-20
Quarante jours après Pâques nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Comme nous avons eu quarante jours pour nous préparer au grand mystère, nous avons eu quarante jours pour le méditer. Quarante jours pour creuser en nous le désir de Dieu et quarante jours pour goûter sa présence. Et voilà qu’une page se tourne, qu’un nouveau temps commence. Mais il y a un aspect un peu paradoxal dans cette fête : comme les disciples d’Emmaüs, c’est au moment où ils reconnaissent le Seigneur qu’il disparaît à leurs regards. On dirait que le mystère de Dieu se donne en se dérobant. Il y a, dans l’Ascension, quelque chose qui prend la logique humaine à contrepied pour nous permettre de pressentir la logique divine.
Dans l’Évangile, Jésus dit aux disciples : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » et il rajoute alors « de toutes les nations faites des disciples ». Mais s’il a tout pouvoir, pourquoi ne fait-il pas lui-même des disciples ? Ce serait plus simple et plus efficace ! Pourquoi la puissance de Dieu se manifeste-t-elle par son absence ? C’est qu’il s’agit d’une puissance qui se partage et non pas d’une puissance qui s’impose. Une puissance avec nous et non pas une puissance malgré nous ou sans nous. L’Ascension prend à contrepied notre idée de toute puissance pour nous faire découvrir, par le témoignage l’importance que nous avons dans le cœur de Dieu qui compte sur nous pour transmettre ce que nous avons reçu, pour partager la puissance incomparable qu’il déploie pour nous les croyants – comme disait saint Paul dans la deuxième lecture.
Dans le récit des Actes des Apôtres, au cours du tout dernier repas que Jésus prend avec les disciples, pour que s’accomplisse la promesse du Père, « il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem » Donc la mission jusqu’aux extrémités de la terre commence en ne quittant pas Jérusalem ? Parce que l’Esprit Saint qu’ils doivent recevoir ne peut pas les retrouver s’ils sont déjà en route vers les nations ? Le don de Dieu serait-il limité à un lieu particulier ? Ça fait peut-être l’affaire des agences de pèlerinage, mais pas celle de ceux qui n’ont pas les moyens du voyage ! Bien sûr, on peut comprendre qu’il s’agit d’une manière pour le Seigneur de nous inviter à l’attente qui permet de manifester la disponibilité. Trop souvent nous imaginons l’Esprit Saint comme quelque chose de magique, presque mécanique, instantané et inconditionnel. Mais là encore le don de Dieu ne se fait pas malgré nous ni sans nous : le Seigneur attend que nous soyons disponibles à le recevoir pour nous le donner. Le temps qui sépare l’Ascension de la Pentecôte prend à contrepied notre idée de l’action divine pour nous faire découvrir, par la patience, l’importance d’une relation qui soit de l’ordre de l’alliance et qui demande de notre part une disponibilité de cœur pour accueillir ce que Dieu veut nous donner.
Enfin, après le départ de Jésus, les hommes en vêtement blanc qui se tiennent devant les apôtres leur reprochent de rester à regarder vers le ciel. On comprend le sens du message, mais ce qui est curieux c’est la raison qu’ils donnent : « il viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ». Si Jésus doit revenir depuis le ciel, n’est-ce pas au contraire normal de l’attendre en regardant dans la direction d’où il arrivera ? C’est vrai que, vu le temps qu’il met à revenir, les disciples vont attraper un torticolis ! Mais quand même, si nous attendons sa venue, ne faut-il pas la veiller ? En fait, nous comprenons bien que ce n’est pas la bonne manière d’attendre. On n’attend pas la venue du Seigneur en regardant dans une direction, fût-ce l’Orient, même liturgique, on attend la venue du Seigneur en gardant fidèlement sa parole, en étant attentif à sa présence, lui qui a affirmé qu’il était « avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Ce n’est pas en se tournant vers un ailleurs vide que nous attendons le Seigneur, mais en étant présents à sa présence invisible, c’est par notre fidélité attentive et persévérante que nous attendons le retour du Seigneur. Là encore, l’Ascension prend à contrepied notre idée de l’attente de Dieu pour que nous découvrions, par la fidélité, l’importance de ce que nous vivons et de la manière dont nous vivons.
