Si quelqu'un a soif ...
PEVS
Veille au soir de la Pentecôte
Gn 11,1-9 ; Jl 3,1-5a ; Rm 8,22-27; Jn 7,37-39
« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive […] et de son cœur couleront des fleuves d’eau vive » … à travers ces paroles, saint Jean nous avertit que Jésus parlait de l’Esprit Saint.
« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » … Ainsi, le Seigneur est là, disponible à désaltérer nos vies, généreux à répandre ce qui nous manque. Au contraire de l’esprit de Babel qui cherche à étancher la soif de puissance et de reconnaissance dans l’arrogance de la volonté, l’Esprit de Dieu nous apprend à recevoir plutôt qu’à prendre. Invoquer l’Esprit Saint, c’est prendre le contrepied des réflexes trop humains pour entrer dans la logique divine. Ainsi, Joël décrit le jour de salut, comme une effusion de l’Esprit. Tous, quelque soit leur âge, quelque soit leur condition, prophétiseront. Le prophète n’est pas celui qui étale ses idées et impose sa doctrine, il est celui qui ne parle qu’après avoir entendu, qui ne parle que parce qu’il a entendu. De la même manière Saint Paul nous donne la clé de la prière : « l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, il intercède pour nous par des gémissements inexprimables ». Trop souvent nous envisageons la prière comme notre affaire, comme s’il s’agissait de faire belle figure devant Dieu ou d’obtenir les satisfactions recherchées. Mais en vérité, on ne peut demander que si l’on a d’abord accueilli, si l’on a d’abord accepté que l’Esprit agisse en nous, agisse pour nous. Avec beaucoup de générosité … et beaucoup d’inconscience aussi, nous croyons que devant Dieu, nous devons d’abord donner mais l’Esprit Saint nous révèle qu’il nous faut d’abord recevoir …
« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, et de son cœur couleront des fleuves d’eau vive » … Conséquence inattendue du don de Dieu, celui qui a bu devient celui qui désaltère. Car l’Esprit Saint est un souffle et il nous entraîne … celui qui a entendu doit parler, celui qui a répondu doit demander, celui qui a reçu doit donner. Et c’est même l’un des signes que nous sommes bien venus au Christ, que nous avons bien accueillis l’Esprit Saint : c’est que nous débordons du don de Dieu, que nous ne pouvons pas taire ce que nous avons entendu, que nous ne pouvons pas fermer ce qui a été ouvert, que nous ne pouvons pas confisquer ce que nous avons reçu. L’Esprit ne nous isole pas, il nous envoie les uns vers les autres : pour le témoignage dans la mission, pour la communion dans les charismes.
Pourtant, si nous avons compris qu’il ne fallait pas chercher à construire une tour qui monte jusqu’au cieux, nous n’avons pas toujours renoncé à construire une citerne pour stocker la grâce divine. Mais la fidélité de Dieu n’est pas un trop plein qui viendrait combler ce que le temps évapore : c’est bien d’un fleuve dont parle le Seigneur … et le fleuve se tarit s’il se coupe de la source. Le voilier peut-il se contenter d’une rafale pour avancer ? L’Esprit Saint ne s’invoque pas une fois pour toute, il ne s’invoque même pas une fois par an, c’est tous les jours que nous l’invoquons, à tout instant que nous l’attendons. Simplement ce soir, en nous préparant à célébrer la Pentecôte, nous voulons libérer nos cœurs de tout ce qui restreint notre disponibilité à sa présence, nous voulons dégager nos vies de tout ce qui diminue notre docilité à sa générosité.
Comme les apôtres se tenaient dans la prière avec Marie, demeurons nous aussi au cœur de l’Eglise pour nous préparer à la Pentecôte. Comblée de Grâces, qu’elle nous apprenne à accueillir le Don de Dieu. Mère du Bel Amour, qu’elle nous entraîne à partager ce que nous avons reçu. Vierge fidèle, qu’elle nous soutienne dans la foi, l’espérance et la charité pour que nous puissions resplendir du salut : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !