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Le Christ n'est pas un totem d'immunité

18 Avril 2021 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

3PAB

3° dimanche de Pâques - Année B

Ac 3,13-15. 17-19 ; Ps 4 ; 1 Jn 2,1-5a ; Lc 24,35-48

Dans la famille des apparitions du Christ ressuscité, nous avons aujourd’hui le poisson grillé. Comme saint Luc condense dans ce récit des éléments dispersés dans les autres évangiles, cela peut donner un sentiment de « déjà-vu » … et il faut toujours se méfier de ce sentiment quand on lit la Parole de Dieu ! Un des moyens pour puiser encore dans un texte qu’on croit connaître, c’est de le laisser résonner avec d’autres passages bibliques … ce qui est particulièrement opportun le dimanche. Or ce qui se retrouve dans les trois textes que nous venons d’entendre, c’est le pardon des péchés. Alors, vous allez penser que ça suffit, pendant quarante jours on a fait pénitence pour nos péchés, il est temps de finir le carême et de profiter du temps de Pâques. Même si je partage cette réaction, la Parole est la Parole, il faut avoir l’humilité de chercher à comprendre pourquoi on nous parle encore de péché pendant le temps de Pâques !

D’abord on peut remarquer qu’on ne parle pas tant de péché que de « pardon des péchés » … ce qui est mieux ! D’autant que le pardon est acquis et non pas à demander. C’est-à-dire que le temps de Pâques n’est pas celui où l’on demande pardon pour nos péchés, mais celui où on réalise que nos péchés sont pardonnés … ce qui change bien des choses. Mais on pourrait être tenté de se dire « nos péchés sont pardonnés … merci Seigneur … n’en parlons plus ! ». Pourtant si l’on reprend les dernières paroles de Jésus dans l’évangile, il semble que le but de la résurrection soit la conversion proclamée pour le pardon des péchés. Donc le salut, la rédemption, tout ce que permet Pâques, c’est le pardon des péchés. Si nous sommes déçus à la pensée que le salut n’est « que » le pardon des péchés, c’est peut-être que nous n’avons pas bien réalisé ce qu’est le péché.

On ne va pas refaire tout le carême, mais revenir à la première lecture. Le discours de Pierre, a une expression poignante : « vous avez tué le Prince de la vie ». Il y a une force incroyable dans cette expression : « vous avez tué le Prince de la vie ». A la réflexion, cela pourrait être le reproche pour tout péché : utiliser pour la mort ce qui devrait épanouir la vie. Car c’est bien là le problème : une chose paraît attrayante, légitime, et c’est normal puisqu’elle est une puissance vitale ; mais le péché va détourner cette puissance de vie vers la mort. Par exemple, la gourmandise (aujourd’hui il faudrait peut-être dire plutôt la gloutonnerie), quand la nourriture devient le but de la vie. La nourriture est bonne en soi, elle est nécessaire, mais si elle prend trop de place, elle tue les autres aspects de la vie. Autre exemple : la colère est un péché quand l’indignation - qui est bonne en soi - conduit à la haine ou la violence. L’indignation est nécessaire à la vie puisqu’elle est l’appel de la justice, mais la colère détourne cette force pour faire un monde de conflit … On pourrait multiplier encore les exemples, mais je ne veux pas vous donner des idées de péché ! Retenons qu’un péché c’est ce qui rend mortel ce qui est vital - « vous avez tué le prince de la vie »

Alors apparaît le lien entre le pardon des péchés et le mystère de Pâques. La résurrection n’est-elle pas cette possibilité inouïe révélée par le Christ que la mort peut devenir un passage vers la vie ? Le péché détourne la vie vers la mort, la résurrection ouvre dans la mort la porte de la vie. Voilà pourquoi nous sommes sauvés : parce que le Christ nous sort de l’impasse où nous nous sommes embourbés par le péché. Trop souvent nous attendons du salut qu’il soit une sorte de bouclier qui nous préserve de tout problème. Le mystère de Pâques n’a jamais empêché personne de souffrir, ni même hélas de faire souffrir. Le Christ n’est pas un totem d’immunité, ni d’impunité d’ailleurs ! Pâques n’ouvre pas à l’immortalité mais la résurrection ; Dieu ne nous préserve pas du mal, il nous en délivre ! Et si l’on est tenté de regretter que le Seigneur ne nous donne pas le salut dont nous rêvons … réalisons que nous rêvons d’un salut inférieur et sans doute illusoire, car à la moindre difficulté, au moindre écart nous serions irrémédiablement perdus !

