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Les voies de la liberté

26 Février 2023 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

1CAA

1er dimanche de Carême - Année A

Gn 2,7-9.3,1-7a ; Ps 50 ; Rm 5,12.17-19 ; Mt 4,1-11

Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, Jésus eut faim … C’est difficile de le lui reprocher ! Mais alors commencent les tentations. Au cœur de son carême, le Christ est affronté à trois épreuves. Le récit est généralement bien connu, d’autant qu’on l’entend d’une manière ou d’une autre chaque premier dimanche de Carême. Cette année, dans la deuxième lecture, saint Paul développe l’idée que le Christ est un exemple. Comme Adam a montré le chemin du péché, le Christ montre le chemin du Salut. Sans doute le Christ nous sauve-t-il par le mystère de Pâques, mais encore faut-il accueillir ce qui nous est proposé. Et pour cela les tentations de Jésus nous montrent le chemin d’une libération qui permet d’accueillir ce salut.

Tout d’abord Jésus est tenté de faire un miracle, de se procurer du pain d’une manière magique. Mais Jésus refuse la magie. Dommage ! Comme il aurait été plus facile d’être chrétien si le baptême donnait l’assurance de manger toujours à sa faim et d’avoir tout ce qu’il nous faut ! Mais alors nous serions devenus dépendants de Dieu. Si le Seigneur devient la machine à satisfaire nos désirs, nous devenons ses esclaves. Alors Jésus refuse … il ne veut pas que nous l’aimions pour ce qu’il nous apporte, il ne cherche pas un gentil chien, fidèle à la main qui le nourrit, il cherche des amis. En résistant à la tentation du pain, Jésus refuse de nous acheter, il nous veut libres.

Ensuite, la deuxième tentation, c’est le spectacle, l’extraordinaire. Un homme qui tombe du sommet du Temple, et qui descend tranquillement sur les mains des anges. Vous imaginez la scène ! Devant un tel spectacle, il n’y a plus rien à faire … chercher le truc peut-être, et s’il n’y a pas de truc, il n’y a plus qu’à écouter, bouche bée, écrasés par la puissance de celui qui peut faire ce qu’on ne peut pas faire. Mais Jésus refuse. Il refuse de nous en mettre plein la vue. Il ne cherche pas à nous écraser par sa puissance, mais il cherche à cheminer à nos côtés. Dieu n'est pas l’inatteignable, il est le tout proche. Sa puissance ne se manifeste pas dans l’impossible inutile, mais elle se déploie dans la place que nous lui laissons dans notre vie. En résistant à la tentation du temple, Jésus refuse de nous subjuguer, il nous veut libres.

Enfin, il y a la troisième tentation : la compromission qui consiste à utiliser n’importe quel moyen pour arriver à ses fins. Se prosterner devant le Prince de ce monde pour posséder l’humanité ! Comme s’il s’agissait d’être chrétien parce que c’est à la mode. Comme s’il fallait suivre l’air du temps. Mais Jésus refuse. Car Dieu n’est pas dans le mouvement de masse ou le cynisme. Il ne cherche pas une meute qu’on manipule par la ruse, mais il cherche à rassembler son troupeau dispersé. Dieu n’est pas celui qui nous flatte mais celui qui nous appelle. Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? En résistant à la tentation du monde, Jésus refuse de nous embrigader, il nous veut libres.

En résistant aux trois tentations du pain, du Temple et du monde, Jésus nous libère de la magie, de l’extraordinaire et de la compromission. Il choisit l’amour qui ne s’achète pas, qui ne s’impose pas, qui n’accepte pas n’importe quoi ! Tout au long de ce carême, nous allons nous efforcer de répondre à l’appel du Christ. Par le jeûne nous expérimentons que sa Parole est plus importante que notre confort ; dans le partage nous témoignons que son exemple est à la portée de tous ; par la prière nous prenons les moyens de l’aimer librement d’un choix personnel et non pas pour faire comme tout le monde.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est le Trône de la Sagesse, qu’elle nous montre comment nous libérer de ce qui passe pour nous attacher à ce qui demeure. Elle qui est la Mère de Miséricorde, qu’elle nous apprenne à nous libérer des mirages pour reconnaître la présence du Seigneur à nos côtés. Elle qui est la Vierge fidèle, qu’elle nous soutienne dans le combat spirituel pour que nous avancions sur le chemin de la vraie liberté : l’amour auquel Dieu nous appelle dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Comment tendre l'autre joue ?

