Sortir de la salle commune
NO-N
Nativité du Seigneur - Messe de la nuit
Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96) ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Le chant des anges qui retentit dans la nuit de Bethléem, retentit encore ce soir en cette nuit de Noël pour nous appeler à reconnaître le signe du Salut. Ainsi la Gloire de Dieu et la paix des hommes sont inséparables.
Cette année, hélas, la triste actualité vient nous rappeler cruellement que la guerre peut surgir brutalement. Mais les conflits n’ont jamais vraiment cessé même s’ils étaient loin de chez nous, et il semble bien que tout au long des siècles la paix n’ait été qu’une suite de parenthèses dispersées. Un conte oriental prétend qu’un sage aurait résumé l’histoire de l’humanité en une phrase : « les hommes souffrent et font souffrir ». Faut-il considérer la paix des nations comme l’espérance convenue d’une reine de beauté : un rêve inaccessible et un peu naïf ? A vue humaine, sans doute ; mais justement Noël n’est pas une vue humaine : c’est l’ouverture de notre monde à la présence de Dieu, c’est l’appel à désirer et accueillir la gloire de Dieu. Nous passerons à côté du sens de cette nuit, si nous vivons ces jours de manière simplement humaine, si nous ne gardons pas au cœur cette aspiration à la plénitude, sans se résigner dans le cynisme ou l’indifférence. Évidemment, pour cela, il faut accepter de ne pas faire comme tout le monde, il faut quitter les convenances de la salle commune pour rejoindre le Prince de la Paix qui naît dans une mangeoire et reconnaître dans l’enfant de la crèche celui qui nous ouvre à la puissance de Dieu.
Pourtant il ne suffit pas de vivre en regardant le ciel. Il ne faudrait pas que les grands principes nous détournent de l’humble réalité quotidienne. Il est très noble d’aspirer à la paix des nations, mais il est essentiel d’être aussi attentifs à la paix autour de nous. C’est dans nos familles, dans nos quartiers et dans nos relations amicales ou professionnelles que nous sommes mis au défi de vivre la paix des hommes. Et nous devons bien reconnaître, que ce n'est pas toujours facile. Les tempéraments et les caractères, les choix de vie et les événements sont trop souvent l’occasion de disputes et de conflits, parfois pénibles, parfois même dramatiques. D’autant que ce n’est pas parce que nous sommes de bonne volonté que les autres le sont ! Dans la deuxième lecture, Saint Paul rappelait à Tite la première conséquence du salut annoncé aux bergers de Bethléem : « il s’est donné pour nous purifier et faire de nous un peuple ardent à faire le bien ». Si nous fêtons Noël, ça n’est pas pour le plaisir pittoresque d’une naissance antique atypique, c’est parce que nous sommes attachés à celui qui naît ce jour-là, parce que nous avons décidé de cheminer avec lui, d’écouter son évangile et de vivre à sa manière. Si nous voulons que la Gloire de Dieu resplendisse là où nous sommes, il faut que ce jour ouvre à une histoire entre le Christ et nous, pour que nous puissions puiser dans sa présence la force de le suivre. Même quand pour cela, il faudra quitter le confort de la salle commune pour rejoindre le Dieu fort qui naît dans une mangeoire et reconnaître dans l’enfant de la crèche celui qui nous unis au Seigneur.