Pourtant il reste encore un point à éclaircir. Pourquoi Jésus parle-t-il de « conversion pour le pardon des péchés » ? C’était aussi la conclusion du discours de Pierre « convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés ». C’est que le pardon n’est pas une amnistie : il ne survient pas quoiqu’il arrive et quoique nous fassions : il faut le demander et peut-être même le désirer. Ce qu’il y a d’inouï dans le mystère de la foi, c’est que le don de Dieu est remis à notre bon vouloir. Non pas à notre caprice, mais à notre sincérité. Et les paroles de la lettre de saint Jean, dans la deuxième lecture sont extraordinaires : « en celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection ». Ce qui nous est demandé, c’est de garder la parole de Dieu, pour la vivre et la pratiquer, bien sûr ; mais aussi pour accepter qu’elle reste une écharde dans la chair nous rappelant le chemin à parcourir, les dispositions à changer, les efforts à faire. On est parfois comme des vases d’argile gardant un trésor précieux : pas forcément à la hauteur de ce que l’on garde, mais ça n’empêche pas de garder. Et j’aime à me souvenir que dans la rencontre avec les disciples au soir du premier jour de la semaine, Jésus leur rappelle ce qu’il avait dit, il leur rappelle ce qui est écrit, comme pour les amener à garder la Parole qui leur a été confiée plutôt que de l’oublier.

Accueillons donc le Christ ressuscité qui fait de nous des témoins du salut. Nous qui avons bien souvent « tué le Prince de la Vie », tournons-nous vers Dieu pour reconnaître notre défenseur : Jésus Christ, qui, par son sacrifice, obtient le pardon des péchés, les nôtres comme ceux du monde. Gardons sa parole fidèlement pour que son amour puisse atteindre en nous la perfection.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs, qu’elle creuse en nous le désir du pardon. Mère de Miséricorde qu’elle nous fasse goûter la douceur de l’Amour du Seigneur. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à garder la Parole pour que nous puissions être les témoins de la bonne nouvelle de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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Le mystère de la foi

11 Avril 2021 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Pâques

2PAB

2° Dimanche de Pâques - Année B

Ac 4,32-35 ; Ps 117 ; 1 Jn 5,1-6 ; Jn 20,19-31

Osons une question impertinente : à quel moment de la lecture de l’évangile avez-vous cessé d’écouter le texte ? Je vous avoue que, pour moi, la tentation était forte de décrocher en entendant que « Thomas n’était pas avec eux » … une petite voix insidieuse murmurait : « c’est bon, tu connais l’histoire, ça va se terminer par « ceux qui croient sans avoir vu ». Mais ceux qui parmi vous sont plus vertueux que moi, et qui ont écouté attentivement jusqu’au bout, savent que cette parole de Jésus n’est pas la fin du texte. C’est d’autant plus important que l’évangile se termine par une phrase qui nous est adressée, à nous, directement : « pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom ». Nous voilà donc invités à la foi.

Que nous faut-il pour croire ? Thomas réclamait de pouvoir toucher les mains et le côté du Seigneur. Mais d’après les paroles de Jésus, il lui a suffi de voir pour croire – comme pour les autres apôtres la semaine précédente, puisque Jésus leur a montré ses mains et son côté. Pourtant Jésus rajoute aussitôt « heureux ceux qui croient sans avoir vu » (c’est toujours avec une certaine émotion, que je réalise que le Seigneur a parlé de nous à ses disciples). S’il n’est donc pas nécessaire de toucher ni de voir pour croire, que nous faut-il donc ? Et bien il nous faut écouter. Écouter les signes qui ont été écrits dans ce livre, à savoir l’évangile selon saint Jean, mais aussi les autres évangiles, et plus généralement toute la Bible. La foi n’est pas une idée que nous partageons dans les grandes lignes, elle est l’accueil de la Parole de Dieu qui révèle la mission et la nature du Christ. Les théologiens aiment à dire que la foi est la réponse de l’homme à la Révélation, une révélation qui culmine dans le mystère de Pâques. Pour croire, nous n’avons pas besoin de grands discours et de belles idées, nous n’avons pas besoin non plus de miracles ou d’émotions fortes, pour croire nous avons besoin de plonger dans la Parole, de l’habiter en la connaissant mieux, de la goûter en la méditant plus fidèlement.

