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La simplicité de Thérèse

1 Septembre 2013 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

Ste Thérèse de l'Enfant Jésus

en avance sur le 1° octobre - mais en l'honneur des reliques de Ste Thérèse que nous avons accueillies ce WE

Il y a quelques années, alors que j'étais étudiant à Rome, on discutait de la possible proclamation de Thérèse de Lisieux, comme docteur de l'Eglise. L'un des ecclésiastiques présents marmonna : « je ne suis pas très favorable, elle n'a rien dit de vraiment original » ; et je repensais alors à cette réflexion d'une sœur du Carmel de Lisieux au début du procès en béatification, dont on rapporte qu'elle aurait dit : « si l'on canonise sœur Thérèse, nous devrions toutes être canonisées ! » c'est étonnant comme tout au long des siècles, il y a quelque chose dans la vie et la manière d'être de sainte Thérèse qui prend systématiquement à contrepied l'esprit mondain même quand il s'infiltre dans l'Eglise ! Et l'évangile que nous venons d'entendre, où Jésus présente un enfant comme celui qui est le plus grand dans le Royaume, relève bien de cette même dynamique.

C'est que l'enseignement de Thérèse est précisément celui du Seigneur ... Et je ne crois pas me tromper en disant que le vœu le plus cher de Dieu, c'est que l'on puisse tous nous canoniser … et peut être même reconnaître docteurs de l'Eglise ! Non pas comme des honneurs banalisés mais comme une manière d'être, une manière de vivre. La voie d'enfance que montre Thérèse n'est pas de la régression psychologique, elle est d'abord une simplicité. Parce que Dieu est simple et l'aimer est simple. C'est ensuite que les choses se compliquent ... Certains appellent ça grandir, parce que parfois la vie nous oblige à mettre des nuances, mais l'on a tendance à confondre nuance et complication. On voit même apparaître aujourd'hui des théories dites du chaos, prétendant que le monde est tellement subtil qu'on ne peut pas vraiment le comprendre. Et bien si le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut déclencher une tornade en Floride, ce n'est pas la vision de Dieu. Ce n'est pas la vision de Thérèse. Pour elle les choses sont simples : elle a besoin d'un indult du Pape pour rentrer au Carmel à 16 ans ? Elle le demande en audience ! Elle est dérangée au chœur par les bruits de sa voisine ? Elle présente cela à Dieu, en offrande ! Elle ne peut pas être à la fois guerrier, prêtre, apôtre, docteur, martyr … elle ne peut pas tout faire dans l'Eglise ? Alors elle sera ce qui fait battre le cœur de l'Eglise : l'amour. 

Mais ce qui est simple n'est pas toujours facile. Et vivre comme Dieu peut nous paraître parfois insurmontable comme si nous étions tout petit au bas d'un gigantesque escalier. Alors, tout simplement, Thérèse demande à Dieu de la prendre dans ses bras et d'être son ascenseur. Puisque c'est difficile d'être saint, elle demande à Dieu d'être lui-même sa sainteté. Oui, la simplicité de l'homme est ce qui permet à Dieu de révéler son cœur. Et comme le disait joliment un enfant, Dieu est un papa qui aime comme une maman. Ce qui rejoint l'image qu'utilisait Isaïe dans la première lecture.

Thérèse nous montre l'exemple d'une vie guidée par l'Esprit. Car l'Esprit souffle à la mesure de notre disponibilité. Et il est toujours simple de se laisser guider par l'Esprit, il suffit de consentir, même et surtout quand cela nous amène à suivre le Christ dans le mystère de Pâques. Elle ne l'avait pas oublié, elle qui avait pour nom de religion Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face. Car il n'y a pas de meilleur moyen de suivre le Christ dans la Passion que de rester comme un Enfant, et l'on accueille vraiment l'enfant Jésus, que si l'on accepte de contempler aussi sa Face douloureuse.

Oui, Thérèse n’a sans doute rien fait d'extraordinaire, elle n’a rien fait que nous ne puissions pas faire … alors n’hésitons pas justement à faire ce qu’elle a fait ! Non pas en entrant au Carmel, mais en laissant l’Esprit parler en nous et nous guider vers le Père. Tout simplement. N’hésitons pas à lui demander de nous accompagner, pour vivre en présence de Dieu en toutes choses, pour reconnaître sa grâce dans les petits détails.

Et puisque c’est au sourire de Marie, que Thérèse retrouva la joie de vivre, laissons-lui la parole pour nous confier à sa protection maternelle :

Tu me le fais sentir, ce n’est pas impossible

De marcher sur tes pas, ô Reine des élus,

L’Etroit chemin du Ciel, tu l’as rendu visible

En pratiquant toujours les plus humbles vertus.

Auprès de toi, Marie, j’aime à rester petite,

Des grandeurs d’ici-bas je vois la vanité.

Chez Sainte Elisabeth, recevant ta visite,

J’apprends à pratiquer l’ardente charité.

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