19 Février 2023 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

7 TOA

7° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Lv 19, 1-2. 17-18 ; Ps 102 (103) ; 1 Co 3, 16-22 ; Mt 5, 38-48

« Tendre lautre joue » l’expression est devenue proverbiale, souvent pour illustrer la radicalité de l’évangile … une sorte de conseil tellement sublime quon reconnaît plus ou moins ouvertement quil est inaccessible au commun des mortels. Alors, à l’écoute de l’évangile de ce jour, que devons-nous penser ? Est-ce que Jésus nous demande de nous laisser faire et de subir tous les outrages ? Et si c’est bien ce qu’il nous demande … que faire si, par tempérament, nous ne pouvons pas tendre l’autre joue ? Et si nous trouvons que c’est une philosophie inefficace et qu’il vaut mieux se faire respecter ? Faut-il se résigner à une vie chrétienne médiocre, à moins que l’on puisse s’exempter de certains enseignements en les qualifiant d’emphase rhétorique ? Comme toujours, avant de se désoler de la Parole de Dieu, il faut prendre le temps de la scruter et de réfléchir

Il faut déjà remarquer que ce n’est pas la seule consigne que donne le Seigneur. Chaque fois il s’agit de renoncer à la réciprocité du mal : ce n’est pas parce qu’on a souffert qu’on doit faire souffrir. Il y a aussi une notion de générosité : autant donner ce que l’on nous prend ; et puis il y a aussi cette affaire d’aimer ses ennemis, donc d’aimer tout le monde, qu’on nous aime ou non ! En fait, comme le souligne la conclusion de l’évangile, il s’agit d’aimer comme Dieu aime. Avant de nous dire ce qu’il faut faire, l’évangile nous montre ce que Dieu fait : car lui le premier ne riposte pas au méchant ; lui le premier donne plus que ce qu’on demande, et il nous aime quoique nous fassions.

Mais revenons à cette histoire de joue. Que sest-il passé lorsque Jésus a été giflé, lors de sa passion, chez le grand prêtre ? Certes il na pas rendu le coup (il nen avait dailleurs sans doute pas la possibilité). Mais il n’est pas resté passif, il n’est pas resté sans rien dire, et l’on peut même dire qu’il a pris le risque d’une nouvelle gifle en répliquant : « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal ? Mais si jai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? ». Lattitude de Jésus illustre ce que nous avons entendu dans le texte du lévitique. D’ailleurs le texte a le même thème que l’évangile : « Être saint comme Dieu est saint » en aimant son prochain comme soi-même. Pourtant souvent on n’écoute pas ce texte, ou plutôt on ne l’écoute pas bien : on passe directement à la conclusion, ce qui est dommage parce qu’avant, il y a des indications qui tracent le chemin vers l’amour du prochain : refuser la haine, reprocher le mal, renoncer à la vengeance, abandonner la rancune et enfin aimer. Chacun de ces commandements permet le suivant. Comment aimer si lon garde rancune ? Ce nest pas possible ! Et de la même manière puisque la vengeance entretient la rancune, on ne peut donc pas se débarrasser de lune sans renoncer à lautre… mais surtout, il faut dabord commencer par reprocher : « tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui » ce qu’on peut traduire aussi par « ainsi tu ne partageras pas son péché », ou encore « tu ne porteras pas le poids de son péché ».

Ainsi, le reproche est le début du pardon. C’est le reproche qui rend possible le pardon, parce qu’il permet la justice. Surtout quand il n’y a pas d’aveu. Sans reproche, où cherchera-t-on la justice ? Dans la vengeance ou dans nos propres sentiments … ce qui l’exact contraire de la justice ! En vérité, il est très important de réaliser que le pardon n’est pas incompatible avec le reproche … et que même parfois, il faut avoir reproché pour pouvoir pardonner. Cela nous fait comprendre le lien entre le pardon et l’amour : il ne s’agit pas de subir mais de choisir. Choisir d’aimer malgré tout, quoiqu’il soit arrivé. Quand on réalise que l’amour seul est capable de révéler le goût de la vie, alors on comprend combien il est important d’y tenir, et l’on tient à l’amour par le pardon.

Tendre la joue, c’est être disponible et au pardon, et ce nest pas un acte de faiblesse ou de lâcheté, bien au contraire cest un acte de force. Tellement puissant que parfois cela nous semblera impossible. Et cest vrai quil y a quelque chose de divin dans le pardon. Mais justement, saint Paul nous rappelait : « vous êtes le temple de Dieu et lesprit de Dieu habite en vous. »  Croyons-nous que Jésus nous demanderait des choses impossibles ? Difficiles peut-être, impossibles jamais ! Sil nous demande d’être « parfaits comme le Père céleste est parfait », alors cest que nous en avons les moyens, et quil est possible d’être comme le Père. Accepter la Parole avec foi, c’est découvrir la promesse qui accompagne le commandement. Dieu ne demande jamais rien sans en donner les moyens, mais pour profiter des moyens, il faut accepter de faire ce qui est demandé ! Nous n’aurons la force de tendre l’autre joue, que si nous acceptons d’en tenter l’aventure puisque le Seigneur nous l’a demandé !

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, quelle augmente notre espérance pour que nous puissions voir ce que le Seigneur promet. Secours des Chrétiens, quelle fortifie notre foi pour que nous puissions accueillir le don de Dieu qui nous permet de faire ce qui nous est demandé. Mère du Bel Amour, quelle soutienne notre charité pour que nous puissions vivre à la hauteur de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Le réalisme moral de la foi

12 Février 2023 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

6TOA

6° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Si 15,15-20 ; Ps 118 ; 1 Co 2,6-10 ; Mt 5,17-37

L’évangile que nous venons d’entendre peut paraître bien difficile ! Comme si Jésus rajoutait à l’exigence de la loi. « Si votre justice ne surpasse pas celles des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux ». Alors que les scribes et les pharisiens étaient déjà très scrupuleux, au point que la plupart les considéraient comme une sorte d’élite morale inatteignable au commun des mortels, voilà que Jésus demande d’aller au-delà ! Ne risque-t-on pas une sorte de surenchère pathologique ? Avant de nous affoler, essayons de mieux comprendre ce que nous propose la Parole de Dieu.

D’abord, Jésus avertit ceux qui se sentiraient dispensés de toute morale sous prétexte de spiritualité : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes ». En vérité, c’est une tentation que l’on retrouve régulièrement tout au long des siècles. Comme le remarquait Blaise Pascal « qui veut faire l’ange, fait la bête ». Il s’est toujours trouvé des gens pour prétendre qu’une vie mystique dispensait de la morale commune. Comme si aimer Dieu dispensait de faire le bien et d’éviter le mal. Au Moyen-Âge, on a été obligé de condamner les doctrines qui prétendaient que la « pratique des vertus est pour les imparfaits, les parfaits en sont dispensés ». On remarquera le sophisme qui consiste à prétexter que, puisque seul les gens sales se lavent, ne pas se laver est un gage de propreté ! D’une certaine manière l’évangile nous remet les pieds sur terre : il n’y a pas de foi authentique si l’on fait n’importe quoi. C’est important de s’en souvenir pour nous, bien sûr, mais aussi pour éviter de se laisser égarer par des soi-disant maîtres spirituels. La tragique actualité de l’église nous rappelle combien est pertinent l’avertissement de ne pas faire confiance à « celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à faire ainsi ».

Ensuite, le Seigneur montre une voie d’intériorité. Il ne suffit pas de respecter les formes et de se conformer au « minimum syndical », il faut refuser toute complaisance avec le péché. Peut-être est-ce là ce qu’il reproche aux scribes et aux pharisiens : s’en tenir aux apparences … Il ne s’agit pas seulement de ne pas franchir la ligne rouge, il faut encore ne pas s’en approcher et même, il faut s’en éloigner. On doit bien reconnaître que les exigences de Jésus sont surtout des conseils de prudence, et que la veille du cœur est un élément important du combat spirituel. Bien sûr, on ne résout pas un conflit par le meurtre de son adversaire, mais on ne le résout pas non plus par l’injure et la haine entretenue ! Pour éviter le péché, il vaut mieux en chasser l’idée de notre esprit. Ce n’est pas en ruminant la tentation qu’on en sort.

Certains seront peut-être découragés par cet évangile, en se disant que c’est bien difficile de réprimer les sentiments qui surviennent à l’improviste et que la colère ou le désir ne se commandent pas ! Aussi la parole – par la voie de Ben Sira le Sage – nous avertit d’un troisième piège du péché : le fatalisme. Comme si l’on ne pouvait rien faire pour l’éviter. Mais la première lecture nous rappelait : « Dieu n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de péché ». Autrement dit, on n’est jamais obligé de pécher, car le péché engage notre liberté. On peut faire des erreurs par ignorance, on peut faire des fautes par maladresse, mais on ne pèche jamais sans le vouloir. Chaque fois, nous devons entendre retentir dans notre cœur cette parole : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements ».