Mais si la paix des nations n’est rien sans la paix des hommes, la paix des hommes n’est possible que par la paix du cœur. C’est au plus profond de nous que peut jaillir la Gloire de Dieu. C’est aussi au cœur de notre cœur que s’adresse le mystère de Noël. Dans la douceur de la crèche, le signe du nouveau-né tressaille du bruissement de la brise légère qui révèle la miséricorde de Dieu. C’est le pardon de nos péchés qui nous entraîne dans la joie du Salut. Il ne suffit pas de garder les yeux fixés sur le Seigneur, de garder ses paroles et de les mettre en pratique, il faut aussi entrer dans le cœur à cœur de la prière pour goûter la fidélité de Dieu qui révèle son amour. C’est en quittant le bruit de la salle commune que nous rejoindrons le Père à jamais qui nait dans une mangeoire et que nous reconnaîtrons dans l’enfant de la crèche la grâce de Dieu qui se propose à nous.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accueille auprès de la crèche en cette nuit de Noël. Porte du Ciel qu’elle creuse en nous le désir de la Gloire de Dieu. Trône de la Sagesse qu’elle nous rende disponibles à la Bonne Nouvelle annoncée par les anges et proclamée par le Christ. Mère du Bel amour qu’elle nous entraine dans le mystère de Salut, pour que nous soyons des artisans de paix et que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Joseph dans le plan de Dieu
4AVA
4° dimanche de l'Avent - Année A
Is 7, 10-16 ; Ps 23 (24) ; Rm 1,1-7 ; Mt 1,18-24
Le Seigneur qui connaît le secret des cœurs sait que je n’ai aucune intention de manquer de respect à la cour céleste ; et vous aurez la bonté d’excuser l’impertinence de mon imagination, mais à l’écoute de l’évangile de ce jour, je me suis fait la réflexion que les anges du comité stratégique chargé d’organiser l’Incarnation du Fils de Dieu, avaient sans doute fait une gaffe en oubliant de prévenir Joseph de ce qu’ils préparaient ! On mesure rarement l’importance de celui-ci dans l’accomplissement des promesses divines.
Sans doute était-il un homme juste, mais la justice l’autorisait à dénoncer publiquement Marie, qui aurait alors été lapidée, elle et l’enfant qu’elle portait ! Ce qui, convenons-en, aurait été dommage pour l’humanité ! Heureusement Joseph est juste d’une justice qui ne revendique pas mais qui respecte. Ce n’est pas une justice pour soi mais pour les autres. Il n’affirme pas ses droits à n’importe quel prix, mais il cherche la solution pour chacun puisse vivre et s’épanouir au mieux des circonstances. Mais que ce serait-il passé s’il avait mis à exécution son projet de répudier Marie en secret ? Peut-être pensait-il qu’elle pourrait alors épouser celui dont elle attendait l’enfant, et qu’après quelques réflexions désagréables des commères du quartier à l’arithmétique trop pointilleuse, tout serait allé pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf qu’alors, Jésus n’aurait plus été de la descendance de David, ce qui contredisait les promesses les plus anciennes ! D’une certaine manière, Joseph tenait entre ses mains, non seulement le bon déroulement du projet de Dieu, mais aussi la fidélité du Seigneur et la vérité de la Parole. Ainsi, un ange est venu remédier aux choses, et Joseph, par sa foi, a accueilli et mis en pratique ce qui lui était demandé. Puisqu’il nous est donné comme modèle pour cette dernière semaine de l’Avent, laissons-nous guider par son exemple pour nous préparer à Noël
D’abord il y a la justice. Le thème est malheureusement un peu déconsidéré dans nos mentalités, il est pourtant essentiel ! Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle justice. Il ne s’agit pas de la justice formelle qui se contente de respecter les apparences. On a, dans la première lecture un exemple de cette justice formelle dans la réponse du roi Achaz à l’invitation d’Isaïe. « Je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve ». C’est exactement ce qui est inscrit dans la Loi de Moïse, mais le roi n’en pense pas un mot : il ne veut pas de signe du Seigneur, parce qu’il ne veut pas compter sur le Seigneur, mais sur ses propres forces pour sortir du danger politique dans lequel il est. Il a même sacrifié son fils unique à un dieu païen pour avoir la victoire ! Il ne s’agit pas non plus de la justice égoïste qui préserve jalousement son intérêt quelques en soient les conséquences pour les autres. C’est une justice qui prend en compte aussi l’intérêt des autres, cherchant la meilleure solution, non seulement pour soi mais pour tous. Peut-être cela vaut-il la peine de vérifier que nous avons à cœur le bien de tous ceux qui nous entourent et non pas seulement le nôtre ou celui de nos proches.
Ensuite il y a l’accueil de la Parole de Dieu. C’est la première composante de la foi : croire ce qui nous est dit de la part du Seigneur. Cela implique une certaine disponibilité à ce qui dépasse notre expérience, comme Joseph accepte que l’enfant engendré en Marie vienne de l’Esprit Saint. Trop souvent nous sommes prêts à entendre la parole de Dieu à condition qu’elle vienne confirmer nos intuitions, comme si elle n’était qu’une sagesse toute humaine, comme si la révélation ne devait pas dépasser notre horizon. Nous avons pris l’habitude de comprendre tant de choses que nous avons du mal à accepter ce que nous ne pouvons pas expliquer. Il est certainement très agréable de s’émerveiller les décorations et les illuminations de ce qu’il est convenu d’appeler la magie de Noël, pourtant le plus grand motif d’émerveillement ce ne sont pas les prouesses techniques mais le mystère d’un Dieu qui se fait petit enfant dans l’indifférence du monde. Apprenons à nous laisser bouleverser par le merveilleux qui n’est pas spectaculaire.
Enfin, il y a l’obéissance de Joseph qui « fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ». C’est la deuxième partie de la foi, mettre en pratique ce que nous avons écouté. « Il prit chez lui son épouse » et nous savons qu’il a donné à l’enfant le nom qu’on lui avait indiqué. C’est dans la simplicité de l’ordinaire que s’accomplit l’œuvre de Dieu. Le Seigneur n’attend pas de nous l’héroïsme mais la sainteté. Demandons-nous comment Dieu veut que nous vivions ces jours de fête ; essayons de nous laisser guider en préférant choisir ce qui lui plait. Puisqu’il est l’Emmanuel, « Dieu avec nous », que ferons-nous pour être avec lui ?
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à suivre l’exemple de Joseph pour nous disposer à la naissance du Seigneur. Rayonnement de Joie qu’elle éduque nos cœurs à la véritable justice qui prépare la paix. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende attentifs aux merveilles que le Seigneur fait pour nous. Reine des saints qu’elle nous guide dans la disponibilité à l’œuvre de Dieu pour que nous puissions accueillir le Salut de Celui qui vient nous rejoindre et demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
La joie comme réponse au doute
3AVA
3° Dimanche de l'Avent - Année A
Is 35,1-6.10 ; Ps 145 ; Jc 5,7-10 ; Mt 11,2-11
Il est assez cohérent que Jean-Baptiste soit une figure de l’Avent, puisqu’il est celui qui a préparé le chemin devant le Christ. En revanche il est plus surprenant que l’on nous propose l’évangile où il est en prison et où il s’interroge sur Jésus à l’occasion du troisième dimanche qui est traditionnellement associé à la joie. On doit pouvoir faire mieux comme figure de la joie qu’un prisonnier assailli par le doute ! On peut, bien sûr s’attacher surtout aux paroles de Jésus qui soulignent des événements plus joyeux, mais ne passons pas trop vite sur le doute de Jean-Baptiste. D’abord, parce qu’il peut nous arriver de douter et qu’il est bon de voir comment cela doit s’inscrire dans la vie spirituelle ; et puis aussi parce que la lettre de saint Jacques invitait à la patience, ce qui est une manière d’affronter l’hésitation ou l’incertitude au cœur de l’attente : l’impatience n’est-elle pas à l’attente ce que le doute est à la foi ?
Donc Jean-Baptiste se pose des questions sur Jésus : « est-il celui qui doit venir ? ». C’est qu’il doute du bien-fondé de sa prédication. Il l’avait désigné comme l’agneau de Dieu, mais ça ne lui parait plus aussi évident ! Que faire lorsqu’on doute ? Il peut y avoir trois réactions différentes. La première c’est l’abandon : « j’en doute » est parfois un euphémisme pour dire je ne crois pas. La deuxième réaction, c’est d’en faire une posture et de se complaire dans le doute, comme si renoncer à toute certitude était une preuve de sagesse. La troisième réaction c’est de rechercher une confirmation en essayant de sortir du doute. C’est cette dernière attitude qu’adopte Jean-Baptiste. Au fond de sa prison, il n’a pas baissé les bras en se disant : « je me suis trompé, Jésus n'est pas le Messie ». Il n’est pas resté non plus à se morfondre en recherchant les raisons qui ne feraient qu’augmenter sa perplexité. Au contraire, il fait demander au Seigneur ce qu’il en est, ce qui montre qu’il fait toujours confiance à Jésus.
Alors, quelle est notre attente ? Une première attitude serait de croire que la foi est une certitude sans hésitation, que la venue du Seigneur doit être évidente. C’est prendre le risque que le doute nous conduise à l’abandon et que les contrariétés nous découragent. Quand le Seigneur n’obéit pas à nos prières, quand l’église ne fait pas ce que nous voulons, quand la prière devient aride et que les difficultés s’accumulent, il faut accepter de patienter et de se laisser instruire plutôt que d’abandonner ou de relâcher nos efforts pour rester fidèle à la présence de Dieu. Sinon, c’est la tristesse qui suivra l’impatience et l’abandon.
Une deuxième attitude serait d’adopter la posture du doute permanent et de confondre la patience et la routine. C’est devenu très à la mode de refuser toute certitude et de douter de tout, de vivre au jour le jour, prêt à renier le lendemain ce qu’on avait affirmé la veille. Mais vivre dans l’indécision en se laissant guider par l’air du temps, ça finit par fatiguer. Que Dieu soit un mystère ne signifie pas qu’on ne puisse rien en savoir, et qu’il soit plus grand que nos idées ne signifie pas qu’il soit inconnaissable. A ne tenir à rien on finit par se lasser de tout, et c’est finalement à l’ennui que conduit l’attentisme et le doute entretenu.
Mais nous pouvons choisir la troisième voie, celle de la confiance qui augmente la foi. A l’exemple de la prière de Charles de Foucauld avant sa conversion : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ». C’est faire du doute une disponibilité au Seigneur et vivre l’attente dans la persévérance et la patience. C’est le sens de la prière de l’église : « viens, Seigneur Jésus », comme une manière de se rapprocher de lui quand l’évidence de sa présence s’estompe. Et dans l’évangile, Jésus répond à la question de Jean-Baptiste par les signes annoncés par les prophètes, non seulement pour lui rappeler la Parole de Dieu, mais aussi pour qu’il découvre que c’est la joie qui répond au doute.
Ainsi la question de Jean-Baptiste au cœur de sa prison, n’est pas une remise en cause de son ministère, ce n’est pas le désespoir de celui qui s’est trompé, mais c’est la porte ouverte à une plus grande disponibilité à la Parole de Dieu, un doute qui ouvre à une foi plus grande, une disponibilité à la joie qui vient de la présence du Seigneur, pour élargir notre attente au Royaume des Cieux qui dépasse tout ce que nous pouvons connaître.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés qu’elle encourage notre foi ; Refuge des pécheurs qu’elle fortifie notre espérance ; Rayonnement de Joie qu’elle élargisse notre charité pour que nous puissions rester disponible à Celui qui vient et entrer dans le Royaume qui nous attend, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Les trois conversions
2AVA
2eme dimanche de l'Avent - Année A
Isaïe 11, 1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12
Eh bien ! Ça chauffait sur les bords du Jourdain ! Je parle bien sûr de l’évangile que nous venons d’entendre et de l’épisode entre les pharisiens, les sadducéens et Jean le Baptiste. Il a beau être pittoresque avec sa peau de bête et son régime frugal, ça ne devait pas être très drôle de se faire insulter et traiter d’engeance de vipères ! Vous allez me dire que ça n’était pas adressé à tout le monde, mais seulement aux méchants orgueilleux … sauf qu’ils n’étaient pas si orgueilleux que ça puisqu’ils venaient se faire baptiser en confessant leurs péchés. Mieux vaut ne pas trop édulcorer la parole de Dieu en pensant qu’elle ne nous concerne pas et accepter que l’invitation à la conversion soit un peu dérangeante : il est rare que les prophètes utilisent la rhétorique du renard pour nous persuader de lâcher nos péchés ! Et pour nous faire comprendre que la conversion est une affaire sérieuse, l’évangile nous laisse percevoir qu’il y a au moins trois niveaux de conversion nécessaires, que l’on peut rapprocher des dons de l’Esprit qu’évoquait Isaïe dans la première lecture.
