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Etre en recherche

22 Juillet 2018 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

SMM

Dans le diocèse de Fréjus-Toulon, la fête de Sainte Marie Madeleine, patronne principale, est une solennité qui a préséance sur le dimanche du temps ordinaire … ce sont donc les textes au propre de la sainte qui sont ici commentés ! A savoir : Ct 3,1-4a ; Ps 62 ; 2 Co 5, 14-17 ; Jn 20, 1. 11-18

 

Comme chacun sait, Marie-Madeleine a fini sa vie à la Sainte Baume, c’est sans doute la raison pour laquelle elle est la patronne principale de notre diocèse … et c’est pourquoi aujourd’hui sa mémoire est pour nous une solennité qui a la préséance sur le dimanche du temps ordinaire. Ainsi les textes que nous venons d’entendre nous aident à découvrir quel exemple Marie-Madeleine nous donne pour la vie spirituelle. 

Le ton est donné par le texte du Cantique des cantiques : « j’ai cherché celui que mon cœur aime », et l’on peut dire que toute l’histoire de Marie-Madeleine est celle d’une recherche, recherche inscrite au cœur de chacun, recherche décrite par tant d’écrivains de manière lumineuse ou tourmentée selon leur expérience, cette recherche de ce qu’un auteur a appelé « le désir ultime ». Et cette histoire est comme récapitulée et condensée dans ce qui lui arrive au matin de Pâques. 

On sait – ou plutôt on pense savoir – de quelle manière Marie Madeleine a commencé sa vie. C’est la première étape de la recherche, celle qu’on peut qualifier de recherche à l’aveugle. « Je ne sais pas où on l’a mis » dit-elle aux anges. Comme la femme du Cantique des cantiques, c’est une recherche désespérée et désespérante, où chaque tentative se solde par un échec, où chaque essai finit en déception. Cette recherche à l’aveugle du bonheur est un peu l’histoire de tout péché qui ne conduit qu’à des paradis illusoires et des satisfactions éphémères. Pour en sortir, il faut accepter de ne pas s’enfermer dans l’aveuglement opiniâtre ni dans la résignation cynique, mais il faut se convertir, se retourner comme Marie-Madeleine qui se retourne et aperçoit celui qu’elle prend pour le jardinier. 

Dans sa vie Marie-Madeleine a été libéré des sept démons qui la tourmentaient, et elle a trouvé Jésus – en fait c’est plutôt lui qui nous trouve mais la conversion consiste précisément à se laisser trouver par le Seigneur. Elle a connu Jésus dans son humanité, se laissant fasciner par sa personne, son enseignement, son comportement … on se souvient qu’à Béthanie elle reste toute absorbée à écouter le Seigneur, laissant à sa sœur Marthe le soin de s’agiter ! Ainsi elle va suivre Jésus, fidèlement, jusqu’à la croix. A cette étape, elle est dans la connaissance à la manière humaine dont parlait saint Paul dans la deuxième lecture, et d’après l’apôtre ce qui caractérise cette manière humaine de vivre, c’est d’être centré sur soi-même. Typiques, les paroles qu’elle adresse à celui qu’elle prend pour le jardinier : « moi, j’irai le reprendre ». L’étape de la recherche à la manière humaine, est déjà un progrès sur la recherche à l’aveugle, mais elle reste encombrée des émotions et d’une certaine possessivité. Et puis elle se heurte inévitablement à la finitude de la condition humaine, au tragique de la mort. Et voilà que ce matin, Jésus l’invite à une autre conversion. Le texte dit qu’en entendant le Seigneur l’appeler par son nom « elle se retourne ».

Et voici la nouvelle étape de la recherche – celle de la créature nouvelle, celle qui nait de la Résurrection. Marie-Madeleine dit simplement « Rabbouni », elle ne parle plus d’elle mais de lui. Il y a toutefois une purification à opérer car Rabbouni est un diminutif affectueux, comme on dirait « mon maître bien-aimé ». Alors Jésus la guide dans cette purification : « ne me retiens pas » … et c’est la mission qui nous permet d’entrer dans cette connaissance nouvelle. Elle ne dit plus « mon Seigneur » mais « le Seigneur » … son monde n’est plus centré sur elle mais sur le Christ ressuscité. Ce n’est plus nous qui saisissons l’amour de Dieu, c’est l’amour de Dieu qui nous saisit. Et l’on sait qu’inlassablement … jusqu’en Provence, Marie-Madeleine témoignera de celui que son cœur aime et qu’elle a enfin trouvé … non pas à l’aveugle, non pas à la manière humaine mais à la manière nouvelle que permet la Résurrection. 

Cette recherche, nous sommes appelés à la faire, nous aussi … avec notre histoire, à notre manière ; à la faire non pas une fois pour toute, mais régulièrement puisque c’est la dynamique de toute vie spirituelle. Alors, en nous confiant à l’intercession de Marie-Madeleine demandons la grâce de progresser dans la recherche de celui que notre cœur aime. Comme la pécheresse pardonnée, acceptons de délaisser les recherches hasardeuses pour nous laisser sauver par la puissance de Dieu. Comme celle qui a choisi la meilleure part, mettons-nous à la suite du Christ, laissons-nous fasciner par l’Evangile, laissons-nous conduire par ses gestes et ses paroles. Comme l’apôtre des apôtres, faisons résonner en nous l’appel de la Résurrection qui nous purifie pour nous transformer et nous faire participer au monde nouveau … allons jusqu’au bout de cette recherche qui est au fond de nous pour découvrir et faire découvrir celui qui nous aime, celui qui nous attend, celui qui nous rassemble dans le cœur du Père dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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