Alors sans doute les paroles de Jésus qui nous sont données aujourd’hui ne sont-elles pas les plus consolantes de son évangile, mais elles n’en sont pas moins importantes ni moins précieuses, car elles nous invitent au réalisme moral de la foi. Elles nous avertissent que l’on ne se rapproche pas du Seigneur en vivant dans notre tête, mais que c’est très concrètement, à travers ce que nous faisons, que nous progressons dans son amour ; elles nous redisent aussi qu’on ne transige pas avec le mal et que le plus grave n’est pas le plus spectaculaire ; elles nous rappellent enfin notre liberté fondamentale : au cœur de notre cœur, il nous faut chaque fois choisir et rechoisir le Seigneur et sa Parole.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous garde dans la fidélité au cœur de Dieu. Trône de la Sagesse, qu’elle nous préserve de complicité avec les tentations. Mère de miséricorde, qu’elle nous libère des pièges du péché, pour que nous puissions choisir la vie qui nous est promise, et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Comment être ce que nous sommes

5 Février 2023 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

5TOA

5° Dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 58,7-10 ; Ps 111 (112) ; 1 Co 2,1-5 ; Mt 5,13-16

« Vous êtes le sel de la terre […] vous êtes la lumière du monde ». Ces paroles de Jésus sont à la fois encourageantes, exigeantes et mystérieuses. Encourageantes parce qu’elles sont positives et valorisantes, on comprend bien qu’il s’agit de compliments et non de reproches ! Exigeantes parce qu’elles indiquent une mission dont les enjeux sont ensuite soulignés par le Seigneur. Mystérieuses puisqu’elles sont imagées, et que les images peuvent parfois signifier des choses très différentes. Ainsi qu’y a-t-il de commun entre le sel et la lumière ? L’un est particulier, l’autre général ; l’un est palpable, l’autre ne l’est pas ; l’un agit en s’effaçant, l’autre agit en se déployant … Cela dit, le sel comme la lumière servent à révéler : le sel révèle la saveur de la nourriture, c’est-à-dire sa qualité, tandis que la lumière révèle la vérité de ce qu’elle éclaire.

Comme il s’agit de décrire la mission des disciples du Seigneur, on peut tenter de rapprocher ces deux paroles des deux grands commandements, ou des deux tables de la Loi : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.

Le sel a quelque chose à voir avec l’amour de Dieu. Déjà dans l’ancienne alliance, tout sacrifice devait être salé avant d’être offert. La menace qui vise le sel devenu fade, ressemble à celles qu’on trouve dans les paraboles du royaume : « jeté dehors » là où il y a des pleurs et des grincements de dents ce qui peut être la réaction de celui qui est piétiné par les gens. Ainsi être le sel de la terre, ça pourrait signifier révéler la qualité des choses en les imprégnant de l’amour de Dieu. Les paroles de saint Paul dans la lettre aux Corinthiens ne manquent d’ailleurs pas de piquant : « je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage ou de la sagesse ». Comme une manière de rappeler la vanité d’une approche purement terrestre de la vie ; l’humain ne suffit pas et s’affadit s’il n’est pas ouvert à la présence de Dieu.

La lumière peut être rapprochée de l’amour du prochain. Le texte d’Isaïe dans la première lecture évoquait la lumière jaillissant comme l’aurore si l’on partage le pain avec celui qui a faim, accueille les pauvres sans abri, couvre celui qui est sans vêtements … autant d’action que l’on retrouvera dans les sentences du jugement dernier « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens », et que l’église a retenu comme œuvres de miséricorde, c’est-à-dire comme expressions de l’amour du prochain. Cet amour qui ne peut être mesuré, en le mettant dans un boisseau, mais qui a vocation à rayonner, non pas pour susciter l’admiration mais pour rendre gloire à Dieu. L’amour du prochain est la lumière du monde, en ce qu’il révèle la vérité de ce que nous sommes. Car nous ne sommes pas faits pour l’égoïsme mais pour le partage, nous ne sommes pas faits pour l’indifférence mais pour la solidarité, nous ne sommes pas faits pour le mépris mais pour la compassion.

Ainsi nous comprenons la complémentarité des deux images de l’évangile d’aujourd’hui. Car nous savons que l’amour de Dieu n’est qu’illusion s’il ne se manifeste pas dans l’amour des autres, et que l’amour des autres s’épuise s’il ne s’enracine pas dans l’amour de Dieu. Mais nous pouvons faire une dernière remarque sur ce texte. Jésus ne dit pas « soyez sel de la terre », il ne dit pas non plus « soyez la lumière du monde ». Il dit « vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». Il ne s’agit donc pas d’une option, ni même d’un projet, mais d’un état et d’une identité. Non pas pour nous glorifier mais pour nous exhorter à y être fidèles. Si le sel devient fade, si la lumière se cache, c’est la terre qui perd sa saveur et le monde qui s’obscurcit. Nous n’avons pas tant à nous préoccuper de ce que nous faisons, mais de ce que nous sommes en restant solidement attachés au Seigneur, en déployant pleinement le don de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, qu’elle nous garde dans la présence du Seigneur ; Etoile du matin qu’elle nous conduise dans le souffle de l’Esprit-Saint ; Mère de l’Église qu’elle nous entraine dans la fidélité à l’Évangile pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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