Dans la détresse
33TOB
33° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B
Les textes qui nous sont proposés aujourd’hui ne sont ni les plus faciles, ni les plus rassurants de l’évangile ! On peut même se demander pourquoi Jésus nous raconte cela puisque nul n’en connaît la date, même pas lui ! Bien sûr l’image du figuier qui annonce l’été est une manière d’indication : il s’agit d’avoir quelques conseils pour savoir comment réagir quand ça arrivera … si ça arrive de notre vivant … ce qui est chaque jour statistiquement plus probable, mais psychologiquement moins attendu !
Cela dit, la comparaison avec le figuier peut nous ouvrir une piste de méditation, puisqu’il s’agit d’un phénomène régulier, qui advient tous les ans. Alors, peut-être que les paroles de Jésus peuvent nous aider déjà dans les difficultés et les détresses que nous subissons malheureusement régulièrement. « Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte ».
Certes le soleil ne s’obscurcit pas – sauf pendant les éclipses – et la lune ne perd son éclat qu’aux dates que l’on connaît. Pourtant, il arrive dans nos vies que l’on ne sache plus très bien quoi faire ni quoi penser. Il arrive que nos cœurs s’obscurcissent et que nos convictions perdent leur éclat. C’est la détresse du doute. Or le Seigneur est proche, à notre porte … ce n’est donc pas le moment de la refermer en se laissant dériver du doute au refus. Combien se sont écartés de Dieu, sous prétexte qu’ils doutaient ! On veut des certitudes auxquelles s’accrocher : mais il n’y a que Dieu qui soit solide, et Dieu n’est pas une idée mais une personne. Ouvrir la porte au Seigneur dans la détresse du doute, ça s’appelle la foi et nous n’avons pas à attendre de voir le Christ dans sa gloire pour lui faire confiance !
A ma connaissance, aucune étoile n’est tombée sur la terre … peut-être quelques météorites, mais rien de très extraordinaire n’est annoncé depuis longtemps ni à court terme ! Pourtant les journaux, comme les livres d’histoire, sont remplis de ces personnes brillantes qui tombent du firmament de la renommée dans la boue du fait divers ! C’est qu’il y a une autre détresse qui est celle de la déception. Quand les choses ou les personnes ne sont pas ce que l’on attendait. Or le Seigneur est proche, à notre porte … ce n’est pas le moment de claquer la porte violement par la révolte ou la haine. Car la déception peut conduire à rejeter aussi fortement que l’on avait adoré ! Mais il n’y a que la Parole de Dieu qui ne passera pas, Dieu est le seul qui ne déçoit pas. Ouvrir la porte au Seigneur dans la détresse de la déception, ça s’appelle la charité : c’est aimer de manière plus juste et plus appropriée, c’est aimer plus dans le pardon, c’est aimer mieux dans la miséricorde.
Jésus donnait un troisième signe : les puissances célestes seront ébranlées. Comme notre approche du monde est bien différentes de celle de l’époque, il nous est sans doute difficile de comprendre ce que cela veut dire. On peut y voir le bouleversement du monde, quand les choses ne fonctionnent plus comme on en avait l’habitude. Et cela renvoie à un troisième type de détresse : la détresse de l’inconnu. On dit souvent que l’angoisse nait de l’ignorance. Ne pas savoir ce qui va arriver, se retrouver dans une situation nouvelle et inconnue peut conduire à une détresse qui n’est ni celle du doute, ni celle de la déception. Or le Seigneur est proche, à notre porte … ce n’est pas le moment de lui tourner le dos dans le refuge de la nostalgie ou l’ivresse de la révolution. Ouvrir la porte au Seigneur dans la détresse de l’inconnu, c’est l’espérance : accueillir le don de Dieu qui nous surprend, répondre à son appel qui nous dérange pour garder sa présence et sa puissance comme horizon de nos efforts et de nos attentes.
Ce n’est pas la peine d’attendre la fin des temps pour découvrir la proximité du Seigneur, ce n’est pas la peine d’attendre le retour du Christ pour lui ouvrir la porte de nos vies ! Déjà dans les contrariétés de la vie, dans nos doutes, nos déceptions ou face à l’inconnu, nous pouvons l’accueillir, nous pouvons choisir de nous rapprocher de lui pour que grandissent en nous la foi, l’espérance et la charité
Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui a désigné Jésus aux serviteurs des noces de Cana, qu’elle fortifie notre foi pour que nos doutes fassent grandir notre confiance en Dieu. Elle qui se tenait au pied de la Croix, qu’elle soutienne notre charité pour que nos déceptions soient l’occasion d’un amour plus grand. Elle qui a su accueillir le message de l’Ange lors de l’Annonciation, qu’elle accompagne notre espérance pour que, sans craindre l’inconnu, nous puissions progresser vers celui qui nous attend dans la gloire, dès maintenant et pour les siècles des siècles.