D’abord il y a une conversion de principe. C’est ce que proposait le baptême de Jean. Cela demandait déjà une certaine bonne volonté, pour descendre de Jérusalem jusqu’à la vallée du Jourdain, pour reconnaître ses péchés et se faire plonger par lui dans le fleuve. C’est la conversion de la tête, le changement des idées. Cela correspond à entrer dans l’esprit de sagesse et de discernement. Il s’agit de se laisser guider par le Seigneur dans notre manière de vivre et dans notre vision du monde. Quelle est la place de Dieu dans nos habitudes ? Quelle est la place de Dieu dans nos pensées et dans nos opinions ? Combien de fois sommes-nous tentés de décider nous-mêmes de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas ? Est-ce que nous savons nous appuyer sur la Parole pour penser le monde et pour agir ? Non pas en cherchant une justification à ce qui nous arrange, mais pour apprendre ce qui nous dépasse … même quand nous pensons que nous maitrisons le sujet ! Saint Paul rappelait aux Romains « ce qui est écrit dans les livres saints l’a été pour nous instruire ». La place de la Parole de Dieu, et le respect qu’on lui porte, peuvent nous aider à mesurer notre besoin de cette première conversion.
Mais c’est une démarche qui peut rester un peu formelle, un peu théorique. La conversion ne peut pas en rester au niveau des principes, elle doit se traduire dans l’action. C’est pourquoi Jean Baptiste interpelle vigoureusement ce qui seraient tentés d’en rester à la première démarche : « produisez donc un fruit digne de la conversion ». Après la conversion de la tête il faut s’engager dans la conversion des mains. Retourner les mains pour passer de celui qui prend à celui qui donne. Cela correspond à entrer dans l’esprit de conseil et de force, qui nous guide concrètement dans les moments particuliers, pour savoir ce qu’il faut faire, et pour le faire. C’est peut-être l’aspect le plus évident de la conversion, mais ça n’est pas le plus facile. D’ailleurs saint Paul l’exprimait dans son invitation aux Romains : « accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ». C’est souvent dans la qualité de nos relations les uns aux autres que l’on peut mesurer notre besoin de cette deuxième conversion … à condition de regarder tous les autres, et non pas seulement ceux avec qui c’est facile d’être en paix !
Enfin il y a une troisième conversion que nous indiquent les paroles du Baptiste lorsqu’il annonce le baptême dans l’Esprit et dans le feu. Une manière de dire à ceux qui sont là qu’ils ne sont pas au bout du chemin, qu’ils devront encore faire un effort pour accueillir Celui qui vient. C’est la conversion du cœur, celle qui correspond à l’esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. Ce que l’on traduit traditionnellement par les dons de science, de piété et de crainte ou dit autrement de connaissance, d’affection filiale et d’adoration. C’est la conversion de la vie spirituelle qui est plus un consentement qu’une décision. Une conversion qui n’est jamais acquise une fois pour toute parce qu’il s’agit de vivre en Dieu et que la vie n’est pas une posture. C’est lorsqu’on réalise que la prière n’est pas un moment mais une respiration que l’on comprend la nécessité de cette conversion.
Alors n’hésitons pas à entrer dans le mouvement qu’indique Jean Baptiste pour préparer la venue de Celui qui vient. Approfondissons notre proximité à la Parole de Dieu pour vivre la conversion des idées. Faisons attention les uns aux autres pour vivre la conversion des actions. Laissons-nous conduire par l’Esprit reçu au baptême pour vivre la conversion du cœur qui nous fera partager la gloire du Seigneur.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous rende disponibles à l’esprit de sagesse et de discernement ; Mère du Bel Amour qu’elle nous rende attentifs à l’esprit de conseil et de force ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous entraine dans l’esprit de connaissance, d’affection filiale, pour que guidés par l’esprit d’adoration nous puissions contempler la lumière de la crèche qui brille dans la nuit de Bethléem et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.