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Où donc est leur Dieu ?

6 Mars 2019 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

MECE

Mercredi des Cendres

Voilà que commence le Carême. Pendant quarante jours nous allons laisser résonner dans nos vies l’appel du prophète « revenez à moi de tout votre cœur ». C’est un temps de conversion, un temps pour orienter nos vies vers Dieu. Et la prière du prophète se termine par cette réflexion : « faudra-t-il qu’on dise où donc est leur Dieu ? ». 

Bien sûr, cette remarque se retrouve souvent dans l’Ancien Testament. En général d’ailleurs elle est adressée à Dieu, pour implorer son secours. Quand le peuple est en difficulté, il implore le Seigneur en lui rappelant ses promesses, une manière de lui dire “si tu nous abandonnes les nations vont croire que tu es lointain ou inexistant” ! Même et surtout quand le péché du peuple est la cause de ses difficultés … C’est Dieu qui doit prouver qu’il est proche de ceux qui l’ont abandonné … c’est ça la miséricorde ! 

Mais cette parole adressée à Dieu est devenue parole de Dieu, et aujourd’hui elle s’adresse à nous, elle nous interroge : « faudra-t-il qu’on dise où donc est leur Dieu ? ». Elle nous rappelle les promesses de notre baptême. Si rien ne change dans notre vie, les païens ne se demanderont-ils pas « où donc est leur Dieu ? ». Pour la conversion, l’Eglise nous propose, à la suite de l’enseignement du Christ, trois moyens qui permettent de tourner notre cœur vers le Seigneur, mais qui permettent aussi de montrer qui est Dieu.

Tout d’abord il y a la prière. Comment irions nous vers Dieu, si nous ne prenons pas le temps de le contempler et de l’écouter ? La prière est aussi une manière de désigner la présence et l’importance de Dieu. Où donc est Dieu s’il est la dernière roue du carrosse ? La prière devrait être ce qui rythme notre vie, « la clé du matin et le verrou du soir » comme le dit une belle expression. Redonner du temps à la prière, c’est une manière de nous rappeler que Dieu est celui qui donne sens, de témoigner qu’il est notre raison d’être, celui qui éclaire ce que nous faisons et ce que nous sommes. 

Ensuite il y a le jeûne, savoir se passer de ce qui est superflu, et revenir à l’essentiel. Comment irions-nous vers Dieu, si nous nous laissons étouffer par les soucis du monde et les préoccupations de la vie ? Le jeûne est aussi une manière d’indiquer notre attente et notre espérance de la vie éternelle. Où donc est Dieu si l’on n’en a pas besoin ? Le jeûne refuse de se laisser engourdir par le confort et l’habitude pour passer du désir au besoin. Faire l’effort du jeûne, c’est une manière de nous attacher plus à Dieu, de témoigner que la liberté s’enracine dans le Ciel plutôt que sur la terre. 

Enfin il y a l’aumône. Comment irions-nous vers Dieu si nous voulons tout ramener à nous, si nous restons dans une logique de revendications et d’accumulation ? L’aumône est une manière de révéler la bonté et l’humilité de Dieu, qui donne sans compter et qui compte sur nous pour le manifester. Où donc est Dieu si nous sommes le centre du monde ? Le partage est l’expression de l’amour, et l’aumône élargit cet amour aux dimensions du cœur de Dieu. Être plus généreux, c’est une manière de ressembler plus à Dieu, de témoigner que la miséricorde est la vraie force de la vie et qu’elle ne connaît ni limite ni exception. 

Oui, nous avons quarante jours pour réajuster nos cœurs et les tourner vers Dieu. Quarante jours pour témoigner par la prière que Dieu est le rythme de la vie, pour témoigner par le jeûne que Dieu est la vraie liberté, pour témoigner par le partage que Dieu est amour et amour pour tous. Si nous voulons que resplendisse pleinement la lumière de la Résurrection au jour de Pâques, ne laissons pas passer l’occasion de vivre, d’agir et d’aimer un peu plus et un peu mieux à la manière de Dieu.

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