Qui nous roulera la pierre ?
Veillée Pascale - Année B (lectures I, III, V, VII)
« Qui nous roulera la pierre ? », c’est la question que se posent les saintes femmes en se rendant dès les première lueurs de l’aube au tombeau du Seigneur pour achever les rites funéraires. « Qui nous roulera la pierre ? » question qui symbolise nos inquiétudes et nos difficultés. Combien de fois nous retrouvons-nous devant une impasse, un obstacle qui paraît insurmontable ? Que d’histoires qui ne finissent pas comme on voudrait ! Que de projets qui tournent court. Mais au matin Pâques, les femmes découvrent que la pierre a déjà été roulée, et que Jésus les précède, ailleurs. L’histoire ne s’arrête pas, elle continue, autrement. La puissance de Dieu nous précède, elle a déjà roulé pour nous la pierre.
Dans la nuit des origines, la parole de Dieu roule la pierre du chaos et de la confusion pour que puisse commencer le monde dans l’harmonie de la différence et de la complémentarité. Dans la nuit de l’Exode, la puissance de Dieu ouvre la mer pour rouler la pierre de la peur et de la servitude afin que le peuple puisse vivre dans la liberté et dans l’Alliance. Dans la nuit de l’Exil, Isaïe annonce que le Seigneur va rouler la pierre de l’errance pour que l’on puisse retrouver sa présence, et le prophète Ezéchiel proclame que sera roulée la pierre de la dispersion pour que commence l’unité.
Et nous voilà dans la nuit de Pâques, pour plonger à nouveau dans ce grand mystère. La puissance du Christ nous précède et roule pour nous la pierre du péché pour que nous puissions vivre de la vie éternelle.
C’est une nouvelle création qui nous sort de l’impasse de la confusion où tout se vaut, où les différences menacent la tranquillité du vide : Dieu nous attend dans l’harmonie de la complémentarité, il compte sur chacun de nous pour que chacun à notre manière nous fassions resplendir ensemble l’image de sa beauté et de sa bonté. C’est une libération qui nous sort de l’impasse de la servitude et de la fatalité où l’on doit subir ce qui nous fait peur et ce qui nous dépasse : Dieu nous propose une nouvelle Alliance, si nous lui faisons confiance nous devenons capables d’être ce pour quoi nous sommes faits : aimer et être aimés. C’est un salut qui nous sort de l’impasse de la vanité et de l’inconstance des modes ou des opinions : Dieu nous assure de sa présence fidèle qui comble les cœurs et guide nos vies. C’est un pardon qui nous sort de l’impasse de la dispersion et des conflits : Dieu nous rassemble et nous transforme pour que nous puissions demeurer fidèlement dans l’unité avec lui et tous ceux qui l’accueillent.
Dans cette nuit, nous choisissons à nouveau de suivre le Christ qui nous précède : il est la lumière du monde qui dissipe toutes ténèbres, il est la Parole qui nous guide et nous appelle, il est la source vive qui fait battre nos cœurs, il est le pain qui nourrit en nous l’espérance et la vie. Qui nous roulera la pierre ? Le Christ ressuscité ! Et il l’a déjà fait ! Déjà il nous a ouvert le chemin de la paix en nous confiant les uns aux autres ; déjà il nous a ouvert le chemin du bonheur en nous libérant de la mort ; déjà il nous a ouvert le chemin de la fidélité en nous donnant sa vie ; déjà il nous a ouvert le chemin de l’amour en nous pardonnant.
Que la Vierge Marie ouvre nos cœurs et nos vies à la joie de Pâques. Miroir de la sainteté divine, Arche de la Nouvelle Alliance, Reine des Saints et Mère du Bel Amour, qu’elle nous guide sur le chemin où nous précède le Seigneur, confiant qu’aucun obstacle ne saurait nous empêcher d’avancer et forts de cette bonne nouvelle : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !