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Eviter les siestes spirituelles

13 Avril 2017 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

Messe de la Cène du Seigneur

 

Nous commençons le grand mystère de Pâques par le souvenir d’un repas … A bien y regarder, il y a dans la vie, deux sortes de repas : ceux qui appellent une sieste et les autres ! Eh bien, le repas pascal n’est pas de ceux qui favorisent l’assoupissement ! C’est au contraire un repas « à la hâte », où l’on mange, comme dit la première lecture, « la ceinture aux reins, les sandales aux pieds et le bâton à la main ». Pas question de s’endormir : c’est la Pâque du Seigneur, le peuple va être sauvé, naître à la liberté pour se consacrer au don de Dieu. Même si les apôtres ont eu un peu de mal à rester éveillés au jardin des Oliviers, et au risque de froisser notre sensibilité méridionale, voyons comment la Cène du Seigneur nous invite à éviter les siestes spirituelles.

 

Le témoignage de saint Paul et celui de saint Jean nous rappellent les deux gestes de Jésus : l’institution de l’eucharistie et le lavement des pieds. C’est bien la dynamique des deux, tenus ensembles, qui nous permet d’avancer. Si nous oublions l’un ou l’autre nous risquons fort de verser dans la somnolence du cœur.

 

Jésus nous demande : « faites cela en mémoire de moi » et « faites vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». La Cène du Seigneur nous invite donc au souvenir et à suivre son exemple. Se souvenir du Christ sans suivre son exemple, c’est s’endormir dans la sieste de la fossilisation. On se souvient du passé, mais ça ne change rien : une fois la parenthèse de la mémoire refermée, la vie reprend son cours. Inversement suivre l’exemple de Jésus sans se souvenir de lui, c’est sombrer dans la sieste de la routine : on fait des choses sans savoir pourquoi jusqu’à ce qu’on s’en fatigue et qu’on laisse tomber. Somnolence de la fossilisation ou somnolence de la routine, notre relation à Dieu s’endort. Ce sont les deux premières siestes spirituelles à éviter en tenant fermement aux deux dimensions de la messe : le souvenir et l’exemple du Christ.

 

Mais, de quoi Jésus veut-il que nous nous souvenions ? En quoi nous demande-t-il de l’imiter ? Il nous demande de faire mémoire du don de sa vie et de nous mettre au service les uns des autres. Et voilà l’autre dynamique pour empêcher deux autres siestes spirituelles : le don et le service. Les deux sont indispensables pour que l’amour ne s’endorme pas. Le don sans le service, glisse doucement vers l’abandon : ce n’est pas le don pour aimer, mais pour être tranquille, le don n’est qu’une parenthèse, la relation ne se construit pas entre celui qui donne et celui à qui l’on donne. Inversement le service sans don, c’est la servitude ou la prestation, le service obligé, celui qui se limite au minimum requis. Donner sans servir ou servir sans donner ne nourrissent pas l’amour car ils ne conduisent qu’au repos – que l’on qualifiera de « bien mérité » pour se donner bonne conscience ! Somnolence de l’abandon ou somnolence de la servitude, notre amour s’endort. Ce sont les deux autres siestes spirituelles à éviter en tenant fermement aux deux mouvements que le Christ nous demande : le don de soi et le service les uns des autres.

 

Ce soir, nous ne voulons pas nous laisser endormir. La messe se termine d’ailleurs sans envoi et sans bénédiction, elle se prolonge par la veillée d’adoration où nous pourrons demeurer dans le silence de la nuit, méditer sur cet amour qui nous a aimé jusqu’au bout, l’accompagner de notre présence et de notre espérance. Le repas du Seigneur ne conduit pas à la sieste mais à la fidélité et à l’engagement. Fidélité à la mémoire en se laissant guider par l’exemple, engagement dans le don de soi qui se vit dans le service les uns des autres. Nous voici rassemblés, revêtus du ceinturon de la vérité, chaussés de l’ardeur de la mission, tenant en main le glaive de l’Esprit. Il ne s’agit pas de sombrer dans une sieste spirituelle, mais de prendre des forces pour suivre le Christ, se mettre en route avec lui, passer avec lui l’épreuve de la Passion pour parvenir avec lui à la gloire de la Résurrection.

 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Temple de l’Esprit Saint, qu’elle nous garde fidèles au souvenir du Seigneur, attentifs à suivre son exemple. Mère du Bel amour, qu’elle nous entraine dans le souffle de l’engagement qui se donne en se mettant au service de ceux qui nous sont confiés. Reine des Saints qu’elle nous guide sur le chemin de la Passion pour que nous puissions accompagner notre Seigneur dans la gloire de sa Résurrection, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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