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Le Sacrement de la miséricorde

24 Mars 2016 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

Jeudi Saint - Messe de la Cène du Seigneur

 

Si je vous dis que l’Eucharistie est le sacrement de la miséricorde, vous allez pensez qu’il était évident qu’au Jeudi Saint de l’année jubilaire j’allais aborder ce sujet, et que vous auriez du parier sur la question ! Cela dit, la vie spirituelle n’est pas le concours Lépine, et le but de l’homélie n’est pas de prouver la créativité ou l’originalité du prédicateur, mais plutôt de nous aider à partager la parole de Dieu pour approfondir notre connaissance des mystères divins et renforcer notre union au Christ. Voyons donc ce que les textes que nous avons entendus peuvent nous révéler de la manière dont l’eucharistie déploie la miséricorde du Seigneur.

 

Tout d’abord nous avons entendu les prescriptions concernant le repas pascal. C’est intéressant de voir comment le mystère de Pâques commence par un repas. Il ne s’agit pas d’un grand festin qui s’éternise pour que la multitude des plats rivalise d’abondance et de délicatesse. Le banquet, c’est pour la fin – comme dans les aventures d’Astérix ! Au commencement, il s’agit d’un repas simple et rapide, pris à la hâte, les sandales aux pieds et le bâton à la main. Il s’agit d’un repas essentiel, qui revigore et fortifie, un repas pour nourrir plus que pour faire plaisir. Dans l’Eucharistie, le Seigneur nous donne ce dont nous avons besoin pour répondre à son appel. Sans l’eucharistie, nous serions trop faibles pour vivre notre vocation. Sans l’eucharistie nous ne pouvons pas supporter l’épanouissement de la grâce de Dieu.

 

Ensuite, l’évangile nous rappelle le geste de Jésus qui se met à genoux pour laver les pieds de ses disciples. Il ne s’agit pas d’un besoin vital … comme le montre le dialogue entre Pierre et Jésus, ça n’est pas une question d’hygiène ! Cela nous indique que la miséricorde n’est pas seulement dans l’urgence et qu’elle est aussi un état d’esprit. Si l’aspect de nourriture signifie l’attention au nécessaire, le lavement des pieds souligne la surabondance. Il y a dans la miséricorde un don qui va au-delà de la seule justice, qu’on n’est pas obligé de faire mais qu’on fait quand même. Il ne s’agit pas seulement de soulager ou de réparer mais aussi de combler et de promouvoir. Dans l’eucharistie, le Seigneur nous invite à aimer avec générosité, à servir avec dévouement.

 

Enfin l’enseignement de saint Paul souligne l’importance de la fidélité. L’eucharistie, comme la miséricorde n’est pas une affaire ponctuelle. Je me souviens d’une maman qui m’expliquait que son enfant n’irait plus à la messe après sa première communion. « Il a reçu le Bon Dieu, que voulez-vous qu’il reçoive de plus » me disait-elle ! Si l’on peut admirer sa foi dans la présence réelle, on est bien obligé de remarquer l’oubli de cette dimension essentielle qu’est la fidélité. Parce que nous vivons dans le temps, parce que le présent est à peine accompli qu’il est déjà passé, la miséricorde ne peut se limiter à l’instant. Sa générosité et sa surabondance se manifeste aussi dans la répétition et le renouvellement. La fidélité c’est donner encore ce qui a été donné, c’est refaire encore ce qui a été fait. Sans cette fidélité, la miséricorde reste limitée.

 

Le dernier aspect que nous pouvons souligner, est peut-être le plus bouleversant. Dans l’Eucharistie se manifeste la dimension humaine de la puissance divine. Toutes les paroles du Seigneur nous invitent à refaire ce qu’il fait. Dieu se remet entre nos mains pour que puisse se déployer son amour. Comme il nous nourrit, nous devons nourrir, comme il nous sert, nous devons servir, comme il est fidèle, nous devons être fidèles ; et c’est quand nous donnons à manger et à boire que Dieu donne à manger et à boire, c’est quand nous servons que Dieu sert, c’est quand nous sommes fidèles que resplendit la fidélité de Dieu. La miséricorde de Dieu nous invite à être miséricordieux nous aussi : Dieu nous rend capables de vivre et d’agir à sa mesure.

 

Que la Vierge Marie nous aide à garder toutes ces paroles dans nos cœurs, pour les méditer et pour les mettre en pratique. Mère admirable, Servante du Seigneur et Vierge fidèle qu’elle ouvre nos cœurs à la miséricorde qui se révèle dans l’Eucharistie pour que nos vies resplendissent de l’amour qui nous nourrit et se met à notre service, inlassablement. Qu’elle nous accompagne au long de ces trois jours, pour que suivant le Christ dans sa Passion, nous resplendissions de la gloire de sa Résurrection, pour les siècles des siècles.

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