Mais à quoi cela sert-il de croire ? A avoir la vie en son nom, dit l’évangéliste ; et dans la deuxième lecture saint Jean précise : « celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ». C’est donc une nouvelle vie que nous ouvre la foi. Par ailleurs l’apôtre explique que nous reconnaissons cette nouvelle vie « lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements ». Et il rajoute « la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi ». Ça veut dire que la foi est une force pour choisir le Seigneur et accomplir sa volonté. Et nous savons que ce qui n’est pas toujours facile : ce n’est pas en suivant le cours de nos instincts, de nos émotions ou des opinions communes que nous nous rapprochons de Dieu. Le monde, ce n’est pas les autres, mais ce qui nous détourne du cœur du Père. Dès les premières pages de la Bible, nous sommes avertis : nous ne sommes pas faits pour vivre dans un jardin qui se constitue au hasard du temps ou aux caprices des vents, mais dans celui que le Seigneur Dieu a planté en Éden, ce jardin qu’on appelle de son nom grec « paradis » et dont le péché nous éloigne. Il y a toujours un choix à faire entre ce qui demeure et ce qui passe, entre ce qui épanouit et ce qui fane, entre ce qui accomplit et ce qui n’a pas de sens … et c’est la foi qui nous permet de nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu plutôt que de se laisser entraîner par l’esprit du monde.

Alors qu’est-ce Dieu désire ? vers quoi nous conduit-il ? Nous en avons un avant-goût dans la première lecture, la description que le livre des Actes des Apôtres fait de la première église. C’est la communion, « un seul cœur et une seule âme », non pas dans une utopie sentimentale, mais dans une solidarité concrète. Car la foi ne nous enferme pas sur nous-même, elle nous tourne vers les autres. Dès la première rencontre avec le Christ ressuscité, il y a la mission : « de même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». La foi n’est pas une technique de développement personnel, elle est une puissance de communion, dans la miséricorde et le partage. Le pape François disait, en commentant ce texte des Actes des Apôtres, que notre conversion n’était pas complète tant qu’elle n’arrivait pas jusqu’à nos poches. La foi ne peut pas rester dans la tête, elle ne réchauffe pas seulement le cœur, elle ouvre aussi nos mains. Peut-être trouverons-nous cela difficile, peut-être réaliserons-nous que nous avons encore des progrès à faire … Tant mieux ! Parce que c’est le signe que nous devons replonger dans la Parole de Dieu, pour fortifier notre foi et mettre en pratique ce que nous aurons entendu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous rende disponibles à ce que « tout se passe en nous selon la Parole ». Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à entendre l’annonce de la Bonne Nouvelle. Mère du Bon Conseil, qu’elle nous montre comment choisir l’Esprit de vérité. Miroir de la sainteté de Dieu, qu’elle nous entraîne dans le mystère de la foi, pour que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques et témoigner ensemble : Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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Chemin de Croix

2 Avril 2021 , Rédigé par mane-nobiscum-domine

1° station : Jésus est condamné à mort.

De rumeurs en conciliabules, de polémiques en complots, Jésus est finalement arrêté, jugé par le sanhédrin, par Hérode, par Pilate. Procès sous influence où la justice compte moins que la politique … la question n’est pas tant de savoir s’il est coupable, mais de savoir comment obtenir ce qu’on a décidé … Jésus avait refusé de condamner la femme adultère prise en flagrant délit, lui est condamné sans le moindre témoignage cohérent ! 

Mais il n’y a pas besoin d’une institution pour être injuste. Combien de jugements hâtifs, de condamnations sommaires lors de nos conversations. Il y a des commentaires plus sévères qu’une sentence, il y a des regards plus cruels qu’un verdict.

Trop souvent, Seigneur, nous sommes guidés par le qu’en dira-t-on, trop souvent nous préférons suivre l’esprit du monde plutôt que ta parole. 

Pardon, Seigneur pour toutes nos intrigues, pour nos mondanités qui ne servent ni la vérité, ni la charité

Toi qui rejoins ceux qui souffrent de l’injustice, de la calomnie, de l’exclusion, montre nous la voie du courage, soutiens-nous dans la fidélité qui libère. 

 

2° station : Jésus est chargé de sa croix.