Ainsi l’Ascension n’est pas un point final, mais un commencement. S’il peut nous paraître paradoxal que la plénitude de la Gloire du Christ se manifeste par le témoignage des hommes, que la mission universelle commence par un temps de recueillement à Jérusalem, et que l’attente de la venue du Seigneur implique de ne pas regarder fixement le ciel, c’est que Dieu nous révèle l’importance du partage, de la disponibilité et de la fidélité qui nous disposent à déployer ce que nous avons contemplé pour que nous puissions participer à l’accomplissement total du Christ.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle fortifie notre foi, pour que nous puissions témoigner de ce que nous avons reçu. Temple de l’Esprit Saint qu’elle éduque notre espérance, pour que nous puissions être disponible au Don de Dieu. Mère du Bel Amour qu’elle encourage notre charité, pour que nous restions fidèles à l’enseignement du Seigneur et que rayonne en nous la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !
L'union en Dieu
6PAA
6° Dimanche de Pâques - Année A
Ac 8,5-8.14-17 ; Ps 65 ; 1 P 3,15-18 ; Jn 14,15-21
Le pire n’étant jamais sûr, vous n’avez peut-être pas eu l’outrecuidance en entendant l’évangile de penser comme moi la première fois : « qu’est-ce que c’est que ce charabia ! ». Saint Jean a parfois des textes tellement alambiqués qu’il faut faire un acte de foi pour les recevoir comme révélés ! Cela dit que le Seigneur me pardonne ces pensées et ces paroles, je sais très bien que la difficulté vient plus de mon étroitesse d’esprit que du style oriental de l’apôtre !
Lisant et relisant le texte pour essayer quand même d’en saisir quelque chose j’ai eu l’impression que le Christ nous invitait à une unité très profonde. Unité d’autant plus profonde qu’elle a pour modèle et origine l’unité de Jésus et du Père. « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous … celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » Est-il vraiment possible d’expliquer clairement ce qui se passe en Dieu ? Ce qui se passe avec Dieu ?
Cela dit, l’essentiel n’est peut-être pas d’expliquer, mais de vivre ! Et pour vivre l’unité avec Dieu à sa manière, nous ne pouvons pas compter sur notre force, ni sur notre habileté ni même sur notre expérience. Il faut recevoir l’Esprit Saint. Dit en d’autres termes, pour entrer dans la Trinité, dans le dialogue d’amour de Dieu, il faut être introduit par l’Esprit de Dieu. Et c’est bien pour ça que les samaritains doivent non seulement être baptisés au nom du Seigneur Jésus, mais aussi recevoir l’Esprit Saint par l’imposition des mains des apôtres.
Tout part de Dieu, mais ça ne signifie pas que nous n’ayons rien à faire ! Il n’y a pas d’amour si chacun n’agit pas pour l’autre. Si Dieu donne, il faut recevoir au sens d’accueillir, d’accepter. Et cela implique un déplacement de notre cœur, choisir l’Esprit de vérité plutôt que suivre l’esprit du monde. Si nous voulons que Dieu soit présent dans notre vie, si nous voulons qu’il nous aide, il faut lui laisser une place, il faut le laisser agir.
« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi » dit le Seigneur dans l’Apocalypse. L’image est parlante : elle rappelle l’initiative de Dieu et l’importance de notre disponibilité. Mais elle montre un autre aspect important : Dieu se propose de demeurer. Il ne fait pas que passer. Aussi notre réponse doit elle également demeurer. C’est ce qu’on appelle la fidélité. « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime » dit Jésus. Il ne suffit pas de recevoir, il faut garder. C’est la fidélité qui permet à l’Esprit d’agir pour arriver à la ressemblance. C’est ce qu’expliquait saint Pierre dans la deuxième lecture : « il vaudrait mieux souffrir en faisant le bien, plutôt qu’en faisant le mal, car le Christ lui aussi a souffert pour les péchés ».
Alors comment vivons-nous cette union avec Dieu et en Dieu ? Sa présence est-elle pour nous une conquête ou un don ? Comment recevons-nous ce que le Seigneur nous donne ? Savons-nous l’accueillir et le choisir ? Acceptons-nous de demeurer dans l’unité, en gardant fidèlement ce que nous avons reçu ?
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle ouvre nos oreilles pour que nous entendions l’appel de Dieu. Refuge des pécheurs qu’elle ouvre nos vies au Don de Dieu pour que nous choisissions de l’accueillir. Vierge fidèle qu’elle ouvre nos cœurs à la fidélité du Seigneur pour que nous gardions ce que nous avons reçu et que demeurant en lui comme il demeure en nous, resplendisse là où nous sommes la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !
Le temps de la foi
5PAA
5° Dimanche de Pâques - Année A
Ac 6,1-7 ; Ps 32 ; 1 P 2,4-9 ; Jn 14,1-12
En ce temps-là, Jésus s’apprête à quitter ses apôtres pour rejoindre le Père. Il le dit au moins deux fois, d’abord au début de l’évangile que nous venons d’entendre, mais aussi à la fin du texte. Un peu spontanément, on pense au temps qui précède sa Passion, c’est d’ailleurs à ce moment-là que le texte est situé dans l’évangile de saint Jean. Mais à la réflexion, le temps où Jésus part vers le Père, c’est aussi le temps de Pâques, avant l’Ascension. Ainsi les paroles qui nous sont données aujourd’hui ne nous replongent pas dans la gravité d’une fin de carême, mais elles éclairent le sens du temps pascal. Un temps où nous ne sommes pas invités simplement à goûter la joie de la résurrection, mais à entrer dans le temps de la foi, celui qui s’ouvre avec le départ du Seigneur vers le Père.
Cela commence par une promesse : « je vais vous préparer une place et je reviendrai pour vous emmener auprès de moi ». Comme une présence qui nous précède et nous accompagne. Voilà pourquoi Jésus est le chemin, une présence qui nous précède et nous accompagne. Or Thomas lui objecte « nous ne savons pas où tu vas, comment saurions-nous le chemin ? ». Mais est-il besoin de connaître l’arrivée pour connaitre le chemin ? Bien sûr, cela peut rassurer et motiver. Mais ce n’est pas nécessaire … on peut aussi se laisser guider par le chemin pour découvrir là où il nous emmène. Parfois le chemin – par exemple en montagne – nous semblera faire des détours qu’on pourrait juger inutiles, mais qui nous épargnerons des efforts trop grands, ou nous éloignerons de dangers que nous ignorons. Suivre un chemin suppose de lui faire confiance. Puisque croire c’est se mettre à la suite du Christ, la foi est l’attachement à la promesse du Seigneur
Ensuite Jésus évoque la connaissance. « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ». Mais Philippe réagit : « Montre-nous le Père, cela nous suffit ». La réflexion n’est pas irrespectueuse, on pourrait la comprendre comme une manière de dire « on n’en demande pas tant, ne te donne pas tout ce mal ». Pourtant Jésus semble attristé par les paroles de Philippe. Il lui reproche de ne pas avoir reconnu la vérité de ce qu’il est. Et nous comprenons ce qu’il peut y avoir d’ambigu dans la demande de Philippe. Comme s’il disait, « ne t’inquiète pas, nous nous débrouillerons tout seuls ». Il y a là un enjeu important sur la vérité. Si voir donne une certaine connaissance, toute connaissance ne vient pas de ce qu’on voit. Et même peut-être ce qui est le plus important, ce n’est pas ce que nous voyons mais ce que nous croyons (à condition de ne pas croire n’importe qui, bien sûr !). Comme disait le Petit Prince : L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur. Ainsi la vérité que propose le Christ est-elle de l’ordre de la révélation, de ce qu’on ne peut pas voir, mais qu’il faut croire. Voilà pourquoi la foi est aussi l’accueil d’une révélation.
Enfin Jésus parle des œuvres. Les œuvres qu’il a faites, mais aussi celles que nous ferons, qui sont, dit-il, « plus grandes parce que je pars vers le Père ». On peut rapprocher cet enseignement de sa parole : « je suis la vie ». Car, qu’est-ce que la vie sinon un don à recevoir et à déployer. Un mystère qui s’épanouit par l’effacement de son origine. Comme un passage de témoin. On sait qu’il y a quelque chose de la réflexion de Jean-Baptiste dans l’attitude des parents pour leurs enfants : « il faut qu’il croisse et que je diminue ». C’est vraiment bouleversant d’entendre Jésus se placer dans les mêmes dispositions : il part vers le Père pour nous laisser la place. Pour que nous puissions déployer ce qu’il nous a donné. La foi est aussi l’acceptation d’une mission, c’est accepter que Dieu remette sa grâce entre nos mains, c’est une confiance en Dieu qui répond à la confiance de Dieu.
Parce que Jésus est le chemin, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme attachement à la promesse. Parce que Jésus est la vérité, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme accueil de sa Révélation. Parce que Jésus est la vie, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme acceptation de sa mission.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous guide sur le Chemin à la suite du Christ pour que nous avancions dans l’espérance. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous dispose à la Vérité manifestée par le Christ pour que nous soyons fortifiés dans la foi. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage dans la Vie communiquée par le Christ pour que nous déployons la charité et que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !