C'est Dieu qui donne son poids aux choses
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18° dimanche du Temps Ordinaire - Année C
Qo 1,2. 2,21-23 ; Ps 90 (89) ; Col 3,1-5.9-11 ; Lc 12,13-21
« Pensez aux réalités d’en haut » … ces mots de saint Paul me rappellent la remarque de Baden Powell qui disait que, lorsqu’il était au collège ; il se cachait plutôt dans les arbres car il avait remarqué que ceux qui le cherchaient regardaient rarement en l’air. Cette invitation à regarder vers le haut pour ne pas passer à côté des choses importantes est un rappel que déclinent à leur manière les textes d’aujourd’hui : la parabole que raconte Jésus sur la précarité de la vie, ou les réflexions de Qohèleth sur la vanité de l’histoire. Faut-il donc vivre la tête dans les nuages en méprisant les basses réalités de ce monde ? Avant de conclure trop hâtivement, reprenons calmement les différents textes.
D’abord Qohèleth et son fameux refrain « vanité des vanités, tout est vanité ! ». Il s’agit surtout de nous faire prendre conscience de la futilité des choses, non pas qu’elles ne soient pas justifiées mais qu’elles n’ont sans doute pas le poids qu’on leur donne. L’auteur biblique rejoint la réflexion désabusée des philosophes de tout temps qui ont soulevé la question existentielle du sens de la vie. Si nous en restons à la simple observation des faits et des événements, nous serons saisis par l’abime d’insignifiance de ce monde où rien n’est jamais acquis et où les plus belles choses se heurtent inexorablement à leur finitude. Mais la Bible ne cherche pas à nous entrainer dans un pessimisme dépressif, elle nous avertit que s’acharner à vouloir décider soi-même du poids des choses conduit à plonger dans l’angoisse métaphysique. « Tout est vanité » si nous laissons à nos pensées ou à nos sentiments le soin de déterminer ce qui est important. Voilà pourquoi il nous faut lever la tête et rechercher les réalités d’en haut.
C’est ce à quoi nous invite la lettre aux Colossiens. Mais à l’opposition entre ce qui est du ciel et ce qui est de la terre, saint Paul ajoute la dynamique de l’apparence : « votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu, quand il paraîtra, vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans le gloire ». Il ne s’agit donc pas de tout rejeter ou de vivre ailleurs, mais de permettre que se déploie ce qui est en nous. Il ne s’agit pas tant de vivre autre chose que de vivre autrement. L’apôtre ne nous demande pas de renoncer au désir mais aux désirs mauvais ; il ne condamne pas la possession mais la soif de possession. Bien sûr cela implique d’éviter « ce qui n’appartient qu’à la terre », c’est-à-dire ce qui est incompatible avec la gloire divine ; mais finalement ça n’est pas cela le plus exigeant : le plus exigeant c’est de vivre à la manière de l’homme nouveau ce qu’on a l’habitude de vivre à la manière de l’homme ancien. Le plus exigeant c’est de veiller à ce que notre cœur recherche toujours les réalités d’en haut.
L’évangile peut nous aider à comprendre ce que signifie avoir un cœur tourné vers les réalités d’en haut. En refusant d’être juge dans une histoire d’héritage, Jésus ne refuse pas la justice mais il s’attache à la justice de l’être plutôt qu’à la justice de l’avoir. De la même manière, ce qui est reproché au riche de la parabole, ce n’est pas d’être riche, mais de perdre du temps à le devenir plutôt qu’à vivre. La conclusion de la parabole nous donne la clé pour vérifier que notre cœur est tourné du bon côté : « voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même au lieu d’être riche en vue de Dieu ». Ce n’est pas nous qui donnons du poids aux choses, c’est Dieu. C’est à la mesure de Dieu que nous devons choisir nos priorités et reconnaître ce qui est important. Finalement la question « et Dieu dans tout ça ? » n’est pas tant une relance de journaliste qu’un guide pour discerner. Ce que nous faisons, ce que nous voulons faire, ce que nous espérons … est-ce pour nous ou pour Dieu ? On peut toujours déguiser notre réponse et se cacher soi-même derrière de grandes idées ou de nobles buts, mais il ne sert à rien de se faire illusion car toujours la vanité de ce que nous avons fait pour nous-même finira par apparaître.
Alors n’attendons pas le moment tragique pour tourner nos cœurs et nos vies vers Dieu, Efforçons-nous de vivre et d’agir en vue de Dieu. Recherchons les réalités d’en-haut pour découvrir la vraie valeur des choses, c’est ainsi que nous revêtirons l’homme nouveau qui se renouvelle sans cesse pour être à l’image du Créateur ; c’est ainsi que le Christ sera tout en nous.
Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle fasse retentir en nous l’appel du Seigneur. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à vivre à la manière du Christ. Reine des Saints qu’elle nous conduise jusqu’à la plénitude de la gloire qui nous est promise, pour que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Une prière "à la tête du client"
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17° Dimanche du Temps Ordinaire - année C
Gn 18,20-32 ; Ps 137 (138) ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13
Il y a dans la prière d’Abraham que nous rapportait la première lecture, quelque chose de merveilleusement oriental, un parfum de souk et de marchandage. Au-delà du pittoresque de l’histoire, on peut quand même s’étonner que le modèle de prière qui nous est proposée soit une négociation « à la tête du client » où rien n’est définit à l’avance, et où la conclusion dépend en grande partie de la discussion et des émotions de chacun des interlocuteurs. Sans doute préférerions nous une relation plus « objective » avec Dieu où les choses soient clairement définies, voire tarifée : telle grâce contre telle prière. Mais c’est alors qu’on quitterait la prière pour la magie, une sorte d’économie mécanique où la formule garantit le résultat ! Ainsi, il nous faut sans doute réaliser et assumer que la prière est « à la tête du client ».
C’est que la tête du client, c’est d’abord la tête de Dieu ! Cela signifie que la prière dépend de Dieu, que notre prière dépend de notre connaissance de Dieu. On le voit bien lorsque Abraham rappelle au Seigneur qu’il est celui qui « juge toute la terre » ; on le voit aussi dans le Notre Père qui est un enseignement sur Dieu avant d’être un modèle de prière. On comprend facilement qu’on ne peut pas demander n’importe quoi au Seigneur. Il ne faut pas le confondre avec le Père Noël ou le génie de la Lampe – à qui d’ailleurs on ne peut pas demander n’importe quoi non plus ! Il faut apprendre à demander à Dieu ce qu’il peut nous donner et surtout ce qu’il veut nous donner. C’est à mesure que nous connaîtrons mieux le cœur de Dieu que notre prière se fera mieux ajustée. Ainsi la prière s’enracine dans la contemplation et dans l’écoute de la Parole de Dieu.
Mais la tête du client, c’est aussi notre tête … Est-ce à dire que la puissance de la prière dépend aussi de nous ? Eh bien, il n’est pas vraiment étonnant que la prière d’un saint soit mieux reçue que celle d’une crapule ! C’est que la prière nous engage ; parce qu’elle n’est pas mécanique : elle est le lieu de la grâce et de la liberté, non pas du droit et de l’exigence. Mais que la prière dépende de nous ne relève pas d’un favoritisme électif scandaleusement inégalitaire : notre tête, c’est d’abord la tête que nous faisons, et donc la prière dépend de nos dispositions pendant celle-ci. Ainsi dans l’exemple que donne Jésus, ce n’est pas tant l’amitié que l’insistance du demandeur qui lui permet d’obtenir ce qu’il cherche. C’est que la persévérance manifeste la réalité du désir. Si notre prière est un caprice, alors nous nous lasserons vite de demander. Sans doute les critères du Seigneur ne sont pas les nôtres, mais nous devons comprendre que la prière n’est pas une parenthèse dans notre vie, elle n’est pas un joli ornement de notre conscience, elle est un engagement, une puissance de transformation, un aiguillon à rechercher la sainteté.
Pourtant, s’il l’on parle d’une prière à la tête du client, il faut réaliser que depuis notre baptême, notre tête c’est le Christ. C’est la raison pour laquelle les disciples demandent à Jésus « apprends-nous à prier » : ils veulent entrer dans la prière du Seigneur. C’est aussi pourquoi saint Paul rappelle aux Colossiens la place du Christ dans le salut. La prière du chrétien n’est pas une simple négociation avec la divinité, elle est en quelque sorte une plongée dans le souffle trinitaire. « Combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » dit Jésus pour nous faire pressentir la véritable dynamique de la prière. Il s’agit de se laisser conduire jusqu’au mystère même de Dieu que le Fils nous a dévoilé, il s’agit d’entrer dans le cœur à cœur divin qui s’est ouvert à nous par la croix. La prière n’est pas seulement une affaire de théologie ou de morale, elle est aussi l’aventure d’une rencontre, le mystère d’une proximité.
Ainsi, le marchandage d’Abraham nous révèle sans doute le secret de la vie spirituelle : celui d’une prière qui est un échange « à la tête du client » car il s’inscrit dans une alliance qui implique que Dieu et l’homme se prennent mutuellement en compte, et que pour notre part, nous progressions dans l’esprit de connaissance, d’adoration et d’affection filiale.
Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à mieux connaître le Seigneur. Trône de la Sagesse qu’elle nous guide sur le chemin de la sainteté. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne dans le souffle de l’Esprit pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Les pièges du dévouement
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16° Dimanche du Temps Ordinaire - Année C
Gn 18,1-10a ; Ps 14 (15) ; Col 1, 24-28 ; Lc 10, 38-42
Si l’on comprend aisément que la rencontre aux chênes de Mambré et le repas chez Marthe et Marie se rejoignent dans une même thématique de l’hospitalité, il est assez saisissant que la tonalité des deux textes soient si différentes. Ainsi l’accueil du Seigneur mérite à l’un l’accomplissement de la promesse, tandis que l’autre ne reçoit qu’un désaveu cinglant. Mais ce rapprochement contrasté nous permet peut-être de ne pas réagir trop vite ni trop catégoriquement à l’histoire de Marthe et Marie. Certains, en effet, défendront Marthe en reprochant à Jésus son ingratitude … ce qui est difficilement compatible avec la foi chrétienne ; d’autres prétendront suivre pieusement le Seigneur en accablant Marthe de tous les maux … ce qui n’est sans doute pas très juste et certainement excessif. On voit mal comment la Parole de Dieu pourrait dénigrer l’hospitalité, le dévouement et le service ! En revanche, sans doute l’Esprit Saint nous avertit-il de quelques pièges auxquels nous devons être attentifs.
En définitive, ce que Jésus reproche à Marthe, ce n’est pas d’avoir tout fait pour bien l’accueillir et lui préparer un bon repas, mais c’est plutôt d’être perfectionniste en donnant plus d’importance au service qu’à celui qui est reçu … d’autant que manifestement il y a une certaine jalousie vis-à-vis de Marie, mais que c’est à Jésus qu’on fait des reproches !
Ainsi le premier piège est celui du perfectionnisme, c’est-à-dire de se focaliser sur les moyens en oubliant le but. « Une seule chose est nécessaire » dit Jésus, comme pour aider son hôtesse à retrouver l’ordre des priorités. Malheureusement ce n’est pas un piège réservé au dévouement que cette perte du sens. Nombreux sont les domaines de l’activité humaine où le risque est grand d’oublier l’horizon à force de se remonter les manches. C’est peut-être pour cela que la Bible s’ouvre sur le commandement du Sabbat et que l’Église tient au précepte dominical. Si l’on ne sanctifie pas le septième jour, qu’est-ce qui nous fera relever la tête pour nous rappeler le but de notre vie ?
L’inconvénient des pièges du dévouement, c’est qu’ils s’enchaînent l’un l’autre. Toute accaparée par le service, Marthe regarde avec un certaine jalousie sa sœur, assise aux pieds du maître. Il y a quelque chose du regard de Caïn dans sa remarque. Le deuxième piège c’est donc l’aigreur et la division. Quand on commence à regarder d’un mauvais œil ceux qui ne font pas comme nous, quand on juge non pas les idées ou les attitudes mais les personnes, quand la générosité renferme sur soi et divise, alors c’est le signe que quelque chose ne va plus, et qu’il faut corriger la dérive du cœur. Il est remarquable que, sous les chênes de Mambré, Dieu s’intéresse à Sara. Il ne parle à Abraham que pour s’informer de sa femme, comme pour nous rappeler que le Seigneur voit ceux qui sont invisibles aux yeux du monde. Si l’on prend les moyens de contempler le regard de Dieu sur nous, alors nous n’avons plus besoin de nous rassurer en se comparant ou en se justifiant. Voilà un bon moyen de mesurer la justesse de notre prière : est-ce qu’elle augmente en nous l’unité ou bien est-ce qu’elle nous fait ruminer la division ?
Enfin, puisque la jalousie a remis Marthe au centre de ses propres préoccupations, vient le troisième piège : celui de la prise de pouvoir. « Dis-lui donc de m’aider » … Ainsi c’est le Seigneur qui devrait obéir à ses ordres ! Celui qui est servi devient celui qui doit servir, et surtout le serviteur devient le maître dans le subtil renversement du service en pouvoir ! Voilà pourquoi Jésus la remet à sa place. C’est peut-être le piège typique du dévouement que ce glissement vers la domination : l’humilité devient une manipulation masquée, la miséricorde devient condescendance et l’engagement se fait intransigeant. La seule manière d’éviter ce piège c’est sans doute le respect, ce qu’en termes spirituels on appelle l’adoration : se tenir devant Dieu là où il nous attend, à l’exemple de saint Paul qui rappelle aux Colossiens la présence du Christ, dans les souffrances comme dans le service, dans la mission comme dans l’accompagnement.
Loin d’être un désaveu de l’hospitalité ou des tâches ménagères, le dialogue entre Jésus et sainte Marthe est surtout un avertissement pour éviter les pièges du dévouement et veiller à ce que notre cœur se laisse guider par la sanctification, la contemplation et l’adoration qui ne sont pas d’abord des pratiques mais des manières d’être.
Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle nous apprenne à garder les yeux fixés sur l’essentiel ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous montre comment nous enraciner dans le Christ ; Humble Servante du Seigneur qu’elle nous garde fidèles à la Parole pour que notre cœur batte au rythme du cœur de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
Embarquer avec le Christ
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14° dimanche du Temps Ordinaire - Année C
Is 66,10-14c ; Ps 65 (66) ; Ga 6,14-18 ; Lc 10, 1-12.17-20
L’évangile nous rapporte un moment qui a sans doute marqué la mémoire des disciples : celui de la première mission. Élargissant le cercle des apôtres, Jésus en désigne soixante-douze pour aller au-devant de lui dans les localités où il allait se rendre. Si lors de l’appel des premiers il avait pris l’image du pécheur pour expliquer ce qu’il attendait, c’est maintenant l’image du moissonneur qu’il utilise. Sans doute une manière de ne pas s’enfermer dans les comparaisons ! Pêcheur ou moissonneur, ce qui compte c’est d’abord de préparer la rencontre avec le Seigneur. Voyons ce que cela suppose de notre part.
Il y a d’abord une sobriété qui témoigne d’une certaine urgence de la mission. « Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin ». Il ne s’agit donc pas d’une promenade de santé ou d’un voyage d’agrément. La demande du Seigneur passe avant notre confort ou nos sécurités. Si l’on veut prendre une image maritime, on pourrait dire que la barque de l’Église n’est pas un yacht où l’on se repose mais un chalutier où l’on travaille ! Ça n’est peut-être pas très agréable à entendre au début de l’été, mais il est bon de réaliser que la vie spirituelle n’est pas un loisir mais une mission. L’évangile ne nous tourne pas vers nous mais vers Dieu et vers les autres. Ça ne signifie pas qu’il ne soit pas légitime de se reposer, mais comme dit l’Ecclésiaste il y a un temps pour tout. D’ailleurs la fin de l’évangile montre ce moment où chacun revient et partage ce qu’il a vécu. Il est normal qu’un bateau rentre au port, mais ce n’est pas très bon signe s’il y reste tout le temps ! Voilà peut-être un premier point de vigilance. Sans doute savons nous prendre le temps de goûter la Parole et de profiter de la présence de Dieu dans la prière, mais il ne faut pas oublier que nous devons aussi préparer la rencontre du Seigneur par le témoignage et l’engagement, annonçant la Bonne Nouvelle du Salut par la miséricorde et le service.
Ensuite Jésus invite les disciples à une disponibilité : restez quand vous êtes accueillis, partez quand vous ne l’êtes pas. On ne va pas s’acharner à pêcher là où il n’y a pas de poisson ! Cette disponibilité manifeste la liberté fondamentale indispensable à la vie spirituelle. Non pas la liberté de faire n’importe quoi, mais la liberté qui rend chacun responsable de ses choix. La liberté de celui qui annonce soulignant la liberté de celui qui entend. On pense à la réflexion de sainte Bernadette à son curé : « je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ». La disponibilité dans la mission des soixante-douze nous rappelle que la vie spirituelle ne se mesure pas à l’efficacité mais à la profondeur de notre cœur. Savoir vivre l’instant présent, accueillir les circonstances comme un appel du Seigneur pour que les joies comme les épreuves soient une occasion de suivre le Christ dans la louange ou dans la confiance en Dieu – voilà ce que nous devons rechercher. Comme disait saint Paul dans la deuxième lecture : « ce qui compte c’est d’être une création nouvelle ; pour tous ceux qui marchent selon cette règle de vie, paix et miséricorde ».
Enfin la réflexion du Seigneur nous permet de ne pas nous tromper de priorité : « ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ». C’est aussi ce dont témoigne saint Paul : « la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté ». L’amour de Dieu qui nous a sauvés est plus important que les avantages qu’on peut en retirer. C’est sans doute l’un des poisons les plus pernicieux de la vie spirituelle que de préférer le cadeau plutôt que celui qui le donne. Trop souvent nous recherchons le pouvoir plutôt que la communion parce que nous attachons plus d’importance à la terre qu’au ciel, au temps qu’à l’éternité, aux effets qu’à la cause.
En nous rappelant la mission des soixante-douze, l’évangile nous invite à retrouver le souffle de notre vie spirituelle. Par la sobriété qu’implique l’engagement, par la disponibilité qui permet la liberté, par l’attachement au cœur de Dieu nous pourrons goûter à la joie qu’annonçait le prophète Isaïe, la joie des serviteurs du Seigneur.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle nous apprenne à être signes du Salut là où nous sommes. Trône de la sagesse qu’elle nous montre comment accueillir le don de Dieu. Porte du Ciel qu’elle guide nos regards pour que nos cœurs puissent battre au rythme du cœur de Dieu et que nous demeurions en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.