C’est la coutume que le supplicié porte l’instrument du supplice, comme c’est la coutume que les soldats s’amusent avec le condamné avant d’exécuter la sentence. Comme si la mort ne suffisait pas, comme s’il fallait rajouter de la souffrance à la souffrance. Jésus avait guéri les malades, purifié les lépreux, libéré ceux qui étaient tourmentés par des esprits mauvais : lui qui avait soulagé tant d’accablés, le voilà accablé par les moqueries, les humiliations … et le poids de la croix

S’il faut porter sa croix pour être son disciple, nous voilà bien au moment décisif. C’est le moment où l’on doit choisir son camp : avec ou contre. Il n’y a pas de troisième catégorie : les spectateurs seront du côté des bourreaux !

Trop souvent, Seigneur, nous prenons le parti des rieurs, celui de la dérision, trop souvent nous infligeons des souffrances à ceux qui nous entourent, sans prendre soin, sans faire attention.

Pardon Seigneur pour toutes nos moqueries, pour nos insouciances. 

Toi qui rejoins les humiliés, les méprisés, montre-nous le chemin de la délicatesse, guide-nous dans les épreuves de la vie. 

 

3° station: Jésus tombe pour la première fois

La croix est trop lourde, le chemin trop difficile. Jésus ne sauvera pas la face en résistant jusqu’au bout, héroïque jusqu’à l’inévitable. Il ne sera pas un condamné superbe qui triomphe de ses bourreaux par la noblesse de sa force. Il sera un condamné ordinaire, banalement épuisé, brisé par l’épreuve comme tout le monde. Debout dans la nuit, il traversait la tempête en marchant sur les eaux, le voilà maintenant agenouillé dans la poussière

Il semblerait que la faiblesse fasse partie de notre condition humaine. Comme une limite à notre volonté, comme parfois même la limite de notre volonté … mais l’important n’est-il pas de se relever plutôt que de ne pas tomber ?

Trop souvent, Seigneur, nous nous laissons emporter par l’excès : nous ne résistons pas à la tentation et le péché nous fait chuter. Trop souvent nous abdiquons et nous baissons les bras. 

Pardon, Seigneur, pour tous nos manques de discernement et de prudence. 

Toi qui rejoins le pécheur abattu, celui qui se méprise à cause de sa faiblesse, montre-nous la puissance de la miséricorde, apprends-nous à nous relever quoiqu’il arrive. 

 

4° station: Jésus rencontre sa mère

La première des rencontres sur le chemin de croix est avec Marie. Enfin un visage bienveillant, enfin une rencontre amicale. Après ce déchainement d’hostilité, de haine et de cruauté, c’est sans doute un soulagement que de croiser le regard de sa mère. Mais c’est une consolation aigre-douce que de lui infliger ce spectacle. Qu’en penseraient Jaïre ou la veuve de Naïm ? Qu’en penseraient le fonctionnaire de Capharnaüm et tous ces parents à qui Jésus rendait leurs enfants ? 

Quel paradoxe que l’amour ! Ceux qui nous protègent le plus sont ceux que nous faisons le plus souffrir ; ceux qu’on aime le plus sont ceux auprès de qui on est le plus vulnérable. L’accepter, c’est peut-être le secret de l’amour !

Trop souvent, Seigneur, nous nous attachons à ce que les autres nous apportent plutôt qu’à ce que nous pouvons leur donner. Trop souvent nous négligeons nos proches, ceux qui nous aiment.

Pardon, Seigneur, pour toutes les atteintes à la famille, pour les attachements trop possessifs, pour les conflits trop violents, pour les oublis trop rapides. 

Toi qui rejoins ceux qui souffrent de n’être pas ce qu’on attend d’eux, montre-nous le chemin de la bienveillance, soutiens les familles éprouvées. 

5° station: Jésus est aidé par Simon de Cyrène

Deuxième rencontre : Simon, originaire de Cyrène dans l’actuelle Lybie. Il n’aide pas Jésus spontanément : on le réquisitionne alors qu’il revient des champs. N’y avait-il donc personne pour assister Jésus ? Où sont passés ceux qui le suivaient et l’écoutaient ? Pourtant on connaît les fils de Simon : Alexandre et Rufus sont sans doute devenus chrétiens. Mystérieuse fécondité de cette disponibilité : celui qui a suivi dans la passion a suivi aussi dans la gloire. 

