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Un tour au cabestan de notre coeur

17 Novembre 2012 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Temps Ordinaire

Ce dimanche, je ne prêche pas, mais voici l'homélie à l'occasion de la messe de commémoration des associations d'anciens marins 

Samedi de la 32° semaine - année paire

Je rencontrais l'autre jour une personne un peu désabusée et agressive. "Ça ne marche pas vos trucs", me dit-elle "J'ai bien essayé de prier, mais ça n'a rien empêché ! " C'est difficile de répondre immédiatement à ce genre de réflexion qui est souvent la partie émergée d'un iceberg de souffrance et d'émotions. Mais l'évangile de ce jour nous donne tout de même quelques pistes.

D'abord Jésus invite à la persévérance: si la mauvaise foi des hommes peut être vaincue par la patience et la ténacité, combien plus Dieu qui est bon fera-t-il justice à ceux qui le prient. Et c'est vrai que parfois nous avons tendance à vouloir tout tout de suite. Comme si la prière était un acte magique. Certes, à bord d'un bâtiment de combat, surtout dans le feu de l'action, il est souhaitable que les ordres soient immédiatement suivis d'effets. Mais la prière n'est pas un ordre et Dieu n'est pas un subordonné. La patience et la répétition d'une prière permettent souvent de vérifier la profondeur de notre désir. Ce que nous demandons est-il de l'ordre du caprice passager ou du besoin vital ?

Car la question de l'objet de la prière n'est pas indifférente. Dans l'évangile, Jésus parle bien de "justice", c'est-à-dire de demander ce qui nous revient. Et là, ça devient plus délicat devant Dieu. Bien souvent nous demandons plutôt une faveur que lajustice. Ne croyez pas que je m'en tire par une pirouette en disant que les prières qui ne sont pas exaucées ne sont pas justes ! Mais la parole de Dieu nous invite à nous demander s'il est juste d'attendre de Dieu ce que nous demandons. La réponse sera parfois négative, mais elle peut être aussi positive ... Et c'est là qu'il faut entendre la conclusion de Jésus, qui est très surprenante: "quand il viendra, le fils de l'homme trouvera-t-il la foi sur la terre ?" Un peu comme un soupir de découragement devant le cœur des hommes. Comme si Dieu se rendait compte qu'on ne le connait pas assez pour savoir ce qu'on peut lui demander, ce pour quoi il est juste de prier. Comme s'il se désolait du manque de conviction dans la prière des hommes, comme si face aux difficultés de l'existence, face aux épreuves de la vie, Jésus pressentait notre faiblesse, notre résignation trop rapide, notre découragement à cause d'un enracinement insuffisant dans la Parole de Dieu.

Aujourd'hui nous sommes rassemblés pour présenter au Seigneur les défunts de nos associations. Ceux de l'année écoulée comme ceux des années précédentes. Ceux dont le souvenir est encore vif, comme ceux que nous avons oubliés, ou même que nous n'avons pas connus. Sans doute sont ils, ou ont ils été comme ces hommes dont on parle dans la première lecture : ceux qui étaient pour Gaïus à la fois des étrangers et des frères. Et nous le faisons parce qu'il est juste de prier les uns pour les autres et de s'entraider, et nous le faisons dans cette forme particulière de la persévérance qu'est la fidélité à la mémoire. Que ce soit donc l'occasion pour nous de poser un acte de foi, de faire un pas de plus dans l'attachement au Seigneur ... Comme un tour supplémentaire au cabestan de notre cœur pour raidir l'aussière qui nous rattache à Dieu.

Que la Vierge Marie, Étoile de la Mer, Notre Dame de Bonne Garde et Secours des Chrétiens nous soit un exemple, un soutien et un guide, pour que nous puissions tenir ferme dans la fidélité, confiant dans la Parole de Dieu, recherchant la justice et qu'ainsi nous puissions apprendre à demeurer en Celui qui vit et règne des maintenant et pour les siècles des siècles.  

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