Et après ?
NO-A
Nativité du Seigneur - Messe de l'Aurore
Bien souvent nous nous intéressons surtout à la première partie de l’histoire de Noël : celle que représente la crèche : l’enfant Jésus qui naît dans une mangeoire, entre l’âne et le bœuf, les anges dans le ciel et les bergers dans les champs. C’est très bien, mais que se passe-t-il après ? Après ? On range la crèche ! On imagine tout simplement que l’histoire se termine comme ça, dans la lumière vacillante d’un réveillon finissant. Et sans doute les bergers, comme tous les santons, sont-ils rentrés chez eux, et se sont-ils levés un peu plus tard, tout engourdis par la fête de la veille.
En vérité, ce n’est pas ce qui s’est passé après ! L’évangile que nous venons d’entendre et que l’Eglise nous propose de lire à l’aurore de Noël nous rappelle la suite des événements en soulignant deux attitudes importantes.
La première, c’est celle des bergers : ils racontent ce qui leur a été annoncé, ils étonnent ceux qui les entendent, ils partent en louant et glorifiant Dieu pour ce qu’ils ont vu et entendu. La première attitude, c’est le témoignage. C’est quand même étonnant qu’on parle plus de Noël avant qu’après ! Avant on se prépare, on met la crèche … mais après, on se dépêche pour d’autres fêtes ! Alors qu’il faudrait parler ensemble de ce que nous avons vu et entendu. Il faudrait témoigner et louer Dieu parce qu’il vient à notre rencontre, dans l’humilité de l’étable, accessible à tous. Il faudrait que la lumière de Noël passe sur nos visages et dans nos cœurs. Quel témoignage donnons-nous de Noël ? Qu’est-ce qui change dans notre vie après Noël ? Est-ce pour nous un feu d’artifice qui ne laisse pas de traces, ou au contraire une aube, le début d’une grande lumière ... un peu comme notre baptême, qui devrait rayonner tous les jours de notre vie. Le prophète nous dit, dans la première lecture, que nous changeons de nom le jour de Noël : désormais on nous appelle « Peuple Saint », « Rachetés par le Seigneur », « Désiré » … Alors la première attitude à laquelle nous sommes appelés à Noël c’est le témoignage de la louange. Pendant une semaine, à toutes les messes – pas seulement celles du dimanche – nous chantons le Gloria : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Et si nous adoptions ce chant de joie comme prière du matin et du soir ?
La deuxième attitude qui nous est montrée, c’est celle de Marie. À son habitude elle est plus réservée, moins exubérante : elle retient toutes ces choses et les médite dans son cœur. Cette deuxième attitude, à laquelle nous sommes aussi invités, c’est la contemplation. Prendre le temps pour enraciner dans notre cœur le souvenir de Dieu. Pour nous rappeler tout ce que Dieu a fait pour nous. Contempler, c’est comme être devant un beau paysage : le regarder sans arrêt, le matin, à midi, le soir, par temps de tempête et par beau temps, de jour et de nuit : regarder toujours la même chose mais voir chaque fois quelque chose de différent. C’est la même chose pour Dieu : il est toujours le même, mais lorsqu’on prend le temps de le contempler, on ne s’ennuie jamais. Les moines disent qu’il faut « ruminer » la parole de Dieu : la lire et la relire comme une lettre d’amour dont on n’arrive pas à se séparer, qu’on sait par cœur et que pourtant on relit avec toujours autant d’émotion.
Ces deux attitudes, la contemplation et le témoignage se permettent l’une l’autre, comme l’inspiration permet l’expiration. Ce sont les mouvements de la respiration de notre cœur. Au matin de ce jour, nous sommes invités à prolonger la joie de Noël dans chaque moment de notre vie, nous sommes invités à renouveler notre amour de Dieu : contempler l’amour que Dieu nous porte, et le proclamer par nos paroles et par nos gestes. Ce serait dommage que cette fête ne change rien dans notre vie, ce serait dommage que nous laissions l’enfant dans la crèche, sans le regarder, sans l’aimer, sans le montrer.
Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin, qu’elle fasse de nous les témoins de cette lumière qui brille dans la nuit. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à faire de l’évangile le trésor de notre cœur. Temple de l’Esprit Saint, qu’elle nous rende fidèles au baptême qui nous a fait renaître pour que nous portions l’espérance de la vie éternelle et que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.