Il faut croire que ce n’est pas parce qu’on écoute qu’on aide, mais plutôt parce qu’on aide qu’on écoute. C’est une nouvelle humiliation pour Jésus que d’avoir besoin d’un autre, mais c’est en nous implorant que Dieu ouvre notre cœur. 

Trop souvent, Seigneur, nous passons à côté de ceux qui ont besoin de nous. Pas le temps, pas les moyens, pas compris … tous les prétextes sont bons pour excuser nos indifférences. Trop souvent nous nous protégeons contre la souffrance des autres. 

Pardon, Seigneur, pour nos égoïsmes

Toi qui rejoins, tous ceux qui sont obligés de demander, ceux qui sont humiliés par la dépendance, ouvre nos cœurs à tes appels, augmente notre dévouement et notre générosité.

 

6° station: Jésus a le visage essuyé par Véronique

Troisième rencontre : après Marie, après Simon, une femme essuie le visage plein de sueur et de sang de Jésus. Enfin quelqu’un a pitié de celui qui se laissait émouvoir par les foules perdues comme des brebis sans berger. Un acte tout simple, qui manifeste ce qu’il y a de plus grand dans le cœur de l’homme : la compassion. Et sur ce linge de miséricorde s’imprime la face du Seigneur, comme pour intriguer des générations de savants et consoler ceux qui souffrent

Autrefois on ne pouvait pas voir la face de Dieu sans mourir, et voilà que cette face se donne à voir dans celui qui souffre. C’est peut-être plus difficile à reconnaître, pourtant un monde sans pitié n’est pas vivable, une vie sans pitié n’est pas digne de nous.

Trop souvent Seigneur nous manquons de compassion : c’est si facile de penser qu’il n’a que ce qu’il mérite ! Trop souvent nous avons un cœur de pierre, refusant de nous laisser attendrir.

Pardon Seigneur pour nos jugements hâtifs, pour nos condamnations sans appels. 

Toi qui rejoins ceux qui mendient un peu de considération, adoucis nos cœurs et nos regards, inspire nous le geste ou la parole qui soulage. 

 

7° station: Jésus tombe pour la deuxième fois

L’aide de Simon n’a pas suffit, et Jésus tombe une deuxième fois. Tomber une fois, c’est un accident, ça peut arriver, on tolère, c’est normal ! Mais deux fois, ça devient une habitude, il n’y a pas de raison que ça ne recommence pas ! Combien de fois cela va-t-il durer ? Combien de temps faudra-t-il supporter cette faiblesse ? Jusqu’à sept fois ? Jusqu’à soixante dix sept fois sept fois disait Jésus en répondant à la question de Pierre sur le pardon. 

Comme l’amour, le pardon peut progresser. On comprend bien qu’un coup de foudre aspire à durer pour l’éternité ; on sait bien que quand on aime, on ne compte pas … Pourquoi alors, compter notre miséricorde ? 

Trop souvent, Seigneur, nous refusons de pardonner et nous nous drapons dans notre dignité d’offensés. Trop souvent nous prétextons que nous avons souffert pour faire souffrir. 

Pardon Seigneur pour nos manques de patience et pour nos lassitudes. 

Toi qui rejoins ceux qui retombent et ceux qui désespèrent, apprend nous la grandeur d’âme, donne nous la douceur et la sérénité qui permettent de répondre au mal par le bien.

 

8° station: Jésus parle aux femmes de Jérusalem

Les paroles de Jésus sont dures pour ces femmes qui semblaient compatir … mais peut-être les lamentations sont-elles un peu formelles : ça se faisait d’avoir des pleureuses sur le bord du chemin, ça faisait partie du décor. Pourtant le plus grand drame n’est pas celui de Jésus, mais celui de ceux qui l’ont condamné. Si l’on punit l’innocent, comment le coupable sera-t-il traité ? Plutôt que de pleurer sur la paille dans l’œil du voisin, ne faut-il pas pleurer sur la poutre dans notre œil ?

On a tendance à se lamenter des autres et à se réjouir de soi-même, peut-être qu’il faudrait plus se réjouir des autres et savoir se lamenter sur soi-même, non pas pour se faire plaindre, mais pour se convertir. 

Trop souvent Seigneur nous regardons les autres de haut, nous méprisons ceux qui n’ont pas autant de chance que nous. Trop souvent notre compassion est de la condescendance. 

Pardon Seigneur pour notre orgueil et notre inconscience. 

Toi qui rejoins tous les incompris, tous ceux qu’on n’écoute pas, ouvre en nous la porte de l’humilité qui permet d’accueillir ta parole, dispose nous à l’esprit de vérité qui nous guide vers la vérité toute entière. 

9° station: Jésus tombe pour la troisième fois

Comme en écho du triple reniement de Pierre, Jésus tombe pour la troisième fois. Cela paraît inévitable : à peine debout, il retombe. Le poids de la croix symbolise le poids du péché qui nous écrase inexorablement. Cette faiblesse désespérante contre laquelle on reste impuissants. Impuissants comme l’infirme rencontré à la piscine de Bethesda : toujours à coté, mais jamais le premier à plonger dans le bouillonnement. Et Jésus qui lui demande « veux-tu guérir ? »

S’agit-il de vouloir ou de pouvoir ? Tout ce bien qu’on voudrait faire et qu’on ne fait pas, tout ce mal qu’on voudrait éviter et qu’on fait quand même. Accepter de ne pas renoncer, de vouloir même quand on ne peut pas, c’est le secret de la foi. 

Trop souvent Seigneur nous sommes enchaînés par nos péchés, inexorablement nous retombons. Trop souvent, Seigneur, nous confessons les mêmes fautes … et toi Seigneur, tu les pardonnes autant de foi qu’il faut. 

En tombant pour la troisième fois, tu rejoins tous ceux qui souffrent de leurs addictions, ceux qui n’arrivent pas à se défaire de leurs mauvaises habitudes. 

Montre-nous Seigneur, l’infini de ta miséricorde, donne-nous cette espérance à la mesure de ton cœur.

 

10° station: Jésus est dépouillé de ses vêtements

L’humiliation n’en finit pas : frappé, moqué, supplicié, écrasé … voilà que Jésus est maintenant dépouillé de ses vêtements. Peut-on atteindre encore plus à sa dignité ? Même quand Jésus perçait le secret des cœurs, il prenait soin de respecter la liberté.  Par exemple avec cette femme qui lui arrache une guérison, cachée dans la foule : « qui m’a touché ? » demandait-il,  pour que la vérité ne soit pas nudité, pour que la transparence ne soit pas voyeurisme. On lui refuse ce qu’il accordait.

Comme il est facile d’instrumentaliser les autres, c’est tellement plus simple de les considérer comme des objets. La pudeur est le rempart du mystère, et respecter le mystère de l’autre, c’est renoncer à tout contrôler. 

Trop souvent Seigneur nous oublions de considérer la dignité des autres. Trop souvent nos regards nos paroles ou nos gestes manquent de respect comme s’ils s’adressaient à des êtres sans âmes. 

Pardon Seigneur pour ces pensées impures, pour cette vulgarité ordinaire dont nous nous satisfaisons trop facilement. 

Toi qui rejoins ceux qui n’ont plus d’honneur, ceux qui sont vendus ou maltraités, ouvre nos yeux pour que nous reconnaissions ton image et ta ressemblance en ceux que nous rencontrons, apprends-nous la décence et la délicatesse. 

 

 

11° station: Jésus est cloué sur la croix

On touche à la fin, et l’on attache Jésus à la croix, solidement tellement solidement que, jusqu’à la fin des temps Jésus sera inséparable de la croix ; même ressuscité, il garde les stigmates de ce qui l’attachait à la croix. Sur le bois, son corps livré pour nous ; les clous qui s’enfoncent font jaillir son sang répandu pour la multitude. Il n’y a pas vingt quatre heures, Jésus expliquait ce que l’on peut voir maintenant : la croix n’est pas une punition mais une preuve d’amour ; sa souffrance n’est pas un échec, mais un sacrifice.

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Peu importe la liberté des faits, ce qui compte c’est la liberté du cœur. Sur la croix, Jésus montre qu’on peut toujours se donner, quoiqu’il arrive, quoique nous subissions. 

Trop souvent, Seigneur, nous nous enfermons dans nos souffrances. Trop souvent nous oublions ta présence à nos cotés, et nous ne savons pas nous joindre à toi, nous ne savons pas offrir et nous offrir pour le salut du monde. 

Pardon Seigneur pour nos colères démesurées, pardon pour nos résignations absurdes. 

Toi qui rejoins tous ceux qui souffrent, toi qui as été mis au rang des malfaiteurs, ouvre nos cœurs à l’amour qui donne et se donne, guide nous dans la voie du sacrifice. 

 

12° station: Jésus meurt en croix

Un grand cri, un soupir, puis un silence … Tout est accompli … Jésus est mort. Dans le silence on peut entendre le souffle d’un murmure, celui du centurion « vraiment celui-ci était fils de Dieu » ; et plus loin dans le Temple, le cri d’une déchirure, celle du rideau qui sépare le ciel et la terre. Au moment même où la présence humaine de Jésus s’éteint, la présence divine emplit la terre. Le Fils a rendu son dernier souffle au Père, ainsi l’Esprit est répandu sur le monde.

De tout temps la mort est une énigme pour l’homme. Interrogation paradoxale, elle sans doute la question ultime. Mais la mort de Jésus est d’abord un mystère, celui de l’amour de Dieu pour nous, celui de notre salut

Sur la Croix, Seigneur, toi l’innocent tu subis le châtiment du coupable … tu prends sur toi le péché du monde et tu payes pour nous le prix de nos fautes. 

Sur la Croix, Seigneur, toi le Fils bien aimé du Père, tu éprouves le sentiment d’abandon et tu rejoins tous nos doutes, toutes nos obscurités. 

Sur la Croix, Seigneur tu t’offres et tu te livres dans l’amour pour que nous puissions, nous aussi, nous remettre entre les mains du Père 

13° station: Jésus est remis à sa mère

Au pied de la croix, Marie reçoit le corps sans vie de Jésus. Voilà le moment où l’épée annoncée par le vieillard Syméon, il y a si longtemps, achève de transpercer l’âme de Marie. Quel sens à tout cela ? ses dernières paroles « voici ton fils », sa réplique à une femme « heureux qui garde ma parole », ses miracles, le premier celui de Cana, sa réflexion parmi les docteurs « je me dois aux affaires de mon père », la venue des mages et des bergers, la salutation d’Elisabeth, et le message de l’ange … 

C’est le temps du souvenir qui invite à l’espérance ; la mémoire des merveilles de Dieu n’a plus l’émotion joyeuse du Magnificat, mais elle garde cette grave sérénité de la foi. La foi pure … que tout se passe selon ta Parole

Seigneur nous voulons te recevoir comme ta mère t’a reçu … dans la confiance inconditionnelle, dans cette foi qui voit l’invisible, qui reconnaît la divinité à travers l’humanité, le spirituel à travers le matériel, la vie au-delà de la mort … 

Seigneur tu nous livres ton corps pour que nous puissions t’accueillir, dans le mystère eucharistique nous rejoignons Marie au pied de la croix pour être comme elle aux noces où tu offres le vin nouveau et mystérieux … 

Seigneur augmente en nous la foi, que l’eau vive que tu donnes fasse s’épanouir cette graine de moutarde que tu as semée en nous au jour du Baptême. 

 

14° station: Jésus est mis au tombeau

On roule la pierre, comme on met un point à la fin d’une phrase. C’est le terme d’une histoire, donc le commencement d’une autre. On roule la pierre, comme on tire un rideau : il n’y a plus rien à contempler, le temps est venu d’être nous-mêmes les acteurs. C’est le temps de la fidélité et le temps de notre responsabilité ; c’est le temps de la disponibilité à la nouveauté de Dieu : Que faut-il faire ? Que faut-il attendre ? L’histoire le dira puisque le maître n’est plus. 

Le monde entre dans le grand silence du samedi saint, le silence de la germination, le silence de l’attente, le silence de l’abandon à la puissance de Dieu, non pas comme on la veut, mais comme elle se manifestera

Seigneur tu te remets entre nos mains, c’est à nous de prendre soin de toi, de ta parole, de ton œuvre, qui que nous soyons, quoi que nous vivions tu t’en remets à nous dans ce grand mystère qui résonne par les sacrements. 

Seigneur à travers toute l’attention que nous pouvons nous porter les uns aux autres nous témoignons de ton appel à faire triompher le bien du mal, à vivre de cette vie que la mort ne peut enfermer. 

Seigneur augmente en nous l’espérance qui conduit nos engagements pour que ton Esprit reçu à la Confirmation souffle sur tous les hommes 

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